Autour de la musique classique

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 Musique de 2006 en 2006

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3 participants
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Swarm
Mélomaniaque
Swarm


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MessageSujet: Musique de 2006 en 2006   Musique de 2006 en 2006 EmptyMar 26 Déc 2006 - 3:31

Salut à tous,

Juste une petite question: quels sont les disques/artistes actuels dont les disques/oeuvres vous ont paru essentiels en 2006? Je veux dire, dans tous les genres (musique contemporaine, jazz, rock, pop), et je veux bien sûr parler de musique composée ces dernières années, ou disons, "recomposée" (un disque de standards de jazz enregistré en 2006 rentre dans cette catégorie pour moi, mais le disque "Dowland" de Sting pas tellement).

Donc, écoutez-vous de la musique actuelle (que ce soit 50cent, Joanna Newsom, Tool, Bénabar, Enslaved ou Thierry Escaich) et si oui, quels sont les disques ou créations qui vous ont marqué cette année???
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Xavier
Père fondateur
Xavier


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MessageSujet: Re: Musique de 2006 en 2006   Musique de 2006 en 2006 EmptyMer 27 Déc 2006 - 3:27

Pour ma part, je n'en vois pas.

Il faudrait que j'écoute Athanor de Connesson...
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DavidLeMarrec
Mélomane inépuisable
DavidLeMarrec


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MessageSujet: Re: Musique de 2006 en 2006   Musique de 2006 en 2006 EmptyMer 27 Déc 2006 - 13:24

Je vais proposer quatre oeuvres (on ne peut pas tout faire !). Très grandes à mon goût.


A votre grand étonnement, peut-être, c'est d'abord une bluette un peu néo qui m'a grandement séduit. Heaven is Shy of Earth de Julian ANDERSON sur un texte d'Emily Dickinson.
Vingt minutes de célébration mi-liturgique, mi-panthéiste en anglais et en latin, sur un ton proche d'Ocean of Time de Lars Ekström.

DLM a écrit:
[...] la première partie de la trente-deuxième Prom [2006] a tout particulièrement attiré mon attention.

Heaven is Shy of Earth, création mondiale de Julian ANDERSON, pour orchestre, choeur et mezzo-soprano, avec Angelika Kirchschlager. L'oeuvre appartient à une veine néotonale qui s'inscrit dans une sage succession harmonique de Richard Strauss, Zemlinsky et Britten, totalement sans innovations ni surprises. Pourtant, l'oeuvre, qui mélange latin et anglais (sur ce point aussi on se contente de suivre Britten), a, à mon sens, un charme fou, et me rappelle furieusement les procédés d' Ocean of Time de Lars Ekström, créé en 2003 à Stockholm. L'oeuvre d'Ekström, une des oeuvres très réussies de ma connaissance toutes époques confondues, se situe dans une veine lyrique postzemlinskienne plus affirmée, avec plus de dérision, et moins de discontinuités britteniennes, moins sombre aussi, mais les deux pièces sont voisines de façon saisissante sur le plan de l'harmonie et de l'orchestration.

[...]

Le texte mêle donc le latin de la messe traditionnelle et du Psaume 84 avec un poème d'Emily Dickinson. Le compositeur insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une pièce sacrée - ce qui n'est pas évident du tout à l'écoute de l'oeuvre assez "planante".

Blue is blue – the world through –
Amber – amber, dew – dew
Seek, friend, and see –
Heaven is shy of Earth…


[...]

Nous assistons donc à une célébration panthéiste où chaque section a sa couleur propre - à la façon du War Requiem, une fois encore. Certaines sont obtenues en utilisant des intervalles naturels, non tempérés, ou en désaccordant d'un quart de ton de petits groupes instrumentaux, ce qui crée le scintillement spécifique à cette musique.

Le reste du texte est ici : http://tinyurl.com/y26os7 .

******************

L'opéra de Bruno, bien sûr, que j'attendais depuis quatre ans (à peu près la date où il fut annoncé). L'Autre Côté, Bruno MANTOVANI, création Strasbourg 2006. Boulez a aussi joué (avec beaucoup de raideur) Mit Ausdruck, c'est-à-dire son 'concerto pour clarinette basse sur des motifs de Schubert'. Un régal absolu.

Je cite un extrait :

DLM a écrit:
Bruno MANTOVANI, un premier opéra - L'Autre côté

Sur un livret de François Regnault, d'après Alfred Kubin.

Bruno Mantovani a tenu parole - et ses commanditaires aussi. Voilà bientôt cinq années qu'on attendait ce premier opéra en gestation, malgré la prolixité assez exceptionnelle de ce tout jeune compositeur à peine trentenaire (né en 1974). Ma liste jadis exhaustive de ses partitions publiées doit comporter bien des lacunes deux ans après l'avoir établie...
1. Quel opéra ?

Cet opéra est conforme à ce qu'il avait annoncé. Bruno Mantovani avait, fort sagement à mon sens, répété que l'opéra, pour fonctionner, ne devait pas être le lieu des expérimentations (qui mettent en danger, je crois, l'efficacité finale de l'oeuvre). Il y déploiera donc simplement ce qui est son langage, et c'est ce que l'on constate à l'écoute de la diffusion radio, religieusement reçue ce lundi 6 novembre dernier.

Son langage simplement, mais quel langage ! C'est le meilleur de Bruno Mantovani qui est convoqué dans L'Autre côté, opéra assurément viable, disons-le d'emblée, et que je me précipiterais volontiers pour voir, en salle, à la première occasion.
Son travail a toujours été intéressant, mais particulièrement depuis 2001, l'époque où il s'est véritablement révélé à mes oreilles un très grand compositeur - comme le plus génial de mes contemporains, parmi ceux que je connais à ce jour.
2. Les matériaux à l'oeuvre

Un bref extrait de L'Autre côté.

Cet opéra fait un usage abondant et heureux de mélodrames[1], ou de lignes très récitatives, avec tout de même plusieurs sections lyriques - mais dans la même proportion, pour donner une idée, qu'on aurait dans une tragédie grecque, c'est-à-dire assez minoritaires.
Cette caractéristique, qui place très en avant le texte (très majoritairement compréhensible, contrairement à tant de créations contemporaines aux sauts d'intervalle impossibles et à l'orchestration démesurément disposée), ajoutée au sujet de type fantastique, fait donc furieusement penser à la Juliette de Martinů, autre chef-d'oeuvre.
C'est là une minutie qui n'étonne que médiocrement de la part de Bruno Mantovani, assurément !

Un extrait de la Juliette de Martinů.


L'opéra de Bruno Mantovani fait donc plutôt appel à l'esthétique déployée dans ses dernières pièces, comme Troisième Round[2], les Sette Chiese (2002), Mit Ausdruck (2003, concerto pour clarinette basse et grand orchestre) ou les Six Pièces pour orchestre (2004).
On y retrouve beaucoup de points communs (que vous pouvez vérifier dans l'extrait proposé par mes soins) :
la même plasticité dans le propos musical, à chaque instant d'un grand relief, constellé de transitions subtiles fondées sur les parentés de texture. Le discours évolue ainsi, progressivement, sans fin, et de façon tout à fait clairement sensible, presque physique, tactile ;
l'usage de percussions boisées qui ont pour effet de donner l'impression, malgré la complexité du propos, d'une pulsation claire - la complication disparaît, la richesse demeure aisée à saisir ;
des couleurs pianistiques très spécifiques, utilisant souvent des micro-intervalles avec un grand bonheur, propice aux atmosphères éthérées (de même pour les bois) ;
des cuivres volubiles et incisifs, agissant souvent en rafales, qui utilisent le meilleur de la tradition de jeu héritée de Varèse, qui colorent et dynamisent sans cesse le discours.


En somme, un véritable enchantement orchestral, aux charmes presque tactiles, avec cet orchestre très découpé. Un langage fondé sur l'évolution de motifs, très peu mélodique, mais sans chercher les grands intervalles non plus. Une immense danse orchestrale.
Et l'écriture vocale, ici, s'y adapte à merveille. Je craignais un peu l'héritage de La Morte Meditata (2000, sur les textes de Giuseppe Ungaretti), qui semblait légèrement tâtonner : trilles un peu artificiels, ambitus très faible pas très exaltant, une ligne qui, se voulant proche de la voix parlée, n'était ni vraiment naturelle, ni tout à fait enchanteresse.
L'Autre côté, au contraire, tout en manifestant le même souci de la justesse du langage musical, incorpore idéalement le mélodrame, genre par trop méprisé, le récitatif à la limite du parlando, mais tout simplement chanté et écrit avec un grand naturel prosodique, et des lignes plus lyriques mais tout aussi confortables et évidentes pour les chanteurs et les auditeurs.

Car c'est peut-être là la grande force du génie mantovanien : l'évidence, quelle que soit par ailleurs la débauche de moyens du propos.
3. Une réussite ?
Etc.

Présentation plus complète : http://tinyurl.com/t5qjl .

*****************

Si on considère Jakob Lenz comme récent (années 70, compositeur aujourd'hui cinquantenaire), il faut bien entendu le citer.
Jakob Lenz, opéra de Wolfgang RIHM.

Extrait :

DLM a écrit:
3.2. La musique de Rihm


Elle est la grande héroïne de la soirée. La crainte était, dans un ouvrage aussi ancien, d'avoir affaire à quelques expérimentations plus ou moins âpres, plus ou moins heureuses. On aurait pu rencontrer les masses hostiles de Hamletmaschine, aussi. Surtout sur ce texte plus que difficile. Il n'en est rien, et le langage est déjà aussi diversifié qu'aujourd'hui. Rien ici des déchaînements percussifs, de l'écriture vocale héroïque et stable, presque verdienne, du souffle épique des choeurs dans Die Eroberung von Mexico (« La Conquête du Mexique »), rien non plus de la folie des quatuors, du climat désolé, quasi 'winterreisien' de son trio Fremde Szenes, nous sommes dans un tout autre registre, plus proche de sa musique pour ensemble (comme Jagden und Formen, rendu célèbre par sa diffusion dans la collection « grand public » 20/21 de DG) et surtout des grandes pièces orchestrales ou, parfois, des Hölderlin-Fragmente (non enregistrés à ma connaissance).
La différence réside en réalité dans le degré de complexité, bien moindre ici que dans sa période plus récente, ou un contrepoint clair apparaît souvent.

Dans un moule formel plus traditionnel, en somme, mais avec les caractéristiques qui font toutes sa valeur, nous retrouvons ici Rihm. Avec une pièce parfaitement aboutie et style qu'il développera de façon encore plus impressionnante par la suite - mais qui ne souffre d'aucune verdeur dans Jakob Lenz.


Un des charmes de Rihm, outre la richesse de son langage, la beauté de ses textures, la force de son son, l'invention motivique et particulière rythmique, merveilleuse, est qu'il tient à employer une écriture pulsée. On dit souvent que la musique contemporaine est incompréhensible parce qu'elle n'est pas mélodique (le fameux 'argument' du sifflotement), voire parce qu'elle n'est pas harmonique (du moins dans le sens classique) - mais l'obstacle le plus réel n'est-il pas l'absence de repère pulsé ? Après tout, la musique électronique populaire, qui connaît de grands succès auprès de populations pas nécessairement lyricophiles ou classicomanes, n'est elle non plus guère passionnante mélodiquement. De même, le minimalisme fascine surtout par son pouvoir rythmique - pour de bonnes ou de mauvaises raisons, et sur quels critères, c'est une autre affaire.
En tout cas, force est de constater que le repère rythmique - et c'est déjà le cas en partie chez Bruno Mantovani - donne une intelligibilité surprenante au propos, et procure indubitablement un véritable plaisir à l'écoute. Et ici, dans Jakob Lenz, la conduite du drame impose une simplification du langage qui le rend encore plus direct, peut-être moins raffiné, mais toujours immanquablement esthétique et efficace simultanément.
Tout y est pulsé, jusqu'au martellement. De longues séquences sont marquées sur chaque temps, aux timbales, sans effet d'emphase, mais comme un soutien à la compréhension, un repère instinctif sur lequel vient s'inscrire l'ensemble de l'écriture - tout de même pas si simple - de Rihm.

La composition de l'orchestre n'est guère excentrique, et son usage non plus : orchestre traditionnel, peu nombreux (le fosse de Bordeaux est de toute façon minuscule, mais elle ne débordait pas), avec un clavecin, et peu de percussions, hormis une cloche[2]. Les traditionnelles timbales sont utilisées, mais sans effets particuliers, les cordes sont largement utilisées non vibrato, les accents varésiens aux cuivres[3], peu de Flatterzunge et autres détournements sonores aux bois - tout cela concourt à donner une image plutôt classique, quasiment "contemporain-premier-vingtième" à cet orchestre.
L'écriture demeure fondée, comme si souvent, sur cette écriture boisée et dense, où les bois, puis les cuivres dominent le spectre sonore, lui donnent sa coloration si spécifique, une sorte de choral au milieu de l'orchestre. Souvent la progression se déroule par accidents, petits sauts, blocages ; le tremolo est souvent le moyen de la tension. Bref, des outils simples, directs, efficaces. Evidemment, le résultat est moins saisissant que le tellurique Eroberung von Mexico et ses pôles de percussions fous, le début manque un peu de nerf et d'urgence dramatique, mais force est de le reconnaître : la pièce est soutenue de bout en bout par cet orchestre attentif, cette musique intelligemment commentatrice et protagoniste. Une fois l'immersion réalisée (l'accroche est un peu douce), la fascination est sans partage, décidément.

L'écriture vocale, quant à elle, fait le choix, mais distinctement du lyrisme héroïque de l'Eroberung, de se tenir le plus près possible du texte. Des sauts d'intervalle étranges, mais jamais démesurés, toujours dans une tessiture où le spectre phonétique demeure aisément compréhensible - l'action est intelligible sans surtitres, grâce qui plus est au grand soin des interprètes. Bien entendu, on y trouve des effets - qui peuvent également évoquer Kurtág, mais que Rihm ne devait alors connaître - bien typique des expérimentations contemporaines, mais prévues (et réalisées) avec parcimonie et goût : tremblements, fausset, ribatuto, sprechgesang, mélodrame. Les tessitures sont beaucoup exploitées dans le grave, dans la partie naturellement exploitée par la voix parlée. De même, les merveilleux mélodrames[4] s'insèrent avec une grande simplicité, sans le moindre histrionisme expressionniste - simplement la parole à nu, lorsqu'on ne peut plus la chanter.
Tout cela, en somme, rappelle furieusement l'esthétique dépouillée, proche de l'aphasie, des Hölderlin-Fragmente[5]. Une grande simplicité dans les lignes, avec en ligne de mire l'esthétique du parlando, sans viser non plus l'ostensoir à braillements.
Une demie-teinte intelligemment pensée, qui donne le texte avec vie et gourmandise. Il ne faut pas y attendre un lyrisme développé ni un laboratoire vocal débridé, simplement un service du texte avec les moyens du temps, et la réussite en est fort belle.

Vartan en a parlé ici : https://classik.forumactif.com/viewtopic.forum?t=1120&start=0 et moi ici : http://tinyurl.com/y5bn3p (pas évoqué sur ce forum, j'en ai parlé avec deux semaines de décalage).

*******************

Cette année, guère de grandes découvertes orchestrales en musique contemporaine. Faute d'y avoir suffisamment prêté oreille ? Je ne sais. En tout cas, les écoutes n'ont pas été concluantes. A part pour les oeuvres que je connaissais déjà et qui ont été exécutées cette année (je citais comme exemple significatif Mit Ausdruck de Bruno Mantovani).

La sonate Hipartita de KURTÁG György. Elle date en réalité de fin 2005, mais on ne va pas chipoter

Citation :

DLM a écrit:
- 3. Hipartita, la dernière oeuvre de Gyury caro. Vingt-huit minutes de violon seul, esquissant des airs folkoriques, dans une économie poétique admirable, as usual.
Oeuvre peut-être un peu plus âpre, austère et moins séduisante que ses meilleurs opus pour alto seul, mais on y retrouve sensiblement les mêmes qualités, dans une durée inhabituelle chez lui. Une très belle suspension temporelle en perspective.

Message original (rien de supplémentaire sur le sujet) : http://tinyurl.com/y43m24 .

****************

Rien n'est publié pour l'instant. Mais pour les Mantovani et le Kurtág, on est en droit d'espérer. En particulier une promesse de disque vieille de trois ans pour Mit Ausdruck... A priori avec Jonathan Nott, mais sait-on jamais - en tout cas, Boulez serait un fort mauvais choix, il tend à radicaliser un peu artificiellement le propos bien plus chatoyant et plastique de Mantovani.

Voilà pour ma contribution. J'attends les vôtres.
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