Arcade Fire

Pour parler de ce groupe, Arcade Fire, et de leur évolution qui est peut-être sujette à discussion. Partis d’un rock lyrique, enflammé et inspiré, jusqu’à The Suburbs, album à l’écriture merveilleuse, la charnière est probablement leur double album Reflektor. Est-ce que pour certains ça se gâte à partir de là, où est-ce que vous encaissez la charge de leur superproduction récente, le caustique Everything Now ?

On peut dire que Arcade Fire est un groupe phare des dix-quinze dernières années, non ?

Je ne connais que de nom.

Il y a quelque chose d'eux que j'aime beaucoup, c'est la chanson "Intervention", quelle puissance, c'est original, il y a de l'orgue. Le clip est sur youtube, c'est un des meilleurs clips que j'ai vus, avec des images du film "le cuirassé potemkine".

Il y a aussi l'utilisation de leur musique dans le film de Ben Stiller "la vie rêvée de Walter Mitty" qui m'avait marqué, mais là il faut voir le film pour comprendre. En fait c'est l'histoire d'un type qui a toujours eu une vie toute petite, et un jour il décide de se bouger le cul car il n'a pas trop le choix, le moment où il prend sa décision est illustré par une scène avec la musique d'Arcade Fire, comme ce groupe fait une musique assez grandiose (ils jouent plus dans des stades que dans des bars) ça fait un truc assez réussi.

Le titre pour la musique du film (que je ne connaissais pas), c’est Wake up sur leur premier LP, Funeral. C’est probablement une des chansons préférées des fans, elle est longue (7mn), avec un petit quelque chose de progressive rock. Sur cet album il y a aussi d’autres titres lyriques et assez grandioses, comme Neighborhood#1.

Intervention c’est sur le deuxième, Neon Bible. J’aime beaucoup aussi cette chanson, elle prend aux tripes.

Moi aussi, j'aime bien la démesure qui secoue une bonne partie des titres de Funeral, d'autant que les chanteurs ont une fragilité dans la voix qui, par contraste, rend le déchaînement des guitares poignant (et pas juste grandiloquent ...).

Mention spéciale pour les paroles de "Haïti", qui entrelacent anglais et français. Cette chanson est terrible et envoûtante à la fois ; vraiment une belle compo.

Le balancement entre la fragilité de leurs voix et le déchaînement des guitares, pour reprendre tes mots, résume bien à lui seul la musique de Funeral, et presque d’une bonne partie de leur discographie.

Sur l’usage du français dans Haïti, comme sur pas mal d’autres titres jusqu’à l’album Reflektor, il est très poétique et ajoute justement une certaine fragilité. Pourquoi cet emploi du français, qui est très original pour un groupe américain ? J’ai toujours pensé que ça venait de Régine Chassagne, qui est québéco-haïtienne je crois.
Il y a aussi la chanson Black mirror sur Neon Bible, où Win Butler chante en français certaines paroles. L’effet est assez comique avec son accent et en même temps très beau. Ils ont dit dans une interview qui je crois remonte à l’époque de The Suburbs, qu’ils écrivaient leurs paroles en collectif, que chacun avait ses mots à apporter avant de fixer le texte.

Plus d’un an après la parution de Everything now, leur plus récent album, je le redécouvre presque de fond en comble. C’est un grand album de danse, festif, et avec la mélancolie qu’il faut pour que ce soit profond. C’est tout à fait sur cette musique que j’aimerais danser en night-club, ensorcelé. Cette cuvée 2017 mûrit mieux que le double album Reflektor, que je trouve plus froid.