Autour de la musique classique

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 Le Madrigal italien (1530 - 1640)

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antrav
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MessageSujet: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 2:59

Afin de pouvoir se reporter directement aux pages concernant les compositeurs qui sont abordés dans ce sujet, il est possible d'utiliser l'index ci-dessous habilement composé par le Grand Jérôme:


1 - Origines et naissance

2 - Le premier madrigal
Verdelot

Arcadelt, Willaert

3 - La modernité madrigalesque
Vincentino, De Rore, Di Lasso, De Wert

De Monte
Les années 1570-80
Rions un peu ! Vecchi, Banchieri


4 - L'âge d'or
Marenzio

Luzzaschi, (un peu de D'India)

- Claudio Monteverdi
1er livre

2ème livre
3ème livre

4ème livre
5ème livre
6ème livre
(un peu de Schütz)
7ème livre
8ème livre


---------------------------------




Le madrigal italien est un genre poético-musical profane de forme polyphonique qui s'est développé à la fin de la Renaissance. La forme utilisée est celle d'un contrepoint savant chanté à plusieurs voix, dans un premier temps a cappella, puis accompagné d'une basse continue dans sa dernière évolution. Il s'agit d'un genre en constante évolution, moderne, synthétique qui s'attache à résumer l'art de la polyphonie des siècles passés et à explorer les possibilités expressives nouvelles qu'autorise la voix. Cette exploration débouchera peu ou prou à la découverte de la cantate profane et surtout de l'opéra. Mais le madrigal n'est pas un art expérimental, c'est un genre abouti aux mille joyaux dont la richesse peut constituer de solides repas musicaux. Il est à noter que c'est le genre musical qui insistera le plus sur la qualité des textes utilisés. Il n'y a pas de madrigal sur de la poésie populaire ou triviale. Seuls les grands noms de la poésie italienne sont convoqués ici et durant toute la durée de son évolution, 1500 à 1640 environs. Il s'agit même de l'objet du madrigal, magnifier le texte, le traduire par un expressivité directe puis de plus en plus sophistiquée. A l' aube de son existence, on pourrait dire « Prima le parole, dopo la musica ». Rapidement le propos changera pour atteindre une fusion parfaite des deux éléments, une symbiose.

1- Origines et naissance:

Le madrigal existait au Moyen-âge, au moins en tant que désignation d'un art polyphonique savant remontant à l'Ars Nova. Mais il n'y a pas de continuité entre les deux genres dont le premier s'est éteint à la fin du XIVième siècle. Sa renaissance aura d'ailleurs d'autres sources, elles, populaires.

L'origine du nom reste obscur, certains favorisent la transformation des mots Cantus matérialis (profane), en matrialis, puis madrigale.
Le mot est retrouvé pour la première fois dans un courrier adressé par Cesar Gonzague à Isabelle d'Este le 2 octobre 1510, où il lui demande d'approcher un musicien qui pourrait « mettre en musique un madrigaletto de mon cru ». Symptomatique de la nature du madrigal: art des milieux cultivés (Ferrare et Mantoue en sont le centre) mais usage domestique, profane.

A l'époque règne en Italie la musique des franco-flamands (fiamminghi ou Alemanni) dont le chef de file fut Guillaume de Machaut qui fit lui même le voyage d'Italie comme plus tard Dufay. Les cours de toute la péninsule attirent ces maîtres venus du nord et qui composent en style polyphonique ancien au service surtout de la musique d'église.

A Florence à la fin du XVième siècle, Lorenzo de' Medici se passionne pour la langue toscane et favorise ainsi un art plus autochtone, dirigé principalement contre la suprématie du Latin. Les musiciens suivent le mouvement et c'est autour des fêtes de carnaval et de Mardi gras que se constitue un répertoire de chants qu'on appelle frottola. Elles sont écrites par ces maîtres du nord dont le savoir-faire (le Flamand Heinrich Isaac à Florence) se met au service de la spontanéité italienne... et de la demande de plus en plus insistante du public princier et populaire. Rapidement toutes les cours princières de l'Italie suivent. A Venise (capitale européenne de l'édition musicale) sont éditées les premières frottole et autres mascherate associées à la Commedia dell'Arte: en 1504, Ottaviano de' Petrucci fait éditer son Primo Libro di Frottole. Son succès est immédiat et il sera réédité 10 fois jusqu'en 1514 et diffusé dans toute l'Europe. La frottola se définit comme un art vocal polyphonique d'écriture verticale où la voix supérieur est plus clairement mélodique que les autres.


Dernière édition par natrav le Lun 7 Sep 2009 - 16:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 8:04

excellent, vivement l'épisode suivant: voilà encore un sujet sur lequel je ne connais pratiquement rien, et que je vais me dépécher de sauvegarder.
Autres éthymologies possibles: " d'après le cardinal Bembo, il dériverait de mandra, bergerie, d'où les Italiens auraient tiré mandriale, berger; madriale ou madrigale signifierait alors chant à l'usage des bergers, poésie pastorale. Selon Ferrari; le mot serait d'origine espagnole, et viendrait de madrugar, se lever de bon matin : madrigal voudrait dire chant du matin, comme sérénade, chant du soir. Huet pense que le madrigal pourrait bien nous venir des Martegaux, montagnards provençaux, auxquels on attribue une espèce de poésie appelée de leur nom martegal, comme la danse appelée gavotte nous est venue des Gavots, montagnards du pays de Gap. Selon Ménage enfin, il ne serait pas impossible que le madrigal vint d'une ville d'Espagne ainsi nommée, comme notre Vaudevillea pris le sien du Val de Vire, qui fut son berceau."
Je trouve la proposition "madrugada" assez séduisante, je suis frappé par la ressemblance avec "matrimonio" mariage, mais la racine est peut-être plus provençale, à aller chercher du côté de "mander" que de "mater"
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sofro
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 18:01

Bravo! thumleft

Moi ce qui me frappe toujours dans cette musique de la renaissance, c'est son universalité et la puissance des échanges artistiques entre les pôles flamand, italien et français, à l'origine d'une musique finalement assez "européenne".
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antrav
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 19:50

Oui, ce qui m'a frappé en potassant ce sujet c'est l'extrême fluidité de échanges.
Chaque école se forme aux techniques de ses voisins, s'enquiert des publications de madrigaux, va sur place recevoir l'enseignement des maîtres étrangers. Presque pas un seul musicien qui n'ait été en contact avec la façon transalpine. Et l'Anglais reste tout aussi à l'affut des dernières publications vénitiennes que le Sicilien. A une époque où les routes européennes sont dans un état lamentable, les troubles religieux fréquents et les guerres d'Italie un art de vivre, c'est surprenant.
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 22:41

On attend la suite des aventures vernaculaires du petit Madrigale et de ses parents. Very Happy
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyLun 12 Fév 2007 - 22:44

J'arrive !
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antrav
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMar 13 Fév 2007 - 0:29

Après Lorenzo, Isabelle !

Le Madrigal italien (1530 - 1640) 2212195

L'épouse du Marquis François de Gonzague, Isabelle d'Este, intelligente et cultivée, fonde dans son palais de Mantoue un cabinet, lo studiolo, où elle est l'inspiratrice, la guide d'un groupe de poètes, musiciens et lettrés qui se passionnent pour la langue italienne nouvellement investie par l'Humanisme du temps. Le Latin ne leur permet plus d'exprimer directement les émotions.

C'est certes, là, une intelligentsia cultivée qui préside au développement de cet art, mais qui va toujours puiser à la langue populaire ainsi qu'à ses expressions culturelles. Ici, la musique suit le même mouvement que les Lettres et s'inspire des ritournelles villageoises, des airs de fêtes. La frottola s'épanouit donc dans la cité mantouane bien plus qu'à Florence. Cet art qui naît, s'élabore d'une manière savante reste cependant accessible et la bourgeoisie marchande puis les petites gens y prennent goût. Il faut rappeler qu'il s'agit surtout d'un art domestique; ce chant se pratique en famille aussi bien qu'en concerts. L'imprimerie en facilite l'essor et cet essor favorise l'édition. Le succès de cette forme musicale profane tient beaucoup à ce nouvel outil.

Ferrare, la cité des Este relaie également cette impulsion.

La poésie produite reste encore en deça des premières réussites de la Renaissance, de la poésie latine et de celle à venir. C'est une poesia per musica, spécialement inventée pour être habillée de chants, ce qui est là aussi une révolution pour le temps qui mariait jusque là les deux genres avec le respect des textes antiques et religieux et la sophistication parfois gratuite des architectures polyphoniques décoratives. Ici la musique doit entrer réellement en relation avec le texte, en faire resortir les éléments affectifs. L'attention raffinée des musiciens, les mélismes donnent ainsi ses lettres de noblesse à l'Italien.

Cette mode ravage tous le milieux et font du gentilhomme italien un obligé de ces musiciens auprès desquels ils se pressent pour faire mettre en musique leur vers tout frais.

Aquilano improvise au luth sur ses vers ou ceux des autres. Il est un artiste accompli, virtuose et crée frottole et strambotti.
Poliziano, transfuge à la cour de Mantoue de celle du Magnifique écrit une Favola d'Orfeo mise en musique par les deux grands musiciens du studiolo, Marchetto Cara et Bartolomeo Tromboncino.

La frottola triomphe à Florence, Mantoue, Ferrare, s'exporte vers Milan où l'épouse du Duc Ludovic le More n'est autre que la soeur d'Isabelle. Urbino tombe, rapidement suivie de Naples, le sud273 et toute l'Italie méridionale, Sicile comprise. Cette tradition s'implante d'ailleurs dans la famille aristocratique des Gesualdo.

La liberté de ces pièces plaît au public: vers d'Horace et surtout de Pétrarque.
Les textes en sont comiques voire lestes, mais le plus souvent tendres et amoureux, mélancoliques ou élégiaques. Réveil de la sensibilité nationale, la frottola est un moyen expressif au service de l'italianité qui se dégage de l'emprise musicale du nord et des lettres du passé.

L'évolution du genre n'a pas de projet précis, ses auteurs foisonnent, les publications se multiplient de façon désordonnée. Il se dégage plusieurs types de dérivés:
les barzellette (les balivernes),
les strambotti (le plus élaboré, mélismatique, poésie des regrets et de la mélancolie)
les odes
les canzoni
les sonetti

La frottola se chante a cappella le plus souvent, parfois accompagnée légèrement au luth. 3 à 4 voix, cette dernière disposition devient vite la règle. Elle est de forme strophique et longue avec refrain.

Les strombotti cachent les goûts plus raffinés de la noblesse pour les miniatures courtoises, mais les deux formes principales sont autant pratiquées dans les milieux de l'élite de Mantoue.

La frottola ou canzone in baia (chanson plaisante) est à comprendre au sens large. Ici le ton est à l'anecdote, au regret, à la nostalgie, mais surtout il s'agit de ne pas s'attarder sur les émotions, les affetti, au contraire de ce que fera le madrigal. La légèreté prime.

Les textes des frottole:
reprise de 4 à 6 vers entre plusieurs strophes de 6 à 8 vers, démarche homorythmique d'aspect populaire.

Les textes du strambotto:
une strophe de huit hendécasyllabes iambiques (David, aiuto !)
lyrisme élégiaque le plus souvent relevé de vocalises prémadrigalesques.

On reste très éloigné des savantes acrobaties imitatives des Franco-flamands, ces chants évoluent sur un fond déjà harmonique et où la tonalité reste à fleur de conscience, pas exprimée mais comme point de fuite que chaque dissonnance révèle à demi.

Autre nouveauté de taille: l'interprétation. En effet, le texte et la musique maintiennent une certaine distance pudique. L'accentuation musicale est légère, peu marquée. L'émotion va donc venir (et est attendue des auditeurs qui commencent à assister à des concerts) en dernier lieu de l'interprétation qui se singularise. Le public est moins sensible à la virtuosité vocale qu'au don d'émotion qui "pénétrait les âmes de sa molle harmonie et de sa mélancolique douceur" comme fut croqué le célèbre Cara. Un Siennois, Piccolomini décrit les effets de la frottola: "capable d'embraser les coeurs et de mettre en mouvement tout le corps".

C'est cette nouvelle attitude face à la musique qui caractérise cette évolution du goût musical, la conscience de soi face aux émotions transmise par la musique. Le baroque démarre.

A la fin de son histoire la frottola voit sa forme fixée, à 4 voix, accompagnée d'un luth ou une viole, a cappella ou a voce sola ou encore transcrite pour instruments pour les 3 parties basses, ne laissant qu'un soprano chanter. La notation écrite aura condamné, standardisé cet art issu de l'improvisation et du geste oral. Passé 1520 les recueils se font plus rares. Au total, 40 noms demeurent de cette génération de musiciens nés vers 1470 quasiment tous d'origine italienne (au contraire du madrigal) et qui ont constitué ce laboratoire de la langue et de la musique, qui auront affirmé un sens du verbe et de la prosodie que les maîtres du nord ne possèdent pas et qui lance l'Italie sur une voix expressive qui lui assure la suprématie pour quelques siècles.


Dernière édition par vartan le Lun 17 Mar 2008 - 15:02, édité 1 fois
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMar 13 Fév 2007 - 0:54

Merci pour cette catégorisation méthodique. Smile

vartan a écrit:
Les textes du strambotto:
une strophe de huit hendécasyllabes iambiques (David, aiuto !)
Oh, c'est simple.
L'hendécasyllabe est un vers de onze syllabes, qu'on trouve essentiellement en latin et en italien (à peu près jamais en français).

Le fait qu'il soit iambique est tout ce qu'il y a de plus commun. L'iambe (de Bordeaux à Marseille on dira "le iambe") est un pied (une succession de syllabes) formé sur la succession brève-longue. Ou, par extension, accentuée-inaccentuée.
C'est ce qu'on trouve dans le pentamètre iambique anglais ou dans la mesure allemande.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMar 13 Fév 2007 - 3:56

Merci pour cette présentation, j'attends la suite. Smile
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMar 13 Fév 2007 - 8:42

Citation :
le sud273 et toute l'Italie
Quod? le futur sud de la France veux-tu dire?
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMar 13 Fév 2007 - 12:46

sud273 a écrit:
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 14 Fév 2007 - 18:23

C'est, entre autre, ce genre de topic qui fait que ce Forum est une vraie réussite !
Merci Vartan ! cheers
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 14 Fév 2007 - 19:59

Il est prévu combien d'épisodes? je suis en train de sauvegarder Wink
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 14 Fév 2007 - 22:02

Rubato a écrit:
Il est prévu combien d'épisodes? je suis en train de sauvegarder Wink

J'en ai bien une quinzaine de page en réserve. Puis une discographie. Je ne sais pas trop où je vais avec ça en fait.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 15 Fév 2007 - 0:46

2- Le premier madrigal

Il naît dans la Rome pontificale de Clément VII. Il est publié en 1530: Madrigali di diversi autori - Libro primo de la Serena.
Dans ces premiers exemples, ce qui évolue d'abord par rapport à la frottola, c'est le texte. On y trouve bien sûr Petrarque, mais aussi Michel-Ange, l'Arioste. Le public devient plus exigeant. La musique qui évolue toujours plus lentement que le texte reste fortement imprégnée des facilités de la frottola. Dans ce premier recueil, l'ambition littéraire est donc au premier plan. La langue italienne demeure le fer de lance de cette éclosion, toujours plus raffinée et noble. Le madrigal s'autonomise définitivement de l'église, le genre ne se jauge plus au regard de la langue latine ni du contenu moral. La critique de la mise en musique et poésie des passions n'est plus de mise dans ce siècle qui voit le triomphe des idées humanistes.

Les maîtres franco-flamands qui avaient eux-même ensemencé l'Italie de leur contrepoint et de leur polyphonie reviennent profiter de la richesse, de la liberté et de l'intellectualisme des cours de la Péninsule. Ils enrichiront le genre madrigalesque de leur science durant quelques décennies et formeront leur confrères italiens à leurs techniques.

Revenons sur ce premier livre. Deux compositeurs le cosignent. Un Italien Costanzo Festa, chantre de la chapelle papale, il créé un madrigal encore populaire et ne dédaigne pas la chanson française, preuve que les influences franco-italiennes sont déjà fortes.

Un Français, Philippe Verdelot (1480 - Florence 1552), du Vaucluse (Orange) ou de Brie comme Xavier (Les Loges). Maître de chapelle au baptistère San Giovanni de Florence de 1523 à 1525, il est appelé par le Pape à Rome en 1527 pour composer des motets. Il participe à la vie musicale romaine jusqu'en 1533 avant de revenir mourrir à Florence.

C'est à Rome qu'il débute sa carrière de madrigaliste. Il laissera:
Trois livres de madrigaux à 4 voix, 1535, 1536, 1537
Deux livres de madrigaux à 5 voix 1535, 1537
Madrigaux à 6 voix

Ses motets restent dans la mouvance classique josquinienne. Ce brillant représentant de la chanson parisienne s'italianise rapidement et passe de la simplicité de la frottola (homorythmie et tierces parallèles) à une écriture qui alterne cheminement homophone et passages polyphoniques en imitation déjà éclairée par quelques altérations harmoniques qui éclairent le sens d'un mot. Ses madrigaux à 4 voix sont déjà malgré leur simplicité d'un contenu émotionnel qui me touche autant que les derniers madrigalistes. On retrouve, avant la lettre, cette transparence et douceur du madrigal anglais.

Un superbe CD Linn Records (intégrale du 4° livre).

Le Madrigal italien (1530 - 1640) B00005246B.01._SCLZZZZZZZ_


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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 15 Fév 2007 - 21:46

Est-ce que la villanella est un madrigal? ou autre chose?
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antrav
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 15 Fév 2007 - 23:30

Ce sont plutôt des pièces de genre à caractère humoristique qui sont aussi au registre des premiers madrigalistes comme Roland de Lassus qui semblait se délasser à écrire ce genre de pièces, comme les moresche également qu'il écrivit à Naples d'où elles sont, elles aussi, originaires.
Je crois que les villanelle sont aussi à plusieurs voix mais comme elles comportent des refrains et des couplets, ça doit se rapprocher plus des frottole. Et la langue doit être moins poétique que celle du madrigal.
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Octavie
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptySam 17 Fév 2007 - 16:55

Merci pour cette présentation ! Very Happy
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antrav
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptySam 17 Fév 2007 - 17:23

Allez, si je sors de mon canapé et de ma cuisine je tente deux-trois pages ce soir.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:47

Maintenant on sait ce que tu as fait ce soir. Very Happy
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:50

Vartan, tu me remarqueras la différence entre Xavier et moi : moi, je me suis retenu de la faire. Basketball
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:51

Oui mais moi je suis le petit chef alors je peux tout me permettre. Cool
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:53

Daube de canard. Champagne + saint julien + Schreker.

Mais pour ne pas faire de HS: j'ai travaillé pour ce topic aujourd'hui, j'ai trouvé un disque Gesualdo avec un madrigal de Philippe de Monte (très rare) et un de Nenna (encore plus rare).
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:53

Oui, espèce de petit chef, d'abord !

Attends un peu que je devienne Admin, et tu verras !
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 3:58

DavidLeMarrec a écrit:
Vartan, tu me remarqueras la différence entre Xavier et moi : moi, je me suis retenu de la faire. Basketball

La différence, c'est qu'il n'en rajoute pas une couche, lui ! Laughing
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 4:00

vartan a écrit:
Daube de canard. Champagne + saint julien + Schreker.
Il vous sera beaucoup pardonné.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 4:03

Si j'ai gagné quelques indulgences alors je n'ai pas perdu ma journée.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 4:05

Autre solution :

Chi contrista un miscredente si guadagna un' indulgenza !

(tiré d'un madrigal un peu plus récent)
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 4:10

Allora sei ricco, figlio mio. Le Madrigal italien (1530 - 1640) 0105
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyDim 18 Fév 2007 - 4:11

Hé, mais je ne t'ai rien fait Exclamation
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 2:32

Sept années après ce coup de maître, deux franco-flamands: Jacques Arcadelt et Adriaan Willaert assoient définitivement le genre.

Jacques Arcadelt (Franco-Flamand, Paris 1510 - Paris 1568)

Elève de Josquin des prés, puis de Verdelot, il part jeune en Italie, à Florence ches les Medicis, puis est signalé à Lyon près de son maître et à nouveau l'Italie: Rome à la chapelle julienne (Sixtine), Florence, Venise, court séjour à Liège chez Zoilreb chez qui il importe pour la première fois la recette de la bolo, puis il devient maître de chapelle du roi de France Henri II. Il devient chanoine de Notre-Dame de Paris avant de s'éteidre reconnu de tous. Il a composé de la musique religieuse, mais reste célèbre pour ses madrigaux.

Son premier livre est réédité 40 fois ! C'est le premier tube de l'époque.
Ses premiers madrigaux à 4 voix sont encore marqués par la frottola. Un standard extrait de ce livre "Il bianco et dolce Cigno" est tourné à toutes les sauces. Déjà les produits dérivés: ses pièces sont mises en tablature de luth et ainsi jouées dans toute l'Europe.
Sa musique semble être le reflet de ce qu'attendait l'esthétique humaniste: décors charmants et élégiaques qui masque sous une certaine molesse ou suavité (non pas sucré tout de même) une certaine mélancolie.
Il compose quelques chansons françaises dont un célèbre "Margot labourez les vignes" encore chanté de nos jours.

120 chansons françaises
250 madrigaux (dont Cinq livres à 4 voix, un livre à trois voix)

Pas de disque, mais de rares compilations de madrigaux.
Ici 4 madrigaux d'Arcadelt au milieu d'une cinquantaine d'autres de bonne facture.

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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 2:47

On vendait même des T-shirts bouffants à son nom dans les rues de Lucques.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 2:56

Adriaan Willaert: Flamand (Bruges 1490 - 1562)

Il étudie le droit à Paris mais parallèlement est formé par Jean Mouton, chantre de François I° et abandonne le droit (c'est d'un commun !)
Cette influence française le marque profondément, influence que l'on entend paraît-il dans ses madrigaux. Il composera 65 chansons françaises.

Il est peut-être au service du pape Léon X brièvement, à Ferrare ches les Este en 1522 puis à Milan de 25 à 27 comme chantre du Duomo dont l'archévèque est un Este.
1527: c'est la consécration, il devient maître de chapelle de la basilique Saint-Marc, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort en dehors de deux séjours dans les Flandres.

Musicien sacré, fondateur de la polychoralité vénitienne... c'est à dire, si on a le temps... la basilique a un plan de croix grecque comme toutes les église byzantines ce qui rendait l'exécution de la musique religieuse difficile acoustiquement pour répartir choeur et instrumentistes au fur et à mesure de l'enrichissement des effectifs. Willaert eu l'idée de diviser en deux le choeur et le groupe des instrumentistes et d'avoir deux tribunes d'orgue disponibles. La répartition stéréophonique ainsi obtenue donnait à la musique vénitienne une couleur particulière que les compositeurs explorèrent avec inventivité, utilisation des voix en écho... ça devait être chouette les offices à Saint-Marc !

Donc reprenons, Willaert est le premier d'une série de grand madrigalistes qui présideront à la musique de ces lieux et en fera un outil virtuose et réputé qui servira ensuite: de Rore, Merulo, Gabrieli, Monteverdi et d'autres.

Grand technicien du nord, son style est savant, il reste très attentif à la justesse de la déclamation, parfois aux dépens de l'émotion. Il utilise la poésie de Pétrarque dont il révèle au mieux les accents doloristes.

60 madrigaux à son actif, les premiers plus proches de la frottola.
Des villanelle
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 3:03

DavidLeMarrec a écrit:
On vendait même des T-shirts bouffants à son nom dans les rues de Lucques.

Oui, et des casquettes à visière avec le slogan: I I love you Hugo Wolf ! Mr. Green
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 3:30

Peu avant le milieu du cinquecento, le madrigal a ainsi acquis ses lettres de noblesse, ce genre profane vivant une véritable promotion qui était réservée à la musique religieuse. Les vieux maîtres des chapelles princières ne dédaignent pas composer ces pièces qui passaient pour frivoles 10 ans plus tôt.

D'Italie le madrigal s'exporte, comme plus tard les sacs Gucci et les parures Bulgari. Il atteint la France et les Flandres rapidement par l'intermédiaire des voyages fréquents transalpins des Franco-Flamands. Il gagne les îles britanniques avec dix années de retard, mais se prépare ici à vivre un de ses avatars les plus brillants.

Les oeuvres se voient oté toute idée d'improvisation. Les interprètes travaillent longuement en professionnels, mais sans que cela porte préjudice à l'exécution par des amateurs en famille. En effet, les lignes de chant rendent possible cette double visée et fait de l'Italie un pays de chanteurs.
L'humanisme, le goût accordé aux arts, les procédés d'imprimerie qui se développent, essentiellement concentrés sur Venise répandent, démocratisent ce qui devient les premiers succès populaires de l'histoire de la musique.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 13:45

3- La modernité madrigalesque

Le premier madrigal fonde le genre avec l'apport exogène des Festa, Verdelot, Arcadelet et Willaert. Le genre mute et quitte la simple élégie de ses débuts pour se fixer quelques buts: peindre les passions de l'âme.
On emploie à l'époque une expression pour désigner le madrigal, la pittura delle orecchie, la peinture pour les oreilles, la peinture du mot en quelque sorte.

Deux élèves de Willaert, Niccolo Vicentino et Cyprien de Rore sont les artisans de cette évolution. Comme pour la suite de cette histoire, on retrouve toujours cette filiation qui sera directe entre les premiers maîtres et les derniers. Le compagnonnage issu de Moyen-âge est encore la manière de transmettre cet artisanat de la musique. Les maîtres ne dérogent pas à cette obligation, les apprentis font le chemin qui mène à tous ces centres européens où brille le talent de ces musiciens, ceci malgré la publication par douzaines des livres de madrigaux qui se répandent à travers toute l'Europe.

Nicola Vicentino: Italien (Vicence 1511 - Milan 1576)

Ardent défenseur de l'introduction du chromatisme dans la musique, il assoie sa démonstration qui entraînera une controverse romaine étalée sur cinq ans qui voit se disputer des évèques. Il fallait démontrer pour justifier l'emploi de ces anomalies acoustiques que les Grecs anciens utilisaient un système enharmonique et chromatique. Il perdit malgré la fabrication d'un clavecin spécial, l'archicembalo pourvu de 132 touches où les dièses et les bémols étaient des touches différentes ce qui mettait en relief le chromatisme de ces intervalles différents.

Malgré toutes ces complications, ce pionnier du chromatisme extrême formé par Willaert, qui est resté au service du Cardinal Hyppolite II d'Este a contribué à affranchir la musique du vieux système modal et d'ouvrir la voie à de Rore, Marenzio, Gesualdo et du Monteverdi des cinq premiers livres.

Cinq livres de madrigaux à 5 voix (les 2°, 3° et 4° sont perdus)

Cyprien de Rore: Flamand (Malines 1515 - Parme 1565)

Un maître de chant de Notre-Dame d'Anvers lui enseigne son alpha et son Beta musical. A 19 ans il part pour Venise où il est chantre à Saint-Marc sous l'autorité de son compatriote Willaert. En 1542 il publie son premier livre de madrigaux et en 1545 il passe au service des Este de Ferrare où il travaille avec l'autre élève de Willaert, Vicentino qui entend faire revivre la musique chromatique de l'antiquité. Dans cette optique, il publie un ouvrage théorique : L'Antica Musica ridotta alla moderna prattica. Ces musiciens de l'élite sont devenus les véritables pourfendeurs de l'académisme musical qui recule progressivement de toutes les chapelles.

Ercole II d'Este meurt, il passe donc au service de la régente des Pays-Bas, Marguerite de Parme en 1559, puis de son époux le duc Ottavio Farnese comme maître de chapelle en 1561.

Sa renomée grandit, les procurateurs de Venise lui offrent le poste de Saint-Marc qu'il accepte un an avant de se rétracter devant la lourdeur de la charge. Il revient travailler à Parme. Il meurt tôt. Entré de son vivant dans la gloire, il est celui qui fait entrer le madrigal dans une liberté harmonique et chromatique inouïe jusque là.

197 pièces à 3, 4 et 5 voix où l'utilisation de Petrarque, Molino, Parabosco. Avec lui le madrigal se fait pour la première fois une peinture des mots, dramatique et vivante.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 14:44

Cipriaaaaaaano ! I love you

Il y a en effet chez lui une aisance, un naturel du contrepoint qui me laissent très admiratif. On sent clairement l'assouplissement harmonique dont tu parles.

Vartan, tu aurais peut-être un peu plus de succès si tu suggérais une petite discographie indicative pour chaque étape, même sans commentaire pour ne pas te faire trop de travail. Parce que les ensembles ne sont pas les mêmes que ceux de la "musique classique" habituelle.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 16:24

DavidLeMarrec a écrit:
Vartan, tu aurais peut-être un peu plus de succès si tu suggérais une petite discographie indicative pour chaque étape, même sans commentaire pour ne pas te faire trop de travail. Parce que les ensembles ne sont pas les mêmes que ceux de la "musique classique" habituelle.

Comment ose-tu dire que je n'ai pas de succès ? Shocked

Oui, je pensais la faire après pour rester dans le fil cette discographie. Et pour ces premiers là, la discographie est assez maigre et moi-même n'en ai écouté qu'épisodiquement. Je vais essayer de faire ça pour demain.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 17:22

Avec lui, le madrigal est devenu un genre classique. Même le grand Palestrina se plie à la mode, mais sous un nom d'emprunt, "Gianetto".
Et le grand Roland de Lassus...

Roland de Lassus - Orlando di Lasso: Franco-flamand (Mons 1532 - Munich 1594)

Considéré de son temps comme le plus grand compositeur du XVI° siècle.

A 12 ans il est déjà à pied d'oeuvre en Italie, chez le vice-roi de Sicile, Fernandino Gonzague. Il y restera 10 années et y assure sa formation musicale sur laquelle je n'en sais pas plus !
Après le sud, c'est le nord avec Milan, Naples puis Rome où il dirige la chapelle de la basilique St Jean de Latran à... 21 ans. Son talent est tel en matière de musique sacrée qu'il devient une star internationale. Le roi de France souhaite l'avoir dans sa chapelle, les commandes affluent de toutes les cours européennes. Il décide de rejoindre la chapelle du duc de Bavière, Albrecht V en 1556 comme ténor (hé oui, les ténors ne sont pas tous des gens légers à la mémoire courte Mr. Green ) puis maître de la chapelle en 1563. Il conservera ce poste jusqu'à sa mort.

Son oeuvre est monumentale, motets par centaines, messes... En ce qui nous concerne, il composera 180 madrigaux à 5 voix surtout et des dérivés drôlatiques plus légers, des villanelle et des moresche. Il compose aussi de la chanson française.

Pour l'Italien, il privilégie le vers à la prosodie, ce qui le différencie de l'école du madrigal à venir. Cela a pour résultat de donner un air plus mélodique à ses pièces qui sont d'allure plus contenues, sérieuses et sans le maniérisme qui va déferler bien vite dans ce cénacle de compositeurs. Il cherche avant tout à garder le cap de l'interprétation globale du poème, utilise certains chromatismes. Il peut sembler plus détaché émotionnellement du texte, mais assure un autre courant baroque qui rejoindra la monodie plus tardive des autres madrigalistes. La forme est avec lui sans doute un peu plus importante que le fond.

Son style reste noble, riche harmoniquement et donne une allure introvertie, intense. Son orientation le conduira au madrigal spirituel (où il brille comme Monteverdi) où l'expressivité est moins importante, l'écriture plus savante. Ses derniers madrigaux deviennent austères en rapport semble-t-il avec la sévérité des moeurs de la cour bavaroise de l'époque. Aucune composition signalée pour les fêtes de la bière de Munich.


Aux abords de la décennie 1560-70, les autochtones au contact de ces nordistes commencent à devenir plus importants, tant en quantité qu'en qualité. De nouvelles écoles voient le jour: Vérone avec Nasco, Ruffo, Bologne 5Fernabosco).

Marc'Antonio Ingegnieri, véronnais, se fixe à Crémone où il assurera l'enseignement du jeune Monteverdi.

Deux grandes figures du nord émergent encore du lot:

Giaches de Wert: (ou Weert, Anvers 1535 - Mantoue 1596)

Enfant il est fait chantre au service de la marquise della Padula près de Naples. En 1558 il est signalé à la cour d'Alfonso de Novellara (branche cadette des Gonzague) et en 1561 à Rome à la chapelle du duc Farnese où il rencontre Cyprien de Rore qui lui enseigne le madrigal expressif et chromatique. Il poursuit ses pérégrinations et on le retrouve à Milan chez le gouverneur espagnol Gonsalve Fernandez de Cordoba, Olé ! cheers car les espagnols sont partout en Italie (au duché de Milan que les Français n'ont pas été fichus de conserver, au sud où Naples et les Deux-Sicile sont quasiment des provinces ibériques et à Rome où le pape subit leur lourde influence).
Remarqué par le duc Guglielmo Gonzague (encore et toujours les Gonzague), il devient son maître de chapelle en 1564.
Très admiré et jalousé à la cour même, il subira de multiples intrigues et cabales qui le pousseront vers la sortie alors que sa musique est d'une grande douceur. Rolling Eyes Il faut dire que sa vie sentimentale quelque peu agitée ne l'a pas aidé. Mais n'en parlons pas, ce n'est pas le sujets. A moins que certains y tiennent. Mr. Green

Compositeur parfaitement italianisé, il est très apprécié à la cour de Ferrare où opérait le Concerto delle donne (trio de chanteuses virtuoses), il est inspiré déjà par ce courant concertant qui fait de lui un maillon entre la première et la seconde pratique. Mais nous y reviendrons. Son chant régulier sussure le mot et dans cette eurythmie glisse quelques frottements et chromatismes délicats. Un grand poète du mot.
Il aura sous sa baguette un temps, le jeune Monteverdi alors joueur de viole à qui il transmettra ces ébauches de madrigalisme progressiste issu de l'école de Luzzaschi (Ferrare).

11 livres de madrigaux à 5 voix
1 livre à 4 voix
1 livre à 6 voix

L'essentiel est perdu, mais on peut en entendre tout de même.

Ce très beau disque de madrigaux sur la poésie du Tasse et de Guarini.
Je réécoute ça, c'est superbe.

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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 17:25

vartan a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Vartan, tu aurais peut-être un peu plus de succès si tu suggérais une petite discographie indicative pour chaque étape, même sans commentaire pour ne pas te faire trop de travail. Parce que les ensembles ne sont pas les mêmes que ceux de la "musique classique" habituelle.

Comment ose-tu dire que je n'ai pas de succès ? Shocked
Je veux dire de réactions dissertes. Ensuite, il suffit de regarder le nombre de lectures du sujet pour s'assurer de ta popularité sans faille. [Je n'ai pas vérifié, mais j'en suis sûr.]

Ouf. De toute façon c'était ça ou les excuses, je ne suis pas libre demain, j'ai déjà un duel.


Citation :
Oui, je pensais la faire après pour rester dans le fil cette discographie. Et pour ces premiers là, la discographie est assez maigre et moi-même n'en ai écouté qu'épisodiquement. Je vais essayer de faire ça pour demain.
S'il n'y a pas de discographie particulière, tout va bien, on te suit.

Je ne veux pas non plus m'immiscer dans ta leçon, c'était juste une suggestion. Maladroite.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 17:35

[quote="DavidLeMarrec"]
Ouf. De toute façon c'était ça ou les excuses, je ne suis pas libre demain, j'ai déjà un duel.

C'est partie remise ! pirat


Citation :


Je ne veux pas non plus m'immiscer dans ta leçon, c'était juste une suggestion. Maladroite.

Mais non, toute suggestion est la bienvenue. Wink
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 19:22

C'est trés interessant a lire et ca se lit trés bien !
Par contre ce que dit David n'est pas faux (pour mon cas au moins.)Comme je ne connait pas du tout avoir des conseils de CD se serait une bonne chose. Et effectiverment si c'est possible par etape plutot qu'a la toute fin je croit que ca m'aiderais...Ce n'est bien sur qu'un position toute personelle, c'est peut être mieux autrement pour les autres.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 22:35

entropie a écrit:
C'est trés interessant a lire et ca se lit trés bien !
Par contre ce que dit David n'est pas faux (pour mon cas au moins.)Comme je ne connait pas du tout avoir des conseils de CD se serait une bonne chose. Et effectiverment si c'est possible par etape plutot qu'a la toute fin je croit que ca m'aiderais...Ce n'est bien sur qu'un position toute personelle, c'est peut être mieux autrement pour les autres.

J'ai commencé à meubler en éditant les premiers messages, mais pour ces premiers madrigalistes, il n'y a presque rien d'enregistré et mes quelques connaissances de ces pièces rares données par des ensembles vocaux confidentiels sont sur de vieilles cassettes enregistré sur FM.
Mais je vais creuser un peu et éditer les autres compositeurs.

Pour la suite ça s'enrichit considérablement et pour Monteverdi seul, toute l'oeuvre est disponible en CD.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyMer 21 Fév 2007 - 22:44

vartan a écrit:
entropie a écrit:
C'est trés interessant a lire et ca se lit trés bien !
Par contre ce que dit David n'est pas faux (pour mon cas au moins.)Comme je ne connait pas du tout avoir des conseils de CD se serait une bonne chose. Et effectiverment si c'est possible par etape plutot qu'a la toute fin je croit que ca m'aiderais...Ce n'est bien sur qu'un position toute personelle, c'est peut être mieux autrement pour les autres.

J'ai commencé à meubler en éditant les premiers messages, mais pour ces premiers madrigalistes, il n'y a presque rien d'enregistré et mes quelques connaissances de ces pièces rares données par des ensembles vocaux confidentiels sont sur de vieilles cassettes enregistré sur FM.
Mais je vais creuser un peu et éditer les autres compositeurs.

Pour la suite ça s'enrichit considérablement et pour Monteverdi seul, toute l'oeuvre est disponible en CD.

Merci ! Wink
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 1:59

Philippe de Monte: Flamand, (Malines 1521 – Prague 1603)

D'origine néerlandaise (Van den Berghe). Grande figure du madrigal franco-flamand.
Il est à Naples vers 1542 comme précepteur.
1554, il publie un premier livre de madrigaux à 5 voix.
Bref retour en Flandres auprès du roi Philippe II d'Espagne. Il se lie d'amitié avec William Byrd qui fera la carrière que l'on sait.

Il repart en Italie pour mener une existence de musicien plus ou moins indépendant et itinérant.
En 1568 il accepte le poste de maître de chapelle impériale à Vienne où il servira durant 35 ans les empereurs Maximilien II et Rodolphe II.
Célèbre à l'égal de Lassus et Palestrina, il travaille pour le banquier Fugger, Isabelle de Medicis, les Orsini...

38 messes, 300 motets... 1073 madrigaux. C'est l'auteur le plus fécond et le plus régulier. Il sera le pédagogue le plus apprécié de son époque (Jean de Macque).
Il est moins Italien que son art le laisse croire: mélodismes harmonieux, alternance heureuse de jeux contrapuntiques, homophonie. Il reste moins attentif à la peinture du mot qu 'au sens général du poème (Petrarque et Bembo) et se tient à distance des défis chromatiques et des pièges dissonants de ses contemporains.
Il se coupe vers la fin de sa vie d'avec les courants progressistes chromatiques ou monodistes et dans ses dernières oeuvres, il compose sur de la poésie de Guarini des madrigaux pastoraux.


Dans les années 1570-80, le genre est devenu l'emblème de la musique italienne. Omniprésent il s'enrichit et se diversifie, son écriture passe de 4 à 5 et 6 voix, le plus souvent égales et se resserre par le biais d'effets imitatifs et de figurations qui vont toujours plusloin vers une visualisation de l'image acoustique afin de mieux donner un sens de la peinture du mot. Les racines populaires sont oubliées sauf dans les formes connexes, les villanelle et moreschequ'un Lassus ou Marenzio pratiquent. L'essentiel tient dans la représentation sonore du texte, tenter de lierune écriture mélodique à la subtilité d'une harmonie assurant le climat expressif de la pièce. Le texte, l'harmonie, la mélodie.

Si cette unité semble sans partage, un foyer infectieux va pourtant l'entamer quelque peu à partir de 1576: la Camerata Bardi de Florence qui cherche à retrouver, recréer la tragédie des anciens Grecs et ses vertus dramatiques. Deux conceptions opposées.

D'un côté du terrain les madrigalistes, Monteverdi dans les cages. Le Néerlandais de Wert entraîneur.
De l'autre les Florentins, Peri gardien de but. Materazzi en remplaçant.
Le terrain est sec, la foule soutient les madrigalistes qui jouent à domicile.
Une sombre affaire de dopage au Tiramisù trafiqué fait peser des soupçons sur les Florentins.

Les Florentins ont le ballon.

(je tente une approche compréhensible pour Xavier et son équipe du topic foot)

Les premiers, tenants d'une polyphonie comme moyen d'expression des passions d'un seul être, de l'autre avec Bardi, une voix, la monodie, soutenue par la mélodie comme Orphée par sa lyre.
Les premiers exacerbent une dramatisation de la musique, les seconds habillent la tragédie d'une parure musicale. L'issue de ce match sera ambiguë. Les Florentins remportent cette rencontre. Le match retour voit les madrigalistes remporter la coupe.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 2:14

Oui, je pense que ça sera limpide comme ça Exclamation Mr. Green

Et le seria belcantiste prendra pour les Florentins une revanche posthume. (la complexité en moins)

Mais un petit village de Gaulois résistera...

La suite dans le prochain album de Varterzo.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 2:20

DavidLeMarrec a écrit:

Et le seria belcantiste prendra pour les Florentins une revanche posthume. (la complexité en moins)

Oui, c'est bien sombre comme fin.
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 2:28

vartan a écrit:


D'un côté du terrain les madrigalistes, Monteverdi dans les cages. Le Néerlandais de Wert entraîneur.
De l'autre les Florentins, Peri gardien de but. Materazzi en remplaçant.
Le terrain est sec, la foule soutient les madrigalistes qui jouent à domicile.
Une sombre affaire de dopage au Tiramisù trafiqué fait peser des soupçons sur les Florentins.

Les Florentins ont le ballon.

(je tente une approche compréhensible pour Xavier et son équipe du topic foot)

Les premiers, tenants d'une polyphonie comme moyen d'expression des passions d'un seul être, de l'autre avec Bardi, une voix, la monodie, soutenue par la mélodie comme Orphée par sa lyre.
Les premiers exacerbent une dramatisation de la musique, les seconds habillent la tragédie d'une parure musicale. L'issue de ce match sera ambiguë. Les Florentins remportent cette rencontre. Le match retour voit les madrigalistes remporter la coupe.

C'est la victoire du Real de Madrigues ! Mr. Green
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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 2:32

entropie a écrit:

C'est la victoire du Real de Madrigues ! Mr. Green

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MessageSujet: Re: Le Madrigal italien (1530 - 1640)   Le Madrigal italien (1530 - 1640) EmptyJeu 22 Fév 2007 - 2:43

vartan a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:

Et le seria belcantiste prendra pour les Florentins une revanche posthume. (la complexité en moins)

Oui, c'est bien sombre comme fin.
Oui, ça finit mal. Crying or Very sad

Quoique... si on prolonge...

Lully, florentin, crée la tragédie lyrique, "madrigalesque". Et le genre dure tout le XVIIIe. Au dix-neuvième, certes, ce sont des italianisants qui s'installent à Paris, mais le Grand Opéra qu'ils créent est à l'opéra italien ce qu'était la tragédie lyrique au seria, même si l'usage de numéros estompe les différences.

Alors, est-ce vraiment la défaite ?
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