Comme j'adore me faire remarquer, je me suis dit : « pourquoi ne pas créer un topic (ou un fil, si vous préférez) dans cette rubrique consacré aux Monty Pythons, ou plus précisément au rapport entre les Monty Pythons et la musique ? » C'est-y-pas-une-bonne-idée-ça ? Non ? Ah bon...
Entre les Monty Pythons et la zizique, c'est une histoire d'amour. Bien avant leurs trois films, celle-ci tient une place importante dans l'univers humoristique qu'ils développent au sein du Monty Python's Flying circus. Mais comme les Monty Pythons ne respectent rien, il n'était pas question que la musique échappe à leur dadaïsme anarcho-morbido-intellectuel...
Pourquoi je dis « intellectuel » ? Parce que les Monty Pythons ne sont pas un groupe de six jeunes ayant grandi dans la rue à la façon des Marx Brothers ou d'un Charlie Chaplin : John Cleese et Graham Chapman proviennent de Cambridge (l'un avec un doctorat en droit, l'autre en médecine) quand Terry Jones, Michael Palin et Eric Idle sortent eux d'Oxford. Quant à Terry Gilliam, seul américain du groupe, il était issu d'une école d'architecture. Autant dire que non seulement ces braves gens ou du talent, mais qu'en plus ils ont de la culture...
Dans leurs sketches (saynètes, si vous préférez, encore une fois...) pour la BBC, le rapport entre Monty Python et musique se veut volontairement cynique et destructeur. On peut citer ce sketch dans lequel un orchestre interprétant le Beau Danube bleu vole en éclat à mesure que progresse la composition, ne laissant plus que des morceaux épars de musiciens consumés sur leurs chaises, ou encore cette représentation durant laquelle Sviatoslav Richter interprète le premier Concerto pour piano de Tchaïkovsky tout en tâchant de se libérer d'un sac dans lequel il est enfermé, sous l'oeil de Rita, son assistante façon pin-up de show-business... Ces deux exemples sont évidemment les plus célèbres, mais je suis convaincu qu'il y en a d'autres... Hélas voilà une éternité que je n'ai pas eu l'occasion de voir les Flying Circus (aucune édition en France actuellement) aussi ma mémoire, à mon grand désespoir, me fait défaut...
Mais les Monty Pythons, ce sont également trois films cultes, tous différents, tous hilarants, dans lesquels la musique joue un rôle plus ou moins prédominant.
The Monty Python and the Holy Grail est remarquable dans sa gestion musicale : accumulant les partitions aux teintes médiévales, se concluant par une mélodie mexicaine effrénée, le générique de ce film est un petit miracle. Tout l'environnement musical du film est basé sur cette volonté de mettre en scène des compositions volontiers puissantes, façon wiking, en désaccord naturel avec l'absurde qui, du début à la fin, mène la narration... Sans oublier la chanson des Chevaliers de Camelot, et l'hilarante prestation de Neil Innes en troubadour désinvolte...
Life of Brian se veut plus restreint dans son approche de la musique : on aurait tort cependant de ne pas signaler l'incroyable parodie de chanson façon peplum qui ouvre ce long-métrage (et dont les paroles, d'un grotesque achevé, se heurtent à une musique surchargée de cuivres et d'emphase) et, évidemment, la chanson finale Always look at the bright side of life, une ode à l'optimisme interprétée par des crucifiés...
Mais c'est avec Monty Python's the meaning of life (Le Sens de la vie) que la musique prend une place prépondérante dans l'humour des Pythons. Bon nombre des oeuvres musicales contenues dans ce film sont co-écrites par un compositeur du nom de John duPrez. On trouve dans ce film des chefs d'oeuvre immortels comme la provocante Every Sperm is sacred (où sont subvertis les comédies musicales façon West Side Story) et la splendide Galaxy song qui se conclue sur ces paroles d'une lucidité rare : « Et priez pour qu'il y ait une forme de vie intelligente ailleurs dans l'espace, car sur Terre il n'y a que des cons »...
A noter enfin, car je ne vais pas m'étendre plus avant sur un sujet qui, je le crains, ne risque d'intéresser que moi, que les Monty Pythons ont également enregistré un certain nombre de chansons, aujourd'hui regroupées dans un disque indispensable baptisé Monty Python sings, d'où le titre de ce topic... On y retrouvera le morceau Decomposing composers, dans lequel Michael Palin dresse avec cynisme une longue liste de « compositeurs décomposés » sur une musique voletant entre-autre depuis la Neuvième de Beethoven jusqu'au Lac des Cygnes... On y admirera aussi l'acharnement que met John Cleese à bousiller la Polonaise op. 53 de Chopin en chantant par-dessus les conditions de la décapitation de Charles Premier...
Bref, les Monty Pythons sont éternels, et je tenais par ce topic à leur rendre brièvement l'hommage qui leur est dû !