Johann Adolf Hasse: aperçu discographique

Voilà encore un sujet qui n'appelle guère de grands débats mais ce compositeur me tient à coeur. Pour discuter de son influence et de ses influences, on pourra se reporter au fil "baroque germanique" en section générale.

Afin de ne pas passer à côté de petits chefs d'oeuvre, tous les amoureux de la musique baroque doivent au moins écouter quelques disques de ce personnage. Un aperçu discographique en trois étapes:

1) I Pellegrini al Sepolcro di Nostro Signore (oratorio):



Un petit bijoux ! Une interprétation divine ; à rapprocher de Jommelli mais en plus parfait et plus touchant et moins distant. Un drame bien construit et une musique tour à tour enjouée, triste, mélancolique... Divin !


2) Requiem, Miserere et Motets:



Moins accrocheur et marquant que le Pellegrini mais d'un intérêt essentiel pour qui veut comprendre la transition entre musique baroque et musique classique sacrées en Allemagne. Chacun pourra y trouver de quoi le contenter. Moins surfait que Zelenka (que je préfère toutefois).

On pourra donc compléter cette découverte par l'écoute de ce disque (qui couple l'excellente Missa di Filii de Zelenka):



3) Salve Regina

Des oeuvres hybrides plus sages et plus complexes que celles de Vivaldi, plus touchantes que celles de ses contemporains allemands mais moins que le reste de la production européenne. Excellent disque de Goebel à prix doux:




Sa musique instrumentale n'a, en revanche, aucun intérêt.

bonne idée, vivement qu'on en en arrive à sa musique d'opéra, histoire d'avoir quelques pistes sérieuses...

Aucun de ses opéras n'a été enregistré ?

si, Cleofide au moins, mais Jorge va sans doute nous dire ça avec plus de précisions (il me semble que j'ai au moins deux opéras de Hasse, mais sa musique ne m'a certainement pas causé l'impression profonde qu'elle semble avoir laissé sur Mozart dans le domaine de l'opéra).

le Pellegrini al Sepolcro di Nostro Signore (oratorio): de lesne me fais bien envie. Ses charpentier sont de toutes beauté.
Je vais me laissé tenter.
Tu dis "à rapprocher de Jommelli " je ne connais pas non plus ce Jommelli.
Tu as une autre comparaison à faire ?

Citation :

Sa musique instrumentale n'a, en revanche, aucun intérêt.

J'ai lu le fil à l'envers, et en arrivant à cette dernière phrase, j'ai su qui avait ouvert le fil.

atomlegend a écrit:

le Pellegrini al Sepolcro di Nostro Signore (oratorio): de lesne me fais bien envie. Ses charpentier sont de toutes beauté.
Je vais me laissé tenter.
Tu dis "à rapprocher de Jommelli " je ne connais pas non plus ce Jommelli.
Tu as une autre comparaison à faire ?

Hasse est entre Haendel et Jommelli, d'une certaine façon. Du seria haut de gamme, un âge d'or.

Je n'ai jamais rien écouté de Hasse

Je vais suivre les orientations de Jorge (mais j'irai voir aussi du côté de la musique instrumentale)

Bon c'est commandé. Jorge ? comme tu rembourses si on est pas satisfait n'est-ce pas ?

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Sa musique instrumentale n'a, en revanche, aucun intérêt.

J'ai lu le fil à l'envers, et en arrivant à cette dernière phrase, j'ai su qui avait ouvert le fil.

On ne se refait pas

sud273 a écrit:

bonne idée, vivement qu'on en en arrive à sa musique d'opéra, histoire d'avoir quelques pistes sérieuses...

J'ai constaté qu'il y avait eu quelques sorties récentes mais je n'ai pas eu l'occasion de les écouter. Je te laisse bien volontiers la parole

1) I Pellegrini al Sepolcro di Nostro Signore (oratorio):


A peine reçu à peine écouter.
Et afin de ne pas me laisser influencer je ne me suis pas renseigné sur ce compositeur . Et moi qui suis assez hostile aux allemands de l'époque, j'avoue de ne pas être déçu.
On est ici, et je ne crois pas me tromper à la frontière d'un vivaldi et d'un Handael . Mélange de concertis vivaldien et d'oratorios Handealien .
Et tout ceci avec une petite note d élégance ramiste que je n'entends chez aucun germanique et qui ne passe vraiment pas inaperçue . Oui c'est curieux et assez captivant dans l'ensemble.
En tous cas vraiment à découvrir. la distribution est des plus sublime comme le souligne Jorge.
La diction superbe rien d'étouffant et de rébarbatif pour les hostiles d'haendel (vartan) . Rien de superficiel pour les détracteurs de vivaldi ().
Je vais revenir sur cette note "hautaine" et française de l'époque ici
Ne connaissant pas du tout ce Hasse , je me pose fatalement la question de savoir si lesne qui excelle tant dans le répertoire français n'a pas déposé lui même cette caractéristique française ici.
A vérifier. toi Jorge qui connait mieux ce Hasse,à toi de confirmer ou démentir la véracité de mes propos .





En tout cas meci .

Atom toujours content de découvrir de jolies choses

Je ne saurais pas me prononcer sur Lesne que je goûte que très rarement. C'est -sans conteste- un de ses meilleurs disques.

Ravi que cela te plaise

Avant d'arriver à la clef de J.A.Hasse :" Cléofide", quelques mots sur la perle rare de sa production instrumentale et vocale :

La Cantate"L"ARMONICA" (1769)
pour soprano, armonica de verre et orchestre sur une Ode de Métastase.
(livrettiste de Mozart)
Composée pour le mariage d'un Prince , elle est proposée avec :
V.Dietschy,soprano
Dennis James, Glas Armonica
Ensemble Stradivaria, 1er violon, Daniel CUILLER.
L'oeuvre est splendide et unique à ce jour , dans la série de celles écrites pour l'armonica de verre.

Instrument utilisé dans la version originale du K.617 de Mozart,
la scène de la folie de Lucia de Lammermoor de Donizetti

et quelques autres chefs d'oeuvres...
Des manuscrits seraient à découvrir dans les pays de l'est de l'époque où il fut rayonnant : XVIIème siècle
Messmer s'en servait pour accompagner ses magnétismes ..etc ...

le grand spécialiste est Thomas Bloch (compositeur et instrumentiste de génie...You tube le sert trés bien)

Comme il y a un roman à écrire sur cet objet, dont un exemplaire se trouve dans la Cité de la Musique à Paris (et 3000 aux U.S.A, voir You tube)
.....
je reprends sur "Cleofide" qui và ressortir (version William Christie , avec Emma Kirby en rôle titre) le 29 janvier 2009, Chez PH0ENIX 178, et qui est surement la preuve de son génie qui régna en maître trente ans ....

et qui s'écria en écoutant Mozart :
"Il nous fera tous oublier !!!"

Ce qui fut un peu son cas , si l'on excepte les dix dernières années où il remonte du tombeau tout doucement .

Le problème, c'est que Christie n'est pas à son aise dans cette musique, il a tendance à vraiment aplatir. Mais Hasse est terriblement mal servi, alors que son talent soutient amplement la comparaison avec Haendel.

Génial ! de belles sorties en seria !

Morloch a écrit:

Génial ! de belles sorties en seria !

Mais Christie est déjà sorti, et a interprété récemment l'oeuvre. Pourtant, il y a plein de connaisseurs qui jouent sur les scènes, mais alors qu'on nous fait (peut-être un peu inutilement) tous les Haendel et Vivaldi, rien à se mettre sur la dent sur Hasse, trois fois rien sur Bach. Un peu plus sur d'autres compères comme Jommelli ( ), Pergolesi () ou Cimarosa (bof) mais c'est loi d'être l'abondance

j'espère que ce sera abordable, ils ont le don de sortir les Hasse à des prix prohibitifs.

JE vais aller zieuter du côté de la Fida Ninfa de Vivaldi en attendant...

Le premier qui ose écrire "I fuck your Hasse" exagérerait beaucoup ou serait prié d'aller soulager ses ardeurs ailleurs, mais il ne m'a jamais tourneboulé. Il me paraît un cran en dessous de beaucoup.

droopy a écrit:

Le premier qui ose écrire "I fuck your Hasse" exagérerait beaucoup ou serait prié d'aller soulager ses ardeurs ailleurs, mais il ne m'a jamais tourneboulé. Il me paraît un cran en dessous de beaucoup.

Alors pour être "tourneboulé " c'est bien celle là qu'il faut : on dirait la bande son du Casanova de Fellini : magique vous dis-je !!!!

[quote="Morloch"]j'espère que ce sera abordable, ils ont le don de sortir les Hasse à des prix prohibitifs.

JE vais aller zieuter du côté de la Fida Ninfa de Vivaldi en attendant
quote]

La référence deson opéra "Cleofide" avec Chiristie (qui apparemment "écrase tout" , même les prix !!!) sort en fin janvier 2009 :

à 14euros 99

qui dit moins ?

Max Emanuel Cencic, Siroe
Julia Lezhneva, Laodice
Mary Ellen Nesi, Emira
Lauren Snouffer, Arasse
Juan Sancho, Cosroe
Franco Fagioli, Medarse

Orchestre Armonia Atenea
George Petrou, direction


Vu les commentaires, je l'ai acheté... et bon, je suis un peu sceptique.
C'est bien, intéressant, très varié... mais j'ai l'impression que ça doit beaucoup à l'interprétation survoltée de Petrou et de ses chanteurs. Sinon je n'y trouve pas une grande différence à du Haendel basique, avec même encore moins d’interaction entre les différents personnages. Quelques petits dialogues et hop, un grand air, quelques dialogues et hop un grand air... Tout cela me semble assez formel en fait.
Je préfère largement le format resserré d'un Piramo e Tisbe par exemple où les trois personnages permettent un côté très libre.

Question interprétation, c'est assez bluffant quand même!
TOut en haut, Julia Lezhneva survole totalement la partition, avec une agilité à faire pâlir les plus grandes... même une Bartoli j'ai l'impression! Et quelle beauté de voix, quelle aisance dans l'aigu comme la grave... Cette chanteuse est vraiment une extraterrestre! Et beaucoup d'émotions aussi!
Max Emanuel Cencic n'a pas cette virtuosité, mais il possède un timbre vraiment superbe, une rondeur rare chez les contre-ténors... et une sensibilité vraiment touchante. Superbe d'un bout à l'autre, moins démonstratif que ses collègues mais plus touchant.
Franco Fagioli me laisse comme toujours sur ma faim... oui c'est techniquement impressionnant... mais pas autant que Lezhneva et surtout c'est totalement froid comme personnage. J'y entends un instrument de musique mais jamais un personnage.
Juan Sancho je ne connaissais pas... mais assez bluffé par la prise de risque, les ornementations et le caractère vraiment développé de ce roi impulsif!
Les deux autres sopranos concluent de très belle manière la distribution, réussissant à sortir de l'ombre des géants de la tête d'affiche.

Et puis donc l'orchestre qui est vraiment superbe, très investi, varié...

En gros c'est juste la structure très fermée qui m'empêche de vraiment entrer dans cette musique! Parce que sinon, c'est très chouette en terme de pure musique. Sauf que dramatiquement je n'y arrive pas du tout... un peu le syndrome "Haendel" chez moi, sauf que j'ai justement trouvé un peu moins de structure chez Haendel récemment...

Forcément, c'est du seria. Mais c'est du Hasse assez riche musicalement (par rapport à Piramo, justement, la différence est sensible pour moi : on est plus dans la grande veine opératique spectaculaire, celle de Cleofide — dont on aimerait bien avoir une version discographique décente, au passage), et interprété avec un entrain impressionnant.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Sa musique instrumentale n'a, en revanche, aucun intérêt.

J'ai lu le fil à l'envers, et en arrivant à cette dernière phrase, j'ai su qui avait ouvert le fil.

Jorge n'avait peut être pas entendu Luca Guglielmi, dans ce disque de sonates.
"Hasse ne fut pas seulement compositeur d'opéra, il était aussi adepte du clavecin, écrivant de nombreuses sonates pour la Dauphine de France, Marie Josèphe de Saxe, durant son séjour à Paris en 1750." in qobuz
On peut aussi sans doute trouver des affinités du côté de Domenico Scarlatti. Hasse a composé pour Farinelli, lui aussi prisonnier volontaire à la cour d'Espagne et à qui l'on doit les manuscrits de Parme et Venise. Venise où Hasse finira ses jours. Suivez mon regard; dommage que les sonates datent de 1750, une dizaine d'années avant le retour de Farinelli en Italie. J'aurai essayé néanmoins. Et puis d'abord : l'Europe était toute petite et les « essercizi » publiés en 1738 !
Sinon, c'est pas mal du tout, sans avoir le génie de son ainé prestigieux.

Il ne s'agit pas d'un récital entièrement hassien, mais est paru récemment le récital d'Isabel Bayrakdarian The Other Cleopatra. Queen of Armenia (Delos), consacrée à la figure de Cléopâtre, reine d'Arménie, telle qu'elle apparaît dans les opéras composés à partir du Tigrane de Silvani, en l'occurrence ceux de Vivaldi (Rome, 1724), Hasse (Naples, 1729) et Gluck (Crema, 1743). Mais les airs de Hasse occupent à eux seuls la moitié du disque, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Je viens d'écouter le disque. Le programme (composé d'inédits pour les deux tiers) m'a paru très intéressant ; en ce qui me concerne, c'étaient surtout les airs de Hasse que je voulais entendre. Tigrane est le dernier opéra de la série composée par Hasse à Naples avant l'Artaserse vénitien de 1730. De fait, le style du compositeur paraît alors beaucoup plus nettement fixé que dans le Gerone donné à Naples deux ans plus tôt par exemple (arias dal segno en cinq sections, ritournelles assez étendues, rythmes lombards...) : certains airs présentent même une parenté assez nette avec des arias d'Artaserse, et le mouvement central de la sinfonia est directement à l'origine de la première aria de la Cleofide de 1731.

Isabel Bayrakdarian ne m'a pas semblé très à l'aise avec des airs écrits pour la contralto Tesi, notamment dans les graves. L'aria parlante "Strappami pure il seno" aurait pu être plus percutante. La chanteuse est accompagnée par Constantine Orbelian à la tête du Kaunas City Symphony, par un orchestre sur instruments modernes donc, qui m'a semblé manquer un peu de relief.

Ah oui, Orbelian est un chef fabuleux dans Verdi et surtout Tchaïkovski, mais je vois assez mal son son « blanc » et son lyrisme intense se couler dans l'esthétique Hasse, en plus avec un orchestre qui n'est pas de sa tradition… Ça fait un peu peur, je dois dire. (Je n'aurais pas osé, car ce que j'écoute en premier dans les disques de seria, appelez-moi pervers si vous voulez, c'est l'orchestre.)

Il Caro Cinese a écrit:

Isabel Bayrakdarian The Other Cleopatra. Queen of Armenia (Delos), consacrée à la figure de Cléopâtre, reine d'Arménie (...) La chanteuse est accompagnée par Constantine Orbelian

Avec des noms pareils, il ne risquaient certes pas d'enregistrer «Azéri de me voir si belle...»
Désolé. Pas pu m'en empêcher.