Autour de la musique classique

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 Frederick Delius (1862 - 1934)

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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyDim 30 Oct 2016 - 2:08

Pour appréhender Delius, je recommande dans un premier temps de fréquenter ses oeuvres courtes (les "miniatures" pour orchestre): on y entend le déroulement typique de la phrase délienne, sinueuse, aérienne, passant à l'arrière-plan puis refaisant une apparition: La Calinda, Hassan, Summer Evening; puis ses oeuvres un peu plus longues: Over the Hills and Far Away, Florida Suite (le premier mouvement est absolument typique: une pure splendeur).

En deuxième lieu, ses oeuvres orchestrales et vocales (avec ou sans paroles) telles que Sea Drift, Appalachia, Songs of Sunset, Songs of the High Hills, Idyll. Son concerto pour violon (25-30 minutes, en trois mouvements enchaînés) est plus une rhapsodie qu'un concerto dans le sens traditionnel. On pourrait presque dire que le violon "chante". Superbe.

Finalement, ses oeuvres vocales dramatiques: l'opéra A Village Romeo and Juliet, le Requiem et la Mass of Life (en allemand: Delius a mis en musique des textes de Nietzsche). L'opéra A Village Romeo and Juliet est une oeuvre magnifique, fraîche et sensuelle, avec un courant menaçant (le personnage du "Dark Fiddler" est une sorte de Méphisto de campagne).

Je n'ai pas encore exploré sa musique de chambre (sauf le quatuor), non plus que Koanga et Fennimore and Gerda, mais ça s'en vient: j'ai commandé l'Édition Delius sur EMI.

Petite précision sur les origines de Delius: ses parents étaient allemands, émigrés en Angleterre peu avant la naissance de "Fritz" (il signa ainsi son nom jusqu'à l'âge de 40 ans). Le grand-père Delius était hollandais. Aucune trace d'origines scandinaves d'après mes recherches (le copieux article wikipedia en anglais).

Divers: la Floride et la Norvège sont deux endroits que Delius a longuement visités. Il a vécu une grande partie de sa vie en France. Il y est mort en 1934, la même année qu'Elgar. Zoltan Kodaly admirait beaucoup Delius, en qui il reconaissait une "oreille" sympathique aux mélodies du terroir (floridien, anglais, norvégien). Kodaly lui envoya plusieurs de ses oeuvres pour avoir son avis. La femme de Delius, Jelka, était la petite-fille d'Ignaz Moscheles. C'est sa femme qui était le principal gagne-pain du ménage (elle était indépendante de fortune). Delius n'a jamais travaillé: il ne jouait d'aucun instrument, n'a jamais enseigné, n'avait pas d'élèves, n'a jamais occupé de fonction dans le domaine musical. Il n'avait aucun métier (sauf à titre de représentant commercial pour son père, une tâche qu'il détestait). En Floride (son père l'y avait expédié) il se contentait d'arpenter les vergers.
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyLun 16 Jan 2017 - 22:51

Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 51bfiLIiffL

Cette version de Fennimore and Gerda est la traduction anglaise de l'opéra (que Delius conçut d'abord sur un livret en allemand). Les deux versions sont disponibles. Dans un cas comme dans l'autre la lecture du livret est très utile. À défaut, un synopsis détaillé fait très bien l'affaire. En effet Delius a conçu son opéra en une suite de courts tableaux (11, plus des préludes orchestraux), chacun relatant un épisode bien spécifique de l'histoire de Fennimore (9 tableaux) et Gerda (2 tableaux). Ce découpage ne nuit aucunement aucunement à la continuité musicale, celle-ci étant assurée par le rôle dominant de l'orchestre tout au long de l'oeuvre, d'une durée de 80 minutes.

Donc, anglais ou allemand ? Seule l'original allemand est "légitime", la version anglaise étant due à Philip Heseltine (mieux connu sous son nom de compositeur Peter Warlock, auteur entre autres de Capriol Suite et The Curlew). C'est cette traduction qui a été adoptée par la suite dans les rares reprises de l'opéra sur scène. Ça revient donc à la question de l'interprétation. La version anglaise sur EMI date de 1976, l'allemande sur Chandos de 1997. Toutes deux sont dirigées par d'excellents chefs anglais et jouées par l'orchestre symphonique de la Radio danoise (eh, oui, il y a de ces coïncidences !). En fait, il y a une "tradition danoise" de la musique de Delius, un compositeur souvent joué là-bas, et pour cause: Delius était fasciné et totalement sous le charme de la littérature danoise, qu'il utilisa dans plusieurs de ses oeuvres.

Voilà pour le contexte. La musique est un enchantement du début à la fin. Curieusement, le rapprochement qui me vient à l'esprit est avec Il tabarro de Puccini, l'oeuvre la plus "coulante" et wagnérienne du Maître de Lucques (dans le sens de la mélodie ininterrompue passant avant tout par l'orchestre).

Delius se démarque comme le plus germanique des compositeurs anglais (sa langue maternelle étant l'allemand), et le plus 'nordique' dans son langage harmonique (il passa tous ses étés en Norvège jusqu'à la fin, étant même transporté en civière tout en haut des sommets dominant les fjords).
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyMer 29 Mar 2017 - 20:44



Ce nouveau coffret ajoute à la précédente compilation EMI 2 disques fascinants d'interprétations de 1934-1938 par Beecham, dans d'étonnantes restitutions sonores. La référence pour qui veut découvrir le compositeur par son unique champion. Beecham donna la première de Mass of Life en 1909. Il ne manque que son enregistrement de cette oeuvre (1948), mais il est disponible par ailleurs.

7 disques à prix ridiculement bas.

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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptySam 9 Fév 2019 - 8:28

greg skywalker a écrit:
suite de ma liste "symphonique"

Delius  Eventyr          Vernon Handley / Hallé , emi 1981  (200 / 250)

"il était une fois" (1917) est oeuvre "impressionniste" assez sauvage (pour un delius) . La preuve : quelques cris humains  surgissent au milieu de l'oeuvre .
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greg skywalker
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyDim 15 Sep 2019 - 18:46

Concerto pour piano   (1897 , rev 1907)    Piers Lane/Royal Liverpool Philharmonic/ Vernon Handley
même epoque , même moule .   J'ai essayé Shelley/Andrew Davis qui joue la version originale de 1897 , belle prise de son mais cette version dure 30 minutes , le 3eme mouvement est un peu dilué , je préfère la version révisée de 1907.  
pour info , relire ICI.
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyLun 6 Jan 2020 - 22:08

En guise de sucreries de post-nouvel an, j'engloutis en ce moment (comme assez souvent, en fait) force petits gâteaux symphoniques de la première moitié du XXe siècle; c'est ainsi que j'ai été amené à recroiser la route de Delius, qui jusqu'à présent m'avait toujours semblé à la limite de la vulgarité... Et je m'aperçois que cette impression venait essentiellement de la dimension américaine de sa musique -- plus que patente dans certaines pièces (Intermezzo tiré de Fennimore and Gerda) --, par ailleurs d'une richesse et d'une subtilité (harmoniques, expressives) qui m'avait plus ou moins échappé jusqu'à présent.
J'irai peut-être jusqu'à dire que certaines de ces "miniatures" (Northern Country Sketches, Two Pieces for Small Orchestra, A Song Before Sunrise) sont tout compte fait bien plus intéressantes que la plupart des poèmes symphoniques de Bax...
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyLun 6 Jan 2020 - 23:10

Ah, tiens, justement, aurais-tu (ou quelqu'un d'autre aurait-il) une version discographique à me recommander pour ces pièces (Summer Night on the River, The Walk to the Paradise Garden, A Song before Sunrise, On Hearing the First Cuckoo in Spring, In a Summer Garden...)?

Sur le papier, ça devrait me plaire, pour peu qu'on ait de beaux miroitements de timbres instrumentaux assez détaillés, mais jusqu'ici je n'ai rien entendu de très convaincant: Beecham et Barbirolli, c'est assez opaque et global (d'ailleurs la plupart en mono), Marriner est mieux mais vraiment très rond (et avec des cordes très en avant.) Et en cherchant un peu du côté de mes bonnes adresses habituelles, je ne vois pas grand chose: rien chez Lyrita; A. Davis ou Litton à Bergen n'ont pas gravé ces Delius-là (seulement un disque d'A. Davis consacré aux œuvres de Delius inspirées par le folklore norvégien); Elder / Hallé n'en ont fait qu'une ou deux dans des anthologies...
(Et le disque Handley / LPO ne se trouve que d'occasion à des prix prohibitifs - sans compter que les captations EMI des années 70/80...)
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyMar 7 Jan 2020 - 0:31

Voici ce dont je dispose, à part Barbirolli :
Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Folder11Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Book111


Dernière édition par Golisande le Mar 7 Jan 2020 - 23:45, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyMar 7 Jan 2020 - 0:38

Le premier, c'est Handley/Hickox
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyJeu 9 Jan 2020 - 15:41

Golisande a écrit:
J'irai peut-être jusqu'à dire que certaines de ces "miniatures" (Northern Country Sketches, Two Pieces for Small Orchestra, A Song Before Sunrise) sont tout compte fait bien plus intéressantes que la plupart des poèmes symphoniques de Bax...

Je ne hiérarchiserai pas pour ma part mais voilà qui fait plaisir à lire. Je n'étais pas du tout sensible à cette musique et puis un beau jour... le déclic... et j'ai ensuite eu une grosse période Delius. As-tu essayé The Song of the High Hills (par Andrew Davis de préférence) ? C'est un peu plus long que les miniatures précédemment citées mais si on accroche à son esthétique ce voyage sonore est envoûtant.
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyVen 10 Jan 2020 - 15:00

J'ai bien envie d'essayer ce Song of the High Hills (je suis en train de réécouter un peu de Delius vite fait – Northern Country Sketches par Hickox – et c'est vraiment délicieux, sans la moindre nuance péjorative)...

Concernant la hiérarchie, j'ai bien écrit "peut-être" et "la plupart" : je suis toujours assez fan de The Garden of Fand, par exemple, et je vais au moins redonner une chance à November Woods (sans parler des symphonies bien sûr).
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptySam 11 Jan 2020 - 12:42

J'aime cette musique mais si on veut aller au-delà du chatoiement orchestral et de la séduction sonore et qu'on veut trouver une vraie inspiration, les pièces les plus enregistrées ne sont pas mes préférées. La Florida suite et Over the hills and far away que j'avais déjà évoquées gardent ma préférence.
Après si tu n'aimes pas les "américanismes" chez Delius, la Florida suite n'est peut-être pas le titre le plus attractif pour toi. Pourtant ce 1er mouvement déjà, c'est magnifique. J'y entends du Fauré dans les échelles modales.
sunny
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyJeu 15 Juil 2021 - 22:31

Preuve qu’il faut se méfier de ses souvenirs… un peu plus haut, j’avais écrit ceci à propos des miniatures orchestrales de Delius:
Citation :
Sur le papier, ça devrait me plaire, pour peu qu'on ait de beaux miroitements de timbres instrumentaux assez détaillés, mais jusqu'ici je n'ai rien entendu de très convaincant: Beecham et Barbirolli, c'est assez opaque et global (d'ailleurs la plupart en mono)
Or, comme je suis en train d’explorer mes vieux de CD de Beecham, j’ai réécouté ces derniers jours les enregistrements suivants:

Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Delius11
Brigg Fair - An English Rhapsody. Fennimore and Gerda: Intermezzo. Two Pieces for Small Orchestra: On Hearing the First Cuckoo in Spring, Summer Night on the River. Dance Rhapsody No. 2. A Song Before Sunrise. Irmelin Prelude.
Sir Thomas Beecham / Royal Philharmonic Orchestra
1956-57
EMI


Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Delius12
Dance Rhapsody No. 1
Sir Thomas Beecham / Royal Philharmonic Orchestra, David McCallum (violon solo)
Londres, X.1952
EMI Classics « The Beecham Edition »


En l’occurrence, cette impression de captations monophoniques et de lectures globales et opaques correspondait peut-être à des souvenirs de Barbirolli - parce qu’ici, c’est finalement plutôt l’inverse.

D’une part, les prises (comme le sont souvent les EMI / Columbia de Beecham à Abbey Road) sont au contraire plutôt sèches mais claires, proches, bien focalisées et étagées, avec de la présence et de la chaleur - la plupart datent en fait des débuts de la stéréo; seul le disque de la «Beecham Edition» est en mono, mais bénéficie finalement d’un spectre assez comparable. (J’ai finalement l’impression qu’au fond, à cette époque-là, les choses dépendaient beaucoup plus des lieux et des équipes de production que des labels.)

Ensuite, ces lectures sont typiquement beechamiennes en ce qu’elles font vivre ces partitions en exaltant leur côté mouvant par une battue très souple, des accentuations mobiles et des phrasés versatiles, par une progression essentiellement «horizontale» et cursive du discours (je pense que c’est ce que Sibelius entendait critiquer chez le chef quand il disait qu’il avait «appris ses œuvres à partir de la partie de deuxième violon») et par une façon de «dé-hiérarchiser» les parties en jouant les contrechants comme des mélodies et en différenciant de façon assez savoureuse les effets de timbres et de textures. J’ai d’ailleurs découvert à cette occasion, en relisant la notice, qu’une des plus fréquentes parmi les - nombreuses - interventions de Beecham sur les partitions de Delius consistait précisément à transformer en solos instrumentaux des lignes conçues pour être jouées par tous les pupitres, notamment de cordes: ça me semble vraiment très révélateur - certes de la liberté que Beecham prenait avec les partitions de Delius, mais surtout du sens dans lequel ces libertés allaient et qui est à l’opposé d’une esthétique opaque / globale. Disons qu’à défaut de faire apparaître des angles qui n’y sont pas, Beecham fait saillir ici la multiplicité des lignes.

Du coup, on pourrait dire que ces lectures exaltent à la fois les beautés mais aussi ce que je vois comme les limites de la musique de Delius, à savoir son absence de grande forme architecturale ou de tension structurante (son côté «invertébré»), son caractère essentiellement atmosphérique et fuyant. Comme dans d’autre musiques «invertébrées» (typiquement Tapiola ou la 7ᵉ de Sibelius), on peut dire que la manière de Beecham fait des merveilles, en ce qu’elle donne des couleurs et de la vie au matériau musical (qui, dans une approche «globale» pourrait facilement devenir insupportablement étale) et y faire sourdre un certain élan lyrique, ce qui est un peu le meilleur (le seul?) moyen d’éviter le statisme amorphe dans une musique aussi essentiellement atmosphérique et dépourvue de drame. Le problème, c’est qu’on se trouve vite confronté à l’impression d’une musique certes pleine de magnifiques chatoiements, mais qui donnent parfois un peu l’impression de tourner en rond à force de méandres élusifs, et qui frôlent parfois dangereusement un certain kitsch, ou, disons, une expansivité un peu sucrée, lorsqu’elle cherche à exprimer un sublime panthéiste ou de l’exaltation extatique.

Paradoxalement, cette musique me convainc et me touche davantage lorsqu’elle semble plus «conservatrice» - c’est-à-dire la moins debussysante, la moins fuyante harmoniquement, la plus proche des couleurs folkloriques du pastoralisme anglais (notamment dans Brigg Fair ou dans les deux Dance Rhapsodies) - ou plus «facile» - par exemple dans On Hearing the First Cuckoo in Spring, avec ses figuralismes et son espèce de ressac mélodique à la nostalgie très directe.

Je suis peut-être exagérément critique, car c’est quand même une musique que j’ai écoutée avec beaucoup de plaisir - mais je retire quand même l’impression d’une musique qui manque de substance en dépit de sa richesse. Il s’agit là d’œuvres de maturité: peut-être devrais-je en fait réécouter les œuvres de jeunesse (en particulier les œuvres «américaines»: Florida Suite, Appalachia, Sea Drift) qui, pour autant que je m’en souvienne, m’avaient semblé plus consistantes.


Dernière édition par Benedictus le Mer 11 Aoû 2021 - 2:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyMer 11 Aoû 2021 - 2:38

En Playlist, Benedictus a écrit:
Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Delius13   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Holst_10
Sea Drift
- Thomas Hampson (baryton), Sir Charles Mackerras / Orchestra of the Welsh National Opera, Chorus of the Welsh National Opera / Andrew Greenwood
Swansea, VIII.1990
Argo

- Roderick Williams (baryton), Sir Mark Elder / Hallé, Hallé Choir / Frances Cooke
En public, Manchester, III.2012
Hallé


Une œuvre assez prenante, qui n’est pas exactement ce qu’elle paraît être au premier abord (on dirait une œuvre chorale un peu grandiloquente et atmosphérique assez typiquement anglaise, mais la déclamation comme l’harmonie sont en fait beaucoup plus fuyantes et élusives.) Deux excellentes versions - j’ai préféré Williams / Elder, qui en souligne justement davantage le côté insaisissable, mais la version Hampson / Mackerras, plus assertive, est légitime aussi (peut-être plus proche du ton du poème de Whitman - que l’œuvre a en commun avec la Sea Symphony de RVW.)
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 EmptyVen 7 Juil 2023 - 23:19

The Song of the High Hills, Andrew Davis : extrêmement debussyste, et pas dans le mauvais sens — c'est réellement inspiré et c'est de la très bonne musique, seulement un petit effet de lassitude lié à l'absence de contrastes en dépit des nuances bien rendues (peut-être un problème d'interprétation, mais je n'en suis pas persuadé... À voir)...
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MessageSujet: Re: Frederick Delius (1862 - 1934)   Frederick Delius (1862 - 1934) - Page 2 Empty

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