Autour de la musique classique

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 Garnier - Fidelio - décembre 2008

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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 0:22

Mitigé sur ce Fidelio du 2 décembre à Garnier. Déjà je m'étais planté le jour d'ouverture des guichets, je n'avais pas vu que Michael König remplaçait Jonas Kaufmann en Florestan ce jour là. Pour marquer le coup, j'ai repris une place avec Kaufmann le 21.

J'ai trouvé la mise en scène de Johan Simons bien sans être inoubliable. Claire, lisible, littérale et illustrative en réalité, elle est sauvée par une très bonne direction d'acteurs. Décor sobre et bien fichu. Costumes à la mode allemande (comprendre : mode des marchés du centre Bretagne, fin des années 70.)

J'ai un souci avec la direction musicale de Sylvain Cambreling. Autant, je le trouve bien dans le XXème siècle, autant, dans tout ce qui est antérieur à 1900, j'ai du mal avec lui. Il a un parti pris de lenteur, qui fonctionne peut-être, mais je n'accroche pas. Sa Traviata était pénible, son Fidelio me paraît vaseux, pas articulé. Ca ne correspond pas à mon idée de Beethoven qui est peut être trop stéréotypée, aussi. Ce n'est pas du Sturm und Drang, c'est du Chewing Gum und Chamallow. L'avantage, c'est que jamais Fidelio n'a été si long, il rentabilise le prix horaire des places.

Les dialogues ont été en partie réécrits, très franchement je ne sais pas sur quelle base, apparemment sur des manuscrits retrouvés. Je n'ai pas d'opinion, les partie dialoguées fonctionnaient bien.

Vocalement aussi, un peu mitigé. Autant, j'étais admiratif d'Angela Denoke en M. de Makropoulos, Marie de Wozzeck, autant en Leonore, elle est un peu raide. Elle a bossé sa voix pour aller vers Wagner, et ça s'entend, je trouve. Les aigus ne sont pas faciles, c'est parfois un peu faux (une wagnérienne en devenir, quoi). L'engagement et le jeu de scène sauvent tout, ainsi que la beauté du timbre et quand même, des vrais phrasés, il ne faut pas exagérer.

J'ai hâte d'entendre Jonas Kaufmann, parce que, franchement, Michael König, c'est décevant. Voix moche, engorgée, pas de phrasés, ce n'est pas au niveau du reste. Son duo avec Angela Denoke en est même gênant pour lui.

En revanche, de très très très grandes prestations d'Alan Held, de Franz-Josef Selig et Paul Gay. Du super luxe vocal et scénique, ça fonctionne hyper bien. Donc je pense qu'avec le Florestan de Jonas Kaufmann, même s'il n'était qu'à 10 % de ce que j'ai entendu en récital, tout doit basculer vers le génial au niveau des voix.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 0:37

Morloch a écrit:

Vocalement aussi, un peu mitigé. Autant, j'étais admiratif d'Angela Denoke en M. de Makropoulos, Marie de Wozzeck, autant en Leonore, elle est un peu raide. Elle a bossé sa voix pour aller vers Wagner, et ça s'entend, je trouve. Les aigus ne sont pas faciles, c'est parfois un peu faux (une wagnérienne en devenir, quoi). L'engagement et le jeu de scène sauvent tout, ainsi que la beauté du timbre et quand même, des vrais phrasés, il ne faut pas exagérer.

C'est bizarre, parce que je ne l'ai jamais entendu chanter faux, et ses aigus sont en général bien assurés, ronds et pénétrants...
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 0:40

Non, c'est bizarre. Elle me semble moins à l'aise dans ce Fidelio alors que j'aurais l'impression que c'est plus facile à chanter - peut-être juste une impression.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 2:11

Un extrait avec Denoke ici: http://www.operadeparis.fr/Saison-2008-2009/Bonus.asp?Id=755&IdS=519

L'orchestre sonne super laid. Neutral
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 9:03

Morloch a écrit:
J'ai trouvé la mise en scène de Johan Simons bien sans être inoubliable. Claire, lisible, littérale et illustrative en réalité, elle est sauvée par une très bonne direction d'acteurs. Décor sobre et bien fichu. Costumes à la mode allemande (comprendre : mode des marchés du centre Bretagne, fin des années 70.)
Effectivement, ce que je vois sur la vidéo me paraît bien tiédasse. (Et ils ont coupé la fin, mais trop tard pour qu'on n'entende pas qu'elle se vautre bien comme il faut...) Comment peut-on interpréter cette 'cabalette' avec autant de précaution (metteur en scène, chef, voire Denoke au milieu de tout ça...) ?


Citation :
J'ai un souci avec la direction musicale de Sylvain Cambreling. Autant, je le trouve bien dans le XXème siècle, autant, dans tout ce qui est antérieur à 1900, j'ai du mal avec lui. Il a un parti pris de lenteur, qui fonctionne peut-être, mais je n'accroche pas. Sa Traviata était pénible, son Fidelio me paraît vaseux, pas articulé. Ca ne correspond pas à mon idée de Beethoven qui est peut être trop stéréotypée, aussi. Ce n'est pas du Sturm und Drang, c'est du Chewing Gum und Chamallow. L'avantage, c'est que jamais Fidelio n'a été si long, il rentabilise le prix horaire des places.
Ca semble très grisaille, oui. J'aime beaucoup la manière Cambreling dans Verdi (son Boccanegra en particulier), c'est original, on entend mieux les textures parce que les fondus sont plus ou moins réussis, mais dans les allemands de l'époque, j'ai déjà un souvenir horrible d'un Vaisseau à la Monnaie en 1983, et ça y ressemble fort sur cet extrait. Confused


Citation :
Les dialogues ont été en partie réécrits, très franchement je ne sais pas sur quelle base, apparemment sur des manuscrits retrouvés.
Je ne sais pas si c'est une plaisanterie, mais c'est juste la fantaisie du metteur en scène (qui croit que don Fernando est en réalité le maître de Pizarro, les politiques étant forcément très méchants). Moi, je m'en fiche un peu, c'est toujours moins indigne que de bouziller l'économie d'une oeuvre fondée sur une alternance en enlevant tout (ou à peu près) des dialogues.

Et puis comme la pièce originale n'est pas fameuse, ça peut toujours l'améliorer un peu.


Citation :
Vocalement aussi, un peu mitigé. Autant, j'étais admiratif d'Angela Denoke en M. de Makropoulos, Marie de Wozzeck, autant en Leonore, elle est un peu raide. Elle a bossé sa voix pour aller vers Wagner, et ça s'entend, je trouve. Les aigus ne sont pas faciles, c'est parfois un peu faux (une wagnérienne en devenir, quoi). L'engagement et le jeu de scène sauvent tout, ainsi que la beauté du timbre et quand même, des vrais phrasés, il ne faut pas exagérer.
Dans Cardillac, même le timbre était laid.

Dommage, parce que tout récemment, en Sieglinde, elle était bouleversante... Et avait énormément amélioré sa diction.


Citation :
Son duo avec Angela Denoke en est même gênant pour lui.
Ce duo est de toute façon inchantable pour une voix d'homme normale... Du pré-Wagner.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 9:06

Morloch a écrit:
Non, c'est bizarre. Elle me semble moins à l'aise dans ce Fidelio alors que j'aurais l'impression que c'est plus facile à chanter - peut-être juste une impression.
Facile, je ne dirais pas ça. (Marie, en revanche, ne présent pas de vraie difficulté vocale.) Mais c'est quelque chose de plus fréquent au répertoire. Surtout, ça ne souffre pas, contrairement à la plupart de la littérature du premier vingtième, d'approximations dans la ligne ou de raucités.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 9:59

DavidLeMarrec a écrit:
Morloch a écrit:
Les dialogues ont été en partie réécrits, très franchement je ne sais pas sur quelle base, apparemment sur des manuscrits retrouvés.
Je ne sais pas si c'est une plaisanterie, mais c'est juste la fantaisie du metteur en scène (qui croit que don Fernando est en réalité le maître de Pizarro, les politiques étant forcément très méchants). Moi, je m'en fiche un peu, c'est toujours moins indigne que de bouziller l'économie d'une oeuvre fondée sur une alternance en enlevant tout (ou à peu près) des dialogues.

Et puis comme la pièce originale n'est pas fameuse, ça peut toujours l'améliorer un peu.

Ah oui en effet. Comme l'ouverture jouée est la "Leonore III" (si je ne dis pas encore une bêtise), j'avais cru qu'il y avait eu un travail sur les manuscrits etc... mais en fait non, c'est juste une réécriture de la pièce qui n'est pas assez bien pour le metteur en scène (explications sur le site de l'opéra). Ça allonge un peu la sauce, et puis ça rend la fin un peu confuse : le méchant ministre n'est finalement pas si méchant que cela et d'ailleurs tout le monde chante joyeusement ensemble.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 10:15

Allonger la sauce, c'est quand même ce qu'il faut faire, sinon on ruine tout l'équilibre de l'ensemble. Ah ça, si un aigu est raté, c'est la catastrophe, mais supprimer les deux tiers de la durée d'une pièce sous prétexte qu'on a fait un tri dans l'oeuvre, ça ne gêne personne. Evil or Very Mad

Je hais les catégorie 2.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyMer 3 Déc 2008 - 18:04

Denoke, le timbre laid? Vraiment??
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyJeu 4 Déc 2008 - 17:23

Xavier a écrit:
Denoke, le timbre laid? Vraiment??
Dans Cardillac, oui, c'était impersonnel, opaque et assez laid. Dans ce Fidelio, ce n'est pas ébouriffant non plus. Rien à voir avec ses Sieglinde et Marietta.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyVen 12 Déc 2008 - 23:16

J’ai trouvé que tout était médiocre, volontairement médiocre. Pas de grand amour, pas de lyrisme, pas d’humanisme. Et pourtant, Fidelio est loin d'être une de mes oeuvres préférées : les parties non chantées m’ennuient / la compréhension que j’ai toujours eue de cet opéra (vive Dieu, l’amour conjugal et l’obéissance, un truc très Biedermeier-restauration) ne me le rend pas sympathique / le mélange des genres Singspiel-grands airs me déplaît.
J’ai trouvé des trucs pas mal dans cette représentation. J’ai aimé le décor de la prison, minimal et aseptisé, certes, mais pas misérabiliste. Les clignotants vert et rouge, les vidéos de surveillance (mes voisins s’en étranglaient de rage !): des mises en scène classiques comme celle d'Auvray nous l’avaient déjà fait à Avignon il y a 2 saisons. Les costumes sont uniformément de couleurs tristounettes, certes, mais pas laids (sauf Florestan). Les femmes enlèvent toutes leur manteau gris lors du chœur final, révélant ainsi des robes bariolées et fleuries, semblables à celle que porte Marzelline en I.
La mes repose sur une direction d’acteurs très orientée et cohérente ( !): tous médiocres. C’est Pizarro qui subit le lifting (par rapport à l’image que j’avais de lui) le plus poussé : les monologues insérés de Mosebach font de lui le parfait fonctionnaire zélé, cynique qui veut garder les mains propres et pour se libérer de ce poids,il devient hystérique, s’agite en tous sens, bourré de tics. Mosebach discrédite totalement la chose politique. Un peu lourd, certes, mais Held sauve la mise (il sait tout jouer, cet homme ?)
Florestan est un homme complètement passif (dommage pour nous et pour Kaufman, pas valorisé du tout) : aveugle, amoché, débraillé, couché ou effondré, résigné. Un anti-vickers, quoi. Les ff jamais violents, toujours maîtrisés sont davantage l’expression du désespoir que de la rage du héros symbole de résistance. Les pp sont d’un moelleux fondant. ..ah… Mais le personnage voulu par Simons n’est que loque. Un médiocre de plus.
Rocco plus ambigu que jamais trouve en Selig un bon acteur. Il était pour moi un homme servile et fadasse, il devient un homme en proie aux doutes, un peu lâche, un peu noble (parce que Selig ne peut pas perdre la noblesse naturelle de sa voix?), plein d’interrogations dans ses gestes et sa démarche. Un médiocre incapable de prendre position.
Quant à Denoke, aïe. Je l’adore, Denoke. C’est à sa Marietta que je dois ma fréquentation des opéras all de cette époque. C’est sa Marie qui m’a confortée dans l’idée que, décidément, Wozzeck est un opéra extraordinaire. Là, son Abscheulicher coince (mais beaucoup moins que dans la vidéo du site de l’ONP). A Garnier hier soir, Leonore aussi perd sa grandeur héroïque. Elle n’est plus femme résolue : elle est complètement désorientée. Amoureuse, peut-être, mais c’est même pas sûr : les retrouvailles du couple sont tout sauf torrides et le dialogue parlé introduit avant le grand duo est tellement nul qu’il ruine par avance le duo.
Cambreling soutient cette impression : les tempi lents (j’ai bien aimé d’ailleurs, jusqu’au quatuor, ça changeait de la verve vaguement ridicule habituelle) brident tout / les silences interminables qui suivent chaque monologue sont la pancarte : « attention, je viens de délivrer un message important ». Quant aux monologues de Mosebach, ils sont de plomb, répétitifs en plus. C’est franchement risible de prétention. Et le chœur des prisonniers n’a pas le droit de vous donner la chair de poule, c’est interdit par le metteur en scène et le chef. Et le chœur final, il est mené à une telle vitesse dans un tel désordre que l’envolée lyrique, allez la chercher ailleurs.
Bref, je trouve tout ça réducteur, ça nivelle. Et je n’adhère pas à l’idéologie qui suinte là. Tous pourris, surtout l’Etat. Et il n’y a même plus de héros pour nous sortir de là. Je pense qu’en 1814, on n’est peut-être pas loin d’une certaine résignation mais là, il y a violation de l'oeuvre.

Allez, j’ose poser ma question : spontanément, j’aurais envie de dire que Denoke a une « voix allemande ». C’est débile ?

En All, on parle pas mal de Mosebach en ce moment en raison de ses positions (politico-) religieuses conservatrices, dans la foulée de Ratzinger.
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Freia
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyDim 14 Déc 2008 - 12:03

J'y suis allée jeudi dernier et franchement, j'adore Fidelio, mais cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas autant emm... à l'opéra !
Bon, Cambreling joue à l'apprenti sorcier en changeant le début du 1er acte : exit l'ouverture Fidelio, on prend Leonore I, on change l'ordre des numéros et on rétablit un trio de Leonore... résultat ce n'est ni Fidelio ni Leonore... bon pourquoi pas.
L'horreur absolue (enfin, non, juste la PREMIERE horreur de la soirée) ce fut les nouveaux dialogues ! quelles ânneries ! quelle lourdeur ! plus verbeux que ça tu meurts ! cela rallonge tout, avec force silences "significatifs"...
DEUXIEME horreur absolue, la direction de Cambreling : un enterrement ! des tempi à endormir un régiment ! meurtrier pour les chanteurs en plus ! Denoke est déjà à la peine, elle n'a plus de souffle, et le chef bousille littérallement l'air de Florestan. ça se termine avec un finale pris à 300 à l'heure où tout le monde court pour rester vaguement dans le tempo, c'est bruyant, tonitruant, lourd, beurk ! aucune nuance, aucun sens du théâtre.
la distribution est excellente dans l'ensemble. Denoke est en absolu contre emploi dépassée totalement par l'écriture du rôle, super tendue. Elle manque de souffle et de puissance, doit hurler ses aigus (pas trop faux tout de même), mais on pleure pour elle et on craint l'accident. la voix est déformée par un vibrato audible ET visible (la bouche bouge à un point comme je n'ai jamais vu).
Kaufmann sera fabuleux avec un autre chef : il a l'exacte voix pour le rôle, la sensibilité, tout. mais j'aurais personnellement flingué Cambreling après le massacre de son air.
Selig fatigué mais tout de même : un sacré chanteur et un sacré artiste tout court !
Held très bon, sauf que la mise en scène en fait un méchant d'opérette, un sadique de sous-préfecture.
Marzelline et Jaquino sans reproches, Gay correct en ministre.
L'orchestr semble faire sa petite cuisine dans son coin, il sonne très bien, mais couvre régulièrement les chanteurs.
Mise en scène sans aucun intérêt de Simons, pour une fois le conexte est conforme avec l'oeuvre, mais la direction d'acteurs est d'une rare platitude, les lumières sans inspiration.
amoureux de Fidelio, passez votre chemin !
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyDim 21 Déc 2008 - 23:47

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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 1:21

Retour sur ce Fidelio, impression mitigée. Très bon, mais l'impression qu'on est passé à côté de quelque chose qui aurait pu être absolument génial.


Le cynisme expliqué pour les nuls, par Martin Mosebach, script-doctor
Franchement, les dialogues sont très lourds après relecture des versions traditionnelles. Les personnages sont caricaturaux, on nous explique que la politique c'est l'art de faire la sale besogne en alcôve, pourquoi pas, mais que c'est laborieux. C'est du lieu commun envoyé avec clin d'oeil, appel du pied et surlignage en prime. Mal écrit, les chanteurs qui ne sont pas des professionnels du texte parlé ne parviennent pas à faire vivre ce texte scolaire.

La scène est un espace profond et culminant, par Johan Simons, décoratographe
Peu d'idée finalement. Pour situer, une des idées marquantes : une petite loupiote rouge qui clignote au rythme de la basse (violoncelles et contrebasses ensemble) dans un des airs. On me dira que c'est une mise en scène qui tient compte de la musique. Mwouais. Un peu de direction d'acteurs, un décor pas laid mais pas passionnant non plus. Cherche vaguement à évoquer Guantanamo, mais n'est même pas allé au bout de l'idée. D'ailleurs le décor, conscient de sa propre insignifiance, l'a fait savoir à ses concepteurs , cet après midi, quand une grande bande de tissu s'est détachée du haut et à pendouillé au milieu de la scène pendant tout un acte comme un grand papier tue mouche. Sauron a cru que c'était volontaire, je crois qu'il cherche encore la signification conceptuelle de cet incident, juste pour avoir raison.

Pondérer la pesanteur, par Sylvain Cambreling, conducteur de tractopelle
Tempos étirés, pas d'animation, sauf la fin qui est accélérée. Des nuances languissantes mais pas de relief. S. Cambreling insuffle un ennui constant du début à la fin du spectacle, sans faiblir un seul instant. Cette fois c'était bien en place par rapport à la première fois, mais pas de théâtre dans la musique (alors que c'est parait-il e critère de Gérard Mortier dans le choix du chef pour Fidelio). Je crois que c'est lui tout seul qui plombe pour de bon le spectacle. Allez nous chercher Harnoncourt !

Faire la plus grande entrée vocale de tous les temps, par Jonas Kaufmann, tête d'affiche avec deux airs et un duo
Florestan ne fait son entrée qu'au second acte, mais il est sur scène quand le rideau se lève sur le cachot humide. Crescendo incroyable sur la première note : on n'entend pas le son commencer, mais il prend de l'ampleur jusqu'à envahir la salle, une des choses les plus ahurissantes que j'aie entendu sur une scène d'opéra. Florestan, moribond, enchaine sur un air magnifique qui semble nécessiter une santé de fer (bonjour la crédibilité dramatique du truc). Magnifique. Kaufmann chante couché, mais semble très à l'aise, comme sans limite. C'est nuancé, mais sans affectation, élégant, intense. Un vrai grand moment.

L'amour du risque, par Angela Denoke, qui n'avait pas de plan.
Comme la première fois, A. Denoke est bien, elle a une belle voix, puissante, projetée, mais elle n'est pas à l'aise dans le rôle. Son grand air est exactement comme sur la video de l'opéra de Paris, sauf que ça ne coupe pas au déraillage final. La déception de cette production, j'en attendais tellement plus avec ce que j'avais entendu d'elle avant. Ce n'est pas vraiment mauvais d'ailleurs, c'est juste que je m'attendais quelque chose de fabuleux, et que c'est seulement bien. Elle ne touche pas avec son personnage, trop appuyée dans les dialogues parlés (Es gab kein Plan, mein Florestan...)

Un geôlier c'est raffiné, par Franz Josef Selig, amateur de beaux phrasés
Tout en élégance, timbre magnifique, appliqué à faire exister son personnage de geôlier qui veut le bien des prisonnier et est déchiré à la vue de l'injustice interne à sa centrale. Un Rocco très humain, émouvant.

En imposer physiquement et vocalement, par Alan Held, tourneur de fauteuils
Chant moins élégant chez A. Held, Pizarro plus sur la puissance. Le rôle nécessite peut-être plus d'aisance, mais quelle gueule ! Une vraie sale troche de méchant. Il arrive même à être convaincant quand il fait tournoyer les fauteuils de bureaux en chantant (rage intérieure du personnage qui se déteste au fond ?)

Aimez-vous le chant mozartien ? par Julia Kleiter qui cherche un homme viril mais pas trop
Très très jolie prestation de J. Kleiter dans le rôle de Marzelline. Le rôle réécrit par Mosebach en fait un peu un lesbienne qui s'ignore, perche trop facilement tendue pour ne pas la saisir. Un souci du beau chant, une très bonne prestation scénique.

J'en ai marre je veux un vrai rôle, par Paul Gay, fermeur de portes
Le rôle de Don Fernando est bien chanté, sans doute un peu frustrant. En plus Paul Gay a du faire face à une autre rébellion du décor, une porte qui ne voulait pas se fermer. Il a du s'y reprendre à trois fois pour finir par rester tenir la poignée. L'enjeu de cette fermeture de porte est apparu : Alan Held devait entrer furibard en ouvrant cette porte à la volée, son arrivée a été réussie mais a failli faire tomber le pauvre P. Gay trop cramponné à sa poignée.

Il est important de savoir se faire entendre, par le chœur de l'Opéra de Paris, entité audible
Egal à lui même, le choeur. Tempo très rapide à la fin imposé par Cambreling, qui n'aide pas. Il y a du volume sonore, c'est sûr.

Avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure, par l'Orchestre de l'opéra, grand esquiveur de la cohue de sortie
L'orchestre était bien mieux que la première fois, le spectacle s'est tout de même rodé. Mais pas question de rester aux applaudissements, il faut penser aux achats de Noël.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 1:39

Arrête ! pété de rire

Merci pour ce petit bijou.
J'ai entendu Kaufmann aujourd'hui dans le "Nature immense..." de la Damnation de Berlioz. Superbe. Very Happy
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 1:41

Morloch a écrit:
Retour sur ce Fidelio, impression mitigée. Très bon, mais l'impression qu'on est passé à côté de quelque chose qui aurait pu être absolument génial.

C'est bizarre, à te lire on dirait que c'était très mauvais, et qu'avec un peu de chance ça aurait presque pu être moyen.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 1:46

Morloch a écrit:
Avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure, par l'Orchestre de l'opéra, grand esquiveur de la cohue de sortie
L'orchestre était bien mieux que la première fois, le spectacle s'est tout de même rodé. Mais pas question de rester aux applaudissements, il faut penser aux achats de Noël.

hehe
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 8:32

Xavier a écrit:
Morloch a écrit:
Retour sur ce Fidelio, impression mitigée. Très bon, mais l'impression qu'on est passé à côté de quelque chose qui aurait pu être absolument génial.

C'est bizarre, à te lire on dirait que c'était très mauvais, et qu'avec un peu de chance ça aurait presque pu être moyen.

J'ai écrit un texte plus négatif que ce que je pensais, quand je le relis. C'est un spectacle avec une grande quantités de "pointures" sur scène, une mise en scène correcte même si pas géniale, c'est loin d'être mauvais mais il manque quelque chose, comme un soufflé qui ne monte pas.

A mon avis, le responsable est S Cambreling qui me paraît très peu inspiré par Beethoven, mais je peux me tromper. Avec un chef capable d'animer la partition, j'imagine que ça aurait pu être totalement différent.
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 8:53

et pis si on peut plus rigoler un peu... grmbl
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 13:11

Ah mais c'était la dernière, je n'avais même pas vu Very Happy

(Je ne vais pas pouvoir y retourner 10 fois pour en dire du mal... Argh ! Je me public-d'opératise...)
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MessageSujet: Re: Garnier - Fidelio - décembre 2008   Garnier - Fidelio - décembre 2008 EmptyLun 22 Déc 2008 - 14:22

excellente critique, un peu complaisante, en ce sens qu'on aurait presque eu envie d'y aller voir (tu as donc bien fait d'attendre la dernière).
Je pense quant à moi que le décor qui fout le camp est un élément du spectacle, il traduit symboliquement l'impossibilité assumée de faire de ce ravaudage un opéra qui tienne debout. Les coutures craquent et la poignée est le bâton sali (je fais poli, mais n'en pense pas moins) qu'on ne sait par quel bout prendre, c'est aussi la métaphore de la baguette du chef, dont on savait déjà à quel point il pouvait être exécrable dans Mozart, au point d'avoir à lui tout seul renvoyé Lucio Silla aux oubliettes.
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