Autour de la musique classique

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 Malcolm Arnold (1921-2006)

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Gentil corniste



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MessageSujet: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 7 Fév 2009 - 23:01

L'un des compositeurs anglais les plus attachants du XXè siècle n'a même pas de fil à lui?

Malcolm Arnold (1921-2006) Sjff_04_img1423

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Malcolm Arnold (1921-2006) Arnold3

Ce type-là a commencé sa carrière comme trompettiste au London Philharmonic pendant la guerre. Il a composé neuf symphonies, des tas d'ouvertures apparemment très amusantes, de la musique de chambre, et aussi plein de musique de film (qui ne connaît pas le Pont de la Rivière Kwaï?...)

Il me semble être vraiment un compositeur majeur, synthèse géniale entre le jazz, la musique pop et le modernisme savant; synthèse aussi des différentes tendances de la musique anglaise de la génération précédente, entre le génie de Holst, la rigueur de Bax, le lyrisme d'Elgar et l'exotisme sibélien. Sa musique est très liée au cinéma, dans un style toujours accessible, "facile" mais presque jamais larmoyant, souvent au contraire très dynamique et joyeux, plein d'humour (A Grand, Grand Festival Overture!, écrite pour orchestre, aspirateur, cireuse de parquet). Cela dit, c'est pas de la musique commerciale non plus, l'empreinte des langages du XXè siècle est bien là, avec des incursions notables dans le chromatisme et les dissonnances, une inventivité à peu près illimitée dans l'orchestration. C'est à la fois très agréable et très complexe, tout ce que j'aime.

Je vais parler très bientôt des symphonies. Very Happy
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Crapio
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 7 Fév 2009 - 23:13

Spiritus a écrit:
Il me semble être vraiment un compositeur majeur, synthèse géniale entre le jazz, la musique pop et le modernisme savant;

Ca donne envie. Very Happy Very Happy


Citation :
synthèse aussi des différentes tendances de la musique anglaise de la génération précédente, entre [...] le lyrisme d'Elgar et l'exotisme sibélien.


Un peu moins là. pale
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 7 Fév 2009 - 23:15

Sibelius on le sent bien (comme à peu près chez tous les Anglo-Américains qui lui sont postérieurs), Elgar plus vraiment, disons qu'il a la même science des moments ultra-lyriques, mélodiquement irrésistibles, mais ils prennent chez Arnold une toute autre signification et s'intègrent à un langage beaucoup plus moderniste, plus du tout post-romantique.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyDim 8 Fév 2009 - 0:18

Une belle entrée en matière, on attend la description des symphonies Very Happy
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyLun 9 Fév 2009 - 1:30

WoO a écrit:
Une belle entrée en matière, on attend la description des symphonies Very Happy

oui Smile

Je les connais assez bien et j'ai hâte de comparer mes impressions d'écoute Smile
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 15:32

bon, avec un peu de retard, je me lance dans le descriptif (c'est drôle, parce qu'a posteriori, les évènements survenus dans ma vie à l'époque où j'écoutais ces symphonies les associent à de très mauvais souvenirs, donc je ne les écoute plus jamais).

je ne rédige pas les notules dans l'ordre, glânez ce que vous voudrez.

Arnold a donc écrit neuf symphonies entre 1952 et 1986. Toutes instrumentales, et construites sur un modèle classique d'alternance de mouvements rapides, lents et de scherzos, elles reflètent une personnalité qui évolue, mais pas forcément vers le modernisme. On peut résumer la chose ainsi:

- les 3 premières symphonies sont marquées par la figure de Sibelius, un style plutot sérieux et austère, une tonalité sombre et préoccupée, mais déjà beaucoup d'éclat et d'originalité. Arnold développe son style d'orchestration "fragmentée" où les vents dominent et un registre dramatique qui caractérise toute sa production. Ces premières oeuvres ne sont pas des essais: dès la Première symphonie, Arnold obtint un grand succès et sa Deuxième fut enregistrée dès 1953.
- les 3 symphonies médianes (4-5-6), écrites entre 1960 et 1967, sont à mon avis les plus inventives et les plus attachantes. Arnold invente une sonorité d'orchestre d'une originalité et d'un charme extrêmes, et déploie une esthétique "pseudo-vulgaire" très parlante à mon goût (tellement que je ne supporte plus vraiment l'audition de ces oeuvres, qui me mettent vraiment mal à l'aise). Il est plus contesté mais pas moins populaire. Aux influences anglaises, de Holst en particulier pour la couleur tapageuse, se mêlent les sons du jazz, voire de la musique pop.
- dans les smphonies n°7 et 8, écrites dans les années 1970 qui furent pour Arnold ce qu'on appelle une sale période (il ne déménageait pas à Paris pourtant), le ton est très sombre et déprimant, l'écriture frôle les limites de la tonalité sans l'éliminer jamais. L'orchestre n'est pas moins fourni ni moins puissant que dans les précédentes mais on note un bien moindre souci de la coloration et de l'éclat. Le propos est dense, austère, mais avec des éclaircies et des "surprises" musicales en contraste avec cette pugnacité.
- la symphonie n°9 marque un retour à une espèce de classicisme qu'il conviendra de questionner.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 18:34

La Troisième symphonie (1957) est une oeuvre très pessimiste, où règne globalement la déprime, les menaces et les couleurs froides. Elle fait en cela déjà songer à l'univers désenchanté des Septième et Huitième, à ceci près que l'univers esthétique d'Arnold est encore proche de celui du clair modèle de cette oeuvre, Sibelius. Difficile en effet de ne pas percevoir les points communs, nombreux et parfaitement assumés, de cette symphonie avec celles du Finlandais: bois bavards et tierces parallèles, paysages gris et nuagueux, statiques et picturaux, grandes envolées mélodiques à la façon de la Quatrième de son modèle.
En trois mouvements selon le schéma classique rapide-lent-rapide, la Troisième symphonie n'est pas univoque: dans le paysage globalement négatif et sombre surnagent des épisodes plus rassurants ou plus légers, qui ne parviennent toutefois jamais tout à fait à contenir le pessimisme généralisé. Aussi, la très hollywoodienne et assez larmoyante mélodie de hautbois du premier mouvement, qui forme le second sujet, est-elle broyée et concassée par tout l'orchestre dès sa première déclamation avec une violence sauvage et imparable. Le climat sombre domine donc le premier volet, avec de véhémentes explosions de cuivres et des rythmes de timbales écrasants, tels que le compositeur les affectionnait et les a systématiquement utilisés. Le deuxième mouvement, le plus long et le plus développé, est le coeur de l'oeuvre: il déploie un paysage gris et désolé qui fait immanquablement songer à Sibelius. Si le pianissimo domine et établit une ambiance sombre et mystérieuse qui ne me semble pas toutefois la plus belle réussite d'Arnold, le mouvement se termine de façn surprenante sur de furieux accords fortissimo en tutti. S'ouvre alors un finale étrangement léger et virevoltant; la musique est allante et spirituelle, et rappelle l'univers des ouvertures d'Arnold, plus proches de la "light music"; mais comme souvent (tout le temps?) chez ce compositeur, tout cela sonne faux, la gaieté ne s'impose pas et aux trois quarts du mouvement intervien un ostinato rageur à tout l'orchestre, à la façon de Holst, qui ravage tout sur son passage et précipite la fin de la symphonie dans un climat de tension et d'agressivité non résolus. Y a t-il un programme, ou du moins une signification à un tel déferlement? le compositeur a juste indiqué que le registre de la symphonie correspondait à ses pensées de l'époque. Nous n'en saurons pas plus!
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 19:30

Ecrite trois ans plus tard, la Quatrième symphonie m'a fasciné dès la première écoute. J'y vois l'achèvement du "style Arnold": l'orchestre, très fourni en instruments "exotiques", en particulier dans la section de percussions, est extraordinairement riche et coloré; le mélodisme généreux rend l'oeuvre agréable à écouter et très aisée à retenir dès la première approche; enfin, l'esprit est unique: la pseudo-superficialité appréciée d'Arnold atteint un impact bouleversant, la pièce reste en mémoire et invite à la réflexion.
Quelle est sa signification? Arnold a affirmé que les émeutes raciales du quartier londonien de Notting Hill, qui firent des morts dans la communauté antillaise, ont été à l'origine de l'oeuvre. Cela expliquerait une instrumentation qui inclut la percussion caraïbe et lui assigne une place de choix dans l'orchestre; c'est peut-être aussi un élement qui justifierait le surgissement dans le finale d'une parodie de marche militaire qui évoquerait les défilés de protestation ou leur répression. Mais il va de soi que l'intérêt de l'oeuvre se limite pas à ces quelques remarques. Malcolm Arnold allie construction, contrastes, lyrisme et force d'expression avec un vrai talent symphonique: bien loin de ses aspects apparents de "light music" sentimentale, la Quatrième symphonie est une redoutable structure qui se déploie avec l'équilibre et la force d'une machine orchestrale bien huilée. Aux côtés de l'influence caraïbe, on note le rôle du jazz, ou de la musique de film.
Le premier mouvement s'ouvre sur un thème néoclassique délibérement "mignon" (on pense à la Quatrième de Mahler, compositeur qui hante l'oeuvre et tout le paradigme musical d'Arnold lui-même) qui s'amplifie peu à peu de façon interrogative, mais relativement sereine. Le second sujet est quant à lui une ballade scandée par des syncopes très jazzy qui revient à plusieurs reprises dans le mouvement, dans une orchestration toujours changeante et de plus en plus originale. Les percussions font d'ailleurs leur entrée et si xylophone, célesta et glockenspiel apportent une touche sentimentale très filmique à la musique, les timbales et surtout les bongos révèlent un langage plus menaçant et inquiet. Ainsi avance, à petits pas, ce premier mouvement, où épisodes violents et dynamiques et intermèdes lyriques ravissants se succèdent sans trop de heurts. La coda est d'ailleurs d'une grande sérénité.
Le scherzo, comme souvent très Arnold, est bruissant, animé, marquée par les harmonies et les tournures mélodiques du jazz. Une complexe polyphonie le caractérise et lui donne l'aspect d'une excitation un peu inquiète. Le contraste est total avec le début du troisième mouvement, dont j'ai beaucoup parlé il fut un temps, et qui me semble toujours être le moreau le plus réussi, le plus émouvant et le plus "juste" des morceaux d'Arnld: un solo de flûte, délicatement accompagné par des accords de cordes consonnants, introduit 14 minutes de pure extase où le lyrisme est d'une telle intensité qu'il confine à l'étouffement. Le premier thème, d'une grâce inoubliable, est développé et toutes les sonorités exotiques e délibérement érotiques de l'orchestre s'emparent de lui. Ce sentimentalisme presque pornographique (je pèse mes mots! écoutez les pizziciati "flottants" de la section centrale et les gémissements des gammes pentatoniques sur l'accompagnement rythmé de la percussion, bientôt relayés par un retour magistral et bouleversant du thème au basson et à la harpe: préliminaires, amour, coït, et cigarette!) en écoeurera plus d'un mais me semble vraiment touchant. Dégoulinant à mort, mais orchestralement d'une très haute facture, avec beaucoup d'inventivité, et jamais de bavardage.
Le finale contraste là encore: une fugue débridée, dont le thème rappellera bien quelque chose aux amateurs des "Simpson" s'élance avec une véhémence et une excitation progressives. Elle aboutit bientôt à l'arrivée fracassante de la percussion et à une brusque accalmie. De celle-ci surgit, de façon complètement inattendue, une hilarante parodie de marche militaire qui lorngne sciemment du côté de Chostakovitch. Les cuivres hurlent, l'orchestre maugrée avec pugnacité. Mais le défilé s'évanouit peu à peu et la coda intervient, absolument magistrale dans sa récapitulation dynamique de la fugue: la symphonie achève son voyage sur une rythmique déjantée pleine d'humour et de bonne humeur.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 23:00

Je n'ai pas pris de notes quand j'ai écouté le cycle et il faudrait que je replonge dedans pour réagir à tes commentaires, c'est trop lointain maintenant. Mais c'est de la très belle musique et Arnold est certainement un des compositeurs britanniques que j'aime le plus. Je trouve sa musique très humaine : toute la palette des émotions est présente avec parfois ce petit côté ironique ou parodique tout à fait appréciable. En tant que chef de ses propres oeuvres, j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire à maintes reprises, c'est une catastrophe : les symphonies qu'il dirige pour EMI sont prises beaucoup trop lentement et déforment l'idée qu'on peut se faire de cette musique. Les disques Naxos sont superbes, l'interview du compositeur qui referme le cycle est émouvante (même s'il est fort peu compréhensible) Sa biographie éclaire aussi probablement certains aspects de sa création : alcoolisme et sévère dépression (il fut interné en psychiatrie en 1978, année où il achève sa déprimante 8ème symphonie), autant de problème qu'il finira cependant par surmonter, avant de s'éteindre, il y a un peu moins de trois ans, à l'âge respectable de 85 ans. Personnellement je conseillerais de commencer par les symphonies 1 et 5.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 23:27

La Cinquième symphonie a été composée et créée au cours de l'année 1961. Elle poursuit, avec un modernisme plus aigu et moins néoclassique, les recherches entreprises dans la Quatrième en terme d'orchestration et de fragmentation de la structure. De fait, elle a été accueillie froidement et n'a suscité aucun enthousiasme, en dépit de côtés vraiment séduisants et de qualités réelles. Il faut dire aussi que l'oeuvre, par rapport à la précédente, est marquée par un double progrès qui se déploie dans deux directions antagonistes: d'un côté, un style plus "contemporain", plus découpé, avec beaucoup d'arêtes; et de l'autre, encore plus de mélodies et des empreints plus marqués au jazz, à la musique de film ou à la pop. L'ombre de Mahler se fait aussi plus prégnante ici. L'oeuvre n'est pas à proprement parler cyclique mais sa structure est rigoureuse et dense.
Le premier mouvement débute de façon austère, par une mélodie de trompette fondée sur un principe sériel mais non dodécaphonique - seule une série de huit notes est utilisée. A partir de ce départ incertain se développe un mouvement hésitant, globalement assez sombre, mais très émouvant. On note l'irruption inattendue d'un thème secondaire comme seul Arnold sait les composer: une virevoltante mélodie diatonique sautille note par note dans un dialogue surprenant entre harpe, xylophone et célesta. Les divers éléments motiviques du mouvement se mêlent dans un développement vraiment émouvant. Mais si le second sujet est lumineux, les éclaircies restent épisodiques. L'orchestration est saillante, pleine d'accents, la rythmique se fonde sur la syncope, le tout donne donc une impression d'énergie et d'agressivié. Le contraste avec la douceur suave du deuxième mouvement n'en est que plus frappante. Le début en est confié aux cordes seules, qui chantent un thème lyrique, doux et riche dans ses harmonies, à la façon de Mahler: le finale de la Troisième de ce dernier est en ligne de mire! mais la musique d'Arnold est plus dissonnante et moins optimiste. Le mouvement lent progresse dans un climat onirique très hollywodien, qui confine pafois au vulgaire, mais on sait que chez Arnold ce concept fait partie même de l'esthétique et appelle un autre regard...
Le scherzo, en contraste, est animé et son climat rappelle fortement le premier mouvement, mais dans un tempo plus rapide. Après une première section un peu bavarde, la deuxième partie est très surprenante: on se retrouve en plein jazz et en plein cinéma, c'est très curieux. Le finale commence sur un semblant de thème martial déformé par les altérations et déploie bientôt une rhétorique polyphonqique sévère et sauvage, qui ne recule devant aucune violence et semble disposer d'une hargne inexpugnable. Mais tout à coup l'atmosphère change totalement et le thème lyrique du deuxième mouvement revient, triomphalement conclusif, dans une rhéotorique romantique larmoyante, émouvant ou décevante. Mais Arnold réserve une dernière surprise: le thème lui-même s'évanouit peu à peu dans un brouillard lointain et tout sentimentalisme disparaît au profit d'une dernière interrogation à laquelle Arnold n'apporte pas de réponse. Voilà qui est tout à fait typique de son paradigme: du son, des lumières, de l'humour, mais avant tout du mystère et du doute...


Dernière édition par Spiritus le Mar 11 Aoû 2009 - 23:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 23:29

WoO a écrit:
Mais c'est de la très belle musique et Arnold est certainement un des compositeurs britanniques que j'aime le plus. Je trouve sa musique très humaine : toute la palette des émotions est présente avec parfois ce petit côté ironique ou parodique tout à fait appréciable.

je suis tout à fait de ton avis!

Citation :
Sa biographie éclaire aussi probablement certains aspects de sa création : alcoolisme et sévère dépression (il fut interné en psychiatrie en 1978, année où il achève sa déprimante 8ème symphonie), autant de problème qu'il finira cependant par surmonter, avant de s'éteindre, il y a un peu moins de trois ans, à l'âge respectable de 85 ans.

il a même fait dans les années 1970 une tentative de suicide. Ce climat se reflète très clairement dans les Septième et Huitième (que je ne trouve pas vraiment déprimantes pour ma part, j'en parlerai).

Citation :
Personnellement je conseillerais de commencer par les symphonies 1 et 5.

Moi par sa Quatrième, que je trouve la plus touchante. Les deux premières sont très belles mais son style n'est pas encore tout à fait achevé.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 11 Aoû 2009 - 23:36

Concernant la discographie des symphonies, ça se résume facilement:

- le seul cycle complet est celui d'Andrew Penny chez Naxos. C'est excellent, pas cher et il y a tout, avec un très bon orchestre et une direction très honnête, précise et respectueuse, un peu sage quand même à mon goût. Il y a un refus de l'effet et du spectaculaire qui est à la fois louable et un peu frustrant. Ca reste quand même hautement recommandable, d'autant que c'est la seule option possible pour entendre les neuf, et que les interprètes n'ont pas à rougir.

- Malcolm Arnold lui-même a enregistré certaines de ses symphonies. C'est en effet à déconseiller: Arnold dirige avec des tempi extravageants (sa Quatrième dure plus de 54 minutes, contre moins de 40 chez Penny!), qui ruinent un peu l'impact ou l'aspect général des oeuvres. Ses gravures sont quand même intéressantes pour qui s'intéresse à sa musique: sa Quatrième en particulier, chez Lyrita (un peu cher mais son superbe) révèle plein de détails et l'Andantino (18 minutes et demie, 12 seulement chez Penny) vaut le détour!

- Richard Hickox a enregistré les 6 premières symphonies chez Chandos avec le London Symphony Orchestra. Dommage qu'il n'y ait pas le cycle complet car je préfère sa vision à celle de Penny: c'est plus tapageur, plus grand spectacle, le LSO s'en donne à coeur joie (les cuivres!) et la direction est franchement enthousiaste. Tout à fait ce qu'il faut ici, ça déménage sec et ça ne renie pas le côté dramatique.

- Vernon Handley a enregistré plusieurs symphonies également, je n'ai entendu que sa Sixième personnellement. Sa vision m'a paru moins énergique et moins intéressante que celle de Hickox - on sait que les affinités musicales du chef sont ailleurs, où il réalise des merveilles.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMer 12 Aoû 2009 - 0:18

La Sixième symphonie peut être esthétiquement rattachée aux deux précédentes en raison de sa verve, de son inventivité, de son coloris orchestral original. Mais elle est déjà plus austère, plus sérieuse, plus inquiète aussi que la Cinquième: elle annonce en cela la musique d'Arnold dans les années 1970, qui se tournera vers des préoccupations plus personnelles. En trois mouvements, assez concise, elle refuse, à l'inverse de ce qu'on observait plus haut, le lyrisme et les épanchements. Les émotions qui la traversent semblent plutôt se définir par l'angoisse et la solitude (premier mouvement), le mystère et la mort (le second), la fermeté et la résolution (le troisième). Pas de happy end mais de la méfiance et de l'énergie. Là encore l'influence du jazz est prépondérante.
Le premier mouvement est presque exclusivement amélodique et ne se fonde que sur une cellule rythmique de rag time qui suggère le style du jazzman Charlie Parker, qu'Arnold admirait. La matière orchestrale se dépouille d'éclat: les pizzicati, les staccati de cuivres, les interventions brèves et marquées dominent largement un mouvement haletant et fragmenté, qui met mal à l'aise. Le second n'apporte cette fois pas de repos ou de consolation: c'est une étrange marche funèbre, de style mahlérien, où un thème plus mélodique apparaît mais sans l'aspect rassurant de celui de la Cinquième, à cause des hésitations et des dissonances. Vers le milieu du mouvement surgit une de ces "surprises" stylistiques en décalage dont Arnold a le secret: une batterie et des accents de cors introduisent un véritable passage de musique pop lente et inquiétante. Tout cela garde largement un caractère sombre et funèbre...
Le troisième mouvement, comme dans la Troisième, est plus énergique. Mais nullement plus détendu: c'est une polonaise qui s'inspire lisiblement de Chostakovitch: un thème à la trompette, en notes naturelles, est énoncé avec une réponse rythmique des cordes. La figure est répétée et variée de nombreuses fois dans le fois, relayée par des passages vifs très agités, comme dans le finale de la Cinquième. Cette fois, la pugnacité demeure dominante et c'est dans une violence belliqueuse mais assurée que se termine l'oeuvre, annonciatrice d'une esthétique nouvelle, déjà plus austère et difficile que les deux symphonies précédentes.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMer 12 Aoû 2009 - 1:25

Spiritus a écrit:
Huitième (que je ne trouve pas vraiment déprimantes pour ma part

Je viens de la réécouter et effectivement ce n'est pas l'adjectif qui convient. C'est avant tout une symphonie méditative et inquiète, avec de forts contrastes (ouverture et marche irlandaise du premier mouvement, passages "chostakoviens" dans le dernier mouvement) et beaucoup de demi-teinte, deuxième mouvement notamment.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMer 12 Aoû 2009 - 10:46

La 1ere symphonie est très dramatique comme vous le soulignez. Je dois dire que mon mouvement préféré est le 2e pour son apaisement tout en gardant bien sûr le côté dramatique. Je trouve le thème joué par les flûtes puis la clarinette magnifique.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyLun 13 Mai 2013 - 20:39

Symphonie n°5 Op. 74

= Malcolm Arnold, City of Birmingham Symphony Orchestra

(Emi, 13-14 juin 1972)

Malcolm Arnold (1921-2006) Arnold10

Une oeuvre très inspirée. Les tintinnabulations qui éclairent le Tempestoso par quelques cristallines rêveries me font penser à la 8° Symphonie de Vaughan Williams, mais il y a aussi de très belles pages pour cor, certainement écrites pour Dennis Brain. On retrouve le charme mélodique très spontané d'Arnold dans un Andante très langoureux, mais aussi un peu dissonant pour ne pas sombrer dans le mélodrame mièvre. On pourrait même identifier quelques harmonies dignes de Prokofiev : le compositeur russe n'aurait d'ailleurs peut-être pas renié le ton narquois qui fronde dans le Scherzo, parcouru par une rengaine syncopée, sifflotante aux bois, d'un esprit presque broadway.
C'est dans la pimpante marche du Finale qu'on retrouve les tentations cinématographiques de celui qui composa la musique du Pont de la Rivière Kwaï ; mais les climats versent aussi dans un sentiment de menace que dissipe une radieuse péroraison cuivrée. Dans les dernières mesures, le glas des cloches nous ramène au paysage ambivalent du premier mouvement.

Symphonie n°2 Op. 40

= Malcolm Arnold, Royal Philharmonic Orchestra

(Philips, 17 octobre 1955)

Malcolm Arnold (1921-2006) Arnold12

C'est Charles Groves qui la présenta au public en 1953, à Bournemouth. Thomas Beecham devait l'enregistrer deux ans plus tard, mais la session fut annulée et en remplacement le compositeur lui-même put confier son témoignage aux micros de Philips. Hélas les bandes mères disparurent après la première parution en microsillon.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyJeu 8 Oct 2015 - 10:23

J'ai entendu La Grande, Grande Ouverture festive pour 3 aspirateurs, une machine à cirer, 4 fusils et orchestre, en live. (Avec 4'33 de John Cage)... C'est quelque chose cette musique...
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyJeu 8 Oct 2015 - 15:36

La musique d'Arnold a ceci de particulier qu'elle est immédiatement reconnaissable. Encore plus qu'avec Aylwyn ou Rubbra. C'est à mon avis le meilleur compositeur anglais de la deuxième moitié du 20ème siècle. Les symphonies 5-9 en particulier sont d'authentiques chefs-d'oeuvre.
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 10 Oct 2015 - 22:26

La Sonate avec hautbois d'Alwyn est à mon avis ce que la musique britannique a produit de mieux dans cette période…  Mais il est vrai qu'en matière symphonique, il n'est pas forcément le premier de la classe – même moi, je dois admettre que ça ne vaut pas RVW, ni bien sûr Walton.

En revanche, concernant Arnold… j'avais trouvé un manque extrême de renouvellement (toujours les mêmes rapports harmoniques), et en plus les 5 et 6 m'avaient paru assez vulgaires, par rapport aux premières (simples mais décentes).
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 10 Oct 2015 - 23:06

Arnold a volontairement incorporé de la 'lounge music' ou autres genres populaiires dans ses oeuvres orchestrales, notamment dans ces deux symphonies, les ouvertures The Smoke et Commonwealth Christmas Overture. Les ouvertures sont de véritables poèmes symphoniques, un peu comme celles de Dvorak ou Elgar.
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptySam 10 Oct 2015 - 23:40

Oh, mais ce n'est pas un problème, le foxtrot est encore ce que j'aime le plus dans la 6. Mr. Green
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Henri
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyDim 11 Oct 2015 - 11:18

Ce serait une bonne idée que je me replonge dans les symphonies de Malcolm Arnold. Merci donc à vous de me l'avoir soufflée. Arnold, je l'ai connu par ses concertos (pour clarinette, pour piano, et pour deux violons) qui m'avaient bien emballé, et les symphonies m'avaient bien plu dans leur ensemble (mais pas toutes ni forcément entièrement). ça fait plusieurs années que je ne les ai pas réécoutées, il est temps de m'y remettre. Les analyses de Tus me semblent assez savantes mais j'avoue que leur lecture me laisse songeur par rapport au souvenir que j'ai de mes écoutes anciennes. Des "influences de la pop musique" ?... Je ne me souviens pas avoir eu cette impression. Du jazz, de la musique de film, oui, certainement, mais de la pop... Il est vrai qu'il avait dirigé - et enregistré - le Concerto pour groupe rock et orchestre de Deep Purple et la Gemini Suite de Jon Lord, mais je n'ai pas trouvé ce genre d'influence dans sa musique personnelle. Bon, je vais réécouter déjà.
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MessageSujet: Compositeur    Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyJeu 5 Nov 2015 - 13:51

Coucou ! J’ai découvert ce compositeur via ce blog http://woozgo.over-blog.com/  . J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui sont fans de ce style de musique. À savoir que cela fait que quelques mois que je m’intéresse aux chansons classiques. Perso, je trouve que Malcolm Arnold est le meilleur dans sa catégorie et j’aime particulièrement cette composition : /watch?v=gIcIU4o61WQ . J’ai tout lu à son sujet sur http://www.universalis.fr/encyclopedie/malcolm-arnold/ et fabermusic.com.
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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) EmptyMar 15 Mai 2018 - 0:10

Smile Tiens je n'avais pas encore fait la pub de ce disque que j'écoute assez souvent en fond sonore.
Ce qui n'est pas péjoratif, ces danses ne prennent pas la tête mais s'avèrent assez grisantes.


Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Malcolm Arnold (1921-2006) :

English Dances, -set 1 Op. 27 & set 2 Op. 33

= Charles Groves, Orchestre symphonique de Bournemouth

(Emi, juillet 1976)

Le délicieux talent mélodique d'Arnold, ses orchestrations succulentes (voire un peu complaisantes).
Au demeurant c'est drunken
Voir aussi l'enregistrement historique de Robert Irving (HMV, juin 1953) tout aussi délectable.


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MessageSujet: Re: Malcolm Arnold (1921-2006)   Malcolm Arnold (1921-2006) Empty

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