Vos oeuvres contemporaines pour piano préférées

Quelles sont vos oeuvres contemporaines pour piano préférées?

Je me souviens d'un truc qui s'appelait "on the clouds" ou un truc du genre d'un compositeur japonais que j'avais adoré mais impossible de mettre la main là dessus. (concert)
Glass c'est pas mal sinon

Y a déjà "vos sonates préférées pour piano", "vos oeuvres préférées pour piano"...
Ne peut-on pas inclure ça dans ce dernier topic?


Pour ma part:

Dutilleux: Sonate pour piano
Messiaen: Vingt Regards sur l'Enfant Jésus

Plus quelques pièces de Takemitsu et Escaich.

Ah et le piano d'Adams (China Gates et Phrygian Gates) est pas mal du tout, bien meilleur que Glass évidemment.

Non je pense que c'est bien de différencier mais comme tu veux
Je trouve que c'est plus clair quand c'est différencier

C'est vrai que la musique d'Adams que tu cites est vraiment bien. J'adore Phrygian Gates mais c'est pour 2 pianos je crois. Me reste plus qu'à trouver une bonne version (j'ai une version Naxos pas terrible paraît il)

Bah c'est pas le même genre que Glass ...

Poulet a écrit:

C'est vrai que la musique d'Adams que tu cites est vraiment bien. J'adore Phrygian Gates mais c'est pour 2 pianos je crois. Me reste plus qu'à trouver une bonne version (j'ai une version Naxos pas terrible paraît il)

Non c'est pour piano seul. (et je te conseille Jay Gottlieb)

Poulet a écrit:

Bah c'est pas le même genre que Glass ...

Oui puisque c'est dans le genre musique.

Ah bon? C'est China Gates pour 2 pianos alors?

Non c'est pour piano seul aussi. (à moins qu'il y ait aussi une version 2 pianos remarque, je ne sais pas)

Finalement, je trouve qu'il n'y a pas énormément de choses consistantes en piano dans la 2è moitié du XXè siècle. (les oeuvres de Messiaen et Dutilleux que j'ai citées datent des années 40)
Alors que dans la 1ère moitié, Scriabine, Rachmaninov, Szymanowski, Bartok, Prokofiev, Debussy, Ravel, Fauré, Berg, Mompou, Koechlin, Roslavets, Decaux...

Tu oublies les sonates de Boulez

C'est vrai que la 1ère moitié du XXème siècle est assez hallucinante en production de chef d'oeuvres !

C'est difficile à jouer China gates ?

Tunes de Philippe Boesmans.

Alban 85 a écrit:

Tunes de Philippe Boesmans.

J'écoute sur you ... et c'est sympa

Xavier a écrit:

Non c'est pour piano seul aussi. (à moins qu'il y ait aussi une version 2 pianos remarque, je ne sais pas)

Finalement, je trouve qu'il n'y a pas énormément de choses consistantes en piano dans la 2è moitié du XXè siècle. (les oeuvres de Messiaen et Dutilleux que j'ai citées datent des années 40)
Alors que dans la 1ère moitié, Scriabine, Rachmaninov, Szymanowski, Bartok, Prokofiev, Debussy, Ravel, Fauré, Berg, Mompou, Koechlin, Roslavets, Decaux...

C'est parce que le le langage s'y prête moins, plus éclaté, microtonal, plus dans les modification de textures (donc peu pianistique).

Mais il y a des choses très chouettes chez Ligeti (Etudes), Amy (Récits), Corigliano (Fantaisie sur un ostinato), Takemitsu (en particulier Rain Tree Sketch II), Kirchner (pour la main gauche) et ici ou là, Mantovani, Pécou, Campo, Escaich, Schlee...

Et puis bien sûr le folklore de Sto.


Je crois surtout qu'il y a des tas de choses inédites, parce que Daniel-Lesur, Francesconi ou Fedele au piano solo, ce doit être chouette.

Poulet a écrit:

Glass c'est pas mal sinon

Ironie méchante, ou aveu honteux?

Je ne pose pas la question pour les remarques de Xavier, je sais déjà ce qu'il en est!

Ben ouais, moi j'aime bien Metamorphosis de Glass... OK je sors.


Sinon, oui, bien sûr les 20 Regards, mais comme le faisait remarquer Xavier on s'éloigne un peu du "contemporain" là quand même. Les Etudes de Ligeti, ça dépend des moments, des fois j'accroche, des fois pas du tout, il faudra que je réessaie car ça fait longtemps que je n'ai plus tenté.

Citation :

Ben ouais, moi j'aime bien Metamorphosis de Glass... OK je sors.

Ahouiquandmême. Quand je disais que tu étais courageux, tu vois bien !

Citation :

Sinon, oui, bien sûr les 20 Regards, mais comme le faisait remarquer Xavier on s'éloigne un peu du "contemporain" là quand même. Les Etudes de Ligeti, ça dépend des moments, des fois j'accroche, des fois pas du tout, il faudra que je réessaie car ça fait longtemps que je n'ai plus tenté.

Surtout évite Biret chez Naxos. Ecoute par exemple la Quatrième.

C'est parce qu'il espérait encore te sauver mon enfant, te remettre dans le droit chemin. Moi je suis un pécheur endurci, il a renoncé.

Sinon, je viens de me remettre la 4e Etude de Ligeti par Aimard, et effectivement j'aime beaucoup.

Sinon, vous prenez n'importe quel disque de Cecil Taylor, ça le fait bien.

Voilà un sujet qui n'inspire pas grand monde …

A moi non plus d'ailleurs.

Je suis un peu déçu de ne pas trouver grand chose à me mettre sous la dent.

Il faut constater que les compositeurs sont plus inspirés pour écrire des quatuor à cordes. Pourtant on trouve des pianistes brillants spécialisés dans la création … Il y a bien aussi le Concours International de Piano d'Orléans qui cherche à promouvoir le répertoire contemporain > http://www.oci-piano.com/

Mais tout ça n'a pas l'air très satisfaisant.

Peut-être que quelque chose m'échappe.

Si vous avez des petites trouvailles ou pépites à faire partager, n'hésitez-pas SVP.

Ligeti !!!

Les Études des trois cahiers par Yuja Wang.


/watch?v=aglprO-gNJA

docteur mabuse a écrit:

Je suis un peu déçu de ne pas trouver grand chose à me mettre sous la dent.

Il faut constater que les compositeurs sont plus inspirés pour écrire des quatuor à cordes.

Ah, je trouve tout le contraire, qu'il y a peu de quatuors plaisants dans la seconde moitié du XXe (stridences en pagaille, pas toujours au service d'un discours intelligible ou même intéressant) et beaucoup de pièces pour piano stimulantes, où on invente vraiment de nouvelles textures, voire de nouvelles pensées formelles.

Déjà, il y a les tradis, les héritiers, comme Kabalevski, Tichtchenko (Sonate n°10, Variations Op.1), Puig-Roget.

Ceux qui sont déjà patrimonialisés aussi, car morts depuis un moment : Messiaen (les Vingt Regards, même les Chants d'oiseaux), Takemitsu (Rain Tree Sketch I & II, Les Yeux Clos II), Ohana (Études d'interprétation), Ligeti (Études).

Et puis différents courants. Les radicaux, Stockhausen (Klavierstücke, par exemple le IX, jeux de strates rigolos), Boulez (Notations) ; les minimalistes au contraire, Feldman (Palais de Mari), Ann Southam (Rivers, tout n'est pas bon mais j'adore III- ; les raréfacteurs, Kurtág (Játékok), Crumb (Makrokosmos).

Pour fini ceux plus syncrétiques, entre plusieurs courants, ou pas la pointe du leur, Amy (Obliques II), Corigliano (par exemple Fantasia on an ostinato), Mantovani, Pécou, Campo, Mařatka, Escaich (la contribution de ceux-là à la Suite d'hommage à Rameau, est remarquable), et bien sûr, bien sûr le monument de Rzweski (qui traverse pas mal d'esthétiques), 36 Variations sur El Pueblo unido.

Sans parler des improvisateurs, qui sévissent certes davantage à l'orgue (en tout cas dans les concerts publics), mais qui proposent des choses – certes moins axées sur l'invention de nouveaux langages – qui peuvent être au moins aussi satisfaisantes (justement parce que contraintes à une forme de viabilité musicale immédiate, et non à de grands concepts qui ne fonctionnent pas).

Je ne m'explique pas pourquoi n'improvisation n'attire pas davantage les programmateurs, d'ailleurs : je suis sûr qu'on pourrait faire des stars, chacune dans leur style, ou alors des concerts à contrainte, éventuellement participatifs, comme ceux de Xavier. C'est vraiment accessible à un vaste public, plus que les intégrales Beethoven, assez divertissant, et si l'improvisateur est bon, tout à fait saisissant…

Ça fait déjà quelques points de départ (et je n'ai cité que ce que j'aime, il y a bien d'autres choses estimables en catalogue…).

Personnellement, parmi les œuvres achevées depuis 2000, j’en vois deux qui se détachent vraiment, en tout cas pour moi, dans ce que leur écoute me fait ressentir:
• Manoury: “La ville (... première Sonate)” (2001-02)
• Jarrell: ... mais les images restent... (2003)


Sinon, depuis l’époque où j’ai commencé à m’intéresser à la musique contemporaine (début des années 90), il y a quelques œuvres que j’ai entendues en concert (souvent par Dominique My), beaucoup aimées et réécoutées assez régulièrement par la suite:

 - d’abord, deux magnifiques pièces de 1992, composées en hommage à Messiaen:
• Murail: Cloches d’adieu et un sourire...
• Takemitsu: Rain Tree Sketch II

 - deux œuvres françaises des années 90 se détachent par ailleurs pour moi (même si d’autres, entendues aux même concert ont pu me plaire - de Pesson, de Fineberg, de Pécou ou Incises de Boulez - sans que je le réécoute beaucoup pour autant):
• Murail: La Mandragore (1993)
• Dufourt: An Schwager Kronos (1994)
 
- et une œuvre à mon avis considérable:
• Lenot: Études (1986-89)


Par ailleurs, les «grands classiques» du répertoire contemporain (mais des œuvres composées dans les années 50, voire à la fin des années 40 sont-elles encore «contemporaines»?) découverts à la même époque - et que j’aime vraiment beaucoup:
• Messiaen: Vingt Regards sur l’Enfant Jésus (1944)
• Boulez: Notations (1945, rév. 1982)
• Boulez: Sonate nº1 (1946)
• Carter: Sonate (1946, rév. 1982)
• Boulez: Sonate nº2 (1947)
• Barraqué: Sonate pour piano (1950)
• Messiaen: Catalogue d’oiseaux (1958)
• Boucourechliev: Archipel IV (1970)
• Crumb: Makrokosmos (1972-73) [piano amplifié]
• Feldman: Triadic Memories (1981)
• Nono: ... sofferte inde serene... (1981) [avec bande magnétique]
• Feldman: For Bunita Marcus (1985)
• Ligeti: Études (1985-2001)
• Feldman: Palais de Mari (1986)
• Takemitsu: Les yeux clos II (1989)

Et puis il y a aussi des choses objectivement importantes mais auquelles j’accroche peu:
• Cage: Sonates et Interludes (1946-48) [piano préparé]
• Dutilleux: Sonate (1948)
• Cage: Music of Changes (1952)
• Stockhausen: Klavierstücke I-XI (1952-56)
• Berio: Sequenza IV (1966)
• Cage: Cheap Imitation (1969)
• Boulez: Sonate nº3 (1957)
• Adams: Phrygian Gates (1977)

(D’ailleurs, Adams et Rihm sont deux compositeurs que j’aime énormément, mais dont le piano me plaît vraiment peu.)


Enfin, dans les œuvres découvertes plus récemment grâce au forum (merci, lulu!), beaucoup de choses à la fois importantes et qui me plaisent énormément, mais déjà citées plus ou moins abondamment ici:
• Rzewski: The People United Will Never Be Defeated! (1975)
• Carter: Night Fantasies (1980)
• Ferneyhough: Lemma-Icon-Epigram (1981)
• Tichtchenko: Sonates nº7 (1982), nº8 (1986) et nº9 (1992)

Il y aurait sans doute d’autres choses chez les russo-soviétiques, mais je manque de recul, il faudrait que je réécoute: je garde un bon souvenir de la Chaconne de Goubaïdoulina, de la Musica stricta de Volkonski et des Préludes de Denisov, des souvenirs assez contrastés des Sonates d’Oustvolskaïa, et des souvenirs peu enthousiastes des Sonates de Schnittke et de la musique pour piano de Chtchédrine.


Par ailleurs, s’il faut élargir le sujet à la musique pour deux pianos, il y aurait vraiment de sacrés chefs-d’œuvre (entre les Visions de l’Amen de Messiaen, les Játékok de Kurtág, les Structures de Boulez, Mantra de Stcokhausen...); de très chouettes choses aussi si on inclut le clavecin (Continuum de Ligeti et les Préludes de Pauset.)

Benedictus a écrit:

• Manoury: “La ville (... première Sonate)” (2001-02)
• Jarrell: ... mais les images restent... (2003)

Oh, je n'ai jamais entendu parler de l'un ni l'autre… il faut dire que je ne les associe pas du tout au piano. Je vais me mettre en quête.

Merci pour cette liste ordonnée, il y a des choses dont je n'avais même pas conscience qu'elles exist·ass·ent (et d'autres que j'aime diversement).

Sur la Chaconne de Gubaidulina, ne te précipite pas trop : c'est bien sympa, mais pas gigantesque (ça ne va pas tellement plus loin que celle de Pierné, et sans la même séduction mélodique évidemment…).

Pour le reste, pareil que toi sur Takemitsu et Oustvolskaïa, pas pareil sur Murail, etc., etc.

La Sonate de Manoury, c'est un immense labyrinthe spéculatif au langage assez «première modernité», d'écriture très bergienne (avec aussi, me semble-t-il, des échos du piano tardif de Janáček.) Ça existe par Heisser chez Praga (la ville en question, c'est Prague - Manoury présente son œuvre comme les souvenirs d'une visite de Prague sur les traces de Kafka.)

Le Jarrell, j'en ai parlé ici.

Merci.

Et Fineberg, c'est qui ?  

EDIT : (Sauf si c'est Feinberg, évidemment, qui m'avait paru un peu tôt pour l'inclure, mais qui est fabuleux, de fait. À ce compte-là, j'aurais aussi cité Mossolov et Protopopov, mais ce n'est pas exactement ni récent, ni très contemporain dans ce que recouvre souvent le terme stylistiquement.)

Joshua Fineberg, un Américain né en 1969 mais qui a beaucoup travaillé à Paris à partir des années 90, d'abord comme étudiant (élève de Manoury et Murail) puis comme compositeur (beaucoup de commandes des ensembles Fa et Court-Circuit.) Il y a d'ailleurs deux monographies, par chacun de ces deux ensembles: Empreintes, Veils and Shards par l'Ensemble Fa chez Mode et celle-ci par Pierre-André Valade et l'Ensemble Court-Circuit chez Accord, où on trouve justement Tremors pour piano seul et de chouettes choses pour ensemble:

C'est du spectralisme assez subtil, avec des textures et des couleurs très raffinées - mais c'est un peu gentil pour moi. Ce serait peut-être plus pour toi, mais comme tu es assez spectralophobe...

Effectivement, injonctions contradictoires. Je vais tester ça.

(C'est amusant, parce que le projet spectral correspond vraiment à ce que j'ai en principe envie d'entendre… sauf qu'en pratique j'en trouve la plupart des compositions emblématiques très ennuyeuses, pour ne pas dire creuses et moches. Je teste et je te dis quoi.)

Merci beaucoup pour vos retours !

Cette semaine j'avais pensé vous soumettre ce disque :


100 ans de musique iranienne pour piano


Iradj Sahbai (1945) > Folk inventions (1966)
Mohammad-Reza Darvishi (1955) > Fantaisie sur une note, un accord, un motif, un thème (1977)
Nader Mashayekhi (1955) > Study (1983)
Reza Vali (1952) > Reminiscences (1986)
Fozié Majd (1938) > Dialogue 88 (1988)
Behzad Ranjbaran (1955) > Nocturne (Une nuit dans un jardin perse) (2002)
Hormoz Farhat (1929 )> Bagatelles (2008)


Layla Ramezan, piano

Paraty 2016

http://www.laylaramezan.com/


Je n'ai pas assez appronfondi l'écoute du disque pour bien en parler.

Mais l'ensemble forme un tout assez attrayant avec des pièces très diverses.

On peut en entendre deux ici (aller à la 56ᵉ minute sur le lecteur) :

https://www.francemusique.fr/emissions/en-pistes/actualite-du-disque-brahms-handel-31978

A la 59ᵉ minute, je recommande d'écouter le Nocturne de Ranjbaran. L'oeuvre m'évoque beaucoup Janacek avec une petite ritournelle entêtante. Je pense que cela peut plaire à beaucoup de monde.

               Arcane
      Vol attendu
               Glissement lumineux
Triangle mené loin sur les franges aiguës
Suintement infini des spirales passées
Seul parcours de la raison
       ignorant la mémoire qui ronge

Allain Gaussin (1943) > Arcane (1981 remaniée en 1988)

https://www.allaingaussin.com/

A la fois profonde et spectaculaire, c'est une oeuvre culte pour moi. Comme souvent avec la musique d'Allain Gaussin, ce sont les images de "2001, l'odyssée de l'espace" qui me viennent à l'esprit. On reconnait bien son travail sur le fil, alors que tout pourrait vite devenir chaotique.

Sur le disque l'interprétation de Jay Gottlieb est une oeuvre d'art en soi … Respect.

https://www.francemusique.fr/emissions/le-portrait-contemporain/le-portrait-contemporain-du-mercredi-22-novembre-2017-38144

@ Benedictus : ton enthousiasme pour le piano de Murail m'intrigue. J'ai eu une période de fort intérêt pour ce compositeur, qui s'est quelque peu refroidie depuis, mais je n'ai jamais fait un tour de ce côté du catalogue. A priori, ça me semble même moyennement compatible avec son esthétique des oeuvres orchestrales. Tu décrirais ça comment ?

Sinon, tout en haut

Ligeti : Études

Juste un cran en-dessous

Ligeti : Musica Ricercata
Carter : Night Fantasies
Dutilleux : Sonate

Très bien aussi

Crumb : Makrokosmos
Nono : ... Sofferte Onde Serene...
Wuorinen : Sonate pour piano n°2

Pas mal non plus

Carter : Sonate
Dusapin : Études
Takemitsu : Rain Tree Sketch
Wuorinen : Sonate pour piano n°1
Adams : Phrygian Gates

Je ne connais pas les sonates de Manoury mais son concerto pour piano Echo-Daimonon m'a vraiment bluffé. C'est sans doute la seule pièce que je connaisse où l'électronique, loin de se contenter bêtement d'étoffer, prolonger ou diversifier les textures, m'a paru contribuer de façon décisive au discours. Vraiment très convaincant.

Cello a écrit:

Tu décrirais ça comment ?

La question ne m’est pas posée, mais pour ma part je dirais que pour la forme ce n’est pas très différent du reste de son œuvre, et pour le reste ça me semble comparable à Takemitsu par exemple, mais en plus continu, plus « large », sans mélodie, et avec davantage de pyrotechnie modale.
(J’aime assez bien, mais de mémoire je trouve le Dufourt plus consistant.)

Pour ce qui est de ma liste je vais m’y prendre en plusieurs fois parce que je ne m’en sors pas, et je commence par un morceau facile, à savoir les États-Unis où mon intérêt est plutôt ciblé.

Du côté des sérialistes :
La Troisième sonate de Roger Sessions (1965), rien de particulièrement exceptionnel, mais très bien je trouve, dans le haut du panier d’un dodécaphonisme encore assez classique (à vue de nez).
La Fantaisie d’Aaron Copland (1957), un coup de cœur personnel, dans un langage d’inspiration dodécaphonique et consonnant.
La Sonate d’Elliott Carter, très ancienne (1945–46) et encore très tonale, pas si loin de la fantaisie de Copland pourtant, mais surtout Night Fantaisies (1980), immense chef-d’œuvre à mon avis, l’une de mes œuvres préférées toutes catégories confondues. Les œuvres plus récentes sont plus secondaires mais très bien aussi : le très bon 90+ écrit pour Petrassi (1994), puis les Two Diversions (1999), Retrouvailles (2000), etc.
Chez Milton Babbitt, le plus rigoriste de tous, de nombreuses pièces pour piano depuis 1947 jusqu’à la fin de sa vie, dont une bonne partie de pièces brèves de circonstance — les très immédiats Semi-Simple Variations (1956), Minute Waltz (1977), It Takes Twelve to Tango (1984), etc. —, et d’autres de plus grande ampleur comme Reflections pour piano et bande (1975).
Les sonates de Charles Wuorinen, en particulier la première et surtout la deuxième (1969 et 1976), les deux suivantes étant moins profondes à mon avis. Également d’autres œuvres isolées (The Blue Bamboula de 1980, Capriccio de 1981, Bagatelle de 1988, etc.).
Si on peut avoir plusieurs pianos, j’ajoute Enactments pour trois pianos de Stefan Wolpe (1953), une œuvre fascinante je trouve.

Je suis moins intéressée par l’école newyorkaise et ce qui en est issu, mais je retiendrais tout de même :
John Cage : Music of Changes (1952), et quelques Études australes (1974–75) de temps en temps. Je n’adore véritablement rien de tout ça mais il m’arrive d’en écouter avec beaucoup de plaisir.
Les grandes œuvres tardives de Morton Feldman : Triadic Memories (1981), For Bunita Marcus (1985), peut-être ma préférée, et éventuellement Palais de Mari (1986). Parfois quelques pièces plus anciennes.

L’avant-garde italo-franco-allemande historique, sérielle d’abord :

Les Klavierstücke de Karlheinz Stockhausen (à partir de 1952). Je ne vais pas détailler, mais en gros je les aime tous pour des raisons différentes. En deux pianos il faut ajouter Mantra (1970).
Konfigurationen de Bernd Alois Zimmermann (1956), cycle de pièces austères mais non sans charme. On peut ajouter le Monologe pour deux pianos (1964), ouvertement polystyliste.
Les Klaviermusiken de Paul-Heinz Dittrich (depuis 1968), mais malheureusement je n’ai pu entendre que quelques-unes de ces pièces et c’est fort dommage.
Werner Heider : Landschaftpartitur (1968)

Chez Olivier Messiaen, les Études de rythme (1949–50) c’est rigolo et la Fauvette des jardins (1972) ainsi que des parties du Catalogue d’oiseaux (1956–58) c’est coul, mais il faut vraiment que je sois dans de bonnes dispositions. Pas prioritaire pour moi donc.
Les sonates de Pierre Boulez bien sûr, mais (sans surprise) surtout la Deuxième (1946–48), puis la Première (1946–49), tandis que la Troisième (1957) je n’y arrive toujours pas. N’oublions pas les Notations (1945).
La génialissime Sonate de Jean Barraqué (1950–52), sommet du genre.
Claude Ballif : Airs comprimés (1953), Pièces détachées (1953), Bloc-notes (1961), Passe-temps (1962/92), etc. Des sonates je n’ai pu entendre que la Cinquième (1960).
Gilbert Amy : Cahier d’épigrammes (1964)

Luigi Nono : .....sofferte onde serene... pour piano et bande magnétique (1976). J’ai mis du temps à l’apprécier à sa juste valeur mais c’est un chef-d’œuvre.
Les six Capricci de Camillo Togni (1954 à 1991).
Les très sympathiques Encores de Luciano Berio (1965–90). Il faudrait que je réessaie la Sonate (2001).

En bonus, trois œuvres-laboratoires du sérialisme intégral pour deux pianos : le premier livre des Structures de Pierre Boulez (1952), la Sonate de Karel Goeyvaerts (1951) et celle de Michel Fano (1952).

Et d’autres modes de (non)organisation :
Iannis Xenakis : Herma (1960–61)
André Boucourechliev : Archipel IV (1970)
Franco Evangelisti : Proiezioni sonore (1956)

Par ailleurs, en Belgique, ce que j’appellerais l’école liégeoise, reconnaissable par une écriture d’inspiration sérielle en constellations de sons souvent très consonantes, avec quelques procédés minimalistes (je simplifie hein) :
Henri Pousseur : Apostrophe et six réflexions (1964), Les litanies d’Icare (1994). J’aime vraiment beaucoup la dernière œuvre, j’en avais dit un mot ailleurs.
Chez Philippe Boesmans des œuvres jouissives, Fanfare I (1972) et Cadenza (1978), et secondairement les plus tardifs Tunes (2004).
Jean-Louis Robert, compositeur rare et œuvre que j’adore : Le cerisier éclaté (1973). Plutôt proche de Pousseur.

Et j’ajoute encore :
Peter Schat : Anathema (1969), le début de sa période d’intégration polystyliste
Hans van Sweeden : les magnifiques Nachtstücke (1958)

Et parce que je risque de ne pas savoir où le placer plus tard :
Bill Hopkins, élève de Barraqué, et ses tragiques Études en série (1965–72).

Cello a écrit:

@ Benedictus : ton enthousiasme pour le piano de Murail m'intrigue. J'ai eu une période de fort intérêt pour ce compositeur, qui s'est quelque peu refroidie depuis, mais je n'ai jamais fait un tour de ce côté du catalogue. A priori, ça me semble même moyennement compatible avec son esthétique des oeuvres orchestrales. Tu décrirais ça comment ?

lulu a écrit:

La question ne m’est pas posée, mais pour ma part je dirais que pour la forme ce n’est pas très différent du reste de son œuvre, et pour le reste ça me semble comparable à Takemitsu par exemple, mais en plus continu, plus « large », sans mélodie, et avec davantage de pyrotechnie modale.
(J’aime assez bien, mais de mémoire je trouve le Dufourt plus consistant.)

Voilà: rien à ajouter ni à retrancher à ce qu'a écrit lulu.

Je continue en France :

lulu a écrit:

Chez Olivier Messiaen, les Études de rythme (1949–50) c’est rigolo et la Fauvette des jardins (1972) ainsi que des parties du Catalogue d’oiseaux (1956–58) c’est coul, mais il faut vraiment que je sois dans de bonnes dispositions. Pas prioritaire pour moi donc.
Les sonates de Pierre Boulez bien sûr, mais (sans surprise) surtout la Deuxième (1946–48), puis la Première (1946–49), tandis que la Troisième (1957) je n’y arrive toujours pas. N’oublions pas les Notations (1945).
La génialissime Sonate de Jean Barraqué (1950–52), sommet du genre.
Claude Ballif : Airs comprimés (1953), Pièces détachées (1953), Bloc-notes (1961), Passe-temps (1962/92), etc. Des sonates je n’ai pu entendre que la Cinquième (1960).
Gilbert Amy : Cahier d’épigrammes (1964)

Emmanuel Nunes : Litanies du feu et de la mer (1969/71)
Betsy Jolas : B for Sonata (1973), Pièce pour Saint-Germain (1981), Pièce pour (1997)
René Koering : Sonate (1974)
Philippe Manoury : Cryptophonos (1974), Sonate nº1 (2001–2), Sonate nº2 (2008)
Michèle Reverdy : Figure (1976)
Patrice Fouillaud : Sonate (1979)
Philippe Fénelon : Épilogue (1980), Halley (1986)
Ahmed Essyad : La mémoire de l’eau (1982)
Brice Pauset : Canons (1989–2010)
Hugues Dufourt : An Schwager Kronos (1994), Erlkönig (2006)

Et :
Michael Jarrell : ...mais les images restent... (2003)

Après hésitations, j’ai éliminé Dutilleux (Préludes), Murail, Gaussin, François, Lenot et Dusapin... je les mentionne tout de même car il est possible que je change d’avis...

Difficile, difficile...
Allez, dans les Républiques... mais ce n’est pas exhaustif...

Autour de 1960, les pièces d’avant-garde d’Andrei Volkonski, Edison Denisov, Valentyn Sylvestrov (jusqu’à l’Élégie de 1967) et ses compagnons de route, ou encore Alemdar Karamanov et quelques autres. Je ne détaille pas car hors de l’importance historique je ne suis pas certaine que ce tout ça soit vraiment essentiel pour moi...

À Leningrad :
Les six sonates de Galina Ustvolskaia (1947 à 1988) qui a une place unique dans l’histoire de la musique soviétique. J’ai une plus grande intimité avec la première et la cinquième, mais je les aime toutes.
Sergei Slonimski : la monumentale Sonate (1963), qui fait une belle place au plain-chant.
Boris Tichtchenko, un corpus exceptionnel de onze sonates (1957 à 2008), surtout à partir de la troisième (1965), même si la cinquième me laisse toujours dubitative et que la dixième, en fait la révision d’une suite de 1957, est très secondaire à mon avis. Pour le reste c’est très grand. À côté des sonates, d’autres œuvres secondaires mais néanmoins très bien comme l’Egosuite (1957).
Gennadi Banshchikov : je trouve la Troisième sonate (1974) exceptionnelle, les autres sont très bien aussi (il a écrit cinq sonates de 1968 à 1998) mais je les ai peu écoutées notamment parce que les enregistrements ne sont pas de bonne qualité.
Boris Arapov : Sonate nº1 (1970) et Sonate nº2 (1976). Encore pas mal de Chostakovitch, mais aussi beaucoup de Mossolov me semble-t-il.

Ailleurs, en vrac :
Sofia Gubaidulina : la Chaconne (1962) et la Sonate (1965), très sympathiques mais il y a clairement plus essentiel chez Gubaidulina.
Rodion Shchedrin : le Cahier polyphonique (1972) qui devrait être un classique.
Dilorom Saidaminova : Les murs de la vieille Bukhara (1973), essentiellement modal.
Edison Denisov : les très reconnaissables Signes en blanc (1974) et Reflets (1989).
Elena Firsova : Élégie (1979), en partie dans la lignée de Denisov
Alfred Schnittke : les trois Sonates (1987, 1990, 1992), caractéristiques du dernier Schnittke donc désespérées et obsessionnelles.
Irina Emeliantseva : Schattenlicht (2003), Osborn-Requiem (2007), Sonate-Fantaisie (2017), sorte de néo-Roslavets, j’adore.

Japon, ça va aller très vite :

La Sonate d’Akira Miyoshi (1958) et celle d’Akio Yashiro (1961). Les influences sont très audibles. Ce n’est pas que je les trouve particulièrement indispensables, mais elles méritent tout de même d’être citées à mon avis.
Toru Takemitsu, alors pour le dire rapidement : oui c’est bien, mais c’est pas le genre de musique avec laquelle j’ai beaucoup d’affinités. Je ne vais pas me fatiguer à citer les titres, vous les connaissez.
Jo Kondo : Sight Rhythmics (1975)

Merci lulu !
Y a de quoi potasser maintenant.
Là au premier coup d'oeil je retiens les compositeurs belges qui m'intéresseraient bien.
Je me demande aussi ce qu'a pu faire Jacqueline Fontyn pour le piano.

Et puis de votre part que vous citiez René Koering, ça donne envie d'entendre ça.

J’ai vérifié, j’ai déjà entendu une œuvre pour piano de Fontyn : Gong (1980), mais ça n’a pas dû beaucoup me marquer puisque je ne m’en souviens pas...
Je vois aussi que Claude Ledoux a écrit de nombreuses pièces pour le piano... peut-être à creuser.

lulu a écrit:

Et parce que je risque de ne pas savoir où le placer plus tard :
Bill Hopkins, élève de Barraqué, et ses tragiques Études en série (1965–72).

Mieux vaut tard que jamais…

Aujourd’hui, en Playlist, Benedictus a écrit:

• Bill HOPKINS: Études en série (1965-72) pour piano
Nicolas Hodges (piano)
Bristol, V.1988
Col legno

Première écoute: c’est très, très beau - surprenant, aussi: ça ne ressemble pas du tout aux textures habituelles de la musique pour piano sérielle (ce n’est que très parcimonieusement pointilliste, proliférant ou percussif); tout au plus ça peut faire penser aux climats de la seconde partie de la Sonate de Barraqué - mais en moins discontinu; globalement, chaque étude semble progresser en bifurquant à partir des espèces de moments évasifs ou indéterminés (l’exergue de Beckett colle bien, de ce point de vue.)

(Je réécouterai, de toutes façons.)

(Et puis un type qui a été l’élève de Rubbra et de Nono, de Wellesz et de Barraqué, c'est forcément pour moi...)

La rencontre d'un pianiste génial (Andréas Skouras )et d'une oeuvre qui ne demandait ,qu'à vivre sous ses doigts .Anders Eliasson est un compositeur suèdois, né en 1947 et mort en 2013, un peu en dehors des écoles et des chapelles, il revendiquait même,avoir mal ressenti ce diktat imposé pendant sa jeunesse et citait un compositeur que j'adore Allan Pettersson, qui avait été lui aussi,banni de ce cercle très fermé ,imposant ses lois musicales et repoussant toute originalité propre.Dans ces 6 magnifiques morceaux,d'abord  ces  4 dessins pour piano et clavecin,, on sent un véritable hommage aux anciens maîtres  et aux contemporains.Quoiqu'il en soit , c'est un disque plein de luminosité, d'ascétisme, de beauté plastique et d'harmonie musicale,bref un chef-d'oeuvre.On passe vraiment  par, toute une gamme différente d'impressions et de sentiments, à l'écoute de ces pièces."Cette musique vole sans jamais atterrir", décrit-un critique en parlant de la musique d'Eliasson .Cette musique est profondément reliée à la vie,comme dans Version qui ,comme une naissance se construit d'interrogations et de mystère.C'est une sorte de monologue improvisé,plein de résonnances à la Messiaen ,qui trouve sa force et sa beauté  en elle-même, le génie du pianiste ,porte cette partition au mystère scriabinien au plus haut .Dans Suelo ,le compositeur fait jouer la motricité et l'endurance ,une cavalcade dans laquelle l'auditeur est entraîné malgré lui. Les 4 Designo, dont celui pour clavecin qui montre que cet instrument a encore des choses à dire ,et c'est surtout un hommage moderne au génial cantor,dont le motif BACH en constitue le noyau principal .Bref il faut écouter de suite,ce très beau disque , porté par une interprètation vraiment éblouissante.

Benedictus a écrit:

lulu a écrit:

Et parce que je risque de ne pas savoir où le placer plus tard :
Bill Hopkins, élève de Barraqué, et ses tragiques Études en série (1965–72).

Mieux vaut tard que jamais…

Aujourd’hui, en Playlist, Benedictus a écrit:

• Bill HOPKINS: Études en série (1965-72) pour piano
Nicolas Hodges (piano)
Bristol, V.1988
Col legno

Première écoute: c’est très, très beau - surprenant, aussi: ça ne ressemble pas du tout aux textures habituelles de la musique pour piano sérielle (ce n’est que très parcimonieusement pointilliste, proliférant ou percussif); tout au plus ça peut faire penser aux climats de la seconde partie de la Sonate de Barraqué - mais en moins discontinu; globalement, chaque étude semble progresser en bifurquant à partir des espèces de moments évasifs ou indéterminés (l’exergue de Beckett colle bien, de ce point de vue.)

(Je réécouterai, de toutes façons.)

(Et puis un type qui a été l’élève de Rubbra et de Nono, de Wellesz et de Barraqué, c'est forcément pour moi...)

Desole, je n'ai pas d'accents.

Est ce que vous avez le livret? Sur Qobuz chaque etude est liee a un mot dans son tag, et les mots foment une phrase


Je me demade pourqui!

En plus je veux mentionner qu'il y a un article de Nicolas Hodges sur Bill Hopkins sur Jstor.

Dans le livret, j'ai trouvé ceci:

Bill Hopkins en 1969-70 a écrit:

TO THE PERFORMER: Titles have been appended after each Etude. They say nothing, but their sequence is intended ti suggest a certain syntactical unity obtaining between the various Etudes. They may thus serve as a guide should the performer wish to play only a selection from the work. [The point of this precaution may be seen from an example: a programme announcing ”4 Etudes: her know may in” by the same token announces a version of this work which the composer consider nonsensical. (...)]

À L'INTERPRÈTE: Des titres figurent après chaque Étude. Individuellement ils ne disent rien mais, pris ensemble, ils visent à suggérer l'existence d'une certaine unité syntaxique entre les diverses Études. Ils peuvent ainsi servir de guide à l'interprète souhaitant n'en jouer qu'une sélection. [Un simple exemple éclairera le principe de cette précaution: un programme annonçant «4 Études: her know may in» annoncera par là même une version de l'ouvrage que le compositeur estime dénuée de sens. (...)]

Je ne suis pas tout à fait sûr d'avoir bien compris, mais si c'est le cas, ça devrait donc vouloir dire qu'on pourrait jouer par exemple des suites d'études comme III-VI-IV (know her grief) ou I-VII-IX (one white portal), voire II-I-III-VI-VIII-IV (may one know her involute grief) - mais justement pas la combinaison VI-III-II-V (her know may in) à laquelle Hopkins fait allusion.