Carl Maria von WEBER - Euryanthe, Oberon & autres opéras

N.B. : Ceux qui se prononceront en faveur des cinq premiers, soit indisponibles soit inécoutables, se dénonceront par là même comme infâmes tricheurs.

aurele a écrit:

Oberon : "Ocean! thou mighty monster!" par Callas (version de studio sous la direction de Rescigno et pas le live de Londres de 1962)

Dommage qu'elle n'ait pas enregistré le rôle en entier quand on entend cela. C'est poignant.

Le studio est moins assuré que la captation londonienne, vraiment vibrante, peut-être parce qu'on entend le vibrato un peu blanc de très près. A mon goût, il manque un peu de fragilité et de liant au début, avec des poitrinés d'héroïne verdienne et des silences qui sonnent assez peu weberiens. Si, si, même la façon très vocale d'amener le silence, plus liée à la mise en valeur de la voix qu'à la logique de la déclamation, ça sonne italien.
L'anglais a quelque chose de dominguien, mais comme elle est un peu loin à Londres, ça ne gêne pas plus que ça (on entend qu'elle articule bien, mais on ne distingue pas bien ce qu'elle dit).

Ce qui me gêne surtout, c'est ce côté affirmatif, alors que Rezia doit avoir la majesté indignée de celle qui a tout perdu, mais pas non plus l'air d'une imprécatrice.

Mais dès qu'on passe dans l'air proprement dit (cantilène + cabalette, en quelque sorte), c'est assez bouleversant... la voix est d'une magnifique richesse harmonique, jamais je ne l'ai entendue aussi colorée qu'ici. Il faut dire que l'écriture de Weber dans cet air suscite des harmoniques très belles chez les chanteuses. Même Nilsson en chantant droit et faux s'en tire plutôt bien.
Je me rappelle aussi de Patrizia Schumann (ma référence personnelle ici), qui faisait dédoubler sa voix dans les micros, une saturation très bizarre, un 'grelot' supérieur apparaissait. La couleur et l'interprétation de Callas s'en rapproche assez.


Bref, j'aime énormément, et s'il ne fallait retenir qu'un seul témoignage de Callas soprano, ce ne serait peut-être pas le moins à sa gloire.

A voté.

J'étais prête à parier que c'était toi !!!!!

DavidLeMarrec a écrit:

N.B. : Ceux qui se prononceront en faveur des cinq premiers, soit indisponibles soit inécoutables, se dénonceront par là même comme infâmes tricheurs.

J'ai trouvé Abu Hassan en médiathèque.

Je n'en doute pas une seconde, mais ta réponse me prouve que tu ne l'as pas écouté.

Mieux valent encore deux Donizetti mineurs bout à bout.

J'aimerais bien découvrir Obéron et Euryanthe

J'ai Abu Hassan (RCA classics - BMG 74321 40577 2) sous la direction de Rögner. Ça va 5 minutes, mais c'est rapidement ennuyeux.

Je vais écouter ça sur MusicMe :



Distribution curieuse (le feu + la glace) mais ça doit être trés bien.

Guillaume a écrit:

J'aimerais bien découvrir Obéron et Euryanthe

Je ne connais pas non plus ces 2 opéras, excepté la grande scène de Rezia dans Obéron.

Concernant Obéron, voici une version qui devrait te plaîre je pense si je me base sur les deux chanteurs principaux :



Concernant Euryanthe, il y a une version avec Windgassen et Neidlinger notamment.

Les deux sont disponibles sur musicme.

C'est bon, merci aurèle, j'ai fait mon marché pour les deux. Du Windgassen ça ne refuse pas.

Guillaume a écrit:

J'aimerais bien découvrir Obéron et Euryanthe

Juste une chose : si tu achètes la version Kubelik, ne viens pas nous dire que c'est de la musique moyenne, tu ne t'en prendras qu'à toi-même !

Au disque, la seule voie possible est Gardiner : langue originale, superbes couleurs, chanteurs magnifiques.

Les veilles versions sont horriblement pâteuses et mollissimes, particulièrement les allemandes des années 50-80.

Pour Euryanthe, c'est un peu le même problème, beaucoup de versions vraiment repoussantes.

Bon bah on verra.

DavidLeMarrec a écrit:

Pour Euryanthe, c'est un peu le même problème, beaucoup de versions vraiment repoussantes.

J'ai vu qu'il existe une version avec Joan Sutherland.

personnellement, j'apprécie beaucoup la version d'Oberon (en italien!!) dirigée par Gui, avec Cerquetti, qui est une Rezia phénoménale.
Je ne connais pas la version Gardiner, mais je l'ai entendu diriger l'oeuvre au Châtelet il y a quelques années, et c'était formidable.

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Pour Euryanthe, c'est un peu le même problème, beaucoup de versions vraiment repoussantes.

J'ai vu qu'il existe une version avec Joan Sutherland.

Connaissant David... je crois que cette version doit se placer dans les versions "repoussantes".

J'ai également trouvé amusante l'association d'idées d'Aurèle : version repoussante => Sutherland.

Mais il se trouve que c'est l'un des tout meilleurs rôles de Sutherland, avec une articulation molle mais un personnage relativement habité. Et puis ça va très bien à la candide Puiset.
Par ailleurs, l'environnement est exclusivement de très grands chanteurs.

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai également trouvé amusante l'association d'idées d'Aurèle : version repoussante => Sutherland.

Mais il se trouve que c'est l'un des tout meilleurs rôles de Sutherland, avec une articulation molle mais un personnage relativement habité. Et puis ça va très bien à la candide Puiset.
Par ailleurs, l'environnement est exclusivement de très grands chanteurs.

Cela va finir par devenir une tautologie...

Non, non, juste une qualité essentielle, comme on dit pour les mariages.

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai également trouvé amusante l'association d'idées d'Aurèle : version repoussante => Sutherland.

Cette association n'est pas de moi mais d'Elvira.

OUi, mais là, le parallèle était fort simple.

Pour Euryanthe, l'enregistrement de Janowski est très beau ! Norman est magnifique. Seul le timbre de Rita Hunter râcle l'oreille.



Cette version n'est quand même pas "repoussante" pour toi, David, si ?

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai également trouvé amusante l'association d'idées d'Aurèle : version repoussante => Sutherland.

Cette association n'est pas de moi mais d'Elvira.

Si, si, c'est toi-même qui m'as cité pour répondre ceci :

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Pour Euryanthe, c'est un peu le même problème, beaucoup de versions vraiment repoussantes.

J'ai vu qu'il existe une version avec Joan Sutherland.

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Hippolyte, en fait, après avoir écrit ça, je suis allé vérifier la disco... et je me suis aperçu que c'est en fait Oberon qui regorge de trucs mollassons (en particulier le Kubelik, mais c'est pas neuf : ce chef fait de l'allègement dans les gros trucs et du mastoc dans les pièces délicates).

Parce que pour Euryanthe, même dans les vieilles cires Giulini, Leitner, Stiedry, c'est très bien. C'est une (ou plusieurs ?) captation récente (avec d'immenses chanteurs peu en forme : Hunka et Fontana) qui m'a laissé ce souvenir qui correspondait à Oberon. Bref.

Je m'étais dit que ce n'était pas la peine de se fatiguer à rectifier tout de suite, parce que quelqu'un d'avisé me mettrait forcément le nez dans cette bizarrerie.

Tu conseilles quoi en vieilles cires pour Euryanthe alors ?

Guillaume a écrit:

Tu conseilles quoi en vieilles cires pour Euryanthe alors ?

Les trois que j'ai cités sont très bien (le son moyen sauf pour Stiedry qui est plutôt bon, évite-le donc). Et puis Stiedry est peut-être un peu plus mou orchestralement, ce qui n'est pas du tout le cas de Leitner et surtout Giulini.

Leitner est avec Windgassen & Alberich.

Je rapatrie des message du fil "catalogue Berlin Classics" sur l'Euryanthe enregistrée par Marek Janowski et la Staatskapelle de Dresde avec Gedda, Norman, Vogel, Krause et Hunter.

DavidLeMarrec a écrit:

Bien, j'écoute Euryanthe de Janowski, je pense que j'en avais au moins écouté le Prologue. L'Ouverture est abominablement molle, je ne pensais pas qu'un chef puisse rater ça, et a fortiori Janowski. Et Gedda est terriblement métallique, tout est poussé, vraiment dans son pire jour.
Sinon, l'accompagnement est bien dramatique, ce qui est le plus important, parce qu'Euryanthe est avant tout une course de longueurs qu'il faut bien habiter pour réussir. Et les choeurs splendides. La voix de Norman aussi, et vu la tessiture de toute façon, qu'on n'encadre rien à ce qu'elle éructe est pardonnable.

Polonsky a écrit:

Aie ! Je me faisais une joie d'écouter ce disque qui attend son heure dans mes étagères depuis un certain temps, ça attendra. Surtout qu'en effet, l'ouverture est habituellement une réussite (notamment chez Scherchen ou Dorati)...

DavidLeMarrec a écrit:

Non, mais la suite tient vraiment très bien la route, ce qui est tout de même l'essentiel. Mais j'ai été très surpris, j'ai entendu très souvent cette ouverture, pas de grands chefs, par des chefs moyens, par de mauvais chefs, par des orchestres de tous niveaux, et c'est toujours électrisant. Alors que là.

Et puis à part Gedda, tout le reste est remarquablement chanté.

Non, tu peux t'y risquer quand même.

Dans ce bel enregistrement, ce n'est pas du tout Gedda qui me gêne, c'est Rita Hunter, elle fait tout très bien, mais le timbre est vraiment très ingrat.

Elle était Brünnhilde dans le Ring de Kubelik au Met en alternance avec Nilsson.

Je trouve au contraire sa voix magnifique et danse, ça m'impressionne beaucoup, c'est même elle qui chante le mieux du plateau (pourtant Norman et Krause, c'est pas mal non plus !).

Non, l'enregistrement est pas mal, Janowski y met un peu d'entrain, donc on parvient à finir son assiette si on fait autre chose en même temps.

Mais c'est l'oeuvre en elle-même, les récitatifs fades la noient dans un flot de gentilleries un peu indifférenciées, le syndrome Medea de Cherubini (toutes proportions gardées, hein !).

Je viens d'en réécouter des passages. Et en effet, je dois reconnaître que mon souvenir était déformant et que le timbre de Rita Hunter n'est pas si ingrat, c'est même une belle voix, certes pas le genre que j'aime, mais objectivement sans défaut. Seulement, elle fait très "pointue" à côté de la voix ronde de Norman, du coup, dans leur duo, le contraste est assez marqué... mais justement ça fonctionne très bien ! J'écoute à l'instant son intervention finale qui est très belle. Bon je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, quoi. Je me soupçonne de lui en avoir voulu de venir troubler la voix de Jessye... J'ai très honte.
L'orchestre est très beau, Krause aussi et Gedda, c'est surtout son 1er air de l'acte I qui n'est pas terrible, ensuite il est beaucoup mieux.
Quant à l'oeuvre, c'est sûr qu'elle est bien longue et que j'utilise de temps en temps le bouton d'avance rapide , mais il y a vraiment des choses superbes.

Dans la version Gardiner, il y a Kaufmann en Huon. L'enregistrement date de 2002 et il paraît que la voix est très différente de celle qu'il a aujourd'hui. Rien que pour lui, je me sentirais capable d'écouter cet enregistrement. Il y a Hillevi Martinpelto en Rezia, une des chanteuses favorites de Gardiner à une époque. Elle chante toujours d'ailleurs mais on en entend plus vraiment parler.

Enregistrement remarquable, le seul écoutable au disque à mon avis.

Et Kaufmann n'est pas si différent en fait.

Je n'ai pas trouvé non plus, je l'aurais tout à fait reconnu.

DavidLeMarrec a écrit:

Enregistrement remarquable, le seul écoutable au disque à mon avis.

J'ai lu ce que tu as mis plus haut et qui explique cela. Je comprends ce point de vue car c'est une version en langue originale.

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Enregistrement remarquable, le seul écoutable au disque à mon avis.

J'ai lu ce que tu as mis plus haut et qui explique cela. Je comprends ce point de vue car c'est une version en langue originale.

Oui, et en plus de ça les autres versions sont atrocement pâteuses. Ca fait deux bonnes raisons.

L'autre version qui m'intéresserait mais en allemand serait celle de Keilberth de 1953 avec Rysanek en Rezia. Je suppose qu'il y a des coupures et je sais que tu n'aimes pas du tout cette cantatrice. Janowski et Conlon, c'est comment? Je sais que c'est en allemand. Néanmoins, on trouve des noms très connus.

aurele a écrit:

Janowski et Conlon, c'est comment?

Ben tu lis les messages qui précèdent les tiens...

Des coupures, je ne pense pas (à part dans les dialogues bien entendu). Après, Rysanek en Rezia, c'est Rysanek au carré, la voix est très exposée, c'est assez impressionnant.

Autre chose : Voigt a-t-elle la voix du rôle ?

Xavier a écrit:

Ben tu lis les messages qui précèdent les tiens...

Je me doute qu'il n'aime pas. Et toi Xavier, qu'en penses tu?

Toutes mes excuses, j'ai lu trop vite, je croyais qu'on parlait d'Euryanthe.

Pour Obéron, je n'ai écouté que Kubelik et Gardiner.

Xavier a écrit:

Pour Obéron, je n'ai écouté que Kubelik et Gardiner.

D'accord. Que penses tu des deux versions s'il te plaît?

DavidLeMarrec a écrit:

Autre chose : Voigt a-t-elle la voix du rôle ?

J'en sais strictement rien. Néanmoins, en 1992, on est sûr qu'elle avait une voix intacte, sans trop de vibrato.

Mais alors, d'une platitude... Moi je ne peux l'écouter qu'à partir de l'époque où tout le monde dit qu'elle est finie (début des années 2000).

aurele a écrit:

Xavier a écrit:

Pour Obéron, je n'ai écouté que Kubelik et Gardiner.

D'accord. Que penses tu des deux versions s'il te plaît?

C'est tellement différent...
Kubelik j'ai écouté ça il y a très longtemps, j'ai dû en dire deux mots en rubrique générale à l'époque où je l'ai écouté; ça m'avait plus globalement je crois.

Gardiner est formidable, rien à redire là-dessus.
Ah si, le récitant qui résume l'histoire en anglais à la place des dialogues, ça fait un peu Walt Disney, bizarre.

DavidLeMarrec a écrit:

Des coupures, je ne pense pas (à part dans les dialogues bien entendu). Après, Rysanek en Rezia, c'est Rysanek au carré, la voix est très exposée, c'est assez impressionnant.

Ah, très bien, il existe donc une version à acheter pour cette oeuvre. (voire deux - Nilsson/Domingo... )

Guillaume a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Des coupures, je ne pense pas (à part dans les dialogues bien entendu). Après, Rysanek en Rezia, c'est Rysanek au carré, la voix est très exposée, c'est assez impressionnant.

Ah, très bien, il existe donc une version à acheter pour cette oeuvre. (voire deux - Nilsson/Domingo... )

Non, mais ça ressemble à rien ces versions (particulièrement Kubelik...), autant acheter Vivaldi joué par Furtwängler...

Tout dans la mesure, hein... (comme on le sait, Nilsson, Domingo et Kubelik sont incapables de bien interpréter du répertoire romantique allemand!)

Je suis sérieux, il y a des oeuvres qui ont besoin d'être jouées avec le style adéquat pour exister. Et c'est le cas d'Oberon. Si on joue ça de façon sérieuse et pâteuse, sans couleurs, c'est comme jouer du Shakespeare en français, on perd la moitié de l'intérêt du truc.

Quand je veux écouter du clavecin, je ne prends pas Arrau.

Le numéro de l'ASO d'Oberon n'est plus disponible qu'en PDF, je l'ai téléchargé. Il date de 1985 et me semble très riche. Je ne sais pas encore si je vais écouter Kubelik, Keilberth avec Rysanek ou Gardiner. Le livret est uniquement en allemand dans l'ASO et la version Gardiner est en anglais. Je le lirai avant pour m'imprégner du texte s'il le faut.

Oui mais la version Gardiner contient le livret, ça peut se trouver en médiathèque par exemple.

Pour info, Weber s'est mis à l'anglais rien que pour pouvoir écrire l'oeuvre. C'est absurde de jouer ça en allemand... Le problème de Gardiner, c'est juste le récitant (qui fait très bien les choses, mais ce n'est pas l'oeuvre telle qu'elle est écrite). Mais comme la plupart des versions coupent atrocement les dialogues, de toute façon.

Ah si, juste une chose : Kubelik est profondément soporifique, et Keilberth est très mochement chanté (pas seulement Rysanek).

Avec ça, fais ton choix.

Xavier a écrit:

Oui mais la version Gardiner contient le livret, ça peut se trouver en médiathèque par exemple.

C'est disponible sur spotify aussi notamment à l'écoute. Je verrai si c'est trouvable à la médiathèque de Nancy car le prix neuf est élevé.