Le Vaisseau fantôme - Amsterdam - Février 2010

Haenchen / NPO / Kusej / Naglestad / Uusitalo choeurs du NO

Bon je cherche encore le sens profond d'une mise en scène à la fois minimale, et avec à la fois suffisamment d'éléments pour se creuser la tête, et dont je ne voyais hélas qu'une partie --- vu l'angle pourri très moyen que j'avais. Comme ça au premier abord je ne suis pas hyper client mais après avoir cogité un peu j'essayerai de raconter un peu (ça me fait penser que j'ai toujours pas eu le courage de faire le compte-rendu des nozze d'il y a deux semaines). Donc ça viendra.

Sinon le même angle me faisait prendre une grosse dose de cuivre dans la tête (et pour le hollandais ça fait un peu mal). Haenchen ne tenait pas en place (ça m'a un peu étonné, je me serais attendu à quelque chose d'un peu moins nerveux, et à un équilibre un peu différent, à plus d'équilibre tout court en fait --- mais le mauvais angle déforme surement pas mal). En tout cas ça reste une très belle direction et une très belle interprétation sur le plan orchestral (apparemment ils aiment bien jouer Wagner: un NPO bien enthousiaste). Mais bon si je juge sur ce que j'ai pris dans les oreilles il y a un air de famille (toujours pour la direction et l'orchestre) avec le böhm/DG/Jones/Stewart, pour certains passages ça marche bien, mais assez régulièrement c'est trop violent à mon goût (et un peu criard). Par contre curieusement je n'avais jamais tant noté certaines articulations par le silence pour introduire "un air" (ça disparaît quand vraiment, déjà dans lohengrin ça a disparu non?). il faudrait que je me retape un autre enregistrement pour comparer mais j'avoue que j'ai pas très envie là tout de suite.

la première partie (disons avant d'arriver à Senta) c'est visuellement pas très intéressant et pas très profond (parfois je me suis demandé si Kusej ne déteste pas ce livret, le traitement est moins flatteur que pour Shostakovich au même endroit...). pas que la suite soit visuellement tellement plus intéressante (je me réserve le droit d'y réflechir est d'en découvrir la grande profondeur)... c'est statique... le plateau masculin a besoin de temps pour se chauffer la voix et les talents dramatiques de Uusitalo (Le Hollandais) frôle le zéro pointé. (Je ne reviens pas sur Haenchen/NPO, c'est quand même très très bien tout le long).

arrive donc Senta et c'est assez étonnant ce choix, je le dis tout de suite j'ai trouvé ça formidable. Une incarnation dramatique et une musicalité, surtout pour un rôle qui n'était pas (dramatiquement parlant) a priori le plus riche de l'histoire de l'opéra -- ahm. Notamment ses pianos (ah oui j'ai pas dit c'est Naglestad) (premier smiley), merveille, waouh ces nuances et cette musicalité. C'est vraiment très chouette. La difficulté est à l'opposé quand il faut de la puissance, là on sent, on perd tout de suite en musicalité et en confort, le vibrato devient un peu différent (je suis pas sûr mais je dirais qu'il se desserre et la voix prend un son plus engorgé, je ne sais pas si c'est une restitution correcte de ce que j'ai entendu mais bon...) et certains aigus sont limites. Le duo est très beau (à part pour un aigu de senta où il faut que je réécoute mais je demande s'il n'y a pas un petit quelque chose qui aurait du sortir et qui n'est pas sorti..., et une sonnerie de téléphone portable à la fin de ce que j'appelerai la première partie du duo ). Bah voilà en fait je voulais surtout causer de Haenchen/NPO/Naglestad (vraiment étonnante en Senta) Uusitalo c'est mieux quand ça a démarré. ah oui d'une façon générale il est très à l'aise dans les parties les plus hautes (à l'inverse dans les parties plus graves du début, c'est bof bof bof, peut-être aussi qu'il n'était pas chauffé, et qu'il consommait beaucoup d'énergie à nous fournir une incarnation intense () du hollandais...). voilà. Kusej quand j'aurai compris le fragment de mise en scène que j'ai vu, j'en causerai (peut-être).

Encore !

tu veux en savoir plus?

Bon bah je vais essayer de raconter un peu le début de cette mise en scène. Alors... on lève le rideau sur un décor minimal au possible. Tout blanc. Le fond de la scène (qui n'est pas vraiment le fond de la scène) est occupé par des portes battantes (transparentes), en fait deux séries consécutives, un sas (ça s'écrit comme ça?). (Cette structure de base reste -- presque -- tout le long, mais prend des significations différentes, mais ces portes divisent toujours très profondément. je veux dire elles incarnent une division... ahm...) Décor quasi-vide donc sauf pour...

... un poisson (en plastique G.s.D.) agonisant au rythme de la fin du prélude (ouverture, je ne sais pas comment on qualifie ça pour le hollandais). premier signe qui peut faire songer qu'il n'y a pas forcément un sens très profond dans cette mise en scène, mais plutôt un grand projet de détournement -- c'était le cas aussi pour la Salomé de Konwitschny mais c'était graphiquement plus réussi et à mon avis plus intéressant -- sans doute pourrait-on argumenter que c'est intéressant en soi (pas totalement sûr...) Notamment la fin -- que je ne spoilerai pas -- a le mérite d'avoir été formulée. (j'ai besoin de cogiter pour voir si ça apporte vraiment quelque chose...)

de façon générale à mon avis le gros point fort de la mise en scène c'est de rendre Senta intéressante, je sens que je suis un peu partial. mais bon.

donc le poisson (en plastique) agonise. (le public se retient très fort de rire, mais pas très bien, wagner aurait aimé ). Et débarque donc notre bande de touristes avec gilets de sauvetages et bagages multicolores qui passent à travers les portes coulissantes (visiblement en grande panique). Là, l'interprétation est assez libre: sont-ils sortis du bateau pour se retrouver sur la plage ou se sont-il abrités dans un bâtiment. Bref derrière les portes c'est l'autre côté (si si), mais ce qu'est l'autre côté n'est pas très très clair. Mais on en fuit. Et des silhouettes noires apparaissent de l'autre côté (c), se plaquant contre la vitre sans jamais ouvrir les portes. la suite plus tard

poisson a écrit:

Haenchen / NPO / Kusej / Naglestad / Uusitalo choeurs du NO.

Sur le papier c'est un casting de rêve, étonnant que tu ne sois pas plus enthousiaste, j'aimerais bien entendre Uusitalo en live, il est phénoménal dans le Ring de Valence.

Xavier a écrit:

poisson a écrit:

Haenchen / NPO / Kusej / Naglestad / Uusitalo choeurs du NO.

Sur le papier c'est un casting de rêve, étonnant que tu ne sois pas plus enthousiaste, j'aimerais bien entendre Uusitalo en live, il est phénoménal dans le Ring de Valence.

c'est sur la mise en scène que je ne suis pas enthousiaste. musicalement c'était très très bien. Mais je suis pas très doué pour faire ressortir ça dans mes propos. donc oui c'était super. Je mentionne aussi les petites critiques possibles c'est ça qui doit donner l'effet que je suis difficile.

Uusitalo à part au départ c'est en effet très bien: comme je disais il est plus à l'aise dans les parties plus aigues, ce qui du coup fait un très beau duo avec Senta. Mais dramatiquement parlant (pas musicalement) c'est un peu la cata.

Après pour le reste de ce qu'il y a écrit en haut de la page, Haenchen / NPO / Naglesad c'est vraiment super. (Naglestad en particulier c'est un vrai coup de coeur en Senta). Haenchen / NPO très belle direction et en orchestre hyper concerné, je disais juste que --- de mon angle --- je prenais beaucoup de cuivre et que ça semblait un peu trop violent et déséquilibré à mon goût mais si j'avais eu un angle décent, je pense que mon avis serait assez différent.

Après le reste du cast j'en ai pas causé. Je pourrais en causer plus tard. Ce n'est pas parfait. Mais donc je le re dis si je ne suis pas vraiment enthousiaste c'est que je n'ai pas aimé la mise en scène, musicalement c'était une très très grande soirée.

C'est-à-dire que d'habitude, Uusitalo, dramatiquement parlant, c'est pas très mobile mais il y a une présence amplement correcte.

ah oui j'ai dit bof bof bof sur le tout début. oui je crois qu'il a eu un peu de mal au démarrage notre Hollandais notamment sur les parties graves. Mais l'impression est accentué par une incarnation dramatique un peu consternante.

poisson a écrit:

ah oui j'ai dit bof bof bof sur le tout début. oui je crois qu'il a eu un peu de mal au démarrage notre Hollandais notamment sur les parties graves. Mais l'impression est accentué par une incarnation dramatique un peu consternante.

Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que le début n'est pas grave, c'est le début du duo avec Senta qui est un peu plus sombre (et quelques contrechants au I avec Daland, certes, mais ça reste tout à fait barytonnant en l'occurrence !).

Mais pas assez chauffé, oui, ça arrive.

DavidLeMarrec a écrit:

C'est-à-dire que d'habitude, Uusitalo, dramatiquement parlant, c'est pas très mobile mais il y a une présence amplement correcte.

Présence vocale?

C'est pas très mobile et surtout il a deux attitudes (à la fois pour l'incarnation vocale et pour le jeu de scène). en plus tu sens qu'il cogite pour savoir laquelle des deux attitudes il doit utiliser. Disons qu'à côté d'une Senta aux mille nuances (vocales et dramatiques) ça faisait un drôle d'effet.

DavidLeMarrec a écrit:

poisson a écrit:

ah oui j'ai dit bof bof bof sur le tout début. oui je crois qu'il a eu un peu de mal au démarrage notre Hollandais notamment sur les parties graves. Mais l'impression est accentué par une incarnation dramatique un peu consternante.

Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que le début n'est pas grave, c'est le début du duo avec Senta qui est un peu plus sombre (et quelques contrechants au I avec Daland, certes, mais ça reste tout à fait barytonnant en l'occurrence !).

Mais pas assez chauffé, oui, ça arrive.

Oui sur les passages avec Daland et avant c'était un peu poussif. mais le début du duo avec Senta passait très bien (il me semble) donc ça doit être le retard à l'allumage.

poisson a écrit:

Présence vocale?

C'est pas très mobile et surtout il a deux attitudes (à la fois pour l'incarnation vocale et pour le jeu de scène). en plus tu sens qu'il cogite pour savoir laquelle des deux attitudes il doit utiliser. Disons qu'à côté d'une Senta aux mille nuances (vocales et dramatiques) ça faisait un drôle d'effet.

Non, je parlais bien de la présence dramatique. C'est statique, mais pas inexistant. Je me sens concerné en tout cas quand je l'entends ou le vois.

Après, rien d'original, de subversif ni même d'un tant soit peu expansif, mais d'habitude je ne trouve pas ça absent.


Pour les voix de grande envergure, effectivement, ça peut mettre du temps à se mettre en route... ou alors il s'économise pour pouvoir finir.

DavidLeMarrec a écrit:

poisson a écrit:

Présence vocale?

C'est pas très mobile et surtout il a deux attitudes (à la fois pour l'incarnation vocale et pour le jeu de scène). en plus tu sens qu'il cogite pour savoir laquelle des deux attitudes il doit utiliser. Disons qu'à côté d'une Senta aux mille nuances (vocales et dramatiques) ça faisait un drôle d'effet.

Non, je parlais bien de la présence dramatique. C'est statique, mais pas inexistant. Je me sens concerné en tout cas quand je l'entends ou le vois.

Après, rien d'original, de subversif ni même d'un tant soit peu expansif, mais d'habitude je ne trouve pas ça absent.


Pour les voix de grande envergure, effectivement, ça peut mettre du temps à se mettre en route... ou alors il s'économise pour pouvoir finir.

je suis d'accord, c'était pas du tout absent. c'était juste que c'est très surjoué et très mal joué. mais oui c'était concerné.

EDIT: et surtout sans nuances dramatiques!

en fait je me demande si ce qui me gêne le plus sur le plan dramatique ce n'est pas ses transitions d'une attitude à l'autre. Ou plus précisément le fait qu'on passe d'une attitude à l'autre sans continuité: disons qu'on se dit vraiment qu'il a eu comme consigne de faire telle chose à tel moment, que cinq secondes avant il attend, et qu'il change d'attitude d'instantanément. Avec une palette expressive limitée disons ça rend ça pas très subtil. C'est peut-être à ça que tu pensais en termes de mobilité dramatique? En tout cas oui dramatiquement pas très fluide et pas très nuancé.

Non, je disais juste qu'il était un peu solidement planté sur ses pieds : il bouge peu.

DavidLeMarrec a écrit:

Non, je disais juste qu'il était un peu solidement planté sur ses pieds : il bouge peu.

c'était mon interprétation première mais j'étais pas sûr. mais oui ça aussi.