Les Glottes soviétiques

Vu qu'il n'y a pas de sujet sur Lemeshev, je poste un peu en vrac ici...

Un blog sur la vie de Lemeshev : http://sergeilemeshev.blogspot.fr/
En anglais et dans une mise en page assez ignoble, mais pas mal d'infos et de photos!

Sortie annoncée chez Delos (autant dire très mal distribué... ) d'un récital d'Ildar Abdrazakov :


Au programme :

Rachmaninov, Aleko : Cavatine d'Aleka
Glinka, Ruslan et Ludmila : Scène et Rondo de Farlaf
Glinka, Ruslan et Ludmila : Grande scène de Ruslan
Borodin, Prince Igor : Air d'Igor
Moussorgsky, Boris Godounov : Chanson à boire de Varlaam
Rubinstein, Le Démon : Air du Démon
Tchaikovsky, Eugen Onegin : Air du Prince Grémin
Tchaikovsky, Iolanta : Arioso du Roi René
Glinka[/b], Une Vie pour le Tsar : Air d'Ivan
Prokofiev, Guerre et Paix : Air de Kutuzov
Rimsky-Korsakov, Sadko : Chant du marchand Viking
Moussorgsky, Boris Godounov : Scène du couronnement

Sortie prévue au mois de janvier...

Et bien beau programme je trouve... pas très original pour une basse russe, mais qui est assez varié en termes de sentiments et de situations...

J'ai justement commencé à l'écouter aujourd'hui.

Le profil de ce récital (basses nobles et profondes russes) est un peu à rebours de ses rôles (de basse chantante) sur les scènes. Donc dans Koutouzov, par exemple, il émet un peu en arrière, avec un vibrato lent un peu précoce...

En revanche, la force des incarnations reste admirable – la scène du couronnement de Boris est assez bouleversante (à part le changement vers la section vive, où l'on n'entend pas de changement de caractère).

Bref, du bon et du moins bon, mais quand même un jalon sympa pour l'une des très belles basses actuelles.

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai justement commencé à l'écouter aujourd'hui.

Où ça?? C'est dispo à l'écoute?

Citation :

Le profil de ce récital (basses nobles et profondes russes) est un peu à rebours de ses rôles (de basse chantante) sur les scènes. Donc dans Koutouzov, par exemple, il émet un peu en arrière, avec un vibrato lent un peu précoce...

Pas que quand même... Aleko, Farlaff, Igor, le Démon... c'est de la basse assez haute, presque du baryton (et même chanté par des barytons souvent...)

Citation :

En revanche, la force des incarnations reste admirable – la scène du couronnement de Boris est assez bouleversante (à part le changement vers la section vive, où l'on n'entend pas de changement de caractère).

En même temps, un rôle comme ça... on a tellement de références que difficile d'immédiatement donner quelque chose de complet si rapidement...

Citation :

Bref, du bon et du moins bon, mais quand même un jalon sympa pour l'une des très belles basses actuelles.

Oui, c'est chouette quand même (là j'écoute Aleko, seul morceau trouvé et c'est très bon... juste un peu molasson à l'orchestre )

Polyeucte a écrit:

Où ça?? C'est dispo à l'écoute?

Il faut croire.
Mais je croyais que tu ne voulais jamais écouter avant de recevoir le CD (sinon, je t'aiguille volontiers).

Citation :

Pas que quand même... Aleko, Farlaff, Igor, le Démon... c'est de la basse assez haute, presque du baryton (et même chanté par des barytons souvent...)

Ce sont des basses sans graves, mais leurs tessitures restent globalement assez basses (Igor, par exemple). Effectivement, Aleko et le Démon, c'est plus central.

Mais comme je le disais, je n'ai pas fini d'écouter. Je m'y remets aujourd'hui.

Citation :

En même temps, un rôle comme ça... on a tellement de références que difficile d'immédiatement donner quelque chose de complet si rapidement...

Non, tu verras, c'est un problème de conception générale : à la fin de son introspection, il parle au peuple exactement sur le même ton. Ça ne fonctionne pas, il y a forcément quelque chose qui doit changer.

Citation :

Oui, c'est chouette quand même (là j'écoute Aleko, seul morceau trouvé et c'est très bon... juste un peu molasson à l'orchestre ?)

Oui, l'orchestre n'est pas merveilleux, mais c'est un récital, où il est de toute façon relativement peu essentiel.

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut croire.
Mais je croyais que tu ne voulais jamais écouter avant de recevoir le CD (sinon, je t'aiguille volontiers).

Oui, c'est vrai... je vais attendre un peu...

Citation :

Ce sont des basses sans graves, mais leurs tessitures restent globalement assez basses (Igor, par exemple). Effectivement, Aleko et le Démon, c'est plus central.

Oui, mais on est quand même dans une tessiture de basse chantante je trouve...

Citation :

Non, tu verras, c'est un problème de conception générale : à la fin de son introspection, il parle au peuple exactement sur le même ton. Ça ne fonctionne pas, il y a forcément quelque chose qui doit changer.

Ah oui, donc c'est carrément une "erreur"...

Citation :

Oui, l'orchestre n'est pas merveilleux, mais c'est un récital, où il est de toute façon relativement peu essentiel.

C'est bizarre parce que Orbellian a fait des choses biens des fois avec Hvorostovsky par exemple...

Polyeucte a écrit:

Citation :

Ce sont des basses sans graves, mais leurs tessitures restent globalement assez basses (Igor, par exemple). Effectivement, Aleko et le Démon, c'est plus central.

Oui, mais on est quand même dans une tessiture de basse chantante je trouve...

Oui, clairement. Mais pour quelqu'un qui chante couramment Philippe et Boris, présenter Igor, Grémine (ou le Couronnement) ne flatte pas forcément ses meilleures notes.

Citation :

Citation :

Non, tu verras, c'est un problème de conception générale : à la fin de son introspection, il parle au peuple exactement sur le même ton. Ça ne fonctionne pas, il y a forcément quelque chose qui doit changer.

Ah oui, donc c'est carrément une "erreur"...

Ce n'est pourtant pas possible : il parle russe. Mais oui, il y a de ça, il reste sur le mode introspectif lorsqu'il appelle tout le monde à la fête, c'est très bizarre, je ne m'explique pas ce qu'il voulait faire. On ne peut même pas dire que c'est parce qu'il ne fait que chanter les notes : ce qui précède est très juste et intense.
Il y a sans doute une intention, mais je ne la perçois ni ne me l'explique. Tu me diras si tu as des hypothèses.

Citation :

C'est bizarre parce que Orbellian a fait des choses biens des fois avec Hvorostovsky par exemple...

Et d'excellents extraits de la Dame de Pique, peut-être la meilleure direction au disque !   

Pas vraiment le courage de lancer un sujet sur Sergeï Lemeshev, qui pourtant en mériterait bien un (mais d'autres aussi... comme Mark Reizen par exemple... mais vu le succès des fils sur Kozlovsky et Preobrazhenskaya... un peu de pub au passage ).

J'ai ré-écouté ce disque :


Et je suis toujours sous le charme du programme comme du chanteur! Les mélodies de Tchaikovsky sont d'une beauté sans nom, avec un art de la nuance, une douceur qui sait se faire poignante...
Le duo de Roméo et Juliette est sans doute le sommet de ce disque pour moi... même si les extraits d'opéras sont à se damner comme cet air de Lenski de 1928...

Et puis en plus, la documentation est digne d'un disque LYS (je me demande d'ailleurs si ce n'est pas la reprise d'un disque LYS tant la présentation est similaire!)

Si vous le croisez, je ne peux que vous le recommander!

Un petit mot pour signaler un coffret Georgy Vinogradov :


Le détail des pistes est ici :
http://www.musicweb-international.com/classRev/2004/Feb04/Vinogradov.htm

Depuis le répertoire russe d'opéra ou de la mélodie jusqu'au Lied de Schubert en passant par l'opéra français, la chanson populaire... de tout donc, agencé de manière un peu étrange...

Mais quatre disques vraiment splendides où toute la douceur de ce timbre se dévoile... J'adore!

Polyeucte a écrit:

J'adore!

Mais alors pourquoi s'en attrister ?
Quelque chose qui relèverait de cette espèce de nostalgie douce-amère (pas si loin de la Gemütlchkeit du "monde d'hier" que cultivent encore les Viennois et qui fait, pour moi, une partie du charme inouï des voix "balkaniques" en général, cf. Milanov) alliée à cette sensation sulfureuse d'un fatum immanent/irréductible, enfin, charriée par les voix russes ?

bAlexb a écrit:

Polyeucte a écrit:

J'adore!

Mais alors pourquoi s'en attrister ?
Quelque chose qui relèverait de cette espèce de nostalgie douce-amère (pas si loin de la Gemütlchkeit du "monde d'hier" que cultivent encore les Viennois et qui fait, pour moi, une partie du charme inouï des voix "balkaniques" en général, cf. Milanov) alliée à cette sensation sulfureuse d'un fatum immanent/irréductible, enfin, charriée par les voix russes ?

Parce que souvent le répertoire qu'il chante reste très nostalgique voir même carrément triste.
Toutes ces balades traditionnelles accompagnées à la guitare... Et encore ça me fait encore plus d'effet par Kozlovsky!

Polyeucte a écrit:

Et encore ça me fait encore plus d'effet par Kozlovsky!

Mais ça, j'ai envie de dire que c'est logique, consubstantiel au timbre et à sa manière de le conduire !

bAlexb a écrit:

Mais ça, j'ai envie de dire que c'est logique, consubstantiel au timbre et à sa manière de le conduire !

Bien sûr...

En fait, pour ce même répertoire accompagné à la guitare, Kozlovsky est vraiment tragique là où Vinogradov est plus nostalgique donc... mais dans les deux cas, ces façons de chanter avec douceur, retenue et délicatesse me font vraiment de l'effet. Et vu que les thèmes sont souvent loin d'être très joyeux voilà...

Sinon, il m'a aussi fait découvrir La Belle Meunière... en russe bien sûr!

Dargomijsky, Rusalka : Scène du meunier et du Prince (avec Georgi Nelepp!)
Gounod, Faust : "Le veau d'or", Invocation, Sérénade
Rossini, Il barbiere di Siviglia : La calunnia
Verdi, I Vespri siciliani : "O tu Palermo"
Verdi, Don Carlo : "Ella giammai m' amò"
Verdi, Simon Boccanegra : "Il lacerato spirto"
Wagner, Die Walküre : Adieux de Wotan et Musique du feu magique
Moussorgsky, Boris Godunov : Mort de Boris

Je viens de ré-écouter ce disque. C'est fou la beauté de cette voix, l'aisance aussi bien dans le grave que dans l'aigu, la noblesse dans le style... vraiment dommage que l'on ait pas plus de ses enregistrements notamment dans le répertoire non slave! Un petit Philippe II par exemple! (même en russe...) ou bien sûr un Wotan en entier.
Mark Reizen est un peu de la même eaux que Siepi je trouve : une voix immense, mais aussi un interprète passionnant... quel timbre!

Polyeucte a écrit:

Je viens de ré-écouter ce disque. C'est fou la beauté de cette voix, l'aisance aussi bien dans le grave que dans l'aigu, la noblesse dans le style... vraiment dommage que l'on ait pas plus de ses enregistrements notamment dans le répertoire non slave! Un petit Philippe II par exemple! (même en russe...) ou bien sûr un Wotan en entier.
Mark Reizen est un peu de la même eaux que Siepi je trouve : une voix immense, mais aussi un interprète passionnant... quel timbre!

Et son italien est parfait ! (Non, j'déconne...)

Stefano P a écrit:

Polyeucte a écrit:

Je viens de ré-écouter ce disque. C'est fou la beauté de cette voix, l'aisance aussi bien dans le grave que dans l'aigu, la noblesse dans le style... vraiment dommage que l'on ait pas plus de ses enregistrements notamment dans le répertoire non slave! Un petit Philippe II par exemple! (même en russe...) ou bien sûr un Wotan en entier.
Mark Reizen est un peu de la même eaux que Siepi je trouve : une voix immense, mais aussi un interprète passionnant... quel timbre!

Et son italien est parfait ! (Non, j'déconne...)

Son russe est magnifique! C'est le plus important!
(car oui, tout ceci est chanté en russe bien sûr!)

Sinon il y a une autre disque avec que du répertoire russe!
Et des mélodies russes aussi splendides!

Polyeucte a écrit:

Son russe est magnifique! C'est le plus important!
(car oui, tout ceci est chanté en russe bien sûr!)

Sinon il y a une autre disque avec que du répertoire russe!
Et des mélodies russes aussi splendides!

L'air des Vespri est vraiment fascinant, on ne sait plus si c'est en russe ou en italien ; c'est l'un et l'autre à la fois, j'adore ça !

Stefano P a écrit:

L'air des Vespri est vraiment fascinant, on ne sait plus si c'est en russe ou en italien ; c'est l'un et l'autre à la fois, j'adore ça !

Comment ça? Il le chante bien en russe non?

Polyeucte a écrit:

Stefano P a écrit:

L'air des Vespri est vraiment fascinant, on ne sait plus si c'est en russe ou en italien ; c'est l'un et l'autre à la fois, j'adore ça !

Comment ça? Il le chante bien en russe non?

Non, non, il chante en italien !

Honte sur moi... je ne devais pas être trop attentif quand je l'ai ré-écouté...
C'est vrai que le Barbier, Les Vêpres et Don Carlo son en italien!! Mais bon, l'accent n'aide pas il faut l'avouer!

Désolé...

Je suis pas connaisseur de la glotte, mais j'aime bien une fois de temps à autres.
J'ai beaucoup aimé ce disque et cet interprète que je ne connaissais pas.

Pour le coup, j'enchaine...

Des glottes ex soviétiques qui passeront 3 semaines 1/2 en France du 29 mars au 21 avril :

https://lyriqueinfo.blogspot.com/2019/02/le-choeur-alexandrov-arrive-en-france.html

VERDI
Attila · Don Carlo · Nabucco · Simon Boccanegra · Ernani · I Vespri Siciliani · Luisa Miller · Oberto, Conte Di San Bonifacio · Macbeth

Yannick Nézet-Séguin
Ildar Abdrazakov
Orchestre Métropolitain de Montréal

Bon, ben ça confirme un peu ce qu'était son Philippe II à Bastille : la voix se perd en rondeur et manque vraiment d'aisance et de prestance... la prise de son n'aide vraiment pas car il est loin du micro... avec un vibrato pas très beau...
Décevant...
(ah... et on a Villazon qui joue les utilités! )

Pas osé écouter, malgré la traversée intéressante (j'ai réécouté Oberto récemment et c'est un très grand opéra). La voix, belle par ailleurs, manque vraiment de mordant et de franchise pour être efficaec dans du Verdi…

Polyeucte a écrit:

(ah... et on a Villazon qui joue les utilités! )

Lerma, Uldino, Paolo, Wurm ?

DavidLeMarrec a écrit:

Pas osé écouter, malgré la traversée intéressante (j'ai réécouté Oberto récemment et c'est un très grand opéra). La voix, belle par ailleurs, manque vraiment de mordant et de franchise pour être efficaec dans du Verdi…

Voilà... autant son Philippe II avec Noseda au TCE avait été magnifique... autant depuis je suis un peu déçu par ce que j'entends. La voix semble partir en arrière... toute en résonance mais du coup sans aucun métal...

Citation :

Polyeucte a écrit:

(ah... et on a Villazon qui joue les utilités! )

Lerma, Uldino, Paolo, Wurm ?

Les petits rôles de ténor pour Attila, Nabucco... en gros, il a trois phrases à chaque fois!

Ah oui, Uldino (j'avais bon !) et Abdallo, pour lancer les cabalettes.

Ce sont deux interventions minuscules, mais très belles.

Polyeucte a écrit:

Voilà... autant son Philippe II avec Noseda au TCE avait été magnifique... autant depuis je suis un peu déçu par ce que j'entends. La voix semble partir en arrière... toute en résonance mais du coup sans aucun métal...

Oui, c'est tout en arrière. Donc de près, superbes moirures. De loin, minuscule, aucun impact. Et ça s'entend de plus en plus en retransmission, je trouve : il n'arrive pas à mordre ni à multiplier les nuances, il est techniquement un peu enclavé. Dommage, bien belle voix et belle sensibilité. Il a sans doute de belles choses à faire ailleurs que dans Verdi, mais le système étant ce qu'il est, comme il est célèbre on va lui proposer le répertoire le plus célèbre, et pas forcément le plus adapté.

DavidLeMarrec a écrit:

Oui, c'est tout en arrière. Donc de près, superbes moirures. De loin, minuscule, aucun impact. Et ça s'entend de plus en plus en retransmission, je trouve : il n'arrive pas à mordre ni à multiplier les nuances, il est techniquement un peu enclavé. Dommage, bien belle voix et belle sensibilité. Il a sans doute de belles choses à faire ailleurs que dans Verdi, mais le système étant ce qu'il est, comme il est célèbre on va lui proposer le répertoire le plus célèbre, et pas forcément le plus adapté.

Je ne sais même pas si en russe par exemple ça sonnerait mieux. Je n'avais pas vu son Boris à Bastille...
Mais clairement la voix a changé depuis quelques années...

Oui, c'est pas que ce soit mal chanté, mais c'est sans saveur ni couleur ; ça se déroule imperturbablement sans qu'on se sente impliqué, et très vite, on finit par s'emm... sérieusement. Quand il chante Je dormirai dans mon manteau royal, on a l'impression qu'il a en fait déjà commencé la sieste depuis un bon moment... On se demande vraiment l'intérêt de ce genre de CD dans un répertoire hyper connu où il y a déjà beaucoup mieux ! Il y a en tout cas un côté rigolo dans les micro-apparitions de Villazon qui surgit par moments comme un diablotin de sa boîte pour lancer trois mots ou deux petites phrases...