Mes deux premiers opéras de Janacek (les seuls en fait) sont De la Maison des morts et Jenufa, il y a bien 40 ans
J'ai ensuite développé une grande attirance pour sa musique symphonique. Pour son langage, quoi.
J'ai par la suite tiédi et mes ardeurs de sont limitées à des représentations radio ou télédiffusées de ses opéras ainsi qu'aux disques de la Messe Glagolitique. J'ai aimé De la Maison des morts dans la version Boulez/Chéreau, mais n'y ai pas trouvé le parfum entêtant de la vieille version Supraphon.
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J'ai revisité
Jenufa (Mackerras et Jilek) et j'attends la version anglaise sur Chandos.
J'ai lu ici beaucoup de commentaires et contre-commentaires sur les liens entre Puccini et Janacek. Ce lien - ou du moins celui avec le vérisme - est indéniable. Les drames de la jalousie (Carmen, Il Tabarro, Cavalleria Rusticana) sont communs dans le théâtre de la fin du XIXème. Avec Suor Angelica Puccini a abordé de front le drame de la mort d'un enfant (Faust ne compte pas). À ma connaissance Jenufa est le premier opéra
moderne dans ce sens, surtout qu'il se résout par le meurtre de l'enfant, sacrifice "nécessaire" pour assurer le bonheur du couple.
La fin est ambiguë. Il y a une fin 'musicale' alors que la Kostelnicka est emmenée vers son destin. Bang, bang, BANG. Puis suit un ultime duo entre Jenufa et Laca qui, en 3-4 minutes à peine procure un
happy end à l'action, avec une seconde suite d'accords bang-bang-BANG
Où Janacek comptait-il terminer son opéra ? Je n'ai pas de lien ou de détail quant à la pièce de Gabriela Preissova. Mais, même si celle-ci incluait le
happy end, rien n'empêche Janacek d'avoir conclu l'arrestation de la Kostelnicka comme s'il s'agissait de la
vraie fin de l'opéra, avant d'y greffer une 'seconde fin' plus heureuse et conventionnelle.
On aurait alors une fin à la Turandot (1926), avec ses deux dénouements (la mort de Liu, tragique et en mineur (là où Puccini est mort) suivie dans la mouture finale d'Alfano de la conquête de Turandot par Calaf, en majeur.
En résumé: une oeuvre dramatique 'de son temps', assez moderne, servie par une musique tonale essentiellement lyrique (autre lien avec Puccini), mais 'parlée' musicalement dans une langue jusqu'alors inconnue.
Comme si Gauguin n'était connu que de sa période polynésienne, avec zéro référence à sa période bretonne.