Francesca da Rimini-Zandonai

J'ai bien envie de découvrir cet opéra. Je pense me tourner vers cette version qui est paraît il remarquable :


Qu'en pensez vous? Quelles autres versions connaissez vous?

Je vais peut être faire un bide avec l'ouverture de ce fil car cet opéra est loin d'être le plus connu qui soit. Il n'y a qu'une seule version de studio datant de 1987 et publiée chez RCA à l'époque mais je crois qu'elle est difficilement trouvable : version de Maurizio Arena dirigeant l'Orchestre et les Choeurs de la Radio de Bulgarie avec Raina Kabaivanska, William Matteuzzi et Matteo Manuguerra dans les 3 rôles principaux.

On en avait parlé notamment ici: https://classik.forumactif.com/general-f1/compositeurs-italiens-fin-xixieme-debut-xxieme-t2546-20.htm

Xavier a écrit:

On en avait parlé notamment ici: https://classik.forumactif.com/general-f1/compositeurs-italiens-fin-xixieme-debut-xxieme-t2546-20.htm

J'ai vu cela et j'ai noté que tu as aimé. Cela m'étonne ce que tu dis à propos de Scotto et MacNeil en terme d'acteurs. Scotto est une immense tragédienne et MacNeil se débrouille très bien. Je viens de voir sur le tube la scène finale et même si je n'ai pas entendu grand chose à cause de la qualité du son, cela m'a donné envie de découvrir cet opéra qui semble superbe au niveau de l'inspiration mélodique.

aurele a écrit:

Cela m'étonne ce que tu dis à propos de Scotto et MacNeil en terme d'acteurs. Scotto est une immense tragédienne et MacNeil se débrouille très bien.

Je ne me souviens plus trop, ce n'est peut-être pas mauvais, mais tu sais comment c'est en DVD, avec les gros plans, les défauts de jeu apparaissent bien vite...

aurele a écrit:

Je viens de voir sur le tube la scène finale et même si je n'ai pas entendu grand chose à cause de la qualité du son, cela m'a donné envie de découvrir cet opéra qui semble superbe au niveau de l'inspiration mélodique.

C'est surtout d'un point de vue harmonique et orchestral que ça me semble supérieur aux italiens habituels. (et peut-être même à Puccini)

Il paraît que Callas adorait le personnage de Francesca mais que son contrat pour le rôle à La Scala avait été annulé. Elle avait dû être furieuse.

Il existe un enregistrement de La Scala du 04 juin 1959 sous la direction de Gavazzeni avec Magda Olivero et Mario Del Monaco dans les rôles des deux amants.
Elle est disponible chez Myto. Cependant, je pense que je vais privilégier le DVD du Met car je n'aime pas tellement Olivero et Del Monaco. En revanche, Domingo et Scotto font partie des artistes que j'admire le plus.

aurele a écrit:

Il paraît que Callas adorait le personnage de Francesca mais que son contrat pour le rôle à La Scala avait été annulé. Elle avait dû être furieuse.

J'ai trouvé une explication à cette annulation dans le numéro de l'ASO consacré à cet opéra qui vient de sortir. J'ai pu consulter ce numéro en bibliothèque. C'est à cause du scandale de sa Norma romaine de 1958. C'est donc pour une raison diplomatique qu'elle n'a pas chanté le rôle.
J'ai regardé surtout la discographie et vidéographie comparée de cet opéra. Il y a une excellente critique de la version du Met en DVD avec Scotto, Domigo et MacNeil. Cela m'a donné encore plus envie d'acheter ce DVD pour découvrir l'oeuvre.

Tu te rappelles du nom du critique qui a fait la discographie ?

Francesco a écrit:

Tu te rappelles du nom du critique qui a fait la discographie ?

C'est visiblement quelqu'un qui a des origines italiennes qui a fait cette discographie/vidéographie comparée : Sandro Cometta. Je connaissais pas du tout ce critique. Je n'ai pas pris de notes sur ce qu'il a écrit mais je me souviens qu'il est enthousiaste par rapport à la version DVD du Met.

Ce DVD est une grande réussite, l'oeuvre est superbe, n'hésite pas !

Cornélius a écrit:

Ce DVD est une grande réussite, l'oeuvre est superbe, n'hésite pas !

Il paraît que tout est génial dans ce DVD : décors, costumes, mise en scène, direction musicale et interprètes (en tout cas pour les 3 rôles principaux). C'est ce qui ressort de la critique lue dans l'ASO.

aurele a écrit:

Cornélius a écrit:

Ce DVD est une grande réussite, l'oeuvre est superbe, n'hésite pas !

Il paraît que tout est génial dans ce DVD : décors, costumes, mise en scène, direction musicale et interprètes (en tout cas pour les 3 rôles principaux). C'est ce qui ressort de la critique lue dans l'ASO.

Les décors et costumes font penser à des tableaux prérapahélites, Renata Scotto est une fantastique actrice, Mc Neil est saisissant (son entrée en scène donne froid dans le dos! ...) Domingo est dans sa meilleure époque et dans son exact emploi.
Et puis surtout, l'oeuvre est superbe!...
Une réussite totale!...

aurele a écrit:

Il existe un enregistrement de La Scala du 04 juin 1959 sous la direction de Gavazzeni avec Magda Olivero et Mario Del Monaco dans les rôles des deux amants.
Elle est disponible chez Myto. Cependant, je pense que je vais privilégier le DVD du Met car je n'aime pas tellement Olivero et Del Monaco. En revanche, Domingo et Scotto font partie des artistes que j'admire le plus.

J'ai le CD avec Olivero / Del Monaco et le DVD avec Domingo / Scotto.
J'ai préféré le CD malgé le chant un peu daté d'Olivero et puis la voix de Scotto, je n'y arrive pas !!
Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

Martine a écrit:

Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

La critique de l'ASO est très négative par rapport à Del Monaco. D'après le critique, il n'a rien compris au rôle en chantant cela en force, en se reposant uniquement sur son gosier.

aurele a écrit:

Martine a écrit:

Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

La critique de l'ASO est très négative par rapport à Del Monaco. D'après le critique, il n'a rien compris au rôle en chantant cela en force, en se reposant uniquement sur son gosier.

Del Monaco ne chante pas Paolo en force : il le chante avec sa voix. Et vocalement Domingo fait très freluquet à côté. En plus, le rôle n'est pas très difficile à comprendre.
Il n'y a pas de "poètes" dans cette histoire.

Il paraît qu'il y a des moments de lyrisme. Del Monaco ne rend que le côté "guerrier" du personnage d'après la critique que j'ai lu.

aurele a écrit:

Il paraît qu'il y a des moments de lyrisme. Del Monaco ne rend que le côté "guerrier" du personnage d'après la critique que j'ai lu.

C'est la critique habituelle concernant Del Monaco. Son Paolo est bougrement bien chanté et très excitant à attendre.

Martine a écrit:

aurele a écrit:

Il existe un enregistrement de La Scala du 04 juin 1959 sous la direction de Gavazzeni avec Magda Olivero et Mario Del Monaco dans les rôles des deux amants.
Elle est disponible chez Myto. Cependant, je pense que je vais privilégier le DVD du Met car je n'aime pas tellement Olivero et Del Monaco. En revanche, Domingo et Scotto font partie des artistes que j'admire le plus.

J'ai le CD avec Olivero / Del Monaco et le DVD avec Domingo / Scotto.
J'ai préféré le CD malgé le chant un peu daté d'Olivero et puis la voix de Scotto, je n'y arrive pas !!
Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

Suffit d'écouter la scène "Benvenuto Signore mio cognato", son air "Inghirlandata di violette", la lecture, son "No! Continuate!" et la fin pour comprendre que Del Monaco était Paolo.
Il incarne le personnage Dantesque tout en lui donnant la poésie voulue par D'Annunzio.
Son "Ma sol vidi una rosa" est superbe, quel hommage à D'Annunzio, à l'Italie et à l'Adriatique.
Domingo est un très beau Paolo également mais moins héro(t)ique que Marione.

aurele a écrit:

Martine a écrit:

Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

La critique de l'ASO est très négative par rapport à Del Monaco. D'après le critique, il n'a rien compris au rôle en chantant cela en force, en se reposant uniquement sur son gosier.

La critique de l'ASO......
Faut se forger une opinion sur base de ses critères personnels et non sur base de la lecture d'une critique plus ou moins crédible et souvent élaborée de façon obséquieuse ou lapidaire suivant les cas.

Martine a écrit:

aurele a écrit:

Martine a écrit:

Domingo et Del Monaco se valent mais la voix de Del Moncao a un tel sex appeal ...

La critique de l'ASO est très négative par rapport à Del Monaco. D'après le critique, il n'a rien compris au rôle en chantant cela en force, en se reposant uniquement sur son gosier.

Del Monaco ne chante pas Paolo en force : il le chante avec sa voix. Et vocalement Domingo fait très freluquet à côté. En plus, le rôle n'est pas très difficile à comprendre.
Il n'y a pas de "poètes" dans cette histoire.

Freluquet, je ne dirais pas. Dans cet emploi Domingo est très digne, sa zone centrale étoffée, son timbre, son urgence, etc... rendent justice au pesonnage de Paolo. Certes comparé à Del Monaco..... un poids lourd face à un super lourd....
La différence est que Domingo incarne un personnage humain, Del Monaco un personnage Dantesque imprégné de la sensualité que l'on retrouve dans la poésie de D'Annunzio (magnifique!).
Suffit de voir les illustrations de Gustave Doré dans la Divine Comédie de Dante, pour comprendre où se situe le Paolo de Del Monaco. C'est d'ailleurs Zandonai en personne qui enseigna le rôle au jeune Del Monaco en 1939.
Pour ce qui est de la soirée à la Scala c'est la Callas qui devait chanter ce soir-là..... les raisons de son remplacement par Olivero restent obscures mais à mon avis elles tiennent sur deux points :
1) en 1959; la Callas avait commencé son déclin,
2) elle était en disgrâce (depuis logtemps) auprès du sovrintendente Ghiringhelli

De plus le scandale de la Norma romaine de 1958 était encore trop présent.....

Un document très émouvant: Magda Olivero chantant un bref extrait de Francesca à l'âge de 99 ans:

https://www.youtube.com/watch?v=0qQqsyPPRhM

Cornélius a écrit:

Un document très émouvant: Magda Olivero chantant un bref extrait de Francesca à l'âge de 99 ans:

https://www.youtube.com/watch?v=0qQqsyPPRhM

C'est marrant de voir que cette dame souvent critiquée pour son timbre et son émission si particuliers s'est accrochée sur les scènes jusqu'à un âge avancé....
Elle est toujours de ce monde à 100 ans.

Auguri Signora Magda!

C'est un phénomène cette femme. Elle dégage quelque chose qui dépasse les critères musicaux et vocaux habituels.

La voici à 87 ans:

/watch?v=Gysz7lTndE4&feature=related

Très émouvant! Sa voix a un grand pouvoir d'évocation.

Vocalement, on tient (au moins pour Francesca) une captation qui vaut son pesant de sucettes, avec le dvd Dessi/Armiliato :

http://www.classiquenews.com/voir/lire_chronique_dvd.aspx?id=978

Moi je suis infiniment client du timbre lui-même (pulpeux entre tous), de ce lyrisme décomplexé et de la tenue générale de la dame. Sans doute l'une des plus à même de rendre justice au rôle aujourd'hui, sur le fond et sur la forme.

Je te signale, également, deux intégrales live : la première captée en 61 à Trieste avec Gencer dirigée par Capuana (elle, sulfureuse ; mais Cioni est un peu en-dessous quand même) ; la seconde de 71 (Catania) avec Souliotis sous la direction d'Olivero de Fabritiis. La voix est captée dans un bon soir et la Francesca de Souliotis est à se mettre à genoux de lyrisme bouillonnant. Peut-être mon enregistrement pour l'île déserte, devant la version Olivero 59 ; l'artiste est immense, la musicienne impeccable, mais la séduction naturelle de Souliotis (très en-deçà de sa devancière sur le plan de la lettre seule) m'embarque sans réserve.

bAlexb a écrit:

Vocalement, on tient (au moins pour Francesca) une captation qui vaut son pesant de sucettes, avec le dvd Dessi/Armiliato :

http://www.classiquenews.com/voir/lire_chronique_dvd.aspx?id=978

Moi je suis infiniment client du timbre lui-même (pulpeux entre tous), de ce lyrisme décomplexé et de la tenue générale de la dame. Sans doute l'une des plus à même de rendre justice au rôle aujourd'hui, sur le fond et sur la forme.

Je te signale, également, deux intégrales live : la première captée en 61 à Trieste avec Gencer dirigée par Capuana (elle, sulfureuse ; mais Cioni est un peu en-dessous quand même) ; la seconde de 71 (Catania) avec Souliotis sous la direction d'Olivero de Fabritiis. La voix est captée dans un bon soir et la Francesca de Souliotis est à se mettre à genoux de lyrisme bouillonnant. Peut-être mon enregistrement pour l'île déserte, devant la version Olivero 59 ; l'artiste est immense, la musicienne impeccable, mais la séduction naturelle de Souliotis (très en-deçà de sa devancière sur le plan de la lettre seule) m'embarque sans réserve.

Elena Souliatis, en dépit d'une carrière météorique, avait un timbre ensorcelant comme il y en a peu.
Sur le plan de la sensualité, c'est de la bombe.

Merci pour vos commentaires à tous. Personne n'a cité Raina Kabaivanska pour le moment. Il paraît que la version de studio n'est pas la meilleure pour la découvrir dans ce rôle d'après la critique de l'ASO. En effet, cela trahit un certain nombre de limites vocales. Je n'ai pas le numéro sous les yeux mais c'est ce que j'ai lu.
Radames, que penses tu du DVD du Met si tu le connais?

aurele a écrit:

Merci pour vos commentaires à tous. Personne n'a cité Raina Kabaivanska pour le moment. Il paraît que la version de studio n'est pas la meilleure pour la découvrir dans ce rôle d'après la critique de l'ASO. En effet, cela trahit un certain nombre de limites vocales. Je n'ai pas le numéro sous les yeux mais c'est ce que j'ai lu.
Radames, que penses tu du DVD du Met si tu le connais?

Ce que je connais de Kabaivanska dans le rôle, c'est malheureusement tardif ; avec tout ce que cela implique (et... complique !).

Kabaivanska chantait encore le rôle en 1995 au Teatro Massimo de Palerme. Quel est le témoignage tardif dans lequel tu la connais? Il faut privilégier d'après ce que j'ai pu lire dans l'ASO de live de Carnegie Hall de 1973 dirigé par Eve Queler avec Domingo et Manuguerra notamment ou celui du Teatro Filarmonico de Verone de 1980 avec Franco Tagliavini et Felice Schiavi. Le chef est Maurizio Arena. Francesca a été l'un de ses rôles fêtiches, c'est pour cela que je demandais si vous la connaissiez dans le rôle.

aurele a écrit:

Kabaivanska chantait encore le rôle en 1995 au Teatro Massimo de Palerme. Quel est le témoignage tardif dans lequel tu la connais? Il faut privilégier d'après ce que j'ai pu lire dans l'ASO de live de Carnegie Hall de 1973 dirigé par Eve Queler avec Domingo et Manuguerra notamment ou celui du Teatro Filarmonico de Verone de 1980 avec Franco Tagliavini et Felice Schiavi. Le chef est Maurizio Arena. Francesca a été l'un de ses rôles fêtiches, c'est pour cela que je demandais si vous la connaissiez dans le rôle.

Parfaitement d'accord pour ce qui concerne l'enregistrement de Queler, même si... Queler reste une baguette très générique ; ici particulièrement (toute la finesse de la trame, les dynamiques, les touffeurs, les lignes bandées, graphiques etc. lui échappent, à mon sens).

Pour les enregistrements tardifs, je pensais à une captation de 87 à Sofia, direction Arena avec Matteuzzi et Manuguerra (lui, surtout, est magnifique de couleurs profuses). Je ne te le recommande pas ; l'automne de Kabaivanska étant moins clément que ceux de certaines de ses consoeurs qui ont gardé longtemps la séduction de la ligne et des couleurs d'une sensibilité folle dans leurs années de maturité.

aurele a écrit:

Radames, que penses tu du DVD du Met si tu le connais?

Beaucoup de bien! Belle mise en scène, beaux costumes, beau chant, bon jeu scénique, etc...
Bref une belle réussite d'ensemble.

J'ai commandé le live du Met en DVD. Je devrais le recevoir peu avant noël.

J'ai déjà reçu le live du Met que je visionnerai prochainement.

Personne n'a parlé de la Francesca de Ilva Ligabue. Dans l'ASO, les commentaires à son égard dans mon souvenir sont très positifs et enthousiastes. Il existe deux enregistrements :
_enregistrement radiophonique de la RAI de Rome de 1958 dirigé par Nino Sanzogno avec notamment Mirto Picchi en Paolo, Aldo Protti en Gianciotto et Piero de Palma en Malatestino.
_live 1976 dirigé par Nello Santi, Orchestre National de France avec en particulier Ruggero Bondino en Paolo, Aldo Protti en Gianciotto et Michel Sénéchal en Malatestino.


Si vous connaissez l'une ou l'autre de ces versions voire les deux, ce serait très sympathique que vous fassiez part de ce que vous en aviez pensé.

J'ai regardé la grande scène entre Francesca et Paolo de l'Acte III commençant à "Benvenuto, signore mio cognato". C'est très prometteur. Je regarderai la suite plus tard car je dois faire autre chose ce soir.

Ligabue est tout simplement l'un des plus beaux sopranos verdiens du vingtième siècle pour moi. Le timbre est magnifique, la technique sûre et l'expression assez belle. Quelque chose de modeste et de chaleureux que j'aime beaucoup.

DavidLeMarrec a écrit:

Ligabue est tout simplement l'un des plus beaux sopranos verdiens du vingtième siècle pour moi. Le timbre est magnifique, la technique sûre et l'expression assez belle. Quelque chose de modeste et de chaleureux que j'aime beaucoup.

Ilva Ligabue tout comme Gabriella Tucci sont de magnifiques sopranos restées en retrait en raison de la lourde concurrence de l'époque...
Aujourd'hui il en serait autrement.
C'est clair que la voix de la Ligabue touche par son humilité et sa chaleur.
Grande dame.

Je partage en tout point ce constat.

DVD du Met :

La direction de Levine est d'une très grande qualité, il rend bien les différentes atmosphères de l'oeuvre.

Scotto est fascinante dès son entrée. L'actrice est remarquable, tout passe par les mots et l'expressivité du visage (les regards en particulier). Elle rend bien la froideur du personnage vis à vis de Paolo quand celle-ci l'est en tout cas, sa terreur qui apparaît à plusieurs reprises, son côté passionné, etc... La rencontre entre Francesca et Paolo est magnétique (je rappelle qu'ils ne se parlent pas, tout passe par les regards). La scène d'amour du IIIe acte est un des sommets de l'oeuvre et c'est intense évidemment avec Scotto et Domingo. La confrontation avec Malatestino au IVe acte est électrisante. Scotto est géniale sur le plan dramatique si on devait résumer. Sur le plan vocal, je suis un peu plus réservé. On est en 1984 et j'ai du mal avec certains aigus très tirés et acides. Cela rend malheureusement le texte flou par moments. Or, la diseuse est incroyable et par moments, on ne peut s'en rendre compte. Il y a de superbes allègements (demi-teintes, voix qui devient presque un souffle), c'est ce qui fait le prix aussi de son interprétation. Je ne sais pas si c'est demandé dans la partition. Les nuances sont merveilleuses avec elle. On a tout de même une grande intensité sur le plan vocal.

Domingo est un très beau Paolo dans l'ensemble. Au début de l'acte II, son "Paolo" est magnifique. Il rend bien l'ardeur guerrière du personnage et son côté passionné, fou d'amour. La voix est néanmoins un peu nasale et engorgée par moments. Dans la scène d'amour à l'acte III, il se laisse aller à quelques effets outranciers propre au vérisme, cela me gêne un peu. Néanmoins, il met beaucoup d'intensité dans son interprétation du rôle.

MacNeil a une voix usée avec un vibrato de plus en plus important. Néanmoins, il est redoutable et a une présence scénique incroyable. Le style est peu châtié mais cela correspond bien à ce rôle. Il faut une aisance incontestable dans les aigus dans ce rôle, ce que MacNeil avait incontestablement. Néanmoins, cela vient un peu tard pour lui et il y a des tensions donc.

William Lewis est très bien en Malatestino. Il a chanté beaucoup de rôles de premier plan au Met. Au IVe acte, il s'affirme sur le plan dramatique, ce qui rend la confrontation avec Scotto géniale ainsi que tout le reste de l'Acte. C'est un véritable "serpent". La dimension lubrique et brutal du personnage est parfaitement rendu. La voix évidemment n'est pas très séduisante mais ce n'est pas tellement un problème pour ce rôle.

Nicole Lorange a une voix peu séduisante mais est touchante dans les adieux à sa soeur. La prononciation est assez floue. Elle a chanté quelques rôles de premier plan au Met (en tournée notamment avec la troupe du Met) comme Cio-Cio-San, Adriana Lecouvreur et Santuzza.

Isola Jones a un timbre assez proche de celui de Verrett mais qui est moins intéressant. Elle est bien dans le rôle de Smaragdi, l'esclave de Francesca.

Les suivantes ont des voix sans séduction particulière en dehors de Natalia Rom qui est Biancofiore, la servante préférée visiblement de Francesca et qui le droit à une scène avec elle au IVe acte.

Le reste de la distribution est honorable.

La mise en scène de Pietro Faggioni est très réussie. Les décors d'Ezio Frigerio et les costumes de Franca Squarciapino sont magnifiques dans l'ensemble et correspondent très bien à l'ambiance de l'oeuvre et aux personnages. On ne peut pas dire que le costume de Gianciotto est magnifique par exemple mais il correspond parfaitement au personnage. C'est un exemple.

NOuveauté chez CPO :


Christina Vasileva, Martin Mühle, Juano Orozco, Kim-Lillian Strebel, Sally Wilson
Vokalensemble der Hochschule für Musik Freiburg
Philharmonisches Orchester Freiburg
Fabrice Bollon

Sortie prévue le 25 novembre à la FNAC