Le "jazz-rock" au sens large (des années 60 à nos jours)

Weather Report : Heavy Weather (77)



Le best-seller de Weather Report.
Le son devient luxueux, voire clinquant et la mièvrerie n'est pas loin (le très sirupeux A Remark You Made). Reste quelques jolies compos comme The Juggler (qui sonne comme une sorte d' Happy The Man tropical), l'épique Havona, les ludiques Teen Town et Palladium sans oublier le hit Birdland.

Dans l'absolu un album de très bonne facture, même si on se prend à regretter la poésie envoutante de la période Vitous/Johnson. Contrairement à ce que dit la légende, l'ère Jaco Pastorius est loin d'être la plus remarquable du groupe...

Weather Report : Night Passage (80)



Après l'insipide Mr Gone. Le bulletin météo redresse la barre avec cet excellent Night Passage.

La sonorité d'ensemble est plus dépouillée, plus jazz. La reprise du Rockin' in the Rhythm de Duke Ellington , n'est pas fortuite.

Si Dream Clock reconduit les options sirupeuses d'un A Remark you Made, le morceau-titre, Point of Entry avec sa coda fulgurante ou encore l'ambitieux Madagascar prouvent que le gang de Zawinul a encore des choses à dire.

Fast City constitue le sommet du disque : les solistes traversent la grille complexe de cet "hyper-bop" fulgurant avec une virtuosité enthousiasmante.

arnaud bellemontagne a écrit:

Weather Report : Night Passage (80)



Après l'insipide Mr Gone. Le bulletin météo redresse la barre avec cet excellent Night Passage.

La sonorité d'ensemble est plus dépouillée, plus jazz. La reprise du Rockin' in the Rhythm de Duke Ellington , n'est pas fortuite.

Si Dream Clock reconduit les options sirupeuses d'un A Remark you Made, le morceau-titre, Point of Entry avec sa coda fulgurante ou encore l'ambitieux Madagascar prouvent que le gang de Zawinul a encore des choses à dire.  

Fast City constitue le sommet du disque : les solistes traversent la grille complexe de cet "hyper-bop" fulgurant avec une virtuosité enthousiasmante.  

Mon préféré.
Pastorius y est magistral.

C'est vrai que c'est un bon cru.
Mais tu le préfères quand même aux albums de la période Miroslav Vitous/Alfonso Johnson?

Je ne suis plus très sur, mais mon classement (s'il en faut un) ressemblerait à peu près à ça.

Night Passage
Mysterious Traveller
Heavy Weather                                                
Black Market
Sportin' Life

Ce n'est que mon goût, plutôt Fusion avec Mysterious qui est un peu l'intrus (l'album de transition).

Sans détester, j'apprécie moins le début très (trop) planant.

Pour ma part ce serait :

Mysterious Traveller
Black Market
I Sing The Body Electric
Tale Spinnin'
First Album
Sweetnighter
Heavy Weather
Night Passage
Domino Theory
Procession

Et ceux que je trouve franchement dispensables : Mr Gone, Weather Report (82), Sportin' Life, This is This.

J'oubliais de citer le merveilleux Live In Tokyo.

arnaud bellemontagne a écrit:

Pour ma part ce serait :

Mysterious Traveller
Black Market
I Sing The Body Electric
Tale Spinnin'
First Album
Sweetnighter
Heavy Weather
Night Passage
Domino Theory
Procession

Et ceux que je trouve franchement dispensables : Mr Gone, Weather Report (82), Sportin' Life, This is This.

J'oubliais de citer le merveilleux Live In Tokyo.

Comme quoi, malgré nos gouts qui différent,on arrive à se rejoindre sur 3 ou 4 disques .

Metheny en pleine plénitude.

C'est ton disque préféré du PMG ?

arnaud bellemontagne a écrit:

C'est ton disque préféré du PMG ?

En fait, pas du tout .

Je l'ai mis hier soir et j'ai posté dès le premier titre que j'aime bien. Et mon petit cerveau a fait le reste.
Ce n'est pas un excellent disque, mais je l'aime bien...Nostalgie.

Je me doutais que tu relèverais .

Ce serait plutôt

Mon préféré est (et ça ne te surprendra pas) The Way Up que j'aime follement.  

Et le tien?

arnaud bellemontagne a écrit:

Mon préféré est (et ça ne te surprendra pas) The Way Up que j'aime follement.  

Et le tien?

Comme le prouve mon post précédent, j'ai une sérieuse révision à faire sur le PMG.
Néanmoins, je pense pouvoir écrire que"The Way Up" est, également, un de ceux que j'apprécie le plus.

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Esagono : Vicolo (76)



Magnifique disque de jazz-rock italien dans la lignée du Bella Band, Arti et Mestieri*, Maxophone, donc une musique pleine de couleurs et de pittoresque.


@Benedictus, @Barbajuan, @Melomaniac : c'est à écouter



*Le bassiste est de l'aventure Esagono.

Sukellusvene : Vesi Ja Lintumusiikkia (79)



Wahou!


Une musique inspirée de bout en bout avec un sens mélodique typiquement scandinave proche d'une certaine musique progressive des années 70 (un petit côté Pekka Pohjola dans le jeu du bassiste).


Un chef d'œuvre venu de nulle part (il y a 3 jours je n'avais jamais entendu parler de cette formation finlandaise).      

A noter que l'un des deux bonus tracks est le Sea Journey de Corea (que l'on retrouve sur le très beau Passengers de Gary Burton et sur Children of Forever, le premier album de Stanley Clarke)

@Benedictus, @Barbajuan, @Melomaniac, @Emeryck, @Tartatane : un indispensable.      

On continue dans la catégorie chef d'œuvre :

Miles Davis : Filles de Kilimandjaro (68)




A part Mademoiselle Mabry que je trouve un poil trop étendu, c'est du 5 étoiles à tous les étages.
La musicalité insolente de Tony Williams n'y est sans doute pas pour rien (sa science inouïe des dynamiques et de la ponctuation sur Tout de suite ).

Un album que je n'ai à recommander à personne vu que tout le monde le connaît.

Citation :

A part Mademoiselle Mabry que je trouve un poil trop étendu, c'est du 5 étoiles à tous les étages.

C'est vrai, tu ne l'aimes pas?
En effet, il traine un peu, mais personnellement, je le trouve irrésistible et marquant.

Je ne le déteste pas mais je le trouve moins substantiel que le morceau-titre, Tout de suite ou Petits machins.

D'ailleurs c'est un dégagement sur The Wind Cries Mary de Hendrix, c'est ça?

arnaud bellemontagne a écrit:

Je ne le déteste pas mais je le trouve moins substantiel que le morceau-titre, Tout de suite ou Petits machins.

D'ailleurs c'est un dégagement sur The Wind Cries Mary de Hendrix, c'est ça?

En effet, il y a bien utilisation de la montée chromatique Eb E F, mais j'avoue ne jamais avoir fait le rapprochement .

Thelonious a écrit:

Citation :

A part Mademoiselle Mabry que je trouve un poil trop étendu, c'est du 5 étoiles à tous les étages.

C'est vrai, tu ne l'aimes pas?
En effet, il traine un peu, mais personnellement, je le trouve irrésistible et marquant.

Et puis le jeu de Tony Williams y est moins notable AMHA.

Kaleidon : Free Love (73)




Jazz-rock italien dominé par un saxophone volubile et un Fender Rhodes omniprésent entre Weather Report première période (la magie des atmosphères en moins) et le Soft Machine de Fourth/Fifth ( sans la force des thèmes).

Sympathique à défaut d'être bouleversant.  

arnaud bellemontagne a écrit:

Sukellusvene : Vesi Ja Lintumusiikkia (79)

J'écoute en boucle depuis hier et c'est franchement excellent

Une verve mélodique peu commune et des instrumentistes au top (le bassiste se distingue tout particulièrement, en effet).

Les autres : foncez

Kyriakos Sfetsas, Greek Fusion Orchestra Vol. 1 (1977)



Un peu d'originalité...

Une réédition toute récente (2018) d'inédits d'un groupe de jazz-rock grec, qui mêle les canons du genre avec la musique traditionnelle grecque, avec ses rythmes et harmonies, mais surtout la clarinette !
Mariage bienheureux, d'autant que les solistes assurent sévère et que les arrangements sont très soignés (on tire clairement sur le prog par endroits)
On trouve une paire de pistes sur YTube (MAJ: on peut aussi écouter l'ensemble sur le site du label)

D'autres volumes devraient suivre (on trouve un album d'époque sur YTube qui vaut le détour, je finis son écoute et je vous tiens au courant)

A découvrir !

Au vu du buzz déployé autour de cette réédition "inespérée", je m'étais précipité pour écouter ça et je dois dire que ça n'avait pas été tout à fait à la hauteur de mes attentes...

Tu n'aimes pas ?

C'est quand même assez travaillé, les thèmes sont souvent très beaux et les solistes sont d'un bon (voire excellent) niveau.

Peut-être le côté pot-pourri de chaque morceau qui te dérange ? Pour ma part, j'ai trouvé en effet que les différentes phrase manquent de liant (de mémoire, intro parfois avant-gardiste, suivi d'un groove très funky, d'un solo de piano plus smooth jazz et enfin le solo de clarinette qui fait très traditionel)

L'album de 1980 (Xoris Synora) te plaira peut-être plus (plus travaillé dans l'ensemble, plus prog/avant-garde)

Je vais essayer.

Barbajuan a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Sukellusvene : Vesi Ja Lintumusiikkia (79)

J'écoute en boucle depuis hier et c'est franchement excellent

Une verve mélodique peu commune et des instrumentistes au top (le bassiste se distingue tout particulièrement, en effet).

Les autres : foncez

arnaud bellemontagne a écrit:

Jaco Pastorius :Word of Mouth (81)


Le big band de Jaco.

Si la cohérence stylistique de l'album ne s'impose pas avec évidence, un titre vibrant et lyrique comme John and Mary justifie à lui seul l'achat du disque.    

Les arabesques du saxo sur ce morceau sont en effet très entêtantes : c'est Shorter ?
Ca met bien la pêche, ce côté Oldfield (comme Jungle Book de Mysterious T....)

Citation :

On trouve une paire de pistes sur YTube (MAJ: on peut aussi écouter l'ensemble sur le site du label)

J'ai pas trouvé. C'est bien Teranga Beat le label?

Citation :

Les arabesques du saxo sur ce morceau sont en effet très entêtantes : c'est Shorter ?

Ca se pourrait bien .

Thelonious a écrit:

Citation :

On trouve une paire de pistes sur YTube (MAJ: on peut aussi écouter l'ensemble sur le site du label)

J'ai pas trouvé. C'est bien Teranga Beat le label?

J'ai trouvé .

C'est mieux si je partage .

https://terangabeat.bandcamp.com/album/greek-fusion-orchestra-vol-1

C'est le site du label, donc j'imagine que ça ne pose pas de problèmes...

Je l'ai écouté et j'ai été séduit. Le mélange Folk Grec/Jazz-Rock fonctionne plutôt bien.
Ca tire largement vers le prog mais ça reste très léger, c'est pas le bordel auditif habituel .

Alifie pourrait être intéressé.

Qu'est-ce que c'est ?

Un petit bijou caché, longtemps disponible en édition japonaise uniquement, de la discographie d'Hancock, enregistré en même temps que Directstep à Tokyo avec la chanteuse Kimiko Kasai, https://en.wikipedia.org/wiki/Kimiko_Kasai.

www.deezer.com/en/album/78186 ou /watch?v=hShkZ-Q4qzQ

De 1974, avec la version originale de l'hypnotique et inusable Butterfly.

Butterfly est un chef d'œuvre absolu.

National Health : National Health (77)



Un exemple particulièrement probant et abouti de jazz-rock* à l'anglaise.  

Histoire de chipoter, je dirai que j'aurais pu faire sans le chant et les vocalises d'Amanda Parsons...





* J'arrive pas à classer cet album: c'est du prog ou du jazz-rock?  

arnaud bellemontagne a écrit:

Histoire de chipoter, je dirai que j'aurais pu faire sans le chant et les vocalises d'Amanda Parsons...

Blasphème

C'est vrai que la sécurité sociale c'est sacré.

Turning Point :Creatures of the Night (77)



Groupe anglais qui comprend les deux ex-Isotope Jeff Clyne (basse) et Brian Miller (claviers) pour un jazz-rock éthéré et envoûtant dans la lignée de Zao (première période), Chute Libre, Flora Purim (les vocalises de Pepi Lemer).

Plaisir auditif garanti.

tartatane a écrit:

Fal Frett (1976)



Un groupe de jazz-rock Martiniquais qui signe un premier album remarquable dans le style Headhunters avec des accents créoles prononcés.
Premier disque de très bonne facture avant que le groupe n'évolue progressivement vers des morceaux chantés avec de moins en moins d'impro et des sonorités de plus en plus kitsch.
Trajectoire suivie hélas par la plupart des artistes Martiniquais de l'époque...
Introuvable, bien sûr, sauf sur YouTube.

Je ré-écoute ce disque en boucle depuis quelques jours, et je ne peux pas m'empêcher de lui faire un peu de pub.
On tient là du jazz-funk de haute volée !

La formation est composée des frères Bernard - Jacky aux claviers et aux compos (leader du groupe, il prend la plupart des solos), Nicol aux percussions et Alex à la basse - Serge 'Bib' Monville au sax et Jacky Alpha à la batterie

Esthétique vraiment très proche des Headunters, en plus tranquille. Métissage très réussi avec les saveurs créoles, qui s'invitent (discrètement) sur quelques morceaux. Le Fender Rhodes est moelleux à souhait et se taille la part du lion dans les solos : je ne saurais que trop le recommander à ceux qui ont un penchant pour ces sonorités (Arnaud ?..)

On début le disque par le morceau titre, très réussi, probablement le sommet du disque, qui réserve deux très beaux et très longs solos. Le jeu du saxophone est plus nerveux et flirte avec les dissonances là où Jacky Bernard aux claviers tire sur une ligne plus mélodique, en réussissant à se renouveler avec brio pendant son long solo (plus de trois minutes)
En Devirant propose un rythme chaloupé typique des îles, qui s'intègre parfaitement dans le style jazz funk. Une belle réussite !
Baza-Bar est un morceau lent qui débute avec un thème marmonné un poil agaçant (genre martial à la Magma, tout ce que je déteste), et laisse la part belle au saxophone (qui n'a hélas pas l'inventivité de Jacky Bernard dans ses interventions…) Pas mon préféré du disque…
On enchaîne ensuite avec Untel, superbe compo avec de nombreuses variations (là aussi le thème est dans l'esprit des îles) Section rythmique plus présente que dans les autres compos, funky à souhait. Le saxo retrouve de belles couleurs dans ses solos (même si la prise de son le met un peu en retrait à mon goût)
Picom arrive ensuite, avec une superbe intro aux claviers et un thème lancinant au sax, et réserve une belle progression pendant le solo de Fender
Le disque s'achève en beauté sur Biguila, au thème enlevé d'inspiration clairement traditionnelle (une biguine !) Joli solo de sax assez free (c'est la seule compo du disque que l'on doit au saxophoniste, et la seule que Jacky Bernard n'a pas écrite)

Au final, on a de très belles compositions, souvent assez fouillées, qui réussissent un mariage très subtil entre jazz funk et musique créole. Jacky Bernard se révèle être un très bon soliste, au jeu très équilibré (ni simpliste ni virtuose gratuit) et le reste du groupe suit (le saxophoniste est un très léger cran en-dessous mais il tire bien son épingle du jeu sur quelques pistes)

Je poursuis avec le sympathique groupe Martiniquais Fal Frett...

Fall Frett 2 (1978) est clairement une déception par rapport au premier opus. Le chant s'invite et n'est pas des plus heureux. Les sonorités sont moins jazz, plus tradi (et bruyantes, je trouve)
Fall Frett 3 (1982) est plus intéressant. Le chant est toujours présent mais moins lourdingue que dans le précédent. Les sonorités sont toujours très créoles (un solo sympa de steel pan ! à moins que ce soit du vibraphone..), mais aussi plus funky. On retrouve des beaux solos.

On peut trouver qq pistes de chaque sur le tube.

Après cela, le groupe tombe dans le synthé vulgaire et les boîtes à rythme des années 80. En y ajoutant une belle couche sirupeuse de chansonnette créole insupportable Gâchis.

Va falloir que je trouve le temps d'écouter ce groupe.

Je viens d'écouter ce Fall Fret.
Une sorte de va et vient entre jazz-funk et musique d'inspiration latine. Le Rhodes volubile et miroitant de Bernard fait plus qu'évoquer Herbie Hancock et les interventions du souffleur font penser à un mix entre Bennie Maupin et Wayne Shorter. Un disque agréable et intéressant mais qui manque un peu de caractère et de personnalité, AMHA.

Phase : Midnight Madness (79)



Groupe de jazz-rock américain qui, s'il fait montre d'une virtuosité impressionnante, tend à privilégier la prouesse au détriment de la musicalité (cf. les très démonstratifs Ostination, Seven Eleven, Irrational Funk).

Sonny Sharrock, Ask the Ages (1991)



Je pense qu'il a plus sa place ici que dans le fil "Jazz playlist"...
C'est clairement très rock, et souvent assez free (ça reste sage dans ce registre, complètement compatible pour les intolérants au free)

Sharrock propose ici une sonorité un peu abrasive mais très lyrique (la belle ballade "Who does she hope to be?"), limite heavy metal par moments, avec un Pharoah Sanders de retour au top de sa forme, un Elvin Jones toujours ahurissant et un bassiste (Charnett Moffett) qui offre de belles interventions solo.

Superbe casting, pour ce qui est considéré comme le plus bel album de Sharrock (c'est internet qui le dit, je ne me suis pas écouté le reste de sa discographie !)

J'avais écouté ça il y a longtemps, et j'avais bien aimé.