Études non musicales

ce n'est probablement pas extra-terrible… mais bon…

A l'Estaque, à l'Estaque, A l'Estaque, A l'Estaque, A l'Estaque, à l'Estaque ! s'écria l'homme en bousculant les gardiens du Musée D'Orsay. Arrivé devant le Golfe de Marseille vu de l'Estaque *, l'imprévisible cézanniste se prosterna en une parfaite planéité.

* Provençal de naissance, Cézanne reste profondément attaché à sa région d'origine et y puise certains des motifs récurrents et emblématiques de son oeuvre. Les deux plus importants sont la montagne Sainte-Victoire et le golfe de l'Estaque, que l'artiste connaissait depuis son enfance. C'est là qu'il peint ses premières marines en 1876 et réalise, à la fin des années 1870, aquarelles et toiles représentant une vue plongeante du golfe, dont celle-ci.

Dans une lettre de 1876, Cézanne décrit à Pissarro le paysage panoramique qui s'offre à ses yeux et parle du soleil effrayant qui transforme les objets en silhouettes. Dans ses toiles, il traduit cette absence de modelé en peignant la végétation et les rochers à l'aide de touches juxtaposées qui créent une trame bien visible. Les murs, les maisons, la cheminée de l'usine au premier plan, tous les éléments construits par l'homme, sont cernés d'une ligne sombre qui souligne leurs formes géométriques. Ce travail de simplification des éléments en cube, en cylindre, en cône, va s'accentuer ensuite dans l'oeuvre du peintre.

La composition est divisée en quatre zones nettement distinctes : la rive, peinte avec une pâte épaisse et qui est la partie la plus chargée, la surface lisse de l'eau, la chaîne montagneuse puis la mince bande de ciel. Toutes les lignes convergent vers un point situé en dehors du cadre, sur la gauche, où se referme le golfe. La vision tronquée du motif, arbitrairement découpé par l'espace tableau, est caractéristique de l'oeuvre cézanienne.


OK, j'ai triché, je

Une fois le dernier visiteur enfui, seul et dans ses grandes salles blanches où ses pas résonnaient comme dans une église, il allait se prosterner face à cette grande toile mouchetée de reflets jaunes et verts, cruels, lacérant comme des surins ensanglantés la planéité virginale d'une innocence contrariée.Il éprouvait ce besoin d'aduler que ressentent les fous et les esthètes. Puis il reprenait sa ronde avec lenteur, traversait les salles les unes après les autres, scrutait tableaux et sculptures comme si ceux-ci, figés dans un temps immémorial, sous verre ou derrière leurs cordons rouges, pouvaient encore réserver à l'oeil coutumier une dernière surprise, arrière-goût de l'imprévisible au sein d'un monde inanimé. Et lorsqu'il abordait la salle cézanniste, couleurs de chair presque fumante, vaux improbables déchirant un horizon voilé, il pénétrait ces chemins de terre, il rejoignait ces femmes aux nudités gribouillés, il s'enfonçant dans cet univers terreux et profond, et l'on aurait pu le voir disparaître à l'intérieur de ces tableaux, s'enfouir, happé dedans les murs, jouissant aux vibrations des nuances profanes, respirer chacune des œuvres dont il avait la garde. Et lorsqu'il fut un matin porté disparu, que des enquêteurs chevronnés durent avouer à sa famille éplorée que sa piste était perdue, personne ne remarqua, à demi-cachée derrière ce pan de murs, sur cette toile qu'ils étaient des centaines à venir admirer chaque jour, que dépassaient sa silhouette amène et délicate de gardien de musée.

Mais pour cézanniste (ces ânes ils se t) ?

=>  ces ânes hystériques, ça colle peut-être encore mieux avec le son