Vendredi 4 novembre 2011
Chapelle du Lycée Montaigne, Paris
Annick Massis, Cécile Eloir, respectivement soprano et mezzo
Antoine Palloc, piano
- A. Lloyd Webber : Pie Jesu (duo extrait du requiem)
- L.Cherubini : Ah, nos peines seront communes (Néris, Médée)
- V.Bellini : Casta Diva (Norma, Norma)
- A.Dvorak : Romance à la lune de Rusalka
- Ch.Gounod : Oh, ma lyre immortelle (Sapho)
- G.Puccini : Chi il bel sogno di Doretta (La Rondine)
- C.Saint-Saens : Mon coeur s'ouvre à ta voix
- F.Lehar : Meine lippen sie küssen so heiss
- L.Delibes : Viens, Mallika
- G.Rossini : Duo des chats
- Rappel : Barcarolle des Comptes d'Hoffmann
C'est très, très étrange de voir une chanteuse du calibre d'Annick Massis dans une chapelle de 150 places environs... Mais elle connait des hauts et des bas, et le confort de la salle et du public plus facile qu'au TCE l'ont mise à l'aise.
Le programme ne m'excite pas outre-mesure en soi, et j'étais un peu déçu de ne pas trouver l'air de la comtesse Adèle (qu'elle va chanter en mars, qu'elle a chanté récemment à la Scala), et très sceptique quant au Casta Diva (j'y reviendrai). Mais nous avons affaire à de la belle musique, notamment l'air extrait de Médée, la romance de Rusalka, Casta diva bien sûr...
Cécile Eloir, pour commencer, est proche de la catastrophe interstellaire, mais dégage quelques moments agréables. La voix est éraillée, le vibrato abyssal, les aigus laids, les voyelles sutherlandiennes, le souffle imparfait... Douloureux notamment dans l'air de Dalila qui ne souffre pas une voix moche, ou dans le duo de Lakmé, où elle gâche un peu la fête.
Au piano, Antoine Palloc multiplie les canards mais s'en tire avec les honneurs, l'instrument (je ne suis pas allé voir la marque) sonnant assez mal, un peu trop fort et avec peu de couleurs.
Annick Massis, enfin. Son cas est si étrange, capable du meilleur et du pire, souvent crispée et stressante pour son auditoire... Mais absolument formidable ce soir. La voix est assez égale, le vibrato contenu. Les aigus sont beaux, les suraigus FF mais on ne va pas s'en plaindre, ça décoiffe. Et quelle longueur de souffle! Dans Casta Diva, elle m'a soufflé. Je ne m'attendais absolument pas à une interprétation aussi digne et même très impressionnante sur la fin de l'air, dans les phrases qui s'éternisent, les aigus sont magnifiques, l'aigu répété est magnifiquement chanté, un moment religieux dans la chapelle hehe. Amusant, à la fin de l'air, de voir la salle en délire malgré sa petite taille, un très beau moment.
Globalement de très belles performances, très à l'aise dans la Rondine, surprenante dans le Lehar (et que c'est bien chanté!), envoûtante en Rusalka, je n'en espérais franchement pas tant. La diction n'est pas en reste, et, contrairement à sa collègue d'un soir, on peut suivre sans être rivé au programme. A ce niveau là, j'ai du mal à comprendre le creux qu'elle traverse (3 engagements pour toute la saison, et à Monte Carlo, Marseille et Liège... Je ne peux que lui souhaiter de retrouver au plus vite la scène des grandes maisons !