Vos derniers CDs écoutés: critiques (Mars 2006)

Le topic du mois de mars.

Trouvé par hasard (bonne surprise ) à la médiathèque. Un des trop rares témoignages de ce pianiste exceptionnel (mon avatar), gendre de Scriabine... C'est bien le style habituel: brouillon, fiévreux, visionnaire, avec fortes poussées de sève inspiratrice libérées par les paradis artificiels. Il faut avoir entendu ça... Son Rachmaninov balaie d'un coup toutes les interprétations existantes, son Scriabine est poignant (la troisième sonate).
Mais alors du point de vue structurel, quel fouillis: tempi malmenés, coups de sang, saccades, basses qui arrivent d'on ne sait où, polyphonie discutable... Mais quel pianiste!

sofro a écrit:

Mais alors du point de vue structurel, quel fouillis: tempi malmenés, coups de sang, saccades, basses qui arrivent d'on ne sait où, polyphonie discutable...

Tout ça me gêne beaucoup trop personnellement.
Même s'il s'agit de Scriabine je pense qu'il ne faut pas aller trop loin dans la folie et le n'importe quoi; en tout cas moi ça ne me convient pas.

Par exemple dans le prélude op.11 n°14, l'interprétation de Sofronitsky apparaît bien plus sauvage et débridée que celle de Scriabine lui-même!

Lysandre a écrit:

Par exemple dans le prélude op.11 n°14, l'interprétation de Sofronitsky apparaît bien plus sauvage et débridée que celle de Scriabine lui-même!

C'est pas possible! un/une connaisseur/euse?
Toi il faut que tu participes plus souvent...

Où as-tu trouvé du Scriabine par Scriabine?
En tout cas pour Sofronitzky, on ne peut pas imaginer plus débridé, heureusement d'ailleurs parce que c'est toujours à la limite du tolérable!

sofro a écrit:

Où as-tu trouvé du Scriabine par Scriabine?

Il y a un disque regroupant des interprétations de Scriabine lui-même (sur rouleaux je crois) et de Neuhaus, Feinberg, Goldenweiser, Sofronitsky...
Les interprétations de Scriabine sont quand même assez échevelées, tout l'opposé de Rachmaninov par exemple dans ses oeuvres.

Voilà le disque en question:

Xavier a écrit:

Les interprétations de Scriabine sont quand même assez échevelées, tout l'opposé de Rachmaninov par exemple dans ses oeuvres.

...et de Prokoviev dans ses oeuvres également, qui reste très "classique" et sans concessions.

Chosta, concertos pour violon, Daniel Hope & Maxim Chostakovich, BMG

Un nouveau petit génie du violon, avec site internet et tout et tout, mais qui n'a pas trop écouté les maîtres russes... Dans le premier concerto, le son est sec, pas trop beau, et tout ça ne chante pas dans l'andante. Retour à Kogan/Kondrashin ou Oistrakh/Rojdestvensky. Le second concerto passe mieux, mais on est largement en deçà des versions Oistrakh, Kremer, Mordkovitch, entre autres
Achat dispensable.

Tout achat d'un concerto de Chostakovitch est dispensable.

Ah bon , et pourquoi ?

Parce que tu as Philip Glass en avatar.

Quel est le rapport ?

Prends la pose de Philip Glass et réfléchis, tu trouveras !

J'aime toujours Amériques de Varèse, et je l'écoute régulièrement:



Oeuvre grandiose composée pour grand orchestre (où les cordes sont minoritaires) et deux sirènes, Amériques n'est pas la reproduction des bruits du modernisme lié à l'Amérique comme on l'affirme bien souvent, c'est la symbolique des découvertes, "des nouveaux mondes, dans le ciel ou dans l'esprit des hommes" (Varèse)
Amériques est, à l'égal de Jonchaies, un chef d'oeuvre du XXème siècle, une magnifique géométrie sonore, depuis le beau motif de flûte debussyste du début jusqu'au déferlement sonore de l'ostinato final, avec le terrible pilonnage des percussions. Une oeuvre qu'il n'est pas facile de s'approprier, un peu fourre-tout au premier abord, mais dont on découvre peu à peu le sens et l'unité... assez humaine finalement avec ses thèmes récurrents et ses sirènes désespérées...

Ah oui, Amériques j'adore, il faut signaler aussi que c'est la dernière oeuvre de Varèse (après Offrandes) où on peut remarquer l'influence debussyste, notamment dans la partie centrale.

En tout cas très beau disque, même s'il y a des oeuvres que j'aime moyennement voire pas du tout. (Octandre, Intégrales)

Xavier a écrit:

Ah oui, Amériques j'adore, il faut signaler aussi que c'est la dernière oeuvre de Varèse (après Offrandes) où on peut remarquer l'influence debussyste, notamment dans la partie centrale.

Bis repetita.

C'est cette version (enr. 95 et 96) que j'aime, qu'est-ce qu'elle vaut comparée à celle de Sofro?

En reécoutant Amériques ça m'évoque la BO de "La planètes des singes" (1968 de Schaffner avec Charlton Heston) c'est qui le compositeur? Y a un rapport? Je délire?

C'est Goldsmith qui a composé cette BO, c'est vrai qu'on peut y trouver une influence varésienne.

Premier opéra de Weber que je découvre, eh bien ça vaut le coup d'oreille.

Une bonne partie de l'oeuvre est post-mozartienne, mais un certain nombre de passages sont plutôt pré-wagnériens.
Orchestralement c'est formidable, les passages inquiétants de la Gorge aux loups sont vraiment à classer parmi les débuts du romantisme allemand, Berlioz aussi s'est inspiré de tout cela.
Les airs d'Agathe sont magnifiques de grâce et de lyrisme.

En ce qui concerne cet enregistrement, la direction de Kubelik est formidablement dramatique, les choeurs d'une excellente tenue, Behrens magnifie les airs d'Agathe de façon très délicate, l'ensemble de la distribution est de haute volée. (Kurt Moll en Ermite)

Oeuvre: 8,5/10
Interprétation: 9/10
Technique: 9/10

Xavier a écrit:

Orchestralement c'est formidable, les passages inquiétants de la Gorge aux loups sont vraiment à classer parmi les débuts du romantisme allemand

Ce passage est renversant dramatiquement, c'est un grand moment: je me souviens que je me le passais en boucle lorsque j'ai découvert cet opéra.
Kleiber est génial dans cette version:

sofro a écrit:

Xavier a écrit:

Orchestralement c'est formidable, les passages inquiétants de la Gorge aux loups sont vraiment à classer parmi les débuts du romantisme allemand

Ce passage est renversant dramatiquement, c'est un grand moment: je me souviens que je me le passais en boucle lorsque j'ai découvert cet opéra.

Je viens de me le passer plusieurs fois de suite.

Sinon j'ai également écouté les airs d'Agathe par Janowitz et c'est très beau aussi. (paraît-il que c'est mieux que dans son intégrale)

Mozart: sonates pour piano N°11, 14 et 16 par Ronald Brautigam.
Enregistré sur une copie de pianoforte d'aprés Anton Walter (1795) le tout dans une église.

Et bien il ne s'en tire pas si mal...
Niveau interprétation, c'est bien mené, un jeu bien nuancé, clair.
Ce qui n'est pas évident sur un pianoforte et dans une église.
Techniquement rien a dire.

Mais comment est-ce possible de tirer quelque chose de ces instruments la??? Question d'habitude je suppose.

lenain202 a écrit:

Mozart: sonates pour piano N°11, 14 et 16 par Ronald Brautigam.
Enregistré sur une copie de pianoforte d'aprés Anton Walter (1795) le tout dans une église.

Et bien il ne s'en tire pas si mal...
Niveau interprétation, c'est bien mené, un jeu bien nuancé, clair.
Ce qui n'est pas évident sur un pianoforte et dans une église.
Techniquement rien a dire.

Mais comment est-ce possible de tirer quelque chose de ces instruments la??? Question d'habitude je suppose.

Je trouve son jeu terne et son pianoforte quelconque. On aimerait carrément qu'il chante comme une guimbarde.

Je préfère+++ les mêmes sonates par Badura-Skoda. Et là (même si ça guimbarde un peu), son pianoforte a des choses à dire.

Ben j'ai pas ecouté Badura-Skoda sur ces sonates la donc je ne sais pas.
Il faudra que je me penche sur la question pour comparer.
Mais sur d'autres sonates (notament le K310 en la min) je ne l'ai pas trouvé si super que ca.
Question de gout peut etre...

lenain202 a écrit:

Ben j'ai pas ecouté Badura-Skoda sur ces sonates la donc je ne sais pas.
Il faudra que je me penche sur la question pour comparer.
Mais sur d'autres sonates (notament le K310 en la min) je ne l'ai pas trouvé si super que ca.
Question de gout peut etre...

Je la reécoute alors, elle est associée aux K330 et K331.
J'te répond tout à l'heure!

lenain202 a écrit:

Ben j'ai pas ecouté Badura-Skoda sur ces sonates la donc je ne sais pas.
Il faudra que je me penche sur la question pour comparer.
Mais sur d'autres sonates (notament le K310 en la min) je ne l'ai pas trouvé si super que ca.
Question de gout peut etre...

Tu avais raison.
A reécouter aujourd'hui elles ne sont peut-être pas aussi exceptionnelles que ça. la K331 alla turca est par contre bonne, tempi un peu irréguliers dans 1 ou 2 variations, mais meilleure que chez brautigam.

vartan a écrit:

lenain202 a écrit:

Ben j'ai pas ecouté Badura-Skoda sur ces sonates la donc je ne sais pas.
Il faudra que je me penche sur la question pour comparer.
Mais sur d'autres sonates (notament le K310 en la min) je ne l'ai pas trouvé si super que ca.
Question de gout peut etre...

Tu avais raison.
A reécouter aujourd'hui elles ne sont peut-être pas aussi exceptionnelles que ça. la K331 alla turca est par contre bonne, tempi un peu irréguliers dans 1 ou 2 variations, mais meilleure que chez brautigam.

Bon je ne connais pas non plus ces sonates par B.S mais je tacherai aussi de ramedier à cela.

Xavier a écrit:

…Berlioz aussi s'est inspiré de tout cela.…

Exact.
Il a même composé les récitatifs de l'adaptation française.
Sacrilège !

Zoilreb a écrit:

Xavier a écrit:

…Berlioz aussi s'est inspiré de tout cela.…

Exact.
Il a même composé les récitatifs de l'adaptation française.
Sacrilège !

Au contraire, ces récitatifs sont ce qu'il y a de plus beau dans la partition - sans rire. Et parfaitement intégrés au langage de Weber.

Hecto' Powa !

DavidLeMarrec a écrit:

Zoilreb a écrit:

…Sacrilège !

Au contraire, ces récitatifs sont ce qu'il y a de plus beau dans la partition - sans rire. Et parfaitement intégrés au langage de Weber.

Hecto' Powa !

Je disais 'Sacrilège !' parce que Berlioz reprochait beaucoup aux autres de retoucher sa musique (même Liszt), mais lui ne s'est pas gêné pour adapter Weber