C'était effectivement très chouette. L'orchestre tout d'abord : splendide de bout en bout, avec des cuivres infaillibles et des cordes somptueuses, aucune fin de phrase n'est négligée, c'est du très très haut niveau. J'ai juste trouvé l'introduction du 1er concerto de Brahms un peu sage (les timbales utilisées étaient d'ailleurs plus petites que celles de la symphonie).
Petite frustration, j'ai eu le sentiment que le piano était dominé par l'orchestre, peut-être du fait de mon placement. Pourtant Zimerman met du coeur à l'ouvrage et montre les muscles dans les passages qui le nécessitent, tout en parvenant à sortir des pianissimo hallucinants (le 2e mouvement!). Et quelle énergie! Il faut le voir se lever carrément de son tabouret pour plaquer les derniers accords des 1er et 3e mouvements. On le sentait un peu fatigué dans le finale avec 2 ou 3 notes qui ont tapé à côté mais c'est dû aussi à un tempo très soutenu mené de bout en bout dans le Rondo.
Enfin l'orchestre et lui avaient l'air de très bien s'entendre, à en juger par les applaudissements mutuels pendant les saluts. Zimerman n'hésitait d'ailleurs pas à diriger lui-même l'orchestre, tendant la main, penchant la tête, regardant le konzertmeister quitte à tourner complètement le dos au public...
Pas de bis malgré l'ovation de la salle.
La symphonie de Bruckner manquait un peu d'arrêtes et de relief j'ai trouvé, moi qui adore la version Bernstein/vienne, mais dans l'ensemble c'était très réussi. La magie des toutes dernières notes a été un peu gâchée par mon voisin qui était manifestement sur le point de s'étouffer, et qui s'est mis en tête de sortir de son emballage - le plus longtemps et le plus bruyamment possible, évidemment - une pastille contre la toux...
En résumé, deux de mes oeuvres préférées jouées par un orchestre d'exception et un pianiste et chef de très haut niveau