Wiener Philharmoniker
Rafael Payare, direction
Schubert : Symphonie n°7 "Inachevée"
Tchaïkovski : Symphonie n°4
Bon, eh bien Paris a découvert un chef ce soir, et quel chef ! Je n'avais jamais entendu parler de ce jeune Vénézuélien de 34 ans, Rafael Payare. Il faut voir avec quelle maîtrise et quelle assurance il dirige les Viennois, par coeur, dans un TCE plein à ras bord (pour me replacer, j'ai du soudoyer l'ouvreuse pour rester debout !). Sa gestuelle est sobre, ressemblant plus au jeune Abbado (dont on "fêtait" le premier anniversaire de sa mort) qu'à Maazel à qui le concert était dédié (c'est lui qui devait diriger).
Je passe assez vite sur l'Inachevée, très soignée, avec un 1er mouvement particulièrement intense et puissant.
Mais la claque, c'est dans la 4e symphonie de Tchaïkovski, véritablement Mravinskienne !!! Je n'ai jamais entendu en live un orchestre jouer volontairement aussi sec, de manière aussi implacable. Je risque de repenser aux tutti du 1er mouvements un bon moment. Un 1er mouvement absolument glaçant, terrifiant. Rien-à-avoir avec l'hédonisme somptueux mais ennuyeux de Muti/Chicago à Pleyel. Les Wiener sont poussés dans leurs derniers retranchements ! (et craquent à quelques reprises, fatalement, même si l'orchestre reste absolument phénoménal : les violons, la petite harmonie, le timbalier...)
On est un peu redescendu sur Terre dans les 2e et 3e mouvement (ce dernier est quand même génialement écrit), avant un finale où le maestro parachève son succès, restant fidèle à ses idées et refusant absolument tout effet de manche. Même l'explosion du dernier accord se termine brusquement, contrairement à bon nombre d'interprétations qui se terminent sur un crescendo de timbales.
On en viendrait presque à regretter qu'il y ait un bis (oui, Vienne a offert un bis !), sans doute une polka de Strauss, pourtant parfaitement exécutée.
Vienne restant Vienne, le chef ne sera pas autorisé à faire plus de 3 rappels mais récolte une bien belle ovation, largement méritée à mon goût.
Pour info, il est issu d'El Sistema et après quelques recherches, je vois que sa carrière décolle depuis 1 ou 2 ans avec pas mal d'invitations à diriger d'excellents orchestres (LSO, Birmingham, Stocklholm, Copenhague, Göteborg, Los Angeles, sans doute bien aidé par Dudamel pour ces 2 derniers, ou encore Monte-Carlo et Toulouse chez nous). Il prendra la tête de l'Ulster Orchestra en Irlande du Nord en septembre et c'est le mari d'Alisa Weilerstein.