Représentation du 20 juin
Maria Stuarda : Alexandra Kurzak
Elisabeth 1ère : Carmen Giannattasio
Anna Kennedy : Sophie Pondjiclis
Leicester : Francesco Demuro
Talbot : Carlo Colombara
Cecil : Christian Helmer
Mise en scène : Moshe Leiser, Patrice Caurier
Scénographie : Christian Fenouillat
Choeur du TCE : Patrick- Marie Aubert
Orchestre de chambre de Paris : Daniele Callegari
Inspiré de la pièce de Schiller, l'opéra de Donizetti repose sur des falsification historiques : jamais les deux reines n'ont convoité le meme homme, et surtout, elles ne sont jamais rencontrées - pour les besoins du livret, Elisabeth est présentée comme un personnage froid et tyrannique, face à une héroïne pieuse.
On sait qu'Elisabeth a voulu éviter la mort de sa cousine, et qu'elle ne s'y est résolue que face à la tendance complotiste de cette dernière.
Bien que Maria ait porté sa foi catholique en bandoulière, l'église s'est tenue à distance de cette femme intrigante, et si elle a distingué un protagoniste de cette histoire, c'est Marie - Christine de Savoie, reine de Naples, celle - là même qui fit interdire l'opéra à Naples, récemment béatifiée par le pape François.
Mais à partir de cette vérité frelatée, Donizetti a composé un chef d'oeuvre : le livret est concis, dramatiquement efficace, et la musique constamment inspirée - l'oeuvre est contemporaine de Lucia.
La mise en scène a été beaucoup critiquée ; en réalité elle pèche surtout au 1er acte, qui fourmille de détails intempestifs ; ensuite elle est efficace, pour devenir superbe au dernier acte, lorsque Maria affronte sa fin.
Alors que l'opéra comporte 3 actes, les deux premiers sont réunis, ce qui est dramatiquement pertinent et efficace, la première partie se terminant sur un final énergique, lorsque le sort de Maria est décidé à la suite des imprécations lancées à la reine d'Angleterre.
La fin de l'oeuvre, profondément teintée de religiosité, est bouleversante, et la production du TCE l'a parfaitement restituée.
Sur le plan vocal, l'oeuvre requiert deux chanteuses de premier ordre, au profil psychologique et vocal contrasté - ce n'est pas toujours le cas, le role de Maria étant distribué à une prima donna, celui d'Elisabeth étant confié à une artiste de moindre renom.
Cela aura été le cas au TCE, Carmen G. n'ayant pas les ressources demandées : pas sur le plan vocal, le role demande une grande virtuosité peu présente chez cette chanteuse, ni sur le plan de l'incarnation, la fureur vengeresse étant singulièrement absente.
Pas de difficultés de ce genre du coté de Kurzak, même si la vois manquait un peu d'ampleur ; voix très bien menée, raffinement dans les ornementations, et surtout par l'émotion véhiculée lors des dernières scènes.
Demuro était un Leicester engagé, mais un peu monolithique.
Colombara lui aussi émouvant en Talbot, notamment dans la scène de la confession.
Beaux choeurs, et surtout belle direction, très théatrale de Callegari.
Donc mission très largement accomplie pour le TCE : espérons que les deux autres volets de la trilogie suivront !
L'avis de Forum Opéra :
http://www.forumopera.com/maria-stuarda-paris-tce-crepage-en-regle-de-chignons-couronnes
Montfort
P S : il reste 3 représentations les 23, 25 et 27 juin - ce n'est pas complet.