Spatialisation!

Bonjour,

Avez vous des examples (hors XXème), de mis-en-scène particulière des instrumentistes dans la salle de concert ou l'édifice religieux, de sorte à créer un espace acoustique non conventionnel? (hors champ, surround, mur de son etc...).  J'ai en tête le cas de Gregorio Allegri, jouant avec deux ensembles de voix, disposés de part et d'autre de la Chapelle Sixtine de sorte à créer une sorte de miroir acoustique; de Charles Ives, utilisant la profondeur (the Unanswered Question, deux ensembles et un soliste utilisant la profondeur de scène) ou carrément le hors champ (triangle hors scène dans une pièce dont le nom m'échappe). Je crois que Wagner a fait des choses aussi dans ce sens...

Merci

Berlioz a beaucoup indiqué sur ses partitions comment répartir les effectifs... Différents concerts des Siècles à la Philharmonie ont repris tant que possible ces dispositions.

Dernièrement il y a eu Lelio et la Fantastique d'ailleurs (qui a été filmé. Pas sûr que ce soit encore en ligne...)

Bon il faut arrêter de nous faire écrire vos fiches d'école M. Riviera.

Sur la spatialisation il faut que tu passes par Berlioz (grillé par Polyeucte) et surtout par Gustav Malher qui met de la spatialisation partout dans ses symphonies ("L'UNIVERS !" "Oui du calme Gustav") . Ça passe plus par des effets orchestraux ou des changements de placement des instruments que par des subterfuges de mise en scène.

Quoique l'apparition d'un instrumentiste au fond de la salle pour donner les trois coups de marteaux dans la Sixième ça doit bien exister quelque part sur un papier griffonné dans les archives de Gustav.

EDIT : Dans la huitième il n'y a pas une partie des instruments dans la salle ?

Énormément de choses dans ce sens chez les contemporains. Pour ne citer que des choses expérimentées en vrai: Prometeo de Nono; Gruppen et la scénographie de Samstag et Donnerstag aus Licht de Stockhausen; Répons de Boulez...

Plus généralement loin de moi l'idée de faire travailler le forum à ma place. Je partage d'ailleurs mes découvertes au fur et à mesure. Ce qui m'intéresse dans la question par example de la drogue, de la répétition, ou de la spatialisation (attention Prosopopus j'en ai plein d'autres... mais si vous voulez j'en ferais une pour vous du type "quel est votre morceau préféré de Francis Poulenc?"  ), c'est qu'elles bornent à certaines limites de la musique classique, et que ce sont des territoires plutôt rares de recherche (il suffit de chercher les articles de musicologie qui traitent de ces questions, ils sont rares. Peut être un peu moins sur la répétition.).  Je suis par ailleurs frappé, étant mixeur pour le cinéma, par la teneur de certaines propositions de mixage extrêmement ambitieuses que l'on peut trouver dans la musique ancienne, baroque ou romantique. Loin d'être figées dans le passé, des choses qui pourraient annoncer une façon de penser le son dans le futur.

Je vais écouter tous vos examples cet après-midi, merci.

Certaines Sérénades de Mozart, en particulier celles conçues pour plusieurs orchestres, gagnent à être spatialisées. Du côté de la musique de plein air de la période classique, il y a certainement pas mal d'exemples.

Wagner et sa fosse bayreuthienne.

On dit l'abîme mystique, quand on est un vrai croyant.
(Et on réserve le terme de fosse aux sceptiques.)

Allons allons, il faut bien s'adresser aux béotiens !

Riviera a écrit:

Bonjour,

Avez vous des examples (hors XXème), de mis-en-scène particulière des instrumentistes dans la salle de concert ou l'édifice religieux, de sorte à créer un espace acoustique non conventionnel? (hors champ, surround, mur de son etc...).  J'ai en tête le cas de Gregorio Allegri, jouant avec deux ensembles de voix, disposés de part et d'autre de la Chapelle Sixtine de sorte à créer une sorte de miroir acoustique; de Charles Ives, utilisant la profondeur (the Unanswered Question, deux ensembles et un soliste utilisant la profondeur de scène) ou carrément le hors champ (triangle hors scène dans une pièce dont le nom m'échappe). Je crois que Wagner a fait des choses aussi dans ce sens...

Merci

Au théâtre, déjà, ça existe depuis longtemps. L'exemple le plus ancien que j'aie rencontré est Thésée de LULLY (avec le combat qui fait rage hors scène et épouvante les personnages dans le temple représenté sur scène). Mais on en trouve souvent, comme le chœur invisible des Enfers dans Don Giovanni (« C'est peu de peine encore, viens, il existe des maux plus cuisants »), ceux des anges dans Noé d'Halévy & Bizet (« Ithuriel !  Remonte au Ciel ! »), celui muet pour le ballet de Daphnis & Chloé. ( http://carnetsol.fr/css/index.php?2009/05/27/1261-hors-scene-sonore )
Parmi les dispositifs, bien sûr les musiques en scène, comme le bal de Don Giovanni (en plus dans des mesures décalées par rapport à l'orchestre), les bande mises par Verdi sur la scène dans Nabucco ou Rigoletto…

En musique sacrée, il est très fréquent de jouer de l'acoustique : les grands motets à la française, de même que les Passions de Bach, faisaient répondre au Grand Chœur le Petit Chœur des solistes.

Pour la musique symphonique, Mahler introduit des parties hors scène dans Das Klagende Lied (grande innovation), puis la Deuxième Symphonie (flûte et trompette dans le dernier mouvement), mais l'essentiel des innovations en la matière sont du XXe, que tu as exclu (et où il existe quantité de dispositifs spatialisés en effet). Le cas de Berlioz était vraiment original en son temps.

Comme on en parle dans la partie concert, il y en a d'ailleurs un très beau dans le I Puritani de Bellini dans le troisième acte lorsque les amants se retrouvent par le biais de leur chanson d'amour qu'Elvira chante donc hors scène et qu'Arturo entend comme un songe.

Mahler c'est tout de même plus un homme du 19ème que du 20ème non ?
C'est moins HS que les propositions de Benedictus.

Oui je suis de mauvaise foi


David, tu parles de quoi dans Daphnis & Chloe, ça ne me dit rien ?

Riviera a écrit:

quel est votre morceau préféré de Francis Poulenc?

Les Sept répons des ténèbres facile.

Prosopopus a écrit:

Comme on en parle dans la partie concert, il y en a d'ailleurs un très beau dans le I Puritani de Bellini dans le troisième acte lorsque les amants se retrouvent par le biais de leur chanson d'amour qu'Elvira chante donc hors scène et qu'Arturo l'entend comme un songe.

Ah oui, mais ces effets-là, c'est très courant à l'opéra ; il y en a des quantités chez Verdi : Croce e delizia dans la Traviata, avec Alfredo qui répond de loin à Violetta et dans le dernier acte le chœur du Carnaval au dehors pendant que la malheureuse agonise dans sa chambre, la fin d'Aida avec la déploration d'Amnéris tandis que les deux amants roucoulent une dernière fois dans la tombe, le Miserere du Trouvère, la fin de Rigoletto, quand le bouffon entend de loin la voix du duc qu'il pensait mort, et plein d'autres...

Prosopopus a écrit:

Comme on en parle dans la partie concert, il y en a d'ailleurs un très beau dans le I Puritani de Bellini dans le troisième acte lorsque les amants se retrouvent par le biais de leur chanson d'amour qu'Elvira chante donc hors scène et qu'Arturo entend comme un songe.

Ou la messe hors scène du début, avant que les les promis n'entrent, tandis que Riccardo est tourmenté.

Citation :

David, tu parles de quoi dans Daphnis & Chloe, ça ne me dit rien ?

Le chœur du lever du jour et de la fin.

Il parcourt toute l'œuvre, même. (y compris a capella au début de la 2è partie)
Mais j'aurais dit chœur sans paroles, pas chœur muet.

Oui il y a un choeur dans Daphnis & Chloe (merci David ) mais il est dans une disposition particulière lors des représentations, il est hors champ ?

DavidLeMarrec a écrit:

Ou la messe hors scène du début, avant que les les promis n'entrent, tandis que Riccardo est tourmenté.

Ça par contre les parties de choeur hors champ sont moins biens traitées je trouve (dans la mise en scène à la Bastille je veux dire).
Tu me diras mais ce début notamment est très mal amené.
(de manière générale le premier acte était le moins bien en place j'ai trouvé)
(j'arrête le HS on en reparlera peut-être quand tu (et d'autres) l'auras vu)

Prosopopus a écrit:

Oui il y a un choeur dans Daphnis & Chloe (merci David ) mais il est dans une disposition particulière lors des représentations, il est hors champ ?

C'est ballet : il est au minimum dans la fosse. La fois où je l'ai vu (mais dans la version Millepied, très lâche sur le rapport au livret détaillé d'origine), c'était carrément en coulisse. En tout cas pas sur scène.

Prosopopus a écrit:

C'est moins HS que les propositions de Benedictus.

Désolé, je viens juste de me rendre compte que c'était spécifié hors-XXᵉ.

Monteverdi : Vespro della Beata Vergine par Gardiner chez Archiv. Les différents ensembles sont répartis dans la basilique Saint Marc.


Couperin : Ténèbres du premier jour chez Ambronay. Idem Les vêpres