Philharmonie - Bach Bartok Brahms - Schiff 8/04/17

Samedi 8 avril 2017, 20:30

Philharmonie de Paris, grande salle Pierre Boulez

Johann Sebastian Bach
L'Offrande musicale (ricercar a 3)
L'Offrande musicale (ricercar a 6)

Béla Bartók
Musique pour cordes, percussion et célesta

Johannes Brahms
Concerto pour piano n° 2

Chamber Orchestra of Europe
Sir András Schiff, direction, piano

J'y vais évidemment surtout pour Bartok, un chef d'oeuvre que j'ai rarement entendu en salle, la dernière fois au TCE par Gatti en 2009. (déjà couplé avec le 2è concerto de Brahms, bizarrement)

C'est complet depuis quelque temps.

J'y vais pour tout.
Ca pourrait presque faire penser à une soirée thématique sur la fugue et le contrepoint...

Soirée contrastée.

D'abord cet incident inqualifiable : les hauts parleurs (?!?!!) de la grande salle qui se mettent à cracher à la fin du 3e mouvement du Bartok, comme si la foudre s'abattait sur scène. Rebelote quelques secondes plus tard. Ca a fait sursauter tout le monde, et ça m'a fait sortir du morceau, de peur que cela ne se reproduise une 3e fois. J'aurais été Schiff, je pense que j'aurais arrêté temporairement le concert.
L'explication plausible, c'est qu'un technicien a oublié de couper le micro après l'annonce avant le début du concert (pour demander de ne pas applaudir entre Bach et Bartok). Mais que cela arrive 2 fois pendant le morceau, c'est inexcusable.

Malgré cela, quelle musique (le Bartok, fascinant de bout en bout) et quel orchestre ! COE tout simplement merveilleux, et ça sera pareil dans le 2e concerto de Brahms, accompagnement de rêve.

Sauf que : j'ai détesté le piano de Schiff. Jamais entendu ce concerto saboté de la sorte : raide, sec, maniéré, mécanique... Une horreur !! C'est la première fois que je sors d'un concert énervé. En plus, ce n'était même pas propre : 3 ou 4 phrases complètement savonnées, la première après 30 secondes. Pourtant, la technique a l'air sûre, tout en relâchant avec des mains qui bondissent (vraiment) sur le clavier.

On ne peut pas dire que ce soit la direction de l'orchestre qui l'ait perturbé : il a laissé les musiciens jouer tous seuls (admirablement) de leur côté.

Le Bach donné en bis était nettement mieux. Trop tard !

Tiens, je n'ai pas tout à fait les mêmes impressions.

tomseche89 a écrit:

D'abord cet incident inqualifiable : les hauts parleurs (?!?!!) de la grande salle qui se mettent à cracher à la fin du 3e mouvement du Bartok, comme si la foudre s'abattait sur scène. Rebelote quelques secondes plus tard. Ca a fait sursauter tout le monde, et ça m'a fait sortir du morceau, de peur que cela ne se reproduise une 3e fois. J'aurais été Schiff, je pense que j'aurais arrêté temporairement le concert.
L'explication plausible, c'est qu'un technicien a oublié de couper le micro après l'annonce avant le début du concert (pour demander de ne pas applaudir entre Bach et Bartok). Mais que cela arrive 2 fois pendant le morceau, c'est inexcusable.

Il y a eu la même chose 20-25 minutes avant le début du concert, donc à ce moment-là ils auraient dû régler le problème pour que ça n'arrive pas pendant le concert!  
Et effectivement ça a saccagé la fin de l'Adagio. (et j'ai cru que Schiff allait arrêter quand ça a recommencé dans le final)
C'est en effet inadmissible... l'erreur est humaine, mais enfin, il faut que quelqu'un fasse son boulot en régie quand même!
Les tousseurs étaient bien en forme aussi j'ai trouvé.

Citation :

Malgré cela, quelle musique (le Bartok, fascinant de bout en bout) et quel orchestre ! COE tout simplement merveilleux, et ça sera pareil dans le 2e concerto de Brahms, accompagnement de rêve.

La justesse est particulièrement délicate dans la MPCPC de Bartok, du fait des effectifs, certes, mais il y a quand même eu quelques écarts dérangeants.
Dans le Brahms, j'ai remarqué que le 4è contrebassiste ne faisait jamais de vibrato, c'est quand même curieux...
Sinon, dans l'ensemble, c'était bien, oui.
Mais la direction de Schiff ne m'a pas convaincu de A à Z: le premier mouvement était vraiment lent, statique, froid, mais bon, pourquoi pas, en revanche l'adagio était pour moi vraiment raté, je ne l'ai jamais entendu aussi lent, et surtout sans animation, dans le grand crescendo qui mène à la section centrale, ça n'avançait pas du tout, c'était très bizarre, aucune tension, on perdait totalement le fil de ce passage tant c'était lent, et puis des accents des cordes sur chaque note initiale des trémolos, ce que pas mal de chefs font mais qui n'est pas du tout sur la partition. Pour moi c'est le grand moment de l'oeuvre, et c'était raté. Célesta et harpe presque inaudibles tout au long de l'oeuvre.
En revanche les mouvements rapides étaient assez réussis.

Citation :

Sauf que : j'ai détesté le piano de Schiff. Jamais entendu ce concerto saboté de la sorte : raide, sec, maniéré, mécanique... Une horreur !! C'est la première fois que je sors d'un concert énervé. En plus, ce n'était même pas propre : 3 ou 4 phrases complètement savonnées, la première après 30 secondes. Pourtant, la technique a l'air sûre, tout en relâchant avec des mains qui bondissent (vraiment) sur le clavier.

Globalement ce 2è concerto m'a plu et j'ai trouvé le jeu de Schiff puissant, charpenté, bien timbré et bien chanté, nuancé quand il le fallait, sans être un sommet de poésie. Il y a eu quelques accrocs assez importants, oui, mais ça ne m'a pas tant gêné que ça.
Peut-être que notre placement dans la salle peut expliquer cette différence d'impressions?
J'étais sur le côté du 1er balcon, pair. (C 72)
Pour moi son jeu était bien adapté à l'acoustique: je me souviens de Vogt il y a deux ans dans la même oeuvre qui était très délicat mais qu'on n'entendait pas toujours, ou encore de Perianes dans le concerto en sol de Ravel le mois dernier, lui aussi très subtil, à tel point que beaucoup de notes étaient inaudibles...

Je te fais totalement confiance pour le Bartok, que je découvrais. Effectivement on n'entendait pas le célesta, sauf au 3e mouvement.

En revanche j'ai entendu une demi-douzaine de fois en salle le 2e concerto de Brahms, que je vénère, et c'est la première fois que j'en sors déçu!
J'ai vraiment trouvé que Schiff le vidait de sa substance. Trop froid, trop dur, surtout dans les 2 premiers mouvements. L'impression d'entendre du Bach! J'ai le souvenir d'Angelich qui faisait autrement vivre cette musique.
J'étais placé pas très loin de toi, en F54, un peu plus loin du piano.
J'avais beaucoup aimé Vogt justement, malgré les défauts que tu pointes et de gros doutes au vu de ses prestations précédentes.

En revanche, l'accompagnement du COE était vraiment remarquable, avec une super-soliste ultra engagée, un régal.

J'avais prévu de revendre mes places pour ce même concerto dans 2 semaines par Volodos et l'OP, je vais donc y aller pour comparer !

tomseche89 a écrit:

Trop froid, trop dur, surtout dans les 2 premiers mouvements. L'impression d'entendre du Bach!

La description ressemble à du Schiff, en effet.

Citation :

En revanche, l'accompagnement du COE était vraiment remarquable, avec une super-soliste ultra engagée, un régal.

Borrani ?

tomseche89 a écrit:

Trop froid, trop dur, surtout dans les 2 premiers mouvements. L'impression d'entendre du Bach!

C'est ce qui arrive quand dans Brahms on ne joue qu'une note sur deux.

Ceci n'est pas une exagération.

J'extrapole, je n'y étais pas. Mais je connais le bonhomme et le symptôme décrit correspond.

Ce que j'ai aimé:

- La programmation très intelligente. Bach, Bartók et Brahms ça se tient, il y a une vraie cohérence.

- L'impact de la musique pour cordes de Bartók , il y a de la tension tout du long qui maintient l'intérêt de l'auditeur, combiné avec une poésie sonore incroyable dans les mouvements lents et une vivacité rythmique bluffante dans les mouvements rapides. Le tout étant à la fois ultra-sophistiqué et très pulsionnel. La quadrature du cercle.

-Le son de piano de Schiff: dense, puissant et charpenté.




Ce que j'ai moins aimé:

-Les bruits parasites pendant le concert  

-Le jeu trop analytique de Schiff, notamment pendant le scherzo du concerto de Brahms. Ca m'a d'autant plus dérangé que je considère ce scherzo comme une des très grandes inspirations de Brahms.

-Une gestion discutable des climaxes dans la musique pour cordes de Bartók.

-Le dernier mouvement du concerto de Brahms qui tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe (mais c'est pas la faute de Schiff) malgré l'habilité du traitement thématique. La badinerie sied peu à Brahms (à l'instar du final du concerto pour violon).


Au final, je retiens surtout de ce concert l'impact physique stupéfiant de la musique pour cordes de Bartók(c'était mon premier Bartók au concert).
Ca me rend impatient d'écouter la Mandarin Merveilleux le 21 avril à Radio France.  

Eu confirmation ce soir que ce concerto de Brahms était bien expurgé de ses harmonies trop chargées. Et aussi que Schiff ne sait pas diriger.
Mais le COE est manifestement capable de jouer cette musique tout seul assez correctement. Et même de chanter, vous auriez quand même pu raconter ce qui, m'a-t-on dit, fut le meilleur moment de la soirée! Est-ce une tradition hongroise? Car Fischer avait fait ça avec son orchestre du festival de Budapest il y a quelques saisons, Brahms déjà.

Pierre74 a écrit:

Mais le COE est manifestement capable de jouer cette musique tout seul assez correctement. Et même de chanter, vous auriez quand même pu raconter ce qui, m'a-t-on dit, fut le meilleur moment de la soirée! Est-ce une tradition hongroise?

Tu pourrais aussi parler avec moins d'énigmes...
Qui t'a dit quoi? Qui a chanté quoi?

C'est un ami mélomane qui m'a raconté ça ce soir. Un ami a priori très fiable, même si je suis étonné que quelqu'un qui a assisté au concert me demande qui a chanté quoi??
Car il m'a dit qu'après les menuets et gigue de la 1ere partita de Bach, Schiff a dirigé l'orchestre dans un choeur de Brahms (qu'il n'a pas su identifier avec précision).
Vous êtes tous partis avant la fin??

En effet je suis parti rapidement avant les bis (d'ailleurs je ne pensais pas qu'il y en aurait) pour éviter la cohue et rentrer chez moi. (j'ai plus d'une heure de transports)

Idem.