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 Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger

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DavidLeMarrec
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DavidLeMarrec


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MessageSujet: Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger   Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger EmptySam 9 Déc 2017 - 20:46

Reprise de la production de Willy Decker déjà éprouvée dans de belles distributions : Iveri-d'Oustrac-Pirgu, Gerzmava-d'Oustrac-Vogt, et cette saison une alternance Majeski-d'Oustrac-Vargas et Kurzak-Crebassa-Spyres. Very Happy

Après avoir patienté 18 ans pour revoir la Clemenza di Tito, en voici deux en 3 mois ! Dans une version rétro (orchestralement en particulier).



Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger DQjHCjBW0AAAdmy

Peut-être l'opéra que j'aime le plus de Mozart (et de très loin le meilleur seria de tous les temps), tant de finesses musicales là-dedans, de choses qui nous disent pourquoi Mozart et son propre étalon… http://carnetsol.fr/css/index.php?2015/02/01/2619-d-ou-vient-l-emotion-pourquoi-mozart-est-il-aussi-different

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Plateau miraculeux, même en collectionnant toute la disco et les bandes, on n'en a pas mille comme ça : Aleksandra Kurzak capiteuse (cette densité sur toute la tessiture, ces graves nourris !), Marianne Crebassa épique et glorieuse (ça claque tout le temps !), Michael Spyres clair et rond (tellement facile), Angela Brower délicate (et très lumineuse pour une mezzo)… même la Servilia sombre, de type « dramatique »n de Valentina Naforniţa, séduit à sa manière, en envoyant ses coups de glotte inattendus !

(Quand on vous dit qu'il faut choisir les distributions B !)
Le profil vocal sombre de Naforniţa est d'ailleurs très congruent avec la merveilleuse mise en scène de Decker, belle et prodigue en détails psychologiques : Servilia y est libre et volontaire, soumise à l'amour seul.

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Je redoutais beaucoup l'orchestre (après deux Così ternes, ou une Iphigénie pâteuse et à la limite de la désinvolture), et Dan Ettinger dirige tout très lentement (de loin, la houppe et même les gestes évoquent Karajan), dans une esthétique très rétro de Mozart moelleux et aimable. Pourtant,

Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger DQlteOUWsAA2MNl
Ettinger est vraiment impliqué, donnant toutes les départs, indiquant beaucoup de nuances pour une soirée de répertoire en milieu de série. Et soudain surgissent des réalisations riches de clavecin (Tardi s'avvede), des reprises en changeant le tempo (trio de l'arrestation), des diminutions laissées à la discrétion de Spyres, des bizarreries aussi (le duo d'amour dont les débuts de phrase sont étirés). Le tout fonctionne assez bien en fin de compte !


Il faut dire que, bien que peu célèbre en France, il a été kapellmeister à l'Opéra d'État de Berlin, et ces dernières années directeur musical à l'Opéra d'Israël, au Nouveau Philharmonique de Tokyo, au Théâtre de Mannheim et au Philharmonique de Stuttgart, et a fait les principales maisons.

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La mise en scène de Willy Decker, en plus d'être belle (ses costumes pseudo-XVIIIe, ses grandes courbes, ses toiles poétiques, son buste personnellement progressivement achevé et finalement de dos), regorge de détails qui éclairent les psychologies tout en s'en tenant au texte :

→ matérialisation de l'opinion publique ou du moins des Patriciens, avec cette foule qui chasse Bérénice, qui l'appelle à venger les outrages, etc. ;

→ le marbre central qui se change en buste fait écho au temple en l'honneur de Titus, mentionné par Annius ;

→ l'intronisation de Servilia se fait devant la Court, que Titus renvoie dès qu'elle prononce « mais… » à la fin de ses remerciements, bel effet dramatique ;

→ cette petite, accessoire dans le livret, devient très confiante et assurée, elle fait même la nique à la Cour…

→ l'erreur de victime lors du meurtre commis par Sextus est montré sur scène (très bien fait, on ne voit pas le visage, le public glapit d'effroi) ;

→ Titus, après son monologue où il envie le pauvre dans sa masure qui connaît ses amis de ses ennemis, retire sa couronne pour parler en ami à Sextus ;

→ la traîne violette de Vitellia crée une petite langue, comme une queue reptilienne à la Mélusine. C'est très discret, mais à mon avis pas fortuit ;
→ et par ailleurs, le variété du plateau qui tourne, du buste qui se fait mais reste de dos évite toute monotonie visuelle.

Après toutes ces reprises, la production de Decker n'a pas vieilli – et les distributions sont aussi de plus en plus belles…


En fin de compte, bien plus intéressant que la version Currentzis, vocalement comme orchestralement, même si c'était tout à fait hors-style…
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Adalbéron
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MessageSujet: Re: Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger   Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger EmptyLun 11 Déc 2017 - 18:38

Je persiste à croire que c'était de De Billy que venait le problème dans Iphigénie, et de Jordan dans les Così. Ici, l'orchestre de l'ONP ne m'a pas paru ni moins (ni plus) investi que d'habitude.

Sinon, nous sommes d'accord sur tout ! Very Happy (bien que Spyres m'ait un peu déçu, sans que je sache trop dire pourquoi : il ne m'a pas autant captivé que Crebassa et Kurzak — ce fut une révélation pour moi que de voir cette dernière si engagée et si magnifiquement chantante ! Oui, ces graaaaves ; et par ailleurs, ces aigus !).

Kurzak a-t-elle aussi été timidement accueillie aux saluts le soir où tu y étais (si l'on compare à l'accueil réservé à Spyres, et Crebassa surtout) ?
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger   Garnier – Mozart, Clémence de Titus – Decker, Ettinger EmptyLun 11 Déc 2017 - 23:34

Adalbéron a écrit:
Je persiste à croire que c'était de De Billy que venait le problème dans Iphigénie, et de Jordan dans les Così. Ici, l'orchestre de l'ONP ne m'a pas paru ni moins (ni plus) investi que d'habitude.

Jordan peut-être, parce que ce n'est vraiment pas son répertoire, et que c'était terne, mais pas scandaleusement désinvolte non plus.

En revanche, pour la précédente série de Così (la dernière reprise de Toffolutti) où j'étais aussi (certes pas un chef fabuleux), c'était pareil. Et Billy joue Iphigénie partout de façon très valable… on peut vouloir quelque chose de différent, de plus ample ou de plus HIP, mais il n'y à qu'à Paris où ça donne ce machin flasque, pas à cause du style, mais de l'absence d'implication.

--

Citation :
(bien que Spyres m'ait un peu déçu, sans que je sache trop dire pourquoi : il ne m'a pas autant captivé que Crebassa et Kurzak

La voix reste très ronde, il n'a pas le même impact physique que les deux autres, malgré les propos qu'il tient sur ses confrères (et avec lesquels je suis d'accord, fourrer tout en arrière dans un sabir indifférencié, c'est mal).

Citation :
— ce fut une révélation pour moi que de voir cette dernière si engagée et si magnifiquement chantante ! Oui, ces graaaaves ; et par ailleurs, ces aigus !).

C'était pareil en Alice, ce n'est pas seulement une coïncidence. Les médiums sont fabuleux, mais épais comme ils sont, on se dit qu'elle ne pourra jamais faire les aigus (surtout revenant de deux soirées d'annulation poru maladie)… et au contraire, je n'ai jamais entendu le contre-ré ausi facile et émis dans la voix, sans contorsions, sans pousser…


Citation :
Kurzak a-t-elle aussi été timidement accueillie aux saluts le soir où tu y étais (si l'on compare à l'accueil réservé à Spyres, et Crebassa surtout) ?

Pas de délire, mais le public pour Mozart est fait de beaucoup de gens moins chevronnés, qui viennent parce que c'est Mozart et n'ont pas forcément les points de comparaison des acharnés qui comparent toutes les distribution d'Europe – sinon ils auraient fait crouler Garnier en trépignant et on pourrait enfin construire une salle fonctionnelle et moins laide.
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