Philharmonie - Janvier 2018 - Biennale Quatuors à Cordes

Cela commence cette semaine avec 2 master classes d'Alfred Brendel.

J'assiste à 2 concerts demain :

Quatuor Van Kuijk que j'avais découverts à Lyon, un quatuor enthousiasmant à tous points de vue.  
Nicolas Van Kuijk , violon
Sylvain Favre-Bulle , violon
Emmanuel François, alto
François Robin, violoncelle

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n°3

Anton Webern
Fünf Stücke op. 5

Edith Canat de Chizy
En noir et or, Quatuor à cordes n°4 (commande ECHO, Festspielhaus de Baden-Baden, Philharmonie de Paris, création française)

Entracte

Franz Schubert
Quatuor à cordes n° 14 "La Jeune Fille et la Mort"

et plus tard :

Quatuor Voce
Sarah Dayan, violon
Cécile Roubin, violon
Guillaume Becker, alto
Lydia Shelley, violoncelle

Anton Webern
Langsamer Satz

Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes n° 18

Entracte

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n° 9 "Razoumovski"

Pour ma part, ce sera jeudi 18 janvier 19h:

Quatuor Asasello

Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes n° 20

Arnold Schönberg
Quatuor n° 2, pour soprano et cordes

Actéon a écrit:

Quatuor Voce
Sarah Dayan, violon
Cécile Roubin, violon
Guillaume Becker, alto
Lydia Shelley, violoncelle

Anton Webern
Langsamer Satz

Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes n° 18

Entracte

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n° 9 "Razoumovski"

Je ne les ai pas revus depuis la finale du concours d'Évian-Bordeaux (il y a une quinzaine d'années), mais à en juger par la radio et les disques, ils sont toujours aussi audacieux et engagés. Vraiment des propositions neuves, le type de formation qui mérite le déplacement.

Actéon a écrit:

Quatuor Van Kuijk
Nicolas Van Kuijk , violon
Sylvain Favre-Bulle , violon
Emmanuel François, alto
François Robin, violoncelle

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n°3

Anton Webern
Fünf Stücke op. 5

Entracte

Edith Canat de Chizy
En noir et or, Quatuor à cordes n°4 (commande ECHO, Festspielhaus de Baden-Baden, Philharmonie de Paris, création française)

Franz Schubert
Quatuor à cordes n° 14 "La Jeune Fille et la Mort"

Les Van Kuijk ont donc eu l'honneur d'ouvrir cette biennale samedi matin dans l'amphithéâtre plein (250 places) de la Cité de la musique. C'est vraiment une salle idéale pour ce genre de formation et la proximité avec les artistes est réelle. Un programme très dense (ce sont des habitués de ces programmes longs avec 4 œuvres, le concert a duré 2 heures !) sans aucune baisse de tension avec une belle création en présence de la compositrice (très chaleureusement applaudie), En noir et or, festival de spiccato, glissendo, sautillé, col legno... même le violoncelliste doit désaccorder sa corde de do vers la fin de l'oeuvre.

Le Schubert était très concentré et ne cédait pas pas aux facilités d'un lyrisme échevelé qu'on entend parfois dans cette oeuvre.

Un bis un peu décalé avec Les chemins de l'amour de Poulenc, adapté pour quatuor à cordes (pas par Poulenc qui a lui même détruit ses 2 quatuors dont il n'était pas satisfait).

Les Van Kuijk ont un grand potentiel et on est impatient d'entendre ce que quelques années de maturité (cf. les Voce) leur apporteront.

A la fin de son concert à la Biennalle, le quatuor Danel a joué un bis de Weinberg et a remercié la Philharmonie qui les a programmés la saison prochaine pour une intégrale des quatuors de Weinberg.

J'aime beaucoup la formation actuelle du Borodin Quartet, particulièrement la sonorité sans la moindre acidité du premier violon.

Magnifique concert avec un programme audacieux : programmer le 15° de Chostakovitch joué dans l'obscurité totale (sauf les pupitres !) après un "crowd-pleaser" comme le quintette à cordes de Schubert n'était pas gagné d'avance et en a déstabilisé quelques uns !

Dans le Schubert, extraordinaire second violoncelle avec Alexander Ramm : une sonorité énorme qui a donné une lisibilité parfaite à la partie du second violoncelle.

Actéon a écrit:

Quatuor Voce
Sarah Dayan, violon
Cécile Roubin, violon
Guillaume Becker, alto
Lydia Shelley, violoncelle

Anton Webern
Langsamer Satz

Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes n° 18

Entracte

Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n° 9 "Razoumovski"

Quelques mots aussi des Voce, entendus samedi dernier dans l'amphithéâtre. Le contraste avec les Van Kuijk était assez saisissant : quelques années de plus mais une violoncelliste un peu plus effacée, un altiste à la forte personnalité (et quelle projection !) et Sarah Dayan et Cécile Roubin qui s'échangent le siège de 1er violon à l'entracte (exercice très intéressant pour l'auditeur).

Le Langsamer Satz offrait un contraste saisissant avec les 5 Pièces du même Webern entendues le matin. Même pas 5 ans séparent les 2 compositions dont l'une évoque le lyrisme de la Nuit transfigurée et de Im Sommerwind, quand l'autre est plus expressionniste.

En bis virevoletant, la cinquième (Tarantelle) des Fünf Stücke für Streichquartett de Schulhoff.

La Biennale se poursuit ce weekend.

sergio a écrit:

J'aime beaucoup la formation actuelle du Borodin Quartet, particulièrement la sonorité sans la moindre acidité du premier violon.  

Magnifique concert avec un programme audacieux : programmer le 15° de Chostakovitch joué dans l'obscurité totale (sauf les pupitres !) après un "crowd-pleaser" comme le quintette à cordes de Schubert n'était pas gagné d'avance et en a déstabilisé quelques uns !

Dans le Schubert, extraordinaire second violoncelle avec Alexander Ramm : une sonorité énorme qui a donné une lisibilité parfaite à  la partie du second violoncelle.

C'est du gros, gros concert, ça. J'aurais du mal à enchaîner les deux, quel que soit le sens !

(mais ça me tentait beaucoup, j'étais juste à concert de lied exceptionnel à côté)

Actéon a écrit:

quelques années de plus mais une violoncelliste un peu plus effacée, un altiste à la forte personnalité (et quelle projection !) et Sarah Dayan et Cécile Roubin qui s'échangent le siège de 1er violon à l'entracte (exercice très intéressant pour l'auditeur)

Je suis en train de les écouter aux disques (leur Beethoven chez Naïve, en quintette à cordes chez Alpha), ça recoupe exactement tout ce que tu dis!

Demain soir à la Cité de la musique, à 20h30:

Franz Schubert
Quartettsatz

Alexandre Borodine
Quatuor à cordes n°2

Dmitri Chostakovitch
Quatuor à cordes n° 3

Quatuor David Oistrakh
Andrey Baranov, violon
Rodion Petrov, violon
Fedor Belugin, alto
Alexei Zhilin, violoncelle

(apparemment il reste une petite place)

Grand grand concert des Borodine, d’une densité extraordinaire, et ce dans les deux œuvres présentées. Leur homogénéité est toujours aussi impressionnante, avec une perfection rare des équilibres.
Et concert lamentable des Ebene, jouant souvent faux, avec une vulgarité permanente des phrasés du primarius et du violoncelliste. Razoumovsky hystérique, avec un jeu désordonné qui a fini par abimer l’oeuvre.

sergio a écrit:

A la fin de son concert à la Biennalle, le quatuor Danel a joué un bis de Weinberg et a remercié la Philharmonie qui les a programmés la saison prochaine pour une intégrale des quatuors de Weinberg.

Merci pour l'info !

C'est étonnant, ça n'a pas déjà été fait en parallèle avec l'intégrale Chosta, il y a deux ou quatre ans ?

Mais je ne vais pas me plaindre d'un peu de renouvellement (même si Vainberg n'est pas ma priorité).

Peut-être est-ce juste le complément de l'intégrale Boris Tchaïkovski / Mossolov ?

Première fois que je vois quelqu'un reconnaitre l'existence de Boris Tchaikovski !

J'aime beaucoup ses quatuors à cordes enregistrés par quatre musiciens russes chez Northern Flowers...

sergio a écrit:

Première fois que je vois quelqu'un reconnaitre l'existence de  Boris Tchaikovski !  
J'aime beaucoup ses quatuors à cordes enregistrés par quatre musiciens russes chez Northern Flowers...

Nous en avions pourtant causé voici déjà quelque temps dans le fil dédié (cf. ce post et les suivants.)

Preuve que tu ne lis pas assez régulièrement ce forum , je dois être le perdreau de l'année en ce qui le concerne, Vino, Benedictus et quelques autres membres illustres m'ayant précédé de plusieurs années…

Il a même son fil !

Trés bien, me voilà rassuré ! Mais Boris est tellement ignoré que c'est une bonne chose d'en parler à nouveau....

Encore plus négligé et peut être plus intéressant, toujours chez Northern Flowers: les quatuors à cordes de Vadim Salmanov par le quatuor Taneyev.

Ça, j'en avais causé avec lulu mais hors fil dédié, il faudrait fouiller dans les vieilles playlists. Très chouette aussi, mais déjà plus classiquement «soviétique» (disons entre Miaskovsky et le Chostakovitch le plus beethovénien.)

Les quatuors à cordes de Salmanov sont magnifiques.

Bernard Fournier ne les analyse pas dans son Histoire du Quatuor à cordes parce que l'enregistrement n'était pas publié quand le livre est sorti mais je ne peux qu'encourager les jeunes quatuors à cordes à les mettre à leur répertoire.

Ce sont des oeuvres à la fois modernes et séduisantes en mesure d'avoir beaucoup de succès en concert.

Oui, ce pourrait assez bien correspondre aux goûts du public… mais quand on voit l'absence totale de renouvellement du répertoire (et les salles vides quand on ne joue pas Beethoven ou les derniers de Mozart / Schubert), par des ensembles qui jouent les quelques mêmes titres sur tout un territoire (quelle vie itinérante et en même temps close ce doit être !), je doute que ce soit un sésame pour les jeunes quatuors, fussent-ils motivés : ceux qui pourraient imposer des compositeurs aussi obscurs seraient les quatuors capables de remplir sur leur nom seul, et ils ne sont pas si nombreux.

Je ne le trouve pas si soviétique d'ailleurs, Benedictus : dans le Premier, par exemple, ça ne pépie à la manière kolkhozienne que dans le dernier mouvement. Mais c'est vrai que ça vaut largement un bon nombre de quatuors de Chostakovitch !

Franz Schubert
Quartettsatz

Alexandre Borodine
Quatuor à cordes n°2

Dmitri Chostakovitch
Quatuor à cordes n° 3

Quatuor David Oistrakh
Andrey Baranov, violon
Rodion Petrov, violon
Fedor Belugin, alto
Alexei Zhilin, violoncelle

Concert complet, public très très enthousiaste, et pour cause, quel concert ébouriffant!!

A part le 2è violon un peu sage (et encore, je suis sévère, et c'est par comparaison), des musiciens déchaînés dans un superbe programme, habité de bout en bout.

J'avais oublié à quel point le 2è mouvement en particulier du Borodine annonçait le jeune Debussy (quoique, il me semble que le trio de Debussy date de 1880 et le 2è quatuor de Borodine de 1881... en tout cas les parentés sont assez frappantes), aussi bien dans l'harmonie que dans les courtes phrases systématiquement jouées deux fois.
En tout, une oeuvre vraiment délicieuse, un de mes quatuors préférés du XIXè.
Le Quartettsatz de Schubert, je crois que je l'avais assez rarement écouté jusqu'ici, c'est vraiment chouette, surtout joué comme ça!
Le Chosta était particulièrement intense, habité de bout en bout, violent (2è et 3è mouvements surtout), profond aussi. (la toute fin)
Je me demande si le fait d'en avoir écrit 15 ne le dessert pas un peu finalement, on oublie presque combien il y a de superbes réussites dans ce corpus, et pas seulement le 8, qui est le seul de vraiment célèbre.

1er violon et violoncelle particulièrement beaux et intenses, avec des musiciens aussi expressifs impossible de ne pas être pris du début à la fin, y compris avec des bis plus légers. (24è caprice de Paganini pour quatuor à cordes, je ne sais pas qui a fait ça, apparemment Ysaye, en tout cas c'est hyper ludique et incroyable de virtuosité, puis la Rêverie de Tchaïkovsky pour finir)

Xavier a écrit:

Concert complet, public très très enthousiaste, et pour cause, quel concert ébouriffant!!  

Effectivement ce concert était magnifique et ces musiciens ont une technique hallucinante. Je m'en suis rendu compte en les écoutant à la suite des Noga et Thymos que je venais d'entendre juste avant. Au moins 3 d'entre eux mènent aussi une carrière de de soliste et cela s'entendait (et se voyait). Andrey Baronov a remporté le concours Reine Elisabeth en 2012. J'adore ce son de cordes très russe, chaud et très vibré. J'émets une réserve infime sur les tempi qui m'ont parfois semblé un poil trop rapide (le Quartettsatz mené à un train d'enfer).

Oui, c'est pourquoi j'ai dit "ébouriffant", parce qu'effectivement, c'était souvent la course à l'abîme, mais franchement, je suis loin de m'en plaindre!
J'ai trouvé que ça fonctionnait du tonnerre.

Une recension assez bien vue de quelques concerts (et qui recoupe mes impressions des Noga et Thymos) :

https://culturebox.francetvinfo.fr/voyageur-de-notes/2018/01/28/de-beethoven-a-ligeti-un-etat-contemporain-du-quatuor-a-cordes.html

Actéon a écrit:

Une recension assez bien vue de quelques concerts (et qui recoupe mes impressions des Noga et Thymos) :

https://culturebox.francetvinfo.fr/voyageur-de-notes/2018/01/28/de-beethoven-a-ligeti-un-etat-contemporain-du-quatuor-a-cordes.html

L'opus 131 beethovenien des Casals était exceptionnel, d'une rare perfection, sans l'ombre d'une chute de tension pendant 40mn, avec un niveau d'écoute, de concentration et de décontraction, des quatre!, admirables. Cent coudées au dessus de l'opus 127 des Noga (pourtant de très loin pas les pires: remarquable Ligeti). Parler de manque d'engagement et de vision est d'une insigne bêtise. Avec des critiques pareilles, nous n'aurons bientôt plus que des David Oistrakh (le quatuor éponyme entendu le même soir, pas le violoniste!), 100% esbroufe.
Trois concerts mémorables durant de cette biennale: Borodine, Casals et Hagen (avec un très grand Jörg Widmann).