Philharmonie - Tchaïkovski 2 & 4 (Jordan/Opéra de Paris)

2e volet triomphal du cycle Tchaïkovski par Jordan et l'orchestre de l'opéra hier soir à la Philharmonie, avec les n°2 et 4.

Les 1 & 5 étaient déjà très bien (à Bastille), hier c'était excellent : vif, net, engagé, puissant, sans chichi. A mon goût, ça manquait quand même de profondeur dans la 4e, mais c'est passé à toute vitesse !

Orchestre remarquable de cohésion et de solidité, même si les timbres ne sont pas spécialement séduisants (petite harmonie moins poétique qu'à l'Orchestre de Paris, cordes moins chaleureuses qu'au Philhar). C'est un mini détail mais j'ai eu l'impression que le percussionniste avait eu du mal à stopper la résonance du gong dans le finale de la 2e ! Ce n'était pas très net (je crois qu'il a même mis son dos en opposition !).

Jordan ovationné par le public, il faut dire qu'il donne le change visuellement, direction très physique, et il plaisait beaucoup à plusieurs de mes voisines d'un âge respectable ("ohhh qu'est-ce qu'il est beau quand même"). C'était archi plein, même plus que pour le Ring...

Fin du cycle avec la 3 et la 6 le 15 mai.

Un des plus beaux concerts que j'aie vus dans cette salle. De la rondeur et de la fougue à la fois, même le temps de réverbération était optimisé, une très grande lecture de la Deuxième.

Un peu lessivé émotionnellement après le Ring et la Deuxième pour encaisser la Quatrième, que je trouve la moins passionnante des six (plus uniment mélodique), qui m'a semblé moins aboutie aussi dans l'exécution, mais c'était une sacrée orgie hier soir. Du niveau de Mahler 2 par Franck, de Roma par l'ONDIF, de la Suite de Rusalka par Honeck…

tomseche89 a écrit:

C'est un mini détail mais j'ai eu l'impression que le percussionniste avait eu du mal à stopper la résonance du gong dans le finale de la 2e ! Ce n'était pas très net (je crois qu'il a même mis son dos en opposition !).

Détail pour détail : c'est un tam-tam chinois (le gong a une hauteur définie, comme dans Rituel, il est plus rarement utilisé dans la musique fin XIXe-début XXe).

Je crois que c'était tout à fait délibéré, une façon d'éteindre progressivement la résonance, tout simplement. (je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible de l'interrompre totalement en le saisissant à la main)

C'est vrai que Jordan a une classe folle lorsqu'il dirige en concert… et cette fois, comme l'orchestre voulait, ça a produit un véritable résultat. Je ne l'avais pas trouvé aussi bon non plus en symphonique avec d'autres orchestres, vraiment un grand soir (comme à chaque fois qu'il donne du symphonique avec l'Opéra, cela dit).

Réglé aussi, le problème du déséquilibre avec les trombones bruyants et moches qu'on avait eus à la fin de la Cinquième !

tomseche89 a écrit:

Jordan ovationné par le public, il faut dire qu'il donne le change visuellement, direction très physique, et il plaisait beaucoup à plusieurs de mes voisines d'un âge respectable ("ohhh qu'est-ce qu'il est beau quand même"). C'était archi plein, même plus que pour le Ring...

Quoi, il y avait encore des places de disponibles pour le Ring ! Quel scandale ! Sinon, le physique avantageux de Jordan est évidemment un bon argument de vente, sachant que lorsqu'il est caché dans la fosse, il ne peut pas autant se montrer.
J'ai regardé la symphonie n°2 sur internet en direct hier soir, c'était merveilleux, vraiment. Je ne la connaissais pas du tout et j'ai été conquis. Et c'est vraiment un plaisir d'entendre l'orchestre de l'opéra de Paris dans du symphonique. J'écouterai la 4 plus tard.

Nous avons été également enchantés par ce concert plein de justesse et de dynamisme et un chef d'orchestre d'une réelle présence.

Un papier assez marrant de Lompech: https://bachtrack.com/fr_FR/critique-philippe-jordan-orchestre-opera-national-de-paris-philharmonie-mars-2018
J'ai moins aimé la 4ème symphonie sinon, mais c'était très bien comme concert.

Intéressant de constater que sur ce forum on ne pratique pas le "Jordan bashing" systématique...
Bien entendu ça ne dispense pas de critiquer certaines de ses prestations à l'ONP.

Belcore

Ce n'est quand même pas un mauvais chef (même si on peut le trouver peu anguleux). Et puis ce concert était assez miraculeux, surtout la Deuxième Symphonie, difficile de faire la fine bouche.

Effectivement, Jordan a beaucoup de détracteurs un peu irrationnels. Oui, dans Mozart et Verdi, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, mais il a quand même des qualités, et notamment dans Wagner et Strauss où il excelle.