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| | Chostakovitch | |
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Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 19:12 | |
| Je commence donc mon exposé des symphonies de Chostakovitch. Personne ne s'étonnera que la rutilance de l'écriture m'ait immédiatement séduit dans la symphonie n°1, qui, par certains aspects, se rapproche de Stravinski (les accents sardoniques de Pétrouchka), de Scriabine (les crescendi très saisissants), et préfigure curieusement, dans sa rythmique implacable, le versant moderniste de Paul Hindemith. C'est quelquefois un peu bruyant mais fort intéressant toujours, avec de beaux thèmes et surtout des développements qui m'évoquent les techniques mahlériennes. Pas grand chose de bouleversant, cependant. La suite arrive ! |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 20:27 | |
| La symphonie n°2 est, de fait, extrêmement étrange, comme je l'avais dit page précédente. D'une brieveté rare chez Chostakovitch (18 minutes pour Jansons), elle rassemble des éléments hétéroclites, à savoir deux premiers mouvements d'un modernisme exhibitionniste très choquant, et un final choral ambigu, amer, où cette fois la musique est plus conventionnelle.
Les deux premières pages, orchestrales, s'enchaînent directement et ne sont pas vraiment plaisantes à écouter. Les textures, au début, naissent ex nihilo et se déploient dans l'extrême grave, à l'intérieur d'une ambiance pesante, cauchemardesque ; on aboutit à des halètements affolés de trompette - rien de très poétique. Le ton "industriel" de l'oeuvre est donné : on se croirait à l'usine, dans la métallurgie, avec des rouages qui tournent à toute vitesse, une activité foisonnante mais mécanique, dépourvue d'humanité et des sentiments. Le finale s'étale en textes de propagande assez détestables, tandis qu'une sirène d'usine (ou une corne de paquebot) se fait bruyamment remarquer. Le tout s'achève sur un glapissement des choeurs, non chanté : Komuna, e Lenin ! Ca laisse vraiment un drôle d'arrière-goût, d'une noirceur extrême, qui semble dépeindre le climat délétère d'une "révolution" qui n'a pas vraiment fait progresser l'humanité vers le paradis escompté. Si Chosta avait écrit ça dix ans plus tard, il était bon pour le goulag... Ne m'étonne pas qu'il ait renié cette oeuvre, comme la suivante. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 20:42 | |
| Je serai bref sur la symphonie n°3, qui ne m'a pas follement captivé. Elle a de fortes similitudes structurelles avec la n°2, mais sans le côté grinçant de cette dernière, qui lui conférait un certain intérêt : ici, la préparation orchestrale est plutôt plate, sans beaucoup d'effets ni "romantiques", ni "modernes", et le finale choral plus court et plus laudatif que le précédent. Pour moi, c'est la moins bonne des quinze. Parlons en revanche de la symphonie n°4. J'avais lu qu'elle était mahlérienne ; je ne suis pas d'accord : c'est du Mahler ! On retrouve l'ambiguité entre sublime et grotesque inhérente à mon compositeur favori, les développements complexes, l'enchevêtrement d'idées dont la structure n'apparaît pas immédiatement, la longueur (une demi-heure pour chacun des deux mouvements extrêmes ). Elle m'a posé, comme d'ailleurs en leur temps les symphonies de mon cher Mahler, beaucoup de problèmes de compréhension, en raison de l'extrême complexité de son écriture. Mais il y a vraiment un charme à cette oeuvre sombre, intransigeante, où le passage qui m'a le plus marqué est ce choral à la fin du premier mouvement, apparemment triomphal, mais horriblement déformé par d'affreuses dissonnances, comme altéré, très cauchemardesque. La richesse de la polyphonie et de l'orchestration atteint un sommet que même dans la suite, je ne retrouve jamais tout à fait. C'est terriblement "intellectuel", mais émouvant tout de même. Chostakovitch y développe pour la première fois (les 2 et 3 sont à part, la 1 plutôt pas noire) sa tendance au desolando, avec cette atmosphère sinistre, fantômatique... Un beau chef d'oeuvre. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 90765 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 20:52 | |
| Oui, j'ai réécouté cette 4è il y a peu, c'est vraiment grandissime, le 1er mouvement est une grande tragédie musicale implacable, et la toute fin est unique chez Chosta, une espèce de vide terrible. Voir le sujet d'Alex spécifique sur cette symphonie. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97251 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 22:47 | |
| Excellente initiative, ça c'est vraiment chouette, ce bréviaire Ca permet de tout parcourir d'un coup d'oeil, c'est idéal pour s'initier. Est-ce qu'un modérateur pourrait mettre la référence en tête de fil, s'il vous plaît ? |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 16 Fév 2008 - 23:00 | |
| La symphonie n°5 s'impose comme ma préférée. Cette oeuvre assez courte, extrêmement concentrée, est d'une puissance qui ne se dément jamais. Du premier mouvement, lugubre et tourmentée, à l'explosion triomphale et parodique du finale (comme vous vous doutez, j'adore), l'intensité saisit l'auditeur et ne le lâche plus. L'écriture est moderne, mais moins provocante que dans les 2 et 3, et moins touffue que dans la 4. Le deuxième mouvement est directement inspiré de celui de la symphonie n°1 de Mahler et le Largo est d'une noblesse mystérieuse et maîtrisée (mais pas vraiment apaisée) qui en fait l'un des moments les plus recueillis du legs foisonnant de Chostakovitch. Pour moi, c'est l'une des plus accessibles du corpus (je vois difficilement comme résister au début du finale), l'une des plus réussies aussi.
Plus courte, vivement contrastée, la symphonie n°6 a néanmoins des points communs avec la précédente : comme elle, elle s'achève dans un militarisme grossier, volontairement vulgaire ; comme elle, elle débute dans une atmosphère sombre. Cependant, concernant le début, il y a des différences : là où la 5e était toute en gradations, en étages émotionnels et structurels, le discours naissant peu à peu, se déployant dans un paysage de douleur, la 6e, elle, commence in media re dans une misère affligée. Le climat clairement funèbre des premières pages assombrit un scherzo bondissant, et un finale rossinien, qui sautille partout, danse dans le vide, tournoie et vacille sur lui-même avec un manque volontaire de profondeur, pour finalement se vautrer dans les harmonies militaires de la façon la plus vulgaire qui soit. Personnellement, j'aime beaucoup aussi cette oeuvre proche de la 5e dans l'écriture, mais moins inspirée, du moins à mon humble - et mauvais - goût. |
| | | Papageno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2164 Age : 36 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 13/07/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 0:02 | |
| pour avoir vu la 5 eme en concert , je peux vous dire, que cette musique prend toute sa dimension en concert justement . Je m'en rappelle comme si c'était hier, un des concerts qui ma plus marqué !! Le début du 4eme mouvement m'avais prit par les trippes ; le troisieme mouvement déchirant . Je connais pas (encore) toute les symphonies de Shostakovich, mais la 5eme fait partie de mes préférées. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 0:37 | |
| La symphonie n°7 est sûrement, et peut-être à juste titre, la plus célèbre des symphonies de Chostakovitch. Malgré sa longueur (plus d'une heure), elle est captivante de bout en bout. Le premier mouvement, particulièrement, est l'une des choses les plus incroyables que Chosta ait jamais été écrit : le développement se base sur une idée fixe qui se maintient dix minutes durant (avec un ostinato de percussion, à l'image du premier mouvement de la Cinquième symphonie de Nielsen)... ça m'a cloué sur mon siège lors de la première écoute ! Le second est un peu moins intéressant (tout est relatif), mais on rentre à nouveau dans le génial absolu avec le troisième, un Adagio belliqueux et ardent à l'imagerie musicale séduisante. C'est magnifique. Le finale ne lâche rien, la tension se maintient, implacable, jusqu'au bout, et il n'y a pas de soulagement final - le combat continue. Par delà l'héroïsme guerrier qu'il a été de bon ton de percevoir ici, c'est un ton douloureux, dégoûté des atrocités de la guerre, qui transparaît - un profond malaise derrière les exhortations, malaise qui s'extériose dans la Huitième.
La symphonie n°8, presque aussi longue que la 7, en constitue en effet le pendant "intérieur" ; là où la 7e pouvait avoir une implication factuelle (on a assimilé le thème du premier mouvement que j'évoquais tout à l'heure à l'invasion allemande), la 8e est purement musicale, et purement intériorisée. C'est la douleur, la souffrance extrême d'une âme blessée par l'horreur qui se déploie ici dans des océans de pathétique, de désespoir irrémédiable. Le troisième mouvement (qui s'inspire de la trompette de la 2e symphonie) exploite le thème d'une guerre atroce et éternellement réitérée, tandis que les quatre autres pages qui l'encadrent ont une tonalité clairement tragique. Aucun dénouement heureux ne vient assécher cette vallée de larmes. Inexorable, chostakovitchien, au sens le plus pessimiste qu'on puisse entendre, mais tellement beau ; l'écriture est la quintessence du post-mahlérisme expressionniste. Chostakovitch, par la suite, changera un peu de cap (exception faite de la 10e), la veine mahlérienne s'épuise avec ce chef d'oeuvre absolu. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 90765 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 0:40 | |
| - Spiritus a écrit:
- La symphonie n°5 [...] le Largo est d'une noblesse mystérieuse et maîtrisée (mais pas vraiment apaisée) qui en fait l'un des moments les plus recueillis du legs foisonnant de Chostakovitch.
De la noblesse mais aussi du tragique et de la désolation, j'aime beaucoup ce que fait Chostakovitch au niveau de l'orchestration et ces accords resserrés et dissonnants aux cordes... C'est frissonnant et bouleversant, une de ses pages les plus inspirées, certainement. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 0:42 | |
| Tout à fait d'accord. |
| | | Picrotal Parano lunatique
Nombre de messages : 12620 Age : 47 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:22 | |
| Mouais ben rien à faire, la 5eme de Chosta, je continue à n'y rien comprendre du tout... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 90765 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:24 | |
| Ah zut, pourtant Spiritus a raison, c'est sans doute sa plus accessible. Essaie peut-être la 11è, bouleversante aussi mais surtout très simple et claire dans sa construction. (surtout quand tu suis l'argument) |
| | | Picrotal Parano lunatique
Nombre de messages : 12620 Age : 47 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:26 | |
| - Xavier a écrit:
- Ah zut, pourtant Spiritus a raison, c'est sans doute sa plus accessible.
Ab bon ?? |
| | | Picrotal Parano lunatique
Nombre de messages : 12620 Age : 47 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:39 | |
| P.S. Enfin le pire dans l'histoire c'est que je ne dis même pas que c'est désagréable à entendre, j'ai juste l'impression d'écouter Symphonie en ut majeur pour lunatiques accomplis ... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 90765 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:40 | |
| Ca ne te convient pas? Je me répète, la 11è est vraiment carrée est claire de construction, ça te semblera peut-être plus intelligible. |
| | | Picrotal Parano lunatique
Nombre de messages : 12620 Age : 47 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 2:42 | |
| - Xavier a écrit:
- Ca ne te convient pas?
Je me répète, la 11è est vraiment carrée est claire de construction, ça te semblera peut-être plus intelligible. Oui j'avais noté, désolé j'avais oublié de te remercier pour le conseil... Encore va t-il falloir que je la trouve, cette onzième... |
| | | sofro Tonton
Nombre de messages : 2268 Localisation : LYON Date d'inscription : 19/09/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 10:56 | |
| - PJF a écrit:
- Moi, ça fait plus de deux mois que je me suis plongé dans les quatuors, et je n'en ai pas encore fait le tour. Mais c'est, comment dire ?... BEAU !
Ce sont des oeuvres que je vénère, et que j'écoute très régulièrement, les tenant comme chefs d'oeuvre de la musique de chambre du XXème siècle. Comme plusieurs en ont parlé ici, je crois que je vais faire une petite synthèse. On a malheureusement trop souvent tendance à s'arrêter au 8ème alors que d'autres sont de même valeur. @Spiritus: merci pour ce compte-rendu détaillé des symphonies. Cela m'incite à relancer mes écoutes pour la 7ème qui m'a toujours refroidi, son aspect "engagé" m'ayant toujours paru (peut-être à tort) plus important que sa valeur musicale. Il n'y a pas de version baroque qui ferait mieux passer la pilule ? |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 11:05 | |
| Merci, je continuerai à mon retour mardi. La Leningrad avec les crins-crins, ça pourrait être un concert amusant... mais uniquement le 1er avril, il va falloir attendre. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97251 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Dim 17 Fév 2008 - 13:19 | |
| - sofro a écrit:
- Ce sont des oeuvres que je vénère, et que j'écoute très régulièrement, les tenant comme chefs d'oeuvre de la musique de chambre du XXème siècle.
Des chefs-d'oeuvre de la musique tout court. J'ai les ai longtemps tenus pour le plus beau corpus musical jamais écrit. A l'époque, je ne connaissais ni Calli ni Alma. - Citation :
- Comme plusieurs en ont parlé ici, je crois que je vais faire une petite synthèse. On a malheureusement trop souvent tendance à s'arrêter au 8ème alors que d'autres sont de même valeur.
Les 6, 7, 8 et 9 sont assez dans le même esprit, et j'aurais du mal à les départager par ordre d'intérêt. - Citation :
- @Spiritus: merci pour ce compte-rendu détaillé des symphonies. Cela m'incite à relancer mes écoutes pour la 7ème qui m'a toujours refroidi, son aspect "engagé" m'ayant toujours paru (peut-être à tort) plus important que sa valeur musicale.
Je ressens sensiblement la même chose - du moins pour le premier mouvement, mais je m'arrête souvent là, entre la trentième-septième et la trente-huitème réitérations du thème. - Citation :
- Il n'y a pas de version baroque qui ferait mieux passer la pilule ?
Par Hervé Niquet, je suis sûr que ça aurait de l'allure. S'il fait une intégrale Sibelius, il peut la vendre à n'importe quel prix, il a un acheteur. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 17:19 | |
| Avant de me lancer dans d'ardents débats wagnériens, je tiens à terminer mon petit topo sans prétentions sur les symphonies de Chostakovitch.
J'en étais donc à la symphonie n°9. Pas plus simple, mais moins dense que les deux précédentes, et surtout énimement plus courte (trois fois moins développée), elle m'a plu tout de suite. Le ton d'évidence adopté par le début du premier mouvement, rapidement contrecarré par une caisse claire ironique et des ricanements ténébreux, donne le caractère très ambigu de cette oeuvre censée, dans l'esprit des dirigeants soviétiques, célébrer le triomphe face aux Nazis. En fait, le climat est sardonique, plein d'inquiétude et d'irrévérence vis-à-vis du pouvoir et de ses attentes. L'acidité d'une orchestration qui met les flûtes en avant, évite les gros cuivres triomphants et prend un caractère nettement plus intimiste que dans les symphonies précédentes, illustre une tendance à la critique et à la circonspection. Il ne faut pas s'attendre ici à trouver la suite de la Leningrad, une Huitième renversée : on est plus proche de la Première, cette oeuvre de jeunesse ardente et souriante, avec qui la Neuvième partage la richesse de l'écriture, le caractère volontairement léger, voire superficiel, et une absence de signification extra-musicale qui avait sensiblement déplu, en 1945, aux dirigeants russes. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 17:35 | |
| La symphonie n°10 me semble, curieusement, la plus représentative de toutes les oeuvres du corpus. On y retrouve tout ce qui fait la griffe Chosta : la caisse claire omniprésente ; les longs développements complexes, écho de Mahler ; la violence presque militariste de certains épisodes ; la douleur résignée d'autres ; le caractère à la fois désolé et sardonique, triste et faussement joyeux, de l'ensemble. L'inextinguible premier mouvement est impressionnant, d'une grandeur et en même temps d'une douleur face auxquelles on ne peut que se sentir bien petit. La terrible pugnacité du second, en revanche, est immédiatement communicative. Les accents mélancoliques du mouvement lent s'évanouissent ensuite devant un finale sautillant, d'une grande complexité, qui rappelle les finales de la 5e et 7e de Mahler et celui de la propre 5e de Chostakovitch. Malgré le ton allant qui est adopté, le tout est terriblement sinistre et glaçant, et il est assez déconseillé d'écouter cette oeuvre si on cherche quelque chose qui mette de bonne humeur... Mais c'est un monument et un sommet de la production symphonique.
La symphonie n°11 apparaît de prime comme plus accessible. Oeuvre à programme, qui évoque en des termes vaguement descriptifs la révolution avortée de 1905 (les mouvements portent des titres, mais c'est tout), elle n'a pas l'intériorité émouvante et affligée des autres chefs d'oeuvre de Chostakovitch. Pourtant, il est difficile de ne pas se laisser emporter par la véhémence, la passion enragée et peut-être un peu feinte de l'ouvrage. D'un militarisme à peine renié, celui-ci rappelle les folies des finales des 5e et 6e, mais avec un côté parodique qui s'estompe au profit de la musique pure. L'écriture n'a rien de très choquant, n'était l'utilisation musclée des cuivres et des percussions, qui ont sûrement contribué à donner à l'oeuvre la réputation d'être pompière et propagandiste. Connaissant le contexte politique de fin d'ère stalinienne, où Chostakovitch avait rencontré des problèmes à cause du ton noir de sa Dixième, il faut penser que le compositeur a voulu recouvrir une certaine estime parmi l'intelligentsia, sans, cependant, céder au "réalisme socialiste" prôné par beaucoup de partisans du régime. De fait, si cette Onzième n'a pas la verve critique d'autres oeuvres, il ne faut pas toutefois la considérer simplement comme un chant à la gloire des tyrans. Surtout que musicalement, elle vaut son pesant d'or, pour peu que les éructations de cuivres ne dérangent pas. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 18:04 | |
| Il faut en revanche que j'avoue avoir été assez déçu par la symphonie n°12. Exceptée la sauvage et jouissive coda (qui rappelle, avec ces violents coups de timbales, celle de la Première symphonie de Rachmaninov), elle ne me semble contenir rien de très captivant. Le pompiérisme que l'on pardonnait à la Onzième devient ici un peu gênant, d'autant que le sujet (la révolution de 1917) s'y prête assez et que l'écriture semble nous ramener trente ans en arrière. Il est dommage que Chosta, avec un thème qui aurait pu l'inspirer pour une oeuvre ambigue, à double-sens et à double-emploi, n'ait réalisé que cette chose pas très intéressante, sûrement pas propagandiste, mais fort décevante sur le plan musical même. On rétorquera que les climax nombreux, les explosions de violence cuivrée poussent une manière d'écrire inaugurée pendant la guerre à son point culminant. J'entends plutôt ici un certain manque de motivation, comme si Chosta n'avait pas envie de faire de la bonne musique. J'ai été déçu...
En revanche, la saisissante symphonie n°13, pour basse, choeur d'hommes (basses) et orchestre complet, est tout à fait géniale. Elle exploite des poèmes de je ne sais plus qui, dont le contenu même est ambigu - et l'oeuvre sera retirée après sa création, parce que lesdits poèmes laissaient supposer, d'après les censeurs, que l'antisémitisme sévissait toujours en Union Soviétique. De fait, Chosta retrouve son univers familial fait de noirceur, de militarisme caricatural, de désolation et d'ironie. La musique prend à la gorge dès la première écoute, et ne fait que se révéler par la suite de manière de plus en plus intense. Les choeurs, notamment, sont exploités avec maîtrise et l'orchestre rugit comme on peut s'y attendre (l'utilisation de la grosse caisse est idéalement dosée, et chacune de ses interventions fait sursauter). C'est l'une de mes symphonies préférées parmi celles de Chostakovitch. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 21:49 | |
| La symphonie n°14 est peut-être la plus déprimante de toutes. Le désespoir absolu remplace les sarcasmes politisants ; l'ambiguité fait place à la noirceur. L'écriture n'a jamais été aussi moderne de toute l'oeuvre de Chostakovitch, autant sur le plan d'un usage copieux du dodécaphonisme, que d'une orchestration novatrice, qui utilise les percussions à vide et les cordes divisées en petits groupes qui donnent l'illusion de la musique de chambre à un auditeur dérouté. D'autant que les voix - de soprano et de basse - convoquées évoluent dans une atmosphère pesante, où tout a été durement élagué, lavé de toute tentative d'optimisme. Les poèmes choisis, dont le dernier s'appelle de manière non étonnante Le Suicidé (c'est d'Apollinaire) expriment une résignation terrible qui est aussi celle de l'oeuvre. Personnellement, j'ai du mal avec un ton si noir, si concentré dans la douleur... L'oeuvre est en tous cas bouleversante, on n'en ressort pas indemne. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14014 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 21:57 | |
| Sauf erreur de ma part, le dernier poème n'est pas " Le suicidé", mais "SchluB-Stück " (conclusion) de Rainer Maria Rilke. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 22:01 | |
| Enfin, on arrive à la particulière symphonie n°15, qui est une sorte de condensé de tout ce qui a précédé. On y retrouve le côté grinçant, noir et plein de dérision, qui a fait les beaux jours du jeune Chostakovitch, l'ironie perçante, la noirceur glaçante, la violence de certains passages et le lyrisme équivoque d'autres. Le premier mouvement commence avec le glockenspiel - référence à la Quatrième de Mahler ? Pas impossible... Le ton de gaieté fausse et distanciée fait écho aux grands chefs d'oeuvre de Chosta, et à sa tendance récurrente au desolando (pour citer David) ; puis bientôt la symphonie prend des accents désespérés. Sans avoir la modernité dénudée, choquante, de la 14e, l'écriture de la 15e reprend, digère et synthétise tout le style de Chostakovitch, dans une alchimie saisissante. J'aurais du mal à décrire toutes les sensations éprouvées à l'écoute d'une oeuvre aussi riche, aussi pleine de contrastes, de renversements, d'une densité énorme. En tous cas, à la fin, on est très ému. Les dernières mesures, adieu à la vie et à la musique, résument admirablement l'intensité, la puissance émotionnelle d'un corpus riche et contrastée qui apparaît comme le plus grand du XXe siècle. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 19 Fév 2008 - 22:02 | |
| - Rubato a écrit:
- Sauf erreur de ma part, le dernier poème n'est pas " Le suicidé", mais "SchluB-Stück " (conclusion) de Rainer Maria Rilke.
C'est...exact ! |
| | | PJF Mélomane averti
Nombre de messages : 238 Age : 84 Localisation : Guadeloupe Date d'inscription : 27/07/2006
| Sujet: Re: Chostakovitch Ven 22 Fév 2008 - 18:15 | |
| - sofro a écrit:
- PJF a écrit:
- Moi, ça fait plus de deux mois que je me suis plongé dans les quatuors, et je n'en ai pas encore fait le tour. Mais c'est, comment dire ?... BEAU !
Ce sont des oeuvres que je vénère, et que j'écoute très régulièrement, les tenant comme chefs d'oeuvre de la musique de chambre du XXème siècle. Comme plusieurs en ont parlé ici, je crois que je vais faire une petite synthèse. J'attends avec impatience ! - Citation :
- On a malheureusement trop souvent tendance à s'arrêter au 8ème alors que d'autres sont de même valeur.
Bien sûr ! Et même le 15e : 6 adagios d'affilée, sans un moment d'ennui, il fallait le faire ! |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14014 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 22 Mar 2008 - 9:03 | |
| Je ne sais plus où se trouve le lien qui donnait accès à la traduction de " The Execution of Stepan Razin" Si quelqu'un s'en souvient.. merci! EDIT: Bon, je l'ai retrouvé...dans mes dossiers |
| | | Papageno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2164 Age : 36 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 13/07/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Sam 22 Mar 2008 - 12:20 | |
| - Spiritus a écrit:
- La symphonie n°14 est peut-être la plus déprimante de toutes. Le désespoir absolu remplace les sarcasmes politisants ; l'ambiguité fait place à la noirceur. L'écriture n'a jamais été aussi moderne de toute l'oeuvre de Chostakovitch, autant sur le plan d'un usage copieux du dodécaphonisme, que d'une orchestration novatrice, qui utilise les percussions à vide et les cordes divisées en petits groupes qui donnent l'illusion de la musique de chambre à un auditeur dérouté. D'autant que les voix - de soprano et de basse - convoquées évoluent dans une atmosphère pesante, où tout a été durement élagué, lavé de toute tentative d'optimisme. Les poèmes choisis, dont le dernier s'appelle de manière non étonnante Le Suicidé (c'est d'Apollinaire) expriment une résignation terrible qui est aussi celle de l'oeuvre. Personnellement, j'ai du mal avec un ton si noir, si concentré dans la douleur... L'oeuvre est en tous cas bouleversante, on n'en ressort pas indemne.
Perso, j'ai pas trouvé ca déprimant , on est loin du Lacrymosa du requiem de Mozart ... celle de Shosta qui est la plus triste c'est le troisieme mouvement de la cinquieme ... |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 25 Mar 2008 - 13:08 | |
| Nous n'avons pas les mêmes valeurs Le lacrymosa, n'en parlons pas, c'est bien gentil et bien beau, mais bon, voilà, , et le lento de la 5e est à mon goût triste, mais noble et très digne, pas du tout déprimant, justement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 25 Mar 2008 - 13:45 | |
| pareil, le largo de la 5ème est rempli d'un sentiment d'espoir paradoxal (d'ailleurs c'est me semble-t-il dans l'intention avouée une méditation sur Lénine en Suisse avant son retour en triomphateur, et donc une mise en abyme de la situation de Chostakovich pendant l'écriture de cette symphonie). Dans le genre triste et douloureux, le début de la 11ème, le 15ème quatuor, et surtout la sonate pour alto dépasse tout ce qu'on peut imaginer de sombre chez Chostakovich |
| | | PJF Mélomane averti
Nombre de messages : 238 Age : 84 Localisation : Guadeloupe Date d'inscription : 27/07/2006
| Sujet: Re: Chostakovitch Mer 26 Mar 2008 - 15:45 | |
| - sud273 a écrit:
- Dans le genre triste et douloureux, le début de la 11ème, le 15ème quatuor, et surtout la sonate pour alto dépasse tout ce qu'on peut imaginer de sombre chez Chostakovich
Dans la documentation qui accompagne la version du Quatuor Rubio, il est écrit que le 15e quatuor est "un chef d'oeuvre de mélancolie, de tristesse et d'amertume." C'est curieux, moi, le 15e quatuor ne me paraît pas si sombre. A part dans le 5e mouvement (Marche funèbre), je le trouve plutôt calme, apaisé, ou plus exactement "zen", "non-attaché". Le premier mouvement évoque nettement pour moi la musique liturgique russe. Le Nocturne est une musique profondément "consolante". C'est en tout cas une oeuvre qui ne peut pas laisser indifférent. |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 10:03 | |
| Décidément, Chostakovitch reste un peu difficile à cerner pour moi . Je l'ai découvert avec son 1er concerto pour violoncelle. Après 30 secondes, j'étais conquis. C'est d'ailleurs toujours un de mes trois concertos pour violoncelle favoris. Le deuxième concerto ne me fait ni chaud ni froid. Même chose pour les quatuors à cordes que je trouve fascinants (7, 8, 9, 13...) ou profondément ennuyeux (1, 3 et d'autres que j'oublie). Ici, je viens de découvrir la 7ème symphonie et elle m'a laissé complètement indifférent. D'abord, quitte à passer pour un philistin, elle est beaucoup trop longue (1h20!). Je trouve qu'elle manque de substance sur la durée. Elle aurait gagné à être rabotée d'un (bon) gros tiers. Le thème de l'invasion par exemple. Bon déjà, il est franchement ringard. Je comprends que c'est voulu mais était-il absolument nécessaire de le prolonger pendant près d'un quart d'heure? Et c'est le seul thème dont je me rappelle, c'est dire si les autres m'ont captivé... D'accord, le final triomphant est agréable et tout à fait approprié mais à part ça . La 5ème par contre m'avait plus convaincu. En bref, mon impression avec Chostakovitch, c'est un peu 50% d'idées profondément originales, émouvantes et puissantes contre 50% de thèmes à la limite de la trivialité.
Dernière édition par Cello le Ven 20 Juin 2008 - 9:33, édité 2 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97251 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 10:43 | |
| - Cello a écrit:
- Même chose pour les quatuors à cordes que je trouve fascinants (7, 8, 9, 13...) ou profondément ennuyeux (1, 3 et d'autres que j'oublie).
C'est normal dans ceux que tu cites. 6, 7, 8, 9 sont des chefs-d'oeuvre très personnels, qui font suite à des formes plus fortement tonales, mélodiques et grinçantes. Toujours ces lignes déceptives propres à Chosta, mais dans un versant plus "classique". Moi non plus je ne raffole pas de ces premiers quatuors. - Citation :
- Ici, je viens de découvrir la 7ème symphonie et elle m'a laissé Le thème de l'invasion par exemple. Bon déjà, il est franchement ringard. OK, c'est voulu mais était-il absolument nécessaire de le prolonger pendant près d'un quart d'heure?
C'est un peu mon sentiment aussi. Une fois, on a compris, c'est drôle et tout et tout. Deux fois, parce qu'en musique on aime bien répéter, mais ensuite ! |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 12:54 | |
| Mais l'adagio ? |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 13:37 | |
| Je ne m'en souviens déjà plus...
Je viens de relire tes commentaires très intéressants sur les symphonies et je crois que la prochaine fois, je passerai à la 13ème ou à la 9ème. A te lire, elles semblent correspondre plus au Chostakovich que j'aime, bien noir et angoissé. En attendant, je vais me replonger dans la 5ème. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 13:41 | |
| Si tu veux du noir et angoissé, essaie aussi la 14e. Merci de tes compliments |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 13:55 | |
| Mais de rien.
En fait, j'ai remarqué qu'on était souvent d'accord. Pas de chance cette fois-ci mais c'est pas grave.
Bon, j'ajoute la 14ème à la liste. Mais crois-tu que la 13ème et la 9ème correspondent à ce que je cherche? Genre premier mouvement de la 5ème, 8ème quatuor à cordes, 1er concerto pour violoncelle, ces oeuvres basées sur un motif simple mais... comment dire... complètement névrosé et immédiatement marquant. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 13:59 | |
| En effet, nous sommes très souvent d'accord, et c'est bien normal, entre anglophiles. La 9e quelque part, oui, sauf que le ton adopté est plus détendu, moins métaphysique que la 5e. On est dans l'ironie pure et dure, les ricanements sardoniques, mais c'est du même coup moins solennel, moins profond que dans la 5e, je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Dans la 9e la musique prend un tour léger, sautillant, tout à fait emprunté et sarcastique, ce qui ne la met pas sur le même plan que la 5e. Mais c'est névrosé et marquant, oui. La 13e, elle, est très solennelle, noire et pleine de sauvagerie. Je ne sais pas si on peut dire qu'elle est névrosée, plutôt très pessimiste, elle a le goût du sang dans la bouche. Elle a effectivement des traits communs dans le langage avec la 5e. |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Lun 31 Mar 2008 - 14:38 | |
| - Spiritus a écrit:
- En effet, nous sommes très souvent d'accord, et c'est bien normal, entre anglophiles.
Ah, toi aussi? Ca m'avait échappé. Décidément, . - Spiritus a écrit:
- La 9e... c'est névrosé et marquant, oui.
C'est noté. - Spiritus a écrit:
- La 13e, elle, est très solennelle, noire et pleine de sauvagerie. Je ne sais pas si on peut dire qu'elle est névrosée, plutôt très pessimiste, elle a le goût du sang dans la bouche. Elle a effectivement des traits communs dans le langage avec la 5e.
Miam . Bon alors ce sera 13ème, 14ème et 9ème. Plus réécouter la 5ème. |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 9:12 | |
| Je confirme, la 5ème est nettement plus mon genre.
Elle prend à la gorge dès la première mesure. Elle se fait tour à tour menançante, noire, inquiète, désolée... Point de vue durée, c'est plus court aussi, donc plus concentré.
Dernière édition par Cello le Mar 1 Avr 2008 - 13:22, édité 1 fois |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:12 | |
| Si tu veux du concentré, essaie la 10e aussi : c'est saisissant. |
| | | Sauron le Dispensateur Etre malfaisant
Nombre de messages : 7003 Age : 41 Date d'inscription : 01/11/2006
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:26 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Citation :
- Ici, je viens de découvrir la 7ème symphonie et elle m'a laissé Le thème de l'invasion par exemple. Bon déjà, il est franchement ringard. OK, c'est voulu mais était-il absolument nécessaire de le prolonger pendant près d'un quart d'heure?
C'est un peu mon sentiment aussi. Une fois, on a compris, c'est drôle et tout et tout. Deux fois, parce qu'en musique on aime bien répéter, mais ensuite ! Bah le bruit des armées lors d'un siège c'est assez répétitif non? Cette musique est faite pour aliéner l'auditeur -enfin c'est mon sentiment- et je trouve ça parfaitement réussi. Sinon la plus belle et la plus sombre c'est sans doute la 14ème. En tout cas ma symphonie préférée -de loin- sans doute du fait de l'humilité de son atmosphère chambriste. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97251 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:38 | |
| - Sauron le Dispensateur a écrit:
- Bah le bruit des armées lors d'un siège c'est assez répétitif non?
Précisément, je ne paie pas une place de concert pour aller écouter la fanfare du 14 juillet. [uote]Sinon la plus belle et la plus sombre c'est sans doute la 14ème. En tout cas ma symphonie préférée -de loin- sans doute du fait de l'humilité de son atmosphère chambriste. [/quote] Oui, enfin, chambriste, c'est vite dit. Dans les symphonies de Chosta, c'est mon côté grand public (catégorie 1) qui l'emporte : j'aime beaucoup la Cinquième. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:40 | |
| Mais moi aussi, c'est ma préférée. |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:47 | |
| - Sauron le Dispensateur a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Citation :
- Ici, je viens de découvrir la 7ème symphonie et elle m'a laissé Le thème de l'invasion par exemple. Bon déjà, il est franchement ringard. OK, c'est voulu mais était-il absolument nécessaire de le prolonger pendant près d'un quart d'heure?
C'est un peu mon sentiment aussi. Une fois, on a compris, c'est drôle et tout et tout. Deux fois, parce qu'en musique on aime bien répéter, mais ensuite ! Bah le bruit des armées lors d'un siège c'est assez répétitif non? Cette musique est faite pour aliéner l'auditeur -enfin c'est mon sentiment- et je trouve ça parfaitement réussi. OK, vu comme ça, c'est réussi, ça m'a complètement aliéné. Mais ça ne m'a pas fait songer aux horreurs de la guerre. Ce thème ridicule, ça faisait plutôt Martine à la campagne (avec un petit orage à la fin). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:51 | |
| c'est l'option grand public en effet, et la conformité voulue aux exigences de Staline et Jdanov continue à rassembler les masses: non pas que la 5ème ne soit pas un chef d'oeuvre, mais il y a plus intéressant que cette symphonie (ou le 8ème quatuor qui relève de la même ambition de résumé démonstratif et acceptable). J'ai du mal maintenant à la considérer sans la suivante et surtout les 5 fragments qui explorent des territoires plus intimes. J'aime beaucoup l'utilisation des samples du 1er mouvement dans le titre "Southpaw Grammar" de Morrisey. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chostakovitch Mar 1 Avr 2008 - 13:58 | |
| - Cello a écrit:
OK, vu comme ça, c'est réussi, ça m'a complètement aliéné. Mais ça ne m'a pas fait songer aux horreurs de la guerre. Ce thème ridicule, ça faisait plutôt Martine à la campagne (avec un petit orage à la fin). C'est de la musique de plein air, et il manque les bombes qui tombaient tout autour pendant le final... Ce n'est pas plus ridicule que le thème final de la 9ème de Beethoven, ou plutôt dans la même mesure, puisque ça a la même fonction. Le côté enfantin est revendiqué puisque cette marche est un private joke, une comptine que Chostakovich chantait à son fils (oui Suppé, tout ça, mais pas seulement) |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Chostakovitch Ven 20 Juin 2008 - 10:07 | |
| 11ème Symphonie: Ah oui, là, c'est déjà plus mon truc !
J'avais laissé ces symphonies sur un match nul: une très bonne 5ème et une très ennuyeuse 7ème. La 11ème refait clairement pencher la balance du côté positif.
J'y ai retrouvé le Chostakovitch que j'aime: ces mouvements faussement calmes au travers desquels on peut déjà percevoir une inquiétude diffuse, ces ambiances changeantes passant du souffle épique à l'épouvante (2ème mouvement) ou de la tristesse délicate aux grincements sinistres (3ème mouvement). En plus, c'est une oeuvre vraiment très lisible: on suit très facilement le déroulement des évènements de 1905. Assez longue, 1 heure, mais bien plus digeste que la 7ème.
Je peux quand même faire le difficile? Je la trouve peut-être un poil trop évidente. J'aurais souhaité un petit peu plus de ces grimaces, de cette névrose, de cette angoisse que j'aime tant chez Chostakovitch. Mais bon, cette 11ème se place d'emblée sur la première marche du podium en ce qui me concerne.
Pour la suite, je tenterais bien la 4ème, la 9ème ou la 13ème, tiens... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 90765 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Chostakovitch Ven 20 Juin 2008 - 12:58 | |
| La 9è c'est vraiment pas la meilleure...
Il te reste au moins à découvrir la 4, la 8, la 10, la 13 et la 14. |
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| Sujet: Re: Chostakovitch | |
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| | | | Chostakovitch | |
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