Philharmonie - Bartok Budapest Káli - 30-31/03/19

Malheureusement, Iván Fischer est remplacé, pour raisons de santé.

On peut quand même imaginer que son remplaçant sait de quoi il retourne et que l'orchestre sait ce qu'il a à faire…
Le programme n'a pas été modifié.
Bon, cela n'entachera pas mon impatience pour ce programme bartokien copieux et très alléchant, avec quand même quelques pièces chorales assez rares.


Samedi 30 mars 2019 — 20h30
Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris

Béla Bartók
Le Mandarin merveilleux (suite)
Choeurs d’enfants a capella
Sept Choeurs avec accompagnement d’orchestre Sz. 103

Concerto pour orchestre

Budapest Festival Orchestra
Choeur d'enfants Cantemus de Nyiregyhaza
Gábor Káli, direction


Dimanche 31 mars 2019 — 16h30
Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris

Béla Bartók
Danses populaires roumaines
interprétées par un ensemble de musique populaire composé de membres du Budapest Festival Orchestra

Chants paysans hongrois
Mélodies originales collectées par Bartók dans les villages hongrois.
Chantées par Márta Sebestyén

Chants paysans hongrois pour orchestre

Le Château de Barbe-Bleue

Budapest Festival Orchestra
Márta Sebestyén, chant hongrois traditionnel
Ildikó Komlósi, soprano
Krisztián Cser, basse
Gábor Káli, direction


Programme complet disponible en pdf ici:
https://philharmoniedeparis.fr/sites/default/files/NPGS-30-31-03-Budapest%20Fischer.pdf

Ildikó Komlósi a été une grande Judith, mais son vibrato déjà assez important en 2002 ne s'est-il pas aggravé depuis son enregistrement avec Fischer? C'est ce que je crains un peu...

Je viens de trouver quelques infos sur Gábor Káli: il était prévu comme l'assistant de Fischer sur cette tournée, et ces programmes auront déjà été joués plusieurs fois (Budapest, Luxembourg...) avant d'arriver à la Philharmonie.
Plutôt rassurant.

Je serai au concert du dimanche, et je revends une place pas chère pour le concert du samedi, si jamais...

J'y serai samedi soir.

 Belcore

Samedi soir également !

Concert passionnant ...

Ce qualificatif ne s'applique pas à la démonstration chorale : je comprends le désir de rendre hommage au Bartok redécouvreur du répertoire populaire et pédagogue, mais je me suis ennuyé ferme... malgré l'évident talent des jeunes choristes..

Je ne sais pas ce qu'aurais donné ce concert avec Fischer, mais avec Kali j'ai été comblé - j'adore le Concerto pour orchestre, pour moi une des œuvres majeures du répertoire symphonique du XXème siècle - ma version de référence, c'est Boulez - ce que j'ai entendu hier soir ne pouvait pas etre plus dissemblable, et c'était captivant : je n'ai pas imaginé qu'on puisse jouer le final à un rythme aussi échevelé, sans jamais nuire à l'expressivité de la musique : un court moment les premiers violons se sont désunis, et j'ai cru que tout allait dérailler, mais ça a été fugitif, et tout s'est poursuivi...
Bravo à l'orchestre !

Belcore

Oui, quel orchestre ! J'ai aimé ces tempi fous dans le Mandarin et le Concerto pour Orchestre (dans le Mandarin, je ne pense pas avoir vu des trombones si bons pour tenir des tempi comme ça dans leurs traits...), mais comme toi je me suis un peu ennuyé avec le choeur. Même pour des jeunes, ça manquait vraiment de corps, pourtant elles doivent avoir de la danse dans la formation... mais là, si peux d'accroche corporelle, quel dommage !

Enfin, je suis content d'avoir revu l'orchestre du festival de Budapest, qui est tout de même formidable.

Alors, quelques mots sur ce superbe week-end bartokien.

Samedi: bluffé par l'orchestre et notamment les cordes dès l'entrée du Mandarin, cordes incroyables de précision, d'intensité et de tranchant, et pourtant j'étais dos aux 2è violons qui font cette entrée.
Le Mandarin merveilleux était pour moi le sommet de ce concert, terminé par un très bon Concerto pour orchestre, quand même moins inouï à mon sens. (je n'ai pas trouvé le tempo du final particulièrement étonnant, il me semble que Solti, Karajan ou Salonen par exemple vont plus loin dans cette direction, et puis il faut dire que l'œuvre est quand même moins géniale et plus inégale)
Le Mandarin était donné dans une version inédite pour moi: c'était la suite en ce qui concerne la fin (aux 2/3 du ballet environ, avec la fin rajoutée par Bartok) mais le ballet pour le reste, puisqu'ils n'ont pas fait les mini-coupures qui existent dans la partition de la suite à certains passages.
Sinon, évidemment, si on avait pu avoir le ballet intégral ça aurait été 100 fois mieux, autrement c'était une version exceptionnelle, du même niveau que le Gergiev/LSO qu'on a eu il y a quelques saisons dans la même salle.
J'ai trouvé le chœur de jeunes filles absolument sidérant de beauté et de justesse, franchement je n'ai jamais entendu un truc d'une telle pureté.
En plus les pièces en question sont très charmantes.

Dimanche: intéressant d'avoir les danses roumaines et les chants paysans hongrois dans une version traditionnelle puis la version harmonisée et orchestrée par Bartok, le comparatif était vraiment instructif.
En ce qui concerne les chants paysans en particulier, j'ai remarqué en discutant avec d'autres que certains n'avaient pas remarqué qu'il s'agissait des mêmes mélodies, d'abord sous leur forme traditionnelle, puis sous leur forme bartokienne, il faut dire que les différences pouvaient être très importantes.
Et même dans le cas des danses populaires roumaines, j'ai été surpris dans la version traditionnelle par le fait que par exemple dans les 2 dernières danses les mêmes mélodies pouvaient être harmonisées avec une quinte d'écart par rapport à la version Bartok! (comme si on était à la dominante… mais avec la même mélodie!)
Enfin, Château de Barbe-Bleue très réussi, très intense, avec un très beau Barbe-Bleue, sobre, très bien projeté, chanteur qui n'impressionne pas plus que ça mais qui en fait donne quelque chose de vraiment bien, et malheureusement une Judith qui était remarquable en 2002 dans l'enregistrement d'I.Fischer mais dont le vibrato s'est douloureusement élargi. (entre autres problèmes)
On entend encore la grande Judith qu'elle a été dans son éloquence, sa justesse dans certains moments doux ou presque parlés.
En tout cas ça ne m'a pas gâché la soirée, loin de là.
On a vu et entendu le fameux xylophone très particulier qu'I.Fischer avait déjà choisi pour son enregistrement de l'œuvre en 2002, mais j'ai trouvé que ça sonnait vraiment moins bien qu'au disque, on l'entendait en fait moins qu'un xylophone habituel, ça ne claque pas.

Je remarque avec tous les Châteaux qu'on a entendus dernièrement à Paris qu'on a toujours eu de très beaux Barbe-Bleue (Relyea, Struckmann, Cser), mais jamais de Judith à la hauteur (Stemme très vocale, le nez dans sa partition, pas vraiment concernée, l'inverse avec Komlosi, idiomatique et éloquente mais maintenant plus possible vocalement, enfin De Young simplement moyenne), exceptée dans une certaine mesure Gubanova. (même si ce n'était pas subjuguant non plus)
L'année prochaine on aura De Young et Goerne au TCE, Gubisch et Kovacs à la Philharmonie… on risque d'être dans la même idée.