Agrippina - Emelyanichev - TCE - 29 V 2019

Version de concert.

Agrippina : Joyce di Donato
Poppea : Elsa Benoit
Claudio : Gianluca Buratto
Ottone : Xavier Sabata
Nerone : Franco Fagioli
Pallante : Andrea Mastroni
Narciso : Carlo Vistoli
Lesbo : Biagio Pizzuti

Il Pomo d'Oro
Maxim Emelyanychev

L’œuvre créée en 1709 a été un des premiers grands succès du compositeur ; sans atteindre la sophistication du "Couronnement de Poppée" le livet de Vincenzo Grimani est un petit bijou de cynisme, mélange de ruses, trahisons. Le librettiste, cardinal et vice - roi de Naples applique son esprit caustique à la dénonciation des travers de la papauté. Bien qu'assez complexe, l’œuvre se déploie de manière limpide.
Sur le plan musical la composition est d'une grande modernité, avec un patchwork de récitatifs, d'ariosos, d'ensembles dans lesquels la veine mélodique du compositeur se déploie.
Le plateau vocal fait cohabiter l'excellent et le moyen :
Joyce impératrice : son incarnation est simplement prodigieuse
Xavier Sabata : pour moi une révélation, malgré une projection un peu confidentielle et des insuffisances dans le grave, il est le seul personnage de l’œuvre à manifester des sentiments sincères
Franco Fagioli est un Néron partagé entre la fougue juvénile et la lubricité
Elsa Benoit est une Poppea bien légère, plus proche de la soubrette
Le Claudio de Gianluca Burrato donne à entendre un chant bien prosaïque.
Dommage que le chef - un Currentzis juvénile ? ne parvienne pas toujours à porter l'orchestre au niveau des interprètes vocaux.

Il semblerait qu'un enregistrement sera réalisé : espérons qu'un meilleur Claudio sera distribué - et il pourra difficilement rivaliser avec la version Gardiner, qui reste pour moi la référence.

Belcore

Des critiques :

https://www.forumopera.com/agrippina-paris-tce-agrippine-sort-bien-trop-les-griffes

Belcore

Pour ma part, très bon moment musical hormis des coupures de da capo et suppressions de belles arie... Didonato était fabuleuse, elle campe très bien son rôle.
Un peu moins convaincue par Claude qui a eu du mal à sortir des graves de Cade il mondo.
Fagioli, toujours fidèle à lui-même en incarnant un Néron puéril et en machine à vocalises.
Sabata excellent dans son rôle, me faisant oublier l'annulation de Lemieux !
Bref, malgré quelques bémols, cela reste une soirée extraordinaire !

Oui c'est vrai que certains airs ont été supprimé, mais c'est aussi peut etre au profit d'une meilleure lisibilité du livret, qui m'a paru plus limpide que la fois précédente où j'avais vu cette œuvre ??

Belcore

Ça avait été donné avec Antonacci, il me semble, il y a une dizaine d'années, probablement dans ce même théâtre.

Une autre critique :

https://www.olyrix.com/articles/production/3143/agrippina-haendel-theatre-des-champs-elysees-paris-29-mai-2019-article-critique-chronique-compte-rendu-didonato-benoit-buratto-sabata-fagioli-mastroni-vistoli-pizzuti-emelyanychev-il-pomo-doro

A noter que cette œuvre semble etre l'opéra de Haendel du moment puisqu'elle sera donnée à Covent Garden dans une m e s de Barry Koskie et au Met (!!!) qui reprend la m e s de Mac Vicar - dans toutes ces productions c'est J. di D. qui chantera le rôle titre et au Met, Harry Bicket sera dans la fosse, ce qui pourrait laisser augurer d'une représentation bien morne.

Belcore

Chouette concert, mais un peu long... ça reste du Haendel

DiDonato fabuleuse d'un bout à l'autre!
Buratto vraiment superbe vocalement et plein de noblesse. Un peu en retrait théatralement, mais bon, il remplace Pisaroni qui semble faire presque toutes les autres dates de la tournée...
Fagioli fait du Fagioli... énervant par bien des moments... mais pour Néron, ça passe.
Sabata je ne comprends pas. Musicalement c'est beau. Mais bon, la voix ne sort pas du tout, tout est hyper rond et "mou"... et quand il veut s'énerver, on a l'impression d'entendre un gamin.
Elsa Benoit un peu transparente...

Bref, un beau moment...

Et l'orchestre ?  Ils étaient fabuleux pour Rinaldo et Serse…

(Je serais venu, mais j'étais retenu en excellente compagnie à un concert de quatuors de guitares…)

DavidLeMarrec a écrit:

Et l'orchestre ?  Ils étaient fabuleux pour Rinaldo et Serse…

(Je serais venu, mais j'étais retenu en excellente compagnie à un concert de quatuors de guitares…)

Sans certitude l'effectif n'était pas celui de la partition : pas de trompette ni de timbales.
Et je les ai trouvé assez ternes, dans l'ensemble - sauf les bois, très engagés, comme le hautbois obligé dans "Pensieri, voi mi tormentate" : il y a une vidéo sur Youtube où ils accompagnent J. di D. dans le même air : c'est autrement plus convainquant.

Belcore

Ternes ? Mais que s'est-il passé ? En plus tu disais que tu avais comme référence le studio Gardiner, qui n'est pas exactement un parangon de nervosité indomptée et de couleurs bigarrées.

DavidLeMarrec a écrit:

Ternes ?  Mais que s'est-il passé ?  En plus tu disais que tu avais comme référence le studio Gardiner, qui n'est pas exactement un parangon de nervosité indomptée et de couleurs bigarrées.

Précisons : Gardiner, oui, l'instrumentation n'est pas très colorée, mais il y a une tension dramatique qui faisait défaut l'autre soir...
Pour avoir une instrumentation colorée, il vaut mieux regarder du coté de Jacobs... mais je n'arrive pas à adhérer à sa conception de l’œuvre.

Belcore

Moi j'ai trouvé l'orchestre assez chouette. Même si les fonds de pupitres n'étaient pas à fond pour les violons... mais sinon c'était vif, coloré et vécu...

@ Belcore : coloré, pas forcément en effet (si c'est leur effectif habituel, pas de doublures de flûtes ni de hautbois…), mais très mobile, musical et vivant en général.

Polyeucte a écrit:

Même si les fonds de pupitres n'étaient pas à fond pour les violons...

Je tombe vraiment des nues en vous lisant… Je n'arrive pas à me représenter la jointure entre Il Pomo d'oro et ce que vous en dites.

Ça me console un peu de ne pas y avoir assisté, c'était vraiment mon premier attrait pour venir – la distribution est très sympa, bien sûr, mais pendant les airs de falsettistes et de sopranos engorgés, il faut bien s'occuper un peu…

Disons que le dernier rang des violons, ils étaient pas à fond. mais tout le reste oui! Donc c'était 2 personnes sur tout l'orchestre!

Oui, mais ils sont combien… six violons ? Ça fait un gros pourcentage quand même.

D'ailleurs, l'une des violonistes de fond de pupitre, c'est la troisième fois que je la vois en l'espace d'un mois, mais à chaque fois dans un ensemble différent !
D'abord dans le Concert des Nations, puis dans la Cappella Mediterranea, et enfin dans Il pomo d'oro...

Polyeucte a écrit:

Chouette concert, mais un peu long... ça reste du Haendel

DiDonato fabuleuse d'un bout à l'autre!
Buratto vraiment superbe vocalement et plein de noblesse. Un peu en retrait théatralement, mais bon, il remplace Pisaroni qui semble faire presque toutes les autres dates de la tournée...
Fagioli fait du Fagioli... énervant par bien des moments... mais pour Néron, ça passe.
Sabata je ne comprends pas. Musicalement c'est beau. Mais bon, la voix ne sort pas du tout, tout est hyper rond et "mou"... et quand il veut s'énerver, on a l'impression d'entendre un gamin.
Elsa Benoit un peu transparente...

Bref, un beau moment...

Dans mes bras !

Je ne sais pas pourquoi beaucoup n'ont pas aimé Buratto, il a été pour moi la perle de la soirée avec DiDonato.
Je n'ai pas du tout aimé Fagioli sur le plan vocal, mais alors j'ai adoré sa composition d'un Néron pleutre, fébrile, vacillant ! (Mais il faut aussi avouer que c'est un phénomène vocal assez fabuleux : tout est gloussé, mais alors l'ambitus est invraisemblable pour un falstettiste : graves abyssaux et aigus que même des mezzos peinent à atteindre...)

Autrement, « Pensieri, voi che tormentate » absolument sidérant, parce que l'air, sa forme et son accompagnement, est très original en lui-même, mais aussi parce DiDonato a versé en plein dans ce qu'elle fait divinement : cette union paradoxale de l'intériorité et de l'expressionnisme.

Je n'aime pas beaucoup Haendel, mais j'ai trouvé de belles choses dans cette oeuvre, ne serait-ce que son livret très XVIe siècle vénitien, mais adapté à la forme seria.

Adalbéron a écrit:

D'ailleurs, l'une des violonistes de fond de pupitre, c'est la troisième fois que je la vois en l'espace d'un mois, mais à chaque fois dans un ensemble différent !
D'abord dans le Concert des Nations, puis dans la Cappella Mediterranea, et enfin dans Il pomo d'oro...

C'est la vie des ensembles non permanents et à géométrie variable… Les musiciens circulent beaucoup, pour parvenir à vivre, entre plusieurs ensembles, et les meilleurs s'arrachent. (vu Larrinoa aussi bien dans les Musiciens du Louvre qu'au Concerto Köln ou à Insula Orchestra – lui ça se remarque, parce que l'orchestre est immédiatement meilleur quand il y joue !)

D'ailleurs les Musiciens du Louvre, à l'époque où ils avaient des dates partout tout le temps et jouaient déjà Weber, Offenbach et Wagner, avaient 7 musiciens en CDI… Tout le reste était production par production.

Ça donne un pouvoir exorbitant au chef évidemment. (mais ça oblige les musiciens à se motiver un peu en revanche, par rapport aux maisons où, une fois le recrutement passé, on peut faire du sudoku pendant qu'on pousse l'archet)

Belcore a écrit:

Oui c'est vrai que certains airs ont été supprimé, mais c'est aussi peut etre au profit d'une meilleure lisibilité du livret, qui m'a paru plus limpide que la fois précédente où j'avais vu cette œuvre ??

Belcore

Oui mais moi je préfère le contraire : coupure dans les récitatifs et maintien des Da Capo dans les arias. C'est beaucoup plus agréable à l'oreille et rend le temps beaucoup plus court. Surtout que, de manière surprenante vue mon expérience de Il Pomo d'Oro, j'ai trouvé le continuo lourdingue ce qui contribuait, pour moi, à un risque d'endormissement pendant les récitatifs. Mais bon, en fait, j'ai globalement beaucoup aimé cette soirée, dont je garde un excellent souvenir

https://passionoperaheleneadam.blogspot.com/2019/05/agrippina-au-tce-la-belle-equipe-menee.html

C'est enregistré pour Erato. J'ai eu confirmation de la part d'une personne qui s'occupe de gérer l'ensemble par un mail, pour ceux ne pouvant pas assister aux concerts de la tournée.

aurele a écrit:

C'est enregistré pour Erato. J'ai eu confirmation de la part d'une personne qui s'occupe de gérer l'ensemble par un mail, pour ceux ne pouvant pas assister aux concerts de la tournée.

Oui, et d'après les photos qui circulent, la distribution serait la suivante :
- Agrippina : Joyce DiDonato
- Claudio : Luca Pisaroni
- Ottone : Jakub Jozef Orlinski
- Poppea : Elsa Benoit
- Nerone : Franco Fagioli
- Pallante : Andrew Mastroni
- Narciso : Carlo Vistoli
- Lesbo : Biagio Pizzuti
- Giunone : Marie-Nicole Lemieux

Quelques petites différences donc...