Philharmonie - Webern Strauss Stravinsky - Roth 16/10/19

Mercredi 16 et jeudi 17 octobre, 20h30

Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris

Anton Webern
Passacaglia

Richard Strauss
Quatre Derniers Lieder

Igor Stravinski
Petrouchka

Orchestre de Paris
François-Xavier Roth, direction
Lise Davidsen, soprano

Petrouchka m'intéresse, mais déçu des derniers concerts avec l'Orchestre de Paris.

J'hésite à venir que pour la clé d'écoute mercredi à 19h30

J'y serai jeudi soir. Au plaisir de peut-être rencontrer certains d'entre vous !

Mouais.
J'y étais donc hier soir et légère déception, alors que j'aime beaucoup Roth au disque avec Les Siècles.

Ça a commencé par une minute de silence pour la disparition de Jessye Norman, première fois que j’assiste à un tel recueillement avec autant de personnes. Ça a été le moment le plus silencieux du concert car sinon, reconnaissons-le, l’automne s’est bien installée, avec sa cohorte de tubards impénitents. J’espère que Xavier n’était pas là ce soir tant les toux ont été vraiment très présentes, jusqu’à gâcher le final de Petrouchka.

Déjà, le Webern joué comme cela ne m'a pas plu. Même si la Passacaille est encore éloignée de l'atonalité à venir dans son oeuvre et du travail sur les timbres, j'ai trouvé que l'interprétation versait trop dans le post-romantisme un brin épais, ça manquait de respiration, avec des tutti trop agressifs, et un manque de détail global. J’ai trouvé qu’ils jouaient ça comme du Mahler.

Les quatre derniers lieders étaient plus maîtrisés, mais je n'ai pas trop accroché au chant de Davidsen, peu d’articulation, avec un manque de maturité peut-être. J’ai du mal à définir mes impressions sur les voix et peu de notions techniques d’appréciation. Par contre là l'orchestre était très beau. J’ai particulièrement adoré le deuxième September (ce qui tombe bien vu que c’est mon préféré du lot) où l’orchestre allait dans des très beaux détails, le son des flutes, l’alliance de la voix avec les envolées des cordes. Très beau premier violon (Philippe Haïche si je ne m’abuse) dans les parties solo par ailleurs.

Et Petrouchka donc (la version de 1911), après l’entracte, grosse attente de ma part tant j’aime beaucoup ce ballet plus confidentiel de Stravinsky (de là à vous dire les différences entre les versions de 1911 et de 1947...), qui dissimule derrière ses airs folkloriques des beaux moments orchestraux, un piano virevoltant, et dans le centre du ballet une pulsation un peu flottante. Alors c’était bien fait, toutes les parties mélodiques avec les airs laissaient se déployer l’orchestre mais dans les moments plus tortueux ça semblait moins en place, jusqu’à être brouillon parfois, notamment dans la gestion du rythme, particulièrement dans les deuxième et troisième tableaux, imprégnés d’un caractère plus indolent. Le piano manquait un peu de présence hors de ses apparitions solos et surtout du rebond caractéristique chez Stravinsky. Les percussions alors ça reste un détail mais j’ai trouvé le triangle beaucoup trop fort…
Pas trop convaincu également par les parties solos (le contrebasson notamment).

Bilan mitigé donc mais j'attends avec impatience vos retours.

Comme beaucoup de chefs, Roth fait jouer beaucoup trop fort pendant les parties vocales des Lieder, pour mon gout en tout cas. La plupart du temps on entend la splendide voix de Davidesen à peu pres comme un instrument d'orchestre, non une soliste qui chante un poeme. C'est agacant de voir comme Roth devient soudain attentif pour... le solo de violon... où tout d'un coup l'orchestre devient un murmure. Alors oui, l'orchestre est tres beau. Mais ce n'est pas du tout l'idée que je me fais du morceau....

Petrouchka sera sans doute meilleur ce soir. Le morceau est fabuleux mais on voit un peu trop les ficelles et la machinerie: il n'y a pas le naturel de St Petersbourg/Temirkanov ni tout à fait la cohésion du LSO/Rattle. Normalement j'y vais toujours le jeudi mais là j'ai fait une erreur de date....

Un beau concert mais frustrant pour les Strauss.

Je n'étais pas dans les meilleures dispositions, fatigué et préoccupé au début du concert.
Je suis vraiment passé à côté du Webern.
J'ai progressivement été plus à l'écoute: très bel orchestre dans Strauss, mais comme Prosopopus, j'ai trouvé que la diction de Ddavidsen laissait à désirer. Dommage, parce qu'il y a quelque chose d'assez mat dans son timbre qui était intéressant.

Sans doute les choses se sont-elles mises en place pour le deuxième concert dans Pétrouchka, dont j'ai beaucoup apprécié l'aération, le sens du détail, et la précision, tout cela joint à un sens de la danse parfaitement adapté. J'étais resté sur ma faim avec cette oeuvre avec un concert de l'ONL dirigé par Bloch l'an dernier, en ouverture de saison, un peu brouillon. Je suis beaucoup plus convaincu par ce que j'ai entendu ce soir (sans doute aussi cela correspond-il plus à mes attentes dans le premier Stravinski).

Pour parler du concert de jeudi soir, contrairement aux avis précédents, j'ai trouvé l'orchestre plus convainquant dans la Passacaille que dans les Quatre Derniers Lieder. Je n'ai pas été gêné par le côté parfois pesant et massif de cette interprétation, je pense que c'est inhérent au jeu des nombreuses variations possible d'un orchestre symphonique, à partir d'un thème d'une grande simplicité.

Dans Strauss l'Orchestre de Paris m'a paru moins délié. Je mets ça, une fois de plus, sur l'acoustique très réverbérée de cette salle (par ailleurs si favorable aux solistes : flûte et trompette parfaits dans Petrouchka). Et c'était effectivement joué parfois un peu trop fort par moments.

J'ai été enthousiasmé par l'ensemble du concert même si je peux comprendre certaines critiques.

La Passacaille, quel chef d'œuvre… Il y a d'autres choses que j'aime chez Webern, mais je me demande s'il a jamais dépassé cette puissance expressive.
Pour moi c'était superbement joué, tendu, contrasté, intense, précis… c'est vrai que ça sonnait un peu massif par moments, mais sur le coup ça ne m'a pas gêné.

J'ai été ébloui par les nuances proposées par Davidsen. Ce n'était pas du tout l'énorme voix entendue dans son enregistrement avec Salonen où elle était grossièrement mise en avant.
Pour moi la voix et l'orchestre se fondent dans cette œuvre, le chant ne doit pas surplomber l'orchestre.
Bref, la façon dont elle a allégé sa voix du début à la fin était pour moi miraculeuse avec ce type de voix, dont on a pu mesurer l'impact impressionnant à quelques rares moments des 3è et 4è lieder.
Après, c'est vrai qu'on n'entendait pas bien les consonnes et que certains graves étaient noyés dans l'orchestre, peut-être un chouilla fort par moments, mais je dis ça après coup, pendant le concert ça ne m'a pas gêné.

Petrouchka était formidable aussi (je pense que j'avais trouvé le concert de Duncan Ward peut-être encore au-dessus en avril dernier), mais je retiens surtout les Strauss par Davidsen qui ont été pour moi un vrai moment de grâce.

Et oui, j'y étais mercredi, le soir des tousseurs… mais j'ai réussi à en faire abstraction la plupart du temps. (c'était pénible à la fin de Petrouchka, en effet)