RF - ONF - Poème de l'extase (Œuvre augmentée) - 25/11/2021

ALEXANDRE SCRIABINE
Poème de l'extase

DAVID CHRISTOFFEL présentation
PHILIPPE BERTHOMÉ création lumières
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction

Nouveau concept à Radio France, soirée d'une heure environ autour d'une œuvre et d'une idée. Hier soir, Poème de l'extase de Scriabine et la synesthésie. Je m'attendais plus à une petite conférence en musique autour de l'œuvre, alors qu'il s'agissait plus d'une présentation de vulgarisation sur la synesthésie, cette capacité d'associer plusieurs sens à une seule perception (musique qui évoque des couleurs dans le cas d'hier soir, ou musique qui évoque des odeurs, odeurs qui évoquent un goût ou l'inverse…). Se sont mêlés plusieurs phénomènes, l'oreille absolue, l'hyper-sensibilité, l'ASMR, la mémoire… C'était assez intéressant, même si ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, et même si cela aurait mérité des développements plus en profondeur.

Le concept me semble à affiner, soit en explorant plus l'œuvre et en parlant véritablement musique, ce qui n'était pas tellement le cas hier soir, soit carrément en fouillant le thème de la conférence. Je pense notamment à un concert / conférence vu à la Fondation Cartier il y a quelques années, avec Patti Smith et Cédric Villani, a Bat night (une nuit sur les chauves-souris), où il y avait à la fois de la musique, des lectures et aussi une conférence extrêmement poussée sur les ondes radios émises par les bestioles pour chasser leurs proies, avec calculs de tangentes, équations et tout. C'était beaucoup plus poussé et passionnant ! Enfin, le présentateur lisait ses fiches et manquait de décontraction et de charisme.

Le présentation était entrecoupée de passages musicaux, illustrant le propos. Beaucoup d'extraits de l'œuvre du soir, mais aussi d'autres morceaux (Schéhérazade de Rimski-Korsakov, notamment).

Quant aux effets lumineux, il s'agissait "simplement" d'éclairer l'orchestre d'une couleur différente à chaque changement de tonalité. Je m'attendais peut-être trop à un son et lumières. Les rebords de balcon étaient aussi éclairés, et lors du final, la salle était multicolore. C'était joli sans être exceptionnel.

La soirée s'est terminée avec l'interprétation de l'œuvre en entier : un début relativement lent et statique, mais une explosion monumentale à la fin ! Dès l'entrée de l'orgue, le morceau a décollé et c'était totalement jouissif ! Plusieurs climax à frissonner et un chef toujours aussi gourmand de diriger qui fait plaisir à voir.

Je vais réentendre l'œuvre ce soir à la PP, en complément d'un programme consacré aux concertos pour violoncelle de Saint-Saëns.

Le concept de l'œuvre augmentée reviendra à RF le 21 avril 2021, avec Petrouchka de Stravinsky, avec un danseur.

Rocktambule a écrit:

Je vais réentendre l'œuvre ce soir à la PP, en complément d'un programme consacré aux concertos pour violoncelle de Saint-Saëns.

Ou l'inverse.

Quand Xavier se berce de douces illusions...

Xavier a écrit:

Rocktambule a écrit:

Je vais réentendre l'œuvre ce soir à la PP, en complément d'un programme consacré aux concertos pour violoncelle de Saint-Saëns.

Ou l'inverse.

Sinon, il y aura aussi Dolly de Fauré, hein !

J'aime beaucoup aussi Dolly. (la 5è pièce notamment contient quelques-unes des plus belles séquences harmoniques de Fauré)

Je disais ça évidemment parce que le Scriabine est pour moi l'oeuvre-phare du concert, mais aussi parce qu'accessoirement ils ont intitulé le concert "Poème de l'extase".

J'ai bien compris ! Je suis ravi de l'avoir découverte hier soir.
Mais, je suis également content d'entendre les deux concertos, notamment pour pouvoir comparer avec les interprétations un peu ternes du mois de septembre au TCE.

J'ai bien aimé le concept et j'ai enfin pigé où Scriabine voulait en venir avec son clavier lumineux. On m'avait déjà parlé de ça, sans pour autant évoquer la synésthésie.

Sinon j'avais déjà assisté à un concert éclairé de la sorte à l'auditorium, c'était la Messe en si d'Alarcon il y a deux ans, les lumières étaient fabuleuses. Mais ça marche encore mieux pour le Poème de l'extase à mon avis !

Ce qui n'est pas logique, c'est que c'est pour Prométhée, et non le Poème de l'extase, que Scriabine avait imaginé son clavier de lumières projetant des couleurs sur chaque harmonie. (c'est sur la partition)

Or Prométhée, avec choeur, n'est jamais donné à Paris, ou presque...

Le conférencier n'a pas dit que le clavier lumineux était pour le poème de l'extase. Il a simplement parler de l'association qu'on pouvait faire entre un son et une couleur. Et pour illustrer, il a donné l'exemple du clavier lumineux.

Quand j'avais entendu le poème de l'extase de Scriabine pour la première fois il y a trois ans, j'en avais parlé avec un ami compositeur qui avait également évoqué le clavier lumineux qu'avait conçu Scriabine pour une autre oeuvre, mais je n'avais pas du tout compris l'idée, le concept. Là, maintenant grâce à ce concert, j'ai enfin pigé la démarche de Scriabine avec son clavier lumineux. Et surtout à quel point la synésthésie était un sujet en musique.