Votre dernier film visionné

Mon cousin

+

Trois fois rien

+

Men, women and children

+

Michel Audiard : Comment réussir quand on est con et pleurnichard !        1974

 + / 
Ce film est l'avant-dernier film de Michel Audiard en tant que réalisateur, il vient juste après le calamiteux Elle cause  plus... elle flingue et je crois qu'il fait sans doute partie des films les plus réussis d'Audiard - enfin, c'est une réussite relative, hein : la réalisation est toujours pas très bonne (mais pas complètement aux fraises), le scénario n'est pas toujours au rendez-vous mais au moins, ça ne part pas dans du nawak total. Je pense surtout que si le film n'est pas si raté, c'est en grande partie grâce aux acteurs (Carmet en tête mais aussi Marielle et Rochefort) qui arrive à donner un peu de consistance à l'humour très épisodique (souvent niché dans la réplique) et parfois motivique (le running gag de la pendule offerte par la marque de spiritueux (frauduleux) pour laquelle travaille Carmet, celui de la chanson aux allures de disquette des années soixante-dix) mais bon... comme ça ne va pas vraiment quelque part, les quatre-vingts minutes semblent tout de même un peu longues sur la fin.

Lui

Hafsia Herzi
Bonne Mère

grosse déception (alors que j'ai aimé son premier film Tu mérites un amour…). Dans un registre proche, j'avais trouvé Fatima de Philippe Faucon beaucoup plus fort. Très statique malgré le "naturel" de certaines scènes. On peut se demander si la connaissance intime, qu'a Hafsia Herzi de son sujet, ne le dessert pas en voulant trop montrer (la juxtaposition des situations type, deal, prison, prostitution) sans arriver à tendre le film. L'usage de la bande son un peu plan plan ne sert pas le film. Pourtant un bon accueil critique sur ce film.

xoph a écrit:

Hafsia Herzi
Bonne Mère

grosse déception (alors que j'ai aimé son premier film Tu mérites un amour…). Dans un registre proche, j'avais trouvé Fatima de Philippe Faucon beaucoup plus fort. Très statique malgré le "naturel" de certaines scènes. On peut se demander si la connaissance intime, qu'a Hafsia Herzi de son sujet, ne le dessert pas en voulant trop montrer (la juxtaposition des situations type, deal, prison, prostitution) sans arriver à tendre le film. L'usage de la bande son un peu plan plan ne sert pas le film. Pourtant un bon accueil critique sur ce film.

J'avais vraiment beaucoup aimé ce film que j'avais trouvé mieux que son premier film (que j'avais également aimé) : moins programmatique et sans doute plus incarné. Halima Benhamed est superbe dans le rôle de la mère, sans en faire des caisses ; pour moi Fatima de Philippe Faucon est beaucoup moins actuel que Bonne mère, notamment dans l'écriture des personnages les plus jeunes : on sent que Herzi sait ce qu'elle fait - mais la film de Faucon avait été une bonne surprise de mon côté. Concernant le "trop montrer", je pense au contraire que c'est une bonne chose : quand on a beaucoup de films-clichés (qui sont en nombre...) qui nous montrent les banlieues comme des territoires perdus de la République, il me semble important de montrer ce qu'elles sont vraiment (ce film s'inscrit dans cette lignée avec d'autres comme Les misérables de Ladj Ly ou (j'imagine) Rodéo de Lola Quivoron qui va sortir prochainement). La bande-son, je ne m'en souviens plus bien à part l'utilisation de la chanson Elle imagine qui m'avait semblé très pertinente.

Qu'on s'entende : la déception est à la mesure de mes attentes. J'admire son parcours - de son premier rôle chez Kechiche pour la Graine et le Mulet, au clip pour Laura Cahen Nuit Forêt, ou comme réalisatrice (que je découvre).
Quand tu dis "moins actuel" à propos de "l'écriture des personnages les plus jeunes" (pour Fatima de Faucon) : je ne sais pas trop ce que tu entends. J'y avais au contraire vu de mon côté une grande finesse dans la façon de montrer comment s'établissaient des fractures (le langage, la sexualité), entre le personnage de la mère (qui se trouve en écrivant en arabe), et ses filles, l'une en révolte, l'autre studieuse, avec toutes les ambivalences d'une intégration, qui est aussi un abandon. Par ailleurs j'avais trouvé que ces personnages se construisaient au fur et à mesure du film, et par ces lignes de tensions.
C‘est un peu ce qui m’a manqué dans Bonne Mère. Montrer la banlieue, et que ce soit par Hafsia Herzi qui la connaît si bien, tant mieux ! Mais ce qu'elle montre ne m'a pas toujours semblé porter le film (je pense aux séquences liées au services SM, par exemple). Tout est presque donné dès le début du film : les situations, les lieux s’agrègent, sans plus. Montrer moins de choses aurait pu permettre d’aller plus loin. Je pense par exemple à l'aspect, sans doute enfermant de cette image de Mère courage, qui est esquissé particulièrement dans les scènes du début avec la plus âgée des deux filles (puis plutôt éludé), ou les rapports de frère à frère. On a beaucoup parlé de pudeur à propos de ce film, et on le comprend : c’est doublement un récit intime pour Hafsia Herzi (sa mère, les lieux où elle a vécu), mais je suis resté sur ma faim (et me suis un peu ennuyé).  

Mommy

Agnès Varda : Le bonheur        1965

 +
Il me semble que c'est la troisième fois que je vois ce film : je l'avais redécouvert à l'occasion d'un hommage à Agnès Varda peu après sa mort, dans la petite salle cinq du MK2 Beaubourg avec son écran haut-perché ; j'avais été frappé par l'aspect solaire du film, les tableaux style peinture champêtre fin dix-neuvième, la musique de Mozart, les personnages qui vivent, les fleurs et la sublime photo et surtout, les fondus en couleurs (rouge, vert, bleu, orange, violet). Ici, j'ai à nouveau été frappé par cet aspect mais aussi par l'ambivalence de ce bonheur : il a toujours une contrepartie plus sombre : c'est la jalousie et/ou les questions qui émergent de cette relation (qui auront des issues tragiques) ; cette ambivalence est je trouve très bien rendue à travers la coexistence de certaines couleurs (le rouge et le bleu, notamment) mais aussi à travers l'utilisation de l'Adagio et fugue K. 546 (transcrit pour quatuor à vents pour l'occasion, je trouve là encore ça très pertinent car il y a un monde entre le timbre de la clarinette, celui de la flûte ou celui du cor et le fait que seule la fugue soit utilisée transcrit vraiment la différence entre les sentiments des différents personnages). Le film parle aussi des relations à trois (et notamment dans une configuration avec un seul homme - sans doute la plus légitimée et parfois un peu cringe) et du status-quo patriarcal : l'homme n'est pas le mal personnifié (au contraire, il est bien sympathique) mais il reste cantonné à sa menuiserie, laisse sa femme à la cuisine et avec l'enfant ; et surtout, lorsque son "amante" lui fait part de ses doutes (demandant s'il l'aime comme sa femme, pourquoi cette dernière est officielle alors qu'elle est condamnée à être dans l'ombre), il lui répond qu'il n'a pas de préférence ou un truc générique comme ça mais ne semble pas trop préoccupé et voir que cette relation ne convient pas à son amante ; le film ne se vautre pas dans une dénonciation individuelle, c'est appréciable. Sinon, même si ça n'a été tourné que trois ans après Cléo de 5 à 7, c'est beaucoup plus vardien : quelques boutades malicieuses, un recours moins systématique aux longs travellings (même si le sujet de Cléo de 5 à 7 s'y prêtait davantage) et l'apparition de certaines parties au montage beaucoup plus fragmenté - je pense notamment au jeu sur les écriteaux des commerces ou les plans successifs de visages, que l'on pouvait d'ailleurs déjà trouver dans Cléo. Pour revenir brièvement sur la tonalité ambivalente du film, j'aime la manière dont le tragique intervient brusquement à la fin, un peu à la manière de la clé du sonnet - bon, je vous épargne la comparaison avec Le dormeur du val de Rimbaud qui a d'ailleurs bien des limites.

Que les gros salaires lèvent le doigt

Jean-Luc Godard : Vrai faux passeport        2006


En introduction, Godard nous dit que ce film est une "fiction documentaire sur des occasions de porter un jugement à propos de la façon de faire des films" : le film va grouper les extraits (assez divers : cinéma bien sûr (lui aussi très divers : Fellini, Tarantino, Dreyer, Bresson, Pasolini, de Mille etc.), mais aussi télévision et actualités) selon des thématiques (histoire, liberté, politique, etc.) et les séquences sont gratifiées d'un "bonus" ou d'un "malus" sans plus d'explications - même si la justification est précisément dans l'extrait choisi ; cela dit, comme souvent chez Godard, j'aime le rapport des images les unes avec les autres et Godard semble un peu rire lui-même de cette approche assez binaire. 

Werner Herzog : Family romance, LLC        2019


J'avais découvert ce film à travers sa bande-annonce diffusée au cinéma, cette dernière avait profondément piqué ma curiosité car ça ne ressemblait à aucun film de Herzog que je connaissais, ça semblait également très apaisé - ce n'est pas un qualificatif qui va de soi pour Herzog ; j'avais ainsi une certaine attente à propos de ce film. J'ai été finalement bien déçu : l'histoire est intéressante (le film parle des sociétés qui proposent de louer un proche - certains films avaient déjà abordé ça d'un point de vue peut-être davantage amoureux (et moins intéressant, à mon avis) : il y a par exemple le film Hana de Kore-eda) mais ce n'est vraiment pas un beau film et en plus, c'est d'une longueur... (alors que le film ne fait qu'une heure vingt). En fait, le film ne ressemble absolument pas à un film de Herzog tant l'image est quelconque voire pas très belle ; en fait, on dirait que ce brouillage entre le faux et le vrai se retrouve jusque dans la réalisation : les images sont très génériques, la réalisation fait très amateur(e) - ça parle aussi d'une certaine détresse sociale mais j'ai l'impression que le film met davantage l'accent sur le faux et le vrai et devient du coup moins intéressant ; en tout cas, moi, ça m'a bien aidé à dormir.

Seven sisters



Dommage que le film ne tienne pas (du tout) toutes ses promesses alors que l'idée de départ est remarquable, et j'aime beaucoup tout le début du film.

Lukas Dhont : L'infini        2014

 /   +
Dans ce court-métrage d'une bonne vingtaine de minutes, on trouve déjà la préoccupation physique du cinéma de Dhont puisque l'accent est mis sur les corps : il y a beaucoup de scènes d'apparence assez chorégraphiée et la confrontation des personnages est avant tout physique - et conflictuelle. Je n'ai pas trop été sensible à ce film, je l'ai trouvé trop morcelé, parfois presque poseur : j'ai trouvé que ça empêchait l'histoire de prendre sérieusement place et du coup, on n'entre pas tellement dans cette histoire de retrouvailles de famille - d'autant plus que c'est un sujet assez balisé alors il en faut sans doute plus pour capter durablement notre attention. 

Florent Gouëlou : Beauty boys        2020


J'avais découvert Gouëlou par son court-métrage Un homme mon fils que j'avais beaucoup apprécié : un fils retrouve son père, ils sont tous les deux projectionnistes et sur le trajet, son fils l'emmène dans un spectacle de drag-queens dans lequel il joue et lui fait découvrir son univers - c'est un peu un film d'initiation dont les positions seraient renversées. Ici, le principe est plus ou moins le même (c'est donc forcément un peu décevant) mais sans doute en moins efficace, les acteurs étant moins bons, les personnages beaucoup plus polarisés et les situations beaucoup plus caricaturales : un jeune homme travaille son spectacle avec ses ami(e)s sur la scène ouverte se situant sur la place du village ; ils se maquillent, portent des perruques et des talons, ce n'est pas au goût de son frère rappeur et son ami qui les dégagent violemment de la scène, le frère étant saisi de honte ; finalement, le jour du spectacle, le jeune homme ne se décourage pas et monte sur scène avec ses ami(e)s et à la fin, ils font deux traits de maquillage sur le visage du frère et lui proposent de les rejoindre. Le thème autour de la masculinité et des drag-queens est encore présent mais le scénario est pour moi trop schématique : le conflit créé est trop sommaire et assez peu crédible (en plus, le fait que le frère soit défini avant tout comme rappeur me semble vraiment maladroit - c'est une question à poser bien sûr mais réduite à ça, elle devient un peu problématique) et la fin n'est pas terrible, comme s'il s'agissait d'une espèce de tempèrement dialectique un peu obligé... J'espère que son premier long-métrage (Trois nuits par semaine, dont la sortie française est prévue en novembre) ne souffrira pas de ce genre de problèmes.

Ultranova

+

Robert Bresson
Un condamné à mort s'est échappé

Claude Lelouch : Le voyou        1970


Il s'agit de la deuxième collaboration entre Claude Lelouch et Jean-Louis Trintignant pour un film superficiellement assez étrange : il s'agit d'un film policier qui commence par ce qui s'apparente à un véritable numéro de comédie musicale - scène qui reviendra d'ailleurs à plusieurs reprises dans le film ; je dis "superficiellement assez étrange" parce qu'en fait, le film est assez simple une fois qu'on retire les complications un peu artificielles : il s'agit d'un film policier où un gars (interprété par Trintignant) enlève un petit garçon avec la complicité de son père (interprété par Charles Denner) afin d'exiger une rançon dans la banque dans laquelle il travaille et se faire un peu d'argent ; il se fait ensuite dénoncer par le père, se fait arrêter, mettre en prison puis s'évade. En fait, le film commence par la fin puis met de temps en temps quelques morceaux du début de manière à brouiller la chronologie et par conséquent à bousculer un peu la dramaturgie - ça ne marche que très partiellement, pour être honnête. Cela dit, j'ai plutôt apprécié le film qui est par moments plutôt drôle (la scène où Trintignant préfère se réfugier dans une salle projetant Le voyou plutôt que L'aveu de Costa-Gavras), certaines situations fonctionnent plutôt bien (l'extrait du concert de Sacha Distel, la séquence du coup de téléphone avant l'enlèvement) et j'ai trouvé que Denner (surtout) et Trintignant étaient vraiment bons dans leurs rôles respectifs. J'ai cependant trouvé dommage que la partie qui ressemble à un numéro de comédie musicale n'ait pas été davantage intégré au reste du film et que la feinte chronologique n'ait pas été plus poussé dans ses interactions avec la dramaturgie du film.

Andrea Arnold
Les Hauts de Hurlevent

Je crains d'épuiser beaucoup trop vite la filmographie d'Andrea Arnold

Bruno Dumont : Ma loute        2016

 +
Si l'on retire Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc (que je n'ai pas aimé) et Jeanne (que je n'ai pas encore vu), je crois que ce film est le film de Dumont que j'aime le moins. Si ce film s'insère de manière complètement logique dans la filmographie du réalisateur (on retrouve le canevas de P'tit quinquin avec l'enquête loufoque sur des disparitions et l'aspect un peu cannibale ; le film prolonge (et parachève) également la réflexion de Dumont sur les acteurs : d'abord des non professionnels jouant des rôles impossibles, puis avec Camille Claudel 1915 l'irruption d'un(e) professionnel(le) dans une logique plutôt mimétique et conventionnelle (très bonne performance de Binoche, d'ailleurs) et là, on passe au mélange des deux avec des professionnel(le)s assez iconiques - que ce soit dans le cinéma de Dumont (Binoche) ou dans le cinéma français en général (Luchini et Bruni-Tedeschi) - qui sont en roue libre totale en terme de cabotinage et des acteurices non professionnel(le)s dans des rôles assez impossibles. Je ne sais pas si c'est parce que j'étais particulièrement fatigué mais j'ai trouvé tout ça un peu vain (même s'il y a des fulgurances - notamment vers la fin - et que la photographie est sublime) et j'ai trouvé ça un peu too much - bon, ok, on pourrait dire ça de beaucoup de films de Dumont mais ici, je suis resté vraiment extérieur au film, les personnages étaient trop invraisemblables. Comme souvent chez Dumont, il y a aussi quelque chose autour de la grâce qui apparaît vers la fin du film (et qui est assez beau, d'ailleurs) mais je crois qu'à ce moment-là, j'étais déjà saoulé par le film ; à revoir donc, pour lui redonner sa chance et sans doute, par la même occasion, en dire quelque chose de plus intéressant.

Rodrigo Sorogoyen : As Bestas [Espagne/France - avec Denis Ménochet, Marina Foïs, Luis Zahera]
****

Actuellement en salle. Les excellentes critiques sont amplement justifiées. Une longueur (2h17) que je ne traduirais pas par "des longueurs", tant cela m'a semblé nécessaire au temps et à la durée qui donnent au film son véritable sens. Le jeu d'acteurs est remarquable de justesse et de sobriété.

Michel Drach : Les violons du bal        1974

 +
Il s'agit du premier film de Michel Drach que je vois, sa filmographie a l'air un peu hétéroclite (il est notamment connu (?) pour son film Le pull-over rouge sur l'affaire Ranucci) ; je ne peux pas dire que ce soit une entrée en matière remarquable - le fait que ma copie soit un (mauvais) rip de cassette vidéo n'a pas trop aidé non plus, mais bon... même sans ça. Le film est composé de deux parties entremêlées : l'une d'entre elles raconte l'enfance du réalisateur d'enfant juif en France pendant la seconde guerre mondiale et l'exil de sa famille (la mère est d'ailleurs jouée par sa femme Marie-José Nat et son personnage lorsqu'il était enfant est joué par son propre fils David Drach, le réalisateur joue bien sûr son propre rôle à l'âge adulte), l'autre est beaucoup plus contemporaine : elle raconte l'histoire du film et plus particulièrement de sa production, très critique vis-à-vis des producteurs (il y a un passage où, lorsque le réalisateur annonce le titre de son film (Les violons du bal), le producteur lui répond que ce n'est pas assez vendeur, qu'il faudrait essayer d'y glisser le mot amour ; les séquences de projection sont assez drôles : le producteur finit avec des généralités mais se fout complètement du film) ; dans cette partie, il y a également quelques séquences filmées dans les rues de Paris ; rien de complètement original mais c'est plutôt amusant. Personnellement, je ne suis pas rentré dans le film (ce qui est loin d'être le cas de tout le monde : il suffit de lire les critiques dithyrambiques écrites sur ce film à l'issue de sa présentation au festival de Cannes 1974 - elles sont trouvables sur Wikipédia) parce que j'ai trouvé la partie historique assez fouillis, rien n'en ressort véritablement ; je crois que de manière générale, ce film a un problème de montage : tout est quasiment mis sur un pied d'égalité. La partie contemporaine est d'autant plus amusante quand on sait qu'elle a sans doute été ajoutée pour adjoindre Jean-Louis Trintignant au casting et une partie dans un style très nouvelle vague, filmée en extérieur dans les rues de Paris ; dans cette perspective, je trouve que cette partie ne fonctionne pas si mal. 

Et la tendresse bordel !

+

Christian de Chalonge : L'argent des autres        1978

 + / 
Je découvre de Chalonge avec ce film, ce n'est pas mal mais pas complètement convaincant ; en fait, ça ressemble un peu à du Deville mais en moins abouti. Ici, Jean-Louis Trintignant joue le rôle d'un cadre dans une banque licencié du jour au lendemain après un scandale financier (un mystérieux trou de deux millions dans les comptes), la direction de la banque l'accuse bien sûr d'en être responsable alors qu'il ne faisait que son travail très méticuleusement - son personnage rappelle un peu celui qu'il campe dans Le mouton enragé de Deville. Le film dépeint alors un milieu complètement individualiste, kafkaïen (la scène de l'entretien d'embauche où il doit parler à une machine dans une pièce presque vide et blanche) et qui n'hésite pas à charger un employé gênant en cas de problème ; cette peinture est en plus assez crédible car la mise en scène suit : cadre de travers, musique grinçante, couleurs très froides et teintes peu variées, plans fixes, etc. et le film fait même appel à un petit spot d'animation. Pour réussir, il avait également une sacrée distribution : Jean-Louis Trintignant dans le rôle du cadre licencié, Michel Serrault dans le rôle du grand patron de la banque, Claude Brasseur dans le rôle du vrai fautif mais aussi Deneuve, Berto ; malheureusement, j'ai trouvé que le film n'allait pas assez loin (comme pourrait le faire Le dossier 51 de Deville, par exemple) et qu'une fois l'ambiance mise en place, on n'avançait plus beaucoup, tout ça pour arriver à une fin assez téléphonée, en plus. Cependant, ce n'est pas si ridicule et ça me donne un peu envie de découvrir la filmographie de de Chalonge - d'autant plus qu'il a tourné quelques films avec Serrault et un autre avec Serrault et Trintignant !

Georges Lautner : Le monocle noir        1961


Ce film est le premier d'une trilogie (L'oeil du monocle, Le monocle rit jaune) de comédies d'espionnage avec Paul Meurisse dans le rôle principal. Je ne sais pas comment sont les deux autres volets, mais j'avoue que je m'attendais à mieux pour celui-ci : il y a quelques passages et quelques éléments amusants (le sérieux à toute épreuve du personnage de Meurisse) et j'ai bien aimé la manière de filmer que j'ai trouvée efficace (notamment grâce aux nombreux plans rapprochés de visages) et grâce au montage assez dynamique, le temps passe, tout de même ; malgré cela, j'ai tout de même un peu peiné à être enthousiasmé tant je me foutais pas mal de l'histoire (et encore : heureusement qu'elle est adaptée sous un angle un peu comique !).

Thomas Kruithof : Les promesses        2021


J'attendais ce film avec une certaine appréhension - je l'attendais parce que Huppert joue l'un des rôles principaux, bien sûr et l'appréhension a fait son apparition lorsque j'ai su que c'était un film aux thématiques un peu sociales, aux guillemets près ; en fait, le film tombe un peu dans ce que je craignais, c'est-à-dire ne rien dire de véritablement neuf : pour être plus exact, le film est assez bien écrit, bien documenté et finalement assez technique parfois mais ce qui en émerge n'est pas vraiment passionnant (les ambitions (politiques) vs. les promesses aux locaux, les marchands de sommeil, le délabrement avancé de certaines barres d'immeubles en banlieue, etc.), d'autant plus que le film semble choisir de rester un peu discret sur ces sujets (qui contribuent à dresser la toile de fond du film) mais j'ai trouvé que cette logique n'était pas très cohérente avec la fin qui prend ces différents thèmes et en extrait une forme de suspense culminant sur une sorte de happy-end assez décevant - on se croirait presque dans un film de Kad Merad, là... J'ai eu l'impression d'un film un peu hors-sol (malgré quelques scènes vraiment pertinentes, je dois le reconnaître) sur les appartements vieillissants de banlieue, qui essayait à tout prix de ne pas être manichéen (compliment que j'ai souvent lu/vu à propos de ce film) mais on voit tellement l'approche dialectique derrière que bon... c'est pas hyper passionnant ; bon, après, je suis peut-être un peu dur : la direction des acteurices est vraiment bonne (Reda Kateb très très bon, Huppert bien mais peu surprenante), le film n'est pas ennuyeux et a même ses bons moments ; par contre, la mise en scène est assez quelconque et la musique est moyenne ; j'en attendais en tout cas davantage de ce film.

Meurtres dans la 110e Rue (Across 110th Street) - Barry Shear - 1972

Dune, Villeneuve

Je l'ai enfin vu hier soir... Normalement, un film de Villeneuve pour moi c'est au minimum une note de 4 (j'ai adoré son Blade Runner et son Premier contact, au moins assez aimé les autres que j'ai vus de lui). Je me faisais une joie à l'avance de ce Dune, et de railler gentiment l'avis que Benedictus a laissé il y a peu de temps.
Ben au final je souscris à son avis. C'est complètement lisse, tellement que je ne n'ai même pas réussi à trouver le temps long : c'est juste passé, puis vite oublié. Mon seul souvenir reste le choc de voir Momoa rasé. Je laisse une note à 2 par respect pour l'aspect technique.

Je ne connais pas les livres, j'ai vu le Lynch mais il y a bien 25 ans. Mon seul repère reste To Tame a Land, la chanson d'Iron Maiden  Donc je ne peux pas parler de la fidélité ou de la qualité de la transposition (par contre, le film énonce bien Kwisatz Haderach, Benedictus avait un doute).

Ah oui et puisqu'on est sur un forum de musique, je dois mentionner aussi la nouvelle horreur de Hans Zimmer : mais pourquoi est-il toujours autant embauché ? C'est nul  Et toujours ces basses gratuites, c'est bien pour test son caisson, mais bon... au final ça vibre plus sur de la musique hors propos que sur les explosions dans les scènes d'action

Les petits flocons

Roman Kané : Extérieur crépuscule        2020


J'ai été attiré par le titre de ce court-métrage, le synopsis avait aussi un peu attiré mon attention et puis j'y connaissais le nom de Quentin Dolmaire qui joue le rôle principal. Pour ne pas changer, j'ai été assez déçu de ce court-métrage : pour moi, il ne raconte pas tellement de choses à part des rencontres successives (et surtout, les premiers (?) dates et relations avec des hommes) ; c'est sans doute le seul point intéressant du court-métrage pour moi. En voyant le synopsis, je m'attendais à quelque chose de plus mobile, avec une atmosphère (errante) plus prégnante mais ici, j'ai trouvé que les morceaux ne se collaient pas très bien.

The Servant - Losey
Vraiment chouette, même si parfois un peu forcé dans les effets. J'avais déjà vu et aimé La Servante de Kim Ki-young sur un sujet assez similaire.
Dire qu'avec tout ça je n'ai toujours pas vu Parasite, alors que j'adore Bong Joon-ho.

Parasite c'est pourtant 100 fois mieux que Memories of murder ...

Quant au Losey ... il y a le prix trop élevé du disque :/  (je ne l'ai pas vu du coup). Ca tombe encore une fois sur Losey (vraiment pas de bol pour lui ...). Pour Mr Klein ... il y a l'import allemand ... de Studio Canal !! Et oui Studio Canal a fait une belle édition abordable ... pour l'Allemagne pas la France !
J'en profite pour dire que c'est bien le chef d'oeuvre tant vanté (vu il y a 3 jours !)

Quant à La Servante, c'est génial ^^. Une sorte de Chabrol à la sauce coréenne (et du Chabrol le plus au vitriol ... et même plus que ça).

Kill Bill 1 et 2



Le Pianiste

Cololi a écrit:

Parasite c'est pourtant 100 fois mieux que Memories of murder ...

Quant au Losey ... il y a le prix trop élevé du disque :/  (je ne l'ai pas vu du coup). Ca tombe encore une fois sur Losey (vraiment pas de bol pour lui ...). Pour Mr Klein ... il y a l'import allemand ... de Studio Canal !! Et oui Studio Canal a fait une belle édition abordable ... pour l'Allemagne pas la France !
J'en profite pour dire que c'est bien le chef d'oeuvre tant vanté (vu il y a 3 jours !)

Quant à La Servante, c'est génial ^^. Une sorte de Chabrol à la sauce coréenne (et du Chabrol le plus au vitriol ... et même plus que ça).

Ça aiguise encore plus mon appétit pour Parasite.

Le Losey, vu que j'ai arrêté les achats physiques, c'est de la VOD (mais en version achat, malgré les risques que ça comporte) que j'ai prise en promo à 5€ (en 4K tout de même, et avec un bon rendu car mon fournisseur envoie du mpbs)

Jacques Rouffio : Le sucre        1978

 +
De Rouffio, je n'avais vu que Sept morts sur ordonnance qui ne m'avait pas convaincu, notamment à cause d'un montage calamiteux, se voulant elliptique mais multipliant à côté les scènes illustratives pour combler les manques ; ici, le montage est beaucoup moins aventureux et c'est déjà mieux. J'ai même trouvé le film plaisant à suivre : il nous raconte l'histoire d'un petit épargnant à qui l'on fait connaître le monde de la spéculation financière, on lui dit qu'il faut à présent spéculer sur le sucre (qui manque partout), il se fait ensuite rouler par un intermédiaire qui lui fait signer des contrats en blanc et lui refourgue des cargaisons complètement délirantes puis lors du déclin du cours du sucre, la société fait la sourde oreille à propos de la revente de ses parts ; celui qui l'a arnaqué (un subalterne peu fortuné) décide alors de l'aide à rectifier un peu le tir. Ce que j'ai aimé dans le film, c'est sans doute le dynamisme de sa première partie : non pas que le rythme du film soit rapide mais les dialogues sont plutôt vifs, il y a des inscriptions à l'écran et surtout, les acteurs sont très bons (Jean Carmet - dont je viens seulement de remarquer qu'il ressemble finalement un peu à Jacques Rancière - dans le rôle de l'épargnant, Gérard Depardieu dans le rôle du subalterne qui le roule, Roger Hanin dans le rôle du gars qui tient la boîte (frauduleuse) de "conseil en spéculation", Michel Piccoli qui joue le patron d'une usine sucrière) ; malgré tout, je trouve qu'après la chute du cours, ça devient plus lent (le film n'est plus vraiment porté par la dynamique agitée de la bourse) et moins intéressant : la scène du suicide intervient très tard (elle serait logique après le coup de téléphone aux États-Unis) et n'a alors plus vraiment de sens, le film n'est plus subordonné à quelque chose, on dirait qu'il fait un peu du remplissage - bon, j'exagère car ça se suit sans grand déplaisir ; par contre, l'écriture des personnages est uniformément insupportable : ils sont vraiment caractérisés par le fait d'être plats (la pharmacienne Courtois) ou alors pour donner une crédibilité aux scènes de sexe (autour du personnage de Depardieu) ; en tout cas, ils sont toujours particulièrement inutiles.

Emeryck a écrit:

Christian de Chalonge : L'argent des autres        1978

 + / 
Je découvre de Chalonge avec ce film, ce n'est pas mal mais pas complètement convaincant ; en fait, ça ressemble un peu à du Deville mais en moins abouti. Ici, Jean-Louis Trintignant joue le rôle d'un cadre dans une banque licencié du jour au lendemain après un scandale financier (un mystérieux trou de deux millions dans les comptes), la direction de la banque l'accuse bien sûr d'en être responsable alors qu'il ne faisait que son travail très méticuleusement - son personnage rappelle un peu celui qu'il campe dans Le mouton enragé de Deville. Le film dépeint alors un milieu complètement individualiste, kafkaïen (la scène de l'entretien d'embauche où il doit parler à une machine dans une pièce presque vide et blanche) et qui n'hésite pas à charger un employé gênant en cas de problème ; cette peinture est en plus assez crédible car la mise en scène suit : cadre de travers, musique grinçante, couleurs très froides et teintes peu variées, plans fixes, etc. et le film fait même appel à un petit spot d'animation. Pour réussir, il avait également une sacrée distribution : Jean-Louis Trintignant dans le rôle du cadre licencié, Michel Serrault dans le rôle du grand patron de la banque, Claude Brasseur dans le rôle du vrai fautif mais aussi Deneuve, Berto ; malheureusement, j'ai trouvé que le film n'allait pas assez loin (comme pourrait le faire Le dossier 51 de Deville, par exemple) et qu'une fois l'ambiance mise en place, on n'avançait plus beaucoup, tout ça pour arriver à une fin assez téléphonée, en plus. Cependant, ce n'est pas si ridicule et ça me donne un peu envie de découvrir la filmographie de de Chalonge - d'autant plus qu'il a tourné quelques films avec Serrault et un autre avec Serrault et Trintignant !

De de Chalonge, je n'ai vu que Docteur Petiot, mais je te le conseille - la mise en scène est assez fonctionnelle, sans être indigne pour autant, mais il y a Serrault dans le rôle du docteur, justement, et ça vaut son pesant de cacahuètes...

Abnegor a écrit:

The Servant - Losey
Vraiment chouette, même si parfois un peu forcé dans les effets. J'avais déjà vu et aimé La Servante de Kim Ki-young sur un sujet assez similaire.
Dire qu'avec tout ça je n'ai toujours pas vu Parasite, alors que j'adore Bong Joon-ho.

Je l'ai vu il y a quelques mois.
Bogarde y est vraiment fabuleux.

Bertrand Mandico : Les garçons sauvages        2017


J'avais parlé plusieurs fois de Mandico auparavant, à travers divers courts métrages (et quelques moyens métrages comme Ultra pulpe et Boro in the box) ; c'est une esthétique très organique que j'aime beaucoup, des films toujours visuellement somptueux - je suis plus réservé sur ce que ça raconte, je trouve ça parfois un tout petit peu cringe sur les bords mais ça reste ok. Ici, il s'agit de son premier long-métrage et ça brasse pas mal de ce que j'avais pu voir (et aimer) dans ses courts-métrages : le cheval et l'utilisation de la couleur de Living still life, l'exil de Depressive cop, la photographie de Boro in the box et bien sûr, la figure d'Elina Löwensohn est au centre de cette aventure cinématographique, c'est presque elle qui la créé - tout à fait logique quand on connaît son rôle dans la filmographie de Mandico. J'ai beaucoup aimé le rapport à la déroute qu'entretient le film : à la fois dans l'histoire elle-même (ces jeunes hommes ne sont pas du tout dans leur(s) territoire(s) habituel(s)), dans les trajectoires du film (le voyage en bateau, l'île perdue au milieu de nulle part) mais aussi d'un point de vue plus général, le film met en place beaucoup de zones de brouillage (et s'en sert notamment pour parler de masculinité : les personnages sont des jeunes hommes interprétés par des actrices (Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Anaël Snoek, Mathilde Warnier), ils perdront ensuite leur pénis et un sein poussera sur leur torse - et puis il y a ce final où iels sont nu(e)s devant des hommes et le personnage de Löwensohn leur conseille "de ne pas être vulgaire" ; ce n'est cependant pas l'aspect qui m'a le plus intéressé car je n'adore pas le traitement mais ça passe). Ce qui m'a particulièrement frappé dans ce film (et je pense que c'est le cas pour tout le monde), c'est son inventivité visuelle : photographie magnifique (les petits passages en couleurs, hallucinés), les superpositions d'images, les citations (une séquence rappelle énormément Querelle de Fassbinder) et plus généralement tout ce que ça convoque cinématographiquement : on pense beaucoup à Ruiz (notamment à travers ce récit d'aventures, presque de pirates) et ça, j'adore. Ça devait vraiment être exceptionnel en salle, en espérant que After blue (paradis sale) soit du même tonneau.

Film qui part très bien en fait. Beaucoup de liberté dans l'esthétique, la forme (ça c'est pour les bons côtés), ça invente quelque chose (ce qui n'est pas rien). Mais ... au final pour aller où ? L'essai me semble raté (mais peut être fécond pour plus tard).

Emeryck a écrit:

Bertrand Mandico : Les garçons sauvages        2017


Ça devait vraiment être exceptionnel en salle, en espérant que After blue (paradis sale) soit du même tonneau.

C'est là qu'on voit que l'appréciation d'un film dépend de beaucoup de facteurs : çela avait été pour moi une expérience pénible en salle, parce que j'avais oublié mes lunettes de vue... Mais au-delà ça, le film m'avait plutôt ennuyé. Cela dit, je connaissais alors très mal le travail de Mandico.

After Blue cependant m'a complètement conquis, même si c'est finalement beaucoup plus long et lent que Les Garçons sauvages. Cela tient peut-être également au sujet, puisque c'est une espèce de western féminin de l'espace, et à une forme d'humour que je n'avais pas perçu dans son premier long. C'est visuellement et musicalement hypnotique - si seulement on avait confié la réalisation et le budget de Dune à Mandico, quel film délirant cela aurait pu être !

Die Hard

The Fly

Barbaque, Éboué
Ce n'est objectivement pas le film du siècle, mais j'ai vraiment bien rigolé

Oui c'est très bon; beaucoup aimé aussi.

Problemos

Ken Loach : Riff-raff        1991

 + / 
Ce film de Loach n'est peut-être pas extrêmement connu mais je l'ai trouvé pas mal (plus convaincant que Raining stones que j'avais vu la dernière fois) : le film raconte l'histoire d'un homme fraîchement sorti de prison et qui est engagé (sans être déclaré) sur un chantier ; il demande à ses collègues de lui trouver un endroit où loger et va rejoindre une sorte de squat où il va rencontrer une jeune chanteuse. Le scénario du film est très simple - comme souvent chez Ken Loach - mais je l'ai trouvé bien écrit et intelligent : il parle de pas mal de choses (la domination par strates - notamment sur le chantier où le gars qui surveille les employés est une véritable teigne -, les conditions de travail des ouvriers sur le chantier - qui occasionnent des chutes mortelles -, la misogynie et le racisme) sans que ça fasse "catalogue".

Bullet train

Le vieux fusil

+