Programme :
IGOR STRAVINSKY : Le Chant du rossignol
FRANCIS POULENC : Concerto pour deux pianos et orchestre
FLORENT SCHMITT : Rêves - Psaume XLVII
Distribution :
MARIE PERBOST soprano
KATIA LABÈQUE piano
MARIELLE LABÈQUE piano
KAROL MOSSAKOWSKI orgue
CHŒUR DE RADIO FRANCE
MARTINA BATIČ chef de chœur
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
FABIEN GABEL direction
Après quelques hésitations, j'ai réservé ce concert dans le cadre de mon abonnement : hésitations car j'ai déjà entendu les sœurs Labèque dans ce concerto au moins une dizaine de fois, à Paris et ailleurs, et parce que le reste du programme m'était soit inconnu (Schmitt), soit relativement désagréable (Stravinsky). Je l'ai finalement réservé, car c'était une occasion de voir les Labèque dans le cadre de leur résidence à RF (résidence qui ressemble quand même à une fraude : 2 concerts dans le même mois, cela fait-il vraiment une résidence ?).
Stravinsky : déjà entendu une fois à la PP il y a quelques années, je n'en avais pas gardé un grand souvenir. Je n'arrive pas à apprécier le Stravinsky post-Sacre, et ce morceau me résiste. Interprétation très découpée, séquencée. Des beaux passages, mais j'avais probablement la tête ailleurs.
Poulenc : pas leur meilleure version. J'adore ce concerto, tout en vitesse, tout en ruptures, à surveiller comme le lait sur le feu. C'est violent, c'est foisonnant mélodiquement, c'est puissant. Les Labèque en ont fait leur fond de commerce, comme une rente : c'est dommage, car elles le jouent vraiment à la perfection, mais j'aimerais qu'elles renouvellent un peu leur interprétation, qu'elles y apportent un peu plus. Jeudi, cela ressemblait, pour reprendre la formule de Mickt à propos d'un autre spectacle, à un bon concert de routine. Bien sûr, il y avait tout, les tenues extravagantes, les jets de bras, les sursauts... Mais, musicalement, j'ai l'impression d'entendre leur disque, mille fois remis dans le lecteur.
Rappel : Ravel, le Jardin féérique de Ma mère l'oye. Idem que le concerto, l'impression d'entendre leur (merveilleux, certes) disque. Elles, qui ont pléthore de bis à leur répertoire (elles en ont même fait un disque), pourraient jouer autre chose, juste pour une fois ! Je suis critique car je les adore, et les sais capable de me toucher au plus haut niveau !
Schmitt : depuis la veille, et particulièrement lors de cet entracte, les copains ont fait monter la pression autour du Psaume de Schmitt. Je n'en connaissais rien, n'ayant pas même eu le temps de l'écouter au disque avant de venir. J'ai entendu des mots comme "monumental", "jamais vu à Paris depuis 30 ans", "exceptionnel", "tellement grand que certains se sont déplacés jusqu'en Allemagne pour le voir"... Pendant quelques minutes, j'ai cru que j'allais assister au concert de l'année !
Rêves : en prélude, un court morceau du même compositeur (8 minutes). Très jolie pièce, avec des mouvements de cordes faisant penser à des mouvements de marées, à la fois ondoyant et puissant. Belles couleurs, charmant !
Psaume XLVII : dire que ça commence puissamment serait un euphémisme. Pendant les 10 premières minutes, le chœur hurle, tous les musiciens jouent fortissimo, le son sature, c'est à la fois puissant, (beaucoup) trop sonore et un rien vulgaire. En fait, c'est épuisant ! Puis, ça se calme. Entre alors une soprano à la voix trop fluette pour passer l'orchestre : assis au premier rang du premier balcon, à une place centrée, je ne l'entendais pas. Je la voyais bouger les lèvres, tourner religieusement les pages de sa partition, mais une bonne moitié des notes me sont restées inaudibles. Une fois cette soprano rassise, l'orchestre et le chœur se sont lancés dans un lent crescendo parfaitement maîtrisé par le chef, où la magie du morceau a enfin opéré ! Premiers frissons de la soirée. Finale éclatant, comme le début du morceau, mais qui fait sens. A réécouter assurément.
Dans l'ensemble une belle soirée, et le plaisir de mettre enfin des visages sur des pseudos !