PP – Dudamel ONP – Mahler 9 – 16/09/22

VENDREDI 16 SEPTEMBRE 2022 — 20h00
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris

● Gustav Mahler — Symphonie n° 9

Orchestre de l'Opéra national de Paris
Gustavo Dudamel, direction

—

Un excellent test symphonique pour voir de quel bois se chauffe Dudamel, qui ne fait pas encore tout à fait l'unanimité à Paris.

Diffusion sur France Musique le 26 septembre.

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....
Le lauréat du prix Gustav Mahler de direction d'orchestre 2004 devrait faire ce soir un nouveau malheur...
Les parisiens sont tout de même gâtés entre Mäkelä, Macelaru, Franck et Dudamel

Zarmosas a écrit:

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....

Son concert symphonique l'an passé était quand même bien décevant (ceux de Jordan pouvaient l'être aussi, surtout dans Mahler d'ailleurs, les 3-5-9e n'étaient pas de très grands moments).

En revanche, sa Tosca du moment à Bastille est assez enthousiasmante : l'orchestre est comme toujours sublime et lui dirige ça de manière très dramatique, il y a le feu du début à la fin en fosse (dans la scène de torture, c'est assez dément). Certains lui reprochent de diriger trop fort, ce qui n'est pas faux, mais ça décoiffe !

Extraordinaire Mahler9 hier soir avec un orchestre ONP transfiguré, de niveau clairement international ce soir sans aucune faiblesse (timbalier fabuleux, cors idem, harmonie de rêve, cuivres précis mais pas gras, quatuor élégant) par un Dudamel dirigeant par coeur (mais comment fait-il?). Il fait sonner l'orchestre presque allemand (graves puissants) tout en allégeant les passages des bois. Il m'a fait penser à Abbado hier avec cette double lumière allemande/Sud. Et comme d'habitude il ne monte jamais sur le podium saluant au milieu de ses musiciens qu'il salue chaleureusement.
Ce garçon est un extra-terrestre.
Silence religieux y compris à la disparition finale. Accueil triomphal. Tous les vénézuéliens de Paris étaient dans le salle comme d'habitude et aussi dont Diego Matheus à Paris pour Cenerentola.
Un moment unique.
Vivement la Huitième (son enregistrement à LA a le plus choeur de toute la discographie)

Zarmosas a écrit:

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....

Je pense que, quel que soit l'artiste donné, tu auras partout des gens qui n'adhèrent pas.

Il est vrai que Dudamel n'a jamais (hors de ses débuts avec l'orchestre Bolivar) été très apprécié par la presse ni les mélomanes français, j'ai l'impression, comme s'il restait un phénomène largement extérieur : c'est une star, mais une star d'Amérique.

Quant à moi, j'avoue que j'aime ce qu'il fait, mais que je n'ai jamais forcément senti la plus-value qui le rendrait particulièrement singulier – je veux dire, la corrélation entre sa notoriété et ce que j'entends, que j'aurais du mal à différencier de beaucoup d'autres chefs à tendance « lyrique ».

Zarmosas a écrit:

Extraordinaire Mahler9 hier soir avec un orchestre ONP transfiguré, de niveau clairement international ce soir sans aucune faiblesse (timbalier fabuleux, cors idem, harmonie de rêve, cuivres précis mais pas gras, quatuor élégant) par un Dudamel dirigeant par coeur (mais comment fait-il?). Il fait sonner l'orchestre presque allemand (graves puissants) tout en allégeant les passages des bois.

Ah, c'est amusant, j'ai trouvé que l'orchestre sonnait extraordinairement français (vents vraiment acides, depuis la flûte jusqu'aux trombones, il n'y a que les clarinettes et bassons qui, par nature, le font moins entendre), vraiment comme les timbres de la RTF des années 60… Je n'avais jamais entendu l'ONP comme cela. (Pas sûr d'aimer beaucoup ça, mais c'était en tout cas très singulier).

Après, il faut dire que je venais d'entendre les timbres translucides de Philadelphie, et l'OP au son très lissé par Salonen, donc ça a sans doute accentué le contraste !

Après m'être privé de Mahler pendant une année (volontairement), quelle belle reprise !
Cet orchestre est d'un tel niveau maintenant qu'il est l'égal des meilleurs.
Je suis un peu étonné que tu parles d'acidité ; je n'ai rien entendu de tel. J'admets que la flutiste était moins exceptionnelle
que ses collègues.
Le pupitre qui m'a le plus ébloui est le pupitre des trompettes.
Et puis les cordes dans le dernier mouvement : la beauté du son, cette plénitude, cette clarté, les attaques parfaites dans toute la fin.
On sentait la salle électrisée par ce qu'elle entendait.

Fritelli a écrit:

Le pupitre qui m'a le plus ébloui est le pupitre des trompettes.

Précisément : très strident, très français.

Ce n'est pas un défaut technique (les trombones gras, on peut davantage discuter, et ce n'est le cas que chez les Rouges, pas chez les Jaunes), simplement l'impression étonnant d'un son typiquement français qui n'existe plus aujourd'hui… et qui n'est d'habitude pas du tout le leur (ils sont plutôt clairs et transparents à la française, mais rien à voir avec l'esthétique de la RTF).

Citation :

Et puis les cordes dans le dernier mouvement : la beauté du son, cette plénitude, cette clarté, les attaques parfaites dans toute la fin.

Ça aussi ça m'a surpris, je l'ai beaucoup lu, et il m'a semblé qu'il y avait pas mal de détails pas impeccables de ce côté (rien de gênant au demeurant, juste l'aspect techniquement superlatif qui m'a échappé, avec quelques glissandi pas très réussis aux bois – en tout cas pas très beaux, comme la Troisième avec Jordan – et quelques attaques très à nu où l'on pouvait entendre le micro-détail aux cordes, à la fin).

Mais je venais d'entendre Philadelphie et l'OP qui avait répété Turangalîla pour Aix avec Salonen qu'ils adorent.


Je ne les ai pas trouvés moyens ou mauvais, hein – juste plutôt moins haut techniquement que les grands orchestres invités traditionnels.

Zarmosas a écrit:

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....

Ses enregistrements sont rarement récompensés par la critique, et pas seulement la critique parisienne.

Dans l'ensemble j'ai trouvé le concert très réussi. Un premier mouvement spectaculaire, qui faisait retentir l'orchestre dès les premiers tutti, et qui marchait bien dans une optique quand même assez peu intériorisée. Curieusement la suite a été plus lumineuse : un Ländler léger aux appuis finement ciselés, et un troisième mouvement dans la même veine tout en surlignant les thèmes annonciateurs du finale. Dernier mouvement de grande beauté, jouant sur la clarté et le grain des cordes.

Je rejoins David sur les timbres de l'orchestre, français mais qui m'ont bien plu, la flûte par exemple et son vibrato presque anachronique. C'est les cors, placés à droite et qui sonnaient un peu isolés du reste de l'orchestre depuis ma place, qui m'ont moins séduit. Et mon chouchou à l'ONP c'est le harpiste, David Lootvoet : quel son !

Au bout du compte une lecture aboutie qui manquait peut-être d'un parti pris plus affirmé. J'ai trouvé ça meilleur que la 9e de Philippe Jordan, concert assez raté. Et j'apprécie que Dudamel prenne son parti de la sonorité de l'orchestre.

À réécouter sur France Musique (dès demain) : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/gustavo-dudamel-dirige-la-9eme-symphonie-de-gustav-mahler-5028876

Zarmosas a écrit:

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....

C'est aussi qu'on le découvre comme directeur musical d'un opéra. Je pense que le gros reproche pour l'instant est l'impression qu'il donne d'assez peu se préoccuper de la qualité et de la cohérence de ses distributions.

mickt a écrit:

la flûte par exemple et son vibrato presque anachronique.

Ah oui, là c'était moins français que carrément étrange. (vibrato de très grande amplitude dynamique, dans les passages les plus délicat, ce n'était pas très gracieux…)

Citation :

Et mon chouchou à l'ONP c'est le harpiste, David Lootvoet : quel son !

En effet, son et goût magnifiques.

Citation :

J'ai trouvé ça meilleur que la 9e de Philippe Jordan, concert assez raté.

… mais moins abouti que la Neuvième de Harding avec l'OP, qui était superbe.

Citation :

Et j'apprécie que Dudamel prenne son parti de la sonorité de l'orchestre.

Je ne sais pas… je ne les ai jamais entendu sonner comme ça, même dans Cendrillon ou Pelléas… Donc j'ai supposé que c'était un concours de circonstances (que je ne m'explique toujours pas).

Citation :

Zarmosas a écrit:

Il n'y a sans doute qu'à Paris qu'il ne fait pas complètement l'unanimité ....

C'est aussi qu'on le découvre comme directeur musical d'un opéra. Je pense que le gros reproche pour l'instant est l'impression qu'il donne d'assez peu se préoccuper de la qualité et de la cohérence de ses distributions.

Mais il son contrat a été signé un peu tard pour qu'il ait eu réellement la main sur les distributions de cette saison, non ? Et de toute façon, dans une grande maison comme cela, il n'est pas certain qu'il ait réellement son mot à dire. Influence, oui, certainement, mais ce n'est clairement pas lui qui construit les distributions.

(Et côté distributions, ça paraît quand même plutôt pas mal, même s'il y a moins de vedettes, ça reste toujours d'un très haut niveau avec des voix bien faites qui passent bien la rampe et des artistes capables de jouer… j'ai eu peu de déceptions de ce côté-là depuis l'arrivée de Neef – mais j'aimais aussi les distributions de Lissner, Joel et même le plus souvent Mortier.)