PP - Schumann, Rachmaninov; Uchida, Rattle, LSO - 12/12/22

Ce lundi 12 décembre, avec au programme

Robert Schumann
Ouverture de Genoveva
Concerto pour piano

Serge Rachmaninov
Symphonie n° 3

Je suis assez impatient, car je considère Uchida comme l'une des meilleures dans ce répertoire actuellement, et j'ai trouvé intéressants ses Beethoven avec Rattle, dans un répertoire moins immédiat pour elle.

Rattle/LSO dans Rachma, je suis plutôt confiant, j'ai vraiment beaucoup apprécié l'enregistrement de la 2ème paru l'an dernier, dans mon top 3 pour cette oeuvre.

Soirée un peu mitigée !

Dans Schumann, j'ai trouvé Uchida un peu trop en retenue, quand le concerto appelle quand même certains moments de bravoure et d'éclat - c'était très beau, avec toujours un toucher et une compréhension de l'oeuvre de haut vol, mais ça manquait clairement de puissance dans les crescendo du premier et troisième mouvement.

Rachma 3, je ne l'avais jamais entendue en salle, et je comprends pourquoi elle est peu jouée, c'est une oeuvre quand même beaucoup moins accessible que les deux premières symphonies.

Dans l'ensemble, le LSO / Rattle, ça marche quand même sacrément bien. Alors ça n'est pas révolutionnaire, mais tous les pupitres sont de grande qualité (les vents ), la direction est toujours en fluidité, avec une priorité accordée à la recherche des timbres et la mise en avant des lignes harmoniques (pas simple dans Rachma 3).
Quel bel orchestre.

J'attendais beaucoup de cette soirée, je repars un peu déçu car le concerto manquait de brillant et de feu, mais c'était malgré tout un très joli concert.

Ben. a écrit:

Rachma 3, je ne l'avais jamais entendue en salle, et je comprends pourquoi elle est peu jouée, c'est une oeuvre quand même beaucoup moins accessible que les deux premières symphonies.

Je trouve qu'elle n'est pas si peu jouée que ça, j'ai même l'impression qu'on la croise plus que la 2è! (quand même plus inspirée je trouve)

Au disque, clairement moins fréquente que la 2. Au concert, j'ai davantage vu de 2, mais c'est vraiment au doigt mouillé.

Tout à fait d'accord avec Ben. sur le concerto. Très beau toucher, entente entre la soliste et le chef, mais ça manquait vraiment  de flamme et de puissance. Lompech sur Bachtrack ( https://bachtrack.com/fr_FR/critique-uchida-rattle-london-symphony-orchestra-philharmonie-paris-decembre-2022 ) considère que l'orchestre était trop fourni et couvrait la pianiste, mais à 5 contrebasses et 6 violoncelles on s'en tenait à des effectifs tout à fait habituels. Ce n'est quand même pas de la musique de chambre.

Et puis les cors français n'ont pas l'exclusivité des pains : la 1ère partie a été franchement difficile, surtout dans l'ouverture de Genoveva. Ça s'est partiellement propagé au reste de l'orchestre avec un rare couac de clarinette.

Plus enthousiaste en revanche sur la symphonie de Rachmaninoff, décousue, on y entend des bouts de la 2e symphonie et des Danses symphoniques (postérieures, et qui lui ressemblent à vrai dire beaucoup), mais j'y ai pris beaucoup de plaisir. Plein d'associations de timbres inattendues en particulier. Et un magnifique orchestre très coloré.

En bis la danse slave op. 46 n° 3 de Dvořák, qui a le défaut de se nicher dans l'oreille à la place de Rachmaninoff.

Pour la symphonie on est passé à 8 contrebasses mais juste 7 violoncelles. Au hautbois se sont succédé trois solistes, un pour chaque œuvre.

Toujours avec un peu de retard, mais je n'ai pas ressenti la même chose que vous.
Le concerto de Schumann m'a vraiment beaucoup déçu.
Outre que cette interprétation était assez ennuyeuse, de la part du chef comme de la soliste, j'ai trouvé la pianiste parfois techniquement approximative.
J'ai eu du mal à me concentrer, et mon esprit vagabond a été régulièrement ramené à la réalité par des traits boulés.
Il y a longtemps que je n'ai pas entendu ce Schumann aussi terne.
Très beau toucher dans le bis, mais tellement court qu'elle aurait pu s'en passer.

J'attendais beaucoup de la 3ème symphonie de Rachmaninov par Rattle. Je confirme qu'elle est moins donnée que la 2ème, moins facile d'accès aussi.
Elle m'a paru à moi aussi "décousue", mais c'est la première fois, et je pense que la faute en revient à Rattle qui n'a pas su donner une ligne claire à cette oeuvre complexe,
avec ses incessants changements de climats.
A vrai dire, je n'ai pas retrouvé ce à quoi nous avait habitué Rattle avec cet orchestre : techniquement c'était parfait mais sa sonorité était terne, sans couleurs, sans brillant,
le pupitre des premiers violons quelque peu acide, et l'interprétation trop sage.
Un des grands moments de la symphonie est le passage central du deuxième mouvement, qui fait office de scherzo, avec des sonorités étranges.
Comme le reste, il était trop sage, sans le côté noir qu'il devrait avoir. Ce n'était cependant pas ennuyeux, comme le Schumann.
Mais je pense que Rattle n'est pas fait pour Rachmaninov. Rien à voir avec le souvenir ébloui des concerts Rachmaninov qu'avait donné Chailly avec l'Orchestre de Leipzig il y a quelques années.