PP - OP/Mäkelä/Chamayou - Programme russe Cloches - 06/09/23

mickt a écrit:

Selon notre envoyé spécial, les panneaux "moins de 28 ans" avaient déjà disparu pour le concert d'ouverture de saison de l'OP hier soir.

L'envoyé spécial, c'est moi ! Les scanettes fonctionnaient hier, peut-être y a-t-il un lien ?


Programme :

Igor Stravinski : Petrouchka
Sergueï Prokofiev : Concerto pour piano n°1
Serge Rachmaninoff : Les Cloches

Distribution :
Orchestre de Paris
Chœur de l'Orchestre de Paris
Chœur du Helsinki music Center
Klaus Mäkelä, direction
Bertrand Chamayou, piano
Olga Peretyatko, soprano
Pavel Petrov, ténor
Alexey Markov, baryton
Richard Wilberforce, chef de chœur
Eleriin Müüripeal, cheffe de chœur


Surpris dès l'entrée en salle par la disposition du plateau : le piano de l'orchestre trônait au beau milieu de la scène, couvercle retiré, pianiste face au chef. Orgue sur le côté, arrière-scène vide.

Programme plutôt chargé : à RF, ils se seraient contentés de la première partie...
Timing bien respecté, pour une fois : nous étions bien dehors à 22h30, comme prévu.

Stravinsky : plutôt déçu par l'interprétation. Beaucoup de canards, et notamment à la trompette (trompettiste qui nous avait déjà gâché Mahler 5, il y a quelques années... c'est terrible qu'on l'identifie comme ça... ce qui ne l'empêche pas d'être acclamé à l'applaudimètre), et dans l'ensemble, un son assez sale (pas parfaitement en place, quelques pains ici ou là, ce qui donne un ensemble hétérogène). Pas véritablement de vision particulière, narration très hachée avec des pauses entre les tableaux plus longues que de coutume. Beaucoup d'engagement physique de Mäkelä, mais l'ensemble manquait sûrement de répétitions. Pas une version à publier au disque en tous cas (alors que c'était justement enregistré !). Il leur reste une chance ce soir ! Chamayou dans son élément avec ce répertoire, et l'occasion de mettre, plus qu'habituellement, le piano à l'honneur dans ce morceau.

Prokofiev : vraiment bien, sans être marquant. A vrai dire, je n'en ai déjà plus trop de souvenir, et je n'étais pas dedans. Chamayou très bien dans le motorisme.

2 rappels : l'Alouette de Glinka, et la Valse à la manière de Borodine de Ravel. Annonce des titres avant de jouer.
Salle enthousiaste, mais pas en délire.

Rachmaninov : le gros morceau de la soirée, et pour lequel les hystériques comme nous se sont déplacés. Je ne connaissais pas l’œuvre, écoutée une fois au disque le midi sur mon téléphone (donc, pas attentivement). Pas totalement convaincu par ce morceau, dont je n'ai sûrement pas saisi les subtilités. Le troisième mouvement m'a saisi, et j'y ai retrouvé le langage poignant de Rachmaninov, avec la profondeur des chœurs, le tempo presto et la tension permanente. Les trois autres mouvements, s'ils ne m'ont pas ennuyé, ne m'ont déclenché aucune émotion. Je n'étais pas dedans, mauvais soir peut-être, ou un programme trop dense pour maintenir l'attention jusqu'à la fin. Ou bien alors un morceau à approfondir... Morceau aux gros moyens : double chœur ok puisqu'ils sont au centre du morceau, mais aussi trois chanteurs pour quelques mesures chacun, l'orgue pour un accord final... La puissance de l'orchestre, soutenu par les chœurs et l'orgue valait le déplacement !

J'y étais aussi, le deuxième soir. Salle bien remplie mais replacements possibles, assistance attentive et pas trop de tousseurs, c'était assez agréable. Comme toi, j'ai eu cette impression bizarre dans Petrouchka que tout n'était pas parfaitement en place et peaufiné comme on pourrait l'espérer, mais au final ça a quand même été un bon moment pour moi parce que la musique est tellement réjouissante que je tolère l'à peu près. Applaudissements polis, changement de plateau interminable, avant un concerto de Prokofiev que j'ai beaucoup aimé, c'est très court, comme un bonbon musical. Ma seule réserve (peut-être due à ma place, au fond du parterre ?), que j'avais déjà eue par exemple dans le concerto de Brahms avec Isabelle Faust, est que j'ai parfois l'impression que Makela a du mal à doser la balance entre l'orchestre et le soliste qui est souvent noyé dans le son de l'orchestre. Un seul bis, l'Alouette de Glinka.
Les Cloches étaient pour moi une découverte, j'ai beaucoup apprécié la puissance de la 3ème partie qui m'a rappelé le Requiem du Verdi par la violence et l'intensité sonore, les interventions de la soprano et du baryton, et le choeur. Beaucoup moins le ténor beaucoup trop léger qu'on n'entendait pas, et j'avoue aussi avoir ressenti au fur et à mesure une certaine impression de monotonie dans le discours musical. Globalement un bon concert de rentrée !

Je partage vos deux impressions (j'étais au concert du mercredi).

Passé une très belle introduction, Petrouchka était globalement un peu trop neutre. Je n'ai pas remarqué les pains du trompettiste, dans l'ensemble l'orchestre était correct mais on peinait effectivement à ressentir les bénéfices d'un enregistrement récent.
Beaucoup aimé le concerto, Chamayou m'a paru très bien et on sentait tout l'engagement de l'orchestre. C'est un détail mais Chamayou dégage quelque chose de sympathique, entre sa présence dans l'orchestre pour Stravinski et sa façon d'introduire les bis, qu'il fait l'effort de relier à la thématique du concert.
Belle redécouverte des Cloches (pas de souvenirs de la version Noseda) avec un orchestre plus au point que dans Petrouchka, mais l'oeuvre n'atteint pas des sommets d'inspiration. Peretyatko et Markov très bien, tout comme les deux choeurs réunis.

Un concert pas franchement inoubliable donc.
Salle bien remplie.

Rocktambule a écrit:

Surpris dès l'entrée en salle par la disposition du plateau : le piano de l'orchestre trônait au beau milieu de la scène, couvercle retiré, pianiste face au chef.

Il me semble que c'est toujours comme ça dans Petrouchka, non?
En tout cas j'ai trouvé ça bien que Chamayou assure cette partie en plus de son concerto de 15 minutes.

Je rejoins en grande partie ce qui a été dit (le fameux trompettiste qui n'était plus trop pris à défaut l'an dernier a malheureusement remis ça de belle manière, en effet!), si ce n'est que je vois plus le verre à moitié plein qu'à moitié vide.
J'ai trouvé quand même l'ensemble du concert de belle facture. (c'est vrai que la difficulté de Petrouchka se ressentait, même si c'était dans l'ensemble très bien)

Très heureux de retrouver Mäkelä et la Philharmonie, et d'entendre enfin les Cloches.
Ce n'est pas le plus haut chef d'oeuvre de Rachmaninov peut-être, mais quand même les deux derniers mouvements sont superbes je trouve.

J'y étais les deux soirs. Les Carillons sont assez rares, et j'adore.
Mais je n'ai pas la même impression que vous sur Petrouchka. J'ai trouvé au contraire l'orchestre très au point, attribuant cela à la préparation pour le disque.
L'ensemble des cordes m'a impressionné par son volume et ses attaques parfaites. Les solos des bois étaient merveilleux. Oui, c'est vrai, mercredi, le trompettiste a fait un canard, mais je lui pardonne !
Il donnait un peu l'illusion d'entendre un cornet, mais cela allait très bien pour cette scène.
Il est vrai que l'interprétation de Mâkelâ est particulière : très violente dans les passages forte, et prenant son temps dans les solos de bois, un peu comme si chacun jouait une partie de concerto
et s'écoutait jouer : le fûtiste, le clarinettiste... J'avoue que sa proposition m'a convaincu. Interprétation de plus très vivante.

Beau concerto de Prokofiev, avec toujours autant de plaisir à entendre Chamayou.
Je l'ai juste moins entendu le premier soir car j'étais trop sur le côté, et impossible de se replacer.
Mais pourquoi donc n'enlève-t-on pas le couvercle du piano dans une telle salle où le public entoure les musiciens ? Quelqu'un a une idée ?

Enfin, belle interprétation des Carillons, à laquelle on peut juste reprocher un manque de noirceur dans les passages sombres, qui sont assez nombreux, mais Mâkelä ne sait pas encore faire.
Oeuvre pour moi magique, un des chefs d'oeuvre de Rachmaninov, mais n'a-t-il pas écrit que des chefs d'oeuvre ??
Très belle voix du baryton, ténor un peu léger, Peretyatko au port de reine, mais avec un vibrato à peine supportable pour moi.

https://www.resmusica.com/2023/09/08/rentree-joyeuse-pour-klaus-makela-et-lorchestre-de-paris/

Une critique assez sévère sur la direction de Mäkelä.
Finalement, le nombre de concerts qui m'ont vraiment emballés sous sa direction est assez minime : Mahler 2 et le Requiem de Duruflé avec l'OP, Mahler 3 avec Oslo (j'en ai loupé beaucoup aussi, certes).
J'attends de voir ce que vont donner les deux autres ballets de Stravinsky un peu plus tard dans la saison et surtout Une Vie de Héros, où il devrait bien faire sonner l'orchestre. La 2e de Schumann pourra aussi être un bon test.

Une autre critique assez peu enthousiaste :

http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=15842

Il a noté comme moi la difficulté d’entendre le piano et le ténor.

tomseche89 a écrit:

Finalement, le nombre de concerts qui m'ont vraiment emballés sous sa direction est assez minime : Mahler 2 et le Requiem de Duruflé avec l'OP, Mahler 3 avec Oslo (j'en ai loupé beaucoup aussi, certes).

J'imagine que tu n'étais pas allé à la Symphonie alpestre, sinon tu l'aurais surement citée!

tomseche89 a écrit:

https://www.resmusica.com/2023/09/08/rentree-joyeuse-pour-klaus-makela-et-lorchestre-de-paris/

Une critique assez sévère sur la direction de Mäkelä.
Finalement, le nombre de concerts qui m'ont vraiment emballés sous sa direction est assez minime : Mahler 2 et le Requiem de Duruflé avec l'OP, Mahler 3 avec Oslo (j'en ai loupé beaucoup aussi, certes).
J'attends de voir ce que vont donner les deux autres ballets de Stravinsky un peu plus tard dans la saison et surtout Une Vie de Héros, où il devrait bien faire sonner l'orchestre. La 2e de Schumann pourra aussi être un bon test.

Ah tiens, je ne l'ai pas énormément entendu (il se familiarise beaucoup avec le grand répertoire), mais je l'ai trouvé à chaque fois vraiment convaincant avec l'OP – la symphonie de Larcher couplée avec l'adagio de Mahler 10, c'était vraiment remarquable… mais la 3 avec Oslo m'avait, moi, laissé assez peu impressionné.

Je penche du côté positif pour ce concert, mais Mäkelä a fait du Mäkelä. Un orchestre qui sonne bien, le trait rond et épais, très Technicolor dans Petrouchka, pas ciselé, dans une lecture symphonique qui s'éloignait de la pantomime et du ballet. Certains tempos retenus permettaient de mettre en valeur les solistes (très bonne trompette le jeudi). Sans doute pas ce que cherche une partie des auditeurs. Le principal défaut pour moi : il dirige trop fort ! Et parfois il semble penser que faire un gros effet peut remplacer une articulation ou une transition soignée.

Les Cloches ont été battues avec une belle énergie, sans trop de subtilité mais j'ai été bien saisi par l'œuvre. Chœurs réunis de Paris et de Helsinki en grande forme. Baryton excellent dans le dernier mouvement. Superbe robe bleue de Peretyatko (le point de consensus de la soirée).

(j'ai eu un coup de barre pendant le concerto.)


C'était la rentrée, c'était donc le moment de passer en revue les effectifs de l'orchestre : Joseph André et Anne-Sophie Le Rol ont pris du grade au pupitre de seconds violons, devenant respectivement 1er et 3e chef d'attaque. Bravo à eux, mais sinon c'est zéro pointé pour les recrutements. Alto, cor, hautbois, il faut chercher encore. La valse des candidats au poste de violon solo devrait reprendre. Pour l'ouverture, c'est le fidèle Eiichi Chijiiwa qui tenait la barre. André Cazalet s'en est allé discrètement.

C'est passé sur Radio Classique, concert du jeudi a priori.

https://www.radioclassique.fr/replay-concerts/concert-de-lorchestre-de-paris-a-la-philharmonie-de-paris/