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René Vautier : Afrique 50        1950


L'histoire de ce classique est assez amusante : il me semble qu'il s'agit de la première réalisation de Vautier (qui sera connu pour ses films anti-colonialistes, le plus connu étant sans doute Avoir 20 ans dans les Aurès) et il est envoyé en AOF (je ne sais pas si ça s'appelait déjà comme ça à l'époque) par la Ligue française de l'enseignement afin de faire un reportage vantant les mérites de l'apport français (!) là-bas ; il s'y rend et découvre bien sûr la réalité coloniale : l'école pour les colons, les enfants noirs exploités au travail ; des meurtres arbitraires commis par les soldats français ; pillage total et bénéfices records pour les compagnies françaises installées là-bas. Bref, autant dire que ça n'a pas vraiment plu à la Ligue française de l'enseignement, les bobines ont été confisquées et le film a été interdit à la diffusion pendant plus de quarante ans ; heureusement, Vautier a réussi à sauver quelques bobines qui donneront lieu à ce court-métrage d'une quinzaine de minutes — qui est déjà sacrément virulent ! —, je me demande à quoi ressemblait la version initialement prévue.

Cololi a écrit:

Le Masque et la Plume !

Merci !

Patrice Chéreau : L'homme blessé        1983

 +
Il y a quelques mois, j'avais été assez déçu par Ceux qui m'aiment prendront le train et j'ai donc essayé de tenter celui-ci qui semble davantage susceptible de me plaire. Le scénario a été co-écrit avec Hervé Guibert, il se déroule en été, on y suit un jeune homme issu d'une famille d'ouvriers polonais qui rencontre un homme nettement plus vieux qui le met sur la piste d'un homme, qui semble être une sorte de rabatteur de travailleurs du sexe ; il va être alors attiré puis obsédé par cet homme qui va lui sembler être à des années lumière du milieu dans lequel il évolue — d'ailleurs, c'est assez marrant que ce soit Claude Berri qui joue son père, c'est-à-dire sans doute l'un des plus gros producteurs au sein du cinéma français. J'ai retrouvé quelque chose que j'avais également beaucoup aimé dans Toute une nuit de Chantal Akerman : des personnages qui se rencontrent en s'effleurant ; il y a ici quelque chose de distancié à tout égard et selon une logique toute bressionnienne, une grande intensité en ressort. En plus de ça, j'ai aimé le travail sur tous les lieux périphériques qui forment comme une sorte de réseau ; couplé (surtout au début) aux réseaux des regards et des pratiques, je trouve que ça se conjugue assez bien avec l'élan mélodramatique qui parcourt le film — ah oui, et puis photographie de Renato Berta, ça aide. J'ai aussi beaucoup aimé les prestations de Jean-Hugues Anglade dans le rôle du jeune homme, de Vittorio Mezzogiorno et de Roland Bertin.

Bertrand Blier : Notre histoire        1984


J'ai l'impression que pas mal de gens considèrent que ce film est à part dans la filmographie de Blier parce qu'il ne s'agit pas d'une comédie. Personnellement, j'ai l'impression que ce film s'inscrit profondément dans la filmographie de Blier : tout d'abord, on retrouve ce côté déclaratif (presque axiomatique) de l'histoire — qui est sans doute le plus frappant dans Buffet froid où le couteau génère toute le réseau narratif — qui est encore plus explicite à l'accoutumée puisque les personnages nous racontent une histoire qui est ouvertement la leur et jouent ainsi au jeu de qui de l'œuf ou de la poule, etc. En plus d'être plus apparent, cet aspect déclaratif est sans doute plus fort (presque à rebours du cinéma) puisque le rôle principal est tenu par un Alain Delon principalement immobile et décrit comme un personnage faible. Malheureusement, je n'ai pas trouvé que tout cela fonctionnait : le film n'arrive pas vraiment à installer d'histoire intéressante et même la ligne expressive (se voulant) mélodramatique ne fonctionne pas vraiment — en plus de reposer sur des personnages (qui me sont) parfois désagréables. Pour ne rien arranger, le film est à mon avis trop long (une heure cinquante environ) et même s'il y a quelques moments qui fonctionnent, que la mise-en-scène est soignée et que la photographie de Jean Penzer est chouette.

Francesco a écrit:

Parsifal a écrit:

Francesco a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Vu la Soupe aux Choux, il y a plus de 20 ans.
J'ai peur de le regarder a nouveau...

Ben moi je n'en ai aucune envie. Quand j'étais enfant puis adolescent, je croyais que le cinéma c'était ça, les films avec Belmondo, la saga Star Wars ou bien les films avec Stalone.... du coup, je pensais que je n'aimais pas le cinéma en fait

Oh je suis sur que si on remplace De Funés et Carmet par Bette Davis et Joan Crawford ça passe très bien
(je ne sais pas qui mettre à la place de Villeret par contre...)

Agnes Moorehead !

En fait, je ne parle même pas de la qualité intrinsèque de ces films. Simplement, c'était ce qui passait en priorité à la télévision (et que mon frère ainé tendait à imposer) et, clairement, je n'étais pas le cœur de cible George Lucas a dit qu'il avait écrit ses scénarios pour des garçons de 12 ans .... disons que je n'ai jamais été ce garçon de 12 ans auquel il pensait.

Donc, quand j'ai vu Rebecca, évidemment, j'ai eu un choc.

Oui ce n'est clairement pas le même univers (cela dit Agnés Moorehead dans le costume de Villeret en train de faire glougloulouloulou, je suis assez pervers pour être preneur ).

Fiona et Nigel Dobson font un voyage qui les mène de Turquie en Inde. Lorsque le couple britannique fait la connaissance d'une jeune française et d'Oscar, son mari américain, le périple prend une tournure inattendue. Oscar entreprend le récit de son obsession pour une femme rencontrée un jour par hasard.
Film dérangeant, sensuelle, folie, amour fou, et c'est pas fini...
C'est pourtant un film sublime de Roman Polanski !
Les acteurs y sont parfaitement à leurs places !
Mentions spécial pour Emmanuelle Seigner qui est ici remarquable, les autres acteurs sont top également...
Mais quelle émotion quand arrive la musique de...Vangelis, il y marque l'image directement et nous plongent dans l'univers sensuelle de l'histoire....
À voir absolument !

Caroline Huppert : Signé Charlotte        1985


Ce film est l'unique film que Caroline Huppert (une des s\oe urs d'Isabelle Huppert) a réalisé pour le cinéma, le reste du temps, elle a principalement réalisé pour la télévision. J'ai franchement trouvé l'histoire assez improbable : une chanteuse (interprétée par Isabelle Huppert) vient de rompre avec son (ex-)copain qu'elle a retrouvé mort et décide de se réfugier chez un ancien amant (marié) et il décide de l'aider, comme ça, sur un coup de tête. Franchement, il ne se passe pas grand-chose, à tous les niveaux, alors que le film s'ouvre sur une scène extrêmement dynamique ; j'ai même coupé avant la fin, ce qui est extrêmement rare.

Violette Noziere

+

Jean-Claude et Pierrot, deux loubards blagueurs, féroces et désoeuvrés, passent leur temps à bousculer et à chahuter leurs contemporains. Ils prennent un malin plaisir à commettre toutes sortes de petits délits, qui vont du vol à la tire sur un parking de supermarché à celui de voitures. Ce soir-là, c'est précisément celle du coiffeur qui est l'objet de leurs soins malhonnêtes.
Ce film à fait je pense à l'époque (74)scandale...
Je me demande pourquoi...c'est à voir au second degré !
Et puis, c'est plus de la grosse rigolade que vicieux..
Patrick Dewaere y est à mourir de rire, il avait une de c'est têtes...
Maintenant, c'est pas n'ont plus un must..
Juste un film d'époque...

Pachy a écrit:

Ce film à fait je pense à l'époque (74)scandale...
Je me demande pourquoi...c'est à voir au second degré !
Et puis, c'est plus de la grosse rigolade que vicieux..

C'est vrai que la scène avec Isabelle Huppert est super marrante et pas dérangeante du tout.


Un film pareil ne pourrait plus sortir de nos jours.
On a changé d'époque.
A titre personnel je m'en réjouis mais ça n'engage que moi...

arnaud bellemontagne a écrit:

Pachy a écrit:

Ce film à fait je pense à l'époque (74)scandale...
Je me demande pourquoi...c'est à voir au second degré !
Et puis, c'est plus de la grosse rigolade que vicieux..

C'est vrai que la scène avec Isabelle Huppert est super marrante et pas dérangeante du tout.


Un film pareil ne pourrait plus sortir de nos jours.
On a changé d'époque.
A titre personnel je m'en réjouis mais ça n'engage que moi...

Ben figure toi que ma femme m'a dit la même chose, plus possible de sortir un film comme ça aujourd'hui..
Ah ok, c'est Isabelle Huppert je pensais que c'était une autre actrice..

Jean-Luc Godard : Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma        1986


C'est assez marrant car ce film fait partie d'une collection (intitulée très imaginativement "Série noire") de films policiers commandés par TF1 et diffusés sur cette même chaîne dans les années 80, on y trouve des réalisations de Séria, de Vecchiali, de Rouffio, de Giovanni — pour ne citer que les plus connus ; je dis que c'est assez marrant parce que Godard est quand même assez connu pour ses positions contre la télévision. Ici, c'est tout de même assez différent parce que c'est lui qui est aux manettes et il fera bien attention à mettre du cinéma partout : le tandem principal est composé d'un acteur français iconique et éminemment cinématographique (Jean-Pierre Léaud) jouant le rôle d'un cinéaste en galère et d'un cinéaste très indépendant (Jean-Pierre Mocky — c'est donc aussi un tandem de Jean-Pierre) qui joue le rôle d'un producteur. Malgré le fait qu'on soit chez Godard, il y a tout de même une ligne programmatique assez clair : il devient difficile de faire un film — d'ailleurs, le titre (dans sa version complète : Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma révélées par la recherche des acteurs dans un film de télévision publique d'après un vieux roman de J. H. Chase) se déploie tout au long du film ; personnellement, ce n'est pas ce qui m'a intéressé le plus, ce qui m'a intéressé le plus, c'est plutôt tout ce qui gravite autour, les petites phrases, les essais d'acteurices et surtout son humour pince sans rire — c'est sans doute l'un des films de Godard les plus drôles qui soit. J'ai également trouvé que Mocky était formidable dans ce film (Léaud aussi bien sûr mais ça m'a beaucoup moins surpris) — je crois que Godard a un certain talent pour diriger les acteurs.

Barbet Schroeder : Barfly        1987

 +
Ce film est le premier film réalisé par Barbet Schroeder aux États-Unis, les studios hollywoodiens l'ayant sollicité. Ce film est une collaboration entre Barbet Schroeder et Charles Bukowski — que le réalisateur avait filmé quelques années avant dans le documentaire The Charles Bukowski tapes — qui a écrit le scénario, ce dernier mettant en scène son alter-ego : on y suit un écrivain qui traîne la plupart du temps dans son bar favori où il se bat parfois avec le barman ; il rencontre ensuite une femme qui est en plein divorce, ils s'installent ensemble. J'ai assez aimé le film, le résultat est peut-être un peu étonnant car c'est assez intérieur et ça refuse clairement le discours de pitié et pire (!), ça dit avec fierté : non mais moi, j'aime bien ma condition d'écrivain alcoolique et de vie erratique, j'y trouve mon compte. En plus, j'ai bien aimé la réalisation de Schroeder (que l'on pourrait trouver un peu impersonnelle et je ne serais pas totalement en désaccord — mais elle est tout de même soignée) car ça donne un ton assez différent des réalisation maniéristes que déploient souvent ce genre de films — et puis les éclairages néon, l'ambiance urbaine, c'est chouette.

George Weber, riche compositeur de chansons à succès, vient d'avoir 42 ans. Hanté par l'idée du vieillissement, il se sent trahi par la vie. Cela ne l'empêche pas de courir avec quelque extravagance après Jenny Miles, une jeune beauté récemment mariée, et de délaisser Samantha Taylor, sa plus que charmante maîtresse. Tout cela est-il bien raisonnable ?
J'avais vu le film à l'époque, je le trouvais bien...
Mais aujourd'hui, je sais pas..il m'ennuie un rien !
Bien sur qu'à l'époque Bo Derek avait un certain succès....

Pour la troisième fois :



Réalisé et scénarisé par Charlie Kaufman d'après un roman ultra pénible (ou plus vraisemblablement très mal traduit) de Iain Reid, avec Jesse Plemons, Jessie Buckley, Toni Collette, David Thewlis ... (2020)

Il y aurait bien des choses à dire sur ce film, mais d'autres l'ont déjà fait mieux que je ne saurais le faire (et inévitablement, beaucoup ont aussi écrit d'énormes bêtises/méchancetés)...

Alors disons seulement que c'est très beau – pour moi hein, et plutôt pas esthétiquement (c'est sorti sur Netflix, pour commencer...) – et pas du tout confortable, sans aucune concession contrairement aux apparences, beaucoup plus simple et profondément dérangeant que bizarre/prétentieux/nombriliste une fois que l'on a saisi l'idée générale...
Assez (voire souvent très) proche de Resnais et Lynch, à un moindre degré Bergman — c'est dire si j'aime (ce n'est sans doute pas tout à fait au même niveau que ceux-là mais vraiment pas si loin; j'ai lu aussi quelque part Fellini et Tarkovski, ce qui me paraît bien moins évident)...

(Et mieux vaut peut-être avoir vu Une femme sous influence de Cassavetes pour pleinement comprendre certain passage, mais ce n'est absolument pas indispensable...)

Hayao Miyazaki : Mon voisin Totoro        1988

 +
J'avais découvert Miyazaki par Nausicaä qui m'avait pas mal ennuyé et je n'avais pas trop décidé de pousser plus loin dans l'immédiat — même si je me doutais bien que si l'on entrouvrait un peu la porte, il y avait de belles choses, ce film en fait d'ailleurs partie. Le pitch de ce film est beaucoup plus simple : deux filles et leur père déménagent dans une maison de campagne (longtemps inhabitée, visiblement) afin de se rapprocher de l'hôpital dans lequel séjourne leur mère. Ce qui m'a vraiment réjoui dans ce film, c'est la manière dont le petite sœur tire (et porte) tout le film : je trouve que le film aurait tellement pu, à travers le déménagement dans une maison assez ancienne et le rapprochement de la mère malade, ouvrir l'album familial mais au contraire, ce qui le propulse, c'est la curiosité, la découverte qui constituent des petits motifs (les noiraudes) qui peupleront le film ; j'ai aussi aimé l'évolution vers quelque chose de plus initiatique/fabulateur — comme s'il y avait une duplicité de la narration : qui nous raconte l'histoire ? — lorsqu'apparaissent Totoro et puis, un peu plus tard, le chat-bus ; j'ai trouvé ça très effectif : à la fois, on est contaminé par l'enthousiasme des deux filles et puis c'est tout de même très beau ! J'ai également beaucoup aimé le dessin : dans certains plans de paysages vers la fin, ça m'a beaucoup frappé — beaucoup plus que dans Nausicaä. Une très belle découverte !

Moi c'est tout le contraire ; j'adore Nausicaä de la vallée du vent et je m'ennuie devant Mon voisin Totoro (oui c'est sympathique mais... 'y a que le dernier quart du film d'animation qui me semble intéressant). Allez savoir pourquoi... pas la moindre idée.

C'est génial Totoro. Un peu dans le même genre "enfantin", Emeryck, tu devrais aimer aussi Ponyo (mes préférés de Miyazaki restent Mononoke et Chihiro, mais on n'est plus du tout dans le même univers).

Roupoil a écrit:

C'est génial Totoro. Un peu dans le même genre "enfantin", Emeryck, tu devrais aimer aussi Ponyo (mes préférés de Miyazaki restent Mononoke et Chihiro, mais on n'est plus du tout dans le même univers).

Je pense que je vais de toute façon à terme tous les regarder mais je note tous ceux que tu cites — je suis aussi assez curieux à propos de Porco rosso, aussi !

Ponyo... franchement, autant regarder l'original qui est plus cool (amha) : Panda, papa panda ! (1973) Il y a déjà les éléments principaux de Ponyo et il y a des séquences proto-Totoro.

Emeryck a écrit:

Roupoil a écrit:

C'est génial Totoro. Un peu dans le même genre "enfantin", Emeryck, tu devrais aimer aussi Ponyo (mes préférés de Miyazaki restent Mononoke et Chihiro, mais on n'est plus du tout dans le même univers).

Je pense que je vais de toute façon à terme tous les regarder mais je note tous ceux que tu cites — je suis aussi assez curieux à propos de Porco rosso, aussi !

Vas-y direct avec Porco Rosso, c'est immense !

Roupoil a écrit:

mes préférés de Miyazaki restent Mononoke et Chihiro

Moi aussi, mais Chihiro avant tout quand même (et j'ajouterais volontiers Le Château ambulant...).

Dans sa deuxième année de lutte contre le crime, le milliardaire et justicier masqué Batman explore la corruption qui sévit à Gotham et notamment comment elle pourrait être liée à sa propre famille, les Wayne, à qui il doit toute sa fortune. En parallèle, il enquête sur les meurtres d'un tueur en série qui se fait connaître sous le nom de Sphinx et sème des énigmes cruelles sur son passage.
J'avoue que la première fois au cinéma, j'étais septique sur ce nouveau Batman....
Et puis, je le trouve très réussi...sauf la Batmobil !
L'intrigue y est remarquable, avec ce personnage de dingue qui est le Sphinx...
J'attends avec impatience le suivant !

Steven Soderbergh : Sex, lies and videotape        1989

 + / 
Ce film est le premier long-métrage (de fiction) de Steven Soderbergh et il sera récompensé de la palme d'or à Cannes en 1989 — pas mal pour un premier film. Tout d'abord, ça me fait beaucoup rire que le film soit traduit de manière si littérale en français : Sexe, mensonges et vidéo. Concernant le film, je crois l'avoir plutôt aimé mais l'ai trouvé assez curieux : il y a un côté un peu distancié — notamment par la mise en exergue d'un dispositif (ou plutôt un processus en fait) virtuel : le récit raconté devant la caméra — par rapport à une potentialité rendue impossible qui me rappelle pas mal Cronenberg mais à la fois, cet aspect est comme bridé par le style "cinéma indépendant américain" qui est plutôt naturaliste, ça donne un résultat assez bizarre pour moi, qui me plaît assez (parce que c'est tout de même bien écrit) mais qui me frustre aussi un peu. Peut-être un mouvement que j'ai bien aimé dans ce film, c'est le fait que le rapport du gars à la caméra par rapport à celles qu'il filme semble tellement unilatéral (bien qu'il dise que toutes étaient consentantes, etc., ne serait-ce par le fait qu'il impose le dispositif et qu'il ait filmé des multiples dizaines de femmes se confessant — et puis, il y a presque un côté confessionnal dans l'unilatéralité) et puis finalement se retourne brutalement pour que le film se délie, c'est assez habile.

Laurent Heynemann : Faux et usage de faux        1990

 + / 
Ce réalisateur semble tout de même avoir le chic pour, en partant de pitches très intéressants, qui pourraient donner des trucs assez jouissifs — souvent sur un fond de fraude —, finalement faire des films assez plats et oubliables. Ici, il s'inspire fortement de l'écrivain Romain Gary et notamment des romans qu'il a écrits sous le pseudonyme d'Émile Ajar, faisant jouer ce rôle à son petit cousin — ce qui lui permettra d'ailleurs de gagner deux fois le prix Goncourt ; c'est ici Philippe Noiret qui joue le rôle de Gary et Robin Renucci qui joue le rôle de son petit-cousin, ils sont bons mais franchement, le film ne raconte pas grand-chose d'intéressant — et il ne pousse même pas très loin son égratignure du milieu littéraire et notamment de la sélection des lauréat(e)s pour les grands prix... et puis concernant le discours (qui se veut) explicatif autour du recours au pseudonyme, ça ne vole pas très haut non plus.

L'Histoire d'Adèle H.

Les Veinards

Xavier Beauvois : Nord        1991

 +
Ce film est le premier long-métrage de Xavier Beauvois, il était alors très jeune (vingt-trois ans) et n'a pas fréquenté d'école de cinéma — il a tout de même été l'assistant de plusieurs réalisateurs assez connus — ; malgré ça, la distribution est tout de même plutôt prestigieuse : Bulle Ogier et Bernard Verley pour jouer ses parents dans le film, il tiendra le rôle principal. Le titre d'une brièveté lapidaire donne assez bien le ton du film : le réalisateur y dépeint une famille brisée vivant dans le nord de la France dont il joue le fils ; sa mère est prof mais doit s'occuper de sa sœur handicapée ; son père est préparateur en pharmacie ; ils ne communiquent plus. J'avoue que j'ai un peu du mal à dire quoi que ce soit face à un film comme ça : c'est clairement une œuvre de transfuge (l'œuvre semble autobiographique quand on lit la biographie du réalisateur) et, bien sûr, on lit beaucoup qu'il y a de l'excès, que c'est trop, etc. (parce que le père est alcoolique, la mère est en profonde dépression, le père se suicide puis la mère décide d'agresser sexuellement son propre fils) et le livre nous délivre ça de manière tellement âpre qu'on ne sait pas trop quoi dire.

Claude Miller : L'accompagnatrice        1992

 + / 
Avec ce film, Claude Miller continue dans le sillage qu'avait ouvert La petite voleuse, c'est-à-dire un film qui met en scène une fille d'un artiste assez connu et qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale. Ici, c'est Romane Bohringer qui joue le rôle d'une jeune fille dont la mère est pianiste, venant d'une famille modeste, et qui se fait engager par une cantatrice en vogue (interprétée par Elena Safonova), qui a une relation cachée avec un résistant alors que son mari (interprété par Richard Bohringer) est un bourgeois qui n'est pas gêné de faire copain-copain avec les nazis pour mener grand train de vie — mais qui se retrouvera tout de même à s'exiler en Angleterre... Ce film m'a rendu assez confus parce que l'histoire est assez intéressante (en tout cas, assez complexe) mais j'ai eu l'impression que la mise-en-scène, pas moche mais assez conventionnelle, ne suivait pas trop et rendait la complexité du récit plutôt ennuyeuse par moments, par manque d'interférences et de dynamisme. C'est en tout cas assez loin de ce que je connaissais de Miller et ça m'a un peu déçu.

D’ailleurs je viens juste de me souvenir que j’avais vu ce film…

Takis Candilis : Petits métamorphoses        1975

 +
Produit par le Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques, ce court-métrage d'une dizaine de minutes est assez énigmatique : il s'agit d'un film complètement combinatoire, mettant en scène une femme et un homme ainsi que leur enfant qui ne coexistent presque jamais dans le même plan, à part peut-être lorsque le couple meurt et que leur fils peut s'échapper ; le fait qu'il n'y ait pas de dialogues n'aide pas trop à comprendre non plus. En bref, je n'ai pas compris grand-chose — enfin, pas sûr qu'il y ait grand-chose qui m'intéresse au sens strict dans ce court — mais j'ai trouvé ça plutôt chouette visuellement.

Trần Anh Hùng : L'odeur de la papaye verte        1993

 +
Ce film est le premier long-métrage de Trần Anh Hùng et c'est également le premier de ses films que je vois — et la nourriture y occupe déjà une place de choix. Ici, l'histoire se passe à Saïgon et on y suit une jeune femme qui est employée comme domestique par une famille de bonne condition sociale mais qui, à cause des infidelités du mari, est tombée en décrépitude. Je crois que j'ai aimé le film notamment pour sa mise-en-scène très léchée (surtout dans ses cadrages et ses mouvements d'appareil, il a d'ailleurs remporté la Caméra d'Or (pas volée !) lors de la sélection à Cannes en 1993) et pour sa musique composée par Tôn-Thất Tiết mais je dois dire que vu la maigreur de l'histoire, on n'est jamais non plus très loin de l'ennui, ce qui n'est bien sûr pas un défaut en soi, parce que ça me touche énormément chez un réalisateur comme Tsaï Ming-liang, par exemple, parce que c'est extrêmement signifiant et ça fonctionne du tonnerre d'un point de vue expressif mais ici, je n'ai pas trouvé que la mise-en-scène et l'histoire se parlait tellement — par moments (rares), on se croirait presque dans une pub. Quand j'observe la suite de sa filmographie, je ne suis pas convaincu que ça sera un réalisateur qui me parlera tant que ça, mais bon, on verra.

Louis Feuillade & Léonce Perret : Le cœur et l'argent        1912


Ce film d'une petite vingtaine de minutes n'est tout de même pas si mal et, pour l'époque, il se hisse dans le haut de la filmographie de Feuillade notamment par une sophistication visuelle assez surprenante quand on voit les films qui l'environnent dans la filmographie du réalisateur : l'exemple le plus marquant est sans doute le recours à des écrans scindés dont la frontière est assez vaporeuse lorsque le personnage s'imagine quelque chose et je trouve que ça marche d'autant plus que l'une des deux parties de l'écran montre une scène sur une rivière ce qui fait que l'aspect trouble de la frontière — souvent en utilisant le sol de l'autre partie de l'écran — fonctionne vraiment bien. En plus de ça, le film a été principalement tourné en extérieur, il y a notamment des scènes sur une rivière et d'autres dans les hautes herbes, je trouve que ça marche toujours dans les scènes un peu inquiètes et/ou tragiques, il y a une intensité du bras qui pousse les hautes herbes pour se frayer un chemin, une intensité de la vision partielle ; j'ai trouvé que ça marchait vraiment bien, dommage que l'histoire soit si ramassée : une jeune femme aime un homme mais sa mère la force à se marier à un homme plus riche, ce qu'elle accepte à contre-cœur.

Merzak Allouache : Bab El-Oued city        1994


Ce film est tourné (assez rapidement) dans le quartier de Bab El-Oued à Alger et comme nous l'indique les personnages, il se passe peu après les révoltes d'octobre 1988 auxquelles le gouvernement réagira par l'instauration d'un état de siège et l'envoi de l'armée qui tuera plusieurs centaines de civils, s'ensuivra la chute du parti unique ; on y suit Boualem, un jeune boulanger, qui va être poursuivi par la communauté religieuse locale pour avoir arraché et jeté à la mer un haut-parleur qui l'avait réveillé dans son sommeil et qui diffusait des messages religieux ; il s'avère ensuite que la femme dont il tombe amoureux est la sœur du gars qui mène le groupe chargé de retrouver celui qui a retiré le haut-parleur — contre l'avis de l'imam qui est en mode "bon, les gars, pas de violence, on a dit". J'ai assez aimé le film, le ton est assez léger et j'ai aimé la multiplication de personnages et de scènes en périphérie du personnage principal (les scènes avec le gars qui importe des produits depuis Marseille puis les revend à la sauvette, le français qui a été envoyé ici, le petit frère de Boualem qui veut rejoindre la France pour faire sa fortune là-bas et puis il y a toutes ces (multiples) scènes dans les ruelles ou dans les maisons ; j'ai aussi trouvé assez drôles les séquences avec le fils et sa mère aveugle tous deux pieds-noirs, le premier lui racontant des cracks sur ce à quoi ressemble la ville), ça rend le film assez vivant ; j'ai aussi bien aimé la musique de Cheb Rabah.

Roméo Bosetti : La course aux potirons        1908

 +
Sur son fil narratif, ce film pourrait sembler très similaire au Lit à roulettes d'Alice Guy, sorti l'année d'avant, puisqu'effectivement, il s'agit d'un objet lancé après lequel tout le monde va courir et le film sera subordonné à l'arrêt de celui-ci. Même si le fait qu'il y ait plusieurs objets en même temps rend le truc plus spectaculaire (et encore...), je trouve que ça raconte beaucoup moins de choses : dans le film de Bosetti, tout commence sur une charrette qui se renverse alors que dans le film d'Alice Guy, si le lit est lancé, c'est parce que le gars a été expulsé de chez lui par les huissiers qui voulaient récupérer mais qui ne pouvaient pas : pas la même. Enfin bon, ça reste tout de même suffisamment court pour que ça soit divertissant sur toute la durée du film.

Roméo Bosetti : L'agent a le bras long        1909

 +
J'ai trouvé ce court-métrage tout de même un peu long (sept minutes) parce qu'il ne met en jeu qu'une idée qui a assez peu de répercussions dramaturgiques (quelques répercussions comiques mais au bout de quatre minutes, on est tout de même un peu lassé) : il met en scène un agent de police qui a un bras extensible et s'en sert pour aider des gens ou courir après d'autres. Bref, quelques moments marrants mais il ne se passe pas grand-chose.

Étienne Chatiliez : Le bonheur est dans le pré        1995


Étienne Chatiliez est avant tout connu pour son premier film (La vie est un long fleuve tranquille) dont j'avais déjà parlé il y a quelques années et aussi pour Tatie Danielle ; je me suis naturellement porté sur celui-ci parce que Michel Serrault joue le rôle principal et qu'on m'avait dit par ailleurs qu'il y cabotinait sérieusement. Et effectivement, je crois que s'il y a bien un truc qui peut rivaliser avec le cabotinge de Serrault dans ce film (qui est très élevé), c'est le niveau de sexisme : je crois qu'il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un film aussi sexiste — à mon avis bien au-delà de la moyenne de ce que l'on voyait dans les films de l'époque : soit les femmes sont montrées comme chiantes, soit comme débiles, soit comme calculatrices ; très original en somme ; je passe également sur le fait que le chien du personnage de Serrault s'appelle Bamboula... Sinon, Serrault joue le rôle d'un patron d'usine (de lunettes de toilette !) en difficulté ; un jour, en tombant par hasard sur une émission de télévision, il découvre qu'une famille de fermiers vivant dans le sud ouest recherche un homme qui est son portrait craché, après un temps d'hésitation, il décide de répondre présent afin de changer de vie, pour découvrir qu'en fait, il était grillé depuis le début et qu'il avait par la même occasion endossé le rôle d'un ancien braqueur ; bref, la fin est plate au possible, et puis le patron est un peu le sauveur de la famille de fermiers... Encore une fois, je ne sais pas où Serrault m'a emmené...

Dean Corso est un chercheur de livres rares pour collectionneurs fortunés. Sa réputation lui vaut d'être engagé par un éminent bibliophile, féru de démonologie, Boris Balkan, qui lui demande de traquer les deux derniers exemplaires du légendaire manuel d'invocation satanique, `les Neuf Portes du royaume des ombres'.
J'aime bien ce film, un rien mystérieux et noir...
Les acteurs y sont remarquables...
À voir absolument !

Emeryck a écrit:

Encore une fois, je ne sais pas où Serrault m'a emmené...[/font]

C’était quand même le roi du nanar, en fait (je n’ai jamais bien compris sa réputation de « grand acteur »)…

Pour ma part je le comprends très bien parfois en une seule réplique.

Non mais je vois bien la différence avec Jean Lefebvre, hein, c'est juste que personnellement il ne m'a jamais beaucoup touché (ni fait rire), j'ai du mal à ne pas trouver qu'il cabotine en permanence...

Golisande a écrit:

Emeryck a écrit:

Encore une fois, je ne sais pas où Serrault m'a emmené...

C’était quand même le roi du nanar, en fait (je n’ai jamais bien compris sa réputation de « grand acteur »)…

Le roi du nanar, ça me semble assez abusif quand même : on ne parle pas d'un Jean Lefebvre — lui, on pourrait peut-être dire que c'est le roi du nanar —, ni d'un Darry Cowl, ni d'un Michel Galabru etc. Personnellement, j'adore cet acteur (surtout notamment dans ses cabotinages) et il me fait beaucoup rire : il part dans tous les sens tout en restant extrêment sérieux et spontané — cf. beaucoup de ses apparitions télé (par exemple /watch?v=FxcoP6SnQxc) — mais il sait aussi jouer des rôles plus dramatiques : il y a bien sûr ses rôles chez Miller ou peut-être plus hybrides mais toujours dramatiques : ses rôles chez de Chalonge, son rôle chez Jessua ou chez Sautet, quelques-uns de ses rôles chez Chabrol, etc. De toute façon, il n'était pas dupe qu'il avait réalisés plusieurs nanars : quand Drucker lui demande "Vous n'avez tourné que des chefs d'œuvre ?", il répond "En principe, oui, que des chefs d'œuvre !" — mais bon, sa filmographie doit aussi comporter entre 140 et 150 films donc...

Je pense que je ne suis simplement pas très sensible à cet acteur…
Pour ce qui est des vrais pros du nanar que tu cites, je ne supporte pas plus Galabru que Lefebvre, en revanche Darry Cowl…

Je ne déteste pas Jean Lefevbre, mais j'aime beaucoup Darry Cowl, je passe toujours un bon moment quand il est là.

Le problème avec les acteurs
C'est qu'ils ont beaucoups de films et à différentes époques...
Et tous ne sont pas des chefs-d'œuvre, alors je préfère me souvenir des meilleurs....
De toute évidence, je regrette qu'ils ne sont plus de ce monde !

Dans la paisible ville de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, une mystérieuse horde d'Autochtones en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance alors à leur poursuite.
C'est long, trop long ce film...
Il y a une scène très strarch....faut bien se tenir là !
Film pas très convaincant pour ma part !

Xavier a écrit:

Je ne déteste pas Jean Lefevbre, mais j'aime beaucoup Darry Cowl, je passe toujours un bon moment quand il est là.

Je me souviens d'avoir été vraiment triste en apprenant sa mort, alors que ça ne m'arrive presque jamais pour les célébrités...
Pour Jean Lefebvre, il est possible que je déteste plus Galabru (que j'ai davantage subi aussi...).

Personnellement, je trouve Darry Cowl quasiment toujours insupportable : cette manie d'en faire des caisses pour au final n'arriver à rien ; Jean Lefebvre, je l'aime bien, mais c'est sûr qu'on voit qu'il peine quand il a des rôles principaux ; par contre, Galabru, je trouve que c'est le meilleur des trois (et d'assez loin) et même dans les quelques rôles principaux qu'il a eus, il est bon, on ne le sent pas limité — bon, après, c'est sûr qu'il a tourné dans pas mal de nanars...

Oui dans le cas de Galabru je suis pour séparer l'acteur du film

C'était un bon acteur, sans avoir forcément autant de nuances qu'un Serrault (vraiment un très grand acteur pour moi) ou la perfection technique d'un De Funés (qu'on aime ou pas son type de comique, et indépendamment de la qualité des films) ce n'était pas qu'un cabotin.
Après c'est certains qu'avoir tourner dans des films comme Le plumard en folie (imaginez un film érotique avec Henri Tissot, Alice Sapritch, Michel Galabru, Jean Lefebvre et Paul Préboist ) n'aide pas beaucoup à sa réputation!

J’aurais dû formuler ma phrase comme ça : je ne comprends pas bien pourquoi tout le monde adore Michel Serrault (un peu comme Louis de Funès et quelques autres)…
(Mais bon, Serrault c’est un peu Berlioz, et Darry Cowl un peu Erik Satie, donc ça ne m’étonne pas du tout )