Début d'une nouvelle production du Ring à la Scala de Milan, avec cet "Or du Rhin".
Dans l'ensemble, une très belle représentation ; j'ai entendu dire que la 1ere avait subi quelques huées, surtout pour conspuer la mise en scène de David McVicar (?)... un peu de mal à comprendre. Scénographie relativement "classique" (rien à voir avec la plupart des productions récentes à Bayreuth, souvent très controversées et qui transposent la scène dans le monde contemporain - ce qui la plupart du temps ne me séduit guère), avec aussi une touche de fantaisie, quelques trouvailles ou originalités, parfois intrigantes, en tout cas que j'ai trouvées visuellement très réussies : trois mains géantes pour les rochers des Filles du Rhin, un danseur nu incarnant l'or du Rhin, jeu de masques des dieux (symbolisant leur éternelle jeunesse), certains costumes évoquant le carnaval vénitien, géants montés sur des échasses et affublés de masques grimaçants japonisants, Nibelheim figuré par un énorme crâne doré... Magnifiques vidéographie, jeux de lumières et couleurs. Bref, une mise en scène (très compréhensible et fidèle au drame) jouant la carte du grand spectacle, avec un mélange de tradition, regardant clairement vers les mythes et légendes, et fantaisie, qui m'a beaucoup plu.
A la baguette, Simone Young, remplaçant C. Thielemann (forfait pour raisons de santé - opération au tendon), était très convaincante, sans être la plus intense, mais d'une très grande clarté et maîtrise de la continuité du flux orchestral, ménageant un bel équilibre entre les voix et l'orchestre.
Distribution dans l'ensemble de premier ordre :
Michael Volle, magnifique Wotan, en particulier dans le rendu du texte, avec un ton souverain et un superbe phrasé ; même si parfois un peu fatigué et surtout physiquement, on voyait qu'il ne s'est toujours pas remis de sa blessure à la jambe : par moments il boîtait clairement, et est même tombé une fois (il ne m'a pas semblé que c'était "prévu" ?).
Extraordinaire Alberich d’Ólafur Sigurdarson, très engagé, gesticulant et grimaçant, qui incarnait à merveille le personnage avec une voix très intense.
Fricka, à la fois impérieuse et très émouvante, avec un superbe legato, d'Okka von der Damerau.
Aussi réussies : l'Erda de Christa Mayer, à la voix très profonde ; très beau chant des Filles du Rhin.
Excellent Mime, captivant aussi bien vocalement que scéniquement, de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke.
Le Loge de Norbert Ernst n'était pas tout à fait au même niveau, vocalement plus en retrait.
Parmi les deux géants, c'est surtout la voix de Jongmin Park (Fasolt), superbe timbre, chaleureux (peut-être trop pour le personnage ?), qui m'a beaucoup séduit, plus que Fafner (Ain Anger).
C'était ma 1ere représentation à la Scala - que j'avais par ailleurs déjà visitée, il y a très longtemps, mais j'avais oublié à quel point le théâtre est compact, notamment les couloirs des galeries très étroits et bas de plafond (à hauteur de Toscanini ?!
) ; mais la salle est absolument superbe. Par contre, le public, dans l'ensemble, était extrêmement guindé ! rien à voir avec l'opéra à/de Paris...