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| | Allan Pettersson | |
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Auteur | Message |
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Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 3 Fév 2019 - 1:48 | |
| Oui, en fait, «maniaco-dépressif» n’est pas bien choisi et convient sans doute mieux à Chosta (longs aplats déprimés et gris vs. ricanements bruyants.) En revanche, si la musique Pettersson est effectivement dépressive de bout en bout, elle ne l’est pas uniformément, comme le montre par exemple sa... • Symphonie nº7 (1966-67)Christian Lindberg / Orchestre Symphonique de Norrköping Norrköping, I.2017 BISIl y a en fait dans cet immense mouvement unique d’une grosse quarantaine de minutes trois pôles expressifs assez distincts: - un élément éruptif-agressif - expression d’un destin contraire ou cri de désespoir - qui se manifeste par de violents tricots dissonants (enfin, modérément: l’écriture de Pettersson reste en fait très tonale) des cordes et des éclats cuivrés (et ici l’acidité de ceux de Norrköping rend formidablement leur côté méchant); - un élément angoissé, qui prend la forme de battements répétés et lents, cuivres et percussions en sourdine des ondoiements de cordes et, parfois, plaintes mélodiques très simple des bois (presque des motifs de musique populaire - ce qui accentue d’ailleurs le côté prégnant, voire obsédant de ces sections.) Curieusement, je trouve que Pettersson semble ici anticiper certains procédés rythmiques et les mélodies faciles de certains minimalistes-répétitifs (la sonorité assez lisse et claire de l’orchestre, la direction très linéaire de Lindberg renforce peut-être cette impression - par contraste, comme le disait un peu plus haut Prosopopus, avec le grain plus brut des orchestres allemands et le style peut-être plus moderno-décadent des chefs de l’intégrale CPO); - un élément mélancolique, qui est comme une décalque des grands adagios postromantiques (mélodies chromatisantes très expansives aux cordes où les bois se fraient un chemin) mais là aussi d’une manière simplifiée, presque naïve, sans les sophistications vénéneuses des décadents (on peut penser à certains langages néos d’Europe du Nord.) Et les trois se relaient d’une manière plutôt persuasive, je dois dire, par des effilochements et des tuilages assez efficaces. Je dois avouer que je suis le premier surpris à aussi bien «marcher» dans cette musique, qui aurait en fait beaucoup de choses pour me déplaire (à commencer, justement, par le côté très «néo» de son langage.) |
|  | | Prosopopus Mélomaniaque

Nombre de messages : 776 Age : 40 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 19 Fév 2019 - 15:28 | |
| Après, la Septième (avec la Cinquième peut-être) est celle qui rentre le plus dans ce moule de l'ilot mélodique très "planant" qui intervient après les errements plus torturés du début. J'aime beaucoup personnellement, ça a été ma porte d'entrée dans Pettersson. Tu as raison d'évoquer les minimalistes-répétitifs, c'est très bien vu effectivement, y compris pour le déroulement plus mélodique et néo-romantique du dernier "mouvement" qui rappelle des choses comme la mélodie en boucle de la 3ème symphonie de Gorecki. Après c'est fait avec parcimonie et au sein d'une oeuvre plus généralement torturée. Je trouve que l'adjectif de maniaco-dépressif colle bien à la musique de Pettersson.
Tu accroches peut-être parce qu'il y a un aspect très naïf dans la musique de Pettersson, on sent qu'il a choisi ce moyen d'expression sans réel calcul, dans les limites de ses capacités aussi. Je veux dire que c'est un grand symphoniste mais son langage semble tout de même très limité, en quinze symphonies il évolue au final assez peu et ses seules oeuvres ouvertement modernes et exigeantes sont, à mon sens, ses concerto pour violons. Shostakovich me semble pour le coup un musicien plus accompli avec une oeuvre plus protéiforme mais qui manque un peu pour moi d'immédiateté.
(après j'avoue aussi que l'honnêteté,comme la simplicité, est un concept un peu facile à mettre en avant dans l'appréciation d'une oeuvre)
Il faut que je poursuive les versions de Lindberg, j'ai au final trouvé de belles choses dans ses versions, avec une sonorité très déliée, aérée ce qui n'est pas toujours très évident chez Pettersson. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 7 Avr 2019 - 18:55 | |
| - En Playlist, Roupoil a écrit:
- Allan Pettersson : Symphonie n°8, Norköpping Symphony Orchestra/Leif Segerstam
Je me suis fait une petite série de symphonies de Pettersson ces derniers temps (avec des petites pauses entre, parce que c'est quand même pas joyeux comme musique !), le côté monolithique et répétitif de la plupart d'entre elles les rendent d'approche peu aisée, mais il y a quand même de très belles choses dans ce corpus. Ma préférée pour l'instant, cette huitième obsédante, qui ne fait pas trop dans le rentre-dedans brutal comme c'est assez fréquemment le cas chez Pettersson, avec notamment un premier mouvement (il y en a deux de mouvements, un nombre anormalement élevé pour une symphonie de ce compositeur) vraiment beau. |
|  | | Roupoil Mélomaniaque

Nombre de messages : 1792 Age : 42 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 10 Avr 2019 - 11:35 | |
| Tu as bien fait de rapatrier ici mon message, Benedictus, je vais d'ailleurs ajouter quelques mots sur la Septième qui est sûrement après la Huitième ma préférée parmi les symphonies de Pettersson. Ici, on est vraiment dans une structure typique de cet auteur, avec un unique mouvement très long (40 minutes) qui procède par juxtaposition ou plutôt par succession d'épisodes assee fortement caractérisés et en même temps enchainés de façon convaincante : on a l'impression que Pettersson essaye d'exploiter au maximum (souvent de façon assez répétitive, comme le signale justement Benedictus quelques messages plus haut) des idées très simples (petits motifs rythmiques ou mélodiques constitués en général de quelques notes), avant des les fondre dans un autre motif, et d'avancer ainsi tout le long du mouvement, tout en soignant les atmosphères et les contrastes entre les différentes "sections". Il faut aimer certaines particularités de Pettersson particulièrement présentes ici (les cordes stridentes, la caisse claire omniprésente dans cetaines sections, le côté assez uniformément déprimant de l'ensemble), et qui font que cette symphonie me semble moins directement séduisante que la suivante, mais ça reste de la musique tout à fait accessible à quiconque a déjà dans l'oreille les grandes symphonies de Chostakovitch notamment (dont il a été pas mal question dans ce fil). Et si on accroche, cette musique a vraiment un fort pouvoir de fascination qui confine à l'obsession. Je crois que je remettrai aux autres symphonies de Pettersson après une petite pause (ce ne sont pas non plus des oeuvres évidentes à appréhender à la première écoute), car il y a sûrement encore beaucoup à y trouver pour moi, même si ces 7 et 8 vont déjà rejoindre la liste des oeuvres auxquelles je reviendrai régulièrement. |
|  | | Cello Chtchello

Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 11 Avr 2019 - 15:54 | |
| Symphonie nº7 (1966-67) Christian Lindberg / Orchestre Symphonique de Norrköping
Cela faisait très longtemps que je postposais la découverte de Pettersson. Et puis, à force de vous lire, j'ai fini par m'y mettre.
Clairement, on est dans un langage globalement univoque, ça broie du noir sans fin et en longueur. Vu comme ça, la comparaison avec Chostakovitch, maintes fois évoquée, est assez évidente. Et pourtant, je trouve cette symphonie sensiblement plus satisfaisante que tout celles que j'ai écoutées du russe.
Déjà, Pettersson nous épargne tout le côté grotesque exaspérant de son ainé, un aspect que je parviens plus du tout à supporter chez lui. Par ailleurs, il y a de magnifiques moments de pure beauté froide, presque aveuglante même, auxquels je ne m'attendais pas. Un peu comme un Sibelius lyrique. Enfin, et contrairement aux spectaculaires machines "chostakovitchiennes" qui en jettent à fond mais me semblent en fait tourner presque complètement à vide, il y a chez le suédois quelque chose de plus consistant, un fond certes uniforme, mais bien réel et consistant - en tout cas dans cette symphonie.
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 17:49 | |
| Comme on a beaucoup parlé de Pettersson dans le fil «Havergal Brian», aujourd’hui, je rapatrie: - gluckhand a écrit:
- Ok Bénédictus, 3 contre 1, je ne dis plus rien ,lol,j'ai i eu un peu le même problème avec Pettersson, qui ressemble à certains égards, à Havergal,tant pis, j ai fait ce que j'ai pu
- Benedictus a écrit:
- Ah, non, sur Pettersson, je te suis assez volontiers!
D'ailleurs, je ne vois guère de ressemblance avec Brian, au contraire: même si son langage est assez fruste, Pettersson possède une individualité assez puissante, avec en particulier des principes d'organisation formelle et une manière de traiter le matériau orchestral que je trouve à la fois très frappants et très personnels. - gluckhand a écrit:
- Maintenant Pettersson est reconnu, mais pas vraiment à ses début par les mélomanes, Dorati, lors d'une interprètation de la 7ème de Pettersson , a voulu corriger un passage mal écrit, au grand dam du compositeur qui a refusé tout net. (...) Le rapport que je vois entre Pettersson et Havergal, c'est simplement qu'ils ont chacun un monde à part, qui ne ressemble à nul autre ,et aussi que Robert Simpson qui a rencontré et aidé Havergal, a dans sa 9ème symphonie,un certain rapprochement musical avec Pettersson,bien que pour moi, il reste unique, mais c'est un rapprochement simplement dans ma tête et personnel.
- DavidLeMarrec a écrit:
- (...) Pettersson, c'est différent, pour le coup ça m'indispose vraiment (trop noir, trop sale, trop brut, sans que le contenu du discours ne me passionne), mais il y a incontestablement une personnalité très fort, je comprends tout à fait les admirateurs. (...)
- Roupoil a écrit:
- (...) Mais si j'interviens, c'est surtout à propos de ta citation de Pettersson, parce que je ne trouve vraiment pas du tout que ça se rapproche de Brian. Et pour le coup, j'aime beaucoup ce que fait Pettersson, là bien sûr qu'il y a de la complexité et de la perosnnalité (le seul reproche que je ferais à Pettersson c'est de ressasser un peu tout le temps les mêmes atmosphères sombres et lourdes, ce qui fait qu'on peut avoir une certaine lassitude si on écoute plusieurs de ses symphonies dans un laps de temps trop court) ! Je pense d'ailleurs que le nombre de membres du forum prêts à défendre Pettersson sera très nettement plus élevé que pour Havergal Brian...
- Golisande a écrit:
- Pour le coup, je vois assez bien ce qu'on peut leur trouver en commun — un côté brut au sens premier du mot, non raffiné, non poli... Ce qui d'ailleurs ne me déplaît pas du tout en principe, c'est juste que ce genre de musique exige de l'auditeur qu'il effectue lui-même ce "raffinage" et ce "polissage" avec ses oreilles et son cerveau, ce qui (comme le dit d'ailleurs Gluckhand) demande un grand nombre d'écoutes, et donc beaucoup de temps consacré (au détriment d'autres compositeurs) à une musique par définition plutôt ingrate et indigeste en raison de toutes les scories qu'elle a conservées telles quelles...
D'un autre côté, j'aurais tendance à penser que cela fait tout de même partie intégrante du boulot d'un compositeur (et d'un artiste en général), que de prendre la peine de peaufiner un minimum son matériau de base pour le rendre plus digeste et accueillant au public; cela dit, si l'on considère que cette absence de "prémâchage" constitue une démarche volontaire et non un simple manque (ce qui, au passage, me semble moins évident dans le cas de Brian que dans celui de Pettersson), je répète je n'y suis pas du tout hostile par principe — j'ai d'ailleurs écouté pas mal de Pettersson à une époque récente (ce qui constitue d'ailleurs une expérience assez radicalement différente de l'écoute de symphonies plus "normales", excepté la 4e de Chosta - qui n'est pas du tout une symphonie "normale" ), mais je dois avouer que je m'en suis assez vite lassé... - Prosopopus a écrit:
- Je ne connais pas Brian mais je ne suis pas d'accord personnellement pour cette définition sur Pettersson, je trouve au contraire que ses symphonies offrent un attrait assez immédiat, il y a effectivement un marasme général, sombre et répétitif mais qui débouche souvent sur de longues cellules mélodiques répétitives et suffisamment graciles pour attirer l'oreille immédiatement je trouve. C'est de la musique qui paye bien, de la Cinquième à la Huitième c'est même assez imparable, il y a une forme de récompense à s'accrocher même dans les passages les plus moderniste puisque ça débouche sur une forme de plénitude orchestrale.
J'ai toujours trouvé ça au final assez naïf comme musique et ça me parle beaucoup. - Benedictus a écrit:
- Quant à Pettersson, je suis en train de réécouter la 6, et je rejoins davantage Prosopopus que Golisande.
- DavidLeMarrec a écrit:
- Prosopopus a écrit:
- Pettersson […] graciles
 - Benedictus a écrit:
- Oui, j'avais vu, ce doit être un lapsus (en contexte, j'aurais dit «prégnantes».)
- Prosopopus a écrit:
- Oui le terme est peut-être mal choisi mais quand après des circonvolutions et de la caisse claire en veux-tu en voila il lance des cellules mélodiques aux harmonies plus évidentes et répétitives cela donne, par contraste, une impression plus sereine, plus légère.
Au niveau de la tension et de la détente c'est assez imparable je trouve. - Golisande a écrit:
- @Prosopopus et Benedictus : pour moi brut et naïf ne sont pas du tout antithétiques (au contraire, j'ai même failli parler de naïveté à propos de Pettersson, tant il est vrai que c'est une des caractéristiques les plus saillantes de sa musique, au moins dans les symphonies dont tu parles); en revanche je ne parlerais certainement pas d'"attrait immédiat" (ces premières dizaines de minutes passées à chasser les chauve-souris au fond de cavernes fétides sont tout de même bien éprouvantes...), et peut-être encore moins de plénitude orchestrale (mélodique à la rigueur, mais l'orchestration me paraît très sommaire -- très brute là encore)...
Ce que je voulais dire, ce n'est pas que le vocabulaire de base de Pettersson soit particulièrement exigeant ou difficile d'accès, mais qu'il ne fait volontairement aucun effort pour "dégrossir" son discours, un peu comme quelqu'un qui s'exprimerait avec des mots simples mais en laissant libre cours à ses émotions, sans chercher à les formaliser -- donc en bafouillant, bégayant, criant et/ou pleurant (mais sans jamais ricaner comme Chosta)... J'ajoute que c'est en grande partie ce qui fait sa singularité et son charme (un peu, euh... brut ).
Dernière édition par Benedictus le Mar 17 Déc 2019 - 18:16, édité 2 fois |
|  | | Golisande Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6391 Age : 48 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 18:01 | |
| J'avais édité mon dernier post...  |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 18:05 | |
| - Prosopopus a écrit:
- Oui le terme est peut-être mal choisi mais quand après des circonvolutions et de la caisse claire en veux-tu en voila il lance des cellules mélodiques aux harmonies plus évidentes et répétitives cela donne, par contraste, une impression plus sereine, plus légère.
Au niveau de la tension et de la détente c'est assez imparable je trouve. Ah, il y a de la détente chez Pettersson. Entre 54'39 et 54'31, ou vraiment ? Je veux bien les endroits, parce que pour moi c'est tendu comme un arc et assez uniforme, comme repeint de goudron en fusion. (C'est même un peu l'intérêt du truc, je crois.) (Désolé de ne pas être trop dans le trip, je vous écris en écoutant les variations sur Prinz Eugen de Graener…  ) |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 18:15 | |
| - Golisande a écrit:
- J'avais édité mon dernier post...
 C'est corrigé. - DavidLeMarrec a écrit:
- Ah, il y a de la détente chez Pettersson. Entre 54'39 et 54'31, ou vraiment ? Je veux bien les endroits, parce que pour moi c'est tendu comme un arc et assez uniforme, comme repeint de goudron en fusion. (C'est même un peu l'intérêt du truc, je crois.)
 Ben non, justement, un des grands principes compositionnels de Pettersson, c'est précisément l'opposition entre les passages agressifs-méchants à cordes grinçantes et cuivres hurlants et les plages lyriques plus lentes et au caractère essentiellement mélodique (ce que Pettersson lui-même, je crois, appelait des «îlots bonifiés de compétences.») La différence d'une symphonie à l'autre tient justement au nombre de ces îlots, à leur répartition dans la symphonie, à leur coloris (ça va de l'adagio hyper-chromatique et mélancolique à des mélodies très simples, itératives et planantes façon néo.) - DavidLeMarrec a écrit:
- (Désolé de ne pas être trop dans le trip, je vous écris en écoutant les variations sur Prinz Eugen de Graener…
) Sûr que ça doit être crop mimi.
Dernière édition par Benedictus le Mar 31 Déc 2019 - 19:48, édité 1 fois |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 18:30 | |
| - Benedictus a écrit:
- (ça va de l'adagio hyper-chromatique et mélancolique à des mélodies très simples, itératives et planantes façon néo.)
Ah oui, les plaines désolées façon mouvement lent du Quatuor n°8 de Chosta ou de la Symphonie n°5 de Proko, je les ai entendues. Les chromatismes désespérés aussi. Mais enfin, c'est le même type d'affect que les gros tutti bruyants, juste la dynamique qui change. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 19:01 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Mais enfin, c'est le même type d'affect que les gros tutti bruyants, juste la dynamique qui change.
La dynamique, le tempo, même le type d'écriture et de configurations harmoniques... Que ce soit le même type d'affects, si tu veux*, mais musicalement, on a à faire à un discours vraiment polarisé. *Encore que... Je me suis replongé dedans (je suis en train de réécouter la 8 après la 6 et la 7): je trouve au contraire que Pettersson déploie des climats et des affects plus variés qu'il n'y paraît, en fait - certes, tous négatifs. Et plus je réécoute, plus j'aime, en fait. Et comme le disait Prosopopus, je trouve que ça un impact, mélodique en particulier, assez irrésistible dans son genre. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 17 Déc 2019 - 23:31 | |
| Donc: • Symphonie nº6 (1963-66)Manfred Tojahn / Deutsches Symphonie-Orchester Berlin Berlin, V.1993• Symphonie nº7 (1966-67)Gerd Albrecht / Philharmonisches Staatsorchester Hamburg En public, Hambourg, V.1991• Symphonie nº8 (1968-69)Thomas Sanderling / Radio-Symphonie-Orchester Berlin En public, Berlin, IV.1984 CPOOn me dira sans doute qu’il faut être un peu masochiste pour enchaîner ces trois œuvres-là... Mais en fait, c’est assez étrange: ces œuvres profondément noires et désespérées, loin de me déprimer, ont toujours eu sur moi un effet presque roboratif - et cette réécoute ne fait que le confirmer. Je crois que cela tient (et c’est peut-être généralisable à mon goût pour les «musiques méchantes» ou les «interprétations méchantes») à ce que cette musique recèle un sorte d’exaltation de l’affrontement lucide, de la capacité à «s’accrocher» malgré tout (la tragédie, la déréliction, la douleur) - car la noirceur que cette musique charrie n’est pas du tout résignée, mais recelle au contraire quelque chose de pugnace et de véhément, au premier degré: cette musique est d’abord une musique vigoureuse et dont l’énergie, fût-elle «du désespoir», a quelque chose pour moi d’assez irrésistible. (En ce sens, c’est très différent de Chostakovitch, dont on rapproche souvent Pettersson: ici, comme l’ont relevé Golisande et Cello, pas de «grotesque exaspérant» ni de ricanements; mais pas non plus de lamentation étale et morne proto-kantchélienne.) Par ailleurs, même si le langage est souvent assez sommaire et l’expression naïve (dans le sens où l’entend Golisande), je trouve que ce n’est pas du tout contradictoire avec ce que dit Prosopopus sur l’attrait de cette musique: non pas certes un attrait ou une séduction immédiats (c’est même une musique assez rebutante, au premier abord), mais une capacité à rétribuer assez généreusement l’effort de l’auditeur - peut-être en raison même de son caractère fruste: parce que, quand la musique de Pettersson s’éclaire un peu, c’est par le biais de boucles lyriques très simples qui touchent immédiatement, ou alors, comme l’écrivait Cello, par «de magnifiques moments de pure beauté froide, presque aveuglante même», en cela très directs. Et je dois dire que ces réécoutes enchaînées m’ont fait éprouver tout cela (l’énergie communicative, la beauté très directe des passages lyriques) avec beaucoup plus d’acuité - au point que j’ai même regretté de ne pas avoir inclus de Pettersson dans ma liste de symphonies préférées (c’est tellement noir, sale et brut comme j’aime...) En revanche, le seul inconvénient d’une écoute enchaînée, c’est de souligner le caractère au total très homogène de cette partie-là du corpus (dans mon souvenir, les premières sont plus composites de langage et de climat, et il me semble que l’écriture est à la fois plus dissonante et plus à nu à partir de la 11): ce qui change, d’une symphonie à l’autre dans ce triptyque-là, joue vraiment à la marge, et relève de la nuance de couleurs - orchestrales (plus de «lumière blanche» dans la 7, plus de chaleur boisée dans la 8...) ou harmoniques (harmonie plus simple, presque néo dans la 7; au contraire, davantage de contrechants dissonants dans la 8.) Par ailleurs, pour être revenu aux versions CPO après avoir plutôt écouté les versions Lindberg ces derniers temps, je suis finalement assez d’accord avec ce que disait Prosopopus un peu plus haut: si la clarté de Norrköping, la direction svelte et linéaire de Lindberg, la finesse un peu aseptisée des captations BIS permettent de mieux saisir le fonctionnement de ces symphonies, le grain plus épais et les captations plus frontales de CPO (et la direction d’Albrecht dans la 7!) me touchent bien davantage. |
|  | | Golisande Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6391 Age : 48 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 18 Déc 2019 - 0:19 | |
| - Benedictus a écrit:
- On me dira sans doute qu’il faut être un peu masochiste pour enchaîner ces trois œuvres-là...
Mais en fait, c’est assez étrange: ces œuvres profondément noires et désespérées, loin de me déprimer, ont toujours eu sur moi un effet presque roboratif - et cette réécoute ne fait que le confirmer. Je crois que cela tient (et c’est peut-être généralisable à mon goût pour les «musiques méchantes» ou les «interprétations méchantes») à ce que cette musique recèle un sorte d’exaltation de l’affrontement lucide, de la capacité à «s’accrocher» malgré tout (la tragédie, la déréliction, la douleur) - car la noirceur que cette musique charrie n’est pas du tout résignée, mais recelle au contraire quelque chose de pugnace et de véhément, au premier degré: cette musique est d’abord une musique vigoureuse et dont l’énergie, fût-elle «du désespoir», a quelque chose pour moi d’assez irrésistible. (En ce sens, c’est très différent de Chostakovitch, dont on rapproche souvent Pettersson: ici, comme l’ont relevé Golisande et Cello, pas de «grotesque exaspérant» ni de ricanements; mais pas non plus de lamentation étale et morne proto-kantchélienne.)
Par ailleurs, même si le langage est souvent assez sommaire et l’expression naïve (dans le sens où l’entend Golisande), je trouve que ce n’est pas du tout contradictoire avec ce que dit Prosopopus sur l’attrait de cette musique: non pas certes un attrait ou une séduction immédiats (c’est même une musique assez rebutante, au premier abord), mais une capacité à rétribuer assez généreusement l’effort de l’auditeur - peut-être en raison même de son caractère fruste: parce que, quand la musique de Pettersson s’éclaire un peu, c’est par le biais de boucles lyriques très simples qui touchent immédiatement, ou alors, comme l’écrivait Cello, par «de magnifiques moments de pure beauté froide, presque aveuglante même», en cela très directs. Je suis assez absolument d'accord avec tout ça, mais je trouve que cela s'applique encore mieux aux dernières symphonies, et plus particulièrement à la 13 – censée être la plus difficile et ingrate du lot, ce qui m'a convaincu de l'écouter en premier  , après quoi les 7 et 8 m'ont paru (du coup) un peu tièdes et simplistes (pas la 6, en revanche, qui m'a suffisamment bouleversé par sa détresse nue et lancinante pour que je l'écoute plusieurs fois)... La 13, en tout cas, est une expérience assez incroyable pour peu que l'on parvienne à tenir la longueur (j'avais été pas mal aidé par ce site : http://allanpettersson100.blogspot.com/ , mais apparemment il semble y en avoir d'autres ( https://pettersson-fanpage.de/ ) ) : cette musique peut vraiment avoir une dimension cathartique — comme si les scories qu'elle ne cesse de balayer vigoureusement du début à la fin étaient en fait nos propres soucis... Une musique psychanalytique, peut-être... |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 18 Déc 2019 - 13:02 | |
| - Benedictus a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Mais enfin, c'est le même type d'affect que les gros tutti bruyants, juste la dynamique qui change.
La dynamique, le tempo, même le type d'écriture et de configurations harmoniques... Que ce soit le même type d'affects, si tu veux*, mais musicalement, on a à faire à un discours vraiment polarisé. Ça ne correspond pas du tout à l'impression qu'il m'a laissé. Ensuite, il faut être honnête, hein : je n'ai pas écouté toutes ses symphonies, et je le fais très rarement, n'étant pas du tout une musique qui me plaît – même du point de vue de l'écriture, ce n'est pas assez passionnant pour que je surmonte mon aversion comme avec Berg par exemple… |
|  | | Drosselbart Mélomane averti
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 30/05/2019
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 18 Déc 2019 - 13:40 | |
| Je découvre Pettersson, en suivant l'écoute des disque proposés par Benedictus. C'est la première fois que j'entends une musique d'un pessimisme aussi univoque. Dans toute cette noirceur, même les éclaircies ne viennent que souligner le grand geste de désespoir. C'est une résignation qui danse avec la folie, mais qui n'a rien à voir avec les grandes plaintes de Chostakovitch. Ici, tout est contenu, serré, malgré la durée qui, finalement, s'efface à l'écoute. Cette musique me fait vraiment penser au poète Georg Trackl et à son long poème de minuit. La manière dont s'éteint la 6ème symphonie, sans laisser aucune trace, comme si elle n'avait jamais existé... - Quelques vers...:
[...]
XII
Tu es dans la profonde minuit. Un rivage défunt sur la mer qui s’est tu Un rivage défunt, jamais plus. Tu es dans la profonde minuit.
Tu es dans la profonde minuit. Le ciel où, étoile, tu as brillée. Un Ciel dans lequel tous les dieux ont fané. Tu es dans la profonde minuit.
Tu es dans la profonde minuit. Un inconçu dans le sein maternant Et n’ayant existé, inexistant. Tu es dans la profonde minuit.
Le langage musical repose dans une prodigieuse économie de moyens. On est dans le dénuement extrême. Pas de vraie ligne mélodique, pas de grande structure rythmique, mais une immanence permanente des nuances et des contrastes. Je me suis plusieurs fois demandé, à l'écoute, comment on pouvait bien obtenir une telle intensité avec presque rien. Dans la 7ème, par exemple, ces appels de cors, comme des échos lointains du Crépuscule des Dieu, conduisent la tension au sommet. D'ailleurs, la structure générale de ces symphonies en un mouvement ne me fait pas du tout penser à une juxtaposition d'ambiances ou de scènes. Tout semble organique et insaisissable, comme un corps en mouvement sous des faisceaux de lumière. Je serais pour ma part incapable de segmenter ces symphonies, ou ne serait-ce que de pointer une séquence nettement identifiable. Il y à certes des phénomènes, ou des gestes qui apparaissent puis s'évanouissent, mais l'essentiel de l'évolution reste plongé dans l'obscurité. Je ne saurais pas trop de qui le rapprocher (je ne connais pas assez ce répertoire) mais je suis surpris qu'on ai pu le comparer à Chostakovitch. À mon sens, ça n'a vraiment rien à voir, que ce soit dans la forme ou dans le tempérament. Je n'ai écouté que la 6 et la 7, mais j'irai certainement jusqu'à la 16ème. Bref, merci pour la découverte ! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 18 Déc 2019 - 18:26 | |
|  Pourtant, je ne te l'aurais pas spontanément recommandé, compte tenu des réserves que tu avais exprimées après avoir essayé les symphonies de Hartmann. Et puis, en effet, tu as fort justement noté des choses que je n'ai pas assez soulignées (le dénuement, le côté organique et insaisissable...) (Et merci pour le Trakl - de qui est la traduction?) |
|  | | Drosselbart Mélomane averti
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 30/05/2019
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mer 18 Déc 2019 - 21:09 | |
| - Benedictus a écrit:
- Pourtant, je ne te l'aurais pas spontanément recommandé, compte tenu des réserves que tu avais exprimées après avoir essayé les symphonies de Hartmann.
Justement, je trouve ces symphonies là beaucoup moins bruyantes que celles de Hartmann que j'ai écouté. Pour moi, c'est surtout cet aspect là qui a posé problème. Ici, au contraire, ça me parle beaucoup. - Citation :
- de qui est la traduction?
De votre humble serviteur |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 19 Déc 2019 - 0:08 | |
| - Drosselbart a écrit:
-
- Citation :
- de qui est la traduction?
De votre humble serviteur Chapeau bas! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 5 Jan 2020 - 15:30 | |
| - En Playlist, Iskender a écrit:
- Pettersson : Symphony n°7 - Nörrköpings sympfoniorkester, Christian Lindberg
-> assez chouette; de très beaux moments, d'autres où ça tourne un peu à vide et où on a l'impression que le but premier est de bien sonner. Mais bonne impression dans l'ensemble. Belle écriture des cuivres, alors forcément Christian Lindberg est comme un poisson dans l'eau avec cette musique. Ah tiens, c'est étonnant. Que parfois ça donne l'impression de tourner en rond, oui, mais de chercher à «bien sonner»? Enfin, je veux dire qu'en général, ce qu'on reproche à Pettersson, ce n'est pas tellement sa complaisance dans l'euphonie hédoniste. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 3:46 | |
| • Symphonies nº10 (1972)¹ et nº11 (1973)²Alun Francis / Radio-Philharmonie Hannover des NDR IX.1994¹, XI.1993² CPODeux très grandes symphonies qui forment une espèce de diptyque un peu à part dans l’œuvre de Pettersson. D’abord pour les conditions très particulières de leur composition: elles furent conçues pour l’essentiel lors d’un séjour de neuf mois à l’hôpital. Ensuite parce qu’elles se distinguent à la fois du corpus assez homogène des quatre symphonies précédentes (l’écriture harmonique, la structuration entre parties agressives encadrant des «îles lyriques» y sont moins systématiques), et de celles qui les suivent immédiatement (la 13 semble creuser encore les éléments abrasifs de l’écriture petterssonienne, tandis que la 12, avec chœur, est une sorte de hapax «engagé» qui a pour pendant la cantate Vox Humana que je prévois d’écouter prochainement.) Enfin parce qu’elle offrent entre elles des contrastes qui suggèrent de les considérer dans une sorte de perspective dialectique (certains commentateurs y voient une opposition entre «monde extérieur» et «monde intérieur.») À bien des égards, la 10ᵉ est peut-être la plus «impitoyable» des symphonies de Pettersson. Elle semble en effet radicaliser les conceptions structurelles des symphonies 5 à 9, avec une structuration en blocs «agressifs» encadrant une «île lyrique.» Pour autant, ces blocs «agressifs» se distinguent ici de ceux des symphonies précédentes en ce qu’ils sont à la fois moins foisonnants dans leur écriture orchestrale, structurés par des rythmes plus carrés et plus prégnants qui leur confèrent une dimension d’avancée implacable (là où dans les précédentes les rythmes avaient quelque chose de plus haletant), tandis qu’une harmonie aux dissonances beaucoup plus brutes en accroît l’inconfort; quant à l’«île lyrique», elle y semble réduite à une impression de plus grand dénuement, qu’il s’agisse de son écriture horizontale ou des couleurs exsangues de son orchestration; enfin, la coda pianissimo y possède un caractère de rupture assez abrupte avec la section qui la précède - comme un sorte de geste de lassitude au lieu de l’espèce d’apaisement progressif qui marquait la fin à basse dynamique de la 7ᵉ, par exemple. La 11ᵉ semble prendre le contrepied d’abord de la structuration par blocs: la forme en est beaucoup plus compacte, au point que la fameuse structure «bipolaire» semble ici se dissoudre - on aurait presque l’impression que l’«île» est à l’incipit, mais en fait, c’est plutôt que les deux éléments semblent ici faire l’objet d’une sorte de fusion: comme si l’élément lyrique infusait toute la symphonie, pacifiait l’élément «agressif» pour aboutir à une sorte de grande coulée plus homogène, sur un rythme de marche lente, d’une atmosphère certes très sombre mais plus contemplative. De la même manière, au niveau de l’harmonie et de l’orchestration, aux dissonances dures et aux couleurs en noir et blanc de la 10ᵉ, la 11ᵉ semble substituer une écriture mélodique plus généreuse en contrechants et des harmonies plus modulantes et laissait se déployer des timbres plus chauds, des textures plus riches (notamment grâce à la présence constante de lignes de la petite harmonie.) La 11ᵉ semble en définitive se rapprocher d’un certain postromantisme et constitue peut-être ainsi une des symphonies les plus «chaleureuse» du corpus. |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 11:14 | |
| De mon côté, j'ai écouté la cantate Vox Humana, très différente des symphonies : beaucoup moins sombre et paroxystique. Malgré les textes assez peu primesautiers, une ambiance assez douce et unie, une très belle prosodie aussi – à laquelle je ne m'attendais pas. Il y a une nouveauté CPO sortie vendredi dernier, mais je recommande plutôt la version BIS où les chanteurs disposent d'une saveur vocale et idiomatique sans comparaison ! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 11:51 | |
| As-tu écouté aussi la 12ᵉ Symphonie? (Dans l'intégrale CPO, elle est dirigée par un de tes chouchous - Manfred Honeck.) C'est, semble-t-il, une œuvre-jumelle de Vox Humana: symphonie avec chœurs sur des poèmes de Neruda, achevée la même année (1974)... Étonnant, comme chez Pettersson, à la fin de sa vie, la seule «positivité» concevable semble s'être cristallisée dans l'image des gauches sud-américaines en lutte. Pour Vox Humana, trop tard, j'ai déjà commandé la version CPO... Sinon, une découverte: Daniel Harding a dirigé la 7ᵉ de Pettersson en 2017! C'est ici: /watch?v=mNSQTgZq87A Pour une fois qu'on avait à Paris un chef qui aurait pu diriger du Pettersson, il a fallu qu'il préfère aller jouer les pilotes d'avion...  |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 12:30 | |
| Non, jamais écouté la 12. Si c'est moins pim pam poum taratapapoum, et que Honeck dirige un orchestre que j'aime bien, je vais me laisser tenter. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 12:44 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Si c'est moins pim pam poum taratapapoum
Non, ce n'est pas « Voici le général Boum», mais « Voici le général Pinochet» (c'est la nouvelle de la mort d'Allende qui semble avoir donné à Pettersson l'impulsion finale pour achever sa symphonie.) - DavidLeMarrec a écrit:
- et que Honeck dirige un orchestre que j'aime bien, je vais me laisser tenter.
Symphonique et Chœurs de la Radio Suédoise et Chœur de chambre Eric Ericson. (Mais si ça te fait peur, tu peux aussi attendre que je l'écoute et que j'en dise un mot.) Et au fait, ta remarque sur la prosodie vaut aussi pour les 6 mélodies de jeunesse du disque CPO? |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 12 Jan 2020 - 13:28 | |
| Je me suis arrêté à la cantate. (La prosodie est tout à fait décente dans la version CPO, c'est juste que chez BIS on a l'équivalent de Bernard Kruysen ou Jacques Herbillon en matière de typicité et d'articulation…) |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 7 Fév 2020 - 20:48 | |
| Me disant que je pourrais me remettre à écouter une oeuvre concertante (ça faisait longtemps) j'ai choisi le concerto pour violon n°2, que j'ai déjà écouté plusieurs fois. Et là, franchement j'ai eu du mal, jusqu'à un peu plus de la moitié. J'avais oublié comme cette oeuvre était oppressante, pas le moindre petit filet d'air qui permettrait de reprendre sa respiration, pas le moindre soupçon de ligne mélodique à laquelle se raccrocher; j'ai songé à stopper la lecture. Ça s'est arrangé une fois passée la demi-heure; je me suis retrouvé sur un îlot où l'air était enfin respirable! jusqu'à la fin de l'oeuvre. En fait c'est cette partie que j'ai toujours préférée. Cette oeuvre est certainement très exigeante pour les musiciens, le(la) soliste...mais pour l'auditeur aussi ! Version d'écoute:Swedish Radio Symphony Orchestra: Thomas Dausgaard Isabelle van Keulen: violoncpo |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Dim 9 Fév 2020 - 2:21 | |
| Oui, c’est tout à fait ça (et ça correspond tout à fait à ce que Prosopopus disait un peu plus haut au sujet de Pettersson en général: «il y a une forme de récompense à s'accrocher»): c’est très éprouvant, mais quand on est parvenu à surmonter ce début oppressant, c’est d’un lyrisme qui touche de manière très immédiate. Ça fait un moment que je n’ai pas écouté ce concerto (que j’avais, comme toi, dans la version d’Isabelle van Keulen avec Thomas Dausgaard), mais je prévois de le réécouter prochainement: je viens d’acheter la version d’Ulf Wallin avec Christian Lindberg et Norrköping chez BIS (le disque contient aussi le premier enregistrement de la version de concert d’un fragment de la 17ᵉ Symphonie, inachevée.) (En fait, j’ai programmé un cycle des œuvres de la dernière période de Pettersson, de 1973 à 1980.) Je vois que Wallin comme Isabelle van Keulen joue la version révisée de ce concerto - il faudrait que je jette aussi une oreille à l’enregistrement de la création (dans la version originale) par Ida Haendel et Blomstedt. (Peut-être gluckhand a-t-il des informations sur la différence entre la version originale et la version révisée?) Sinon, ce soir: • Symphonie nº8 (1968-69)Gerd Albrecht / Philharmonisches Staatsorchester Hamburg En public, Hambourg, V.1994 Orfeo «Musica Rediviva»Très remarquable version (on doit aux mêmes la 7ᵉ de l’intégrale CPO) qui me semble vraiment apporter un angle interprétatif personnel. J’avais déjà relevé un peu plus haut quelques spécificités de cette symphonie en parlant de - Benedictus a écrit:
- nuance de couleurs - orchestrales ([...] plus de chaleur boisée dans la 8...) ou harmoniques ([...] davantage de contrechants dissonants dans la 8.)
En fait, Albrecht accentue ces particularités par la construction du spectre sonore: alors que, dans la version Th. Sanderling / RSO Berlin (dans l’intégrale CPO), la captation est très frontale et dominée par les cordes et les cuivres, on a au contraire ici l’impression que la petite harmonie est au cœur d’une image orchestrale qui aurait plus de profondeur - comme si les cordes et les cuivres portaient tout au long une sorte de ressac puissant mais dont le caractère menaçant resterait toujours un peu à distance, tandis que l’entrelac des lignes des bois aux modulations assez accidentées (à la fois pleines et focalisées, avec des timbres très typés «orchestre allemand») et l’élément percussif (avec là aussi des textures très définis) deviendrait comme le centre de gravité du discours symphonique. On se trouve donc ici avec quelque chose de beaucoup moins homogène, de plus sinueux et coloré. Les choix de direction d’Albrecht vont par ailleurs dans le même sens, évitant de trop surligner les contrastes de dynamique et les accents tranchants qui «hachent» parfois le discours petterssionien, pour creuser et allonger les phrasés, qui prennent alors un caractère évasif, indécidable malgré l’impression de marche lente mais inexorable; la gestion de l’élément rythmique s’éloigne elle aussi de l’espèce de martèlement implacable mais sans nuance, au profit d’une sorte de pulsation plus sourdement inquiétante. On pourra peut-être reprocher à Albrecht d’offrir une lecture pas assez «brute de décoffrage» de l’œuvre, mais pour ma part, j’aime beaucoup cette façon d’enraciner davantage cette symphonie-là dans un univers sonore plus postromantico-décadent (beaucoup d’échos des marches funébres mahlériennes, ai-je trouvé.)
Par ailleurs, j’ai été surpris de trouver cet enregistrement dans la collection «Musica Rediviva» d’Orfeo, que j’imaginais exclusivement consacrée aux musiciens victimes des persécutions nazies (beaucoup de disques Ullmann, Schulhoff...) |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Lun 18 Mai 2020 - 17:28 | |
|  Etant un ardent défenseur de la musique de Pettersson,depuis le début, ça m'embête de pouvoir dire du mal de cette version , mais pour moi,c'est du sous -Pettersson et le pauvre méritait mieux,,beaucoup mieux que cela .Il suffit de comparer la version de la radio suèduoise,de l'époque de la création, dirigée par Stig Westerberg pour comprendre de suite ce qui cloche et le fossé creusé,entre les deux versions chez Lindberg, c'est lisse, on se croirait dans l'adagietto de la 5ème de Mahler quand c'est calme et dans les moments tragiques, ceux qui agissent en progression, ceux qui nous torturent et devraient nous faire mal, il passe à côté .Ce sont de véritables coups de poignard lancinants que nous inflige Pettersson, on devrait ressentir la souffrance , la musique n'a pas à être belle ou lisseau contraire ,elle doit faire mal, c'est son but, hélas, pas de ça dans ce magma ,sans véritable direction et je suis surpris de la plupart des critiques de cette version , pour eux ça coule de source, pas pour moi,c'est une tragèdie qui se déroule devant nous, chaque ligne, chaque instrument à son sens, c'est quelque chose d'inhumain qui nous tombe sur la tête et l'on ne joue pas simplement à se faire peur.Que Que j'aurais aimé une intégrale Westerberg,hélas tant pis ,le destin a décidé autrement.La musique ne joue pas avec nos sentiments, elle joue avec nos peurs et notre surpris d'enfant. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Lun 18 Mai 2020 - 18:15 | |
| Oui, Lindberg est assez décevant (c'est aussi ce que disait Prosopopus un peu plus haut.) Mais cette volée de bois vert me semble cependant un peu trop tous azimuts: certes c'est trop lisse (les textures ont peu d'aspérités, les timbres sont un peu trop transparents, et ça manque de contrastes et de pugnacité dans les phrasés et l'accentuation); en revanche, je trouve que c'est tout le contraire d'un «magma sans véritable direction» (d'ailleurs, «magma» dans Pettersson, est-ce que ça ne serait pas plutôt un compliment?) Au contraire, loin d'être un magma, l'orchestre est très étagé, très lisible, très articulé (trop propre, trop au cordeau - on est bien d'accord), et la conduite me semble aussi très directionnelle, très cursive, très attentive aux transitions et aux tuilages (mais du coup, trop directionnelle: ça manque de brusquerie, de sautes d'humeur, le discours semble comme fléché, fluide à l'excès.)
Il est par ailleurs difficile de comparer terme à terme avec Stig Westerberg: ce dernier n'a en effet pas laissé d'intégrale Pettersson, et en tout cas pas de 6ᵉ Symphonie - tout ce sur quoi j'ai pu mettre la main, c'est la 2ᵉ Symphonie et le Mesto du 3ᵉʳ Concerto pour cordes (Swedish Society), le 1ᵉʳ Concerto pour cordes (Caprice - avec la 12ᵉ Symphonie par Carl Rune Larsson) et la cantate Vox Humana (BIS - avec Den stora glädjen de Rosenberg.) Mais là où je suis d'accord, c'est que les textures rugueuses et les couleurs sombres que Westerberg tire de l'Orchestre de la Radio Suédoise, sa direction directe, âpre, mais sans surcharge, presque austère, et tendue d'un bout à l'autre, est absolument idéale dans la musique de Pettersson (et la typicité de ses chanteurs dans Vox Humana!) Parmi les interprètes «historiques» de Pettersson, c'est celui que je trouve le plus convaincant.
Au demeurant, pour la seule 6ᵉ, l'offre discographique est très limitée: en CD, on ne trouve que Trojahn / DSO Berlin (CPO.) Sinon, il a existé aussi une version Kamu / Norrköping mais seulement en vinyle (CBS): aucun des autres habitués «historiques» (Comissiona, Doráti) ou plus récents (Segerstam) ne l'a enregistrée. |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Lun 18 Mai 2020 - 18:33 | |
| @Bénédictus, sur YT, quelqu'un a mis un enregistrement live et d'époque de cette symphonie par Westerberg Allan Pettersson (1911-1980): Symphony no. 6 (1963 … Pour le magma, c'est vrai qu'en général on y reconnaît rien, mais comme j'écris en quelques minutes ,mes posts, je veux surtout dire que chaque mouvement devrait absolument se différencier,justement pour faire ressortir chaque sentiment, après la colère et l'interrogation, devraient intervenir la paix et le bien -être. La version Kamu,tu peux la trouver en CD, sur Haydn House, un site qui réédite des enregistrements anciens et plusieurs de Pettersson d'ailleurs. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Lun 18 Mai 2020 - 18:42 | |
| - gluckhand a écrit:
- @Bénédictus, sur YT, quelqu'un a mis un enregistrement live et d'époque de cette symphonie par Westerberg
Allan Pettersson (1911-1980): Symphony no. 6 (1963 … Merci! Je viens en effet de trouver ça: /watch?v=LH-1ZG3-3UA et je vais aller l'écouter! - gluckhand a écrit:
- chaque mouvement devrait absolument se différencier
 À part la 8ᵉ et la 12ᵉ, toutes les symphonies sont en seul mouvement, pourtant. - gluckhand a écrit:
- La version Kamu,tu peux la trouver en CD, sur Haydn House, un site qui réédite des enregistrements anciens et plusieurs de Pettersson d'ailleurs.
Je vais aller regarder ça, merci! |
|  | | Prosopopus Mélomaniaque

Nombre de messages : 776 Age : 40 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 22 Mai 2020 - 9:50 | |
| Assez d'accord avec Benedictus sur les Pettersson de Lindberg, mais je suis loin d'avoir encore tout écouté. Je trouve le projet vraiment intéressant puisque c'est la première intégrale par un chef avec un orchestre, là où l'intégrale CPO mélange les chefs et les orchestres, même si la prise de son CPO lisse un peu l'ensemble.
Je trouve Gluckhand aussi un peu dur mais je viens justement de remettre la 6ème et le lent mouvement introductif est effectivement joué comme du Mahler un peu, j'ai aussi l'impression que Lindberg y fait ressortir le caractère post-romantique de Pettersson. Ce n'est pas forcément un contresens absolu non plus, il y a bien cet aspect dans la musique de Pettersson mais oui ça manque ici de chair et d'ambiance, ce qui est dommage pour assurer les contrastes avec les développements sinueux de la symphonie. La réapparition du largo (lento ?) à la fin de la symphonie est ainsi ratée.
Après, la prise de son est vraiment belle, on perçoit des détails inaudibles dans la version CPO, notamment dans les bois et les percussions. Assez d'accord avec Benedictus, le terme magma me semble éloigné justement de la vision de Lindberg qui détaille à l'extrême. C'est là que cela peut sembler une erreur à mon sens, la musique de Pettersson ne se prête pas à tant de détails, il n'y a pas à proprement parler de sous-texte mélodique ou de détails cachés à faire émerger (comme chez Mahler).
Pour les mouvements je suppose que Gluckhand veut parler des "îlots" mélodiques qui composent la symphonie.
Reste que les versions de Lindberg sont intéressantes en plus de proposer parfois des bonus audiovisuels. Le seul vrai reproche que je formulerai sur le projet ce sont les pochettes... |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 22 Mai 2020 - 11:46 | |
| Merci Prosopopus de ta réponse et bien sûr, il faut se réjouir et encenser l'intégrale Lindberg et même en souhaiter d'autres, mais dans le cas présent ,je comparais surtout la version de la 6ème de Lindberg à celle de la radio suèdoise de Westerberg,pour simplement en souligner ses manques, dans cette dernière version , on est fouaillé de l'intérieur par la musique,c'est même laid et agressif,pour moi, c'est voulu et c'est ça que je ne trouve pas dans la version Lindberg.Pettersson chantait les vanupieds, et ce monde comme l'opéra de 4 sous, n'est pas un monde bourgeois, c'est un monde cruel et sans pitié,mais aussi avec du partage et de la beauté,il n'est pas que noir.désolé de mal m'exprimer parfois, je fais mes posts en quelques minutes, tu as raison, ce n'est pas de mouvements ,dont je parlais mais d'ilôts ou d'épisodes. |
|  | | Prosopopus Mélomaniaque

Nombre de messages : 776 Age : 40 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 23 Mai 2020 - 10:57 | |
| D'ailleurs je parle d'intégrale pour les versions de Lindberg mais c'est encore loin d'être le cas, il manque encore les numéros 3, 8, 10, 11, 12 et 15.
Pas écouté encore par contre les versions finalisées de la première et de la 17eme. Quelqu'un a essayé ces inédits ? |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 23 Mai 2020 - 11:13 | |
| J'ai les deux sous le coude, mais pas encore écoutés.
Et c'est vrai que côté jolies pochettes, CPO l'emporte haut la main (Soulages et Hartung vs. les profils colorisés en monochromes gueulards sur fond noir, comment dire...) |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 23 Mai 2020 - 11:52 | |
| Dans tout ça, pas un mot de vous deux,sur la version Westerberg,pourtant ,c'est l'époque de la création de l'œuvre et elle est facilement disponible et écoutable sur YT ? |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15390 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 23 Mai 2020 - 12:13 | |
| Ben oui, mais, comme tu l'as dit ailleurs: - gluckhand a écrit:
- chacun écoute un truc une fois ,de suite ,il en dit ce qu'il en pense (...) Je veux pas jouer les vieux cons de service, mais il me semble que certaines oeuvres demandent un peu plus d'écoute et aussi, de maturation intérieure et surtout de temps pour mieux les appréhender,enfin c'est le jeu du forum .
- gluckhand a écrit:
- on ne devrait parler d'un disque et encore plus d'un compositeur qu'on découvre ,seulement après l avoir écouté au moins 6 ou une bonne douzaine de fois,pour vraiment se faire une idée générale et juste
donc forcément, on a encore besoin d'un peu de temps.
Dernière édition par Benedictus le Sam 23 Mai 2020 - 12:24, édité 1 fois |
|  | | Prosopopus Mélomaniaque

Nombre de messages : 776 Age : 40 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 23 Mai 2020 - 12:23 | |
| Ah mais je ne la connais pas, je n'ai écouté que les versions CPO et celle de Lindberg donc. Pas toujours évident de se caler une heure tranquille pour écouter une oeuvre qui demande tout de même d'être un peu en forme... |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 11 Juin 2020 - 19:31 | |
|  - Spoiler:
Complete songs." Barefotasånger" "6 sånger"Monica Groop : mezzo-soprano Cord Garben : pianoMes premières écoutes n'avaient pas été convaincantes; je ressentais une réelle monotonie à l'écoute des " Barefotasånger" J'y suis revenu aujourd'hui, et le ressenti était bien meilleur. Bon, c'est vrai que les premières mélodies se ressemblent un peu, mais j'ai envie de dire que l'on s'y fait. L'ambiance générale n'est pas à la joie! Mais au final il me plaît bien cet album; il faut dire qu'il y a Monica Groop que j'apprécie beaucoup...et accompagnée par Cort Garben |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 12 Juin 2020 - 8:42 | |
| [Playlist] Vox Humana6 sånger (Arrangement pour voix, orchestre à cordes et harpe par Staffan Storm)Musica Vitae – Ensemble SYD : Daniel Hansson Kristina Hellgren : soprano Anna Grevelius : alto Conny Thimander : ténor Jakob Högström* : baryton- Spoiler:
Je pensais en faire une présentation...pas motivé...peut-être plus tard à moins que quelqu'un d'autre s'en charge.
|
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 13 Juin 2020 - 9:35 | |
| En parcourant rapidemement ces derniers posts, il est souvent question de dépression, ou bien alors de naiveté chez Pettersson, c'est vrai qu'on peut lui faire crédit ,de que ce que l'on ressent à chaque écoute, mais perso, plus je l'écoute et plus il agit sur moi intérieurement et je ne trouve pas cette naiveté ,ni cette maniaco-dépression qu'on lui attribue souvent,il sait très tôt ce qu'il veut, et est loin d'être un naif. Plutôt une certaine pureté,qui se traduit par des thèmes très simples et très beaux,parfois très laids ou très agressifs,car il ne recherche pas à faire du beau, mais du vrai,donc crée des tensions terribles et puissantes , mais il sait aussi englober tout ça dans une nasse solide et compacte quand il le faut .Ses répétitions de cellules thématiques, dont il se sert à profusion,et génialement,sont sa façon de progresser,tout comme Bruckner avait la sienne propre aussi , et on va pas le lui reprocher maintenant, c'est ce qui faisait son génie .La simplicité des thèmes, n'est souvent qu'apparente et est souvent bien plus complexe,que l'on ne pense au premier abord,ainsi j'ai réévalué sa 4 ème symphonie,que je trouve toute aussi importante que la 5ème.D'ailleurs en farfouillant un peu sur Discog, je viens de trouver une autre 4ème dirigée par le génial chef d'orchestre Sergiu Commissionna,qui a formidablement servi Pettersson . Gothenburg Symphony Orchestra* - Recordings 1930-1978 with music by Alfvén, Stenhammar, Nielsen,... (BIS - LP-301/303) Sa version de la 9 ème symphonie est absolument époustouflante.UN dernier mot, rapidement, on ne peut plus parler de musique sans parler de Y T, et de la place qu'il prend dans les enregistrements introuvables, donc à signaler, une formidable 4ème en drect par Leif Seigerstam, une 5 ème toute aussi prenante par Stig Westerberg et la radio suèdoise ( sans doute des archives ,et d'autres 7ème par différents chefs dont Daniel Harding . Pettersson prend peu à peu sa place ,partout dans le monde musical,de très grand symphoniste et même de génie à part entière .je rapprocherais beaucoup Havergal Brian de Pettersson, non pour leur style de musique, mais pour leur volonté d'aller de l'avant quoiqu'en pensent les autres .  |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 14 Jan 2021 - 18:21 | |
| Plein de choses nouvelles sur YT, à propos de Pettersson,d'abord, plein de choses se montent autour de Pettersson, qui, laissent espèrer des enregistrements dans les années à venir. Pour les nouveauté, je parle de concerts d'archives et de concerts radio,mais ils sont tous exceptionnels..
Allan Pettersson (1911-1980): Symphony no. 3 (1954-1955) par Royal Stockholm Philharmonic Orchestra), conducted by Sixten Ehrling
Une 5ème et une sixième par Stig Westerberg (les deux magnifiques)
Un enregistrement superbe de la 9me par le Sinfonieorchester Wuppertal, conducted by Peter Gülke
La 12 celle avec choeurs ;Symphony no. 12 "The dead in the square" (1973-1974)enregistrée à Cologne par Ingo Metzmacher.
La Cantate "Vox humana" (1974) Kölner Rundfunkchor (Cologne Radio Chorus) & Deutsche Kammerakademie Neuss, conducted by Johannes Goritzki.
LA 16ème celle avec saxophone alto - Symphonieorchester der Stadt Münster (Münster Symphony Orchestra), conducted by Uwe Mund
Sans parler de nouvelles symphonies par Comissionna la 8 ème et la 15ème, en dehors de la 9ème et la 14ème,elles déjà connues.
Par contre, j'ai une 4ème par Commissionna en 33 tours (c'est un concert) qui n'est répertoriée nulle part.
bref, pour les amateurs et passionnés de Pettersson,de quoi se réjouir les oreilles.Un petit mot, en passant, dans un docu , à lui consacré ,Pettersson se plaignait des chefs d'orchestre ,de son époque pourtant Erlhing et Stig Westerberg,laissent des enregistrements vraiment magnifiques, mais en plus,d'une justesse étonnante pour la sensibilité du compositeur.Comme quoi, c'est souvent le temps qui donne raison ,à untel ou untel .3 de ses symphonies sont données à la radio suèdoise,, dans les années 59et 60,ce qui n'est pas mal du tout.Mais déjà, dès la troisième, on sent le génie du compositeur, qui ne va que s'accentuer en allant.Il y a chez lui, une force intérieure et une puissance compositionnelle assez incroyable, presque comme, imposée d'un dieu supérieur et puissant.Je ferais, presque si j'osais le parallèle avec Beethoven , pour l'inspiration, venue d'en haut (Rappelons que Beethoven considèrait la musique comme de la philosophie)Ce Pettersson, au début simple altiste dans un orchestre, sans avoir certains problèmes avec ses collègues, suit les cours de René Leibowitz sur la musique viennoise, reste ,alors qu'on est en plein sérialisme, fidèle à lui-même et continue de faire sa musique personnelle ,à sa manière, sans s'occuper,des uns et des autres, c'est presque un parcours de saint,car il ne roulait pas sur l'or,loin de là. PS/ Je remarque une chose, c'est que deux de mes compositeurs préfèrés, Pettersson et Havergal Brian, sont nés de milieu ouvrier et défavorisé, Forgeron pour Pettersson et potiers pour Havergal et que tous deux ont eu à lutter pour s'imposer, dans un milieu hostile. |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Lun 18 Jan 2021 - 7:15 | |
|  3ème symphonie / Leif Segerstam. Pour moi ,sans hésiter une seconde, le génie de Pettersson se met en route, dès cette symphonie, tout est en place, tout y est déjà, dans ,ce qui sera dès lors ,exploité dans d'autres futures symphonies . Je souffre toujours encore de lire ,que c'est tragique, que c'est sombre ,qu'il n'y a pas beaucoup d'espoirs,dans ses symphonies .Au contraire ,c'est ne voir qu'une certaine partie de souffrance ,voire de dépression,qui existent, c'est vrai, chez Pettersson, mais les moments ,calmes, détendus, sereins ou alpestres,dans le sens straussien, sont aussi nombreux .Pour ceux qui ne connaîtraient pas Pettersson, je pense que commencer par cette symphonie, serait sans prétention,d'un bon abord, tout y est.Son génie de l'orchestration est déjà là,jamais il ne lâche le morceau, c'est un perpétuel combat ,entre des forces opposées,et ces tensions sont vraiment remarquables et si tenaces ,qu'on peut comprendre que l'auditeur soit estomaqué par un tel déluge de sons ,par cette violence c'est vrai qu'il relègue ,les poèmes symphoniques de Strauss aux oubliettes ,avec un discours musical,d'une telle force et d'une violence inouie.Cette 3ème symphonie est remarquable et je pense ,que dès cette symphonie, il faut s'habituer au discours et au souffle et à la force démoniaque de Pettersson.Mais c'est justement cette tension qui fait avancer l'oeuvre elle-même. C'est tellement tendu,que ça met les nerfs en pelote, c'est vrai, mais c'est toujours pour finir, par l'espèrance et l'apaisement et enfin surtout,que demander à la musique, sinon, une vision réelle ou transposition de l'existence,traduite par des sons.Le monde musical de Pettersson traduit sa vision personnelle, comme tous les grands musiciens de la fin du siècle dernier,ont aussi leur propre vision, celle de s'incorporer au monde ou bien de faire le choix, de s'en abstenir.Désolé de parler si mal ,de cette belle musique. PS/ j'ai lu un texte sur Pettersson, avec lequel ,je suis assez mitigé. https://www.oveo.org/allan-pettersson-ou-la-souffrance-muette-dun-musicien/ |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

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 | Sujet: Re: Allan Pettersson Jeu 28 Jan 2021 - 16:12 | |
| Allan Pettersson (1911-1980): Symphony no. 3 (1954-1955) Royal Stockholm Philharmonic Orchestra), sous la direction de Sixten Ehrling enregistré à Stockholm, Konserthuset (14 octobre 1959)
Quelle formidable version de cette 3ème symphonie sur YT.C'est dingue ce que Sixten Ehrling et son Royal Stockholm Philharmonic Orchestra,arrivent à insuffler à cette oeuvre, pourtant on est 1959, et c'est sûrement la création de l'oeuvre.Deux possibilités pour moi,, ou l'oeuvre est tellement riche et l'on peut tout se permettre, ou le chef Sixten Ehrling, devine et devance secrètement les désirs du compositeur, Pettersson, n'était pourtant pas tendre avec ses interprètes.Les meilleures versions et je pense avoir tout ce qui a paru sur disques,oui les meilleures versions sont quand même ,avant tout ,ces créations radio qui sont vraiment uniques.Merci à certains sur YT,de les avoir mise à la disposition, du plus grand nombre.
https://www.youtube.com/Allan Pettersson (1911-1980): Symphony no. 3 (1954-1955) |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Mar 30 Nov 2021 - 6:50 | |
| Quoi de neuf? Pour moi toujours Pettersson,quel génie,il a bouleversé totalement le monde symphonique.Il a créé à lui tout seul son propre univers. Découverte en fouillant un peu ,d'une version de la 4ème pas connue et pas répertoriée ,dirigée par Comissiona,en 33 tours.  |
|  | | gluckhand Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3852 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Sam 15 Jan 2022 - 10:43 | |
| Réécoute complète et vraiment à fond des symphonies de Pettersson.L'on a beau écouter de temps en temps ou bien par période, des oeuvres de cette dimension, demandent , comme relire Balzac ou Proust, toujours une constante relecture. Tombé par hasard sur deux choses qui m'ont frappé,au sujet de Pettersson . D'abord ,pour moi le grand symphoniste qu'il était ,démarre vraiment dès la troisième symphonie, , tout est là, déjà présent. J'ai lu ,que c'était vraiment à partir de la cinquième que tout démarrait ,peut être d'une certaine manière que c'est vrai,mais c'est pour moi, vraiment négliger , les deux précédentes symphonies,qui ont chacune leur singularité ,dans une certaine contiguité.
Le deuxième truc que j'ai lu, et je m'en réjouis,sans en être surpris, c'est que Pettersson , peu à peu rejoignait le cercle très fermé, des grands symphonistes et qu'il était plebiscité ,après Mahler et Chostakovitch, par les amateurs de musique symphonique,comme l'un des plus grands.Et je peux vous dire que personne ,ne lui prédisait ce destin là,au début.
Je reviens à ma réécoute de la 1ère symphonie, et elle est vraiment chouette et moderne.Sûrement, une négligence de ma part de ce côté là.Pas vraiment encore facile à situer ,même déjà à part.Mais il faut surtout signaler que l'oeuvre est restéé inachevée et que Christian Linberg s'est surtout appuyé ,sur des morceaux épars.Le compositeur, alors à Paris en 1951 , suivait les cours de René Leibowitz, de lequel ,il dira toujours , ne rien lui devoir. Dans ce remembrement musical et approximatif,,tenté avec courage par Lindberg, il ressort une oeuvre d'une belle originalité.Et même si l'on pressent par moment quelques thèmes,bien plus exploités plus tard, ça reste une oeuvre sympa et même surprenante,quoiqu'un peu apatride. |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 1 Avr 2022 - 12:55 | |
| Peter Mattei: baryton Bengt-Åke Lundin: piano- Six Songs for voice and piano (1935) - Barefoot Songs (1943-45) Voilà qui pourrait fortement m'intéresser! Ça sort le 15 avril.  |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96706 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 1 Avr 2022 - 13:03 | |
| C'est sorti en flux aujourd'hui, je t'en dirai donc plus avant que tu ne le commandes ou le reçoives ! |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Allan Pettersson Ven 1 Avr 2022 - 13:14 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- C'est sorti en flux aujourd'hui, je t'en dirai donc plus avant que tu ne le commandes ou le reçoives !
Les quelques extraits que j'ai écoutés m'ont paru convainquant! J'étais resté un peu sur ma faim avec la version Monica Groop / Cord Garben...à réécouter du coup! |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
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 | Sujet: Re: Allan Pettersson  | |
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|  | | | Allan Pettersson | |
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