Bach - Oeuvres pour orgue

Tiré d'un magnifique double-album qui inclut aussi les Variations canoniques et les six Chorals "Schübler".

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

"Messe luthérienne", -chorals BWV 669-689

= Bernard Coudurier, orgue Herbst de l'église du Château de Lahm im Itzgrund

(BNL, septembre 1989)

Un enregistrement réalisé exactement 250 ans après la publication de la Clavierübung III dont proviennent ces chorals "du dogme".
Que n'a-t-on confié une intégrale Bach à Coudurier !
Sa discographie confine à l'excellence, comme le prouve cette interprétation robuste, sensible, imaginative, où les phrasés semblent aussi intelligents que poétiques.
Et voilà un instrument rarement capté ; une trentaine de jeux dont un tiers à la pédale avec des anches en 32',
c'est presque surdimensionné en considération de la taille de l'orgue, mais on se régale,
d'autant que les registrations de Coudurier en tirent le meilleur effet.

Troublante coïncidence, j'ai écouté cette messe alors que j'ignorais que Chapuis venait de nous quitter.

Mélomaniac, in playlist hier soir, a écrit:

La Pauluskirche de Hamm (Allemagne, -Westphalie)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

"Messe luthérienne", -chorals BWV 669-689

= Michel Chapuis, orgue Beckerath de l'église Saint-Paul de Hamm

(Valois, 1969)

Le phrasé à haut voltage de Chapuis, sa célérité (moins d'une heure dix pour un cycle qui dépasse l'heure et demie chez certains interprètes)
stimulent un portrait cru et presque profane de ces pages cérémonielles,
que sous ce prétexte on a trop souvent tendance à figer sous la pontification.
Bref, voilà une approche idéale pour revitaliser une des oeuvres les plus emblématiques du Cantor.

Avec le recul, les trois sommets de l'intégrale enregistrée par Chapuis me semblent les Triosonaten, d'une enivrante dextérité, l'Orgelbüchlein sculpté à vif, et les Partitas d'une intense narrativité.
Pour être honnête, les grands diptyques sont parfois trop expédiés, manquent d'assise et de noblesse.
En revanche les chorals (même si parfois trop superficiels, voire trop laïcisés) manifestent tout un art de l'éloquence directe,
de la vignette sémaphorique qui les découpent comme autant de péricopes.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Église Saint-Nicolas d'Altenbruch (Allemagne, Basse-Saxe)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Chorals BWV 690-691, 706, 709, 714, 720-721, 725-728, 730-731, 734-737

= Michel Chapuis, orgue Klapmeyer de l'église Saint-Nicolas d'Altenbruch

(Valois, 1969)

Tiré de l'intégrale Bach de Chapuis. Pour rester neutre et ne pas sombrer dans un panégyrique de circonstance,
voilà ce que j'écrivais il y a six ans sur un autre site :

Cinq tribunes furent sollicitées, principalement le flambant neuf instrument achevé par les ateliers Andersen à Notre-Sauveur de Copenhague. Du même facteur danois, à Saint-Benoit de Ringsted pour les Schübler et des Concertos d'après Vivaldi brossés à fresque.
Autre orgue frais émoulu : le design moderniste (mais l'esthétique sonore ad hoc) du Beckerath de l'Evangelische Pauluskirche de Hamm (Westphalie) pour la Clavierübung III.
Le vénérable Schnitger de la St. Michaelskerk de Zwolle (Pays Bas) apporte sa patine à la plupart des Préludes & Fugues.
Le verdoyant Klapmeyer de Saint Nicolas d'Altenbruch, typique de la facture nordique, participa uniquement à l'antépénultième étape du cycle (une poignée de Chorals flottants du catalogue BWV).
Le témoignage de l'organiste jurassien ne me semble nullement démodé, grâce à son travail d'élucidation prosodique, ses couleurs crues (les Sonates en Trio...), ses contours tranchés (les micros offrent beaucoup de présence et de relief, voire parfois une certaine agressivité), ses Chorals qu'on nous présente ici comme autant de paraboles, ses évidences métaphrastiques (aux antipodes de la surornementation d'un Ton Koopman). Les tuyaux nous parlent avec simplicité et franchise. Cette gourmandise du timbre, on l'a depuis retrouvée avec Bernard Foccroulle (Ricercar), et surtout dans le premier volume de l'intégrale d'Olivier Vernet (Ligia) qui lui aussi panacha instruments anciens et modernes.

A la première reparution en CD, le magazine Diapason écrivait : « Chapuis apparaît comme un interprète d'une rare sensibilité. Registrations et effets sont réalisés sans lyrisme superflu, avec ce qu'il faut d'intériorité, de recueillement, et de poésie. Une référence pour le discophile averti. » Jugement honorable mais peu distinctif. On s'instruira plutôt de ce que nous dit Paul de Louit dans le magazine d'octobre : « Sous ces doigts qui dès l'attaque vont chercher le son au fond du clavier, la motricité rythmique n'est ni l'abstraction géométrique de Walcha première manière, ni l'entrain d'une Marie-Claire Alain [...] Tout ici semble naître d'une énergie intérieure, au sens propre émouvante ».
Un revers à cet enthousiasme ? Le Guide de la musique ancienne et baroque (coll. Bouquins) se montre un peu plus critique : « la beauté des phrasés entrave parfois la rigueur de la construction ; un amour immodéré des transparences verticales, de la luminosité, fait ce Bach presque trop évident, et les oeuvres virtuoses manquent souvent de l'élan nécessaire ».
Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'on lit dans le Guide Fayard des Indispensables du CD, estimant que l'on peut tenter de synthétiser cette prestation par « sa clarté, ses polyphonies aériennes, ses contrastes secs, comme électriques à force de perfection digitale. Elle semble parfois un rien trop laïque. »
Trop laïque ? A compléter alors par André Isoir, inatteignable dans son élévation spirituelle, notamment dans son Art de la Fugue qui manque au cycle, au demeurant fort complet, enregistré par Chapuis.

Et le volume IV vient de sortir il y a quelques semaines : les Chorals de Leipzig à la Kreuzkirche de Suhl
-j'ai reçu mais pas encore écouté.

Mélomaniac a écrit:

Église de Waltershausen (Allemagne, -Thuringe)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

"Messe luthérienne",
-chorals BWV 669-689
-Prélude et Fugue en mi bémol majeur, BWV 552

= Marie-Ange Leurent, Éric Lebrun, orgue Trost de l'église de Waltershausen

(Monthabor, octobre 2016)

Tiré du troisième volume de cette intégrale Bach en cours d'enregistrement, dont la parution est prévue jusque 2020.
Ici sur un des plus vastes instruments baroques de Thuringe : 47 jeux avec anches 32' de pédale.
Il faut absolument saluer cette méritoire entreprise, hébergée chez un "petit" label, qui bénéficie d'une excellente technique d'enregistrement.
Copieux livret (en français seulement), à dimension didactique, qui présente bien sûr l'orgue utilisé ici, mais aussi chaque choral dont la traduction est indiquée.
Avis aux adeptes de l'approvisionnement local et des circuits courts : n'hésitez pas à soutenir ce projet en achetant ces disques
qui de toute façon s'annoncent, du point de vue interprétatif, comme un nouveau jalon d'importance dans la discographie du Cantor.

Encore une bonne version du Petit Livre, faisant vœu de modestie, de simplicité.
Format SACD, avec un livret qui mentionne registrations et description de chaque choral.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Orgelbüchlein, chorals BWV 599-644

= Markku Heikinheimo, orgue Verschueren de l'Académie Sibelius d'Helsinki

(Siba Records, novembre-décembre 2007)

Un petit instrument intimiste de 26 jeux, construit en 1994.
Interprétation sobre, humble, austère, et très coulante.

Encore un orgue que je ne vous ai jamais présenté.
Il date du début des années 1990, et s'avère de belle taille puisqu'il compte 40 jeux,
mais disposés sur seulement deux claviers & pédalier (avec Principal 32').
Le positif se situe dans la partie supérieure. L'aspect d'ensemble me semble une synthèse entre l'art italien et germanique (plutôt Silbermann).
L'instrument est doté de quelques accessoires tels un carillon, qu'on entend d'ailleurs scintiller dans l'Aria variata
dont Scandali nous offre une lecture virtuose et ornementaliste, qui sait verser dans la féérie par la seule beauté des timbres,
révélés dans une acoustique vaste et épanouissante qui en chaptalise les arômes.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Basilique Sant Eustorgio de Milan (Italie, -Lombardie)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Aria variata alla maniera italiana, BWV 989
Fugue sur un thème de Legrenzi en ut mineur, BWV 574
Toccata, Adagio et Fugue en ut majeur, BWV 564
Pastorella en fa majeur, BWV 590
Canzona en ré mineur, BWV 588
Prélude et Fugue en ré mineur, BWV 539

= Luca Scandali, orgue Dell'Orto & Lanzini de la Basilique Sant Eustorgio de Milan

(Pierre Vérany, avril 2003)

Très beau disque consacré à la manière italienne de Bach.
L'Aria variata est une de ses oeuvres de clavier que je préfère, que ce soit au clavecin ou à l'orgue
(Olivier Vernet en a aussi laissé un rafraichissant enregistrement sur d'autres tuyaux milanais, à l'église San Simpliciano).

Tiré de ma playlist consacrée au temps liturgique de Pentecôte :

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Komm, Heiliger Geist, Herre Gott, BWV 651-652
Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist, BWV 631
Herr Jesu Christ, dich zu uns wend, BWV 632, 655, 709, 726
Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist, BWV 667
Ach Gott, vom Himmel sieh darein, BWV 741
Nun danket alle Gott, BWV 657
Nun freut euch, lieben Christen gmein, BWV 734
Herr Gott, dich loben wir, BWV 725
O Herre Gott, dein göttlich Wort, BWV 1110
Werde munter, mein Gemüte, BWV 1118

= Jacques Amade, orgue X. Silbermann du Couvent des Dominicains de Paris

(Bayard, janvier 2004)

Une sélection de chorals pour le temps liturgique de la Pentecôte,
piochée dans les volumes 11-12 de l'intégrale Bach d'Amade.
Ici sur un instrument de 33 jeux sur deux claviers & pédalier, propre au classicisme français, construit en 1984.
Interprétations plus virtuoses que spirituelles, mais adéquatement animées, et splendide prise de son.

Mélomaniac a écrit:

La Slotskirke d'Augustenborg (Danemark)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

O Gott, du frommer Gott, choralpartita BWV 767

= Marie-Claire Alain, orgue Marcussen de la Slotskirke d'Augustenborg

(Erato, mai 1979)

Tiré de la seconde intégrale Bach de Marie-Claire Alain, ici sur un instrument de 26 jeux que venaient d'achever
les ateliers Marcussen, installé dans un buffet de Johann Daniel Busch (1775).
Sur des tuyaux d'une sonorité ronde et moelleuse, typiques de la plénitude ce facteur,
l'interprétation détaille une approche très suave de ce succulent cahier de partita,
une de mes pièces d'orgue préférée !
Que la liturgie associe à la Pentecôte, voir la traduction ci-dessous.

Pour ceux que la signification intéresse, voici la traduction de ce "O Dieu, toi le Dieu saint" :

Ça ferait assez envie, si la couleur (où ça ?) des Rieger ne me laissait pas dubitatif sur le résultat.

J'essaierait peut-être, je note, merci. (Il me faut des trucs avec lesquels faire joujou pour que je finisse mon Bach, comme pour d'autres le ketchup sur les haricots verts.)

DavidLeMarrec, in playlist, a écrit:

¶ Bach – Prélude & Fugue BWV 546 – Hurford (Decca)
Le jeu, quoique un peu droit, n'est pas inintéressant, mais ces prises sèches et ce plein-jeu blanc et strident, c'est pas possible pour moi.
Déjà que je fais l'effort d'écouter du Bach, le moins est de m'offrir un peu de couleur. Je retourne écouter mes Hinsz des Bovenkerk et Martinikerk…

Sauf que ce n'est pas enregistré sur le strident mammouth de Ratzebourg,
mais dans le magnifique écrin de Sankt Pölten :

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Cathédrale de Sankt Pölten (Basse-Autriche)


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Prélude et Fugue en ut mineur, BWV 546
Praeludium en ut majeur, BWV 567
Praeludium en la mineur, BWV 569
Fugue en ut mineur sur un thème de Legrenzi, BWV 574
Fugue en sol mineur, BWV 578
Canzona en ré mineur, BWV 588

= Peter Hurford, orgue Metzler de la Cathédrale de St Pölten

(Argo, septembre 1978)

Cet album tiré de l'intégrale Bach de l'organiste anglais regroupe quelques petites pièces que j'adore,
dont la capiteuse Fugue en ut mineur (mon interprétation préférée restant celle d'Olivier Vernet à Grauhof-Goslar).
Je ne vous avais jamais parlé de cet orgue abrité dans un somptueux buffet baroque remontant à 1722.
L'instrument date de 1973 et compte 36 jeux sur trois claviers & pédalier.

Mélomaniac a écrit:

Sauf que ce n'est pas enregistré sur le strident mammouth de Ratzebourg,
mais dans le magnifique écrin de Sankt Pölten :

Je sais bien : je n'ai pas trouvé le disque Argo. Mais je voulais voir comment Hurford joué ça. En fait j'avais déjà essayé, mais vite arrêté pour les mêmes raisons : timbre, captation, jeu, tout ça bien blanc et raide.

Mais bon, même la transcription de Dupré d'une Sinfonia de cantate, sur le Hinsz de Bolsward, ça m'a paru beau-mais-long (6'…).

Je l'ai déjà dit, mais s'il n'y avait pas eu Bach, je serais peut-être organiste aujourd'hui, j'avais une tribune (assez prestigieuse) qui m'était promise… Sauf que passer des heures à mettre en place des trucs qui me gavent déjà à écouter une fois.
Si j'avais pu jouer du Couperin et du Dubois plutôt que du Bach et du Gigout…

Les fonds sont d'une limpidité extraordinaire là-dessus ! (Témoin l'Art de la Fugue de Tribukait. )

Bon ! la question saugrenue qui va peut-être me valoir une volée de bois vert. J'ai envie d'entendre... Schweitzer. Qu'est-ce que vous avez à m'en dire.
(NB : souvenez-vous bien que les vieilles cires sont à la croisée de la terre d'élection et du Paradis perdu, pour moi. Donc rien de rédhibitoire quant à l'ancienneté .)

Un orgue que Schweitzer aimait,  l’orgue de Ste Aurélie à Strasbourg, à été restauré. Il y a d’ailleurs un nouveau disque de Bach (et un peu de Böhm)  sur l’orgue, joué par Jérôme Mondésert, un disque de Hortus, le disque s’appelle L’orgue des jardiniers (parce que les couleurs sont comme un bouquet de fleures!) C’est sur Spotify et Qobuz et à mon avis il vaut la peine de l’écouter une fois pour l’orgue. Le style de Mondésert est sobre. Bon et sobre.

En ce qui concerne les enregistrements de Schweitzer, je les aime bien, même si je les trouve trop grave, un peu comme il jouait pour un cortège solennel.

Ses écrits sur Bach sont très intéressants aussi.

xoph, in playlist, a écrit:

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Concertos pour orgue, d'après Vivaldi (BWV 593, 594, 596), Johann-Ernst zu Sachsen-Weimar (BWV 592 et 595).

Michel Chapuis, Orgue (Andersen, St Benedikt/Ringsted/Danemark)

Ca y est, j'ai craqué

Tu veux dire que tu as acheté le coffret ?
De toute façon, comme on peut le lire dans ces colonnes, c'est une référence à connaître, avec d'éclatantes réussites comme les Triosonaten, l'Orgelbüchlein, les Partite 766-768.
Toutefois Chapuis dans les Concertos ne m'emballe pas au même degré. Bizarrement, ça manque de flamme, de faconde, alors qu'ailleurs c'est le point fort de son style.
J'ai déjà admiré in situ cet orgue de Ringsted, un beau bébé de 46 jeux construit en 1970, avec tout le confort moderne.

Tout à fait
J'ai hésité avec Isoir (que j'adore pour ce que je connais, mais j'en avais beaucoup en dépareillé). J'avais bien vu tes recommandations ici (ou sur un site marchand bien connu). J'ai attaqué "facile" par les concertos (que je connais et aime par Isoir), et effectivement pas complétement conquis, quand je me remémore l’allégresse et l'allant d'Isoir. Mais ce n'est que le début d'un parcours au long cours.

xoph a écrit:

J'ai attaqué "facile" par les concertos (que je connais et aime par Isoir), et effectivement pas complétement conquis, quand je me remémore l’allégresse et l'allant d'Isoir.

Ouep, a priori, on se dirait que Chapuis va mettre le feu à ses Concertos, que ses phrasés fulgurants, sa virtuosité incendiaire, ses tournures crépitantes
vont y trouver un combustible propice. Mais, sans parler de plantage, c'est une demie-réussite.
Effectivement, l'élan d'Isoir, son galbe, un instrument éblouissant (malgré des ressources limitées), constituent un must. Ma version préférée avec celle de Preston (DG).

Sonates en trio

N°5 BWV 529 Lorenzo Ghielmi, orgue (Orgue Ahrend de la Basilique San Simpliciano de Milan, 1991)
N°1 BWV 525 André Isoir, orgue (Orgue Westenfelder de l'église d'Esch-sur-Alzette, 1977)
N°3 BWV 527 Benjamin Righetti, orgue (Orgue Felsberg de l'église de St-Légier, 1997)
N°5 (bonus! mais Largo seulement, faut pas trop en demander) Sophie Gent, violon / Skip Sempé, clavecin
N°4 BWV 528 London Baroque / Ingrid Seifert, violon / Richard Gwilt, alto / Terence Charlston, orgue / Charles Medlam, violoncelle
N°2 BWV 526 Ensemble Florilegium / Ashley Solomon, flûte / Rodolfo Richter, violon / James Johnstone, clavecin / Reiko Ichise, viole / Eligio Quinteiro, luth
N°6 BWV 530 Le Petit Concert Baroque / Chani Lesaulnier, clavecin / Nadja Lesaulnier, clavecin

Orgue ou pas ?
" Sonates pour orgue ? Titre d'usage. Bach sur son autographe, splendidement copié, évoque le "clavicorde à pédale" et le "clavecin à pédale". Une interprétation à deux clavecins y fait écho dans cet indispensable [N°6] et deux lectures chambristes [N°4 et N°2] nous montrent avec quelle évidence et quelle exubérance l'écriture de ces sonates "compressées" à l'orgue peut se redéployer." Gaëtan Naulleau dans la pochette

Spoiler:

Je connaissais Isoir (  pour l'ile déserte) et Righetti ( pour les archipels). Deux très belles découvertes pour moi: Lorenzo Ghielmi (N°5) et pour abonder dans le sens de Gaëtan Naulleau : la lecture toute en vivacité, clarté et tension du London Baroque pour la sonate N°4. Très belle sonate N°6 à deux clavecins.
Superbes œuvres (on ne le dira jamais assez), superbe album, et propos passionnant, mais je suis un peu moins emballé par le ton presque galant de l'Ensemble Florilegium (qui joue sur les affinités avec la sonate en trio de l'offrande musicale, et est parfaitement justifié de ce point de vue)

xoph, in playlist, a écrit:

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Œuvres "libres" pour orgue, disque II intégrale

Michel Chapuis, Orgue, église du Rédempteur Copenhague

une densité effarante de micro-siestes; j'y perds mon souffle ! Une telle chose ne devrait pas être autorisée.
Ah ! le prélude en sol majeur BWV 568, le trio en sol mineur BWV 584, la passacaille et fugue en do mineur BWV 582 ...

Ourf, ça c'est une attaque au mortier...
Mais c'est vrai que le cycle Chapuis reste très inégal, certains volets chatoyants et d'une vitalité électrisante (Triosonaten, Orgelbüchlein, Partitas, tout cela sur le même Andersen
de Notre Sauveur de Copenhague) et d'autres passablement mornes, ce qu'on ne peut imputer à un défaut de virtuosité de l'interprète, dont les doigts savaient tricoter
avec une célérité et une intelligence polyphonique incomparables.

Aïe ! comme parfois, je me suis mal fait comprendre:
Les micro-siestes reprenaient le bon mot de Benedictus reprenant la phrase de Rav-phaël, à propos de la 9ème de Bruckner, suite à une écoute d'Annaëlle
"j'ai appuyé sur play, 1 seconde plus tard et les larmes aux yeux grands ouverts, figés dans l'émerveillement, il s'était écoulé toute la symphonie..."
A trop jouer avec les tiroirs, je me suis coincé les doigts.
J'aurais du poster

Ah ! le prélude en sol majeur BWV 568, le trio en sol mineur BWV 584, la passacaille et fugue en do mineur BWV 582 ... je reste sans souffle devant tant d'émerveillements

Ce qui n'est pas tout à fait la même chose. En fait, j'ai beaucoup aimé (les œuvres et l'interprétation)

Ah oui j'avais bien perçu l'allusion à la discussion précédente, mais au premier degré (ou au sens ironique convié par Benedictus) :
je croyais que tu t'étais endormi d'ennui, non que tu avais passé un moment d'extase qui abolit le temps de l'écoute.

Voilà qui est rectifié

In Playlist, pour tenir un peu compagnie à Mélo, et puis, surtout, quelle musique !

Michel Chapuis, orgue église Notre Sauveur, Copenhague
Disque 3 (intégrale)

Album où les repères s’effritent (et c'est pas Cantagrel qui va nous aider avec son repérage erratique des BWV, et pas d'index - in La Musique d'Orgue -) :  Bwv 565: Bach ou Kellner (aussi fascinante et célèbre que de paternité douteuse); Bwv 575:  Bach ou CPE Bach (aussi attachante qu'incertaine); Bwv 570: "si Bach en est bien l'auteur". Bach qui va de l'avant mais de tous les côtés, l'Allemagne du Nord Bwv 551 et l'Italie Bwv 574. Bon, et puis ? puisqu'à la fin c'est toujours la même histoire   (allez, je me réécoute Bwv 564, Toccata, adagio et fugue en do majeur, et son Aria-adagio* à tomber par terre; et pourquoi pas le trio en ré mineur Bwv 583)

* Gilles Cantagrel, toujours sur la retenue, ne peut s’empêcher de s'épancher "admirable mélodie rêveuse, d'une ornementation toute baroque, elle déroule ses volutes à la main droite, [...] La phrase est interrompue par un bref récitatif, qui passe curieusement de la mineur à sol mineur, puis, sur neuf mesures, apparaît un épisode énigmatique, l'une des plus étranges musiques sorties de la plume de Bach [...] On retrouve là un peu du climat affectif de la Fantaisie en sol mineur Bwv 542, mais plus sombre et étouffant encore que dramatique, dans une atmosphère irrespirable et des tensions infiniment douloureuses""

Œuvres pour orgue, Chapuis Vol 4
Orgue Arp Schnitger, église St Michel - Zwolle (Pays-Bas)
Toccata et fugue "dorienne" BWV 538, Préludes et fugues BWV, 546, 541, 539, 543, 545, 534

On est passé dans un autre monde (loin de l'émotion si proche des chorals, ou des merveilleuses - et tout aussi séduisantes - sonates en trio) avec ces diptyques, aussi savants qu'intimidants; je pense à la fameuse phrase de Cioran "S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu". Dans l'œuvre de Bach, et pour orgue de Bach, c'est pour moi une part relativement méconnue, où mes portes d'entrée sont moins immédiatement accessibles. J'ai besoin de temps et d'écoutes pour trouver mes marques, comme celles-ci par exemple:  Le prélude (si proche d'un choral) en ré mineur BWV 539 et sa fugue radieuse; Le prélude et fugue en la mineur BWV 543 et ses labyrinthes inhumains et resplendissants (et quelle fugue); sans parler du prélude et fugue en fa mineur BWV 534.
Pas tant de repères que ça pour l'interprétation que je trouve, cela dit, formidable, dans sa fraicheur parfois presque gracile (un peu ce que j'aime aussi chez Isoir), aérienne et légère, trouée lumineuse plus que monument.

xoph a écrit:

Le prélude et fugue en la mineur BWV 543 et ses labyrinthes inhumains et resplendissants (et quelle fugue)

Tu dois absolument entendre Olivier Latry à Vichy (BNL) et Olivier Vernet à Porrentruy (Ligia), tu ne t'en remettras pas

En reparcourant le fil, j'avais vu tout le bien que tu disais de Vernet. Au programme !