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| | George ANTHEIL (1900-1959) | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: George ANTHEIL (1900-1959) Jeu 24 Mai 2007 - 17:59 | |
| George Carl Johan Antheil est né, comme Kurt Weill en 1900, mais à trenton New Jersey, quoique ses parents, épiciers, aient émigré d’allemangne. Aux européens il se présentait en général comme polonais d’origine. Sa célébrité première est due au productur Mike Hanson qui l’engagea en 1922 en remplacement de Léo Ornstein, pour une tournée européenne consacrée à l’œuvre pour piano de Chopin. Elève de Bloch en composition, Antheil, en tant que pianiste, avait un jeu percussif et aride, tant qu’il se blessa à multiples reprises en frappant les claviers. Après un concert agité à Budapest, il prit l’habitude de ne jouer en public qu’en posant son automatique sur le piano, afin de parer à toute éventualité de débordement de ses auditeurs horrifiés. On se souvient aussi de lui pour une célèbre photo de 1923 le montrant en train de regagner son studio au premier étage de la Shakespeare Library, à Paris, en escaladant la façade. C’était un de ces phénomènes comme on en connaît aujourd’hui encore qui montent sur les pianos et accompagnent leur récitals de musique de chambre à grand renfort de percussion (sa deuxième sonate pour violon comporte une importante partie de tambour et timbale). Mais Antheil n’était pas qu’un opportuniste du scandale : ce fut véritablement un aventurier de la création artistique et l’un des premiers animateurs de l’avant-garde des années 20, avant que Paris, perdant ses russes et ses américains ne retrouve le paysage gris d’un conformiste post-cubiste. Il était le familier de Stravinsky, Joyce, Ezra Pound, Gertrude Stein, Picasso, Man Ray. On voit dans un film de Marcel Lherbier ce dernier giffler un détracteur de la musique d’Antheil. En 1923, fraichement marié à une jeune juive hongroise, Antheil commence la composition du Ballet Mécanique : ce projet dont il se dira plus tard à l’origine est peut-être avant tout l’idée d’un producteur de cinéma puisque la musique en question est destinée à accompagner le seul film réalisé par Fernand Léger. Mais lorsqu’Antheil livre la partition, elle dure une trentaine de minute alors que le film n’en fait que 16 : de plus les techniques de l’époque ne permettent pas l’enregistrement et encore moins la synchronisation sonore. Quant à le jouer en live, la partition requiert 4 piano, 8 pianistes, des instruments mécaniques, timbres, sirènes, des moteurs et hélices d’avion, au minimum une dizaine de percusionistes, tous incapables d’atteindre les tempi ahurissants que requièrent les images. Il y aura une version révisée en 1953 et Antheil accompagnera lui-même certaines performances au Met Museum dans la transcription pour deux pianos… le "personnage" principal du film de Léger En 1924, le film et la musique commencent donc des carrières séparées, l’un présenté à Berlin, projeté à des très nombreuses reprises avant d’être perdu, puis reconstitué pour glaner au hasard des années 40 un prix à Cannes, retrouvé enfin trente ans après la mort d’Antheil dans sa version d’origine. Le Ballet mécanique connaît une première mémorable à Paris, un scandale aussi épouvantable que celui du sacre, avec fuite de spectateurs, bagarres et insultes, mais des critiques relativement amènes. L’auteur s’en fiche, la même année il disparaît en Afrique, et pendant près de trois ans personne n’a de nouvelles de lui, jusqu’à ce qu’il réapparaisse à Berlin où il s’installe jusqu’à l’accession d’Hitler au pouvoir. Il est déjà à l’époque un des protégés de Marie Louise Curtis-Bok, mais, contrairement à d’autres (Barber, Menotti, Rota), payé au lance-pierre, et finalement plutôt désavoué par les puissances de l’argent. La création du Ballet à Carneghie Hall en 1927 provoque plutôt des rires que de l’indignation, et contribue au fait que ses compatriotes ne considéreront jamais Antheil comme un musicien sérieux. Il faut dire qu’il se montre un touche-à-tout insaisissable, spécialiste d’endoctrinologie et diplomé de criminologie, il écrit aussi le courrier du cœur du Chicago Tribune. Peu avant la guerre, il dépose un brevet, partagé avec l’actrice Eddie Lamarr concernant un système de direction et de masquage des torpilles qui anticipe de près de 40 ans les systèmes de communication sans fil et les protocoles TCP-IP. Il améliore aussi les systèmes de reproduction sonore, comme un second Charles Cros, mais jamais il ne tirera un sou de ses inventions, les américains le considérant comme un compositeur de musique de film de seconde zone. Il est aussi l’auteur d’un pamphlet sur « ce que sera la guerre » qui aurait pu alerter nos amis d’outre-atlantique sur la solution finale et d’autres réalités prises pour d’aimables vues d’anticipation par ses contemporains. Il s’est pourtant considérablement calmé pour se plier au conformisme américain, ce qui ne l’empêche pas de donner une série de 8 symphonies, caractérisées par une orchestration riche et un don de mélodiste puissant. Lorsqu’il meurt d’un arrêt cardiaque en 1959, les critiques parlent souvent de lui comme d’un « Chostakovitch américain ». Il n’a pas hélas le même retentissement post-mortem, et la comparaison ne vaut que pour le mot en retour qui lui fait parler de Chostakovitch comme de son « clone » soviétique. Il existe pour une fois un site en français (dispo aussi en néerlandais et en anglais) http://www.paristransatlantic.com/antheil/mainpage/francais.html Antheil est assez bien documenté sur internet pour un compositeur dont on n'entend jamais rien http://www.antheil.org/mainframe.html la page du Ballet mécanique |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Ven 25 Mai 2007 - 19:06 | |
| Etonnant que tu nous parles d'Antheil alors que tu ne peux pas sentir Varèse dont la musique bruitée tient tout de même mieux au ventre... Merci pour la présentation très complète comme toujours. Le ballet mécanique est encore plus terrifiant dans cette version intégralement automatisée : http://www.antheil.org/NGA.html . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Ven 25 Mai 2007 - 21:48 | |
| la musique d'Antheil est extrêmement structurée, elle se coule dans un moule on ne peut plus classique, même diront certains à la limite du pompier, elle est d'essence profondément tonale et attachée aux formes du passé. Bien sûr le côté bruitiste du ballet mécanique peut faire songer à Varèse, mais sur le papier seulement: s'il existe un rapport entre Antheil et Varèse, ce n'est guère qu'à travers leurs élèves, Henry Brandt particulièrement. Les excentricités du Ballet mécanique sont plus dans l'esprit de Parade s'il faut parler sirène, machine à écrire et coup de feu... La langue est en fait aussi accessible que celle de Stravinsky, on y trouve des emprunts au jazz également, mais rien d'aussi abstrait et de si radicalement éloigné du système de la musique occidentale que chez Varèse. Ce moderniste de la première heure a fini comme un retardataire, dans un post-romantisme à la soviétique -raison sans doute de mon intérêt persistant-, incluant aussi les éléments de musique de fanfare et de danse (tango, rumba, ragtime), un matériau vulgaire mais immédiatement accessible, bref rien qui refuse d'entrer dans mes oreilles, et avec juste la dose d'humour qui est toujours absente de la musique "sérieuse". |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Sam 26 Mai 2007 - 0:27 | |
| en fait, maintenant plusieurs heures après ça me vient, Antheil est finalement plus comparable à un Walton américain, tous les deux ont eu dans les années 20 une réputation de "bad-boy" assez revendiquées, tous les deux ont eu du mal à survivre à leurs succès de jeunesse, écrits dans les mêmes années 30-40. L'orchestration et la rhétorique d'Antheil est assez proche de Korngold, on y trouve aussi le dernier Schulhoff, ou Ernst Toch, à l'époque de l'ouverture de Pinocchio et de la 3ème symphonie. Son catalogue compte quand même cinq opéras dont une Vénus in Africa en 1953 mais surtout Transatlantic qui fut un succès de sa création à Weimar en 1930 jusqu'à Londres avant-guerre. Comme on commence à avoir d'autres de ses symphonies que la quatrième (merci CPO), Wolff finira peut-être par enregistrer au moins des extraits de cet opéra.
J'ai choisi de parler de George Antheil avant d'aborder Hanson, parce qu'il me semble jouer un rôle à la fois anecdotique dans la musique américaine et important dans l'évolution de la musique européenne. Plus ça va plus je crois que c'est finalement ce courant là des années 20 qui stimule mon imagination, le moment où les fêtard dansent sur le volcan, où la réalité mécaniste et industrielle pénètre vraiment tous les arts, avec une sauvagerie populaire qui disparait dans l'avant-guerre après l'écrasement des anarchistes espagnols. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Mer 27 Fév 2013 - 23:02 | |
| J'écoute ce disque, qui correspond à la dernière période d'Antheil, quand celui s'était assagi et composait essentiellement pour le cinéma. Ce ballet fut présenté à la télévision en décembre 1953, et enregistré quelques semaines plus tard pour Capitol, par Joseph Levine et un orchestre spécialiste de ce répertoire. Ce ballet, ici en version abrégée (environ 26 mn), se fonde sur une nouvelle d'Ernest Hemingway. L'argument est assez trivial voire cynique : l'intrigue se passe à Madrid. Un jeune homme prénommé Paco rêve de devenir torero, malgré la désillusion que lui tend le spectacle de son ami Enrique, caressant le même rêve mais devenu plongeur dans un bar. L'ambition de Paco se confronte au triste spectacle de trois toreros professionnels mais guère reluisants (un vaniteux, un tuberculeux, un couard). En simulant une corrida de pacotille, avec une chaise armée de couteaux en guise d'animal, Enrique tue accidentellement Paco. Musique teintée de folklore, celle d'une Espagne aussi fantasmée que factice, où un brio hollywoodien se mêle à un regard caustique. Capital of the World, ballet= Joseph Levine, Ballet Theatre Orchestra (Capitol, 8-9 juin 1954, New York) |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Mar 4 Mar 2014 - 0:38 | |
| J’ai écouté ce cd, qui présente des pièces pour piano composées entre 1919 et 1932 : On a donc les sonates. Sonates dans lesquelles il est difficile de s’y retrouver, entre parenthèses. Il y a deux numérotations, et elles ne sont pas numérotées dans l’ordre chronologique (comme Mossolov à la même époque). On a donc ici cinq sonates datant toutes du début des années 20 : la seconde ( The Airplane, 1921), la quatrième ( Jazz Sonata, 1922), la troisième ( Death of Machines, 1923), la première ? ( Sonate sauvage, 1923) et la cinquième ( Mechanistically, 1922–23). Manquerait donc une sixième, Woman Sonata, de 1923. Les autres (nº2, nº3 et nº4 ?) ne sont pas non plus présentes sur ce cd, parce que largement ultérieures. Ça tape, c’est violent, motorique, dissonant, etc. Avec des mélodies très claires et « américaines ». Très chouette, en fait, même si le mal de tête est quasi inévitable. Mais on se rend compte qu’il y a d’autres choses, que j’imagine plus rares, et qui sont fort intéressantes... et peut-être plus subtiles. C’est notamment le cas des Mechanisms de 1923 : /watch?v=ofgAoAzxxFo |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5981 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) Mar 27 Déc 2022 - 14:07 | |
| Rien à ajouter à ce que disait lulu, si ce n'est le verso et signaler à cette occasion Le Monde selon George AntheilFeldman, Cage, Beethoven et George Antheil (1900-1959) Joonas Ahonen, piano Patricia Kopatchinskaja, violon Cage présenta Antheil à Feldman, qui se lièrent d'amitié, correspondirent et partageaient une passion beethovénienne |
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| Sujet: Re: George ANTHEIL (1900-1959) | |
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| | | | George ANTHEIL (1900-1959) | |
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