Franz Schubert : Musique pour Piano

DavidLeMarrec a écrit:

j'ai tendance à penser qu'il vaut mieux décaler l'interprète par rapport au ton, mais c'est une constante chez moi, alors je suis définitivement de mauvais conseil.

Nous sommes deux.

Spiritus a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

j'ai tendance à penser qu'il vaut mieux décaler l'interprète par rapport au ton, mais c'est une constante chez moi, alors je suis définitivement de mauvais conseil.

Nous sommes deux.

Que de la gueule! Va donc écouter Immerseel dans Liszt et viens nous en parler après! On verra!

Effectivement Dalberto correspond plutôt bien à ce que je cherche. Je suis tombé sur Arrau, c'est majestueux mais il y a beaucoup trop de pédale.

Disons que chez moi, le décalage est un anachronisme futuriste exclusivement.

Tiens, ça me fait penser qu'on m'a prêté une intégrale de la musique pour piano par Schiff, le peu que j'ai entendu est joli, subtil, mais quand même très (trop) discret... pas vraiment de caractère (don je déconseille à Jorge ).
Quelqu'un a déjà écouté ça ?

Sinon dans les deux dernières sonates j'adore Sokolov, lui il est expressif

Wolferl a écrit:

Tiens, ça me fait penser qu'on m'a prêté une intégrale de la musique pour piano par Schiff, le peu que j'ai entendu est joli, subtil, mais quand même très (trop) discret... pas vraiment de caractère (donc je déconseille à Jorge ).
Quelqu'un a déjà écouté ça ?

Oui, c'est l'intégrale que j'ai en ce moment

Intimiste, un peu scolaire, pas de pédale... C'est pour ça que je cherche autre chose

Jorge a écrit:

trop de pédale

Jorge a écrit:

pas de pédale...

Qu'il est difficile

Entre une impression de clavier midi et un orgue, il y a quand même de la marge

Arrau dans Schubert c'est très spécial. Il a enregistré la deuxième série d'impromptus et d'autres choses à la toute fin de sa vie. On a en effet le sentiment que son pied reste collé à la pédale faute de mieux. Toutefois je trouve ces enregistrements très émouvants. Les accentuations dans le premier impromptu de la série sont tout à fait saisissantes...
Mais ce n'est pas très recommandable tout de même...

Spiritus a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

j'ai tendance à penser qu'il vaut mieux décaler l'interprète par rapport au ton, mais c'est une constante chez moi, alors je suis définitivement de mauvais conseil.

Nous sommes deux.

En effet.

Wolferl a écrit:

Tiens, ça me fait penser qu'on m'a prêté une intégrale de la musique pour piano par Schiff, le peu que j'ai entendu est joli, subtil, mais quand même très (trop) discret... pas vraiment de caractère (don je déconseille à Jorge ).

Effectivement, ça correspond à ce que j'ai écouté de Schiff. Je me souviens tout particulièrement de Gubaidulina étonnamment polissés.

DavidLeMarrec a écrit:

Sauron le Dispensateur a écrit:

Voyons Jorge... Marie-Jo est là pour Schubert!!!

C'est peut-être un peu délicat pour la demande de Jorge, non ? Cela dit, c'est bien sûr parfait de style ; dans le même genre, Planès est plus personnel, plus enthousiasmant - je trouve.

Je dis ça parce que Jorge aime beaucoup Pires je crois. Sinon le seul disque que j'ai entendu d'elle ne pas bcp enthousiasmer (ses Moments musicaux) en revanche j'ai été ébloui en concert par sa D. 960. Un de mes plus grands souvenirs musicaux tous concerts confondus.
Sinon pour Richter c'est précisément plutôt petit format (au niveau de la masse sonore) dans Schubert très lent mais plein d'humanité. Peut-être un rien trop théâtral quand même. Perso sa D. 960 me bouleverse absolument.
Pour Brendel je ne comprend vraiment pas ce qu'on lui reproche de chichiteux... mais bon...

Sauron le Dispensateur a écrit:

Pour Brendel je ne comprend vraiment pas ce qu'on lui reproche de chichiteux... mais bon...

Dans Schubert pas grand chose, c'est justement ce qu'il a fait de mieux, mais ses Mozart sont vraiment maniérés et... écoeurants.

(Brendel)
Je n'ai pas conservé d'enregistrement, mais si tu nous en passes un bout, je te dirai.

Richter, ce n'est tout de même pas une conception intimiste, dis-moi !

J'en ai entendu pour ma part d'excellents -en fait la 14 ème sonate- à la téloche... J'ai visionné cette vhs récemment d'ailleurs. C'était aussi épatant que dans mon souvenir.

DavidLeMarrec a écrit:

(Brendel)
Je n'ai pas conservé d'enregistrement, mais si tu nous en passes un bout, je te dirai.

Richter, ce n'est tout de même pas une conception intimiste, dis-moi !

Dans la D. 960 en live à Prague très intimiste oui...

Sauron le Dispensateur a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

(Brendel)
Je n'ai pas conservé d'enregistrement, mais si tu nous en passes un bout, je te dirai.

Richter, ce n'est tout de même pas une conception intimiste, dis-moi !

Dans la D. 960 en live à Prague très intimiste oui...

Ce n'était pas à celle-là que je pensais en effet.

Richter est extraordinaire là dedans, subtil, avec un son splendide, beaucoup d'élégance, jamais là moindre esbrouffe. Je pense que c'est son meilleur répertoire avec Beethoven et Liszt, Prokoviev, Debussy, Schumann.

Citation :

subtil, avec un son splendide, beaucoup d'élégance, jamais là moindre esbrouffe

Tout pareil... Ceci va évidemment à l'encontre de l'image de tapeur que peut avoir Richter par ailleurs... Tu as aussi les lives publiés par Praga?

J'ai des bidules Melodya, du Brillant repiqué chez Praga et du Philips frelaté. Du Richter quoi.

Clara Haskil vous botte-t-elle ?
J'ai sa D960, j'en suis dingue. D'une douceur, d'une simplicité...

Tiens je ne connais pas le Schubert de Haskil.

Sinon, pour les D. 959 et D. 960, je crois que Rudolf Serkin est mon préféré (plus encore que Richter, c'est dire) mais j'imagine qu'il a déjà été cité.

J'aime bien le Schubert d'Arrau, c'est très spécial, comme pâteux, lourd, mais fascinant. Les moments musicaux sont extraordinaires.

Richter dans la D 960 et D 958

On me l'a recommandé malgré la prise de son (qui moi ne me gêne pas, on a tellement vu pire avec Richter), je l'ai acheté.
Décidément, Richter est un génie dans Schubert.
Je ne le suis pas toujours dans l'extrême lenteur de la D 960, en revanche sa D 958 est un miracle, même en écoutant et en réécoutant, on n'arrive pas à comprendre comment Richter fait pour habiter de telle manière trois quatre notes qui se courent après: une concentration exceptionnelle.

donc l'integrale brendel 7cd, je peux foncer en fait ?parce que tout par petit bout, je vais avoir une tonne de doublon et ca va faire cher...
pour l'instant j'ai zaccharias, ca maque de vigueur, je ne sais pas si il y en a plus chez brendel cela dit...

Chez Brendel, il y a surtout plus d'huile.

Spoiler:

(Zacharias, c'est peut-être mou tout ce que tu voudras, mais ça a du style !)

sofro a écrit:

Décidément, Richter est un génie dans Schubert.

Oui, c'est peut-être même son meilleur répertoire, bien loin de l'image de pianiste virtuose histrionique qu'il véhicule.

Une façon unique de faire chanter le piano, et avec beaucoup de retenue.

Un peu contemplatif, peut-être.

Son meilleur répertoire c'est Pensée des Morts!

bon je vais tenter d'ecouter richter alors, j'adore ce pinaiste de toute facon..

Ce qu'il a fait de plus beau, c'est bien du Schubert, mais c'est pour Winterreise.

Oui, et tout le reste aussi. Seulement, c'est impossible de trouver autre chose que des petits bouts de Richter par ci par là, dans des enregistrements live parfois mauvais techniquement.

Alfred Brendel, c'est très bien, un peu sage mais très bien quand même.

Si tu les trouves en version économique, ses enregistrements récents (post -1985 en gros) sont plus intéressants que ses enregistrements de jeunesse, marqués par une imitation de Wilhelm Kempff-honnète homme à tout prix. Ensuite, Brendel a trouvé son identité, plus chaotique et intéressante (certains parlent de chichiteux, mais il ne faut pas les écouter) )

Morloch a écrit:

certains parlent de chichiteux

Mais je n'ai rien dit !

Juste raisonnablement suggéré...

Morloch a écrit:

Oui, et tout le reste aussi. Seulement, c'est impossible de trouver autre chose que des petits bouts de Richter par ci par là, dans des enregistrements live parfois mauvais techniquement.

Alfred Brendel, c'est très bien, un peu sage mais très bien quand même.

Si tu les trouves en version économique, ses enregistrements récents (post -1985 en gros) sont plus intéressants que ses enregistrements de jeunesse, marqués par une imitation de Wilhelm Kempff-honnète homme à tout prix. Ensuite, Brendel a trouvé son identité, plus chaotique et intéressante (certains parlent de chichiteux, mais il ne faut pas les écouter) )

effectivement, un petit tour sur amazon m'a fait constaté l'absence d'integrale richter..
bon pour brendel par contre, des versions 1987 et qques sont à ma mediatheque (7 cd) je vais voir ca
sinon pollini, plus vigoureux ?

J'adore Pollini dans Schubert ( il me semble que seules existent les trois dernières sonates) mais je suis à peu près seul au monde dans ce cas.

Par contre, une petite chose à conserver dans un coin de sa tête au sujet du piano de Schubert : lui-même haïssait les "grands pianistes" et préférait les interprètes sans prétention.

Probablement parce qu'il était considéré comme un médiocre?

Brendel est pourtant un grand pianiste, ne tend pas des perches comme ça...

parce qu'il détestait les effets au détriment de la sincérité.

Au risque de me répéter, pour une intégrale pas trop chère il y a toujours l'excellent Michel Dalberto (Denon/Brilliant, coffret 14 CDs). Pas le plus chantant ni le plus vertigineux, Dalberto n'en reste pas moins un pianiste profondément sincère, qui est devenu l'un des spécialistes les plus courus de Schubert grâce ses lectures racées, à la fois vives et fouillées.
Et les prises de son sont magnifiques, Denon oblige.

En tout cas, c'est à mon avis préférable à Brendel, même si je commence progressivement à la réhabiliter dans ce répertoire.

Richter bien sûr c'est génial dans Schubert mais il faut se méfier de certains concerts un peu trop "hors norme" (notamment ceux publiés par Brilliant). Là, rien qu'au niveau des tempi, Richter est parfois plus dans le domaine de la pure "réinvention".
Les bandes publiées par Olympia/Regis témoignent déjà de lectures plus naturelles.

Ecoutez Paul Coker... c'est génial de poésie et de profondeur. Il a un toucher tellement personnel.

Je reviens un instant à Pollini : sa D960 est rarement citée en référence, elle avait été fort bien accueillie à la fin des années 80 (avec les D 958 et 959, ainsi que l'allegretto D 915 et les klavierstücke D 946). Pour la D 960, il s'agit d'une splendide version, toute simple, qui ne sollicite pas le texte et fait donc très simplement passer cette "monotonie" schubertienne si poignante du 1er mvt . J'avoue beaucoup aimer le vertige que me procure Richter dans Schubert (surtout ses D 894, glacées, glaçantes) mais dans la 960, je le trouve (c'est mon ressenti en ce moment, cela peut changer...) un brin outré. Le 1er mvt, uniquement : il y perd de sa fluidité poignante et devient un peu "théâtral". Dans la catégorie lent, je trouve Yudina plus cohérente. il n'empêche que c'est intensément habité, mais j'ai l'impression parfois de plus entendre du Richter que du Schubert.
Sinon, je ne connaissais pas la D 960 jouée par Kempff. J'avais lu, ici ou là que kempff, dans les opus tardifs, c'était bof... Et bien pas du tout. Lui aussi va tout droit, poignant, espérant, dans la lumière et l'ombre. Et il fait danser le 4e mvt comme personne.

Morloch a écrit:

J'adore Pollini dans Schubert ( il me semble que seules existent les trois dernières sonates) mais je suis à peu près seul au monde dans ce cas.

Non, tu n'es pas le seul ! J'adore son enregistrement des dernières sonates et particulièrement de la D960. Son jeu s'éloigne de tout côté viennois au profit d'une grande tension et d'un grand dépouillement. C'est l'une des interprétations qui me fait le plus sentir la présence de la mort.

Enregistrés à l'aube de sa carrière, ces Schubert (sonate D664 et impromptus op.90) de Maria Grinberg sont bouleversants. Ils évoquent un peu l'Arrau de la fin, avec leur dépouillement morbide, leur absence d'effet, leurs sonorités travaillées. Une manipulation morbide du son (stéréo acceptable) incroyable, un climat hypnotique, tempos larges... avec au grand complet la palette de tout ce qu'il est possible techniquement d'entreprendre sur un piano, caractérisant les jeux de l'ère du grand piano russe: décalages, tenue de notes, accentuations, jeux de résonnance, accords brisés, polyphonie inédite, toujours un chant profond... Tout est signifiant et doté d'un poids considérable. Une simplicité et pourtant une ampleur... Les premières mesures du premier impromptu de l'opus 90 laissent baba. Quelques notes suffisent pour que tous les autres n'aient qu'à aller se coucher: comment peut-on mettre autant de sens dans si peu de notes ? Impressionnant...

Décidément: une pianiste méconnue de l'envergure de Richter...


(cela se commande sur le site japonais HMV testé également par Mariefran, livraison en quelques jours: étonnant ! Denon=reports excellents)

Oui, les reports Denon sont toujours d'excellente qualité. J'ai beaucoup aimé ce disque, moi aussi. Grinberg est une très grande, mais on ne l'a laissée sortir d'URSS que deux fois, je crois, ses enregistrements sont rares en Europe, heureusement que les Japonais ne s'y trompent pas, eux.

Jorge a écrit:

Quel pianiste pourrait me plaire dans les sonates de Schubert?

Sachant que je cherche toujours une sonorité opulente, sans trop de rubato mais lyrique. Ni la sécheresse d'un Serkin ou d'une Utchida, ni la timidité de Lupu. Du grand et large piano.

En écoutant ici ou là des extraits, Planes semble assez me correspondre. D'autres idées?

je suis dans la même problématique après avoir lu les 8 pages du fil. Complètement paumé. Je connais un peu le coffret de Radu Lupu, mais je cherche quelque chose comme toi, du grand et large piano...
je cherche un peu une intégrale, mais peut être faut il se concentrer sur les dernières sonates....avant la lecture du fil, j'hésitais entre Brendel (dont Diapason ce mois-ci conseille un coffret de 7 CDs) et Kempff dont la simplicité et la douceur peut faire merveille dans ce répertoire, mais me voilà hésitant maintenant entre Richter, Dalberto, Kempff, Brendel, et aussi Arrau... Aidez moi

La discographie de Richter semble un peu atomisé, vous avez cité plusieurs enregistrements, mais lequel est le plus intéressant pour la D959 et la D960 ?

Sinon, voici le coffret que Diapason conseille ce mois-ci :

En fait, la grande difficulté pour moi, qui commence seulement à aborder le répertoire du piano, c'est de savoir ce que j'aime et ce que je n'aime pas. Par exemple, Arrau ne me convainct pas toujours dans son intégrale Beethoven, mais je trouve ça fascinant également !!

Jorge a écrit:

Sachant que je cherche toujours une sonorité opulente, sans trop de rubato mais lyrique. Ni la sécheresse d'un Serkin ou d'une Utchida, ni la timidité de Lupu. Du grand et large piano.

Dans ce cas-là le moins cher: Zacharias, sonorité large sans être grasse, lecture pas chichiteuse ni brutale, techniquement irréprochable sans être démonstrative.

Je profite du message de sofro pour vous demander quelles sont vos interprétations préférées des impromptus...

Potrick a écrit:

Je profite du message de sofro pour vous demander quelles sont vos interprétations préférées des impromptus...

Maria Grinberg (op.90), Maria Yudina, Claudio Arrau, Edwin Fischer... mais uniquement pour les blasés et les dingues du piano: ceux qui ont une version "classique" dans l'oreille vont trouver ces versions-là dérangeantes.

Merci !

Moi je pense que je suis plutôt classique...

Tiens, y a moins de discussions pour les impromptus que pour les symphonies de Mozart !

C'est parce qu'il y a encore peu d'interprétations sur cymbalum, sans quoi ça ferait quarante pages.

Quelqu'un connait il les interprétations d'Andsnes des 3 dernieres sonates ? Merci...