Festival de Saintes 2007

Ceci débute le 11 juillet jusqu'au 22 je crois. Au programme, pas mal d'oeuvres symphoniques du grand répertoire, dont la 4 de Brahms, la 4 de Schumann et celle de Mahler, sous la direction de Philippe Herrweghe (orthographe pifométrique) avec l'Orchestre des Champs Elysées. Vu le prix des places, je n'irai pas tout voir, mais je me paierai quand même un ou deux de ces concerts. Quelques oeuvres de chambre aussi au programme, dont les sextuors de Brahms, et la Pastorale de Beethoven.

Je vous tiendrai au courant.

Bonne idée que ce fil.

J'ai repéré des choses sympathiques, notamment le récital d'ouverture de Carolyn Sampson (lieder, ce qui n'est pas son répertoire le plus courant). Et quel programme !
Brahms/Mendelssohn/Szymanowski/Britten/Poulenc !


Et plus encore le concert de clôture. Tenez-vous bien : le Quatuor Danel (ancien vainqueur à Evian-Bordeaux et spécialiste de la musique contemporaine, auteur entre autres de merveilleux Gounod) interprètera la Suite Lyrique de Berg avec la soprane Dorothee Mields.
Oui, vous avez bien lu, on a retrouvé une partie cachée ! Exécutée pour la première fois.

Saintes! Mais je suis dans le coin ( ) la semaine prochaine! Trop marrant! Je crois que j'irai y faire un tour!

Sauron le Dispensateur a écrit:

Saintes! Mais je suis dans le coin ( ) la semaine prochaine!

Tiens, je croyais que c'était cette semaine...

Citation :

Trop marrant! Je crois que j'irai y faire un tour!

Si tu me prends sur ton dos, je te suis.

Sauron le Dispensateur a écrit:

Saintes! Mais je suis dans le coin ( ) la semaine prochaine! Trop marrant! Je crois que j'irai y faire un tour!

Attention, le concert de clôture, c'est le 22...

J'y suis du 13 ou 19!

ça n'a pas l'air aussi réjouissant que vous le dites :

http://perso.orange.fr/jolly.joker/

Tant pis alors, tu te contenteras des Bruckner...

DavidLeMarrec a écrit:

Tant pis alors, tu te contenteras des Bruckner...

J'aime beaucoup Bruckner! Ils vont donner quoi?

Entre deux parties de bridge, ça donnera ça :

Festival de Saintes : Le programme

12 juillet
20h : Brahms, Mendelssohn, Szymanowski, Walton, Haydn – Sampson, Burnside


13 juillet
17h :Brahms, Borodine, Dvorak – JOA, Contratto
20h : La découverte de l'émerveillement – Huelgas ensemble, Van Nevel
22h30 : Beethoven, Schubert - Quatuor Salagon


14 juillet
12h30 : Bach, Buxtehude - Mields, Guillon, Mammel, Kooij, CVG, Herreweghe
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Andrassy Trio
20h : Purcell, Monteverdi, Berio, Les Beatles, Weill - Prometheus, Siebens


15 juillet
13h30 : Bach, Krebs, Mozart, Mendelssohn - Gratton
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Andrassy Trio
20h : Beethoven - Kopatchinskaia, OCE, Herreweghe en liste d'attente
22h30 : Berio in, Frescobaldi out - Schlimé


16 juillet
12h30 : Buxtehude, Bach - Mields, Guillon, Mammel, Kooij, CVG, Siebert
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Donum Musicum
20h : Schubert, Berg, Poulenc - Queyras, Tharaud
22h30 : Leclair, Rameau, Marais, Bach - Trio Hantaï


17 juillet
12h30 : Bach, Rameau - Guerrier
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Donum Musicum
20h : Soirée américaine à l'Abbaye aux Dames
- Un voyage américain – Chanticleer
Après le concert, soirée jazz New Orleans au bar des amis du festival, Pfister Sisters, jazz vocal


18 juillet
12h30 : Buxtehude, Bach - Fuoco e Cenere, CVG, Rademann
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Quatuor Kadenza
20h : Brahms - Ensemble Explorations, OCE, Herreweghe
22h30 : Janácek - Planès


19 juillet
17h : Place aux Jeunes Musiciens - Quatuor Kadenza
20h : Brahms - Ensemble Explorations, OCE, Herreweghe


20 juillet
12h30 : Buxtehude, Bach - Fuoco e Cenere, CVG, Suhubiette
17h : Schumann - Jeune Orchestre Atlantique, Levin
20h : Palestrina, Buxtehude - Collegium Vocale Gent, Rademann complet
22h30 : A la Bastarda - Frescobaldi, Corelli, Rognoni, Gabrielli, Cocset


21 juillet
12h30 : Bach - Mields, Le Concert Français, Hantaï
17h : Place aux Jeunes Musiciens - The Rubinstein players
20h : Brummel - Huelgas Ensemble, Van Nevel
22h30 : Webern, Prokofiev, Beethoven - Quatuor Danel


22 juillet
13h : Bach - Guillon, Mammel, Kooij, Le Concert Français, Hantaï
17h : Place aux jeunes musiciens - The Rubinstein players
20h : Berg, Mahler - Mields, Quatuor Danel, OCE, Herreweghe

Je suis à, Saintes ce week,je n'ai pas le détail du programme.Quelqu'un peut me dire,si la 4 de Mahler,et la pastorale se joue durant le weekend.
Merci.

Tu as le programme détaillé juste au-dessus!

J'ai été acheter mes billets : j'irai voir Schumann vendredi à 17h et Brahms jeudi à 20h.

L'un d'entre vous y sera ?

OK,Xavier,mais pour bethov,il y a plusieurs dates,ce qui m'interresse,c'est la pastorale.Je voulais savoir quel jour elle était jouée.
Mon post allait en ce sens.

Dimanche 15 à 20h. Mais il n'y a plus de place. J'ai essayé d'y aller aussi

Autant pour moi, je n'avais pas vu qu'il n'y avait pas le détail des oeuvres.

Oui, un peu mal fichu ce que j'ai affiché, le programme complet est ici :

http://www.abbayeauxdames.org/upload/1174467380/telecharge

Merci pour le lien.

La Pastorale en direct de Saintes demain soir sur France Musique.

Pour ceux que ça intéresse, je signale que Herreweghe joue remarquablement Beethoven. Huitième merveilleuse avec le Concertgebouw il y a quelques années.

De plus,je trouve la violoniste moldave sublime dans l'interprétation.

J'ai trouvé le son de son violon aigre et pas emballant, un deuxième mouvement ennuyeux... Bof !

Mais je n'ai pas eu le temps d'écouter la 6°.

Je l'ai trouvée excellente dans son interprétation de la "pastorale".
Mais là encore,je ne suis pas musicien.

Eh oui ! C'était hier soir que j'ai assisté à rien de moins que le premier concert de ma vie, dans le cadre du festival de Saintes (dans l'ouest de l'Hexagone) où je me suis payé deux places. Le programme était allemand : Brahms, Brahms et Brahms. Un sextuor et une symphonie. Le tout commençait à 20h, dans une superbe abbaye très connue des touristes et des mélomanes, puisqu'elle acceuille chaque été depuis longtemps ce festival de musique classique qui mêle répertoire romantique et contemporain, et dont le protagoniste principal est l'Orchestre des Champs Elysées placé sous la direction de Philippe Herrweghe, qui dirigeait justement la 4e symphonie de Brahms hier soir. Mais avant ça, il fallait se taper le sextuor, ce qui, comme je ne suis pas fan de musique de chambre, n'a pas été une partie de plaisir dionysiaque intense.

Les solistes du sextuor faisaient partie d'un ensemble européen, dénommé Ensemble Explorations. Ils ont joué avec engagement et un certain enthousiasme, visible sur les visages, cette pièce de Brahms qui contenait de jolis passages mais n'a pas réussi à m'éviter l'ennui que j'éprouve toujours devant de la musique de chambre. Au moins les concertistes étaient-ils sympathiques, si j'excepte la monstrueuse veste en tweed à carreaux que la seconde violoniste avait sur le dos, d'autant plus remarquable que tous les autres musiciens étaient en noir.

Une fois ce moment... long passé, et après une entracte qui m'a permis de me vider la cervelle de ces relents chambristes, nous sommes passés à la 4e symphonie, l'une de mes oeuvres préférées du moment. L'Orchestre des Champs-Elysées, malgré des dimensions réduites (60 musiciens tout au plus), sonne comme une phalange symphonique plus développée, particulièrement du côté des puissantes cordes. Herrweghe dirige sans baguette, et bat bêtement la mesure de ses deux bras, tel une sorte de métronome humain, non sans toutefois sourire à ses violonistes, disposés à la Kubelik de part et d'autre de lui. Si vous voulez mon avis, cette disposition qui relègue les violoncelles/ contrebasses tout au fond à l'extrême gauche n'est pas idéale pour Brahms, qui, plus que du dialogue entre pupitres, requiert une certaine masse dans les cordes que la division des violons ne permet pas. Si je revois Herrweghe, je lui dirai. Mais hier soir, il n'avait pas le temps, ni l'envie, je crois...

Bref. Dès le premier mouvement, la prestation m'a séduit. Bien sûr, je suis accoutumé à écouter, les pieds dans mes pantoufles, Jochum, Karajan, Klemperer et compagnie, ce qui fait que l'interprétation de Herrweghe m'a paru discutable. Toutefois, indéniablement, c'était bien. Le tempo était sûrement un peu rapide (c'est ce que je pense toujours.... ), le rubato inexistant un peu décevant, et malgré de beaux contrastes, le drame brahmsien a été mieux rendu ailleurs. Mais Herrweghe, chef aguerri, a le sens du rythme, du phrasé et du contraste. Ce qui est dommage, c'est que dans l'acoustique de l'abbaye, les cuivres étaient extrêmement envahissants, et j'ai la vilaine impression que les violons sonnaient faux (un huitième de ton au dessus...). Mais les cordes étaient bien brahmsiennes : Herrweghe leur a insufflé cette plasticité, ce son un peu lourd propre au compositeur hambourgeois. Le deuxième mouvement était le moins convaincant de tous, ce qui n'est pas bien grave vu l'indéniable qualité de l'ensemble. J'ai tout de même trouvé que les cors faisaient très caserne et que le tempo était encore trop rapide. Cela manquait un peu de poésie et de tristesse. Rien à dire par contre pour l'Allegro giocoso, dans lequel Herrweghe déploie ses forces avec sagacité. Le finale, très difficile à interpréter, m'a semblé très convaincant, surtout les premières mesures que même Karajan n'a pas réussi comme ça. Globalement une souriante réussite.

A la fin du concert, je suis allé serrer la main de tous les musiciens, même la gentille timblalière, qui ne doit pas être habituée aux compliments tant elle m'a semblé étonnée de mon intervention. J'ai brièvement causé au chef, que j'ai complimenté pour sa brillante intution brahmsienne, mais auquel j'ai aussi signalé que les cuivres auraient mieux fait de se faire plus discrets. Il m'a dit qu'il déplorait aussi de ne pas avoir parfaitement dosé l'équilibre des pupitres. Gentil, ce gars-là. Je le reverrai bientôt.

Bref, un premier concert enthousiasmant. Même si après le terrible Allegro giocoso, j'ai eu la tête comme un carton, et je n'ai pu dormir qu'à l'aide de deux aspirines... j'espère que ça ne me fera pas le coup à chaque fois !

A 17h cette après-midi, autre concert, Schumann cette fois, dans l'abbaye aussi. Si ma tête me le permet, je vous le raconterai.

(ce texte est destiné à un quebecquois mais j'ai la flemme d'en écrire un autre pour ici)

ah, si tu commences à aimer Herreweghe, c'est le début de a fin

Spiritus a écrit:

C'était hier soir que j'ai assisté à rien de moins que le premier concert de ma vie

Ah oui quand même!

Quelque part je trouve ça étonnant d'avoir autant d'idées sur l'interprétation sans avoir jamais assisté à un concert!

Morloch n'aime pas Herreweghe? (c'est son droit, après tout)

felyrops a écrit:

Morloch n'aime pas Herreweghe? (c'est son droit, après tout)

Sisi j'aime beaucoup Herreweghe, mais je pensais qu'il ne correspondait pas aux critères Spritistes.

C'est la dernière étape avant de devenir fan de René Jacobs et William Christie...

Xavier a écrit:

Spiritus a écrit:

C'était hier soir que j'ai assisté à rien de moins que le premier concert de ma vie

Ah oui quand même!

Quelque part je trouve ça étonnant d'avoir autant d'idées sur l'interprétation sans avoir jamais assisté à un concert!

Et les disques, ça sert à quoi ? ^^

Si si j'ai plutôt bien aimé, franchement, avec quelques réserves tout de même. Je suis sûr qu'en CD je l'aurai demonté, mais in vivo c'est autre chose.

Et René Jacobs, je le zutte !

EDIT : il est exact que mon opinion est biaisée par le fait que je n'ai aucun réel point de comparaison en live.

Mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir découvert la musique il y a longtemps...

Je savais qu'on t'aurait ! Mais peut-être pas si vite.

Attention, le monde va s'effondrer pour toi :















L'Orchestre des Champs-Elysées joue exclusivement sur instruments d'époque.

donc ils jouent la 4ème de Brahms sur des instruments du 18è?
logique imparable!
j'espère qu'ils ont rajouté un continuo pour faire plus authentique
cordes grêles et cuivres criards, tout s'explique...

sud273 a écrit:

donc ils jouent la 4ème de Brahms sur des instruments du 18è?

Peut-être bien du XIXe, pourquoi veux-tu ?

De toute façon, les instrumentistes chez Brahms ne jouaient probablement pas sur des violons de 1850...

Et quand tu écoutes Vienne, ce ne sont pas ce qu'on peut appeler des binious récents.

Encore une fois, l'intérêt réside surtout dans les modes de jeu.

Et voilà ! les cuivres de caserne et les violons qui sonnent faux !

j'ai compris

Je croyais que tu avais trouvé ce concert remarquable ?

Heureusement que tu n'as pas lu la brochure, ça t'aurait gâché ton plaisir...

Je crois que la nature idéologique et infondée de ce type de rejet monolithique est prouvée, par toi tout seul.

Que puis-je répondre pour ma défense ?

Que j'ai bien précisé dans mon premier post sur ce concert que j'avais trouvé les instruments pas géniaux... et puis les instruments "d'époque" 19e sont sûrement moins moches que les 18e... et puis...

et puis tu as raison en effet

il avait bien signalé les défauts dès le début...

Alors comme ça Spiritus, tu n'aimes pas la musique de chambre?
Pourtant les sextuors de Brahms sont passionnants, à l'inverse de ses ennuyeux insignifiants quatuors?

En tout cas merci pour ce beau compte rendu. Je ne raffole ni de Brahms ni de Herreweghe, mais plus de ton billet. On veut les suivants !

J'attendais perfidement d'avoir ratatiné Spiritus, mais à présent que c'est chose faite, oui, tout à fait, son compte-rendu est vraiment évocateur, on en reprendra volontiers.

Tu crois qu'il respire encore ?

oui ^^

merci

Je viens d'assister au concert Schumann et je vais vous rédiger mon compte rendu.

Parfait j'aime pas Schumann.

Tu n'aimais pas Brahms non plus.

et quant à moi je me demande si je ne préfère pas Brahms à Schumann (Konzertstücke exceptés)

Oh, tout de même, Sud, les Märchenerzählungen et les Scènes de Faust, rien que ça...

eh oui les scènes de contes de fée, un vrai chef d'oeuvre, les grands lieder "Schöne wiege meiner Leiden" et tout ça, mais pareil chez Brahms les quintettes, les trios, les concertos pour piano et le double concerto: non vraiment je ne vois pas lequel je préfère à l'autre.
Est-ce que je préfère Max Reger à Ferrucio Busoni? Franz Schmidt à Joseph Marx? tant de questions existentielles insolubles dans la musique romantique allemande!

sud273 a écrit:

eh oui les scènes de contes de fée, un vrai chef d'oeuvre, les grands lieder "Schöne wiege meiner Leiden" et tout ça, mais pareil chez Brahms les quintettes, les trios, les concertos pour piano et le double concerto: non vraiment je ne vois pas lequel je préfère à l'autre.
Est-ce que je préfère Max Reger à Ferrucio Busoni? Franz Schmidt à Joseph Marx? tant de questions existentielles insolubles dans la musique romantique allemande!

Pour Schmidt/Marx, la question est vite réglée pour moi. Ensuite, Reger/Busoni, c'est si différent !

Je suis tombé fou des lieder de Reger, qui sont avec les Alma et les Chouchou le corpus qui me touche le plus. Les choeurs, les lieder de la Passion (avec orgue) sont sublimes.
En revanche, l'oeuvre orchestrale est à la fois plus sévère, plus dégoulinante et plus terne. Un peu comme s'il avait orchestré brutalement un lied - ça ne suffit pas !

Côté Busoni, il y a bien sûr Doktor Faust, à la fois si difficile à ingurgiter et si admirable ! Pareil, la musique symphonique ne m'emplit pas de la même aise.

Donc je pencherais plutôt du côté regerien, manifestement, mais les deux ne sont vraiment pas comparables.


Je pense que pour Schumann/Brahms, la question est plus facile à régler pour moi qui suis très sensible à la musique vocale et à Kurtág. Mais très étrangement, je me suis lassé des lieder de Schumann, où le traitement textuel est très global, traité d'une pièce, une saynète brève.

Moins de 24h après ma première présence dans une salle de concert en tant que spectateur, me voilà déjà de retour à l'Abbaye aux Dames de Saintes pour une nouvelle prestation dans le bon répertoire romantique que j'affectionne. Au programme d'aujourd'hui 17h : Schumann, l'un de mes favoris du moment, dans la 4e symphonie et le concerto pour piano (op.54, non numéroté). J'ai pu retrouver ma place d'hier, qui est la meilleure de tout l'auditoire, surplombant la scène et permettant une remarquable vue d'ensemble. De plus, j'étais de bonne humeur et tout s'annonçait bien.

A moi qui suis toujours réticent aux ensembles contemporains, car j'ai été élevé dans la tradition des phalanges austro-allemandes et des chefs libres et wagnériens, les interprètes avaient tout de même de quoi m'inspirer une certaine méfiance. Le chef et le pianiste ne faisaient qu'un, en la personne de Robert Levin, musicien britannique inconnu de la plupart des spectateurs de la salle et sans doute de la plupart des mélomanes tout court. Déjà, cette unicité du soliste et du chef ne me donnait pas confiance : souvent, l'expérience m'a montré que dans les concertos où le soliste dirige, la direction est bâclée, ce qui semble compréhensible vu la difficulté que représente déjà le rôle de soliste. De plus, l'orchestre, bien que renommé dans l'Hexagone puisqu'il s'agit du Jeune Orchestre Atlantique (étrangement, cet ensemble est d'ailleurs constitué à plus de 80 % de musiciens d'outre-Manche), joue exclusivement sur instruments anciens. Même si je tolère tout à fait la plupart des lectures baroqueuses, je dois dire que j'ai beaucoup du mal avec ces instruments, qui, même s'ils ont le mérite de renouveler la sonorité des orchestres contemporains, m'agressent tout de même un peu trop les oreilles, surtout du côté des cuivres.

De fait, j'avais un peu peur d'être déçu, ou du moins je ne m'attendais pas à vivre une expérience inoubliable. La première partie du concert m'a donc d'autant plus agréablement surpris que je pensais être déçu. En effet, malgré les instruments d'époque (qui augmentaient la probabilité que ça ne me satisfît pas), j'ai été ravi par l'excellente interprétation du concerto pour piano. Bien sûr, ce ne sont pas les défauts qui manquaient : les timbales étaient bruyantes, les tempi beaucoup trop rapides, et surtout, le piano employé par Levin, un petit pianoforte d'époque, ne convenait pas du tout pour une telle salle de concert. Etant placé devant, j'ai pu apprécier la belle sonorité de l'instrument, mais je pense qu'elle a dû échapper aux malheureux qui se trouvaient au fond! En effet, le piano manquait singulièrement de puissance. Le jeu de Levin, par contre, était d'une finesse et d'une énergie à couper le souffle. Et les interventions en tutti de l'orchestre furent d'un enthousiasme, d'une poigne qui me semblent irrésistibles. Bien sûr, tout cela aurait été bien préférable avec des tempi plus raisonnables et des instruments modernes (bien que j'ai révisé mon opinion sur les baroqueux, mon oreille ne peut s'empêcher de trouver le son de ces vieilleries aigrelet), mais j'ai assisté à une lecture décoiffante de ce concerto qui me semble très bien convenir. Il faut dire aussi que ce n'est pas une oeuvre que je possède en beaucoup d'interprétations différentes, ce qui ne me laisse beaucoup la possibilité de faire le difficile. Mais j'ai été réellement séduit.

Du coup, je partais avec des a priori plutôt positifs sur la belle 4e symphonie qui suivait. Je ne peux pas dire que j'ai été déçu. Simplement... bof, cela m'a semblé beaucoup moins convaincant que le concerto. Bien sûr, il y a déjà les choix de tempo, très handicapants : la Romance est prise tellement vite que le solo du violon semble impossible à réaliser ! et du coup, les contrastes de tempo qui me semblent nécessaires au dramatisme de cette pièce sont considérablement gommés par la rapidité constante du chef. Mais s'il n'y avait que le tempo... L'équilibre orchestral m'a semblé tout aussi douteux. Une nouvelle fois, la faute en incombe aux cuivres, trop forts, envahissants, tellement accapareurs de l'espace sonore que les bois disparaissent complètement. Je peux dire en toute sincérité qu'aucune fois dans l'oeuvre, je n'ai entendu un pupitre des bois! Par contre, les cordes se défendent bien. Quant aux timbales, c'est le défaut habituel des orchestres baroqueux : elles se font beaucoup trop remarquer.

Donc le tempo ne me plaisait pas et l'équilibre des parties m'a semblé inexistant. Mais je ne vais pas m'arrêter là : je dois dire que le phrasé m'a également semblé très faiblard. Les détails approximatifs, les pains et les vilaines fluctuations dans les attaques (les appels de cuivres au début du développement de l'Allegro du premier mouvement), se sont multipliés au point que l'orchestre ne m'a pas du tout semblé au clair avec cette oeuvre certes difficile, mais pas impossible non plus à interpréter. Certes, je n'étais pas en présence d'une philharmonie mondialement réputée, mais je m'attendais tout de même à plus de précision, d'équilibre, de maîtrise, surtout au vu de l'honorable prestation des instrumentistes dans le concerto précédant.

Mais si cette lecture ne restera pas dans les mémoires, il n'en demeure pas moins qu'elle était pleine d'un enthousiasme communicatif, et la sympathie qu'inspirait le chef a permis de ménager l'auditoire, qui est sorti très satisfait (je dois cependant dire que j'ai parlé à une dizaine de personnes, qui m'ont toutes dit qu'elles avaient trouvé ça impressionnant dans les tempi mais manquant beaucoup d'expressivité).

Il est sûrement vrai que cette 4e n'avait rien d'amoureux, de passionné ; la romance n'était en aucun cas une lyrique élégie pleine de sentiments contrastés. Mais personne n'est parfait, non ? On ne peut pas tout avoir. De plus, le chef, à qui je suis allé baratiner mon anglais douteux à la fin du concert (that was wonderful, Sir, but I think your tempi are too fast!), m'a paru être un personnage attachant, affable et plein d'humour.

Dimanche, je rempile à nouveau pour la 4e de Mahler par mon ami Herreweghe. Je vous en toucherai mot.

vivement Dimanche, enfin un vrai programme, et là pour le cou avec Herreweghe, ça risque d'être intéressant puisque la 4ème est au fond une petite symphonie de chambre, avec berceuse finale...

Si je puis me permettre, ton compte rendu est remarquablement écrit, (j'admire la syntaxe et l'imparfait du subjonctif, même si une relecture peut remédier à quelques concordances relâchées) mais tu y fais trop de concessions au public destiné à te lire, tu es trop conciliant: pour faire entendre un point de vue, il importe d'exagérer.

Sur le fond, ce n'est peut-être pas mal d'entendre la 4ème de Schumann dans une orchestration désincarnée: c'est mal fichu de toute façon, et autant que ça passe vite.
Le concerto, bof, difficile de le rater, difficile aussi de le faire tenir debout (ce n'est malheureusement pas du niveau du dernier Schumann à l'asile, de l'autre concerto si on peut appeler comme ça les pièces disparates avec petit ensemble, et surtout du concerto pour cello)

Trop de concessions ? Je parie que tu voulais que je crache plus fort sur les instruments baroqueux !

J'adore ta critique de Schumann, j'ai éclaté de rire en la lisant. Mais si tu publiais ça, tu te ferais remballer très vite

Et oui, vivement dimanche, ça va être génial !

Spiritus a écrit:

Trop de concessions ? Je parie que tu voulais que je crache plus fort sur les instruments baroqueux !

C'est clair, non ?