Strauss - 4 derniers lieder

Pour reprendre sur le sujet :
J'ai la version Karajan/Janowitz, je trouve ça assez époustouflant.
Je ne peux que reprendre l'expression de David en début de topic, qui traduit complètement ma pensée : un cristal doré qui plane, presque magique, sur la masse orchestral...
Effectivement c'est magique, on entend les harmonies changer avec un comme si on avançait d'un pas lent et feutré, ou plus précisément comme si on volait dans du coton...
La voix, la voix... je dirais qu'on dirait qu'elle est faite pour ces oeuvres! C'est plein de passion sans être excessif, c'est doux, c'est beau.
C'est vraiment magnifique, et les deux autres oeuvres du cd, Mort et Transfiguration, et Métamorphose, sont aussi bien réussies!
Je conseille ce cd

Oui Janowitz est merveilleuse et que dire de l'accompagnement de Karajan, beaucoup plus intéressant que Szell ou quiconque.

Parlant d'une comparaison avec Schwarzkopf, quand j'entends Janowitz dans ce cycle, je pense immédiatement à la jeune fille-fleur qu'elle avait chantée, dans Parsifal, sous la direction de Knappertbusch (version Philips). Frèle, cristalline, et très jeune.

Trop habitués à des versions avec des chanteuses matures, comme Schwarzkopf, nous oublions que Strauss avait probablement pensé la partition pour une voix «jeune». C'est un peu, à mon sens, un hommage aux femmes et aux chanteuses qu'il a pu aimer et admirer pendant toute sa carrière. Enfin, c'est ma perception quand j'entends Janowitz!

Et Térésa Stich-Randall, une des voix idéales pour ces lieders...il semble qu'un enregistrement existe?
Peut être l'avez vous entendu un de ces matin sur France musique dans un enregistrement de Radio Suisse Romande (qui hélas n'est pas disponible,dixit le chroniqueur) datant de 1961 et dirigé par Ansermet!

Nando a écrit:

Et Térésa Stich-Randall, une des voix idéales pour ces lieders...il semble qu'un enregistrement existe?

Oui, David en a parlé en première page.

Xavier a écrit:

Nando a écrit:

Et Térésa Stich-Randall, une des voix idéales pour ces lieders...il semble qu'un enregistrement existe?

Oui, David en a parlé en première page.

Il existe...mais est il disponible c'est autre chose!! je ne le trouve pas!

Très existantialiste, ce questionnement. Shakespeare, lui, aurait dit : «Être ou ne pas être au catalogue, telle est la question!

Oui, ça fait peuple quand même.

vartan a écrit:

Oui, ça fait peuple quand même.

Oups, «faire peuple»? Ici, j'entends jamais cette expression...

C'est à dire roturier ou bas-peuple. C'est ironique, hein ?

Ma version a été commandée en Allemagne il n'y a pas si longtemps. Jpc, sans doute.

DavidLeMarrec a écrit:

Ma version a été commandée en Allemagne il n'y a pas si longtemps. Jpc, sans doute.

Veinard! ..chez Jpc lorsqu'on propose R Strauss et Teresa ST;;il ne sort que 3 cd du Chevalier à la Rose!?

J'ai enfin écouté l'interprétation de Stemme/Pappano.

Sa voix me satisfait mieux que celle de Janowitz que je trouve trop cristalline et vrille tympan pour moi. Il y a plus de corps ici, moins de finesse sans doute, sans l'épaisseur du timbre et les feulements de Normann. Assurément une magnifique interprétation, très viennoise, un orchestre "struddel", une voix ronde et voluptueuse, une direction sensuelle qui m'évoque celle de Solti (parfois un peu lourde quand même), l'intériorité en plus qu'apporte Pappano (Im Abendrot). Une très grande version qui me ravit !

Mes deux dernières découvertes pour cette oeuvre;
- Schwarzkopf en concert avec Karajan, très rapide, tendu, mais avec toujours cette richesse d'interprétation (articulation, couleurs, phrasés) incomparables, même si on peut ne pas aimer; je trouve pour ma part cela fort beau et émouvant;
- Sylvia Sass, en difficulté évidente (les aigus dans le premier sont assez terribles...), se réfugiant dans une intériorité où disparaissent même les mots. L'orchestre suit,ça donne une version comme rêveuse et .... fredonnée parfois. Mais cette sacrée artiste fait passer le frisson plus d'une fois.

Je reste fidèle à Popp/Tennstedt.... de toute façon.

Personne ne parle de la version Norman/Celibidache avec un "im abendrot" capiteux et délétère…
De plus Céli ne ralenti pas pour une fois, il ne met que 9 minutes au chrono…

Tu peux me donner les références du Celi/Norman ?

Abbado67 a écrit:

Tu peux me donner les références du Celi/Norman ?

->

Celi / Norman

Pas enthousiasmant.
Je n'avais jamais entendu la célèbre direction du maestro. Conforme à ce qu'on en dit je trouve. On ne peut pas dire que c'est mou, malgré la lenteur c'est bien tenu. Mais il a l'air tellement perdu dans ses pensées qu'on ne sait pas ce qu'il veut nous dire. C'est terriblement contemplatif, une séance de prière zen. C'est gentil mais ça désamorce quand même la pointe de tension mélancolique nécessaire à mon avis au plaisir d'écoute de ces lieder.
Norman n'est pas en très grande forme je trouve, timbre un peu métallique parfois, un engagement qui fait défaut. Elle finit par être molle.

Oui, on entre ou pas dans sa conception, s'il y a communion c'est magique (sa sixième de tchaikovsky par exemple) et si cela rate on s'énerve (la quatrième du même).

Mon problème c'est que j'aime beaucoup plus Norman avec Masur l'année d'après. (1983)

vartan a écrit:

Mon problème c'est que j'aime beaucoup plus Norman avec Masur l'année d'après. (1983)

De plus ici la prise de son n'aide pas… Mais je ne connais pas la version masur.

Je suis en train de me passer en boucle le cd des 4 derniers lieders par Karajan et Janowitz : accompagnement bouleversant et voix aérienne, pure et cristaline suspendue dans les airs comme par magie. J'avais beaucoup aimé Janowitz dans Mozart, je l'aime encore plus dans ces lieders.

Havrais a écrit:

Je suis en train de me passer en boucle le cd des 4 derniers lieders par Karajan et Janowitz : accompagnement bouleversant et voix aérienne, pure et cristaline suspendue dans les airs comme par magie. J'avais beaucoup aimé Janowitz dans Mozart, je l'aime encore plus dans ces lieders.

Je trouve cette version magnifique!
Quand Janowitz chante, j'en ai des frissons!! Bouleversant.

Une très belle version Schwartzkopf/Karajan en streaming sur Opera Today

http://www.operatoday.com/content/2006/12/strauss_vier_le_1.php

Merci pour le lien Morloch, c'est très beau !

Par contre je comprends pas pourquoi Karajan va à fond la caisse pendant l'intro d'Im Abendrot, alors qu'il ralentit le tempo ensuite (c'est la même chose avec Janowitz). Qu'on laisse un peu respirer cette longue et très belle mélodie !

Bart Simpson a écrit:

Merci pour le lien Morloch, c'est très beau !

Par contre je comprends pas pourquoi Karajan va à fond la caisse pendant l'intro d'Im Abendrot, alors qu'il ralentit le tempo ensuite (c'est la même chose avec Janowitz). Qu'on laisse un peu respirer cette longue et très belle mélodie !

Ici c'est plus rapide qu'avec Janowitz (que je préfère d'ailleurs )

C'est vrai, mais c'est déjà trop rapide à mon goût.

C'est toujours mieux qu'Ackermann, mais ça reste redoutablement chichiteux, cette version Karajan. Schwarzie là-dedans, vraiment, je n'en raffole pas, elle est suffisamment sophistiquée comme ça.

je reécoute la version Karajan / Janowitz. A force d'avoir entendu Nina Stemme et son chant très "brut de décoffrage", je trouve Gundula très maniérée et totalement incompréhensible...

Mon Dieu, j'ai du plus en plus mauvais goût...

Non, c'est bien.

Je crois que j'aurais du mal à dire si je préfère Janowitz, Norman, Stemme ou Popp...

Morloch a écrit:

je trouve Gundula très maniérée et totalement incompréhensible...

C'est vrai que très franchement, on ne comprend pas très bien ce qu'elle dit ; mais maniérée, je ne dirais pas... éthéré, plutôt.

Xavier a écrit:

Je crois que j'aurais du mal à dire si je préfère Janowitz, Norman, Stemme ou Popp...

Pour moi, la réponse est claire : Grümmer.

Mais Stich-Randall ou Janowitz (et même Norman), c'est très bien aussi.

Stemme, c'est un cran en-dessous pour moi, la voix n'a pas de charme particulier, et le sens du texte est ici un peu lointain. Mais c'est peut-être ma version préférée, à cause de l'orchestre que j'ai totalement redécouvert ici. Pappano est le meilleur.

Morloch a écrit:

je reécoute la version Karajan / Janowitz. A force d'avoir entendu Nina Stemme et son chant très "brut de décoffrage", je trouve Gundula très maniérée et totalement incompréhensible...

Mon Dieu, j'ai du plus en plus mauvais goût...

Incompréhensible, c'est vrai, sa diction n'est pas toujours très nette, et surtout ses harmoniques aiguës vampirisent ses consonnes... Mais les versions avec une bonne diction, il n'y en a pas : non seulement ce n'est pas écrit pour (et c'est très difficile à faire), mais de surcroît ça n'a aucun intérêt vu la mise en musique très indépendante (et la qualité des poèmes de Hesse...).

Bref, on s'en fiche.

Je suis d'accord, c'est pour ça que ce défaut ne me dérange pas chez Janowitz, qui donne quelque chose de surnaturel ici.
C'est froid, et pourtant j'ai l'impression qu'il est difficile d'y être tout à fait insensible.

Je n'osais le réécrire, dans ces pages, son timbre refroidit cruellement une poésie déjà crépusculaire.

Spiritus a écrit:

Morloch a écrit:

je trouve Gundula très maniérée et totalement incompréhensible...

C'est vrai que très franchement, on ne comprend pas très bien ce qu'elle dit ; mais maniérée, je ne dirais pas... éthéré, plutôt.

Oui mais ce n'est pas très grave, face à un orchestre aussi rutilant et un chef aussi prestigieux, on ne pense plus aux petits défauts annexes...

[Ceci est un piège tendu à Spiritus, profitant lâchement de son jeune âge]



Ethérée, extatique, cosmique... en plus un timbre de voix émouvant, plein de féminité...

Vous n'avez pas l'impression de faire un tout petit peu les fines bouches, Messieurs ?


EDIT : Alerte rouge ! J'ai émis simultanément le même avis que Sofro. Branle-bas de combat, il faut trouver une issue, éviter ça à tout prix !

Je suis en train d'écouter Norman/Masur...

Pour du Masur, l'accompagnement est bien moelleux, pas terne du tout(tout ce que j'ai écouté de ce gars jusqu'ici était terne), sans le raffinement de Karajan, évidemment. Le timbre de Norman est beau, émouvant, engagée, sans la froideur irréelle de Janowitz, mais au contraire d'une bouleversante humanité.

Ca confirme en tous cas une chose : voilà bien mon oeuvre préférée du moment toutes catégories.

C'est bien, c'est bien... On commence à te ramener vers les contrées du dégoulinage de bon goût. Ouf, c'est qu'il aura fallu tirer sur cette corde !

Ne dis pas ça trop vite, ça peut produire des effets indésirables.

Et Elgar.

Je connais pas Norman.

Je sais pas si dans ta bouche, "froideur irréelle" est une critique, mais pour moi dans ce cas là et pour Janowitz c'est un compliment. J'adore ses Lieders

C'est un compliment. Ce que je voulais dire, c'est que Janowitz est vraiment supraterrestre, venue de l'au-delà, avec une voix qui survole tout l'orchestre et s'épanouit dans les éthers presque sans vibrato. Je les adore aussi.

Spiritus a écrit:

C'est un compliment. Ce que je voulais dire, c'est que Janowitz est vraiment supraterrestre, venue de l'au-delà, avec une voix qui survole tout l'orchestre et s'épanouit dans les éthers presque sans vibrato. Je les adore aussi.

Oui il y a un côté Ondes Martenot.

Spiritus a écrit:

C'est un compliment. Ce que je voulais dire, c'est que Janowitz est vraiment supraterrestre, venue de l'au-delà, avec une voix qui survole tout l'orchestre et s'épanouit dans les éthers presque sans vibrato. Je les adore aussi.

Pourtant, Janowitz a un vibrato très audible (très serré).

Très audible mais très discret, voire même un peu inexistant sur certains passages, j'ai trouvé...