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| Herbert von Karajan | |
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Auteur | Message |
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fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 20 Nov 2013 - 19:08 | |
| - André a écrit:
- (...) "sans reprise".
C'était une de ses grandes qualités. Böhm, Szell, Reiner, Monteux et tout un tas d'autres ne s'encombraient pas de répéter pour le plaisir de répéter. La question des reprises est HS ici, mais à ce chapitre je trouve les choix de Karajan exemplaires. Question HS ? Non, à mon sens. C'était une des spécificités de son "artistry" et, compte-tenu de sa longévité discographique, il eut pu évoluer. Certes Böhm et Reiner (tout comme Bruno Walter) et quasiment tous les chefs de ces générations (Pourquoi ?) n'ont quasiment jamais fait les reprises mais Monteux et Szell ont différemment œuvré. Puis rappeler à ton état de discophile que Monteux a effectué la reprise du 1er mouvement de la 2ème symphonie de Brahms dans les enregistrements qu'il a fait à Londres et à Vienne et que Szell a "inventé" une reprise dans la symphonie "Haffner", reprise que Mozart n'a pas écrite ? Plus sérieusement, quand un compositeur comme Brahms écrit quelques mesures, comme il le fait dans les premiers mouvements de ses 2ème et 3ème symphonies, pour amener la reprise de l'exposition, il me semble que le chef doit impérativement suivre les indications du compositeur et effectuer les reprises. Et cela est valable de Haydn à Brahms ! Il ne s'agit pas de "répéter" mais de transmettre ce qu'a écrit le compositeur. |
| | | Hippolyte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3084 Localisation : Paris Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 20 Nov 2013 - 19:13 | |
| Moi non plus je ne vois vraiment pas de débâcles chez Karajan. Pourrais-tu en citer quelques-une pour voir ? |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 20 Nov 2013 - 19:54 | |
| - Hippolyte a écrit:
- Moi non plus je ne vois vraiment pas de débâcles chez Karajan. Pourrais-tu en citer quelques-une pour voir ?
D'abord, j'ai retiré le mot "débâcle" et l'a remplacé par "inégalité". Ensuite, venons en au cœur du débat...Quelques exemples ? Pour moi, les enregistrements des symphonies "classiques" (Beethoven, Brahms, Haydn, Mozart, Schubert, Schumann) des années DGG n'apportent rien sinon que d'être inscrites au catalogue. C'est quand même assez lourdement joué et, de plus et à ma connaissance, beaucoup de ces symphonies n'ont jamais fait l'objet d'une interprétation en concert. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 20 Nov 2013 - 21:56 | |
| Je ne connais pas tous ces enregistrements, donc je ne pourrai pas être précis. Néanmoins, tu en parles comme de versions correctes, qui n'apportent rien de nouveau. En admettant ce point de vue sur l'ensemble des enregistrements dont tu parles, il s'agit donc d'enregistrements seulement bons, ou corrects, mais pas géniaux... au milieu d'une discographie imposante, variée et de grande qualité dans l'ensemble. Alors certes, ça donne de l'inégalité, tout n'est pas au même degré d'excellence... mais combien ont fait vraiment mieux?
OK, Karajan n'est pas le meilleur partout, c'est même assez certain. Mais qui l'est?
Bref, on peut discuter par compositeur, par oeuvre, par enregistrement même, là c'est intéressant, mais le rejeter en bloc au motif qu'il ne serait pas le meilleur partout... à ce moment-là on écoute qui?
Dernière édition par Xavier le Jeu 21 Nov 2013 - 0:28, édité 1 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 21 Nov 2013 - 0:18 | |
| - Cololi a écrit:
C'est évident. Devenu trop médiatique, connu du grand public ... il ne peut plus être bon Sa médiatisation remonte aussi bien aux années 1940, quand les journaux titraient le miracle Karajan. Au fil des décennies, pour le mélomane amateur, il a su imposer son nom comme synonyme de fiabilité, de qualité interprétative. Sa quête de perfection, d'hédonisme, l'a peut-être poussé à une vision hygiéniste de la musique. Alimentée par l'abondante, la permanente, l'universelle disponibilité de ses disques (assurée par ce qui fut un label phare), la notoriété n'est peut-être pas le gage du génie, mais elle ne l'empêche pas. Ne transformons pas le sirop en vinaigre : on peut toujours contester cette esthétique interprétative, ou l'éventuelle tentation hégémonique du personnage, mais en se choisissant une idole de la direction d'orchestre, le grand public aurait pu plus mal tomber. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 21 Nov 2013 - 0:35 | |
| - fomalhaut a écrit:
- Ensuite, je n'aime ni Richard Wagner ni Richard Strauss !
Et Debussy, Bartok, Schoenberg? Il a aussi livré de belles références dans le répertoire du XXè siècle. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 21 Nov 2013 - 0:59 | |
| Effectivement, on trouve quantité d'interprétations inimitables dans le répertoire XX°.
Par exemple ses Trois pièces de Berg, léchées à mort, liquoreuses, sournoises, d'une somptuosité, d'un degré de finition que je crois inégalés (il disait que diriger cette oeuvre le laissait émotionnellement exténué pendant plusieurs jours).
Ou son Alpensinfonie sur papier glacé, d'une finesse de trait, d'une précision de texture, et d'une grandeur d'âme assez époustouflantes.
Ou toujours chez DG sa 10° de Chosta en 1981, d'un ton initimidant et d'une redoutable virtuosité (une des rares à s'approcher des fulgurantes indications métronomiques du compositeur dans le Finale).
Sa 5° de Prokofiev : fière, survoltée, ultradramatique, où le brio culmine en héroïsme triomphateur -certainement ma version préférée de cet opus.
Et peut-être le sommet, on en a déjà parlé : les Honegger, avec cette Liturgique d'une densité, d'une tension phénoménales. |
| | | hugo75 Mélomane averti
Nombre de messages : 470 Date d'inscription : 24/12/2012
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 21 Nov 2013 - 11:27 | |
| - fomalhaut a écrit:
- Hippolyte a écrit:
- Moi non plus je ne vois vraiment pas de débâcles chez Karajan. Pourrais-tu en citer quelques-une pour voir ?
Pour moi, les enregistrements des symphonies "classiques" (Beethoven, Brahms... C'est quand même assez lourdement joué et, de plus et à ma connaissance, beaucoup de ces symphonies n'ont jamais fait l'objet d'une interprétation en concert. Son intégrale Brahms des années 60 me semble, au contraire, un sommet : les couleurs sombres de Furtwängler au service du style de Karajan. Mais un Karajan des grands jours : du legato mais pas trop, des attaques souvent presque aussi tranchantes que Dorati, des tempi rapides quasi toscaniniens, un équilibre et une beauté des pupitres sidérants, une élégance et une poésie viennoises dans les passages plus lyriques. Bref, à mes oreilles, la quadrature du cercle. Quant aux reprises, on s'en fout un peu : Carlos Kleïber ne les faisait pas non plus; ce qui ne l'a pas empêché de signer des 2ème (en DVD) et 4ème (en CD) de Brahms exceptionnelles. En revanche, son intégrale Beethoven me laisse un peu plus sceptique. Karajan tente en effet de concilier l'élan d'un Toscanini et la noirceur de Furtwängler sans avoir le rebond rythmique du premier et la subjectivité et la profondeur du second. Bref, à trop vouloir concilier les contraires, je pense que cela manque de partis-pris. On peut aussi lui reprocher d'abuser parfois du legato (deux premiers volets de l'Héroïque et surtout mouvement lent de la 9ème dont il gomme les arêtes). Mais malgré ces réserves, il y a de très belles réussites (une 4ème très vivante et une 7ème aux couleurs charbonneuses) et la qualité exceptionnelle de la réalisation instrumentale force le respect. Bref, c'est une lecture très germanique dont on peut contester l'esthétique mais qui, dans son genre, se situe dans le haut du panier. Enfin, des Sibelius diaphanes, une seconde suite de Daphnis et Chloé, d'une transparence et d'une lisibilité qui annonce Boulez, un concerto pour orchestre post-romantique et d'un lyrisme assez prenant (l'anti Dorati que j'aime beaucoup aussi) ou des Tchaïkovski furibards plus proches de Mravinsky que du dernier Karajan montrent à quel point le chef autrichien savait, dans les années 60, s'adapter à des styles très différents tout en restant original. En revanche, on assistera à une uniformisation de sa direction à partir des années 70 en dépit de belles réussites (ses Strauss, Schoenberg et derniers Bruckner avec Vienne...) |
| | | eole Néophyte
Nombre de messages : 1 Date d'inscription : 25/11/2013
| Sujet: traduction française d'un entretien Karajan-Menuhin Lun 25 Nov 2013 - 11:16 | |
| Bonjour,
Je souhaiterais sous-titrer en français cet intéressant dialogue entre Herbert von Karajan et Yehudi Menuhin :
/watch?v=gUC_9xUUGH0
/watch?v=J4T9N8TRZuA
est-ce que quelqu'un serait intéressé et pourrait m'aider, comprenant suffisamment bien l'anglais parlé ? Je trouve vraiment dommage que ce petit dialogue ne soit pas traduit et je ne le comprends malheureusement pas à 100 %. |
| | | julot Mélomaniaque
Nombre de messages : 817 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/03/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 26 Nov 2013 - 15:54 | |
| Sure. Dis-nous les minutages où tu n'entends/ne comprends pas? |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 18:00 | |
| - Xavier a écrit:
- Je ne connais pas tous ces enregistrements, donc je ne pourrai pas être précis. Néanmoins, tu en parles comme de versions correctes, qui n'apportent rien de nouveau.
En admettant ce point de vue sur l'ensemble des enregistrements dont tu parles, il s'agit donc d'enregistrements seulement bons, ou corrects, mais pas géniaux... au milieu d'une discographie imposante, variée et de grande qualité dans l'ensemble. Alors certes, ça donne de l'inégalité, tout n'est pas au même degré d'excellence... mais combien ont fait vraiment mieux?
OK, Karajan n'est pas le meilleur partout, c'est même assez certain. Mais qui l'est?
Bref, on peut discuter par compositeur, par oeuvre, par enregistrement même, là c'est intéressant, mais le rejeter en bloc au motif qu'il ne serait pas le meilleur partout... à ce moment-là on écoute qui? On peut effectivement voir le cas HVK comme cela. Pour ma part, je n'éprouve aucune sympathie et bien peu d'intérêt pour cet artiste qui s'est cru investi d'une mission qui était d'enregistrer voire de réenregistrer sinon la quasi-totalité du moins une bonne partie du répertoire et ce, avec des spécificitées que je n'apprécie pas. Cela ne m'a pas empêché d'acquérir un certain nombre de ses productions et cela ne m'empêche pas de considérer que certains de ses enregistrements sont de grandes réussites. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 19:35 | |
| Ah, s'il faut avoir de la sympathie... on est mal barré! Et pas qu'avec les chefs. |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 21:05 | |
| - Xavier a écrit:
- Ah, s'il faut avoir de la sympathie... on est mal barré!
Et pas qu'avec les chefs. De la sympathie ? Pourquoi pas ? J'ai beaucoup de sympathie pour la démarche musicale, humaine et artistique d'un chef tel que Claudio Abbado, précisément le successeur de HVK à Berlin, quand bien même je n'apprécie pas toujours ses choix musicaux interprétatifs. De même, un chef comme Wolfgang Sawallisch a su servir la musique sans s'en servir. Bien sur, entre Karajan et Abbado (ou Sawallisch), il y a plus qu'un fossé : D' un coté, un arriviste forcené, de l'autre coté, un humaniste. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 21:35 | |
| - fomalhaut a écrit:
- Bien sur, entre Karajan et Abbado (ou Sawallisch), il y a plus qu'un fossé : D' un coté, un arriviste forcené, de l'autre coté, un humaniste.
Ce que je veux dire, c'est que ça je m'en fiche quand même pas mal quand j'écoute le résultat. Est-ce qu'en écoutant un enregistrement de l'un ou de l'autre à l'aveugle tu entends ce genre de choses? Faut-il avoir de la sympathie pour l'individu qu'était Wagner pour aimer sa musique? Ou pour tant d'autres qui avaient des côtés détestables? |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 44 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 21:42 | |
| - fomalhaut a écrit:
- D' un coté, un arriviste forcené, de l'autre coté, un humaniste.
On n'aura sans doute jamais fini de discuter des qualités de Karajan (et d'autres, d'ailleurs). Mais je pense, pour nuancer un tout petit peu, qu'être arriviste c'est quelque chose ; mais qu'arriver c'en est une autre. Sans parler de durer... Là, les conditions à réunir sont tout autre que conjoncturelles, à mon avis. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8022 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mer 27 Nov 2013 - 21:55 | |
| D'accord avec Xavier : non seulement une œuvre ou une interprétation possède une existence indépendante des qualités ou défauts humains de son auteur ou interprète principal, mais si celui-ci est mort, aucun risque de rapporter des royalties à une enflure... Ce n'est pas d'amour ou d'amitié qu'il s'agit : l'important est de savoir si l'on aime ou non un résultat artistique, pas le bonhomme ou la bonne femme qui est derrière (pour ce qui est du "live", c'est déjà plus sujet à caution). |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 0:41 | |
| Apparemment Böhm était un personnage très antipathique, capable de bien des mesquineries et dont je préfère ne pas connaître tout le parcours politique (inévitable en Allemagne pour quelqu'un né en 1894). Et pourtant je vénère ses témoignages musicaux. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 1:18 | |
| - fomalhaut a écrit:
- Xavier a écrit:
- Ah, s'il faut avoir de la sympathie... on est mal barré!
Et pas qu'avec les chefs. De la sympathie ? Pourquoi pas ?
J'ai beaucoup de sympathie pour la démarche musicale, humaine et artistique d'un chef tel que Claudio Abbado, précisément le successeur de HVK à Berlin, quand bien même je n'apprécie pas toujours ses choix musicaux interprétatifs. De même, un chef comme Wolfgang Sawallisch a su servir la musique sans s'en servir.
Bien sur, entre Karajan et Abbado (ou Sawallisch), il y a plus qu'un fossé : D' un coté, un arriviste forcené, de l'autre coté, un humaniste. Tu as raison Tout le bonheur que je te souhaite est d'écouter des médiocres sympatiques. Si si , tu iras loin comme çà , tu verras. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 1:23 | |
| LeKap: on peut dire ce qu'on pense et argumenter sans être méprisant. |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 9:03 | |
| - LeKap a écrit:
- fomalhaut a écrit:
- Xavier a écrit:
- Ah, s'il faut avoir de la sympathie... on est mal barré!
Et pas qu'avec les chefs. De la sympathie ? Pourquoi pas ?
J'ai beaucoup de sympathie pour la démarche musicale, humaine et artistique d'un chef tel que Claudio Abbado, précisément le successeur de HVK à Berlin, quand bien même je n'apprécie pas toujours ses choix musicaux interprétatifs. De même, un chef comme Wolfgang Sawallisch a su servir la musique sans s'en servir.
Bien sur, entre Karajan et Abbado (ou Sawallisch), il y a plus qu'un fossé : D' un coté, un arriviste forcené, de l'autre coté, un humaniste. Tu as raison Tout le bonheur que je te souhaite est d'écouter des médiocres sympatiques. Si si , tu iras loin comme çà , tu verras.
Des médiocres sympathiques ? Merci de me suggérer quelques noms. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8022 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 10:42 | |
| - André a écrit:
- Apparemment Böhm était un personnage très antipathique, capable de bien des mesquineries et dont je préfère ne pas connaître tout le parcours politique (inévitable en Allemagne pour quelqu'un né en 1894). Et pourtant je vénère ses témoignages musicaux.
Ouais ben tant qu'à faire, moi je choisis Karajan sans la moindre hésitation... |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8022 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 10:45 | |
| - fomalhaut a écrit:
- Des médiocres sympathiques ? Merci de me suggérer quelques noms.
En fait tu as raison : les médiocres sympathiques demeurent inconnus (ainsi que nombre de génies sympathiques, d'ailleurs). Finalement, les médiocres antipathiques sont une écrasante majorité. |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 28 Nov 2013 - 17:50 | |
| - André a écrit:
- Apparemment Böhm était un personnage très antipathique, capable de bien des mesquineries et dont je préfère ne pas connaître tout le parcours politique (inévitable en Allemagne pour quelqu'un né en 1894). Et pourtant je vénère ses témoignages musicaux.
Oui, peut-être vaut-il mieux ne pas chercher à savoir...mais nous en sommes tous la, je suppose. Pour ma part, je regretterai toujours que des interprètes que j'aime et admire, Alfred Cortot et Willem Mengelberg, par exemple, se soient comportés comme ils se sont comportés durant la seconde guerre mondiale. Bien sur, je n'y peux rien mais je le sais et cela me gène, quand bien même j'ai acquis la quasi-totalité des enregistrements disponibles de ces deux musiciens. Ce que je n'apprécie pas chez HVK, quelle qu'ait été son attitude à cette époque, et que j'ai mis en avant est toutefois de nature différente : c'est sa démarche artistique et musicale. |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4968 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 8 Déc 2013 - 13:53 | |
| ll y a dans ce coffret une 8ème de Bruckner vraiment magnifique,quel lyrisme, malheureusement amputée de son premier mouvement hélas.cette version a été enregistré en 1944 , je sais pas si ce n'est pas ça aussi qui en grandit la valeur musicale? sinon aussi très belle 4ème de Sibélius dans ce coffret et d'autres choses, dont un concerto pour clarinette de Mozart avec Bernard Walton qui a un très beau son très charnu à la clarinette , !Très grand chef en dehors d'être celui d'opérette! |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| | | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 14 Jan 2014 - 0:02 | |
| |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14357 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 14 Jan 2014 - 0:05 | |
| Sibelius ou Chostakovitch ? |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 14 Jan 2014 - 0:10 | |
| |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 14 Jan 2014 - 0:14 | |
| - WoO a écrit:
Sibelius ou Chostakovitch ? C'est vrai qu'il admirait aussi Sibelius. Il a dit ça de Chostakovitch... |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Mar 14 Jan 2014 - 0:19 | |
| Il comparait Sibelius aux blocs erratiques des paysages nordiques. Ils sont là, monuments de la nature déposés par les glaciers, présents depuis des milliers d'années. |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Jeu 23 Jan 2014 - 16:00 | |
| - Xavier a écrit:
- Karajan est inégal, oui sans doute, comme à peu près tous les interprètes...
Mais franchement, en regardant un peu tout ce qu'il a fait, tous les compositeurs qu'il a dirigés, il y a évidemment du bon (et de l'excellent) et du moins bon, mais des débâcles, j'avoue que là, comme ça, je ne vois pas. le couronnement de Poppée! (arrangement kraack!) |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| | | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Sam 25 Jan 2014 - 18:14 | |
| je recommande la lecture de ce fil
http://www.artsjournal.com/slippeddisc/2012/12/vienna-professor-karajan-lied-lied-and-lied-again-about-his-nazi-past.html
l'argument-frites (celui de karajan lui-même) a fait long feu, et n'est plus aujourd'hui soutenu que par de bloggers d'extrême-droite
http://ripostelaique.com/le-sublime-herbert-von-karajan-na-jamais-ete-nazi-contrairement-a-lhomme-de-goche-gunther-grass.html
la vraie question est: est-ce que cela affecte l'esthétique dudit K? moi je pense que oui mais c'est un long débat. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 9:55 | |
| - supernova a écrit:
- je recommande la lecture de ce fil
http://www.artsjournal.com/slippeddisc/2012/12/vienna-professor-karajan-lied-lied-and-lied-again-about-his-nazi-past.html
l'argument-frites (celui de karajan lui-même) a fait long feu, et n'est plus aujourd'hui soutenu que par de bloggers d'extrême-droite
http://ripostelaique.com/le-sublime-herbert-von-karajan-na-jamais-ete-nazi-contrairement-a-lhomme-de-goche-gunther-grass.html
la vraie question est: est-ce que cela affecte l'esthétique dudit K? moi je pense que oui mais c'est un long débat. C'est une idée fixe |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 13:32 | |
| - LeKap a écrit:
- supernova a écrit:
- je recommande la lecture de ce fil
http://www.artsjournal.com/slippeddisc/2012/12/vienna-professor-karajan-lied-lied-and-lied-again-about-his-nazi-past.html
l'argument-frites (celui de karajan lui-même) a fait long feu, et n'est plus aujourd'hui soutenu que par de bloggers d'extrême-droite
http://ripostelaique.com/le-sublime-herbert-von-karajan-na-jamais-ete-nazi-contrairement-a-lhomme-de-goche-gunther-grass.html
la vraie question est: est-ce que cela affecte l'esthétique dudit K? moi je pense que oui mais c'est un long débat.
C'est une idée fixe C'est une réponse? |
| | | Diablotin Mélomaniaque
Nombre de messages : 1154 Age : 58 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/03/2010
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 14:40 | |
| L'article initial (premier lien) est signé Norman Lebrecht, qui voue une haine quasi irrationnelle -il mêle depuis toujours à ses arguments des considérations nombreuses, musicales et extra-musicales, parfois sans fondement, puisqu'il a régulièrement été démenti par les musiciens qu'il cite de manière parfois tronquée pour les soutenir- à Karajan, depuis fort longtemps. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 14:53 | |
| On s'en fout de tout ça: nous sommes dans la rubrique Musique - Discographie, parlons musique. |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 17:59 | |
| 1. Un procès d'intention? Il s'agit d'examiner les nouvelles archives publiées par Oliver Rathkolb, le prof viennois, sur les lettres antisémites et les affiliations du jeune Karajan. Selon Le Point, 15-12-12: "Or, durant sa jeunesse, Herbert von Karajan avait déjà manifesté ses sympathies pour l'extrême-droite nationaliste: lycéen, il était adhérent d'une association ultra-nationaliste, la Corporation pan-germaniste Rugia. Dans des lettres de l'époque, il ne faisait pas mystère de son antisémitisme, dénonçant par exemple "l'enjuivement du Volksoper" à Vienne."
2. Je croyais que c'était musique::discographie:: interprètes. si vous ne voulez pas abordez ces aspects non-mineurs de cet interprète-là, pourquoi laissez-vous parler ce Belge qui n'aime pas les frites? |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91763 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 18:05 | |
| - supernova a écrit:
- Je croyais que c'était musique::discographie:: interprètes.
Musique donc, musique... Parlons musique. Qui avait sa carte au parti ou non, pourquoi, etc... ce sont des débats pénibles et stériles, qui n'amènent jamais à rien. - Citation :
- si vous ne voulez pas abordez ces aspects non-mineurs de cet interprète-là, pourquoi laissez-vous parler ce Belge qui n'aime pas les frites?
Merci de garder un ton à peu près cordial, autant que possible. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33504 Age : 44 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 19:24 | |
| - supernova a écrit:
- 1. Un procès d'intention? Il s'agit d'examiner les nouvelles archives publiées par Oliver Rathkolb, le prof viennois, sur les lettres antisémites et les affiliations du jeune Karajan. Selon Le Point, 15-12-12: "Or, durant sa jeunesse, Herbert von Karajan avait déjà manifesté ses sympathies pour l'extrême-droite nationaliste: lycéen, il était adhérent d'une association ultra-nationaliste, la Corporation pan-germaniste Rugia. Dans des lettres de l'époque, il ne faisait pas mystère de son antisémitisme, dénonçant par exemple "l'enjuivement du Volksoper" à Vienne."
Justement nous ne sommes pas historiens. Et puis la carte du parti en 33, ce n'est pas une nouveauté. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
|
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 98009 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 19:31 | |
| Ce qui est injuste, c'est que d'autres chefs se vantaient de leurs potasseries avec Adolf, et que Karajan est le seul à prendre (avec, très bizarrement, Furtwängler qui n'a rien demandé).
Aussi injuste que le fait qu'il enregistre cinq fois la même œuvre alors que d'autres se limitent aux pirates.
En fin de compte, c'est limite bien fait. |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 20:17 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Ce qui est injuste, c'est que d'autres chefs se vantaient de leurs potasseries avec Adolf, et que Karajan est le seul à prendre (avec, très bizarrement, Furtwängler qui n'a rien demandé).
Aussi injuste que le fait qu'il enregistre cinq fois la même œuvre alors que d'autres se limitent aux pirates.
En fin de compte, c'est limite bien fait. je trouve aussi, bien que les cas K et F soient très différents. Hausegger et Kabasta, géniaux interprètes de Bruckner, était sans doute plus convaincus des vertus de Hitler (jusqu'au suicide), mais moins célèbres, et surtout, leurs interprétations étaient beaucoup plus aériennes, mais engluées dans le narcissisme. Et que dire de Mengelberg? Si le K n'avait pas nié aussi farouchement, et manifesté quelque repentir, on l'aurait sans doute moins cherché.
Dernière édition par supernova le Lun 27 Jan 2014 - 7:59, édité 2 fois |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 20:20 | |
| - Cololi a écrit:
- Justement nous ne sommes pas historiens.
Et puis la carte du parti en 33, ce n'est pas une nouveauté. Et puis surtout il faut tourner la page et s'en tenir au musicien! |
| | | Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Dim 26 Jan 2014 - 21:43 | |
| Petite question qui me traverse l'esprit : que sait-on des rapports qui liaient Karajan et Furtwängler ? De l'avis de l'un sur l'autre ? |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 1:13 | |
| L'animosité de l'un envers l'autre était bien connue. Furt haïssait Karajan à s'en confesser. Et Karajan ne faisait pas mystère de son ambition de déloger 'le vieux'. |
| | | Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 10:28 | |
| Cette animosité se limitait-elle au plan personnel, ou s'étendait-elle aussi au plan musical ? Sait-on aussi comment chacun jugeait l'art de l'autre ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 14:40 | |
| Je ne pense pas qu'on puisse dire que Furtwängler haïssait Karajan (peut-être que ce dernier haïssait Furtwängler, je n'en sais rien, mais a priori j'en doute beaucoup).
En revanche, l'absence de sympathie de Furtwängler pour Karajan et, à la longue, sans doute une certaine forme d'animosité ne font pas beaucoup de doute, mais leurs raisons me semblent vraiment musicales et non politiques (même au sens étendu du terme). Historiquement, il y a eu cette assez détestable campagne télécommandée par Göring et Tietjen, et visant à promouvoir Karajan au détriment de Furtwängler. C'était parti d'un article d'un critique de la Berliner Mittagszeitung, Edwin von der Nüll, qui servait de porte-parole aux idées de Göring (cf. le témoignage en 1946 d'Annaliese Theiler, ancienne collègue d'Edwin von der Nüll, qui l'indique sans ambiguïté) et sans doute de Tietjen. On peut comprendre qu'une atmosphère aussi délétère ait eu, à la longue, et plus encore parmi les tensions de l'époque, une influence sur les réactions futures de Furtwängler. Vers la fin des années 1930, de plus en plus mécontents de l'absence totale de sympathie pour le régime qu'ils recevaient de Furtwängler, Göring et Tietjen ont cherché à se forger un chef d'orchestre qui soit idéal à leurs yeux. Le 21 octobre 1938, Karajan a dirigé sans partition le Staatsoper dans une représentation de Tristan. L'article en question paraît le lendemain, sous le titre In der Staatsoper, das Wunder Karajan. L'article lui-même est très modéré : pas de comparaison de styles entre les deux chefs d'orchestre, encore moins de classement de l'un par rapport à l'autre, etc., mais peut-être, ici ou là, quelques petites allusions perfides et arguments de type damning with faint praise dont les plumitifs sont friands. Furtwängler prend néanmoins l'article très mal et l'estime télécommandé (ce qui était sans doute le cas). En fait, tout ça est à replacer dans le contexte plus vaste d'une lutte entre Göring et Tietjen d'une part et Goebbels et Hitler de l'autre, avec Karajan et Furtwängler interposés, Göring qui tentait, avec Tietjen, d'organiser une rivalité entre Karajan et Furtwängler, afin de saper l'assise musicale que ce dernier avait depuis longtemps, et Goebbels qui, de l'aveu de Karajan lui-même, « se foutait de ce que Furtwängler pensait des nazis » (en tant que chefs d'orchestre, Furtwängler était préféré à Karajan par Goebbels et aussi par Hitler). À partir des années 1943-1944, et singulièrement après l'attentat du 20 juillet 1944 et étant donné les relations personnelles relativement étroites de Furtwängler avec quelques membres ou sympathisants de la Résistance allemande et leur cercle (son médecin Johannes Ludwig Schmitt qui était résistant, Claus Schenk [Graf von Stauffenberg], Adam von Trott, Ulrich von Hassel, etc.), ce sera bien sûr tout autre chose, et on sait qu'au début de février 1945 il était devenu vital qu'il ne reste pas en Allemagne un jour de trop, s'il n'avait pas envie de participer involontairement à un Götterdämmerung d'un genre particulier (Gestapo à ses trousses). Selon Karajan, c'est surtout Tietjen qui a coordonné cette rivalité entre les deux chefs d'orchestre.
Après la guerre, pendant l'affaire de dénazification dont il fit l'objet, l'accusation portait sur deux points principaux : la qualité de Staatsrat et de vice-président de la Reichsmusikkammer de Furtwängler (ce sont pourtant là les deux seuls postes dont il ne pouvait pas démissionner, et il s'était démis bien avant la guerre de toutes ses autres positions officielles), et sa participation à deux célébrations du parti nazi (en passant opportunément sous silence les innombrables fêtes dont Furtwängler avait réussi à s'extraire durant toute la période concernée, y compris, la plupart des fois, le 20 avril). À côté de ça, il y avait aussi les accusations de propos antisémites à l'encontre de Victor de Sabata. Et bien sûr, on lui reprochait d'être resté en Allemagne pendant cette période (alors qu'il est souvent bien plus courageux de rester que de fuir : comme il l'a dit ou écrit à l'époque lui-même, à l'intérieur on peut résister ; à l'extérieur on ne peut faire que protester, ce qui est à la portée de n'importe qui) et on s'interroge sur ses rapports avec Herbert von Karajan et avec Edwin von der Nüll. Ça vaut la peine de le rappeler : des enquêtes sont menées, et elles sont toutes en faveur de Furtwängler (qui, je le rappelle une énième fois, n'a jamais été membre du parti nazi). Les témoignages ou les lettres de Sergiu Celibidache, Yehudi Menuhin, Max Reinhardt, Boleslaw Barlog, Arnold Schönberg, Hugo Strelitzer, etc., sont même souvent bouleversants en sa faveur. (Voir le livre d'Audrey Roncigli pour les sources, en particulier les propos de Hugo Strelitzer.)
En revanche, durant les années suivantes (à peu près de 1947 jusqu'en 1954), c'est assez clair qu'il se manifeste une certaine forme d'obsession Karajan chez Furtwängler (« Herr von K... Ka... Ka... Karajan » pour en parler avec Bruno Walter), mais je pense qu'elle est de nature avant tout musicale. D'une manière générale, Furtwängler détestait -- ou, en tout cas, se méfiait comme de la peste de -- tout ce qui réduisait ou prétendait réduire la musique à ses constituants matériels (la mélodie, le rythme, l'harmonie, les couleurs, l'instrumentation, l'orchestration, etc.). En lisant ses écrits (Entretiens sur la musique, Musique et verbe, Carnets 1924-1954, Écrits fragmentaires, etc.), on est frappé de voir, dans sa pensée, à quel point la musique est toujours présentée comme autre chose que le matériau dont elle est formée. Furtwängler ne « définit » pas la musique, mais il indique avec force ce qu'en tout cas elle n'est pas (et, à titre personnel, je trouve cette approche très puissante). Le matériau, en effet, on s'en rend (ou on peut s'en rendre) maître par l'étude et par l'exercice. Si on réduit la musique à ses constituants matériels et techniques, ce qui est l'approche d'un siècle scientifique dans un domaine qui ne l'est pas, il n'y a finalement pas une grande différence entre le musicien qui joue une œuvre sur scène et le sportif qui réalise une performance dans un stade d'athlétisme. (Venant d'un sportif et skieur comme Furtwängler, ça en dit long...) Alors que l'art, quant à lui, ne s'apprend pas, et surtout qu'il sollicite en retour l'être tout entier, et pas seulement le muscle ou le squelette. Un aspect associé de sa pensée, que je trouve très pertinent lui aussi, c'est que la matérialité et la technicité de la musique sont limitées -- il est possible, au sens strict, d'en faire le tour, et les progrès et l'histoire l'ont montré --, alors que les ressources de l'art sont illimitées, ou du moins limitées par la seule imagination de l'artiste... qui a priori ne connaît pas de limites. À mon avis, c'est pour cette raison que Furtwängler a si souvent donné des interprétations convaincantes, enthousiasmantes et envoûtantes des œuvres de la période classique (disons, dans son répertoire, jusqu'aux œuvres de Brahms inclusivement), malgré leurs formes plus simples et leur harmonie plus rudimentaire, par rapport aux percées matérielles et techniques que la musique connaissait à cette époque-là, entre le début et le milieu du siècle dernier : ce sont des œuvres où ce qui importe n'est pas le matériau lui-même et la technique, mais l'art avec lequel un matériau plus ou moins fortement circonscrit est placé dans un contexte nouveau, ce qui engendre des enjeux nouveaux et puissants, des tensions inouïes. Je ne peux évidemment pas le démontrer, mais je pense que, pour Furtwängler, Karajan est un peu devenu l'archétype de la réduction de la musique à ses constituants matériels.
Et puis, en dehors de ces aspects esthétiques, il y a aussi des raisons éthiques, des raisons d'attitude face à la musique. Il n'y a aucun doute que Furtwängler admirait, en réalité, l'art de Karajan, je veux dire le métier de celui-ci pour tirer des sonorités exceptionnelles et envoûtantes d'un orchestre. Mais je suppose que Furtwängler s'interrogeait sur l'objet qui était servi par cet art ou ce métier d'exception. Il subodorait sans doute, dès les années 1940 ou 1950, un désir de conquête du public dont il me semble difficile de soutenir aujourd'hui qu'il n'était sans doute pas déjà présent dès ces années-là. Dans le livre et discographie de Gérard Gefen sur Furtwängler, il y a une très belle lettre d'Ernest Ansermet au critique Bernard Gavoty, dont une copie avait été transmise à Elisabeth Furtwängler. Ansermet dit, en substance, que Furtwängler souffrait principalement du fait que l'attitude de Karajan visait surtout à mettre en exergue les pouvoirs du chef d'orchestre et jusqu'à sa propre personne, et non plutôt l'œuvre à transmettre et à révéler au public. Ernest Ansermet : « Qu'un temps soit venu où le public pouvait mettre sur le même plan deux ordres de manifestations aussi contradictoires fit sentir à Furtwängler que le monde d'aujourd'hui -- un certain monde, du moins -- lui était devenu étranger. Il en est mort. Mais il n'en voulait pas à Karajan, ou tout au plus lui en voulait-il de l'usage qu'il faisait de ses dons. » Je ne pense pas qu'Ernest Ansermet exagérait en disant que Furtwängler en est mort. Quand on regarde les programmes et la fréquence de ses concerts pendant ses sept ou huit dernières années, on est frappé par leur nombre, surtout pour un homme prématurément vieilli par les tensions de la guerre. Il joue, il joue, il joue encore, partout, tout le temps. Il demande à ses médecins des traitements au moindre rhume, afin de ne pas être obligé d'annuler un concert, afin d'offrir au public, tant qu'il en a la force, des manifestations sur scène de l'esthétique mais aussi de l'éthique auxquelles il tenait tant. Avec ces traitements médicamenteux antérieurs, c'est dans une ville ouverte que la bronchite du début novembre 1954 est entrée... |
| | | supernova Mélomane averti
Nombre de messages : 242 Localisation : paris Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 15:12 | |
| Merci, mon cher; c'est parfait comme mise au point. Ansermet ajoute que Furtwängler n'était pas jaloux de Karajan, "parce qu'il se sentait très supérieur à lui, mais il souffrait d'un succès qui était, de la part du public, un désaveu des "valeurs" qui lui étaient les plus chères". (Gefen, p. 69). |
| | | Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 19:07 | |
| Merci, Scherzian, pour ces précisions ! Je me permets une question encore : comment s'est opéré le choix du successeur de Furtwängler ? N'a-t-il pas eu son mot à dire lors du choix des musiciens ? Ces derniers s'étaient-ils brouillés avec Celibidache, pour préférer Karajan (en-dehors de la quasi-campagne que le chef autrichien a mené pour obtenir ce poste) ?
Dernière édition par Horatio le Lun 27 Jan 2014 - 21:06, édité 1 fois |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Herbert von Karajan Lun 27 Jan 2014 - 20:40 | |
| - Horatio a écrit:
- Merci, Scherzian, pour ces précisions ! Je me permets une question encore : comment s'est opéré le choix du successeur de Furtwängler ? N'a-t-il pas eu son mot à dire lors du choix des musiciens ? Ces derniers s'étaient-ils brouillé avec Celibidache, pour préférer Karajan (en-dehors de la quasi-campagne que le chef autrichien a mené pour obtenir ce poste) ?
Si j'ai bien compris ce que j'ai lu (ou cru lire) à ce sujet, ce fut avant tout une affaire d'argent : Celibidache ne voulait pas enregistrer et, donc frappait "a la caisse" (je me permets de l'écrire car c'est ainsi que j'ai entendu ce qui était rapporté) les Philharmonistes de Berlin alors que Karajan était disposé à tout enregistrer (et à tout ré-enregistrer) pour le plus grand bien de sa gloire et pour le confort financier des musiciens berlinois. Ce que je viens d'écrire est surement affreusement vulgaire mais n'est surement pas dénué de quelques fondements. Je serai néanmoins curieux et heureux de lire une appréciation artistique du cas "Celibidache versus Karajan à Berlin" si tant est qu'une telle appréciation puisse exister. |
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