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| | Bartok : discographie pour les quatuors | |
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| Total des votes : 44 | | |
| Auteur | Message |
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Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 9 Jan 2019 - 15:27 | |
| Arcadia QuartetVoilà, place aux jeunes ! Ecoute du 1, du 3 et du 5 pour l'instant; belles versions, avec de belles sonorités instrumentales. Du sang neuf, ça fait du bien ! Demain les n° pairs ! 
Dernière édition par Rubato le Dim 3 Fév 2019 - 10:45, édité 1 fois |
|  | | Eusèbe Mélomaniaque

Nombre de messages : 1592 Age : 47 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 9:37 | |
| Il y a pas mal de jeunes quatuors qui se sont frottés à Bartok récemment: Jérusalem, Belcea, Voce (pas d'intégrale). C'est un répertoire qui ne se livre pas facilement pour moi, donc je n'ai pas exploré ces enregistrements, mais si tu cherches du sang neuf, il devrait y avoir de quoi faire |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 9:45 | |
| Il y a aussi les Heath qui a de la bonne presse (HM), et annoncé prochainement les Diotima (Naive).
J'ai les Heath mais je suis incappable de commenter car je connais que peu la discographie. |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 11:08 | |
| - Eusèbe a écrit:
- Il y a pas mal de jeunes quatuors qui se sont frottés à Bartok récemment: Jérusalem, Belcea, Voce (pas d'intégrale). C'est un répertoire qui ne se livre pas facilement pour moi, donc je n'ai pas exploré ces enregistrements, mais si tu cherches du sang neuf, il devrait y avoir de quoi faire
Oui, c'est exact. - Bruno Luong a écrit:
- Il y a aussi les Heath qui a de la bonne presse (HM), et annoncé prochainement les Diotima (Naive).
J'ai les Heath mais je suis incappable de commenter car je connais que peu la discographie. J'ai lu ça pour le prochain Diotima, vers mi-janvier il me semble. J'ai écouté des extraits des " Heath" ,c'est un live ? Pour la discographie, j'avais déjà les Berg et les Keller.  J'ai écouté le quatuor n°2 par les Arcadia ce matin et j'aime bien ce qu'il font, du "beau son", mais je ne me lancerai pas dans un comparatif concernant l'interprétation, en plus sans partitions ! Je laisse ça aux "spécialistes".  |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 90487 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 13:29 | |
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|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 14:15 | |
| - Xavier a écrit:
- Les Diotima avaient joué l'intégrale en un seul concert aux Bouffes du Nord il y a deux ans, c'était épatant.
https://classik.forumactif.com/t8422-bouffes-du-nord-quatuors-de-bartok-quatuor-diotima-3-04-17 J'ai vu le lien; effectivement les 6 quatuors d'affilée ! Mais bon, ça doit valoir le coup ! - Spoiler:
Je ne tiendrais pas plus de 3h sans me lever (syndrome des "jambes sans repos"  )
Au disque, je fractionne l'écoute, un ou deux quatuors et je fais une pause, je passe à autre chose.  |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 14:16 | |
| - Rubato a écrit:
J'ai écouté des extraits des "Heath" ,c'est un live ?
Il semble que oui d'après mes lectures sur internet en deux soirées à Widmore Hall Londres, Mai 2016. Ce n'est pas indiqué nulpart que c'est du Live dans le livret et il n'y a pas d'applaudissement. |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 90487 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 14:19 | |
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|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 15:35 | |
| C'est déjà plus confortable ! |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 16:20 | |
| Pareil, je ne pense pas pouvoir me concentrer pour les six en une soirée, ou bien in faut avoir déjà les 6 dans les oreilles, ce qui n'est pas (encore) mon cas.
Dernière édition par Bruno Luong le Jeu 10 Jan 2019 - 16:48, édité 1 fois |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 16:47 | |
| - Bruno Luong a écrit:
- Pareil, je ne pense pas pouvoir me concentrer pour les six en une soirée, ou bien in faut avoir déjà les 6 dans les oreils, ce qui n'est pas (encore) mon cas.
Absolument; il y a quelques mouvements (surtout pour le n°2 et le n°4) que je connais mieux, et que j'ai "dans les oreilles", mais pour les autres il faudra encore pas mal d'écoutes !  |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15435 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 17:44 | |
| Moi non plus, même en les connaissant pas trop mal, je crois que je n'arriverais pas à me concentrer sur les 6 en une soirée. Je me souviens qu'en 2000, à la Cité de la Musique, j'avais assisté à deux concerts des Keller qui avaient donné le 1 et 5 (avec l' Officium breve de Kurtág! la tuerie...) et le lendemain (c'était des concerts qui avaient l'après-midi pendant un week-end) le 2 et le 4: rien que ça, ça m'avait paru déjà vraiment très dense. (Et j'étais beaucoup plus jeune!  ) D'ailleurs, aussi bien en concert qu'au disque (puisqu'on est en discographie), les Keller, c'est vraiment ceux que j'ai préféré dans les quatuors de Bartók (où j'ai entendu - pas forcément dans tous les quatuors - les Végh, les Juilliard et les Jerusalem seulement au disque, les Alban Berg seulement en concert, les Hagen et les Keller en concert et au disque.) |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 10 Jan 2019 - 19:44 | |
| J'ai fini l'écoute de l'intégrale des Arcadia avec le n°4 (mon préféré, avec un enchainement de mouvements!  ) et le n°6. Au final cette intégrale est de très bonne qualité, amha. Je n'ai rien noté de déplaisant dans ces interprétations; à confirmer avec les prochaines écoutes. J'ai envie de dire que la relève est assurée.  Je serai curieux d'entendre ce qu'ont fait les Diotima; ça sort ce mois-ci. - Spoiler:
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|  | | Iskender Mélomane chevronné

Nombre de messages : 2387 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Dim 5 Mai 2019 - 20:58 | |
| Je suis en train d’écouter l’intégrale des Diotima, c’est époustouflant.  Déjà leur sonorité a une vraie identité : lorsque l’on parle d’homogénéité du son d’un quatuor, on sous-entend souvent fondu sonore. Là c’est différent : la proximité des timbres des instruments entre eux est incroyable mais on distingue en permanence chaque instrument. Le son d’ensemble a quelque chose de minéral, enfin je le perçois ainsi. Je trouve que tout cela convient parfaitement à Bartók et à la lecture des Diotima. Ils sont aux plus près du texte, mais sans tomber dans une quelconque froideur. C’est très expressif, avec une sauvagerie toujours canalisée. Une lecture au départ assez analytique mais au final totalement addictive.  |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 6 Mai 2019 - 13:54 | |
| J'ai écouté les Diotima dans le 5e et je suis d'accord, la finition est assez bluffante. |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 8 Mai 2019 - 10:23 | |
| Ecoute le 4e par des Diotima, j'apprécie encore leur technique et sonorité qui permet d'apprécier la netteté des voix avec une utilisation très juste des vibratos ou plutôt non-vibratos et portamentos. Un défaut lorsqu'on compare avec les Takacs, c'est un peu lisse et ça manque de mordant et de fougue (le 5e mouvement). |
|  | | Mandryka Mélomaniaque

Nombre de messages : 898 Date d'inscription : 03/04/2010
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Dim 12 Mai 2019 - 18:37 | |
| Je voudrais mentionner un nouveau disque que j’aime bien  |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 20 Mai 2020 - 20:38 | |
| - arnaud bellemontagne en Playlist a écrit:
- Bartok : Quatuor n°3 (Keller)
Quelle densité...on a peine à croire que ça ne dure que 15 minutes. Oui, c'est un déchaînement pendant 15mn...juste une petite accalmie au début du 3 ème mouvement. J'aurais envie de dire, heureusement qu'il ne dure "que" 15 minutes...plus longtemps sur ce rythme ce serait épuisant! Du coup je l'ai réécouté avec la version des Berg...version rugueuse qui me plait bien. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15435 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 20 Mai 2020 - 21:44 | |
| C'est rigolo: comme (à cause du Quizz Paroles et Musique) je viens de me replonger dans mes notes de programmes d'il y a vingt ans, je constate qu'en février 2000, à la Cité de la Musique, j'ai justement entendu: - le Quatuor Alban Berg dans le 3ᵉ; - le Quatuor Keller dans le 1ᵉ et le 5ᵉ puis dans le 2ᵉ et le 4ᵉ. |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 20 Mai 2020 - 21:54 | |
| Et c'était comment?...bon je sais, cela fait maintenant 20 ans!  |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96875 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 20 Mai 2020 - 22:57 | |
| - Rubato a écrit:
- Du coup je l'ai réécouté avec la version des Berg...version rugueuse qui me plait bien.
Les Berg sont cependant à peu près ce que tu trouveras de plus lyrique / lisse, de moins sauvagement rythmé.  (J'aime pas beaucoup ici, les amateurs forcenés de Bartók en général non plus.) Mais ça reste éprouvant tant c'est dense (en musique, en émotions, en tension), même par eux, en effet ! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15435 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 20 Mai 2020 - 23:14 | |
| - Rubato a écrit:
- Et c'était comment?...bon je sais, cela fait maintenant 20 ans!
 J'avais gribouillé en marge du 3ᵉ de Bartók dans le programme des Alban Berg « charpenté ‟symphonique”, grain rugueux - passages fugués (1ᵉ pt)!!! Tp carré & lié ensuite (manque fragmentat°, kaléidoscope timbres) ms coda: énergie & puissance!» (Apparemment, le même soir j'avais senti la même limitation dans les Microludes de Kurtág - et par ailleurs, je n'avais pas été frappé par Glosse de Berio et leur lecture du Quatuor de Berg m'avait subjugué.) En revanche, je n'avais rien écrit sur le programme des Keller (mais j'y ai un autographe de Kurtág, qui était assis juste devant moi - il était alors en résidence à la Cité de la Musique, et les Keller avaient donné l' Officium breve entre le 1ᵉ et le 5ᵉ.) Dans mon souvenir, j'avais été conquis par la finesse des sonorités, avec des bruissements et des transparences incroyables dans les passages «nocturnes», et leur façon à la fois tendue, fluide et précise de rendre les détails de l'écriture rythmique. Cela dit, comme j'ai ensuite souvent écouté leur intégrale discographique, il est possible qu'on soit un peu dans le «souvenir-écran.» |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Jeu 21 Mai 2020 - 8:51 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Rubato a écrit:
- Du coup je l'ai réécouté avec la version des Berg...version rugueuse qui me plait bien.
Les Berg sont cependant à peu près ce que tu trouveras de plus lyrique / lisse, de moins sauvagement rythmé. (J'aime pas beaucoup ici, les amateurs forcenés de Bartók en général non plus.)
Mais ça reste éprouvant tant c'est dense (en musique, en émotions, en tension), même par eux, en effet ! Je vais comparer avec les Keller (que je n'ai pas écouté depuis longtemps), et la version récente (2019) du Arcadia Quartet.  |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13967 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 22 Mai 2020 - 8:09 | |
| De Playlist - arnaud bellemontagne a écrit:
- Bartok : Quatuor n°4 (Keller)
Peut-être mon préféré du cycle. - Cololi a écrit:
- arnaud bellemontagne a écrit:
- Bartok : Quatuor n°4 (Keller)
Peut-être mon préféré du cycle. Oui Il semblerait que l'on soit un bon nombre a avoir une préférence pour ce n°4 !  |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96875 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 22 Mai 2020 - 8:42 | |
| - Rubato a écrit:
- Je vais comparer avec les Keller (que je n'ai pas écouté depuis longtemps)
Pas les plus rugueux non plus, mais vraiment rattachés à la veine folklorique, mes chouchous ici : c'est tempêtueux et tourmenté, mais ça danse ! |
|  | | jpwol Mélomane averti

Nombre de messages : 436 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/02/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 10:51 | |
| Bonjour à tous !  Adorant les œuvres orchestrales et pianistiques de Bartok, j'aimerais découvrir ce corpus qui est paraît il fabuleux. J'hésite entre les Takacs II, les Juilliard et les Végh I (récemment réédités chez Praga). Sachant que je privilégie surtout les atmosphères saisissantes et le côté "magie nocturne" chez Bartok plus que la perfection instrumentale, que me conseilleriez vous ?  J'ai également entendu parler des Fine Arts mais je ne connais pas.. Merci à tous ! |
|  | | Eusèbe Mélomaniaque

Nombre de messages : 1592 Age : 47 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 11:09 | |
| Les Keller, suggérés par David, correspondent assez à tes souhaits |
|  | | jpwol Mélomane averti

Nombre de messages : 436 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/02/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 16:20 | |
| Merci pour la recommandation !  J'avouerai que j'étais plus partant pour les Végh car j'adore leur Beethoven avec ces mouvements lents magiques en demi teintes, ainsi que les Takacs et Julliard suite aux critiques dithyrambiques que j'en ai lu dans la presse. Pourquoi pas les Keller, mais je déteste cette collection Apex, certes bon marché mais tellement moche... |
|  | | Eusèbe Mélomaniaque

Nombre de messages : 1592 Age : 47 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 17:12 | |
| Les Vegh, c’est sûrement très bien, mais je ne les ai jamais écoutés. Juillard, c’est peut-être un peu cérébral par rapport à tes attentes. |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 18:45 | |
| Je ne connais que les Takacs (Decca, je crois de ça dont tu parles), mais je les trouvent fabuleux. |
|  | | Iskender Mélomane chevronné

Nombre de messages : 2387 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 19:01 | |
| Je rejoins mes petits camarades, et suis pleinement d'accord avec Eusèbe concernant les Juilliard. Keller puis Takacs II (= Decca, c'est bien cela Bruno  ) en haut de l'affiche pour moi également; Diotima comme outsider. Pour les autres versions réputées que je connais, je trouve les Berg plutôt bien mais pas vraiment dans l'adn hongrois. À choisir une version plus occidentale et analytique, autant avoir la perfection instrumentale incroyable des Diotima. Un mot sur les Belcea, parfois durs dans l'accentuation qui peut être exagérément violente avec eux (et pas seulement dans Bartók). Pour les versions plus anciennes je préfère les Hongrois aux Vegh. - jpwol a écrit:
- Pourquoi pas les Keller, mais je déteste cette collection Apex, certes bon marché mais tellement moche...
Je suis bien d'accord avec toi sur apex, mais ce serait dommage de se priver des Keller pour ça; surtout à ce prix-là. Au pire tu bricoles : tu imprimes la pochette originale sur Google images et tu la glisses dans ton boîtier. - Spoiler:
Ou alors : Borbetomagus peut peut-être aussi te faire un visuel sympa
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|  | | jpwol Mélomane averti

Nombre de messages : 436 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/02/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 26 Fév 2021 - 23:41 | |
| Merci pour vos avis éclairés ! J'ai opté pour les Takacs en premier lieu, et je compte approfondir avec les Keller et les Végh. Connaissez vous les deux versions des Vegh ? J'aime beaucoup ce quatuor donc je n'imagine pas les éviter dans ce répertoire. Si vous avez un avis |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 96875 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Dim 28 Fév 2021 - 23:40 | |
| - Eusèbe a écrit:
- Les Vegh, c’est sûrement très bien, mais je ne les ai jamais écoutés. Juillard, c’est peut-être un peu cérébral par rapport à tes attentes.
Spectre très aéré, approche tellurique et rugueuse, mais effectivement dans le même temps une forme de détachement, de pure interprétation formelle. Assez particulier. |
|  | | jpwol Mélomane averti

Nombre de messages : 436 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/02/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Mar 2021 - 15:01 | |
| Oui j'ai peur que cette approche des Juilliard soit intimidante pour un premier contact... Dans tous les cas j'ai écouté et adoré les deux premiers quatuors ainsi que le 5ème par les Takacs (II). En revanche, quelle noirceur, quel pessimisme...Même les quelques éclats me semblent plein de désillusion. Pas une musique à écouter "en fond", mais avec la concentration requise j'ai trouvé ça très riche et émotionnellement intense. J'ai pu écouter le 5ème quatuor par le Jerusalem Quartet: quelle claque ! Dans le premier mouvement j'ai eu l'impression d'entendre plus de lignes et de détails, c'est magnifique. Je crois que je vais rester un certain temps en compagnie de ces pièces |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Sam 30 Oct 2021 - 17:34 | |
| Je me suis fait une petite écoute comparée des huit versions des quatuors de Bartók dont je dispose dans mes armoires, et j’en livre ici les résultats. Inscrits dans la descendance des derniers quatuors de Beethoven, les quatuors de Bartók constituent une tentative de synthèse alchimique du folklore hongrois et de la tradition savante occidentale. Chaque quatuor campe un univers très singulier. C’est pourquoi je me propose de livrer mes impressions quatuor par quatuor, étant acquis qu’un même ensemble ne réussit pas nécessairement toutes les œuvres avec la même pertinence. Premier quatuor Végh IIDans une belle prise de son, les Végh donnent une interprétation très expressive, voire expressionniste, de ce premier quatuor. Refusant absolument le beau son et toute recherche plastique, ils insistent sur la continuité mélodique de l’œuvre, parfois au détriment de la pulsation rythmique, ce qui nous vaut un dernier mouvement un peu décevant. Le son est très charnu, dense, lourd même, mais la justesse est plus d’une fois problématique (problème récurrent avec les Végh). C’est une interprétation assez radicale et, comme telle, à connaître, mais un peu unidimensionnelle. BergLes Berg sont, sans surprise, beaucoup plus virtuoses et brillants, avec un jeu très vibré et une prédominance du premier violon. La beauté plastique est ici ouvertement recherchée, mais cela donne hélas quelque chose de très lisse, voire parfois un peu creux. Ce qui est accentué par une prise de son lointaine et beaucoup trop réverbérée. Les Berg passent en outre totalement à côté de l’enracinement magyar de l’œuvre. Techniquement, c’est très supérieur aux Végh, et le final est de ce point de vue mieux rendu, mais je trouve tout cela au total assez décevant. EmersonPlus rapide que les Véhg et que les Berg, le quatuor Emerson tente une sorte de compromis entre expressivité et virtuosité technique. Aidé par une prise de son de bien meilleure qualité que celle des Berg, il donne quelque chose de plastiquement assez abouti, mais sans la brillance un peu superficielle de ceux-ci. Si le final est mieux rendu que chez les Végh, on reste néanmoins fort loin de la plénitude expressive et de l’authenticité magyare de ceux-ci. Une version très américaine et civilisée de l’œuvre de Bartók. DiotimaDans une excellente prise de son, les Diotima donnent une version très introspective, très sobre et intériorisée du premier quatuor. Les tempi sont assez lents, parfois trop selon mon goût. La sonorité est moins vibrée que chez les Berg et les Emerson et, comme les Végh, ils se montrent surtout sensibles à la dimension mélodique de l’œuvre, au détriment du « motorisme » spécifiquement bartokien (final). En un mot, plus l’expression que la virtuosité (Berg, Emerson), mais aussi plus l’introspection que l’expressionnisme (Végh). KellerLa prise de son est ici plus lointaine et réverbérée, mais sans excès. C’est dommage parce qu’on ressent moins physiquement la présence des instruments. Sinon, cette version est d’une qualité superlative. Les Keller arrivent à allier l’intensité et l’intériorité du premier mouvement avec la danse du final. Le jeu est sobre, peu vibré, mais les tempi sont nettement plus rapides (environ 29’ comme les Végh) qu’avec les Diotima. Techniquement, c’est nettement supérieur aux Végh, mais on a en outre le sens du rythme, du folklore et de la danse qui font défaut à tant d’autres. C’est un peu la quadrature du cercle et c’est remarquable. HongroisLa prise de son est ancienne mais très belle, au plus près des instruments. C’est une version magnifique, plus brillante (davantage de vibrato) et expressive que celle des Keller, mais aussi plus lente et moins dansante. L’expression est ici très intense mais moins intériorisée que chez les Keller ou les Diotima. Le sens du rythme est moindre aussi que chez les Keller, mais supérieur à celui des Végh, et avec une technique supérieure à celle de ces derniers. C’est une belle réussite. Takács IIVoilà tout autre chose. À rebours des Végh, des Hongrois, des Keller ou des Diotima, les Takács optent pour une expressivité délibérément extravertie, mais sans la brillance un peu superficielle des Berg (beaucoup moins de vibrato) et avec un enthousiasme et un dramatisme qu’on ne trouve pas chez ces derniers. La prise de son, très claire, est délibérément réverbérée, ce qui donne une ampleur quasi-orchestrale au quatuor. À certains moments, on a même l’impression d’entendre un orchestre à cordes. Le tempo est rapide, voire endiablé (final) et les Tákacs emportent tout sur leur passage. On peut trouver l’intériorité des précédents autrement exemplaire, mais l’enthousiasme et le dramatisme des Tákacs sont vraiment communicatifs. Je dis oui ! Tokyo ISuperbe prise de son pour une version qui joue la carte du modernisme. L’homogénéité et la virtuosité sont ici époustouflantes. Précision, fermeté des attaques et des traits : aucune mollesse dans cette approche d’une beauté plastique assez étourdissante et aux tempi rapides. Et cela ne se fait pas au détriment de l’intensité expressive, mais quand même au dépens de l’authenticité magyare. Le quatuor de Tokyo est né aux USA et arbore une esthétique assez proches des ensembles américains. C’est en un mot trop civilisé, surtout dans le final qui est très loin de la folie que savent y insuffler les Takacs ou encore de la danse des Keller. Mais c’est très beau. Hormis peut-être les Berg, il n’y a pas vraiment de ratage ici. Mais, si je dois faire un choix personnel pour ce premier quatuor, j’opte d’abord pour les Keller et les Takács.
Dernière édition par Anaxagore le Mer 17 Nov 2021 - 14:38, édité 5 fois |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 90487 Age : 42 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Sam 30 Oct 2021 - 18:09 | |
| Super, merci. Je vais me faire un petit parcours en picorant parmi les versions dont tu as parlé. (je n'en connais pas encore beaucoup, à part Keller et Diotima) |
|  | | Cololi chaste Col

Nombre de messages : 32892 Age : 42 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Sam 30 Oct 2021 - 18:15 | |
| Il manque le quatuor Juilliard, tout de même. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Sam 30 Oct 2021 - 18:58 | |
| - Cololi a écrit:
- Il manque le quatuor Juilliard, tout de même.
C'est vrai ; c'est un manque... et un trou dans ma discothèque. Mais ce n'est hélas plus disponible ... |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Dim 31 Oct 2021 - 10:01 | |
| Les juilliard ont enregistrés au moins1949 et en stéréo 2 fois, en mono 1949 et en stéréo 1963. Le cycle mono vient d'être réédité dans le coffret [i]The Early Comumba Recording. [/i]
Malgré le trou ca reste un très beau panorama. |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Dim 31 Oct 2021 - 13:39 | |
| - Xavier a écrit:
- Super, merci.
Avec plaisir  . - Bruno Long a écrit:
- Malgré le trou ca reste un très beau panorama.
Merci  . La suite arrive bientôt et j'écouterai une version des Juilliard en streaming. |
|  | | Iskender Mélomane chevronné

Nombre de messages : 2387 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Nov 2021 - 15:17 | |
| Merci pour cette synthèse en cours Anaxagore. Lorsque tu as posté Keller et Diotima en playlist, je me suis dit "voilà mes versions préférées". Et puis tu as ajouté les hongrois et Takacs II, et là je me suis dit "c'est vrai, j'adore aussi ces deux-là."  Quant aux Tokyo, j'en suis curieux. Tes posts vont m'être utiles et feront partie de ces posts du forum auxquels je sais que je peux me référer  ; d'autant que si je fréquente régulièrement les quatuors 4-5-6, ce n'est pas trop le cas des trois premiers.  |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Nov 2021 - 16:38 | |
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|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Nov 2021 - 18:19 | |
| Voici la suite : Deuxième quatuorVégh IIVersion expressionniste, grimaçante, sans aucune concession au beau son. Aucune des âpretés de cette musique ne nous est épargnée. Le son est charnu, creusé, mat, parfois couinant, ce qui est accentué par la prise de son très proche. C’est délibérément « laid ». Dans cette optique, le final funèbre et désespéré est particulièrement réussi : c’est un cortège menaçant de spectres et d’apparitions grimaçantes. La virtuosité n’est par contre pas le fort des Végh et le second mouvement, dont la pulsation rythmique n’est pas particulièrement mise en valeur, ne trouve pas chez eux la hargne qu’on serait en droit d’attendre ici. Au total, l’écoute de cette version est fort éprouvante et on en sort un peu exténué. BergLe problème de cette version, c’est vraiment la prise de son trop lointaine et trop réverbérée. Si on y ajoute un déséquilibre entre les voix avec la prédominance du premier violon très vibré de Günter Pichler, on a tous les ingrédients qui expliquent ma déception. C’est beaucoup trop lisse et extérieur, brillant mais un peu creux. Dans des tempi nettement plus rapides que chez les Végh, l’âpreté de la musique de Bartok est bien rendue, mais le son est trop peu charnu, trop brillant pour permettre un dépassement de sa surface. Cela se vérifie en tout cas dans le moderato initial et dans le lento final. L’allegro central est mieux rendu, avec davantage de violence et de percussion que chez les Végh. Les Berg en illustre mieux le motorisme spécifique. Mais, au total, je n’adhère pas trop. Tokyo ITempi assez lents pour une version très personnelle. Le moderato est intensément expressif et d’une très grande beauté plastique, mais avec un excès sensible de vibrato. L’allegro est curieusement lent et très appuyé avec des accents très massifs. On retrouve ici la grande précision des attaques, des accents et des traits qui fait la spécificité de l’approche des Tokyo. Le lento final est un véritable nocturne, intense mais une nouvelle fois trop vibré. La réalisation est superlative pour une approche plutôt objective d’une grande beauté plastique. Mais c’est au détriment de l’authenticité magyare. La prise de son est toujours aussi réussie. HongroisBelle prise de son. Les sonorités sont mates et rêches. Comme chez les Végh, refus total du beau son et de la belle plastique, mais c’est quand même mieux maîtrisé techniquement. L’approche est aussi beaucoup plus intérieure (peu de vibrato) et pudique, dans des tempi plus lents. L’esthétique est moins expressionniste, loin du monde spectral des Végh. Le second mouvement manque quand même de sauvagerie et de folie : cela ne danse pas. Le nocturne final est très beau, très intériorisé. KellerLà, c’est le coup de foudre ! Ce que les Keller font ici est extraordinaire. Dans la premier mouvement, l’intensité en même temps que la sobriété de l’expression, la souplesse agogique, la fluidité dans la conduite des voix, la beauté des sonorités sont magnifiques. Dans le second, cela danse comme jamais, avec un naturel confondant. Dans le nocturne final, nos quatre musiciens font entendre des sonorités magiques et envoutantes. Pour les trois mouvements, les tempi sont d’une manière générale plus rapides que la moyenne. On est très loin de l’âpreté des Végh, mais cela sonne avec une telle évidence qu’on se dit que « cela doit sonner comme ça ». J’adore même si je continue à regretter cette prise de son trop lointaine. Takács IIL’interprétation des Takács montre grosso modo les mêmes caractéristiques que celles du premier quatuor : lyrisme intense et extraverti, dramatisation du discours, ampleur quasi-symphonique, beauté plastique, sans que cela soit au détriment de l’âpreté (les dissonances frottent). Le second mouvement, à la pulsation bien accentuée, danse comme il se doit. Le nocturne final, trop extérieur, manque par contre un peu de mystère. Une très belle version mais qui me subjugue moins que celle des Keller. EmersonOn se rapproche ici de ce que font les Berg, mais en beaucoup mieux réussi. Dans une belle prise de son et sur des tempi un peu plus lents que la moyenne, les Emerson allient, comme dans le premier quatuor, la virtuosité et la perfection technique avec un dramatisme très extraverti et brillant (trop de vibrato à mon goût). Le second mouvement, très pulsé, est hargneux, mordant et rageur à souhait. Le nocturne final retrouve les accents mystérieux qui manquaient un peu aux Takács mais hélas toujours avec un excès de vibrato. C’est bien. DiotimaAvec les Diotima, on se rapproche plutôt de l’optique des Végh, mais en plus retenu et moins éprouvant. Dans la continuité avec les options du premier quatuor, les quatre musiciens adoptent, dans des tempi légèrement plus lents que la moyenne, une certaine réserve expressive. Pas de recherche de la brillance (peu de vibrato) ou de la virtuosité gratuite, mais une intériorisation douloureuse et pudique du discours. Dans cette optique, le second mouvement perd un peu de son mordant et de sa sauvagerie, mais le final par contre, méditation nocturne nimbée de mystère, est magnifiquement réussi. Très belle prise de son. Juilliard (1981) Écouté en streaming sur mon ordinateur, dans des conditions sonores de moins bonne qualité que pour les autres versions. Les Juilliard ont une approche épurée, rigoureuse, dépassionnée, un peu cérébrale, du second quatuor. Refusant la brillance et l’effet, ils font avant tout ressortir, avec une grande sobriété, la logique musicale du discours, avec des timbres plutôt mats et râpeux. Dans cette optique, le second mouvement apparaît un peu sage et mesuré, à distance de l’enracinement populaire magyar de cette musique. Le nocturne final est par contre assez miraculeux et me rappelle l’excellence des Juilliard dans les pièces pour quatuor de Webern. On y retrouve la même atmosphère raréfiée, puissamment évocatrice. Bonne prise de son. Au total, une belle version. Pour ce second quatuor, mon cœur ne balance pas, j’opte sans hésitation pour les Keller  .
Dernière édition par Anaxagore le Ven 5 Nov 2021 - 2:48, édité 3 fois |
|  | | Cololi chaste Col

Nombre de messages : 32892 Age : 42 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Nov 2021 - 19:21 | |
| Il y a qq années il y avait une écoute comparée sur le 4° quatuor sur le fofo, si ça t'intéresse. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Lun 1 Nov 2021 - 19:54 | |
| - Cololi a écrit:
- Il y a qq années il y avait une écoute comparée sur le 4° quatuor sur le fofo, si ça t'intéresse.
Ah oui, merci. Je lirai ça quand j'arriverai au quatrième quatuor  . |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mar 2 Nov 2021 - 14:10 | |
| Troisième quatuorBerg De toute évidence, le modernisme agressif du troisième quatuor convient mieux aux Berg que le post-romantisme finissant des deux premiers. Ils en illustrent avec la virtuosité qu’on leur connaît toute la modernité d’écriture, tout en lui donnant une réalisation plastique hautement aboutie. Leur approche est ample, quasi-symphonique et très contrastée. Ils déploient une grande richesse de timbres, soulignant avec brio tous les modes d’attaque déployés par le compositeur ( sul ponticello, martellato, col legno, glissando). Cette fois, c’est mieux réussi. Végh II Les Végh restent fidèle à leur approche âpre et sans concession. Leur vision est plus chambriste que celle des Berg et elle honore mieux que ceux-ci le côté nocturne et mystérieux de l’œuvre. Il sont plus sensibles que les autrichiens à ce qui y demeure malgré tout de continuité mélodique et ils donnent donc une interprétation moins contrastée que ces derniers. Ils sont aussi, sans surprise, beaucoup plus sobres, avec leurs timbres mats, voire ingrats, captés de très près. Keller Comme les Végh, les Keller recherchent la continuité mélodique de l’œuvre, mais cette fois en rupture avec toute forme de modernisme outré. Ils tendent à gommer l’âpreté et les aspérités au profit d’une vision plus apaisée, pudique et retenue. Leur sonorité est beaucoup plus sensuelle et avenante que celle des Végh et la réalisation plastique beaucoup mieux soignée. On cherchera en vain ici la hargne, le mordant des Berg, mais c’est au profit d’une vision plus homogène et surtout plus accessible du chef-d’œuvre de Bartók. Certainement une bonne version pour découvrir le quatuor. Hongrois Comme les Keller, les Hongrois recherchent la continuité mélodique, mais avec moins de retenue expressive, ce qui est sans doute favorisé par la magnifique prise de son au plus près des cordes. Dans un tempo plus retenu que la moyenne, ils donnent une vision lyrique qui tend à inscrire ce quatuor dans la continuité post-romantique des deux premiers. C’est dire que le modernisme n’est pas non plus ce qui intéresse les hongrois qui sont moins sensibles que d’autres aux accents brusques, aux ruptures du discours (Berg), à l’âpreté des dissonances (Végh). C’est néanmoins très beau et convaincant. Diotima Ce que les Diotima font ici est tout simplement magnifique ! Ils choisissent d’illustrer la modernité du quatuor mais le font d’une manière bien plus convaincante que les Berg. Ils donnent une lecture discontinue et séquentielle et diversifient à l’extrême chacun des épisodes. En jouant sur toute l’amplitude de l’échelle dynamique, en mettant clairement en valeur les différents modes d’attaque de leur instrument, en diversifiant au maximum les timbres et en valorisant les différents types d’écriture, ils singularisent au maximum chaque séquence et créent une diversité enchanteresse de climats opposés. Lecture moderniste certes, mais aussi intensément poétique. Et le tout dans une prise de son superlative. Je suis conquis. Emerson Plus j’écoute ce quatuor, plus je me dis que c’est un chef-d’œuvre absolu (ce dont je n’ai en réalité jamais douté, mais ici ça sonne comme une évidence). Et comme tous les chefs-d’œuvre, il n’est pas univoque. Les Emerson me le prouvent en proposant quelque chose de tout à fait différent et d’assez extraordinaire. En adoptant des tempi beaucoup plus rapides que la moyenne (ils jouent le quatuor en moins de 14 minutes, là où tous les autres prennent au moins 15 minutes), ils font de cette œuvre une véritable danse macabre. Ils optent donc pour la continuité, non sur le plan mélodique, mais bien sur le plan rythmique. Ce qui les intéresse, c’est le mouvement. Cela va continuellement de l’avant, avec une férocité, un mordant, une sauvagerie que je n’avais jamais soupçonné dans ce quatuor. Et la réalisation plastique et la prise de son sont somptueuses. J’achète. Tokyo I Encore une approche passionnante ! Ici le troisième quatuor devient le frère du premier concerto pour piano et c’est l’amour de Bartók pour la percussion qui est convoqué. Les Tokyo, optant pour la veine moderniste de l’œuvre, en donnent une approche littéralement « percussive ». Le son est d’une densité incroyable, dru, épais, et on en vient à se demander combien de cordes les musiciens ont cassées durant l’enregistrement  . Ils jouent tous les accents avec une brutalité de forcenés, mais dans une approche rythmique qui est fort recherchée. Ils démontrent en effet une grande souplesse agogique et les contrastes de tempi sont nombreux. Il y a une sorte de conflit permanent entre la volonté de relance et de continuité du mouvement et les accents verticaux qui brisent l’élan. Inutile de souligner que la virtuosité et la finition plastique sont sans failles. C’est un peu unidimensionnel comme approche mais on entend là plein de choses jamais entendues ailleurs, et ça mérite le détour. Takács II Fidèles à leur conception symphonique très opulente (on ne cherchera ici aucune sobriété !), les Takács illustrent la veine post-romantique et folklorisante de l’œuvre. Pratiquant une respiration très ample, ils recherchent avant tout la continuité mélodique et gomment beaucoup de la modernité du quatuor. Enregistrés à distance, avec beaucoup de réverbération, leur amplitude dynamique est quasiment limitée aux nuances forte. Peu de place ici pour la suggestion ou le susurrement. Tout est asséné avec une certaine grandiloquence. Par contre, ceux qui sont rebutés par le modernisme de ce quatuor en trouveront certainement ici une porte d’entrée idéale. Les Takács en illustrent idéalement la veine traditionnelle. Juilliard 1981 Approche très originale, austère, en demi-teinte, avec des timbres mats — mais très séduisants — et des archets légers (on est à l’opposé du son lourd, dru et dense des Végh). Les Juilliard donnent une lecture plutôt cérébrale de ce quatuor, clairement architecturée et où les plans sont posément distingués. La prise de son, elle-même assez sèche, accentue cette impression d’austérité. Les épisodes mordants, voire brutaux, sont étrangement apaisés tandis que, dans les moments d’accalmie, nos quatre musiciens déploient une poésie nocturne très suggestive et mystérieuse. Dans l’optique qui est celle des Juilliard, c’est cohérent et parfaitement réalisé. Ce quatuor est, parmi les six, sans doute le plus difficile d’accès. Sa concentration et sa concision sont intimidantes. Il reste que c’est un pur chef-d’œuvre et sa richesse nécessite des approches très contrastées. Mon brelan de cœur est le suivant : dans la veine post-romantique : les Hongrois ; pour la veine moderniste : les Diotima ; pour le mouvement et la danse : les Emerson. Mais je ne bouderais pas les Tokyo. En réalité, toutes les versions ont ici quelque chose à offrir qui mérite d’être découvert.
Dernière édition par Anaxagore le Ven 5 Nov 2021 - 2:46, édité 1 fois |
|  | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1671 Date d'inscription : 07/08/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mar 2 Nov 2021 - 14:50 | |
| Merci. Je continue à suivre ça attentivement. |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Ven 5 Nov 2021 - 2:45 | |
| Quatrième quatuor
Végh II
On retrouve ici le son dense, granuleux, lourd, épais mais aussi un peu ingrat des Végh, et enregistré au plus près des cordes. Dans des tempi, contre toute attente, un peu plus rapides que la moyenne, ils donnent à l’œuvre une grande continuité mélodique mais, cette fois, aussi rythmique (difficile d’y échapper dans ce quatuor). Dans les deux mouvements extrêmes, la pulsation est très lourdement accentuée. Le nocturne central est mystérieux à souhait, le fantomatique second mouvement est idéalement fuyant, tandis que les cordes de l’allegretto pizzicato crépitent comme un feu de bois. Le souvenir du folklore hongrois n’est en outre pas oublié par nos musiciens et affleure çà et là en filigrane. C’est, à mon sens, l’une des plus belles réussites de l’intégrale des Végh.
Berg
La lecture de Berg est beaucoup plus immédiatement avenante et sensuelle que celle des Végh, mais aussi beaucoup plus superficielle. L’approche est objective et « moderniste ». Les timbres sont séduisants, ronds et chaleureux, tandis que la prise de son lointaine accentue l’ampleur symphonique que les autrichiens donnent à l’œuvre. Les premiers et dernier mouvements y trouvent une lecture efficace et très percussive, mais où la précision des accents est émoussée par la réverbération excessive. Les trois mouvements centraux y perdent par contre beaucoup de leur poésie. Les fantômes fuyants du second ont disparu, de même que les crépitements du troisième. Et on cherchera en vain la poésie nocturne du mouvement central, joué d’une manière platement objective. Une version sans doute mieux adaptée que celle des Végh pour découvrir le quatuor, mais qui ne va pas très loin.
Takács II
Comme les Berg, les Takács proposent une vision symphonique très ample de ce quatuor, mais ils sont beaucoup mieux enregistrés que ces derniers. On a en réalité, tout le long, l’impression d’entendre un orchestre à cordes : on est vraiment à l’exact opposé de la conception chambriste des Végh. Pour le reste, foin ici du modernisme percussif. Les musiciens optent plutôt pour une conception romantique, expressionniste, très extravertie. Avec eux, la musique de Bartók crie, hurle, racle, gémit (les glissandi et les dissonances sont particulièrement mis en valeur). Le motorisme les intéresse beaucoup moins et la régularité de la pulsation rythmique est nettement moindre que chez les Végh ou les Berg, les accents étant par ailleurs émoussés par la réverbération. Ce que les mouvements centraux perdent en poésie, ils le gagnent en couleurs, lesquelles sont ici incroyablement diversifiées et riches. S’il faut choisir une version « symphonique », j’opte pour celle-ci de préférence à celle des Berg : elle est beaucoup plus inventive et engagée. Il reste qu’elle manque pour le moins de sobriété : nos quatre musiciens qui ne font pas dans la dentelle en rajoutent beaucoup. Il faut noter que cette version comptait parmi les gagnantes de l’écoute comparée consacrée à ce quatuor en 2011.
Diotima
On est ici à l’opposé des Takács avec une version chambriste qui illustre résolument la veine moderniste, voire avant-gardiste, du compositeur. Dans une magnifique prise de son, très claire, les Diotima donnent une lecture objectiviste qui fouille la partition dans tous ses détails et en illustrent avant-tout le côté expérimental. Ils mettent en évidence, avec une violence raffinée, la complexité structurelle de l’œuvre, mais aussi les jeux de timbre et d’intensité ainsi que tous les modes d’attaque, beaucoup plus que son motorisme ou son enracinement magyar — pour le coup complètement ignoré. Leur sonorité est dense, granuleuse, incisive mais jamais lourde comme l’était celle des Végh. Elle est par ailleurs beaucoup plus sensuelle et avenante que celle de leurs grands frères hongrois. Les accents, les traits sont ici fins, cinglants et précis. Cela nous vaut des mouvements extrêmes particulièrement fouillés et un second mouvement expérimental qui préfigure directement la musique contemporaine pour cordes. Le mouvement central, très poétique, retrouve par contre son ambiance nocturne, tandis que l’allegretto pizzicato joue le rôle d’intermezzo crépitant. Une grande version.
Tokyo I
La version des Tokyo n’est pas sans analogies avec celle des Diotima. Ici aussi, on a une approche moderniste et objective de la partition, mais en nettement moins fouillé que chez leurs cadets. Captés de près et dans des tempi légèrement plus retenus, les japonais déploient eux aussi une approche anguleuse à la violence raffinée. Mais ce qu’ils perdent en analyse, ils le gagnent en homogénéité et en continuité. On les sent avant tout attentifs au mouvement qui est sans cesse relancé, là où les français s’attachent surtout à décortiquer. On retrouve leurs qualités habituelles d’incisivité, de précision et de clarté, mais cela ne va pas sans une certaine froideur dans les deux premiers mouvements et dans le dernier. Le nocturne central par contre, mystérieux, ainsi que l’allegretto pizzicato, tout en demi-teintes, sont fort réussis. Je reste malgré tout au total un peu mitigé.
Juilliard 1981
Des sonorités sèches, râpeuses, mates et pourtant très séduisantes (j’aime beaucoup), pour une approche une nouvelle fois plutôt objective, à la fois rigoureuse, incisive, énergique, pulsée et en même temps remarquablement architecturée. On a ici à la fois le sens de l’analyse et le sens du mouvement : c’est très fouillé et, dans le même temps, ça avance avec détermination … Par ailleurs, les Juilliard ne haussent jamais le ton et privilégient les demi-teintes à l’opposé de la hargne rageuse que l’on peut trouver ailleurs. On ne recherchera évidemment pas ici les traces de l’idiome magyar qu’on trouvait chez les Végh, ni la fougue romantique des Takács, et tout cela paraîtra sans doute à certains abstrait et désincarné. Mais je ne me suis pour ma part jamais ennuyé et, dans cette optique un peu cérébrale, c’est remarquablement équilibré et réalisé. J’aime beaucoup. N.B. J’ai jeté une oreille à la version 1963 des Juilliard — qui était l’une des gagnantes de l’écoute comparée de 2011 — et les options n’y semblent pas très différentes, sinon qu’elle semble un peu plus rapide et encore plus incisive. Il faut dès lors peut-être la privilégier.
Hongrois
Avec les Hongrois, on retrouve une version romantique et idiomatique, axée sur la continuité mélodique et l’expression. Point l’expression extravertie, voire débraillée, des Takács, mais plutôt celle d’un lyrisme pudique. Dans le premier mouvement, c’est moins la rigueur rythmique, la précision des accents ou la fermeté de l’architecture qui les intéressent que la conduite mélodique des voix, le tout avec une souplesse agogique qui donne le sentiment d’un monde mouvant. Les trois mouvements centraux sont admirables de poésie, le second retrouvant son côté spectral que perdaient les versions modernistes en le réduisant à une banale étude sur les modes d’attaque. Le dernier mouvement enfin allie assez idéalement le motorisme bartokien, et donc une pulsation régulière, avec le lyrisme du premier. Au total, une version qui coule naturellement et qui donne de bout en bout le sentiment d’une improvisation, en faisant droit à la veine populaire magyare de cette musique. Une très grande version.
Emerson
Dans des tempi sensiblement plus rapides que la moyenne et avec des sonorités sèches, râpeuses, incisives, mordantes, les Emerson réussissent ce que les Tokyo, décidément trop lisses, avaient raté : une version entièrement axée sur le rythme, le mouvement ou le motorisme bartokien. Sans cesse, le mouvement est relancé dans une extraordinaire poussée en avant, et cela ne se fait heureusement pas trop au détriment des détails de la partition. La recette est appliquée à tous les mouvements, hormis le nocturne central qui fait ici office d’ilot d’apaisement. La technique des quatre musiciens est sans faille et leur réalisation d’une grande beauté plastique. Une version moderniste et objective, très bien captée, qui fait l’impasse sur l’idiome magyar, mais qui n’en est pas moins grisante. Elle comptait d’ailleurs parmi les gagnantes de l’écoute comparée de 2011.
Keller
La version des Keller est étonnamment proche de celle des Végh, mais elle est aussi beaucoup plus séduisante. Elle peut dès lors, selon moi, avantageusement remplacer cette dernière. Elle est en effet nettement supérieure sur le plan technique (notamment la justesse) et la réalisation plastique. Les sonorités sont ici, comme chez les Végh, très denses, épaisses, granuleuses et même intentionnellement lourdes, mais beaucoup plus avenantes. À l’instar de leurs aînés, les Keller adoptent des tempi modérés et axent leur lecture sur la continuité mélodique et l’expression idiomatique. Dans le premier mouvement, la conduite horizontale des voix est verticalement heurtée par la brutalité et la lourdeur des accords accentués. Le second retrouve ses allures spectrales, le mouvement lent son ambiance nocturne traversée de cris et le troisième sa diversité de couleurs et ses crépitements. Dans le final enfin, on retrouve une pulsation très lourdement accentuée, mais dans un mouvement qui est relancé de manière inexorable. Une très belle version.
Les versions de ce quatrième quatuor sont assez difficiles à départager, tant elles illustrent des aspects différents de la richesse intrinsèque de l’œuvre. Aucune ne réalise vraiment la quadrature du cercle en opérant une sorte de synthèse idéale, ... pour autant que cela soit possible. Pour mon propre compte, j’en retiens surtout quatre. Dans la veine idiomatique, les Hongrois, pour leur spontanéité proche de l’improvisation, et les Keller, plus graves, sombres et rigoureux. Dans la veine moderniste ou objectiviste, les Juilliard (en préférant peut-être la version de 1963 à celle de 1981), pour la synthèse qu’ils opèrent de l’analyse et du mouvement, et les Emerson, pour leur illustration du motorisme bartokien. Ceux qui voient dans le quatrième quatuor surtout une œuvre expérimentale, n’oublierons pas les Diotima.
Dernière édition par Anaxagore le Ven 12 Nov 2021 - 0:53, édité 1 fois |
|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 10 Nov 2021 - 14:37 | |
| Cinquième quatuorAvec ce cinquième quatuor, Bartók tourne le dos aux expérimentations avant-gardistes des deux précédents pour revenir à un romantisme folklorisant et mélodieux beaucoup plus immédiat, de même qu’à une illustration beaucoup plus classique de la forme-sonate et à des fonctions tonales beaucoup plus clairement affirmées. Végh II Les Végh donnent une lecture rigoureuse, clairement architecturée du quatuor, mais d’une architecture de chair qui résulte, sans aucun intellectualisme, de la conduite lyrique et expressive des voix de la polyphonie. La dimension folklorique est sans surprise particulièrement mise en valeur. La structure des deux mouvements extrêmes (deux formes- sonate) est bien rendue, de même que l’ambiance nocturne du second et du quatrième mouvement, ou que la détente du scherzo central. J’avoue néanmoins que la sonorité ingrate et couinante des Végh, ainsi que leur justesse très approximative m’ont assez largement gâché le plaisir. Ces problèmes passent beaucoup mieux dans le contexte extrêmement dissonant des deux quatuors précédents où les tritons et les secondes abondent. Mais dans le quatuor présent où Bartók déploie des mélodies beaucoup plus diatoniques, plutôt que des courts motifs dissonants, ils deviennent vite assez pénibles. Berg Dans une prise de son lointaine, avec trop de réverbération, on a ici une version très ample, symphonique, virtuose (final très rapide) de ce quatuor. Les Berg en ont une vision objective, classique, extravertie et qui vise la beauté plastique. Les timbres sont évidemment ronds, brillants et la technique est sans faille, mais le résultat est une nouvelle fois très lisse et superficiel. On ne rencontre bien sûr plus les problèmes de justesse des Végh mais on perd aussi leur chaleur, leurs couleurs et leur souplesse. Le résultat est ici raide, parfois confus en raison de la prise de son et froid. Je n’adhère pas trop. Hongrois Dans des tempi sensiblement plus lents et avec des sonorités râpeuses et mates, captées de très près, les Hongrois propose, pour ce cinquième quatuor, une version très intériorisée, au lyrisme pudique. Cette grande réserve, cette introversion même, conviennent très bien aux deux mouvements lents, en particulier le premier des deux qui atteint ici au sublime. Le premier mouvement souffre peut-être d’un certain manque d’ampleur et d’architecture. Le scherzo central, qui est comme improvisé, est étonnamment retenu. Le final, pourtant mené tambour battant, semble lui aussi un peu trop réservé. Je dois par ailleurs noter au passage que la justesse n’est pas parfaite, mais cela m’a moins gêné que chez les Végh. Une version poétique qui parle la langue hongroise sans accent et avec profondeur, mais qui est un peu unilatérale. Emerson Les Emerson donnent du cinquième quatuor une version classique de grand style, ample, puissamment architecturée, tant au niveau de chacun des mouvements que du quatuor dans son ensemble, et d’une grande beauté plastique. Leurs sonorités sont incisives, mates mais chaleureuses et la prise de son très équilibrée est magnifique. On ne trouvera pas ici les accents populaires des versions plus idiomatiques, mais l’illustration de l’art savant du compositeur à son plus haut point de maturité. Dans cette optique, les deux mouvements extrêmes sont particulièrement réussis : l’architecture complexe du premier ressort avec une clarté parfaite, de même que celle du final endiablé, joué avec une virtuosité sans failles. Mais les trois mouvements centraux sont du même niveau : les deux mouvements lents, sans atteindre la profondeur méditative des Hongrois, sont magnifiques de poésie nocturne, tandis que le scherzo central danse comme il le faut. Je suis conquis. Une très grande version. Keller Ce que font ici les Keller est extraordinaire : ils réalisent la quadrature du cercle. Ils dramatisent le discours et lui insufflent une intensité expressive très prenante, tout en assumant l’ampleur, la virtuosité, la beauté formelle et le sens architectural des Emerson dans les mouvements extrêmes et la profondeur méditative des Hongrois dans les mouvements lents. Les tempi sont sensiblement plus rapides qu’ailleurs, mais aussi plus souples. On trouve ici un équilibre idéal entre l’investissement subjectif, la souplesse agogique et la puissance expressive d’une part et les recherches formelles du compositeur d’autre part. Et la prise de son un peu distante ne m’a, pour une fois, pas dérangé. C’est selon mon avis une version vraiment magistrale. Tokyo I Étonnante version que celle des Tokyo ! Avec la précision et la parfaite homogénéité qui les caractérisent, ceux-ci illustrent avant tout la veine moderniste du compositeur, en axant leur interprétation sur le rythme et le motorisme bartokien. Dans des tempi sensiblement plus lents que la moyenne, il surarticule le discours en lui imprimant une pulsation régulière et en y accentuant avec brutalité tous les accents. Il en résulte une conception très séquentielle des deux mouvements extrêmes où l’architecture globale se perd un peu mais où la logique motivique se trouve au contraire clairement mise en valeur. Les mouvements centraux ne manquent pas pour autant de lyrisme et de poésie, même si on y retrouve ce sens poussé de l’articulation et de la métrique. Une vision personnelle et originale, que d’aucuns trouveront raide et froide, mais qui a le mérite de faire entendre autre chose. J’ai personnellement bien aimé. Juilliard 1981 Dans une prise de son très rapprochée et avec des timbres mats, rêches, agressifs, les Juilliard exploitent eux aussi la veine moderniste de la musique de Bartók. Leur vision est très rude et, dans des tempi assez lents proches de ceux des Tokyo, ils alternent, dans le premier mouvement, les séquences très dissonantes verticalement accentuée et les séquences mélodiques beaucoup plus lyriques. Comme les Tokyo, ils articulent très fort le discours, mais c’est moins son motorisme brutal que son âpreté qui les intéresse. Ils soulignent à souhait les dissonances et se soucient peu de la beauté plastique de leur approche. Leur lecture des mouvements lents est objective, mais non dénuée de cette poésie nocturne peuplée d’ombres qui leur sied. Le scherzo, éminemment ambigu, multiplie les atmosphères opposées et est lui aussi très réussi. L’allegro final, pris plutôt modérément et très articulé, est assez grinçant. Au total, la version des Juilliard est beaucoup moins cérébrale que ce à quoi on aurait pu s’attendre ; elle est même très expressive et plutôt grimaçante. J’aime beaucoup. Diotima Dans une belle prise de son et sur des tempi, une nouvelle fois, relativement modérés, les Diotima renouent avec la continuité mélodique propre aux Végh et aux Hongrois. Plutôt que le motorisme, l’âpreté des dissonances, ou la violence des accents, c’est un lyrisme expressif plutôt serein qui les intéresse ici. À la régularité de la pulsation des Tokyo ou des Juilliard, les Diotima substituent, dans le premier mouvement, une grande souplesse agogique qui épouse les épanchements de la courbe mélodique des voix de la polyphonie. Les trois mouvements centraux tournent le dos à l’inquiétude des Julliard pour un lyrisme apaisé. La nuit du second mouvement est paisible, un peu mystérieuse, sans les ombres menaçantes des Juilliard, tandis que le scherzo est unimement allègre. L’allegro final, assez modéré, conclut le quatuor dans la même ambiance plutôt positive. Dans cette optique, il s’agit d’une réalisation pleinement cohérente mais qui ne fait peut-être pas assez droit à la richesse ambiguë de l’œuvre. Takács II Dans ce cinquième quatuor, les Takács restent fidèles à la conception ample et symphonique, intensément expressive et extravertie, qu’ils ont des quatuors de Bartók. Cela convient plutôt bien au premier mouvement puissant et bien architecturé et au final, joué avec virtuosité dans un tempo très rapide. Les deux mouvements lents optent pour le lyrisme mais perdent beaucoup de leur ambiance nocturne mystérieuse, surtout le second. L’extraversion caractérise à nouveau le scherzo, qui perd de la sorte beaucoup de sa subtilité. Une version puissante, virtuose, quasi-orchestrale, de ce quatuor, mais où celui-ci perd beaucoup — je trouve — de sa richesse, de son ambiguïté et de sa complexité. Pour ce cinquième quatuor, mon cœur se porte une nouvelle fois en priorité vers les Keller, pour leur conciliation des contraires et la richesse de leur approche, mais je reviendrai également sans aucun doute aux Emerson pour leur classicisme de grand style, aux Juilliard pour leur modernisme grimaçant et aux Tokyo pour leur approche surarticulée et motorique. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 15435 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors Mer 10 Nov 2021 - 14:46 | |
| Je n'ai pas forcément grand chose à ajouter (parce que je ne suis pas un grand connaisseur du corpus, que je connais pas toutes les versions, et que je suis le plus souvent d'accord avec toi quant à celles que je connais), mais merci pour ce panorama absolument passionnant, qui éclaire toutes ces versions de manière à la fois synthétique et très évocatrice! |
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 | Sujet: Re: Bartok : discographie pour les quatuors  | |
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|  | | | Bartok : discographie pour les quatuors | |
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