Hans Werner HENZE (1926-2012)

Aaaaah ça devrait beaucoup me plaire alors ça aussi.

Oui, a priori c'est plutôt dans tes cordes.

on en a déjà parlé dans ce fil. Oui c'est du très bon Henze, avec un scénario assez bien ficelé qui ne prend pas le pas sur la musique. Evidemment, le spectacle est totalement inutile puisqu'il y a beaucoup à entendre.

sud273 a écrit:

on en a déjà parlé dans ce fil. Oui c'est du très bon Henze, avec un scénario assez bien ficelé qui ne prend pas le pas sur la musique.

Tu as le livret ? Parce que dans mon édition, rien du tout.

non, mais on comprend très bien ce qui se passe. je crois que Vartan avait fourni ici-même un synopsis assez détaillé.

J'ai écouté Boulevard Solitude, 1er opéra d'Henze dans la version proposée par Sauron juste au-dessus, et je n'accroche toujours pas beaucoup à ce compositeur.
C'est je crois sériel pour une grande partie, en tout cas ça sonne comme tel, et peu de passages qui m'ont vraiment plu.
J'ai particulièrement aimé l'introduction aux percussions seules, dans une atmosphère presque varésienne très prenante.
Pour le reste, plutôt bof.
Le drame, inspiré de Manon Lescaut, m'a un peu accroché, mais sans plus; jamais ému.
Pourtant la mise en scène de Lehnhoff est vraiment pas mal du tout, notamment tous les interludes avec le leitmotiv de la gare. (où les personnages qui déambulent sans cesse semblent être des représentations des deux personnages principaux, les prostituées, l'aveugle, l'amant éconduit...)
J'ai pensé par moments à Lulu, mais sans qu'on en arrive à une telle réussite.
Superbe Laura Aikin, les interprètes masculins plus quelconques.

Je suis parmi ceux qui aiment beaucoup Boulevard Solitude que j'ai moi aussi dans ce DVD Pesko / Lehnoff avec Laura Aikin (en revanche c'est tout ce que je connais de Henze pour l'instant). Beaucoup a déjà été dit dessus donc je n'y reviens pas pour le moment, il faudra que je le visionne à nouveau, ce sera l'occasion. En attendant:

j'ai croisé récemment ce DVD:



Est-ce que quelqu'un connaît ce Junge Lord? La pochette me fait un peu peur j'avoue... Impossible de savoir de quoi ça parle, dans quel style musical... Est-ce que c'est du calibre de Boulevard Solitude (pour ceux qui aiment bien sûr )? Côté interprétation il y a Edith Mathis dans le rôle principal, Christoph von Donhanyi à la baguette... A priori c'est la même équipe que ce qui était sorti en CD chez DG il y a quelques années (mais elle ne se trouve plus qu'à 150€ sur Amazon, ça calme...).

J'aime beaucoup la Septième symphonie et Barcarolla, c'est de l'excellente musique pour orchestre, très rythmée et avec une instrumentation magnifique. Du bon contemporain, intelligent et que je trouve plus inspiré que Vartan. En revanche la Neuvième m'a beaucoup déçu, pour le coup c'est très convenu dans le genre "choral chuchotant dissonnant" et ça ne raconte pas grand chose...

Découverte du soir de deux œuvres de 1967 sur cet enregistrement CPO emprunté à la médiathèque (heureusement). Gerhard Markson dirige la Nordwestdeutsche Philharmonie, Rolf Plagge s'occupe du piano dans la première des deux œuvres. Les enregistrements datent respectivement de 1995 et 1997, la publication de 2000.

- Concerto pour piano et orchestre n°2
Grosse déception que cette œuvre à laquelle je n'ai pas du tout été sensible. Qu'on est loin du Boulevard Solitude... Henze, si je comprends bien ce que m'apprend le livret du CD, lu après écoute, tente d'y marier le dodécaphonisme avec des influences de musique traditionnelle japonaise, que je n'ai pas perçues, le tout dans une visée plus ou moins politique, que je n'ai pas bien comprise ("Le Deuxième concerto pour piano contient un travail d'esclave. C'est le travail de quelqu'un qui donne la parole à son insatisfaction, à son impuissance, à ses désirs, à l'intérieur même des conventions dites bourgeoises, voire dans les termes et les paramètres de ces normes, qui respecte tous les codes d'interdits et de tabous et qui, par là, peut faire découvrir le degré de misère et de servitude. Dans cette pièce, il n'y a pas d'issue, c'est pour cela que la forme coïncide avec le contenu.", dixit Henze en 71; ah). Une œuvre ambitieuse de 1800 mesures, apprends-je encore - mais le problème, c'est que chaque mesure est oubliée aussitôt qu'on passe à la suivante et ainsi de suite. Et ça dure 50 minutes comme ça. A mes oreilles en tout cas, ça ne va nulle part, ça n'exprime rien, ça ne crée pas vraiment d'atmosphère particulière, ça ne heurte pas non plus en dehors de quatre ou cinq crescendos cacophoniques, ce n'est pas plaisant, ce n'est pas vraiment déplaisant (quand on a l'habitude de ce genre de répertoire), c'est juste... complètement vain.

- Telemanniana pour grand orchestre
Je pense que le seul but de la juxtaposition de ces deux œuvres sur le même programme est de montrer la diversité d'inspiration du compositeur-qui-ne-se-laisse-enfermer-dans-aucune-chapelle par l'exemple de ces deux partitions à peu près antinomiques et pourtant composées la même année. On a là affaire à un pur exercice de style néoclassique (ou néobaroque), Henze se fendant de 13 minutes "à la manière de" Telemann. A côté de ça, Pulcinella de Stravinsky fait figure de bombe ultramoderniste: inutile ici de guetter la moindre dissonance "ajoutée". - Œuvre idéale pour un BT si vous voulez faire plonger vos concurrents sur la datation du morceau. - Cela étant, le pastiche est très réussi. C'est très joli. Mais là encore (il est peut-être là, le point commun) un peu vain en fin de compte.

CD emprunté ce soir, retour demain.

Maintenant que je l'ai placé en BT je peux faire un "edit": en fait, Telemanniana se révèle une œuvre très attachante. Elle perd beaucoup à mon avis au couplage proposé par ce CD, qui fausse la perspective.

Je suis en plein cycle HANS WERNER HENZE. Depuis une semaine,je n'écoute,ne lis,ne respire que HENZE. J'ai un faible pour son oeuvre vocale.
LA CHATTE ANGLAISE,LE CONCERTO POUR VIOLON N°2 avec baryton, VOICES,le radio-opéra DAS ENDE EINER WELT,LE CHEMIN FASTIDIEUX
MENANT A L'APPARTEMENT DE NATACHA UNGEHEUER,sont des oeuvres qui
me fascinent...LA CUBANA un peu moins mais j'aime beaucoup les différents instrumentariums qu'il emploie,en général. Des SYMPHONIES,en dehors des 1,2,3,4 et 9 que je ne connais pas encore,c'est la N°6 qui me procure le plus de bohneur. Une oeuvre de jeunesse plus conventionnelle comme sa musique de ballet UNDINE n'est pas à négliger non plus. Je la
ressens comme un conte sonore,une jolie féérie.
J'espère pouvoir développer un peu dans les prochains jours si le temps me le permet enfin.
Je suis très fan de ce créateur,en osmose totale avec son oeuvre. Mais,
comme toujours,plus un artiste,une oeuvre me boulverse,moins j'ai envie
d'en analyser le phénomène. La musique me sera décidément toujours un
phénomène mystérieux,quelque chose que je n'ai même pas envie de décrypter,une gigantesque énigme qui doit rester énigme. La musique de
HENZE me fascine(de par ses meilleurs opus),tout comme celle de KAGEL et SCHNITTKE et j'essaierai ici d'en élucider la cause ou la raison de cet
attachement,autant émotionnel,intellectuel que spirituel.

Bel article sur Henze dans The Guardian:
http://www.guardian.co.uk/music/2009/dec/14/hans-werner-henze-interview

Je n'ai accroché jusqu'à présent vraiment qu'aux Bassarides, dans la production parisienne (Kokkos) et dans celle de Munich (Loy, mise en scène à contresens mais réussite musicale exceptionnelle), avec deux représentations à chaque fois. A Paris c'était en anglais, mais avec orchestration bidouillée pour cause de grève à Radio-France; à Munich on avait tout l'orchestre, mais la traduction allemande (Pentheus ist unser König!), qui est celle de la création (j'ai l'enregistrement de cette création [Orfeo], il faut bien dire que ça ne donne pas grand-chose), avec aussi le très dispensable "Intermezzo" comique mais pas très drôle.

Pour le coup, ça, c'est vraiment un grand choc, entre autres à cause d'un livret exceptionnel (Auden/Kallman, comme The Rake's Progress), d'une subtilité et d'une intelligence uniques. Tout ce que ça met en oeuvre dramatiquement et intellectuellement, c'est tout bonnement incroyable. Dommage qu'il n'y ait pas de DVD pour aider à la découverte de l'oeuvre...

Si quelqu'un connaissant ses quatuors à cordes pouvait en parler, ça m'intéresserait!

Rubato a écrit:

Si quelqu'un connaissant ses quatuors à cordes pouvait en parler, ça m'intéresserait!

Personne? ....pas grave!

Eh bien ça ressemble à du Henze, quoi. Un langage vraiment à la croisée d'une tonalité très élargie et d'un atonalisme doux. On peut y entendre l'écho de la fin du Deuxième Quatuor de Britten au début du Premier, des pépiements presque prokofiéviens dans le final du même, et puis du dernier Chostakovitch aussi, un peu partout.

C'est très accessible, à la fois sinistre et vraiment compréhensible. Comme toujours chez Henze, même quand c'est véhément, ça a quelque chose d'assez familier.

Merci David!

Rubato a écrit:

Rubato a écrit:

Si quelqu'un connaissant ses quatuors à cordes pouvait en parler, ça m'intéresserait!

Personne? ....pas grave!

J'ai écouté un jour en concert le 5e quatuor. Un très bon souvenir. Accessible en effet avec un style personnel. Le 5e ? je ne me souviens pas de quelque chose de sinistre. J'ai presque plus aimé que certaines symphonies...

Je parlais des trois premiers, son style s'est beaucoup 'éclairci' ces dernières années.

DavidLeMarrec a écrit:

Je parlais des trois premiers, son style s'est beaucoup 'éclairci' ces dernières années.

Je ne connais que le 5e. Il faudra que je réécoute ce compositeur...

Il existait un disque avec les Arditti.

...que j'ai failli acheté,une fois,d'ailleurs. Ils sont mon prochain objectif dans
mes recherches d'oeuvres de HENZE.

DavidLeMarrec a écrit:

Il existait un disque avec les Arditti.

C'est sans doute celui-ci! Une intégrale.

Rubato a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il existait un disque avec les Arditti.

C'est sans doute celui-ci! Une intégrale.

De toute façon, qui à part Wergo édite Henze ?

DG !

C'est cher chez Wergo, même en import!

natrav a écrit:

DG !

C'est vrai, et pas le moins intéressant d'ailleurs.

Je devrais écouter ces quatuors, sa musique symphonique me plaît beaucoup. Pas encore écouté l'Elégie pour de jeunes amants que j'ai sur mon bureau depuis des semaines.

Rubato a écrit:

C'est cher chez Wergo, même en import!

Wergo est toujours très cher, comme ses Ligeti par exemple. Mais souvent des gravures de l'époque des créations.

natrav a écrit:

Je devrais écouter ces quatuors, sa musique symphonique me plaît beaucoup. Pas encore écouté l'Elégie pour de jeunes amants que j'ai sur mon bureau depuis des semaines.

Ses Quatuors sont beaucoup moins personnels.

J'ai pu écouter des extraits de tous ses quatuors, et ce que j'ai pu entendre m'a plutôt laissé une bonne impression; certains m'ont semblé assez torturés, surtout les deux derniers.

Personne n'a parlé de ses concertos pour violons enregistrés par naxos notamment ?!

Rubato a écrit:

Si quelqu'un connaissant ses quatuors à cordes pouvait en parler, ça m'intéresserait!

C'est détaillé page 3!

HOLLIGER a écrit:

Rubato a écrit:

Si quelqu'un connaissant ses quatuors à cordes pouvait en parler, ça m'intéresserait!

C'est détaillé page 3!

Ok, merci

Hans Werner Henze n'est plus.

très triste. Un des rares compositeurs contemporains dont la présence était une garantie de ne pas sombrer dans le n'importe quoi. L'allemagne n'a plus que Rihm et Eggert, même si Henze avait depuis longtemps tiré sa révérence à sa patrie d'origine. Ne pas voir l'horreur de ce que ce monde est devenu. Quelle partition inachevée laisse-t-il dans ses tiroirs?

Un immense bonhomme. justement, un de ceux qui avaient quelque chose à dire, et non du bruit à faire sur des formules mathématiques.

C'est un compositeur assez largement méconnu en France - C'est, quantitativement au moins, le compositeur lyrique le plus prolifique du XXème siècle.
J'ai l'impression que ses oeuvres auront été très peu jouées en France - y-a-t-il eu d'autres productions scéniques de ses opéra que les remarquables Bassariden du Chatelet ?

Montfort

C'est incroyable, cette méconnaissance. Pourquoi ?

Déjà boulez ne l'aimait pas (et pour l'autre bord* c'était un sériel…) ! C'était un allemand ! C'était un communiste ! C'était de la musique contemporaine !

(et à part Stockhausen — et encore ! —, tous les compositeurs allemands contemporains (et même la quasi totalité de ceux du début du XXème siècle) sont boudés, inconnus et pas promus).

*(de la musique contemporaine/ moderne /d'avant garde etc.

Décidément, Boulez...

Henze lui a permis de dire du bien des beatles, c'est déjà ça !

En effet c'est une sacrée prouesse

Beatles... Boulez... Lui qui porte une telle carapace...

Les yeux qui fascinent a écrit:

Henze lui a permis de dire du bien des beatles, c'est déjà ça !

sérieux????

Les yeux qui fascinent a écrit:

Déjà boulez ne l'aimait pas (et pour l'autre bord* c'était un sériel…) ! C'était un allemand ! C'était un communiste ! C'était de la musique contemporaine !

(et à part Stockhausen — et encore ! —, tous les compositeurs allemands contemporains (et même la quasi totalité de ceux du début du XXème siècle) sont boudés, inconnus et pas promus).

*(de la musique contemporaine/ moderne /d'avant garde etc.

J'ai plus que du respect pour Boulez : compositeur, penseur, chef...
Mais il faut reconnaître aussi que certains de ses oukases sur ses confrères, pas seulement Henze, auront été particulièrement toxiques...

Montfort

Montfort a écrit:

Les yeux qui fascinent a écrit:

Déjà boulez ne l'aimait pas (et pour l'autre bord* c'était un sériel…) ! C'était un allemand ! C'était un communiste ! C'était de la musique contemporaine !

(et à part Stockhausen — et encore ! —, tous les compositeurs allemands contemporains (et même la quasi totalité de ceux du début du XXème siècle) sont boudés, inconnus et pas promus).

*(de la musique contemporaine/ moderne /d'avant garde etc.

J'ai plus que du respect pour Boulez : compositeur, penseur, chef...
Mais il faut reconnaître aussi que certains de ses oukases sur ses confrères, pas seulement Henze, auront été particulièrement toxiques...

Montfort

Je connaissais Henze plus de nom que par son oeuvre. C'est d'ailleurs grâce à Siegmund et un de ses récents BT que j'ai découvert la fabuleuse symphonie chorale n° 9 de ce compositeur (je la recommande absolument !). Rien que pour cette oeuvre, Hanz Werner Hernze mérite d'être salué comme un grand compositeur.
Sa disparition m'attriste, bien évidemment.
S'agissant de l'opinion de Boulez à son égard, j'avoue que j'ai depuis longtemps pris mes distances avec certaines de ses prises de position. Et je dis cela pourtant en tant qu'admirateur inconditionnel de Boulez et des différentes facettes de son art. Je trouve qu'on se sert un peu trop facilement de jugements lapidaires qui ne sont restés à la postérité que parce qu'ils avaient l'odeur du sang, oubliant que ces propos ne peuvent, en tout état de cause, être "hors temps"...

Je ne suis pas d'accord pour dédouaner Boulez ainsi ... même avec le contexte historique. Il porte des jugements ridicules que ce soit sur les compositeurs passés ou actuels ... indignes de la personne qu'il prétend être, sans parler de son côté humain rebutant.
D'où tire t-il un tel égo ? pas de son oeuvre en tout cas ...

Cololi a écrit:

D'où tire t-il un tel égo ? pas de son oeuvre en tout cas ...

Oh si, de son œuvre, et de sa carrière en général... Et même si on n'aime pas c'est assez compréhensible (sinon excusable) quand on y pense...

Même si j’apprécie le feu Henze, l’œuvre de Boulez est bien plus marquante . Ce qui ne justifie ni n'infirme ses propos, qu'il convient de relativiser (propos aux source complexess d'un intellectuel aimant la provocation) et à remettre en contexte.