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| Rachmaninov : les symphonies | |
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Auteur | Message |
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Jaky Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9426 Age : 64 Localisation : Ch'tite ville Date d'inscription : 23/07/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 10 Avr 2008 - 22:15 | |
| J'ai adoré cette deuxième par Svetlanov mais bizarrement le mouvement lent ne m'a jamais paru gai, mais d'une grande mélancolie… |
| | | *Nico Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3601 Date d'inscription : 10/10/2007
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 10 Avr 2008 - 22:56 | |
| Ca fait envie votre disque là ! L'île des morts par ce même Svetlanov ça doit pas être mal non plus ! J'ai vu un disque couplé avec la 3ème symphonie. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| | | | Jaky Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9426 Age : 64 Localisation : Ch'tite ville Date d'inscription : 23/07/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Ven 11 Avr 2008 - 22:41 | |
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| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 12 Avr 2008 - 8:13 | |
| Après réécoute, je maintiens. Pas déprimant du tout. Mélancolique certes, mais ce n'est pas forcément négatif, et très rêveur, passionné. En tous cas j'ai "dirigé" cette 2e intégralement et ça m'a mis dans un bel état |
| | | marc.d Mélomaniaque
Nombre de messages : 1218 Age : 69 Localisation : Lille Date d'inscription : 17/11/2007
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 29 Déc 2009 - 15:22 | |
| Je viens d'écouter la 2ème par Dutoit et l'orchestre de Philadelphie : je n'en attendais rien et je ne fus pas déçu . Vive Ormandy ! |
| | | OYO TOHO Des chiffres et des Lettres
Nombre de messages : 6996 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 19 Nov 2011 - 22:35 | |
| connaissez-vous ce coffret ? http://www.amazon.fr/Symphonie-N%C2%B01-N%C2%B02-Danses-Symphoniques/dp/B004I7MCI4/ref=sr_1_4?s=music&ie=UTF8&qid=1321738379&sr=1-4 |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14357 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 19 Nov 2011 - 23:59 | |
| Non mais Pletnev chef, en général (c'est à dire toujours), j'évite |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91760 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 21 Nov 2011 - 14:33 | |
| Etant donné que son Poème de l'extase est très bon, ses Rachmaninov ne sont peut-être pas mauvais. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 21 Nov 2011 - 14:50 | |
| J'avais beaucoup aimé les suites de Rimsky... _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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| | | André Pierre Néophyte
Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 21 Juil 2012 - 10:54 | |
| Je suis à ma quatrième ou cinquième écoute de la deuxième symphonie dirigée par Pappano (Santa Cecilia) un disque apparu récemment sur iTunes : magnifique, vraiment. Prise de son parfaite, cohérence du style, lisibilité (même si j'entends certains penser que ce n'est pas un exploit), un "son Rachma" jouissif, que du plaisir. C'est moi ou d'autres aussi attendent, ou entendent presque, à la fin d'une phrase des cordes, l'arrivée d'un piano imaginaire pour moduler à nouveau ? Trop entendu les concertos ! Première plage du disque, le Lac Enchanté, rien que du bien à en dire aussi. |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 9:59 | |
| Je ne connais pas cette version, mais celle qui me semble la référence pour la deuxième symphonie reste quand même la version Ashkenazy... Là où dans certains registres il peut paraître trop gentil, je trouve qu'il fait vivre ici chaque émotion. La structure de la partition est telle que les quatre mouvements sont reliés dans un processus continu (1er/3eme et 2eme/4eme) et Ashkenazy fait bien ressortir cette unité à mon goût. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 10:35 | |
| Dans la 2ème symphonie, il y a une très grosse poignée de versions que je mets devant Ashkenazy : - Tout en haut, Sanderling avec Leningrad, exceptionnel comme tous les Rachmaninov de Sanderling - Jansons avec Leningrad - Svetlanov chez Melodiya - Un peu plus loin, Sanderling avec le Philharmoni, Kondrachine live avec le Concertgebouw et Pletnev. |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 10:45 | |
| Bien que j'adore Svetlanov, je n'aime pas trop sa symphonie 2. Par contre je ne connais pas la version Sanderling qui, il est vrai, comprend très bien la musique de Rachmaninov en général (Notamment le concerto 2 pour piano qu'il est un des seuls à interpréter de la bonne manière, avec Richter). J'écoute ça dans la journée pour me faire une idée mais je vois que l'enregistrement date de 1956, j'en salive d'avance |
| | | Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 10:51 | |
| Oui Sanderling est magistral ici. Après, Ashkenazy reste une valeur très sûre dans cette symphonie, avec une direction peut-être plus consensuelle et moins contrastée.
J'ai découvert la symphonie avec Jansons / Leningrad, c'est une version très romantique, je trouve, qui manque peut-être d'un peu de caractère, paradoxalement. Le rendu sonore reste impressionnant, et comme souvent avec Jansons, c'est d'un goût impeccable et parfaitement mis en place. |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 12:08 | |
| Je viens d'achever la symphonie 2 par Sanderling ! Les deux premiers mouvements me semblent assez communs, par contre dés le troisième mouvement ça décolle pour atteindre des sommets lors du 4ème mouvement... Merveilleux. Par contre en allant lire par ci par là, j'ai cru comprendre que l'enregistrement de 1956 a eu lieu dans une église? Peu commun |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 12:32 | |
| Ça a été enregistré dans la Jesus-Christus Kirche de Dahlem, qui est un des lieux qui a accueilli le plus de sessions d'enregistrement dans les années 1950 et 1960, en particulier un très grand nombre d'enregistrements des Berliner Philharmoniker et du RIAS Symphonie Orchester. |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 12:33 | |
| Merci pour la précision |
| | | adriaticoboy Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7173 Date d'inscription : 17/08/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 23 Juil 2012 - 19:34 | |
| Oui, il faut se souvenir que l'ancienne Philharmonie de Berlin a été détruite en 1944 et que la nouvelle n'a été inaugurée qu'en 1963. Entre temps, les Berliner ont dû trouver des points de chute de substitution. Pour les concerts, ce fut Titania-Palast, un ancienne salle de cinéma. Pour les enregistrements, ce fut donc la désormais légendaire Jesus-Christus-Kirche de Dahlem, où les équipes de DG s'installèrent pendant une vingtaine d'années, captant dans cette acoustique remarquable les témoignages essentiels de Furtwängler, Böhm, Fricsay, Karajan... Même si ce dernier imposa progressivement à partir du début des années 70 l'usage de la nouvelle Philharmonie pour les enregistrements studio des Berliner (ça allait dans le sens de sa nouvelle esthétique sonore, de plus en plus en plus voluptueuse et grandiose), un chef comme Levine préféra rester fidèle à la Jesus-Christus-Kirche jusqu'à assez récemment. |
| | | Igor Wagner Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 61 Age : 26 Date d'inscription : 26/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Dim 5 Aoû 2012 - 13:14 | |
| Et Maazel dans la 2ème, ça donne quoi ? |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 9 Fév 2013 - 22:22 | |
| Symphonie n°2 en mi mineur Op. 27= Paul Kletzki, Orchestre de la Suisse romande (Decca, 27-29 août 1967)L'orchestre d'Ansermet est méconnaissable : le chef polonais en tire des accents péremptoires, des couleurs rêches (le Scherzo !) par une direction à la pointe sèche d'une extraordinaire acuité. Fièvre, tension, tempos cursifs, aucune mièvrerie, même dans l'Adagio. La virtuosité des pupitres est bluffante. Superbe prise de son. Kletzki enregistra aussi la n°3 l'année suivante, également reparue en CD dans la collection Eloquence, mais sans le couplage originel (Nuit sur le Mont Chauve) qui à ma connaissance attend toujours une réédition. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 7 Mai 2013 - 22:04 | |
| Symphonie n°2 en mi mineur Op. 27= Artur Rodzinski, New York Philharmonic Orchestra (Columbia, 15 novembre 1945)Le chef polonais s'y entend comme personne pour torturer l'expression du premier mouvement est en tirer non pas un lancinant pathos pseudo-tchaikovskien mais plutôt un taraudant vague-à-l'âme, en lutte contre l'aphasie, capable d'impressionnantes mobilisations d'énergie. Je n'ai pas vérifié avec la partition mais l'Adagio me semble subir quelques coupures qui en dégauchissent les langueurs, de toute façon expurgées par un tempo sans traînage. Pour l'Allegro molto et le Finale, on admire le brio et la fougue qui rappellent comment Rodzinski savait dompter un orchestre. Bref une interprétation à la férule, et pourtant le lyrisme, l'esprit de la cantilène ne sont pas sacrifiés, mais épurés. Une version majeure, en tout état de cause. |
| | | Don_Angelo Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 47 Age : 36 Date d'inscription : 10/12/2011
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mer 8 Mai 2013 - 20:57 | |
| Sur la 2ème symphonie de Rachmaninov, un enregistrement récent de Petrenko chez EMI m'a été recommandé. Je l'ai acheté mais pas encore eu le temps de l'écouter, c'est prévu pour demain matin. Je me permets également d'appuyer ceux qui ont été déçus par l'intégrale de Jansons (toujours EMI) avec l'ancien orchestre de Mravinsky. J'ai trouvé que le corpus des symphonies était sans relief, aussi bien dans l'interprétation que dans les timbres. Je suis tombé de haut en espérant retrouver le son de la grande épopée Mravinsky. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 29 Aoû 2013 - 20:10 | |
| Bonsoir
Après avoir écouter les symphonies par Ashkenazy /RCO - bien mais par moment ennuyeux et Maazel/BPO super - très dynamique - ma version préférée actuellement
Je viens de recevoir
- Ormandy / philadelphia - Pletnev - Russian National Orchestra
Bon Ormandy pas encore écouté - donc suite à un prochain numéro En ce qui concerne Pletnev , j'ai commencé cet aprem et çà me plait vachement bien surtout les variations symphoniques les plus belles que je connaisse - le Rocher est très bien réussi également ainsi que l'île de la mort - les symphonies c'est pour ce we. Mais de manière générale ce coffret Pletnev me plait beaucoup On verra ce que donnera Ormandy. Après je réécouterai Ashkenazy (une seconde écoute offre parfois d'agréables surprises)
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| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 12 Sep 2013 - 13:09 | |
| 1er symphonie par Pletnev - magnifique - enregistrement superlatif - interprétation claire et l'orchestre est vraiment très bon.
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| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 12 Sep 2013 - 14:28 | |
| 2ème symphonie par Pletnev - je reste sur mes premières impression - c'est vraiment de tout premier ordre - l'orchestre russe est à son affaire dans ce répertoire , beauté des bois et des vents sans cette acidité que l'on trouve ne général dans les orchestres russes - les cordes sont d'une grande beauté et délicatesse
Vraiment un coffret à acheter
Je passe à la 3ème |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1651 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 12 Sep 2013 - 15:59 | |
| 3ème symphonie par Pletnev - constat reste inchangé Achetez ce coffret - plaisir garanti |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 31 Déc 2013 - 2:35 | |
| ORMANDY ET LA SYMPHONIE N°2Eugene Ormandy connut personnellement Rachmaninov, dont il dirigea en première audition les Danses symphoniques, le 3 janvier 1941. Entre 1939-1941, trois de ses concertos furent gravés ensemble pour le label Victor, avec le compositeur au piano. Au cours de sa longue carrière, le chef hongrois put enregistrer la Symphonie n°2 à quatre reprises : en janvier 1934 à Minneapolis (Victor), puis trois fois à Philadelphie : en février 1951 (Columbia), en avril 1959 (Columbia) puis en décembre 1973 à l'Academy of Music (RCA).
On sait qu'Ormandy, selon une pratique courante à l'époque, avait négocié avec le compositeur de pouvoir pratiquer certaines coupures dans une partition qui peut sembler prolixe. Mais en 1973 elle est jouée dans son intégralité.
Comparé à l'avenante interprétation qu'André Previn venait de graver en janvier à Londres pour Emi, Ormandy impose une humeur plus brute, un ton plus roide, des tempi plus actifs. En chaque cas, les deux hommes disposent de cordes de toute beauté, splendidement captées par les micros. Dans le premier mouvement, l'un peint une vaste fresque en prenant le temps de contempler son ouvrage, l'autre s'impatiente de nouer un drame, sans la moindre crispation toutefois tant les pupitres pennsylvaniens rivalisent d'aisance et de magnificence. Main de fer et gant de velours donc. Citons deux exemples : pour le soin du détail, mentionnons la netteté du passage en triolets de croches entre 6'05-6'10. Pour le caractère, cette clarinette à la fois fluide et revêche qu'on entend entre 8'56-9'08 (mesures 221-229) peut résumer l'approche stylistique.
L'Allegro molto permet de démontrer l'exceptionnelle virtuosité de cette phalange. Le trépidant galop anapestique surgit sans bousculade. Le maestro maintient prestement la tension pour le second thème (moderato en ut majeur, 1'16-1'56) puis dans l'étrange section con moto (1'57-2'28) où le cliquetis col legno s'entend très distinctement. Quoique calé sur la vélocité requise (blanche à 104), Ormandy échauffe le sulfureux Trio central (3'18-5'34), cela dans une ambiance survoltée. Citons encore les pulpeux pizzicati (6'12, mesure 354) auréolés par le glockenspiel. Aussitôt après, il respecte la nuance pp pour les roulements de caisse claire et frémissements de cymbales, à peine audibles mais conformes aux didascalies. Dans la phrase en ut majeur des violons entre 6'46-7'26, quelques portamentos enhardissent l'expressivité sans s'alanguir. Bref voilà une exemplaire leçon de discipline collective (en diction comme en dynamique), qui garde la tête froide là où la plupart des chefs se laissent déborder.
Brosser l'Adagio en moins de treize minutes, on pourrait craindre quelque excision, à tort. Ormandy ne fait que retendre le canevas polyphonique de cette émouvante cantilène, sans trahir sa volupté, mais en pressant l'allure. Pour le premier thème, il respecte le 50 à la noire (-3'49) et se la permet même à 60 pour le second (3'49-6'20). Il concentre une extrême intensité du sentiment, sans outrance affective, moyennant toutefois quelques coquetteries (le violon solo qui s'épanche éhontément à 7'05). Dans cet écrin s'ajuste un orchestre tout bonnement somptueux !
On imaginerait mal exécution plus exaltante du Finale. Quel que soit l'effet demandé, de la plénitude d'un tutti jusqu'à un triolet arraché sforzando, le perfectionnisme des archets subjugue. L'orchestre américain nous sort le grand jeu et rayonne dans toute sa magnitude. Quand on connait sa réputation, ce spectacle est moins surprenant que cette tendance d'Ormandy à freiner le second thème en sol dièse mineur (1'10-1'52), plus décortiqué qu'on a l'habitude de l'entendre. Idem pour sa reprise aux cuivres à 10'04 (mesure 387). Quel panache et quelle classe pour la conclusion ! On reste béat d'admiration.
Pour la droiture de son style, pour son respect du texte intégral, par la renversante prise de son offerte par RCA : le chef hongrois surclasse-t-il son précédent enregistrement stéréo de 1959 ? Je viens de le réécouter (sans la partition toutefois) : sous les micros de Columbia, on note quelques maniérismes chez les cordes, et un ton globalement plus sentimental. Mais les deux versions sont exceptionnellement virtuoses et séduisantes !
enregistrement du 19 avril 1959 enregistrement du 18-19 décembre 1973 |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 31 Déc 2013 - 3:10 | |
| Merci pour cette très belle recension, Melo !
La deuxième est, avec celle d'Elgar, une des plus belles symphonies romantiques du début du vingtième. J'ai toujours beaucoup aimé le jeu somptueux du Concertgebouw sous Ashkenazy. Je n'ai pas encore écouté Pletnev ni Sanderling (DGG tous deux) qui traînent dans la pile quelque part. Je sens qu'Ormandy va les y rejoindre bientôt... et que je vais les écouter bien sûr ! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 44 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 31 Déc 2013 - 8:25 | |
| Quelqu'un aurait un avis au sujet des 3 symphonies (couplées à l'Ile des morts, la Vocalise et les Dances symphoniques) enregistrées par Leonard Slatkin à Detroit pour Naxos ?
http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.573234 http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.572458 http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.573051 |
| | | Анастасия231 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14469 Age : 30 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
| | | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 44 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Ven 5 Fév 2016 - 10:25 | |
| - Tus a écrit:
- Donc je rechercherais une intégrale des symphonies dans une bonne prise de son si possible. Huss a l'air de conseiller celle de Hughes, toute nouvelle chez BIS ( http://www.classicstodayfrance.com/review.asp?ReviewNum=2025) mais je me méfie des prix pratiqués par l'éditeur ; d'autre part, j'ai vu Jansons, dont je n'ai pas trouvé de critique, et Ormandy qui avaient l'air intéressants sur Amazon. Quelqu'un connaît ?
Moi j'avais posé la question de Slatkin à Detroit, chez Naxos mais ça n'a apparemment pas soulevé un enthousiasme particulier ; pas de réponse : - bAlexb a écrit:
- Quelqu'un aurait un avis au sujet des 3 symphonies (couplées à l'Ile des morts, la Vocalise et les Dances symphoniques) enregistrées par Leonard Slatkin à Detroit pour Naxos ?
http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.573234 http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.572458 http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.573051 Il y a une autre intégrale à Saint-Louis, plus ancienne, sous sa direction, parue chez Vox : http://www.amazon.fr/Rachmaninov-uvres-symphoniques-Leonard-Slatkin/dp/B0028HFD9G/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1454664055&sr=8-2&keywords=slatkin+rachmaninov+vox (et à un prix défiant toute concurrence, soit +/- 1 € le cd port compris, http://www.amazon.fr/Rachmaninov-Symphonies-St-Louis-So/dp/B000024Q0F/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1454664055&sr=8-1&keywords=slatkin+rachmaninov+vox ). - adriaticoboy a écrit:
- Même si ce dernier imposa progressivement à partir du début des années 70 l'usage de la nouvelle Philharmonie pour les enregistrements studio des Berliner (ça allait dans le sens de sa nouvelle esthétique sonore, de plus en plus en plus voluptueuse et grandiose), un chef comme Levine préféra rester fidèle à la Jesus-Christus-Kirche jusqu'à assez récemment.
C'est marginal, ça n'a pas nécessairement sa place ici mais la citation vient de fil, alors... Moi je trouve, au contraire, que beaucoup d'air "circule" toujours entre les pupitres, in situ à la Philharmonie, et que ça ne compte pas pour peu dans le rendu à la fois exceptionnellement fouillé et, en même temps, dans la manière dont ça met en valeur la "linéarité", la continuité sonore des dernières captations de Karajan à Berlin (c'est particulièrement sensible dans ses Sibelius, dans ses Français ou dans la dernière intégrale Beethoven ; spontanément, je pense à l'album qui réunit la 4e & la 7e symphonie). |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 9 Avr 2016 - 20:28 | |
| J'ai écouté la symphonie 3 et l'île des morts, les deux pièces dirigées par Rachmaninov. On sent tout de suite l'affinité qu'il pouvait avoir avec l'orchestre de Philadelphie. Les tempi sont lents, c'est particulièrement intéressant dans la symphonie mais dans l'île des morts ça prend tout son sens : Rachmaninov construit petit à petit, très lentement, le tableau c'est fascinant. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91760 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 9 Avr 2016 - 20:31 | |
| Ce qui est dommage ce sont les coupures. |
| | | G. Le Gentil Mélomane averti
Nombre de messages : 264 Age : 33 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Dim 10 Avr 2016 - 11:40 | |
| Oui c'est même frustrant.. Par contre la qualité du son (assez médiocre) rajoute de la tension à la pièce. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 50 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 7 Oct 2017 - 22:57 | |
| • Symphonie nº3 en la mineur, op. 44Vladimir Ashkenazy / Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam Amsterdam, XI.1980 DeccaVraiment très, très bof. J’ai été assez surpris par le côté très américain de certains thèmes (et même hollywoodien: par moment, on pense plus à Tiomkin qu’à Tchaïkovsky), et par le ton, globalement pétulant - dont je ne me souvenais pas. Mais je trouve ça quand même très décousu et délayé, pas toujours d’un grand raffinement et bien sirupeux dans le II - sans que ça aie pour autant la prégnance mélodique et les couleurs très russes qu’on peut reconnaître à la 2ᵉ. Et encore, je pense que la lecture d’Ashkenazy doit être relativement sobre. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 98004 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Dim 8 Oct 2017 - 1:49 | |
| Pétulant ? Pas du tout l'impression que ça m'a laissé, et pourtant j'ai réécouté récemment.
Je les trouve toutes ternes et assez visqueuses, rien de saillant, ni thème, ni structure, ni orchestration, juste épais et indolent.
C'est étrange, parce qu'il a le lyrisme et même la densité nécessaire, en principe… mais non, dans les Symphonies, je n'entends rien de tel. (La 3 est moins pénible que la 2 vraiment vide, je crois). |
| | | georges2 Mélomane averti
Nombre de messages : 195 Date d'inscription : 17/07/2016
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Dim 8 Oct 2017 - 14:33 | |
| Bonjour à tous
En lisant ce sujet, Ashkenazy déçoit pour son lyrisme exagérément expressif.
Dans cette 2eme symphonie, la tension retombe vite après une entrée en matière impressionnante.
Dans une optique plus retenue et intimiste, (adagio) tendez une oreille vers l'orchestre d'Écosse conduit par GIBSON. Lp de mai 1980.
La 3eme semble avoir mieux réussit à Vladimir.
Couplée lors de sa sortie avec l'ile des morts, la version Maazel /Berlin est peu intéressante. L'interprétation est froide et décousue.
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| | | starluc Mélomaniaque
Nombre de messages : 951 Date d'inscription : 13/08/2013
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 12 Oct 2017 - 14:01 | |
| - Benedictus a écrit:
• Symphonie nº3 en la mineur, op. 44 Vladimir Ashkenazy / Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam Amsterdam, XI.1980 Decca
Vraiment très, très bof. J’ai été assez surpris par le côté très américain de certains thèmes (et même hollywoodien: par moment, on pense plus à Tiomkin qu’à Tchaïkovsky), et par le ton, globalement pétulant - dont je ne me souvenais pas. Mais je trouve ça quand même très décousu et délayé, pas toujours d’un grand raffinement et bien sirupeux dans le II - sans que ça aie pour autant la prégnance mélodique et les couleurs très russes qu’on peut reconnaître à la 2ᵉ.
Et encore, je pense que la lecture d’Ashkenazy doit être relativement sobre. Perso, la 3ème est la symphonie de Rachma que je préfère : concision, richesse de l'orchestre, une grande variété dans l'expression des différents épisodes...Très beau tout cela. Même son côté hétérogène mi-russe, mi-américain, me ravit. Il y a, en plus, ce côté "humour" que l'on retrouve dans les dernières oeuvres de Rachma : voir les derniers accords du finale, un véritable "pied-de-nez"! J'ai bcp apprécié, du temps du vinyl, les version de Kletzki et celle de Maazel. Actuellement, la version qui a ma préférence est celle de Léonard Slatkin et de l'orchestre de St-Louis chez Vox : c'est rigoureux, coloré, sobre, bref, parfait! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 50 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 28 Oct 2017 - 15:28 | |
| - Benedictus a écrit:
- • Symphonie nº3 en la mineur, op. 44
[...] surpris par le côté très américain de certains thèmes (et même hollywoodien: par moment, on pense plus à Tiomkin qu’à Tchaïkovsky), et par le ton, globalement pétulant - DavidLeMarrec a écrit:
- Pétulant ? Pas du tout l'impression que ça m'a laissé [..]
- starluc a écrit:
- son côté hétérogène mi-russe, mi-américain [...] en plus, ce côté "humour" que l'on retrouve dans les dernières oeuvres de Rachma : voir les derniers accords du finale, un véritable "pied-de-nez"!
Ce qui me rassure dans le message de starluc, c'est que, même si nous divergeons quant au jugement que nous portons sur l’œuvre, nous entendons au moins la même chose... Sinon, comme j’avais été très impressionné par le travail de Pappano dans les concertos pour piano, j’ai essayé ceci: • Symphonie nº2 en mi mineur, op. 27Antonio Pappano / Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Roma En public, Rome, XI & XII.2009 WarnerLà aussi, Pappano tire le maximum que l’on peut tirer de cette symphonie par un travail extrêmement fouillé sur la matière instrumentale: on entend des alliages de timbres, des contrechants, des effets de textures qui rappellent (sans l’égaler, tout de même) l’orchestration de Tchaïkovski - loin de l’opacité et de la grisaille habituelles. Après, cela ne transforme pas cette symphonie en chef-d’œuvre: cela reste une symphonie qui fonctionne avant tout sur des effets mélodiques qui s’étalent beaucoup - dans le genre cavalcade pompière (le Scherzo) ou lamento dégoulinant (l’Adagio) - sans ces trouvailles harmoniques ou rythmiques qui font tout le prix de celles de Tchaïkovski. Cela dit, même à ce niveau-là, le travail de Pappano sur les phrasés, les accentuations, la dynamique, reste louable. Il ne cherche certes pas à tirer ça du côté d’une expression méchante (comme j’en garde le souvenir chez Sanderling avec Leningrad - ou comme le fait Kondrachine dans les Danses symphoniques), mais il conserve toujours de l’allant et une certaine tenue. Et puis, indépendamment de tout cela, le travail de fond qu’il a fallu faire pour rendre l’Académie de Sainte Cécile capable de ces détails et de ces couleurs, cela force le respect. (Sinon, dans le genre «pas ma came», le Lac enchanté de Liadov, en complément, est très bien aussi.) |
| | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1756 Date d'inscription : 07/08/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 28 Oct 2017 - 16:51 | |
| [quote="Benedictus"] - Benedictus a écrit:
- . Il ne cherche certes pas à tirer ça du côté d’une expression méchante (comme j’en garde le souvenir chez Sanderling avec Leningrad - ou comme le fait Kondrachine dans les Danses symphoniques)
Peut-être tu sais déjà mais il y a un enregistrement de Kondrachine avec le Concertgebouw. On trouve dans le coffret de l'orchestre des années 80s. Il a aussi joué à Londres dans le cadre des Proms, et donc une trace de Radio. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mar 24 Avr 2018 - 22:21 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Sergueï Rachmaninov (1875-1945) :
Symphonie n°2 en mi mineur, Op. 27
= Semyon Bychkov, Orchestre de Paris
(Philips, mai 1990)
Intéressante interprétation, intelligente, très étudiée, qui réfléchit aux ressorts expressifs et au sens de chaque mouvement. Le Largo apparaît comme un thrène insaisissable, tout en retenue, d'un recueillement presque mystique ; les chorals de vents y sont superbement valorisés par le chef russe qui déploie de ferventes cantilènes. Mais le drame reçoit aussi sa part, au gré d'aveuglants climax (un timbalier en grande forme), jusqu'à un surprenant coup de massue conclusif ! Ensuite Bychkov obtient de ses pupitres parisiens une lumineuse étoffe pour habiller l'Adagio en toute simplicité, et il sait les galvaniser dans un Allegro molto crépitant. Après une amorce trop mécanique du Finale, le maestro impulse un flux narratif qui y cherche une continuité lyrique : la tension savamment maîtrisée, le tempo vigoureux évitent un compartimentage des séquences, renforcent l'unité de ton, dissipent toute emphase et génèrent une progression tout en finesse malgré une percussion tapageuse.
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| | | Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1756 Date d'inscription : 07/08/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 4 Juin 2018 - 13:31 | |
| Yannick Nézet-Séguin s'est engagé pour enregistrer une intégrale des symphonies et concertos (avec Trifonov) pour DG, avec laquelle il vient de signer un contrat d'exclusivité. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Lun 4 Juin 2018 - 21:48 | |
| Intéressant ! J'avoue que je ne suis pas trop la discographie de Nézet-Séguin, -je n'ai pas l'impression que son approche renouvelle fondamentalement le propos sur le répertoire assez conventionnel qu'on lui fait enregistrer. De mémoire, les derniers cycles Rachma chez DG sont ceux de Mikhail Pletnev avec sa phalange russe, et avant ça Lorin Maazel avec le Berliner Philharmoniker. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 98004 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Sam 9 Juin 2018 - 12:13 | |
| Renouveler fondamentalement, non, ce n'est assurément pas son but ; en revanche il apporte une fluidité, un naturel (sans négliger la tension) qui font que ses disques sont à chaque fois des valeurs sûres. Vraiment le type d'enregistrement vers lequel on peut a priori se tourner sans bagage préalable ni arrière-pensée. Pour toi qui as déjà mille versions de tout ce qu'il a enregistré, et qui aimes plutôt les esthétiques des années 60-80, ce n'est effectivement pas incontournable. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| | | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 14 Fév 2019 - 1:58 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Catégorie orchestrale -rang 108°/250
André Previn (1929-)
Sergueï Rachmaninov (1875-1945) :
Symphonie n°2 en mi mineur, Op. 27
= André Previn, Orchestre symphonique de Londres
(Emi, janvier 1973)
Les répertoires découverts pendant ma jeunesse mélomane figurent presque tous dans mon jardin secret, ceci expliquant peut-être cela. Les trois symphonies de Rachmaninov n'en font pas partie, pourtant dans les bacs on trouvait aisément les versions d'Ashkenazy à Amsterdam (Decca, vision ample et brillante) et de Lorin Maazel à Berlin (DG, dense et puissant mais germanisé, -stylistiquement peu convaincant) que j'ai depuis entendues. Ma première intégrale fut celle d'Eugene Ormandy chez CBS (alors rééditée en double-album économique lorsque j'étais étudiant), c'est celle qui m'a longtemps suffi sans que je sente la nécessité de venir souvent à ce corpus qui m'apparaissait un peu sirupeux et délayé (c'était aussi l'époque où j'avais peiné à percer le massif brucknérien). Je m'y suis remis avec assiduité voilà une dizaine d'années, et mon affection pour l'opus 27 naquit enfin, et ne s'est pas démentie. Précisons que l'enregistrement de Kurt Sanderling (Teldec, avril 1989), vanté par le Guide Fayard des Indispensables du CD (« sans aucune coupure, et d'une nostalgie absolue, cette lecture ample et venteuse s'impose en tête de la discographie. La tension dramatique imprimée par des tempos inflexibles gomme les longueurs de l'œuvre tandis que le Philharmonia, galvanisé, sonne plus russe que nature ») m'avait semblé plutôt précautionneux et parfois atone. J'ai aussi essayé les intégrales de Mariss Jansons (Emi), Charles Dutoit (Decca), intéressantes mais pas le choc. Pletnev (DG) est imaginatif et dispose d'une phalange russe mais s'avère, comme souvent, trop inconsistant et velléitaire. Tout récemment, Gergiev à Londres (LSO, sacd) m'a paru vigoureux mais boursouflé. Bien plus enthousiasmé par les anciens microsillons de Walter Weller et Paul Kletzki (chez Decca). Ou le foudroyant Rodzinski à New York (Columbia, 1945) !
Toutefois la révélation s'est produite avec deux versions que je considère cardinales. D'abord celle d'Eugene Ormandy chez RCA (1973), quatrième de ses quatre enregistrements de la Symphonie n°2. Au cours de sa longue carrière, le chef hongrois put la graver à quatre reprises : janvier 1934 à Minneapolis (Victor), puis trois fois à Philadelphie : février 1951 (Columbia), avril 1959 (Columbia) enfin décembre 1973 (RCA). Le maestro connut personnellement Rachmaninov, dont il dirigea en première audition les Danses symphoniques, le 3 janvier 1941. On sait qu'Ormandy, selon une pratique courante à l'époque, avait négocié avec le compositeur de pouvoir pratiquer certaines coupures dans une partition qui peut sembler prolixe. Mais en 1973 elle est jouée dans son intégralité. Et l'autre version que j'estime majeure et que j'ai retenue pour ce Mélomaniac d'Or : André Previn (Emi), captée au Kingsway Hall en janvier 1973 -ses deux autres contributions chez RCA (avril 1966) et Telarc me semblent moins marquantes. Comparé à cette avenante interprétation que Previn venait de graver en janvier, Ormandy impose une humeur plus brute, un ton plus roide, des tempi plus actifs. En chaque cas, les deux hommes disposent de cordes séductrices à souhait, splendidement captées par les micros. Dans le premier mouvement, l'un peint une vaste fresque en prenant le temps de contempler son ouvrage, l'autre s'impatiente de nouer un drame, sans la moindre crispation toutefois tant les pupitres pennsylvaniens rivalisent d'aisance et de magnificence. Main de fer et gant de velours donc, une recette typique de l'alliance Ormandy/Philadelphie.
Après la première exécution moscovite de la Symphonie n°2, le critique Iurii Engel notait déjà l'importance que jouent les cordes au sein de ce dense canevas orchestral. Celles de Londres, aussi plantureuses qu'agiles, contribuent à la réussite de cette interprétation. Mentionnons aussi la superbe prise de son, prégnante, moelleuse et aérée, que réalisa l'ingénieur Robert Gooch : une merveille ! Précisons d'emblée que le texte ne subit aucune excision, au regard de la partition Boosey & Hawkes. . Pour dominer le Largo - allegro moderato, difficile à unifier, Previn dispose de deux atouts : l'ampleur de sa vision d'ensemble, et sa capacité narrative qui anime le discours sans le brusquer. Il permet à chaque épisode de s'épanouir selon sa propre logique, comme une fresque sans pose ni affectation (contrairement à ce que suggère la mièvre photo du vinyle d'origine). Il sait éviter les langueurs complaisantes par un tempo décontracté mais mobile, et réagit spontanément aux variations d'ambiance. Des qualités qui s'expriment aussi dans son intégrale Vaughan Williams (RCA), dont les paysages réclament souvent semblables ressources de peinture dramatique. Pour citer quelques exemples, observons à 9'35 comment les inquiétantes montées chromatiques du poco piu mosso suggèrent l'inquiétude sans outrer l'effet. A 16'26, les archets londoniens n'abusent pas de langueur pour réchauffer le « calando » demandé en didascalies. L'alternance tension / détente est adroitement gérée : mentionnons comment se prépare la Coda (17'27-), comment s'attise le « staccato leggiere » des violoncelles & contrebasses en triolets (19'19) ! Le texte est joué exhaustif, quoique la section allegro moderato (4'46-8'32) ne soit pas reprise avant d'attaquer le développement -on ne s'en plaindra pas car cette redondance que Kurt Sanderling est un des très rares à pratiquer reste selon moi fort dispensable. . Pour le Scherzo, la virtuosité de l'orchestre anglais se déploie sans ostentation mais vivement. Blanche à 131 (126 selon la partition) avant d'aborder le deuxième thème en ut majeur, où le chef ne surenchérit pas sur l'invitation « molto cantabile ». Il met en scène le Trio central (3'28-5'50) avec une efficacité qui sait surprendre par son goût de la péripétie. Ainsi à 5'26 (mesure 288), ce coup de théâtre pour la surprenante reprise du fugato. Ambiance sulfureuse, qu'on dirait sortie de la plume caustique d'un Prokofiev ! . Dans l'Adagio, Previn souligne la différence de caractère entre les deux thèmes principaux : le lyrisme passionné du premier, qu'il ennoblit sans excès de pathos ; le noble désarroi du second (4'40), qui débouche sur un climax (6'52) traité avec une force presque virile. A tel point que le retour de la mélodie initiale (7'47) s'en affermit. Les interventions solistes sont de toute beauté (8'35-9'49), autant ensuite que le dosage entre pupitres quand violons 1 & cor reprennent en contrepoint les deux sujets du premier thème. Alors que sous cette baguette l'on aurait pu craindre quelque surenchère hollywoodienne, la densité polyphonique, la moelle expressive de la cantilène en ressortent aussi magnifiés que dignifiés. . Previn aborde le Finale sans histrionisme ni exubérance, lui conférant un dynamisme émancipateur et volontaire (le phrasé du deuxième thème en sol dièse mineur, 1'10-). On observera comment il suscite l'impatience du développement en sol mineur (6'39), avec ces gammes descendantes qui fédèrent une sensation d'imminence et génèrent ce fantastique carillon, une des plus habiles trouvailles du compositeur. Pour la réexposition du deuxième thème (cette fois en si majeur), les trompettes et trombones anglais réussissent une parfaite respiration, d'un parfum très poétique. La reprise du troisième thème (12'19, mesure 503) ne se laisse pas alanguir et mène à une conclusion pleine de panache, emportée par un « LSO » des grands jours ! . Pulpeuse, imaginative, un peu sentimentale certes (mais juste ce qu'il faut) : voilà une version qui transporte et bouleverse, et assurément une des incontestables réussites de Previn dans ses meilleures années, qu'on sent amoureux de cet opus dont il nous fait partager les moindres charmes. Alors selon votre goût (et votre taux de diabète), choisissez Ormandy 1973 ou ce Previn, à ma connaissance personne n'a fait mieux.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 21 Fév 2019 - 18:19 | |
| Toujours de brillants compte-rendus ... Merci Mélomaniac ! Mais je ne suis néanmoins pas forcément convaincu, André Prévin n'ayant par ailleurs jamais beaucoup retenu mon attention. Je trouve en général ses interprétations un peu trop léchées pour être honnêtes, disons. Et puis le rutilant Orchestre de Philadelphie n'a jamais trop eu mes faveurs non plus. J'admets avoir quelques mauvais préjugés contre les grandes phalanges américaines … Il y a tellement de choix dans ce type de répertoire qu'on peut se permettre de faire la fine bouche, non ? Ca me fait penser aussi que je me tâtais pour prendre une autre intégrale des symphonies rééditée récemment par Eloquence : → https://www.ledisquaire.com/accueil/18862-edo-de-waart-0028948289813.html?search_query=EDO+DE+WAART&results=8 J'aime beaucoup les concertos qu'Edo de Waart a enregistré à San Francisco avec Zoltan Kocsis à la même époque, mais avec l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam je ne sais pas à quoi m'attendre. A l'occasion je me laisserai quand même sûrement tenter. |
| | | fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418 Age : 80 Localisation : Levallois-Perret Date d'inscription : 23/04/2006
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Jeu 21 Fév 2019 - 21:46 | |
| - docteur mabuse a écrit:
- Toujours de brillants compte-rendus ... Merci Mélomaniac !
Mais je ne suis néanmoins pas forcément convaincu, André Prévin n'ayant par ailleurs jamais beaucoup retenu mon attention. Je trouve en général ses interprétations un peu trop léchées pour être honnêtes, disons. Et puis le rutilant Orchestre de Philadelphie n'a jamais trop eu mes faveurs non plus. J'admets avoir quelques mauvais préjugés contre les grandes phalanges américaines … Il y a tellement de choix dans ce type de répertoire qu'on peut se permettre de faire la fine bouche, non ?
Ca me fait penser aussi que je me tâtais pour prendre une autre intégrale des symphonies rééditée récemment par Eloquence :
→ https://www.ledisquaire.com/accueil/18862-edo-de-waart-0028948289813.html?search_query=EDO+DE+WAART&results=8 J'aime beaucoup les concertos qu'Edo de Waart a enregistré à San Francisco avec Zoltan Kocsis à la même époque, mais avec l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam je ne sais pas à quoi m'attendre. A l'occasion je me laisserai quand même sûrement tenter. Et bien, je partage cette interrogation. J'ai également apprécié les concertos enregistrés par Kocsis & De Waart à San Francisco mais l'orchestre de Rotterdam m'interpelle... Quoiqu'il en soit, je pense qu'il est, dans ce domaine, difficile de faire mieux que Engene Ormandy et son orchestre de Philadelphie dont la "rutilence" colle très bien à la musique de Rachmaninov (A mon sens et à mes oreilles, bien sûr). fomalhaut |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies Mer 6 Oct 2021 - 14:45 | |
| Rachmaninov: Symphonies n° 1 op. 13, n° 2 op. 27 et n° 3 op. 44 (Berliner Philharmoniker, Maazel). Le lyrisme marécageux des deux premières symphonies n'est pas trop ma tasse de thé. En revanche, la concision, la variété, la subtilité rythmique et la richesse de l'orchestration de la Troisième m'ont davantage intéressé. Aidé d'une opulente philharmonie berlinoise, Maazel, avec sa nervosité et sa précision coutumières, clarifie les plans et tire le meilleur de cette musique inégale. |
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| Sujet: Re: Rachmaninov : les symphonies | |
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| | | | Rachmaninov : les symphonies | |
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