Lectures

c'est peut-être aussi que tu ne l'as pas attendu pendant quarante ans ce dernier manuscrit de Camus, en pensant qu'il ne sortirait jamais.
Camus emportait partout le dactylographe (sans ponctuation comme à son habitude) un peu comme Chabrier sa partition de Briséis, ou Nerval ses derniers récits. Il était dans sa serviette quand il a eu l'accident fatal.
Ce qu'il raconte de l'enfance à Alger est tout à fait saisissant comme la plupart des textes de Camus sur ce sujet.
C'est moins inachevé que Citadelle de Saint-Ex qui est beaucoup plus long. Il avait sans doute encore à dire.

Je dis juste que certains passages sont d'une grande richesse mais que d'autres sont assez confus. C'est justifié, mais ça ne peut m'empêcher de penser que la perfection de ses autres oeuvres est absente.

sud273 a écrit:

Cello a écrit:

Ca me fait tout drôle. Il y a tant de lignes qui me reviennent en mémoire pour les avoir découvertes adolescent à l'école.

des vers, lignes c'est le mot du cancre (vous me ferez cent lignes monsieur Cello!)

Des "lignes" comme dans "lignes mélodiques" parce que ça chante la poésie. Les vers, c'est juste bon à bouffer du cadavre.

Et le ver rongera ta peau comme un remords...

À l’opéra au temps de Balzac et Rossini de Patrick Barbier.


Ce livre fait partie de la série « la vie quotidienne au temps de », C’est une collection dont je suis assez fan car elle couvre plusieurs continents et périodes historiques. En général, c’est écrit par de grands noms de la période concernée.

Le livre qui nous occupe (notez l’effet stylistique recherché) raconte le monde lyrique à Paris de1793 à 1850 environ.
Il est divisé en sept chapitres :
I Les souverains et la musique
II Le fonctionnement de l’Opéra et de l’Opéra-Comique.
III Petites et grandes heures de l’Opéra
IV L’opéra et son public
V La vie d’artiste
VI La vie au Théâtre-Italien
VII La presse et l’Opéra.

Il est intéressant par sa facilité de lecture et la multitude d’anecdotes sur la vie des différents théâtres, des musiciens et du public.

Ce qui me plait dans ces livres, c’est de voir comment se passait la vie de tous les jours

Quelques morceaux choisis : la mode de l’aboiement : "Dès le XVIII° siècle, les hurlements de nos chanteurs avaient stupéfié les étrangers de passage à Paris. (…) Casanova, sortant d’une représentation parisienne d’un opéra de Lully, racontait que lorsque la cantatrice Le Maure était entrée en scène, elle avait poussé un cri si fort qu’il l’avait crue folle."

Critique du Corsaire (journal) : « Mozart va crescendo et la voix de Garcia et la réputation de Mme Malibran vont degringolando."

"Le public d’opéra compte aussi ses inconditionnels, souvent de jeunes passionnés de musique lyrique qui , à toutes les époques, ne manquent pas une création, retournent quinze fois au même spectacle et se pressent sur les bancs du parterre une ou deux fois par semaine. Moins fanatiques que les dilettanti du Théâtre-Italien et d’origines sociales plus diverses, ces mélomanes ne se sentent vraiment chez eux que dans la salle Richelieu ou dans la salle Le Peletier ; sortis de là, ils aiment à se retrouver dans de petits cénacles (souvent des cafés) où ils pèsent et soupèsent les mérites d’un chanteur ou d’une partition."


Explication : La salle Richelieu et la salle Le Peletier abritaient l’Opéra de Paris.
La Salle Richelieu se trouvait à l’emplacement de l’actuel square Louvois, rue de Richelieu, juste en face de la Bibliothèque nationale. Construit en 1793, il a été détruit en 1820 suite à l’assassinat du Duc de Berry, héritier du trône, pendant un entracte alors qu’il raccompagnait sa femme. Une fontaine (qui existe toujours) a été construite à la place de la chapelle prévue à la mémoire du duc
La Salle Le Peletier, est situé plus loin, vers Garnier. Elle a été construite pour remplacer la salle Richelieu avec des restes de du batiment.

Frère Elustaphe a écrit:

Casanova, sortant d’une représentation parisienne d’un opéra de Lully, racontait que lorsque la cantatrice Le Maure était entrée en scène, elle avait poussé un cri si fort qu’il l’avait crue folle."

Je ne doute pas de l'utilisation scélérate que certains mécréants vont faire de cette phrase assassine.

Citation :

"Le public d’opéra compte aussi ses inconditionnels, souvent de jeunes passionnés de musique lyrique qui , à toutes les époques, ne manquent pas une création, retournent quinze fois au même spectacle et se pressent sur les bancs du parterre une ou deux fois par semaine.

Sauron, Morloch, on vous a vus !

Merci frère.

Mort en Sauce, de Zolma.


Succulent.


http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv702

La Fortune des Rougon.
J'ai décidé de me mettre sérieusement à Zola et de lire les Rougon Macquart. Maintenant que je suis plongé dans le premier tome, je regrette infiniment de ne pas m'y être mis plus tôt, c'est passionnant
J'adore les histoires de personnes qui veulent absolument s'embourgeoiser et qui sont prêtes à tout pour ça. De plus, le fond politique n'est pas pour me déplaire, je suis conquis

Je reste à Maupassant moi pour ça
Je ne connais rien en littérature, tu peux attaquer

Crapio a écrit:

Je reste à Maupassant moi pour ça
Je ne connais rien en littérature, tu peux attaquer

C'est très bien Maupassant, un de mes premiers amours de littérature.

J'ai très peu lu, pendant 2 mois j'ai eu une sorte de boulimie : Stevenson, Poe, Tolkien et Maupassant furent les auteurs de prédilection... et puis plus rien....

Et je veux toujours m'y remettre mais un calvaire de reprendre la lecture... je n'arrive plus à rentrer dans une oeuvre...
Mes activités culturelles se résument uniquement à la musique en ce moment....

Crapio a écrit:

Je reste à Maupassant moi pour ça
Je ne connais rien en littérature, tu peux attaquer

J'adore Maupassant !!! Mais je les ai déjà tous dévorés l'été dernier Il y a deux tomes dans la Pléiade, j'ai lu un tome et demi... et puis ç'a été la rentrée et je me suis quasiment arrêté de lire pour le plaisir
Mais Maupassant c'est génial

J'ai une amie fondue de Zola et c'est elle qui m'a donnée envie de m'y mettre, elle faisait tellement envie, elle est tellement passionnée
Elle vient me dire : "Profite bien, ce n'est pas tous les jours qu'on lit un Zola pour la première fois."
Je sais pas pourquoi, mais ça me fait énormément plaisir
Je retourne chez les Rougon, et leur salon jaune

Crapio a écrit:

J'ai très peu lu, pendant 2 mois j'ai eu une sorte de boulimie : Stevenson, Poe, Tolkien et Maupassant furent les auteurs de prédilection... et puis plus rien....

Et je veux toujours m'y remettre mais un calvaire de reprendre la lecture... je n'arrive plus à rentrer dans une oeuvre...
Mes activités culturelles se résument uniquement à la musique en ce moment....

Je fonctionne aussi par boulimie. Pour le moment, je n'ai aucune envie de lire.

Eragny a écrit:

Je retourne chez les Rougon, et leur salon jaune

La description des personnes qui fréquentent le salon jaune des Rougon est un grand passage de ce bouquins. Sinon beaucoup de lieux communs et d'expressions stéréotypées (c'est un peu un style de journaliste), j'avais été particulièrement excédé par la figure poétique des "guipures d'argent" qui revenait toutes les dix pages

JUstement, c'est ce que je n'aime pas chez Zola... Ca frise la caricature (il n'est pas de ce milieu, a-t-il côtoyé des ouvriers pour faire ses oeuvres ? [ceci est une question que je me pose réellement]) alors que je trouve que chez Maupassant c'est nettement plus sincère.

Elvira a écrit:

JUstement, c'est ce que je n'aime pas chez Zola... Ca frise la caricature (il n'est pas de ce milieu, a-t-il côtoyé des ouvriers pour faire ses oeuvres ? [ceci est une question que je me pose réellement]) alors que je trouve que chez Maupassant c'est nettement plus sincère.

Contrairement à Maupassant, Zola a établi des dossiers extrêmement circonstanciés, il est même descendu dans les mines, pour Germinal.

C'est l'un des écrivains les plus méthodiques qui soient, il avait des sortes de papier bien définies, et dressait des schémas, des cartes d'identités, qu'il étoffait à partir des notes qu'il prenait dans ses déplacements de documentation.

Ensuite, en effet, l'exercice de faire du vrai avec du roman encore assez romantique est très artificiel, mais moi ce n'est pas le naturaliste que je lis, c'est le styliste... Et c'est remarquable, autrement que Maupassant qui a surtout pour lui une certaine évidence.

Mouais, mais je trouve que ça manque de naturel dans ses oeuvres, je trouve ça même étouffant.

Elvira a écrit:

Mouais, mais je trouve que ça manque de naturel dans ses oeuvres, je trouve ça même étouffant.

C'est totalement artificiel et parfaitement étouffant. Ca n'est pas du tout incompatible avec le génie.

Elvira a écrit:

Mouais, mais je trouve que ça manque de naturel dans ses oeuvres, je trouve ça même étouffant.

Disons que c'est un père-la-morale un peu trop pétri d'idéologie (il veut toujours démontrer ou nous prouver quelque chose). C'est caricatural mais c'est très bien renseigné. J'accroche plus aux romans qu'aux nouvelles de toute façon, ce format ne me plait pas trop. De Maupassant j'ai surtout aimé Une vie.

WoO a écrit:

Elvira a écrit:

Mouais, mais je trouve que ça manque de naturel dans ses oeuvres, je trouve ça même étouffant.

Disons que c'est un père-la-morale un peu trop pétri d'idéologie (il veut toujours démontrer ou nous prouver quelque chose). C'est caricatural mais c'est très bien renseigné. J'accroche plus aux romans qu'aux nouvelles de toute façon, ce format ne me plait pas trop. De Maupassant j'ai surtout aimé Une vie.

Justement, la démonstration est en somme terriblement artificielle, tout le côté pseudo-scientifique tombe à l'eau, alors que c'est du très beau roman. Ce n'en est que plus intéressant.

Et puis certaines démonstrations sont bien vues, quand elles ne sont pas idéologiques : la visite du Louvre, par exemple.

DavidLeMarrec a écrit:

Justement, la démonstration est en somme terriblement artificielle, tout le côté pseudo-scientifique tombe à l'eau, alors que c'est du très beau roman. Ce n'en est que plus intéressant.

Disons que ça manque de mystère et de poésie, les effets sont trop préparés, calculés, et je comprends que ça puisse gêner.

WoO a écrit:

Disons que ça manque de mystère et de poésie,

Ah bon.

Citation :

les effets sont trop préparés, calculés, et je comprends que ça puisse gêner.

Oui, moi aussi, mais l'intérêt est ailleurs, c'est ce que j'essaie de montrer, ce n'est pas un obstacle. D'ailleurs je déteste la littérature "à thèse" en règle générale - sauf lorsqu'elle a une valeur malgré le prêchi-prêcha.

Mais effectivement, il ne faut pas lire ça comme du Maupassant...

DavidLeMarrec a écrit:

WoO a écrit:

Elvira a écrit:

Mouais, mais je trouve que ça manque de naturel dans ses oeuvres, je trouve ça même étouffant.

Disons que c'est un père-la-morale un peu trop pétri d'idéologie (il veut toujours démontrer ou nous prouver quelque chose). C'est caricatural mais c'est très bien renseigné. J'accroche plus aux romans qu'aux nouvelles de toute façon, ce format ne me plait pas trop. De Maupassant j'ai surtout aimé Une vie.

Justement, la démonstration est en somme terriblement artificielle, tout le côté pseudo-scientifique tombe à l'eau, alors que c'est du très beau roman. Ce n'en est que plus intéressant.

Et puis certaines démonstrations sont bien vues, quand elles ne sont pas idéologiques : la visite du Louvre, par exemple.

Il y a des passages très intéressants, certes et notamment ce fameux passages de la visite du Louvre qui est véritablement exquis. Sauf que ça fait bien peu de plaisirs de lecture pour moi sur l'ensemble de l'oeuvre.

Le style est pourtant superbe partout. Après, les sujets, oui, c'est sinistrounet.

DavidLeMarrec a écrit:

Le style est pourtant superbe partout.

Je trouve ça souvent redondant mais bon... c'est à lire quand même.

WoO a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Le style est pourtant superbe partout.

Je trouve ça souvent redondant mais bon... c'est à lire quand même.

Redondant, je ne sais pas. Pesant, sûrement, il n'y va jamais avec le dos de la cuillère.

Un livre bouleversant : Fleurs de tempête de Philippe le Guillou.

Je me rappelle un roman gothique de Ponson du Terrail, La baronne trépassée (1852) qui m'avait terrorisé. On ne savait pas si elle était morte ou vivante. Cauchemardesque et prenant.

vartan a écrit:

Je me rappelle un roman gothique de Ponson du Terrail, La baronne trépassée (1852) qui m'avait terrorisé. On ne savait pas si elle était morte ou vivante. Cauchemardesque et prenant.

C'est comme la chute de la Maison Usher de Poe

...qui n'est pas sans rappeler les bonnes nouvelles de Lovecraft, cette famille aristocratique qui dégénère et vit dans les caves et les souterrains.

j'ai acheté du Lovecraft hier je m'y mets
Attends je vais te dire ce que j'ai acheté en plus du Mythe de Cthulu

Citation :

Décès de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne


L’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, 89 ans, prix Nobel de littérature, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile à Moscou. Alexandre Soljenitsyne est décédé « à la suite d’une insuffisance cardiaque aigue » dimanche à 23h45 heure de Moscou, a déclaré le fils de l’écrivain. Soljenitsyne a révélé au monde la réalité du système concentrationnaire soviétique dans ses ouvrages « Une journée d’Ivan Denissovitch », « Le premier cercle » et « L’Archipel du Goulag ». Prix Nobel de littérature en 1970, il a été privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d’URSS. Il a alors vécu en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l’URSS.

Crapio a écrit:

j'ai acheté du Lovecraft hier je m'y mets
Attends je vais te dire ce que j'ai acheté en plus du Mythe de Cthulu

Un recueil de nouvelles avec :

Spoiler:

vartan a écrit:

...qui n'est pas sans rappeler les bonnes nouvelles de Lovecraft, cette famille aristocratique qui dégénère et vit dans les caves et les souterrains.

C'est en référence à plusieurs nouvelles ?

J'avais lu toutes ses nouvelles et moins aimé les 'Cthulu et cie'

Crapio a écrit:

vartan a écrit:

...qui n'est pas sans rappeler les bonnes nouvelles de Lovecraft, cette famille aristocratique qui dégénère et vit dans les caves et les souterrains.

C'est en référence à plusieurs nouvelles ?

Je ne me rappelle plus le titre (lu il y a plus de 25 ans), non en une seule nouvelle. Je te dirais ça demain, je l'aimais beaucoup. Mais je ne veux pas te spoiler tes lectures, il y en a qui sont terrifiantes, la Nouvelle-Angleterre garde pour moi le climat inquiétant de cette apparence trompeuse de calme qui cache l'horreur derrière chaque maison un peu ancienne.
J'aurais aimé faire mes études à l'Université d'Arkham.

Ah oui laisse moi l'intrigue effectivement !
En tant que fanatique de Poe je pense que ça va me plaire et peut-être me renouer avec la lecture qui je sais décèle des merveilles

C'est plus noir que Poe, je ne peux pas juger la qualité de la langue. L'univers narratif de Lovecraft est vraiment original, évocateur, parfois caricatural, mais toujours bien ficelé question suspense et chute.

Plus noir que Poe

Disons que Baudelaire a apporté beaucoup à la version française je trouve. limite c'est plus facile à lire en V.O. du Poe.

vartan a écrit:

J'avais lu toutes ses nouvelles et moins aimé les 'Cthulu et cie'

Fhtagn ?

Vas-y l'Indicible ! Depuis que j'ai vu certaines choses la nuit dans les rues les plus sombres des quartiers les plus antiques de la cité j'ai perdu mon âme à tout jamais et je sais que les Grands Anciens feront de ma vie un enfer. Je ne te crains donc plus.

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