Autour de la musique classique

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 Schostakowitch - polémique

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Alex
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MessageSujet: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 14:01

Je trouve drôle que justement lorsque l'Occident a finalement reconnu DSCH (vous savez, encore dans les années 80, Le Monde de la Musique faisait la fine bouche lorsqu'il s'agissait de ses oeuvres), des voix contestataires se sont fait entendre en Russie. La polémique fait rage jusqu'à maintenant.

Je vous poste un extrait d'un livre consacté à Galina Oustvolskaïa, élève de DSCH (qu'il a plusieurs fois demandé en mariage, soit dit entre parenthèses) qui l'a renié. Je l'ai traduit pour une amie qui en a besoin pour son travail et ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas en bénéficier.

Xavier, si tu trouves que ce n'est pas intéressant, tu n'as qu'à virer le thread.


Voici une lettre de Victor Sousline datée du 04.08.1994.. Galina Oustvolskaïa a marqué à la fin de cette lettre : « J’approuve totalement cet écrit de V. Sousline. 25.05.1994 »
« Chère Galia, je voudrais que vous sachiez ce que je pense de Schostakowitsch. /…/
J’ai l’impression que DSCH a trouvé une espèce de pierre philosophale qui lui a permis de composer des quantités énormes de musique très médiocre, tout en se faisant passer pour un génie non seulement dans les yeux d’autrui mais aussi dans ses propres yeux.
Il possédait une autre capacité, non moins reluisante : publier des dizaines d’articles reflétant la ligne du Parti dans la presse nationale, signer des dénonciations politiques (contre Sakharov en 1973), prendre place sur des tribunes à côté des bandits et approuver allègrement toutes les directives desdits bandits, - et simultanément, conserver l’aura de résistant intérieur, d’adversaire du régime, pour l’intelligentsia soviétique, mais aussi pour soi-même. Je ne parle même pas des pays étrangers qui ne comprennent guère nos affaires russo-soviétiques.
Lorsque j’ai entendu le nom de DSCH en 1948, j’avais 6 ans. J’ai été très étonné que des personnes de mon entourage, dont les intérêts étaient très éloignés de la musique, n’arrêtaient pas de discuter de DSCH, de Prokofiev, du formalisme, comme si dans le pays affamé et rendu exsangue par la guerre, il n’y avait pas de problèmes plus importants. Je crois que déjà alors, la popularité de DSCH égalait presque celle de Staline et certainement dépassait celle de Churchill, Truman etc.
A vingt ans, j’ai vu que DSCH était vénéré presque religieusement dans le cercle des « vrais musiciens » (c.a.d. ceux qui ne se limitaient pas par écouter la production des nullités officielles domestiques, mais connaissaient Hindemith, Berg etc.). Mon professeur, N. Peïko, nous donnait tout le temps l’exemple de DSCH en tant qu’idéal musical, mais aussi humain. Il appelait DSCH « la conscience musicale de notre époque ».
Actuellement, je suis enclin à penser que d’une certaine façon, N. Peïko avait raison : DSCH était effectivement la conscience musicale de son époque, privée de toute conscience. Telle époque, telle conscience.
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 14:02

Je crois que Dieu ne juge pas les intentions, mais les actes. Or les actes sont les suivants :
1. Le masque de martyr porté par DSCH ne l’a nullement empêché de mener rondement ses affaires conformément à toutes les règles de la société soviétique. Il représentait indubitablement un atout majeur pour l’idéologie du Parti.
Les intellectuels moscovites et pétersbourgeois, cyniques et « compatissants », lui pardonnaient volontiers ses signatures sous des directives idéologiques (« ce n’était pas lui qui écrivait tout ça, il ne faisait que signer », « on l’a forcé » etc.)
Mais cette médaille a son envers : que devaient penser de jeunes gens à Kemerovo, à Tcheliabinsk, en lisant ces saloperies ? Elles n’étaient pourtant pas signées par un apparatchik anonyme, mais part un génie unanimement reconnu, doublé de « conscience musicale de l’époque » - c’est donc que ce qu’il écrivait était la vérité !
L’œuvre de DSCH est fréquemment caractérisée comme « dramaturgie musicale », « prose musicale » etc. Mais personne ne la qualifie d’«œuvre d’un journaleux » ou de « prose de bas étage », bien que souvent, ces épithètes conviendraient parfaitement.
Souvent, les œuvres de DSCH ne sont pas exemptes d’un certain attrait, par exemple, même dans la 12e symphonie, le motif bien connu et usé jusqu’à la corde de Dies irae pointe tout le temps son oreille d’âne.
Pour ce qui est de son « courage civil », je n’ai jamais entendu personne dire que le cycle « De la poésie populaire juive » ou la 13e symphonie soient des œuvres musicalement réussies. Même les adeptes les plus fanatiques de DSCH préfèrent se taire au sujet de ces œuvres et parler plutôt de « résonance publique, de courage de leur auteur qui a passé outre le tabou social ». Mais ces expressions conviendraient pour caractériser un article courageux dans le « Journal littéraire », plutôt que pour parler d’un chef d’œuvre musical. En outre, les oeuvres faisant montre de son civisme et de son courage sont telles feraient croire que le seul problème dans la Russie stalinienne était la « question juive » ce que je trouve quelque peu exagéré.
3. Personne ne peut contester à DSCH des dons réels qu’il avait, à savoir, la capacité de créer quelque chose d’individualisé à partir des « déchets » musicaux, une facilité de composition, une productivité phénoménale, une bonne oreille, une inventivité théâtrale et dramaturgique. Il faut croire qu’il avait la dialectique dans le sang, sans qu’elle nuise à son « esprit pratique ». Ayant suivi l’enseignement de Rimski et de Steinberg et assimiklé qu’ « une œuvre orchestrée avec métier, sonne bien pour peu que l’exécution en soit correcte, et si elle est vraiment bien exécutée, elle paraît formidable », DSCH a créé un vaste répertoire qui met du baume sur le cœur des chefs d’orchestre et des interprètes n’ayant pas le temps ni envie de se contraindre à de longues répétitions. Jugez par vous-même : les difficultés rythmiques sont pratiquement nulles, les problèmes d’intonation, plus que modestes, l’ensemble est élémentaire (byphonie - tutti), et même psychologiquement, il n’y a aucune difficulté à interpréter cette musique, car elle est faite des composantes bien connues sauf de très rares exceptions. La composition de l’orchestre est elle aussi l’on ne peut plus traditionnelle. La musique est efficace : elle assure un effet facile sans qu’on doive fournir un grand effort.
Elle est bien faite, mais la question est la suivante : qu’est-elle au juste ?
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 14:02

4. F. Gherchkovitch a une fois qualifié DSCH d’un « arnaqueur en transe ». C’est méchant mais pas faux. Effectivement, la musique de DSCH contient les 2 composantes – le travail au rabais et la transe. La transe ne peut être niée, puisqu’il ne resterait plus que le travail au rabais, et le phénomène DSCH n’existerait plus. Il avait une capacité unique de se mettre en transe en fournissant ce travail au rabais, ce qui l’élève au-dessus de la multitude de ses collègues soviétiques qui, eux, ne se mettaient pas en transe, mais se limitaient à grogner tout simplement. J’ai l’impression que DSCH se mettait en transe dans 2 cas lorsqu’il était sous l’emprise la peur, ou alors, lorsqu’il ressentait de la cruauté. C’est là qu’il a eu quelques traits géniaux et qu’il a créé d’authentiques chefs d’œuvre (vous connaissez les exemples mieux que moi). Personnellement, il m’insupporte le plus lorsqu’il adopte le ton de « noble pathos» ou quand il recherche la « profondeur abyssale» au moyen de quartes augmentées et d’octaves – cette espèce de chewing-gum musical chez les violoncelles et les contrebasses remplit des dizaines de minutes dans ses symphonies.
Bien que plus que conservateur dans le choix de la « chair » instrumentale de ses idées (finalement, l’orchestre est un mastodonte du XIXe siècle dont la mort n’a été retardée que par des auteurs de la trempe de DSCH), DSCH était « progressiste » en ce sens que sa genèse est intimement liée avec une nouveauté apportée par le XXe siècle, à savoir le cinéma. Sa musique possède des qualités qu’il a puisées en salle de cinéma : le penchant pour une symbolique vulgaire, mais facilement compréhensible, pour des motifs empruntés, pour des allusions, pour des gestes exagérés. Chacun peut aller voir un film sans pour autant avoir le temps ni la volonté de s’immerger dans ses finesses musicales. Une musique voyante et lapidaire a plus de chances de se faire remarquer. En plus, au cinéma, il n’y a pas de place pour l’expérimentation, il faut produire des banalités d’un très haut niveau professionnel (qui consiste avant tout en une vitesse grand V de composition sans qu’il y ait de problèmes d’exécution lors de l’enregistrement). Alors, ces qualités plébéiennes/prolétariennes, DSCH les a totalement transposées à la scène symphonique. Ses symphonies sont une « lecture de bas étage » faite avec beaucoup de professionnalisme. Elles sont divertissantes juste ce qu’il faut, ennuyeuses juste ce qu’il faut, profondes juste ce qu’il faut. Juste ce qu’il faut pour qu’un ci-devant prolétaire en col blanc et cravate puisse faire montre de sa « haute culture » en allant en salle de concert et non pas dans une brasserie.

Dieu, que la cinquième symphonie a mal vieilli !
Comme on avait glosé sur sa teneur ! Les uns ont vu dans la coda du finale la démarche victorieuse de l’avenir radieux, les autres, une apothéose outrée et contrainte, les troisièmes, une tragédie optimiste ...
Et qu’en reste-t-il ?
Il ne reste qu’une musique grise et médiocre, qui s’est dépouillée progressivement de ses enjoliveurs socio-hystériques (et non pas historiques), et nous la voyons nue. Incontestablement, elle a été un événement en 1937, mais un événement extra-musical.

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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 14:09

Les deux compositeurs les plus detestés du XXe siècle: Shosta et Boulez (ce dernier detestant le premier...)
Je n'ai pas connu le temps où il était mis à l'index, mais on observe l'éternel débat s'il était un toutou du régime (difficile quand même vu comment on l'a traité pour des oeuvres comme Lady Mc Beth ou le Violon de Rotschild...) ou bien un cynique résistant de l'intérieur...même débats sur Fürtwangler ou d'autres pendant le Nazisme...
Sur sa musique, je ne vois pas les raisons qui pousseraient à le haïr tellement (il ne serait pas le seul à faire de la "musique au kilometre")
Citation :
J’ai été très étonné que des personnes de mon entourage, dont les intérêts étaient très éloignés de la musique, n’arrêtaient pas de discuter de DSCH, de Prokofiev, du formalisme, comme si dans le pays affamé et rendu exsangue par la guerre, il n’y avait pas de problèmes plus importants.
Argument idiot...
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 14:23

Liana a écrit:

Xavier, si tu trouves que ce n'est pas intéressant, tu n'as qu'à virer le thread.

Non non, y a pas de raison, par contre si ça ne te dérange pas je fusionne avec le sujet général sur Chostakovitch, je pense que ça y a sa place. Wink
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 15:18

Merci Liana.
Sanglant. Mais on voit bien le caractère partisan de la chose, l'agacement devant une hégémonie qu'on peut trouver plus ou moins justifiée.

Kia a écrit:
Les deux compositeurs les plus detestés du XXe siècle: Shosta et Boulez (ce dernier detestant le premier...)
Chosta, vraiment ? Et Glass, Berg, Schönberg, voire Bartók ?

Boulez avait déclaré à propos de Chostakovitch qu'il s'agissait d'une troisième pression à froid de Mahler (lorsqu'on sait qu'on ne fait que deux pressions et qu'on jette l'une d'elles...).
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 15:20

Xavier a écrit:
Liana a écrit:

Xavier, si tu trouves que ce n'est pas intéressant, tu n'as qu'à virer le thread.

Non non, y a pas de raison, par contre si ça ne te dérange pas je fusionne avec le sujet général sur Chostakovitch, je pense que ça y a sa place. Wink
Ca risque un peu surcharger le sujet, non ? Il s'agit d'une approche bien spécifique, tout mélanger ne serait pas nécessairement confortable pour lire ou réagir, surtout qu'ici, nous disposons de la matière en tête de page.
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 15:46

C'est juste. Neutral
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 16:21

Citation :

Pour ce qui est de son « courage civil », je n’ai jamais entendu personne dire que le cycle « De la poésie populaire juive » ou la 13e symphonie soient des œuvres musicalement réussies. Même les adeptes les plus fanatiques de DSCH préfèrent se taire au sujet de ces œuvres et parler plutôt de « résonance publique, de courage de leur auteur qui a passé outre le tabou social ». Mais ces expressions conviendraient pour caractériser un article courageux dans le « Journal littéraire », plutôt que pour parler d’un chef d’œuvre musical. En outre, les oeuvres faisant montre de son civisme et de son courage sont telles feraient croire que le seul problème dans la Russie stalinienne était la « question juive » ce que je trouve quelque peu exagéré.

Alors là, excuse-moi Liana, mais je pense que tu devrais commenter car je sais que tu ne penses pas la même chose que l'âne qui écrit ces lignes. La 13ème symphonie est à mon avis musicalement le chef d'oeuvre de Chostakovich, dire que c'est musicalement insignifiant relève de la provocation gratuite et le reste de ces lignes d'un certain parti pris antisémite à la Khrennikov: on reconnaît combien c'est courageux mais en même temps on dit que c'était un problème mineur et l'auteur ne courrait aucun risque à écrire ces pages! Ben voyons, le poème d'Evtuchenko est aussi une merde infâme je suppose?
De la 13ème on peut dire beaucoup de choses, en particulier qu'elle est très largement décalquée sur la 6ème de Vainberg, mais dire que c'est mauvais...
En dépit de son attitude (refus de collaborer et même d'être jouée), toute la musique d'Ultsvolskaya n'arrive pas à la cheville de la pire piécette de Chostakovich, et il me semble qu'il y a dans l'attitude de la dame beaucoup de dépit, bien qu'elle se soit maintenue à son poste par le soutien constant de DSCH, même s'il a peut-être fallu un peu coucher pour ça.

Par ailleurs aucune mention du second trio, qui lui, date d'une période où il était beaucoup plus difficile de prendre fait et cause pour les juifs: on pourrait aussi bien dire les mêmes bêtises à propos de l'ouverture de Prokofiev, enfin c'est un mauvais procès: et il est historiquement inexact de placer le problème sous Staline comme si ses successeurs n'avaient pas mis en oeuvre la même politique vis-à vis des juifs (Staline n'a pas eu le temps de "régler le problème" à sa façon)

Quant aux accusations de simplisme, de facilité, de prétention, de niaiserie, on croirait un fanatique de Beethoven décrivant la musique de Mozart! L'auteur ne connait visiblement pas le 11ème quatuor par exemple... ça ne tient pas debout.
On peut défendre la musique d'Ultsolkaya sans planter de nouveaux clous dans le cercueil de DSCH, ce serait même un peu plus crédible parce que sans les multiples explications des exégètes illuminés cette musique s'effondre, elle a beau regarder vers les formes brêves et les formations de salon (les symphonies de Galina Ulstvolskaya sont des duos, des trios, au mieux des quatuors avec piano), on s'y ennuie plus encore que dans le plus médiocre Schnittke.

Si polémique il y a c'est entre ceux qui ont essayé de survivre en composant, et se sont exposé publiquement au péril de leur vie, et ceux qui ont prudemment écrit pour le tiroir, avant pour la plupart d'entre eux de choisir l'exil, une fois que leurs élucubrations avaient séduit les tenants du second sérialisme, les mêmes qui crachaient sur Zimmermann et continuent à vômir Henze.


Dernière édition par le Ven 21 Déc 2007 - 17:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 16:57

Ce texte est fait pour recueillir l'accord de partisans qui pourront s'exclaffer bruyamment de leur sagacité au sein de cercles privés.

La quatrième symphonie de l'intéressé est juste un des chefs d'oeuvre du genre, mais je ne prétend pas que mon avis pèse davantage que celui de l'auteur de cette prose, si ce n'est qu'il est étranger à toute considération de rancoeur ou de mépris satisfait de lui-même.
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyVen 21 Déc 2007 - 18:38

sud273 a écrit:

Alors là, excuse-moi Liana, mais je pense que tu devrais commenter car je sais que tu ne penses pas la même chose que l'âne qui écrit ces lignes.

J'ai fait exprès de ne pas commenter. Comme je fréquente un peu les forums russes, force m'est de constater que le dénigrement de DSCH est monnaie courante, comme s'ils devaient absolument s'émanciper de son emprise pour exister en tant que musiciens. Je dois cependant te rassurer, l'autre parti, celui de ses défenseurs, est encore plus nombreux.

sud273 a écrit:
La 13ème symphonie est à mon avis musicalement le chef d'oeuvre de Chostakovich, dire que c'est musicalement insignifiant relève de la provocation gratuite et le reste de ces lignes d'un certain parti pris antisémite à la Khrennikov: on reconnaît combien c'est courageux mais en même temps on dit que c'était un problème mineur et l'auteur ne courrait aucun risque à écrire ces pages! Ben voyons, le poème d'Evtuchenko est aussi une merde infâme je suppose?

La 13e ne fait pas partie des oeuvres de DSCH que je préfère, et le poème de Evtouchenko - qui a fait preuve d'un grand courage (ou peut-être d'une grande inconscience, je le dis car je connais personnelement le personnage - d'ailleurs, le terme d'inconscience s'impose, me semble-t-il, lorsqu'on voit la suite de l'histoire de la 13e, je veux parler du prompt revirement du poète) en l'écrivant et en le faisant publier, ne me paraît malheureusement pas avoir de qualités artistiques intransèques.

En revanche, certains chants du cycle "De la poésie juive" me semblent compter parmi les chefs d'oeuvres de DSCH.

Le plus répugnant dans tout cela est, comme tu le dis, le parti-pris d'un antisémitisme sournois (qui répète du reste les reproches que les apparatchiks ont fait à DSCH de ne mettre au premier plan que les souffrances des Juifs, en minorant celles du "peuple russe".

sud273 a écrit:
Il me semble qu'il y a dans l'attitude de la dame beaucoup de dépit, bien qu'elle se soit maintenue à son poste par le soutien constant de DSCH, même s'il a peut-être fallu un peu coucher pour ça.

Tu sais, je ne crois même pas qu'elle ait eu à coucher!
DSCH qui venait de perdre sa première femme, était complètement déboussolé parce que "ses chemises n'étaient pas repassés, il n'arrivait pas à retrouver ses chaussettes" et ainsi de suite, donc il cherchait d'urgence quelqu'un qui puisse se charger de problèmes d'intendance Smile
Par contre, qu'elle essaie de le rabaisser est très symptomatique : j'ai lu quelque part que chaque compositeur devait tuer DSCH (pas Schostakowitsch hein ?) en lui...

sud273 a écrit:
Quant aux accusations de simplisme, de facilité, de prétention, de niaiserie, on croirait un fanatique de Beethoven décrivant la musique de Mozart! L'auteur ne connait visiblement pas le 11ème quatuor par exemple... ça ne tient pas debout.

je suis entièrement d'accord.
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyDim 23 Déc 2007 - 19:14

Qui connaît la biographie de Chosta faite par Krzysztof Meyer ?

L'auteur a bien connu Chostakovitch, et sa biographie ne correspond absolument pas au texte soumis par Liane.

Qu'il ait été obligé de collaborer plus ou moins, c'est un fait, il ne pouvait pas faire autrement. Même situation avec Khatchaturian et kabalevski qui, eux aussi, par exemple, ont signé en 1971 la lettre officielle condamnant Sakharov.

L'auteur parle souvent, pendant la période stalinienne, des journées passées par Chosta à trembler dans son appartement, attendant que les flics viennent le chercher. Après, avec Khrouchtchev et Brejniev, le régime s'était un peu assoupli, d'où la montée d'une opposition avec les Siniavski, Soljenitsine, Daniel ou Sakharov. C'est pourquoi, sous la pression des autorités, ceux qui avaient un caractère un peu plus faible, ou qui avaient peur pour leur famille ont signé cette condamnation. D'autres comme Rostropovitch ont refusé, mais on été expulsés. Mais c'est une autre histoire.
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyDim 23 Déc 2007 - 19:20

joachim a écrit:
L'auteur parle souvent, pendant la période stalinienne, des journées passées par Chosta à trembler dans son appartement, attendant que les flics viennent le chercher.

Ce qui était l'état d'esprit habituel dans la Russie stalinienne, d'ailleurs. Du moins si l'on en croit Boulgakov...
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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyDim 23 Déc 2007 - 19:21

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MessageSujet: Re: Schostakowitch - polémique   Schostakowitch - polémique EmptyDim 23 Déc 2007 - 20:04

joachim a écrit:
L'auteur parle souvent, pendant la période stalinienne, des journées passées par Chosta à trembler dans son appartement, attendant que les flics viennent le chercher.
C'est une chose à laquelle je pense quand j'écoute son quatuor n°8 et en particulier le 4ème mouvement.
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